Lors des débats qui suivent la projection de Sacrée croissance! le public me demande régulièrement quelle devrait être la première étape pour lancer la transition vers une société post-croissance au niveau local. J’ai pris l’habitude de citer Soren Hermansen, le directeur de l’académie de l’énergie de Samso (Danemark) qui est l’un des « héros locaux » de mon film.
Dans le documentaire on le voit tenir une conférence où il explique comment la petite île danoise est parvenue à son autosuffisance énergétique en moins de dix ans. Il s’adresse alors à une vingtaine de hauts fonctionnaires et universitaires d’Europe de l’Est qui suivent un stage à l’académie de l’énergie. À la fin de son exposé, un Hongrois lui pose une question que je trouve très intéressante. Nous avons filmé cet échange que je vous invite à écouter:
Pour entamer la transition au niveau local, il est important, en effet, de développer les liens qui unissent les habitants du territoire dans lequel les initiatives vont s’inscrire. Pour cela, il convient de redonner toute sa valeur au mot « communauté » qui, en français, est bien souvent associé – à tort- à la notion de « repli sur soi » (on parle de « repli communautaire »). Ce n’est pas le cas en espagnol ni en anglais où les termes « communidad » ou « community » sont synonymes de liens sociaux et donc de solidarité. À la différence de la mondialisation libérale et croissanciste, qui se nourrit de la destruction de tous les liens qui peuvent unir les hommes entre eux mais aussi avec leur environnement, la société post-croissance est fondée sur le partage, la coopération et le « prendre soin », d’où la nécessité de revendiquer haut et fort les identités communautaires et territoriales qui seules permettent de définir ensemble des objectifs concrets et collectifs. Ce qui n’empêche pas d’être relié aux autres, bien au contraire….
N’oublions pas que si nous sommes dans l’impasse écologique, politique, économique et sociale actuelle, c’est précisément parce que le système capitaliste croissanciste nous a conduits à ignorer l’impact de notre mode de vie, comme si tout cela ne nous concernait pas. Si tous les citoyens et citoyennes du monde décident qu’ils doivent prendre soin de leur patrimoine naturel et social local, alors le monde pourra changer! Mais pour cela, il faut , d’abord, dessiner son île imaginaire…