L’irrésistible succès des Moissons du futur

Je continue ma tournée française qui confirme ce que j’ai déjà écrit sur ce Blog : partout les salles sont pleines, et régulièrement les organisateurs sont obligés de refuser du monde, pour des questions de sécurité ! Partout, aussi, Les moissons du futur soulèvent l’enthousiasme pour des raisons similaires que je résume ici, en me basant sur ce que j’ai entendu à de nombreuses reprises :

Je continue ma tournée française qui confirme ce que j’ai déjà écrit sur ce Blog : partout les salles sont pleines, et régulièrement les organisateurs sont obligés de refuser du monde, pour des questions de sécurité ! Partout, aussi, Les moissons du futur soulèvent l’enthousiasme pour des raisons similaires que je résume ici, en me basant sur ce que j’ai entendu à de nombreuses reprises :

–       Ce film « fait du bien », car on voit qu’il y a des alternatives qui marchent au modèle dominant de l’agrobusiness ;

–       Les paysans ont l’air heureux et sont fiers de leur travail ;

–       On comprend que tout est imbriqué : le Nord et le Sud, le global et le local ; les producteurs et les consommateurs ;

–       Grâce à l’exemple de l’ALENA (Mexique/Etats Unis) et l’histoire du Sénégal (protection de la filière oignons), on comprend que le « libre échange » est une « farce » (comme le dit Ulrich Hoffmann, l’expert des Nations Unies) et que le protectionnisme n’est pas un gros mot…

–       Les images sont magnifiques et l’astuce du globe qui circule de main en main, et de continent en continent, nous rappelle que nous sommes tous des « terriens », reliés par un destin commun.

–       Ce film donne envie d’agir là où nous sommes.

Je constate avec plaisir, que contrairement à certains journaux réputés « sérieux » (comme Libération ou Le Monde), qui ont complètement « zappé » ce sujet lors de la présentation de mon film, le public est particulièrement sensible à la question des « externalités », c’est-à-dire des coûts induits par l’agriculture industrielle (pollution de l’eau, maladies provoquées par les pesticides, etc), qui ne sont pas pris en compte pour fixer le prix des aliments issus de l’agriculture « conventionnelle » ou chimique.

Cela conforte mon intuition qu’il faut continuer ce travail de pédagogie, en déconstruisant la machine économique, dont les indicateurs sont faussés par toute une série de mécanismes pervers qui occultent les processus de destruction des ressources de la planète. Il est urgent de tout remettre à plat, et notamment de questionner le mythe de la croissance qui est au cœur de l’idéologie productiviste et consumiériste, dont tout indique qu’elle nous mène droit dans le mur. C’est le but de ma prochaine enquête, intitulée provisoirement « Sacrée croissance ! »

Vous pouvez soutenir la production de ce nouveau film, en pré-achetant le DVD, ainsi que l’ont fait quelque 2000 souscripteurs pour Les moissons du futur.

J’en profite pour vous informer que ARTE Reportage diffusera, samedi 1er décembre, vers 18 heures 20, un documentaire de 26 minutes sur le drame des paysans de Fukushima, intitulé « Terre souillée »,  que j’ai tourné lors de mon voyage au Japon, en juin dernier.

Faites circuler ces informations pour lesquelles vous trouverez plus de détails sur le site de m2rfilms :

http://www.m2rfilms.com/crbst_19.html

Pour finir, je mets en ligne quelques images qui rendent compte du succès des Moissons du futur dans toutes les salles de France et de Navarre :

– Je remercie Audrey Hoc, qui a réalisé un joli reportage sur la projection qui s’est tenue à Bayonne, la semaine dernière :

http://lautretv.fr/actualites/video/regards-croises-sur-film-engage_140#

– 300 personnes à Lorient, le 5 novembre, où je ne suis jamais arrivée, en raison d’un retard (cinq heures!) de mon TGV.

– 250 personnes à Pessac, le 14 novembre

– 260 personnes à Arbois, pour Notre poison quotidien (le 23 novembre)

Lors de mon court séjour à Arbois, j’ai rencontré Pierre Overnoy (photo ci-dessous), un viticulteur de renommée internationale qui pratique l’agriculture biologique, sans aucun produit chimique (y compris le soufre) depuis … 1964. Installé à Pupillin, il a été chaleureusement applaudi lors du débat qui a suivi la projection de Notre poison quotidien, auquel participait le docteur Jean-Jacques Laplante, un médecin de la Mutualité sociale agricole (MSA), auteur d’un ouvrage intitulé Les maux de la terre, où il aborde les dégâts sanitaires causés par les pesticides chez les paysans.

– 400 personnes (auxquelles s’ajoute une centaine de « refoulés »)  à Lons le Saunier pour Les moissons du futur (le 24 novembre):

– 350 personnes à Chadrac près du Puy en Velay (le 25 novembre)

Photo: Vincent Pradier

Sans oublier Caen (200 personnes), Dijon (130 personnes), etc

Je renvoie aussi vers quelques liens glanés sur la toile:

http://www.sudouest.fr/2012/11/19/les-moissons-du-futur-ou-le-bon-grain-qui-dit-vrai-882817-706.php

http://www.starting-block.org/actus/focus/277-marie-monique-robin-il-faut-se-desintoxiquer-de-la-consommation

http://collectif-personnels.bergerie-nationale-rambouillet.over-blog.com/article-les-moissons-du-futur-a-la-bn-112411169.html

http://www.macommune.info/evenement/film-debat-notre-poison-quotidien-76038

http://www.msafranchecomte.fr/lfr/-notre-poison-quotidien-

http://www.lalsace.fr/loisirs/2012/11/16/du-reve-au-reveil-le-film-engage

http://www.ecolo-pratique.com/index.php/2012/11/12/les-moissons-du-futur-choisir-son-avenir/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=les-moissons-du-futur-choisir-son-avenir

Sans oublier ce quiz proposé par Babelio sur Le monde selon Monsanto! A vous de jouer!

http://www.babelio.com/quiz/2853/Le-Monde-selon-Monsanto?qq=1

salle comble à Oloron Sainte Marie

Le propriétaire du cinéma Le Luxor à Oloron Sainte Marie, une petite ville magnifique de 12 000 habitants, située à une quarantaine de kilomètres de Pau, n’en est pas revenu. Ni d’ailleurs Martin Rieussec, le fondateur de l’Appel de la Jeunesse (voir sur ce blog), qui y exerce le métier d’ostéopathe, et avait organisé cette projection, avec une dizaine de partenaires: 250 personnes sont venues, hier, voir Les moissons du futur, et une cinquantaine n’ont pas pu entrer, faute de place!

Le propriétaire du cinéma Le Luxor à Oloron Sainte Marie, une petite ville magnifique de 12 000 habitants, située à une quarantaine de kilomètres de Pau, n’en est pas revenu. Ni d’ailleurs Martin Rieussec, le fondateur de l’Appel de la Jeunesse (voir sur ce blog), qui y exerce le métier d’ostéopathe, et avait organisé cette projection, avec une dizaine de partenaires: 250 personnes sont venues, hier, voir Les moissons du futur, et une cinquantaine n’ont pas pu entrer, faute de place!

Je remercie Pierre-Emmanuel Michel qui m’a envoyé les deux photos ci-dessous.

Je remercie aussi les paysans conventionnels qui ont largement participé au débat, en expliquant la difficulté de « sortir du système« . Publiquement, et en présence de Bernard Uthurry, le maire (PS) de Oloron, j’ai relancé un appel au gouvernement pour qu’il soutienne, par des mesures concrètes, la transition vers l’agriculture biologique et l’agroéécologie. Comme l’a dit, hier, un agriculteur conventionnel, « beaucoup sont prêts, mais il faut les aider« .

Dont acte?!

J’écris ces lignes de Pessac (Gironde) où je vais participer, ce soir, à une nouvelle projection des Moissons du futur, avant de me rendre, demain, à Bayonne.

http://www.sudouest.fr/2012/11/13/une-graine-d-espoir-876621-4720.php

De Chapela à Séralini: comment AgBioWorld détruit la réputation de scientifiques indépendants

J’invite les internautes à lire l’article publié par Rue 89 qui a enquêté sur AgBioWorld, un puissant lobbyiste pro-OGM, qui a orchestré la campagne de diffamation contre Gilles-Eric Séralini. Dans cet article, Benjamin Sourice confirme que ce que j’ai montré dans Le Monde selon Monsanto, où j’avais rencontré Ignacio Chapela, le scientifique de l’Université de Berkeley, victime d’une  incroyable machine de guerre, qui ressemble étrangement à celle déployée pour anéantir la réputation de Gilles-Eric Séralini, et Jonathan Matthews, qui avait révélé le pot aux roses. Si l’on compare l’affaire de Ignacio Chapela et de Séralini, on retrouve les mêmes ingrédients: lettres « indignées » de « scientifiques » commandités qui dénoncent le caractère « militant » des scientifiques, en mettant en cause leur intégrité professionnelle, critiques débridées de leurs études, et demande du retrait de leurs études des journaux qui les ont publiées.

Lisez l’article de Rue 89 et comparez avec ce que j’ai écrit dans Le monde selon Monsanto.

http://blogs.rue89.com/de-interet-conflit/2012/11/12/ogm-la-guerre-secrete-pour-decredibiliser-letude-seralini-228894

EXTRAIT DU MONDE SELON MONSANTO

Le lynchage médiatique du biologiste Ignacio Chapela

« Les petits paysans mexicains sont très conscients des enjeux que représente la contamination transgénique, car pour eux, le maïs est non seulement leur nourriture de base, c’est aussi un symbole culturel », m’explique Ignacio Chapela, l’auteur de l’étude publiée par Nature, qui m’a donné rendez-vous sur le fameux parvis de l’université de Berkeley, à San Francisco. C’est d’ici que partît, en 1964, le mouvement contre la guerre du Viêt-nam, qui dénonçait notamment les épandages de l’agent orange et les « marchands de la mort », au nombre desquels Monsanto.
En ce dimanche d’octobre 2006, l’immense campus, où s’affairent normalement plus de 30 000 étudiants et près de 2 000 enseignants, est désertique. Seule une voiture de police erre comme une âme en peine. « C’est pour moi, me dit Ignacio Chapela, depuis cette affaire, je suis étroitement surveillé, surtout quand je suis accompagné d’une caméra… » Devant mon air incrédule, il ajoute : « Vous en voulez la preuve ? Venez ! » Nous partons en voiture pour rejoindre une colline qui domine la baie de San Francisco. Alors que nous nous dirigeons vers le point de vue panoramique, nous apercevons la même voiture de police qui se gare ostensiblement au bord de la route et qui restera là pendant tout notre entretien…
« Comment avez-vous découvert que le maïs mexicain était contaminé ?, lui ai-je demandé, passablement troublée.
– J’ai travaillé pendant quinze ans avec des communautés indiennes d’Oaxaca, à qui j’apprenais à analyser leur environnement, me répond le biologiste, lui-même d’origine mexicaine et qui travailla plusieurs années pour la firme suisse Sandoz (devenue Novartis, puis Syngenta). David Quist, l’un de mes étudiants, est parti y animer un atelier sur les OGM. Afin de leur expliquer les principes de la biotechnologie, il leur a proposé de comparer l’ADN d’un maïs transgénique, issu d’une boîte de conserve apportée des États-Unis, avec celui d’un maïs criollo qui était censé servir de contrôle, car nous pensions qu’il n’existait pas de maïs plus pur au monde. Quelle ne fut pas notre surprise quand nous avons découvert que les échantillons de maïs traditionnel contenaient de l’ADN transgénique ! Nous avons alors décidé de mener une étude, qui a confirmé la contamination du maïs criollo. »
Pour conduire leur recherche, les deux scientifiques ont prélevé des épis de maïs dans deux localités de la Sierra Norte de Oaxaca. Ils ont constaté que quatre échantillons présentaient des traces du « promoteur 35S », issu comme on l’a vu (voir supra, chapitres 7 et 9) du virus de la mosaïque du chou-fleur ; deux échantillons révélaient la présence d’un fragment provenant de la bactérie Agrobacterium tumefaciens et un autre celle d’un gène Bt . « Dès que nous avons eu nos résultats, commente Ignacio Chapela, nous avons alerté le gouvernement mexicain, qui a conduit sa propre étude, laquelle a confirmé la contamination. »
Le 18 septembre 2001, le ministre de l’Environnement mexicain annonce en effet que ses experts ont fait des tests dans vingt-deux communautés paysannes, et qu’ils ont trouvé du maïs contaminé dans treize d’entre elles, avec un niveau de contamination compris entre 3 % et 10 % . Curieusement, ce communiqué passe alors quasiment inaperçu, alors que, moins de trois mois plus tard, la foudre s’abattra sur Ignacio Chapela et David Quist, sans doute à cause de la renommée de Nature, qui publie leur article fin novembre. Pourtant, lorsqu’ils le proposent au magazine britannique, les deux scientifiques sont félicités pour la qualité de leur étude, et le processus suit son cours normal : l’article est soumis à quatre relecteurs, qui donnent leur feu vert au bout de huit mois. Comme le soulignera en mai 2002 le journal East Bay Express : « Personne ne pouvait prévoir l’ampleur de la controverse à venir . » Elle sera d’une violence inouïe, à travers un véritable lynchage médiatique organisé en grande partie depuis… Saint-Louis.
« D’abord, me raconte Ignacio Chapela, il faut bien comprendre pourquoi cette étude a déclenché les foudres des promoteurs inconditionnels de la biotechnologie. En effet, elle comprenait deux révélations : la première concernait la contamination génétique, qui n’a en fait surpris personne, parce que tout le monde savait que cela finirait par arriver, y compris Monsanto qui s’est toujours contenté d’en minimiser l’impact. » De fait, dans son Pledge, la firme aborde l’épineux sujet avec une infinie délicatesse, puisqu’elle ne parle pas de « contamination », mais de « présence accidentelle qui fait partie de l’ordre naturel  ». « En revanche, poursuit le chercheur de Berkeley, le second point de notre étude était beaucoup plus sérieux pour Monsanto et consorts. En effet, en cherchant où étaient localisés les fragments d’ADN transgénique, nous avons constaté qu’ils s’étaient insérés à différents endroits du génome de la plante, de manière complètement aléatoire. Cela signifie que, contrairement à ce qu’affirment les fabricants d’OGM, la technique de manipulation génétique n’est pas stable, puisqu’une fois que l’OGM se croise avec une autre plante, le transgène éclate et s’insère de manière incontrôlée. Les critiques les plus virulentes se sont surtout concentrées sur cette partie de l’étude, en dénonçant notre incompétence technique et notre manque d’expertise pour pouvoir évaluer ce genre de phénomène. »
Le fait que les « transgènes soient instables » a des « implications graves », commente Science en mars 2002 : « Étant donné que le comportement d’un gène dépend de sa place dans le génome, l’ADN déplacé pourrait créer des effets absolument imprévisibles . » « Cela sape la prémisse fondamentale selon laquelle la manipulation génétique est une science sûre et exacte », renchérit trois mois plus tard une journaliste du East Bay Express . « Cette étude est du pur mysticisme déguisé en science  », rétorque Matthew Metz, un ancien étudiant de Chapela à Berkeley, devenu microbiologiste à l’université de Washington, qui dénigrera Ignacio Chapela et David Quist, au point de prétendre qu’ils avaient été piégés par des « faux positifs » dus à la « contamination de leur laboratoire  »…
« D’où est venue l’offensive ?, ai-je demandé à Ignacio Chapela.
– De deux endroits, murmure-t-il. D’abord de collègues de Berkeley à qui je m’étais affronté dans le passé, à propos d’un contrat de 25 millions de dollars que mon département de biologie avait passé en 1998 avec Novartis-Syngenta, mon ancien employeur. Ce contrat de cinq ans donnait droit à la firme de déposer des brevets sur un tiers de nos découvertes. Cette histoire avait créé deux clans à Berkeley, où s’opposaient deux conceptions antagonistes de la science : d’un côté, ceux qui, comme moi, veulent qu’elle reste indépendante ; et, de l’autre, ceux qui sont prêts à vendre leur âme pour obtenir des financements… »
En juin 2002, le magazine New Scientist a identifié ces « collègues », qui, dès décembre 2001, écrivaient une lettre incendiaire à Nature, demandant au magazine de désavouer l’article. Du jamais vu. Ils ont pour nom Matthew Metz, déjà cité, Nick Kaplinsky, Mike Freeling et Johannes Futterer, un chercheur suisse dont le « boss » était Wilhelm Gruissem, qui travailla à Berkeley, où il était « unanimement considéré comme l’homme qui apporta Novartis à Berkeley  ».
« Mais la pire campagne est venue de Monsanto, lâche Ignacio Chapela, qui, de toute évidence, a reçu une copie de notre étude avant sa parution. »

Les « coups tordus de Monsanto »

Il faut dire que là, la firme de Saint-Louis a fait très fort et qu’il faut se pincer pour croire l’histoire que je vais raconter. En effet, le jour même de la publication de l’article de Chapela et Quist dans Nature, le 29 novembre 2001, une certaine Mary Murphy, manifestement bien informée, poste un courriel sur le site scientifique pro-OGM AgBioWorld, où elle écrit : « Les activistes vont certainement faire courir le bruit que le maïs mexicain a été contaminé par des gènes de maïs OGM. […] On doit noter que l’auteur de l’article de Nature, Ignacio H. Chapela, fait partie du directoire du Pesticide Action Network North America (PANNA), un groupe d’activistes. […] Ce n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler un auteur impartial . »
Et le même jour, une certaine Andura Smetacek poste sur le même site un courriel intitulé : « Ignatio (sic) Chapela : un activiste avant d’être un scientifique », où elle n’est pas à un mensonge près : « Malheureusement, la publication récente par le magazine Nature d’une lettre (et non pas un article de recherche soumis à l’analyse de scientifiques indépendants) de l’écologiste de Berkeley Ignatio (sic) Chapela a été manipulée par des activistes anti-technologie (comme Greenpeace, les Amis de la terre et la Organic Consumers Association) et les médias dominants pour alléguer faussement l’existence de maladies associées à la biotechnologie agricole. […] Une simple recherche dans l’histoire des relations de Chapela avec ces groupes [écolo-radicaux] montre sa collusion avec eux pour attaquer la biotechnologie, le libre échange, les droits de propriété intellectuelle et d’autres sujets politiques . »
Au moment où s’amorce la « campagne de diffamation  » qui brisera la carrière d’Ignacio Chapela, un homme « tombe par hasard » sur ces étranges courriels. Il s’appelle Jonathan Matthews et il dirige GMwatch, un service d’information sur les OGM basé à Norwich, dans le sud de l’Angleterre. « À l’époque, je faisais une enquête sur AgBioWorld, m’explique-t-il lorsque je le rencontre en novembre 2006, installé comme il se doit devant son ordinateur. C’était vertigineux : les deux courriels postés par Mary Murphy et Andura Smetacek ont été distribués aux 3 400 scientifiques enregistrés sur la liste de diffusion d’AgBioWorld. À partir de là, la campagne a enflé, certains scientifiques, comme le professeur Anthony Trewavas, de l’université d’Édimbourg, appelant au désaveu de l’étude par Nature ou au licenciement d’Ignacio Chapela.
– Qui est derrière AgBioWorld ?
– Officiellement, c’est une fondation à but non lucratif, qui affirme “fournir de l’information scientifique sur l’agriculture biologique aux décideurs à travers le monde”, comme le proclame son site, me répond Jonathan Matthews, démonstration à l’appui . Elle est dirigée par le professeur Channapatna S. Prakash, le directeur du centre de recherche sur la biotechnologie végétale de l’université Tuskegee, dans l’Alabama. D’origine indienne, il est conseiller de l’USAID, l’agence des États-Unis pour le développement international ; à ce titre, il intervient régulièrement en Inde et en Afrique pour promouvoir la biotechnologie. Il s’est rendu célèbre en lançant en 2000 la “Déclaration de soutien à la biotechnologie agricole”, qu’il a fait signer par 3 400 scientifiques, dont vingt-cinq Prix Nobel . Sur son site, il n’hésite pas à accuser les défenseurs de l’environnement de “fascisme, communisme, terrorisme, y compris de génocide”. Un jour, alors que je consultais les archives d’AgBioWorld, j’ai reçu un message d’erreur m’indiquant le nom du serveur qui héberge le site : appollo.bivings.com. Or, le Groupe Bivings, basé à Washington, est une entreprise de communication qui compte parmi ses clients… Monsanto  et qui s’est spécialisée dans le lobbying sur Internet. »
Et Jonathan Matthews d’exhiber un article, publié en 2002 par le journaliste George Monbiot dans The Guardian, où l’on découvre que la firme a présenté son « savoir-faire » dans un document mis en ligne, intitulé : « Marketing viral : comment infecter le monde. » « Pour certaines campagnes, il n’est pas souhaitable et il est même désastreux que le public sache que votre entreprise y est directement impliquée, explique-t-elle à ses clients. En termes de relations publiques, ce n’est tout simplement pas une bonne chose. Dans ces cas-là, il est d’abord important de bien “écouter” ce qui se dit en ligne. […] Une fois que vous vous en êtes bien imprégné, il est possible de vous brancher sur ces sites pour présenter votre position en faisant croire qu’elle vient d’une tierce personne. […] Le grand avantage du marketing viral, c’est que votre message a plus de chance d’être pris au sérieux. » Dans son document, note le journaliste du Guardian, Bivings cite un « dirigeant de Monsanto » qui « félicite la firme » pour son « excellent travail » .
« Savez-vous qui sont Mary Murphy et Andura Smetacek, ai-je demandé à Jonathan Matthews, avec l’impression de nager en plein polar…
– Ah !, me répond le directeur de GmWatch, avec un sourire. Comme l’a bien résumé The Guardian , à qui j’ai transmis mes découvertes, ce sont des “fantômes”, ou des “citoyens factices” ! J’ai passé beaucoup de temps à chercher qui étaient ces deux “scientifiques” qui avaient déclenché la campagne contre Ignacio Chapela. Pour ce qui est de Mary Murphy, elle a posté au moins un millier de courriels sur le site d’AgBioWorld. Elle a notamment mis en ligne un faux article de l’agence Associated Press qui critique les “activistes anti-OGM”. Quand on remonte à l’adresse du serveur dont dépend son adresse électronique, on obtient : Bw6.Bivwood.com ! “Mary Murphy” est donc une salariée de l’agence Binvings ! Quant à “Andura Smetacek”, je me suis dit qu’il devrait être facile de retrouver une scientifique avec un nom si peu commun, d’autant plus qu’elle prétendait écrire depuis Londres. C’est elle qui a notamment initié une pétition demandant l’incarcération de José Bové. J’ai épluché l’annuaire électronique, le registre des électeurs et des cartes bancaires, mais impossible de retrouver sa trace… J’ai engagé un détective privé aux États-Unis, mais il n’a rien trouvé non plus. Finalement, j’ai épluché les détails techniques en bas de ses courriels qui indique l’adresse de protocole Internet : 199.89.234.124. Quand on la copie sur un annuaire des sites Internet, on tombe sur “gatekeeper2.monsanto.com”, avec le nom du propriétaire, “compagnie Monsanto de Saint-Louis” !
– Qui se cacherait, d’après vous, derrière “Mary Murphy” ?
– Avec George Monbiot, du Guardian, nous pensons qu’il s’agit de Jay Byrne, qui fut responsable de la stratégie Internet chez Monsanto. Lors d’une réunion avec des industriels, qui s’est tenue à la fin de 2001, il a notamment déclaré : “Il faut considérer Internet comme une arme sur la table : soit c’est vous qui vous en emparez, soit c’est votre concurrent, mais dans tous les cas, l’un de vous deux sera tué .”
– De faux scientifiques et de faux articles, c’est incroyable !
– Oui, me répond Jonathan Matthew, ce sont vraiment des coups tordus, qui représentent l’exact opposé des qualités que Monsanto prétend incarner dans son Pledge : “Dialogue, transparence, partage ”… Ces méthodes révèlent une firme qui n’a aucune envie de convaincre avec des arguments et qui est prête à tout pour imposer ses produits partout dans le monde, y compris à détruire la réputation de tous ceux qui peuvent lui faire obstacle… »

Un « pouvoir absolu »

En attendant, la « conspiration  », pour reprendre les mots du magazine The Ecologist, a porté ses fruits : le 4 avril 2002, après avoir exigé, en vain, que les auteurs se rétractent, Nature publiait une « note éditoriale inhabituelle  » qui constitue un « désaveu sans précédent  » dans les cent trente-trois ans d’existence du respectable magazine : « Les preuves disponibles ne sont pas suffisantes pour justifier la publication de l’article original », écrit-il en effet. « Unique dans l’histoire de l’édition technique  », cette rebuffade crée quelques remous dans le microcosme scientifique international : « Cela donne une bien piètre image de la ligne éditoriale et du processus de relecture de Nature, s’étonne Andrew Suarez, de l’université de Berkeley, dans une lettre au journal. Dans ce cas, pourquoi Nature s’est-il interdit de procéder à des rétractations similaires pour des publications antérieures qui se sont révélées incorrectes ou susceptibles d’être interprétées différemment  ? » La réponse à cette question est suggérée par Miguel Altieri, un autre chercheur de Berkeley : « Le financement de Nature dépend des grandes firmes, assure-t-il. Regardez la dernière page du magazine et vous verrez qui paie les annonces de recrutement : 80 % sont des entreprises technologiques qui payent de 2 000 à 10 000 dollars par annonce … »
Le « rétropédalage  » de Nature est d’autant plus étonnant que, un mois plus tôt, Science révélait que « deux équipes de chercheurs mexicains » avaient annoncé qu’ils confirmaient les « résultats explosifs du biologiste Ignacio Chapela  ». Dirigée par Exequiel Ezcurra, le très respecté président de l’Institut mexicain de l’écologie, l’une d’elles avait analysé des échantillons de maïs prélevés dans vingt-deux communautés de Oaxaca et Puebla. Une contamination génétique de 3 % à 13 % avait été constatée dans onze d’entre elles, et de 20 % à 60 % dans quatre autres. Le docteur Ezcurra avait soumis un article à Nature, qui l’a refusé, en octobre 2002. « Ce rejet est dû à des raisons idéologiques », a-t-il dénoncé, en soulignant les « explications contradictoires » des relecteurs, dont l’un aurait dit que les résultats étaient « évidents », et l’autre « difficiles à croire  »…
En attendant, Ignacio Chapela a payé le prix fort : en décembre 2003, la direction de Berkeley l’informe qu’elle est revenue sur sa décision (pourtant votée à trente-deux voix contre une) de le nommer professeur titulaire, et qu’il devra quitter l’université à la fin de son contrat, six mois plus tard. En clair : l’enseignant est licencié. Il porte plainte et obtient gain de cause en mai 2005. « Depuis, m’a-t-il expliqué, je traîne mon boulet de lanceur d’alerte. Je n’ai pas de budget pour conduire les recherches qui m’intéressent, car désormais, aux États-Unis, on ne peut plus travailler en biologie si on refuse le soutien financier des firmes de la biotechnologie. Il fut un temps où la science et l’université revendiquaient haut et fort leur indépendance par rapport aux instances gouvernementales, militaires ou industrielles. C’est fini, non seulement parce que les scientifiques dépendent de l’industrie pour vivre, mais parce qu’ils font partie eux-mêmes de l’industrie… C’est pourquoi je dis que nous vivons dans un monde totalitaire, gouverné par les intérêts des multinationales qui ne se sentent responsables que devant leurs seuls actionnaires. Face à ce pouvoir absolu, il est difficile de résister. Regardez ce qui est arrivé à Exequiel Ezcurra… »
Malheureusement, je n’ai pas pu rencontrer l’ancien directeur de l’Institut mexicain de l’écologie qui, peu après s’être insurgé contre le refus de Nature de publier son étude sur la contamination du maïs criollo, a été nommé en 2004 directeur de la recherche scientifique du Musée d’histoire naturelle de San Diego (Californie), où il avait dirigé un Centre de recherche sur la biodiversité de 1988 à 2001. J’avais été surprise de voir qu’il avait cosigné en août 2005 une étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), qui, comme son nom l’indique, dépend de l’Académie des sciences des États-Unis. Éditée par l’université Washington de Saint-Louis , celle-ci concluait à « l’absence de transgènes détectables dans les variétés locales de maïs à Oaxaca  ». En revanche, en octobre 2006, j’ai rencontré l’une de ses collaboratrices, le docteur Elena Alvarez-Buylla, dans son laboratoire de l’Institut mexicain d’écologie.
« Comment expliquez-vous que le docteur Ezcurra ait signé une étude qui contredise à ce point ses travaux précédents ?
– Lui seul le sait, me répond prudemment la biologiste. Ce que je peux dire, c’est que nous avons commencé ces travaux ensemble et que j’en ai été écartée. J’ai été remplacée par une Américaine, Allison Snow, de l’université de l’Ohio, qui a pris l’étude en cours… Ils ont décidé de publier des résultats préliminaires, que j’estime peu rigoureux d’un point de vue scientifique. » Elle n’est pas la seule à le penser : cinq chercheurs internationaux — dont Paul Gepts, que j’avais rencontré en juillet 2004 à l’université Davis à propos des brevets sur le vivant (voir supra, chapitre 10) — ont estimé aussi que les « conclusions [de l’étude] n’étaient pas scientifiquement justifiées  ». Pourtant, cette publication a été présentée par de nombreux journaux internationaux, comme Le Monde …
« Depuis, me dit Elena Alvarez-Buylla, mon laboratoire a conduit une nouvelle étude dans tout le pays, qui a établi que le taux national de contamination est, en moyenne, de 2 % à 3 % selon le type de transgène, avec des pointes beaucoup plus élevées.
– Que pensez-vous de cette polémique ?
– Je pense qu’elle n’a rien à voir avec la rigueur scientifique, me répond la biologiste, et qu’elle cache d’autres intérêts… Désormais, ce qui m’importe, c’est de savoir quelles peuvent être, à moyen terme, les conséquences de la contamination sur le maïs criollo. C’est pourquoi j’ai mené, avec mon équipe, une expérience sur une fleur toute simple, Arabidopsis thaliana, qui possède le plus petit génome du monde végétal, dans laquelle nous avons introduit un gène par manipulation génétique . Puis nous avons semé les graines transgéniques et observé leur croissance. Nous avons constaté que deux plantes strictement identiques du point de vue génétique — elles ont le même génome, les mêmes chromosomes et le même transgène — peuvent présenter des phénotypes (c’est-à-dire des formes florales) très différents : certaines ont des fleurs qui sont identiques au modèle naturel, avec quatre pétales et quatre cépales ; mais d’autres ont des fleurs aberrantes, avec des poils anormaux ou des pétales bizarres. Et certaines sont carrément monstrueuses… En fait, la seule différence entre toutes ces plantes, c’est la localisation du transgène qui s’est inséré complètement à l’aveugle, en modifiant le métabolisme végétal.
– En quoi cela peut-il servir pour le maïs ?, demandé-je, en contemplant une fleur absolument monstrueuse que la scientifique a affichée sur son ordinateur.
– Ce modèle expérimental permet d’extrapoler ce qui risque de se passer quand le maïs transgénique se croisera par pollinisation avec les variétés locales. C’est très préoccupant, parce qu’on peut craindre que l’insertion aléatoire du transgène affecte le fonds génétiques du maïs criollo de manière totalement incontrôlée… »

FIN DE L’EXTRAIT

Notes et références:

[1] University of California, Berkeley press release, 28 novembre 2001.

[1] The New York Times, 2 octobre 2001 ; The Guardian, 29 et 30 novembre 2001.

[1] Kara Platoni, « Kernels of truth », East Bay Express, 29 mai 2002.

[1] Monsanto, The Pledge Report 2001-2002, p. 13. C’est aussi le terme que Monsanto emploiera dans son 10K Form de 2006, op. cit., p. 47.

[1] Robert Mann, « Has GM corn “invaded” Mexico ? », Science, vol. 295, n° 5560, 1er mars 2002, p. 1617-1619.

[1] Kara Platoni, « Kernels of truth », loc. cit.

[1] Marc Kaufman, « The biotech corn debate grows hot in Mexico », The Washington Post, 25 mars 2002.

[1] Robert Mann, « Has GM corn “invaded” Mexico ? », loc. cit.

[1] Fred Pearce, « Special investigation : the great Mexican maize scandal », New Scientist, 15 juin 2002.

[1] Ce courriel peut être consulté dans les archives du site Web d’AgBioWorld : <www.agbioworld.org/newsletter_wm/index.php?caseid=archive&newsid=1267>.

[1] <www.agbioworld.org/newsletter_wm/index.php?caseid=archive&newsid=1268>.

[1] George Monbiot, « Corporate ghosts », The Guardian, 29 mai 2002.

[1] <www.agbioworld.org/about/index.html>.

[1] « Scientists in Support of agricultural biotechnology », <www.agbioworld.org/declaration/petition/petition.php>.

[1] <www.bivings.com/client/index.html>.

[1] George Monbiot, « The fake persuaders. Corporations are inventing people to rubbish their opponents on the Internet », The Guardian, 14 mai 2002.

[1] George Monbiot, « Corporate ghost », The Guardian, loc. cit.

[1] Cité par George Monbiot, « The battle to put a corporate GM padlock on our food chain is being fought on the net », The Guardian, 19 novembre 2002.

[1] Monsanto, The Pledge Report 2001-2002, p. 1.

[1] « Amazing disgrace », The Ecologist, vol. 32, n° 4, mai 2002.

[1] « Journal editors disavow article on biotech corn », The Washington Post, 4 avril 2002.

[1] « Special investigation : the great Mexican maize scandal », New Scientist, op. cit.

[1] Wil Lepkowski, « Maize, genes, and peer review », Center for Science, Policy and Outcomes, n° 14, 31 octobre 2002.

[1] Andrew Suarez, « Conflict around a study of mexican crops », Nature, 27 juin 2002.

[1] Kara Platoni, « Kernels of truth », loc. cit.

[1] Ibid.

[1] Robert Mann, « Has GM corn “invaded” Mexico ? », loc. cit.

[1] « Corn row », Science, 6 novembre 2002.

[1] Sol Ortiz-García, Exequiel Ezcurra, Bernd Schoel, Francisca Acevedo, Jorge Soberón et Allison A. Snow, « Absence of detectable transgenes in local landraces of maize in Oaxaca, Mexico, 2003-2004 », Proceedings of the National Academy of Sciences, 30 août 2005, vol. 102, n° 35, p. 12338-12343.

[1] David A. Cleveland, Daniela Soleri, Flavio Aragon Cuevas, José Crossa et Paul Gepts, « Detecting (trans)gene flow to landraces in centers of crop origin : lessons from the case of maize in Mexico », Environmental Biosafety Research, vol. 4, n° 4, 2005, p. 197-208.

[1] Hervé Morin, « La contamination du maïs par les OGM en question », Le Monde, 7 septembre 2005.

[1] Voir Elena R. Alvarez-Buylla et Berenice García-Ponce, « Unique and redundant functional domains of APETALA1 and CAULIFLOWER, two recently duplicated Arabidopsis thaliana floral MADS-box genes », The Journal of Experimental Botany, vol. 57, n° 12, 7 août 2006, p. 3099-3107.

Photo (Marc Duployer): Jonathan Matthews m’expliquant comment il est remonté à l’agence Bivings et Monsanto, qui ont orchestré la campagne de diffamation contre Ignacio Chapela.

La nécessité de changer de paradigme et de soutenir les résistants de Notre Dame des Landes

Je poursuis mon tour de France et d’Europe, pour présenter Les moissons du futur, enchaînant les TGV (qui arrivent de plus en plus rarement à l’heure), les voyages en voiture, tramway et autres moyens de transport. Partout où je vais, les salles sont combles, preuve que ce film et livre répondent à une attente d’un public de plus en plus large. Au moment de boucler ma valise, je suis régulièrement assaillie par un sentiment de lassitude, car ces déplacements rapprochés sont épuisants. Mais celui-ci disparaît, comme par enchantement, dès que j’entends les applaudissements chaleureux qui ponctuent systématiquement la fin du film, comme un « remerciement », pour reprendre les termes de Yashinori Kaneko, le paysan bio des Moissons du futur. Les débats qui suivent s’étirent jusque tard dans la nuit, car les questions et témoignages sont nombreux.

Il est frappant de voir le décalage qui existe entre la prise de conscience du public qu’il « faut changer de cap », ainsi que le dit dans le film Olivier de Schutter, le rapporteur des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, et l’inertie des politiques qui continuent d’ignorer l’imminence des crises majeures qui nous attendent dans les deux prochaines décennies. Je suis surprise – pour ne pas dire déçue- de constater que le gouvernement actuel n’ait pas encore émis de signaux clairs, annonçant au minimum une amorce de changement de cap… Tout indique que nos dirigeants continuent de fonctionner avec un , vieux logiciel qui date de XXème siècle où l’on croyait le « développement » et la « croissance » illimités, au point d’en faire l’alpha et l’oméga de toute action politique. Or ces temps sont résolus, car les énergies fossiles bon marché appartiendront bientôt au passé, d’où la nécessité d’anticiper, en prenant des mesures qui préparent l’incontournable transition, sous peine d’avoir à les prendre sous la contrainte, ce qui sera beaucoup plus douloureux.

Ces mesures indispensables concernent, bien sûr , l’agriculture française, qui s’avère d’une extrême vulnérabilité, car très liée aux énergies fossiles. Mais, pour l’heure, c’est le statu quo du côté du ministère de l’agriculture et de Stéphane Le Foll, dont je crains qu’il ressemble fort à son prédécesseur (vedette des Moissons du futur !).

Même constat du côté de Matignon,Jean-Marc Ayrault continue de défendre bec et ongles son projet d’extension de l’aéroport de Nantes, à Notre Dame des Landes, qui constitue une véritable aberration, pour plusieurs raisons : d’abord, parce que l’avenir n’est pas à l’augmentation du trafic aérien, mais à sa diminution. Si nous continuons sur cette voie, seuls les nantis pourront continuer à prendre l’avion, pour se « dépayser » quelques jours dans de lointaines contrées, car tout indique que dans un avenir proche, le prix des billets d’avion sera exorbitant. De plus, comme l’a écrit Hervé Kempf, dans Le Monde (23 avril 2012), les dégâts écologiques qu’entraînera la construction de l’aéroport à l’ « utilité douteuse » sont « indiscutables » : bétonner 2000 hectares de zones humides rares, en chassant les paysans qui y travaillent, relève de la plus grande irresponsabilité et d’une cécité que seule l’addiction à un modèle dépassé – le « progrès », le « productivisme », la « croissance »– peut expliquer.

C’est pourquoi j’appelle tous les lecteurs de ce Blog à rejoindre la grande manifestation prévue à Notre Dame des Landes, samedi 17 novembre.

Au delà du projet lui-même , aussi insensé que ringard, cette bataille est hautement symbolique, car il s’agit de dire au gouvernement, élu sur des promesses de « changement » : « ça suffit ! Il faut maintenant changer de paradigme ! »

Pour toute information concernant les activités de résistance à l’aéroport de Notre Dame des Landes, consultez le site de la ZAD :

http://zad.nadir.org/

De mon côté, je continue mon travail qui consiste à ouvrir les « boîtes noires », pour reprendre l’expression du sociologue Bruno Latour, c’est-à-dire à chercher ce qui se cache derrière les « vérités établies », et les « TINA » – « There is no alternative » – selon l’affirmation lancée par Margareth Thatcher en 1980.

La prochaine « boîte noire » que je voudrais décortiquer c’est le dogme de la « croissance », dont l’aéroport de Nantes constitue une parfaite illustration.

Comme pour Les moissons du futur, je lance une nouvelle souscription (préachat d’un DVD en tirage limité avec bonus) pour soutenir la production de mon prochain film (et livre), intitulé provisoirement « Sacrée croissance ! »

Je suis convaincue que ce nouveau projet correspond à une attente du public, car, chaque jour, j’en reçois la preuve dans ma … boîte à lettres. En effet, les quelque 2000 souscripteurs (près de 2300 souscriptions) qui ont soutenu la réalisation des Moissons du futur (dont le titre provisoire était « Comment on nourrit les gens ? ») ont reçu récemment leur DVD (avec 70 minutes de bonus) et un flyer pour souscrire à « Sacrée croissance ! ». En une semaine, j’ai déjà reçu une soixantaine de souscriptions par la poste !

Pour plus d’informations sur ce projet, consultez le site de m2rfilms :

http://www.m2rfilms.com/crbst_19.html

Jeudi dernier, j’ai présenté Les moissons du futur au Parlement européen. Cette projection était organisée par les députés européens Thijs Berman (S&D), Charles Goerens (ALDE), Mariya Gabriel (EPP) et Bart Staes (the Greens) . Une soixantaine de députés, assistants parlementaires et représentants de la Commission européenne étaient présents :

http://www.festival-alimenterre.org/breve/8-novembre-2012-marie-monique-robin-parlement-europeen

Le lendemain, vendredi, j’ai ouvert le colloque « The Potential of Agroecology » , organisé par Bart Staes, un député flamand écologiste, auquel ont participé 500 personnes (plus de 200 n’ont pas pu y assister faute de place !)

http://www.greens-efa.eu/the-potential-of-agroecology-7300.html

Au cours du colloque, un extrait de 20 minutes des Moissons du futur, concernant l’expérience de Manfred et Friedrich Wenz (voir vidéo –ci dessous) a été présenté :



Pour l’agenda des projections où je serai présente, consultez le site de m2rfilms, car je vais sillonner la France pendant un mois quasi complet !

http://www.m2rfilms.com/crbst_13.html

http://www.cg64.fr/actualites/moissons-du-futur-ou-comment-lagroecologie-peut-nourrir-monde.html

Pour finir, je constate avec plaisir que mon livre Les moissons du futur rencontre un beau succès. Voici un commentaire glané sur la toile, parmi de nombreux autres :

http://leblogdemylene.centerblog.net/204-les-moissons-du-futur

L’échec des OGM aux Etats Unis dénoncé par deux grands cultivateurs américains

Greenpeace a invité deux grands producteurs américains de plantes transgéniques à témoigner de leurs déboires avec les OGM de Monsanto. L’un, Wes Shoemyer exploite 1200 hectares dans le Missouri, l’État où est implanté Monsanto; l’autre, Wendel Lutz est un paysan du Midwest, comme Dale Lesser, le grand céréalier qui raconte  dans Les Moissons du futur l’engrenage infernal, dans lequel l’ont plongé des OGM (voir sur ce blog l’extrait de mon film et de mon livre).

J’invite les internautes à lire l’article qu’a consacré Rue 89 aux deux agriculteurs américains:

http://www.rue89.com/rue89-planete/2012/11/03/deux-agriculteurs-americains-temoignent-des-mefaits-des-ogm-236753

Ce que racontent Wes Shoemyer et Wendel Lutz confirment ce que j’avais écrit dans Le monde selon Monsanto.

Voici l’extrait de mon livre où je présente le problème des « super mauvaises herbes » qui ont commencé à infester les prairies américaines dès 2004:

Quand la contamination des OGM produit de « super mauvaises herbes »

Je dois dire que je suis très impressionnée par la capacité de la firme de Saint-Louis à dire une chose et à faire exactement l’inverse. Au moment où elle harcelait Percy Schmeiser, son service de communication écrivait en effet dans son Pledge : « Dans le cas où apparaîtraient de manière non intentionnelle des variétés qui nous appartiennent dans les champs d’un agriculteur, bien évidemment nous travaillerons avec l’agriculteur pour résoudre ce problème d’une manière qui satisfasse aussi bien l’agriculteur que Monsanto . » Voilà donc pour l’habillage destiné à rassurer les actionnaires et d’éventuels clients. Sur le terrain, la réalité est tout autre, tant la contamination des OGM est devenue un problème majeur dans les prairies d’Amérique du Nord.
« En vérité, le colza transgénique s’est disséminé beaucoup plus rapidement que nous ne l’avions pensé, déclare ainsi en 2001 le professeur Martin Entz, de l’université de Manitoba (Canada). Ce fut un coup de semonce sur les effets secondaires de la biotechnologie . » La même année, le professeur Martin Phillipson constate : « Dans notre province, les agriculteurs dépensent des dizaines de milliers de dollars pour essayer de se débarrasser du colza qu’ils n’ont pas planté. Ils doivent utiliser toujours plus d’herbicides pour venir à bout de cette technologie . » Ces deux témoignages sont cités dans Seeds of Doubt (les semences du doute), un rapport publié en septembre 2002 par la Soil Association (une association britannique de promotion de l’agriculture biologique, fondée en 1946), qui dresse un bilan très détaillé des cultures transgéniques en Amérique du Nord : « La contamination massive des OGM a sévèrement affecté l’agriculture non transgénique, y compris biologique, elle a détruit le marché et sapé la compétitivité de l’agriculture nord-américaine, peut-on lire dans son introduction. Les cultures transgéniques ont aussi augmenté la dépendance des agriculteurs par rapport aux herbicides et conduit à de nombreux problèmes juridiques . »
Une étude commanditée par le ministère de l’Agriculture du Saskatchewan a ainsi révélé en 2001 que le pollen de colza Roundup ready peut se déplacer sur au moins 800 mètres, soit huit fois la distance recommandée par les autorités entre les cultures OGM et conventionnelles . Le résultat c’est que, dès 2001, l’organisme de certification biologique des États-Unis reconnaissait dans The Western Producer qu’il était quasiment impossible de trouver des semences de colza, mais aussi de maïs et de soja, qui ne soient pas contaminées par des OGM. Dans le même article, la Canadian Seed Trade Association admettait que toutes les variétés conventionnelles étaient déjà contaminées par les OGM à hauteur d’au moins 1 % . On se demande ce qu’il en est six ans plus tard…
En tout cas, anticipant sur les effets incontrôlables de la contamination transgénique, les principales compagnies d’assurance agricoles du Royaume-Uni ont annoncé en 2003 qu’elles refusaient de couvrir les producteurs de cultures OGM contre ce fléau, qu’elles comparent au problème de l’amiante ou aux actes de terrorisme, en raison des charges financières imprévisibles qu’il peut induire. Dans un sondage publié par The Guardian, les assureurs comme la National Farm Union Mutual, Rural Insurance Group (Lloyds) ou BIB Underwriters Ltd (Axa) soulignaient que « l’on en sait trop peu sur les effets à long terme des cultures [transgéniques] pour la santé humaine et l’environnement pour pouvoir proposer une quelconque protection  ».
Mais une chose est sûre : en Amérique du Nord, la contamination des OGM a provoqué un véritable « bourbier de contentieux », pour reprendre les mots de la Soil Association, qui précise que celui-ci « concerne tous les niveaux de l’activité : les agriculteurs, les transformateurs, les distributeurs, les consommateurs et les entreprises de biotechnologie  », les uns se retournant contre les autres, dès qu’un OGM non désiré apparaît quelque part. Pour illustrer l’absurdité insoluble de la situation, le rapport Seeds of Doubt donne l’exemple de la contamination d’un chargement de colza conventionnel canadien, arraisonné en Europe en mai 2000, parce que la présence d’un transgène de Monsanto y avait été détectée. La société Adventa a dû procéder à la destruction de milliers d’hectares, indemniser ses agriculteurs, puis déplacer sa production de semences de l’ouest vers l’est du Canada, où elle estimait pouvoir mieux se protéger de la pollinisation croisée, avec à la clé une cascade de procès …
Les problèmes que pose la contamination transgénique ne sont pas que juridiques, ils sont aussi environnementaux. En effet, lorsqu’une graine de colza transgénique atterrit dans un champ, par exemple de blé, par la grâce du vent, il est considéré comme une mauvaise herbe par l’agriculteur, qui a beaucoup de mal à en venir à bout, car « comme ce colza résiste au Roundup, un herbicide total, la seule façon de s’en débarrasser est de l’arracher à la main ou d’utiliser du 2-4 D, un herbicide extrêmement toxique  »… De même, un producteur d’OGM soucieux de maintenir une rotation de ses cultures, en alternant par exemple du colza Roundup ready avec du maïs Roundup ready, peut être aussi confronté à ce problème, renforcé par la spécificité du colza : ses cosses mûrissant de manière inégale, les producteurs ont pris l’habitude de couper les plants et de les faire sécher dans les champs, avant d’en récolter les grains. Immanquablement, des milliers de graines restent sur le sol et germeront l’année suivante, voire cinq années plus tard. C’est ce qu’on appelle du « colza volontaire » ou « rebelle », qui représente en fait une « super mauvaise herbe » (en anglais « superweed »)…

Grâce aux OGM, toujours plus d’herbicides

L’ironie de l’histoire, c’est que Monsanto a compris très tôt l’intérêt financier que pouvaient représenter ces plantes « rebelles » : le 29 mai 2001, la firme a obtenu un brevet (n° 6 239 072) portant sur une « mixture d’herbicides » qui permet à la fois de « contrôler les mauvaises herbes sensibles au glyphosate et des spécimens volontaires tolérants au glyphosate  ». Comme le souligne le rapport de la Soil Association, « ce brevet permettra à la firme de profiter d’un problème que ses produits ont eux-mêmes créé  »…
Et à voir l’évolution dans les prairies d’Amérique du Nord, on peut s’attendre à ce que la fameuse « mixture d’herbicides » représente la nouvelle vache à lait de la firme de Saint-Louis. De fait, le développement des superweeds est devenu l’un des principaux casse-tête des agronomes nord-américains, qui notent que celles-ci peuvent émerger de trois manières. Dans le premier cas, comme nous venons de le voir, ce sont des « volontaires » (résistants au Roundup), dont la destruction nécessite le recours à des herbicides plus puissants. Dans le deuxième cas, les OGM se croisent avec des adventices — le mot savant qui désigne les « mauvaises herbes » — qui leur sont génétiquement proches, en leur transférant le fameux gène de résistance au Roundup. C’est le cas notamment du colza, qui est un hybride naturel entre le navet et le chou, capable d’échanger des gènes avec des espèces sauvages apparentées comme la ravenelle, la moutarde ou la roquette, que les agriculteurs considèrent comme des mauvaises herbes. Ainsi une étude conduite par le Britannique Mike Wilkinson, de l’université Reading, a confirmé en 2003 que le flux de gènes entre le colza et la navette (Brassica rapa), l’une des adventices les plus répandues, était très courant, ce qui indique que « la pollinisation croisée entre des plantes OGM et leurs parents sauvages est inévitable et peut créer des super mauvaises herbes résistantes à l’herbicide le plus puissant », ainsi que le souligne The Independant .
Enfin, troisième cas, si des superweeds apparaissent, c’est tout simplement parce qu’à force d’être arrosées exclusivement de Roundup, plusieurs fois par an et d’une année sur l’autre, les mauvaises herbes développent une résistance à l’herbicide qui finit par les rendre aussi efficaces en la matière que les OGM qui les ont engendrées. Curieusement, la firme, qui a pourtant une longue expérience des herbicides, a toujours nié ce phénomène : « Après vingt ans d’utilisation, on n’a jamais entendu parler d’espèces d’adventices qui soient devenues résistantes au Roundup », affirme ainsi un document publicitaire vantant les mérites du soja RR . De même, dans son Pledge de 2005, la multinationale continue d’affirmer que les cultures transgéniques « permettent aux agriculteurs d’utiliser moins d’herbicides  ».
« C’est faux ! », rétorque l’agronome américain Charles Benbrook, dans une étude publiée en 2004 et intitulée : « Les cultures OGM et l’usage des pesticides aux États-Unis : les neuf premières années . » Selon lui, l’argument de la « réduction de l’usage des pesticides » a été valide durant les trois premières années qui ont suivi la mise en culture des OGM en 1995, mais « depuis 1999, ce n’est plus le cas ». « Ce n’est pas une surprise, explique-t-il : cela fait dix ans que les scientifiques spécialistes des adventices mettent en garde contre le fait que l’usage intensif des cultures résistantes à un herbicide allait déclencher des changements dans les populations de mauvaises herbes ainsi que leur résistance, forçant les paysans à appliquer d’autres herbicides et/ou à augmenter leurs doses. […] Un peu partout dans le Midwest, les agriculteurs évoquent avec nostalgie l’efficacité et la simplicité initiales de la technique Roundup Ready, en regrettant ce “bon vieux temps”. »
Charles Benbrook connaît son sujet : après avoir travaillé comme expert agricole à la Maison-Blanche sous l’administration Carter, puis au Capitole, il fut directeur de la division agricole de l’Académie nationale des sciences pendant sept ans, avant de créer son cabinet de consultant indépendant à Sandpoint, dans l’Idaho. Depuis 1996, il épluche minutieusement les données de consommation d’herbicides enregistrées par le Service national des statistiques agricoles (NASS) qui dépend de l’USDA, en les comparant avec celles fournies par Monsanto, qu’il juge « trompeuses, à la limite de la malhonnêteté  ». Dans un article de 2001, il notait déjà que la « consommation totale d’herbicides utilisée pour le soja RR en 1998 était au moins 30 % supérieure en moyenne à celle du soja conventionnel dans six États, dont l’Iowa, où est cultivé un sixième du soja de la nation  ».
Dans son étude de 2004, il constate que la quantité d’herbicides épandus sur les trois principales cultures des États-Unis (soja, maïs et coton) a augmenté de 5 % entre 1996 et 2004, ce qui représente 138 millions de livres supplémentaires. Alors que la quantité d’herbicides utilisés pour les cultures conventionnelles n’a cessé de baisser, celle de Roundup a connu une évolution inverse, ainsi que s’en félicite d’ailleurs Monsanto dans son « 10K Form » de 2006 : après avoir souligné que les ventes de glyphosate ont représenté un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de dollars en 2006, contre 2,05 en 2005, la firme note que « toute expansion des cultures qui présentent la caractéristique Roundup ready accroît considérablement les ventes des produits Roundup ».
Ces résultats sont le fruit d’une stratégie planifiée de longue date : « Un facteur clé pour l’augmentation du volume de Roundup est une stratégie basée sur l’élasticité et des réductions sélectives des prix suivies par une importante augmentation des volumes », écrivait la multinationale dans son rapport annuel de 1998 (p. 7). Quand on lui fait remarquer que cette évolution est bien la preuve que les OGM ne réduisent pas la consommation d’herbicides, la multinationale réplique qu’il est normal que les ventes de Roundup augmentent, puisque la surface des cultures Roundup ready ne cesse de progresser. Certes, neuf ans après leur mise sur le marché, les cultures transgéniques couvraient près de 50 millions d’hectares aux États-Unis et 73 % étaient Roundup ready (23 % Bt), mais ces surfaces étaient déjà cultivées avant l’arrivée des OGM (et donc arrosées de pesticides )…
De plus, ajoute Charles Benbrook, la fin du monopole de Monsanto sur le glyphosate, en 2000, a entraîné une guerre des prix qui a fait chuter celui du Roundup d’au moins 40 %, et pourtant le chiffre d’affaires de la firme n’a pas été affecté, bien au contraire. Enfin, écrit-il, « la dépendance vis-à-vis d’un seul herbicide, comme méthode unique de gestion des mauvaises herbes sur des millions d’hectares, est la principale raison qui explique la nécessité d’appliquer des doses d’herbicides plus élevées pour atteindre le même niveau de contrôle  ». Il rappelle qu’avant l’introduction des OGM, les scientifiques n’avaient identifié que deux adventices résistantes au glyphosate : l’ivraie (en Australie, Afrique du Sud et États-Unis) et le gaillet (en Malaisie), mais qu’aujourd’hui on en compte six sur le seul territoire américain, avec en tête la prèle, devenue un véritable fléau dans les prairies, mais aussi les amarantes, comme l’« herbe au cochon » ou l’ambroisie. Ainsi, une étude réalisée à l’université de Delaware a montré que des plants de prèle prélevés dans des champs de soja RR survivaient à dix fois la dose de Roundup recommandée . À ces mauvaises herbes déjà identifiées comme résistantes au Roundup, s’ajoute une liste d’adventices dites « tolérantes au glyphosate », c’est-à-dire pas encore résistantes, mais pour lesquelles il faut multiplier les doses par trois ou quatre pour en venir à bout…

FIN DE L’EXTRAIT

Je devais participer ce soir à une projection  des Moissons du futur à Lorient, mais je n’ai pu m’y rendre, car, pour la troisième fois en deux semaines, mon TGV s’est arrêté en rase campagne, en raison d’un train de marchandises qui, nous a-t-on dit, est tombé en panne entre Le Mans et Rennes. Résultat: cinq heures de retard. J’ai donc décidé de m’arrêter à Nantes, où je participerai demain à une autre projection de mon film. J’écris ces lignes de ma chambre d’hôtel où Morgane Sabatier, l’animatrice du CRISLA qui organisait ma venue, avec une quinzaine d’organisations, vient de m’annoncer que 300 personnes avaient rempli l’amphithéâtre Paul Ricoeur (j’attends des photos)…

http://www.festival-alimenterre.org/breve/5-et-6-novembre-marie-monique-robin-a-lorient-et-nantes