La bactérie E Coli bien connue des élevages intensifs

Je m’étais abstenue d’intervenir dans l’affaire de la bactérie E Coli, attendant de connaître les résultats de l’enquête, mais devant la mauvaise foi des commentaires que je lis sur ce Blog, j’ai décidé de sortir de mon silence (prudent). Comme le rappelle cet article du New York Times, qui est, comme chacun sait, un journal activiste radical (!!), la bactérie E Coli est surtout connue pour proliférer dans les élevages intensifson use et abuse d’antibiotiques.

http://www.nytimes.com/2011/06/12/opinion/12kristof.html?_r=2&hp

Dans cet article récent, Nicholas Kristof rappelle que chaque année 325 000 personnes sont hospitalisées aux Etats Unis, en raison d’une maladie liée à l’alimentation et que 5000 en meurent.  « La nourriture tue une personne toutes les deux heures« , note l’éditorialiste qui souligne le rôle joué par les bactéries, comme E Coli, qui habitent les intestins des animaux et que l’usage délirant d’antibiotiques dans les élevages intensifs a rendu résistantes aux antibiotiques.

Jugez en vous mêmes: d’après un rapport récent de la Food and Drug Administration, 80% des antibiotiques utilisés aux Etats Unis sont administrés bien souvent à titre préventif, aux pauvres poules et cochons , maltraités dans les « élevages hors sols », tandis que le seul Etat de Nord Caroline utilise à lui tout seul autant d’antibiotiques pour ses animaux martyrs que les Etats Unis pour sa population!

Le journaliste explique aussi que l’un des pathogènes les plus virulents générés dans les « usines à viande » est le MRSA (en français le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM), qui prolifère dans les élevages de porcs intensifs.

Il tue plus d’Américains que le sida!

http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=8307

D’après une étude publiée dans Applied and Environmental Microbiology, 70% des porcs industriels en sont affectés.

http://aem.asm.org/cgi/content/abstract/77/2/696

D’après une autre étude, 45% des ouvriers agricoles qui travaillent dans les usines à porc sont porteurs du SARM.

http://www.plosone.org/article/info:doi/10.1371/journal.pone.0004258

Nombreux sont aux Etats Unis, les hommes, femmes et enfants qui meurent, après avoir mangé un hamburger contaminé par les bactéries tueuses des élevages intensifs. L’une des histoires  qui avait attiré l’attention sur ce drame terrible concernait le petit Kevin Kowalcyl, décédé à trois ans, les « intestins rongés par la gangrène », après un barbecue estival fatal.

Et comme le note l’éditorialiste du New York Times :

« les végétariens ne sont pas à l’abri. La bactérie E Coli provient des animaux, mais elle peut se répandre dans l’eau utilisée pour arroser les légumes en les contaminant. »

Ce qui est sûr en tout cas c’est que l’ E coli qui a tué des Allemands s’est apparemment retrouvée sur des pousses de soja cultivé sur une ferme bio, mais que son origine remonte à des animaux. Quels animaux? Quels furent les mécanismes de transfert qui ont permis à  la bactérie  de passer des animaux aux pousses de soja? La retrouve-t-on dans les nappes phréatiques proches de la ferme incriminée?

Il est curieux que personne ne se soit intéressé à ces questions…

Photos: les joies de l’élevage intensif qui favorise la prolifération de bactéries ultra-résistantes.

Les propos incohérents de Jean-François Narbonne (4)

Ca bouge sur le front de l’aspartame et tout ce que j’ai révélé dans mon film et livre Notre poison quotidien est aujourd’hui confirmé par les démarches de Corinne Lepage (voir sur ce Blog), au niveau européen, et du député Gérard Bapt et du Réseau Environnement santé (RES) au niveau français :

http://www.rue89.com/dessous-assiette/2011/06/27/etudes-bidon-conflits-dinterets-laspartame-dans-de-sales-draps-211122

Autant dire que le professeur Jean-François Narbonne est, comme on dit, totalement à côté de la plaque, dans l’interview qu’il a donnée au journaliste, lobbyste de l’industrie des pesticides, Gil Rivière-Weckstein. Voici la suite de ce que toxicologue a déclaré :

Dans le dossier de l’aspartame, il y a des incohérences visibles dans le reportage. La journaliste va interroger les instances de la Food and Drug Administration (FDA) aux USA sur les observations très nombreuses portant sur les effets neurologiques de l’aspartame chez l’homme, ce qui constitue le coeur du dossier. Or, elle déplace la polémique sur les effets cancérigènes chez l’animal rapportés par le Dr Morando Soffritti en se servant de l’avis de l’Efsa, qui synthétise les critiques des experts européens et donne une vue générale sur les relations entre l’aspartame et la cancérogenèse. Au sujet de cet avis, elle interroge un fonctionnaire de l’Efsa, Hugues Kenigswald, qui est coordonnateur de l’unité sur les additifs. Il déclare que l’Efsa a rejeté les conclusions du Dr Soffritti au motif que les rats âgés présentaient des inflammations pulmonaires pouvant être la cause des cancers pulmonaires. Cet argument a été très facilement rejeté – et avec raison – par le Dr Soffritti, qui explique qu’il y a eu autant d’inflammations chez les rats nourris à l’aspartame que chez les rats témoins. Ce qui permet à Marie-Monique Robin de démontrer l’incompétence de l’Efsa. Sauf que la critique principale portant sur la première étude de Morando Soffritti ne concerne pas ce problème d’inflammation pulmonaire. En effet, les experts européens avaient noté que l’augmentation des cancers n’était significative que chez les femelles, et que les témoins femelles (qui n’avaient pas reçu d’aspartame) présentaient deux fois moins de cancers que ce qui est constaté d’ordinaire sur les femelles appartenant à cette souche particulière. En fait, il n’y avait pas augmentation des cancers chez les femelles ayant reçu de l’aspartame, mais diminution des cancers « spontanés » chez les femelles témoins.

La question des inflammations pulmonaires des rats en fin de vie relève d’un autre problème : celui du protocole particulier utilisé par l’équipe de Soffritti, qui expose les rats jusqu’à leur mort naturelle, ce qui sort du cadre des normes OCDE. En effet, ces inflammations font partie des altérations physiopathologiques dues à la vieillesse et peuvent toucher aussi bien les témoins que les traités. Elles constituent l’une des raisons pour lesquelles le protocole officiel arrête les études de cancérogenèse après un maximum de 24 mois d’exposition et n’attend pas la mort des animaux d’expérience, contrairement à ce qu’a fait l’équipe de Soffritti. De plus, le rapport de l’Efsa fait le point sur l’ensemble des études de cancérogenèse effectuées avec l’aspartame. Contrairement à ce qui est ressassé au cours du reportage, les études sur l’aspartame ont été répétées depuis les années soixante-dix. En particulier, des études de cancérogenèse ont été effectuées avec des souris transgéniques dans le cadre du NTP (National Toxicology Program aux USA) en 2004. Elles se sont révélées négatives. Vous avez là un exemple particulièrement éclairant de présentation erronée de la journaliste.

Pauvre Jean-François Narbonne ! Il est vraiment dommage qu’il n’ait pas lu mon livre , ce qui eût constitué d’ailleurs une preuve de son honnêteté intellectuelle, ce qui n’est malheureusement pas le cas. Mais il est vrai qu’il est mandaté par l’industrie chimique pour tenter de discréditer mon enquête, quitte à perdre le soutien et l’admiration de nombreuses personnes un peu partout en France, qui m’ont manifesté leur déception de voir le toxicologue « changer de camp avec armes et bagages ».

Dans mes deux chapitres sur l’aspartame, je décortique soigneusement les « pauvres arguments » de Narbonne qui s’est contenté de ressasser la propagande des fabricants d’aspartame , relayée par l’Agence européenne de sécurité des aliments, pour rejeter les études de l’Institut Ramazzini de Bologne (Italie). Et contrairement à ce qu’affirme le professeur Narbonne, la principale raison pour laquelle l’EFSA a refusé de prendre en compte la première étude de l’Institut Ramazzini est bien le fait que les rats souffraient d’inflammations pulmonaires. J’invite les lecteurs a vérifier eux-mêmes dans l’avis de l’EFSA publié en 2006, dont le contenu a été réitéré dans l’avis de 2009 :

The majority of the lymphomas and leukemias observed appeared to have developed in

rats suffering from inflammatory changes in the lungs, which is characteristic for chronic

respiratory disease. In accordance with the previous view of the AFC Panel, these changes were not considered to be related to the treatment with aspartame.

Concernant les deux autres arguments de Narbonne – à savoir la durée des études conduites par l’Institut Ramazzini qui étudie les animaux de laboratoire jusqu’à leur mort naturelle , et l’étude conduite sur des souris transgéniques dans le cadre du National Toxicology Program,  pas de chance non plus ! Il se trouve que j’ai interviewé James Huff, le  directeur adjoint du département de la cancérogenèse chimique au National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS) avec qui je me suis longuement entretenue de ces deux points !

Voici ce que j’écris dans mon livre :

EXTRAIT

Associé à la création du National Toxicology Program, James Huff fut en effet l’un des premiers à mettre au point un protocole de recherche pour ce qu’on appelle les « bioessais », c’est-à-dire des études expérimentales destinées à tester les effets cancérigènes des produits chimiques sur les rongeurs, suivis jusqu’à leur mort naturelle. C’est ainsi qu’il montra, en 1979, alors que la bataille sur le benzène était à son paroxysme, que cette molécule induisait des cancers dits « multisites », c’est-à-dire sur plusieurs organes des souris et rats exposés[i].

L’Institut Ramazzini, « maison de ceux qui ont consacré leur vie à la recherche de la vérité »

« Cela fait vingt ans que je bataille pour que le National Toxicology Program (NTP) conduise une étude sur l’aspartame, m’a expliqué en 2009 James Huff, le directeur adjoint du département de la cancérogenèse chimique au National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS), un énorme complexe posé en pleine forêt dans le Research Triangle Park (RTP), en Caroline du Nord. Créé en 1959 et s’étendant sur 2 200 hectares, le RTP est « le plus grand parc de recherche de la nation », ainsi que l’affirme son site Web, avec quelque 50 000 salariés travaillant dans cent soixante-dix centres de recherche, publics ou privés, dont l’un des plus importants est le NIEHS.

Connu dans le monde entier, grâce à son magazine Environmental Health Perspectives, l’Institut est une référence incontournable dans le domaine de la santé environnementale. C’est lui qui supervise le National Toxicology Program, dont la mission est d’évaluer la toxicité des agents chimiques en développant des outils mis à la disposition des agences gouvernementales comme la Food and Drug Administration (FDA), chargée de la sécurité des aliments et des médicaments, ou l’Agence de protection de l’environnement (EPA), qui s’occupe notamment de la réglementation des pesticides.

«  Malheureusement, la FDA s’est toujours opposée à ce que le National Toxicology Program évalue le potentiel cancérigène de l’aspartame, en faisant jouer son droit de veto[1], m’a commenté James Huff.

– Comment l’expliquez-vous ?

– Je pense que l’agence craignait que nous prouvions que l’édulcorant est cancérigène[ii] », m’a répondu le scientifique en me renvoyant à un article de novembre 1996, qui faisait suite à la publication de l’étude de John Olney sur l’augmentation des tumeurs cérébrales. Y témoignait James Huff, ainsi que David Rall, l’ancien directeur du NIEHS, qui supervisa le NTP pendant dix-neuf ans (jusqu’à son départ à la retraite en 1990) : « C’est une manière efficace d’assurer que l’aspartame ne sera pas testé, déclarait ce dernier. On empêche les chercheurs de le tester, puis on dit qu’il est sûr[iii]. »

« J’ai lu, pourtant, que le NTP avait publié les résultats d’une étude sur l’aspartame en 2005[iv], ai-je poursuivi.

– C’est vrai, a reconnu James Huff, mais j’étais opposé à cette étude ainsi que plusieurs collègues du NIEHS. Elle a été menée sur des souris transgéniques à qui on a inséré un gène qui les rend plus susceptibles au cancer. C’est un nouveau modèle expérimental qui ne présente aucun intérêt pour les produits chimiques non génotoxiques. Or, l’aspartame n’est pas génotoxique, c’est-à-dire qu’il ne produit pas de mutations[2]. Le résultat de cette étude, qui a coûté beaucoup d’argent pour rien, fut bien sûr négatif et elle a fait le bonheur de l’industrie[3]… J’étais écœuré, c’est pourquoi j’ai participé activement à la conception des études conduites par l’Institut Ramazzini qui, elles, ont confirmé les pouvoirs cancérigènes de l’aspartame. Ce sont pour moi les meilleures études jamais réalisées sur cette substance. »

Créé en 1987, en hommage au « père de la médecine du travail » (voir supra, chapitre 7), l’Institut Ramazzini est l’œuvre du cancérologue italien Cesare Maltoni, dont les travaux sur le chlorure de vinyle avaient semé la panique chez les fabricants de plastique européens et américains (voir supra, chapitre 11). Installé dans le magnifique château renaissance de Bentivoglio, à une trentaine de kilomètres de Bologne, le centre de cancérologie environnementale définit ses programmes de recherche en collaboration avec le Collège Ramazzini, qui compte cent quatre-vingts scientifiques issus de trente-deux pays. Parmi eux, quelques-uns des scientifiques que nous avons croisés dans ce livre, comme James Huff, Devra Davis, Peter Infante, Vincent Cogliano, Aaron Blair ou Lennart Hardell, Une fois par an, cette assemblée exceptionnelle se réunit à Carpi, le « lieu de naissance du maître » Bernardo Ramazzini. Dans un article publié en 2000, qui constitue une véritable profession de foi, mais aussi son testament, Cesare Maltoni (décédé en 2001) a décrit ce qui fait l’originalité de ce collège académique à nul autre pareil. « Notre époque est caractérisée par l’énorme expansion et la suprématie de l’industrie et du commerce, au détriment de la culture (dont fait partie la science) et de l’humanisme, écrit-il. L’objectif premier et bien souvent unique de l’industrie et du commerce est le profit. La stratégie de l’industrie et du commerce pour atteindre leurs objectifs – dussent-ils entrer en conflit avec la culture et l’humanisme – a été marquée par la création d’une culture alternative pseudoscientifique, dont le but principal est de polluer délibérément la vérité, en opposant la culture et la science et en étouffant la voix des humanistes[v]. » C’est pourquoi, poursuit Cesare Maltoni, la raison d’être[4] du Collège Ramazzini, c’est d’« être la maison de ceux qui ont consacré leur vie à la recherche de la vérité et d’être solidaire avec ceux qui sont attaqués et humiliés parce qu’ils poursuivent la vérité ».

Depuis sa création, l’Institut a testé quelque deux cents polluants chimiques, comme le benzène, le chlorure de vinyle, le formaldéhyde et de nombreux pesticides. Ses études ont souvent contribué à une baisse des normes d’exposition en vigueur, car leurs résultats sont inattaquables. D’abord, contrairement à la grande majorité des études industrielles, celles de l’Institut sont conduites sur des méga-cohortes, comprenant plusieurs milliers de cobayes, ce qui bien sûr renforce leur pouvoir statistique[vi]. Lors de ma visite, le 2 février 2010, j’avais été impressionnée par l’étendue du laboratoire, qui couvre 10 000 mètres carrés. D’énormes installations circulaires abritaient alors 9 000 rats soumis à différents niveaux d’ondes électromagnétiques pour une expérience que le docteur Morando Soffritti, qui a succédé à Cesare Maltoni, m’avait présentée comme « top secret », avec un large sourire entendu. « La deuxième caractéristique de notre Institut, m’avait-il expliqué, c’est que, contrairement aux recommandations du guide des “bonnes pratiques de laboratoire”, nos études expérimentales ne durent pas deux ans, mais nous laissons vivre nos animaux jusqu’à leur mort naturelle. En effet, 80 % des tumeurs malignes détectées chez les humains le sont après l’âge de 60-65 ans. Il est donc aberrant de sacrifier les animaux expérimentaux à la cent quatrième semaine, ce qui, rapporté à l’espèce humaine, correspond à l’âge de la retraite où la fréquence d’apparition des cancers ou des maladies neurodégénératives est la plus élevée[vii]. »

« C’est la principale force des études de l’Institut Ramazzini, m’a confirmé James Huff. Quand on interrompt arbitrairement une étude au bout de deux ans, on risque de passer à côté des effets cancérigènes d’une substance. Et plusieurs exemples le prouvent. Le cadmium est un métal largement utilisé, notamment pour la fabrication de PVC ou d’engrais chimiques, qui a été classé dans le groupe 1 (« cancérigène pour les humains ») par le CIRC. Pourtant, les études expérimentales de deux ans ne montraient aucun effet. Jusqu’au jour où un chercheur a décidé de laisser mourir les rats naturellement : il a constaté que 75 % développaient un cancer du poumon dans le dernier quart de leur vie. De même, le NTP a étudié le toluène et n’a trouvé aucun effet au bout de vingt-quatre mois. En revanche, l’Institut Ramazzini a vu plusieurs cancers apparaître à partir du vingt-huitième mois. Le protocole des études de l’Institut Ramazzini devrait être repris par tous les chercheurs, car l’enjeu est important : on se glorifie toujours de l’allongement de l’espérance de vie, mais à quoi bon vivre dix ou quinze ans plus vieux, si c’est pour vivre sa retraite, accablé par toutes sortes de maladies qui seraient évitables si on contrôlait mieux l’exposition aux produits chimiques ? C’est pourquoi les deux études de l’Institut Ramazzini sur l’aspartame sont très inquiétantes… »

« L’aspartame est un agent cancérigène multisite puissant »

Plus inquiétant encore est le rejet de ces deux études par l’EFSA et la FDA et, dans la foulée, par toutes les agences réglementaires nationales (dont, bien sûr, l’ANSES française). Et je dois dire que j’ai beau tourner leurs arguments dans tous les sens, ils ne parviennent pas à me convaincre…

Publiée en 2006, la première étude portait sur 1 800 rats, qui ont ingéré des doses journalières d’aspartame comprises entre 20 mg/kg et 100 mg/kg, depuis l’âge de huit semaines jusqu’à leur mort naturelle. Résultat : une augmentation significative, corrélée à la dose, des lymphomes, leucémies et tumeurs rénales chez les femelles, et des schwannomes (tumeurs des nerfs crâniens) chez les mâles. « Si nous avions tronqué l’expérience en l’arrêtant à deux ans, nous n’aurions sans doute pas pu montrer le potentiel cancérigène de l’aspartame, écrivent les auteurs dans leur publication. Les résultats de cette méga-étude indiquent que l’aspartame est un agent cancérigène multisite puissant, y compris à la dose journalière de 20 mg/kg, qui est bien inférieure à la DJA[viii]. »

Curieusement, alors qu’elle se contente en général fort bien des résumés de données que lui envoient les fabricants, la FDA a, dans ce cas précis, beaucoup insisté pour obtenir l’ensemble des données brutes de l’étude. C’est en tout cas l’argument officiel qu’elle n’a cessé de brandir, à l’instar de David Hattan, le toxicologue de la FDA qui suit le dossier de l’aspartame depuis plus de trente ans,  qui me l’a resservi sans sourciller : « Nous n’avons pu examiner qu’une petite partie des données brutes, m’a-t-il expliqué avec une moue navrée, et il nous a semblé que les changements observés étaient sporadiques et somme toute habituels dans ce genre d’expérimentation. Malheureusement, nous n’avons pas pu obtenir toutes les données, car l’Institut Ramazzini nous a dit que le règlement interne lui interdisait de les partager avec des tierces parties. »

« Pourquoi avez-vous refusé de communiquer les données brutes de l’étude ?, ai-je demandé à Morando Soffritti, le directeur scientifique de l’Institut Ramazzini.

– Je suis surpris que la FDA ait pu vous dire cela, m’a-t-il répondu, avec son indéfectible sourire en coin. Nous sommes entrés en contact avec la FDA dès 2005 et nous lui avons envoyé toutes les données en notre possession. »

Dans l’avis qu’elle a publié, le 20 avril 2007, l’agence américaine affirme, en tout cas, que « les données de l’étude ne permettent pas de conclure que l’aspartame est cancérigène[ix] ». Un an plus tôt, l’EFSA avait rendu un avis similaire, après une longue introduction où elle ne manquait pas de s’appuyer sur la « boîte noire » si laborieusement construite : « L’aspartame a notamment été l’objet de quatre études de cancérogénicité conduites sur des animaux pendant les années 1970 et au tout début des années 1980. Ces études, avec d’autres sur la génotoxicité, ont été évaluées par les agences réglementaires du monde et toutes ont conclu que l’aspartame n’avait pas de potentiel génotoxique ou cancérigène[x]. » Puis, l’Autorité européenne en vient à l’étude de l’Institut Ramazzini, qui comprend des « déficiences remettant en question la validité des résultats. […] L’explication la plus plausible des résultats de l’étude concernant les lymphomes et leucémies, c’est que ceux-ci sont dus à une maladie respiratoire chronique dont souffrait la colonie. […] En résumé, il n’y a pas de raisons de revoir la DJA de 40 mg/kg établie précédemment. »

– Alors, d’abord que ce soit bien clair : cette étude n’a absolument pas été rejetée, au contraire, elle a été étudiée (sic) avec le plus grand soin. Par contre, ce qui est très clair, c’est qu’il y a un certain nombre, pour ne pas dire un nombre certain, d’insuffisances méthodologiques qui ont été relevées dans cette étude…

– Par exemple ?

– En particulier, le fait que certains rats présentaient des pathologies respiratoires…

– Quel est le rapport entre le fait d’avoir une maladie respiratoire et un lymphome ou une leucémie ?

– La maladie respiratoire fait que ça provoque… est à l’origine de tumeurs et peut donc complètement brouiller les pistes ; c’est exactement ce qui s’est passé dans cette étude. »

L’argument de l’EFSA a (de nouveau) fait sourire Morando Soffritti qui, bien calé dans son fauteuil, a répliqué : « Nous ne sommes pas d’accord, pour une série de raisons. Premièrement, parce que les processus inflammatoires que nous observons dans nos animaux dépendent très souvent du fait que nous les laissons mourir naturellement sans interrompre leur vie de façon arbitraire. Et comme il arrive pour l’homme, dans la dernière phase de la vie, les complications pulmonaires et rénales sont très courantes. De plus, il n’a jamais été démontré que les infections pulmonaires ou rénales, qui apparaissent en fin de vie, soient capables de produire des tumeurs en si peu de temps.

– Est-ce que les rats du groupe contrôle avaient le même problème inflammatoire ?

– Bien sûr, nous l’avons observé à la fois dans les groupes traités et dans le groupe contrôle. La seule différence entre les deux groupes était que les groupes expérimentaux avaient ingéré de l’aspartame et que le groupe contrôle n’en avait pas ingéré. »

En 2007, l’équipe du docteur Soffritti a publié une seconde étude, encore plus inquiétante que la première. Cette fois-ci, quatre cents rates en gestation ont été exposées à des doses journalières d’aspartame de 20 mg/kg et de 100 mg/kg et leurs descendants ont été suivis jusqu’à leur mort. « Nous avons constaté que quand l’exposition commence pendant la vie fœtale, le risque d’avoir les tumeurs observées lors de la première étude augmente de manière très significative, a commenté Morando Soffritti. S’y ajoute l’apparition de tumeurs mammaires chez les descendantes femelles. Nous estimons que ces résultats devraient conduire les agences réglementaires à agir au plus vite, car les femmes enceintes et les enfants sont les plus grands consommateurs d’aspartame. » Dans leur publication, Morando Soffritti et ses collègues soulignent que, « à leur demande, nous avons fourni aux agences réglementaires toutes les données brutes de l’étude[xi] ».

Pourtant, David Hattan m’a soutenu le contraire : « Nous n’avons pas examiné la seconde étude de l’Institut Ramazzini, car malheureusement nous n’avons pas pu trouver un accord pour obtenir les données brutes », a affirmé le toxicologue de la FDA.

« Ce n’est pas vrai, a rétorqué le docteur Morando Soffritti., depuis son laboratoire de Bentivoglio.

– Vous prétendez que David Hattan ment ?, ai-je insisté.

– On peut dire qu’il ment. »

« Pourquoi avez-vous rejeté cette étude ?, ai-je insisté auprès d’Hugues Kenigswald, le chef de l’Unité des additifs alimentaires de l’EFSA (que nous avons déjà rencontré au cours du chapitre 14).

Dans l’avis qu’elle a rendu le 19 mars 2009, l’EFSA souligne aussi que « les données brutes de l’étude n’ont pas été fournies par les auteurs », ce que dément avec vigueur le directeur de l’Institut Ramazzini. Puis, l’Autorité européenne écarte de nouveau les leucémies et lymphomes constatés, qu’elle s’entête à considérer comme « caractéristiques d’une maladie respiratoire chronique » (décidément !), avant de se lancer dans une explication qui a carrément fait bondir les Américains James Huff et Peter Infante tant elle leur semblait « scabreuse et peu scientifique » : « L’augmentation de l’incidence des carcinomes mammaires n’est pas considérée comme étant indicative d’un potentiel cancérogène de l’aspartame, car l’incidence des tumeurs mammaires chez les rats femelles est relativement élevée et varie considérablement d’une étude de carcinogénicité à l’autre, écrivent les experts de l’EFSA. Le groupe scientifique a constaté qu’aucune augmentation de l’incidence des carcinomes mammaires n’a été signalée dans la précédente étude menée sur l’aspartame, dans laquelle des doses du produit beaucoup plus élevées ont été utilisées[xii]. »

« C’est incroyable que des experts puissent écrire cela, s’est étonné James Huff . On dirait qu’ils n’ont pas compris que l’originalité de l’étude, c’est de commencer l’exposition in utero. Ce qui est inquiétant, c’est précisément que les descendantes ont développé des tumeurs mammaires que les rates adultes n’avaient pas développées dans la première étude. On observe exactement le même phénomène avec les perturbateurs endocriniens : ce sont les filles exposées pendant la vie fœtale qui ont des cancers mammaires, mais pas leurs mères ! »

De fait, l’argument de l’EFSA a de quoi surprendre, mais c’est pourtant le seul qu’a évoqué Hugues Kenigswald pour justifier la décision d’ignorer les résultats de l’étude italienne : « Les tumeurs mammaires qui sont décrites dans la deuxième étude n’apparaissaient pas dans la première étude, m’a-t-il expliqué, en jetant des regards vers les deux fonctionnaires européens assis dans mon dos. Donc, les résultats des deux études sont incohérents. »

« Comment expliquez-vous cet argument de l’EFSA ? », ai-je demandé à Morando Soffritti, qui, manifestement, a cherché ses mots avant de me répondre : « Les évaluations faites par les experts des différentes agences sont souvent hâtives et pas toujours réfléchies, a-t-il lâché. S’ils avaient pris le temps de mesurer ce que peut impliquer une exposition commencée pendant la vie fœtale, peut-être n’auraient-ils pas émis un jugement aussi trivial d’un point de vue scientifique… »

En attendant, la décision européenne a fait le bonheur de l’Association internationale des édulcorants (ISA) qui, dans un communiqué d’avril 2009, s’est « félicitée de l’avis scientifique publié par l’EFSA qui reconfirme le précédent avis publié en mai 2006 sur la sécurité et l’innocuité de l’édulcorant aspartame, rejetant les affirmations de l’institut Ramazzini, en Italie, selon lesquelles l’aspartame serait dangereux pour la santé. Ces conclusions de l’EFSA sont entièrement compatibles avec le consensus scientifique mondial, etc.[xiii] ».

FIN DE L’EXTRAIT


[1]Le National Toxicology Program est placé sous la direction du NIEHS, mais ses sujets de recherche sont décidés par un comité exécutif, qui comprend des représentants de toutes les agences réglementaires américaines, comme l’OSHA, l’EPA ou la FDA.

[2] On considère qu’il y a deux types d’agents cancérigènes : les génotoxiques, qui agissent directement sur les gènes en initiant la première étape du processus de cancérisation par mutations géniques ; et les non génotoxiques, qui n’agissent pas directement sur les gènes, mais participent au processus de cancérogenèse (stade de promotion ou de progression) en favorisant la prolifération des cellules mutées ou « initiées » (voir la fiche « Cancers professionnels », sur le site <www.cancer-environnement.fr>).

[3] De fait, l’étude du NTP était accompagnée de cette remarque : « Étant donné qu’il s’agit d’un nouveau modèle, il y a une incertitude quant à sa sensibilité et sa capacité à détecter un effet cancérigène. »

[4] En français dans le texte.


[i] James Huff et alii, « Multiple-site carcinogenicity of benzene in Fischer 344 rats and B6C3F1 mice », Environmental Health Perspectives, 1989, vol. 82, p. 125-163 ; James Huff, « National Toxicology Program. NTP toxicology and carcinogenesis studies of benzene (CAS n° 71-43-2) in F344/N rats and B6C3F1 mice (gavage studies) », National Toxicology Program, Technical Report Series, vol. 289, 1986, p. 1-277.

[ii] Entretien de l’auteure avec James Huff, Research Triangle Park, 27 octobre 2009.

[iii] Cité par Greg Gordon, « FDA resisted proposals to test aspartame for years », Star Tribune, 22 novembre 1996.

[iv] National Toxicology Program, Toxicology Studies of Aspartame (CAS No. 22839-47-0) in Genetically Modified (FVB Tg.AC Hemizygous) and B6.129-Cdkn2atm1Rdp (N2) deficient Mice and Carcinogenicity Studies of Aspartame in Genetically Modified [B6.129-Trp53tm1Brd (N5) Haploinsufficient] Mice (Feed Studies), octobre 2005.

[v] Cesare Maltoni, « The Collegium Ramazzini and the primacy of scientific truth », European Journal of Oncology, vol. 5, suppl. 2, 2000, p. 151-152.

[vi] Morandi Soffritti, Cesar Maltoni et alii, « Mega-experiments to identify and assess diffuse carcinogenic risks », Annals of the New York Academy of Sciences, vol. 895, décembre 1999, p. 34-55.

[vii] Voir Morando Soffritti, Cesare Maltoni et alii, « History and major projects, life-span carcinogenicity bioassay design, chemicals studied, and results », Annals of the New York Academy of Sciences, vol. 982, 2002, p. 26-45 ; Cesare Maltoni et Morando Soffritti, « The scientific and methodological bases of experimental studies for detecting and quantifying carcinogenic risks », Annals of the New York Academy of Sciences, vol. 895, 1999, p. 10-26.

[viii] Morando Soffritti et alii, « First experimental demonstration of the multipotential carcinogenic effects of aspartame administered in the feed to Sprague-Dawley rats », Environmental Health Perspectives, vol. 114, n° 3, mars 2006, p. 379-385 ; Fiorella Belpoggi, Morando Soffritti et alii, « Results of long-term carcinogenicity bioassay on Sprague-Dawley rats exposed to Aspartame administered in feed », Annals New York Academy of Sciences, vol. 1076, 2006, p. 559-577.

[ix] Center for Food Safety and Applied Nutrition, « FDA Statement on European Aspartame Study », 20 avril 2007.

[x] « Opinion of the scientific panel on food additives, flavourings, processing aids and materials in contact with food (AFC) related to a new long-term carcinogenicity study on aspartame », EFSA-Q-2005-122, 3 mai 2006.

[xi] Morando Soffritti et alii, « Life-Span exposure to low doses of aspartame beginning during prenatal life increases cancer effects in rats », Environmental Health Perspectives, vol. 115, 2007, p. 1293-1297.

[xii] « Mise à jour de l’avis formulé à la demande de la Commission européenne sur la seconde étude de carcinogénicité de l’ERF menée sur l’aspartame, tenant compte de données de l’étude soumises par la Fondation Ramazzini en février 2009 », EFSA-Q-2009-00474, 19 mars 2009. C’est moi qui souligne.

[xiii] « Brèves et dépêches technologies et sécurité », 23 avril 2009. Ce n’est pas moi qui souligne. Au moment où j’écris ces lignes, j’apprends que l’Institut Ramazzini a publié une nouvelle étude conduite sur des souris gravides, qui montre que l’aspartame induit des cancers du foie et du poumon chez les mâles (Morando Soffritti et alii, « Aspartame administered in feed, beginning prenatally through life-span, induces cancers of the liver and lung in male Swiss mice », American Journal of Industrial Medicine, vol. 53, n° 12, décembre 2010, p. 1197-1206).

Photos de Marc Duployer

James Huff assistant sur le tournage au NIEHS!

– Le NIEHS

– Interview de Linda Birnbaum,  la directrice du NIEHS

– Interview de Morando Soffritti à l’Institut Ramazzini

« Torture made in USA » : rendez-vous sur ARTE + 7!

Mon film « Torture made in USA » (voir sur ce Blog) a été diffusé sur ARTE mardi 21 juin, le jour de la fête de la musique…

Malgré une presse aussi abondante qu’élogieuse, nombreux sont ceux qui n’ont pas pu le voir, car ils sont sortis dans les rues glaner les musiciens et l’arrivée de l’été. Je rappelle qu’il est toujours possible de voir le film (jusqu’au 29 juin) sur ARTE + 7:

http://videos.arte.tv/fr/videos/torture_made_in_usa-3977874.html

Faites circuler l’information!

Voici une sélection d’articles ( Télérama, Le Nouvel Observateur, Le Monde) consacrés à ce film:

Je vous informe, enfin, qu’ ARTE a sorti une édition DVD de « Torture made in USA » ainsi que de mon film « Escadrons de la mort: l’école française » (voir sur ce Blog).

Les propos incohérents de Jean-François Narbonne (3)

Avant de poursuivre l’examen des propos que le journaliste de l’industrie chimique Gil Rivière-Weckstein a prêtés à Jean-François Narbonne sur le site Agriculture et environnement, j’invite les lecteurs à lire l’article publié par Gilles-Louis Francoeur dans le journal Le Devoir de Montréal.

C’est à ce jour la meilleure chronique jamais écrite sur mon film et livre Notre poison quotidien, car ce journaliste spécialiste des questions environnementales a parfaitement compris ce qui constitue le cœur de mon enquête : la remise en cause du processus de réglementation des produits chimiques, et notamment de la fameuse Dose Journalière Acceptable :

http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/324294/la-faillite-des-normes-de-controle

A peine rentrée du Canada, j’ai appris avec plaisir que mon livre Notre poison quotidien était à la huitième place sur le palmarès des meilleures ventes établi par Renaud Bray.

Comme je le soulignais dans mon précédent post, Jean-François Narbonne a déclaré à propos de l’aspartame :

« Marie-Monique Robin retrace l’histoire de la situation américaine, notamment la manière dont l’aspartame y a été autorisé dans les années 1980. Très bien, sauf qu’il n’y a rien de neuf, et que cela n’a rien à voir avec la situation en Europe. »

S’il avait lu mon livre, le professeur Narbonne se serait épargné des propos aussi mal informés ! En effet, ce qui s’est passé aux Etats Unis concerne directement «  la situation en Europe ». Lors de l’audience organisée par Corinne Lepage au parlement européen ( après avoir vu mon film sur la RTBF), puis sur demande du Réseau Environnement Santé d’André Cicollelal’EFSA (l’autorité européenne de sécurité des aliments) a dû confirmer ce que je dénonçais dans mon film et livre : elle n’a jamais eu les études de SEARLE (le fabricant de l’aspartame, acheté en 1985 par Monsanto) sur lesquelles elle prétend avoir fixé sa DJA ! Et pour cause : elle s’est contentée de « repiquer » l’avis émis par la Food and Drug Administration en 1981, après l’élection de Ronald Reagan et les « magouilles «  de Donald Rumsfeld, alors patron de SEARLE. Or, si Reagan n’avait pas été élu,  (voir mes posts précédents), l’aspartame n’aurait jamais été mis sur le marché, car les scientifiques de la FDA estimaient que les études soumises par SEARLE étaient d’une qualité lamentable, et que malgré leurs multiples déficiences, elles  montraient une sur-incidence de cancers du cerveau chez les rongeurs exposés, ainsi que de tumeurs de l’utérus chez les femelles.

Je retranscris l’article publié dans Le Monde, le 28 mai , où Hugues Kenigswald , que j’ai longuement interviewé à propos de cette lamentable affaire (voir mon film et livre), a dû avouer que les études qui sont censés avoir servi à l’évaluation du dangereux édulcorant se sont « volatilisées ». Et pour cause : les instances européennes ne les ont jamais eues !

Les autorités européennes n’ont plus les données scientifiques fondant leur décision

Un dossier trop « light » pour la dose admissible d’aspartame

Article paru dans l’édition du 28.05.11

Sur quelle base scientifique la dose journalière admissible (DJA) d’aspartame, l’édulcorant le plus employé notamment dans les boissons « light », a-t-elle été établie ?

C’est la demande faite auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), dont le siège est à Parme (Italie) par le Réseau environnement santé (RES).

La DJA est le seuil de consommation d’une substance en deçà duquel elle ne présente pas de risque. Il est fixé à 40 mg/kg/jour pour l’aspartame. Dans un communiqué publié jeudi 26 mai, le RES affirme que les études sur la base desquelles a été établie la DJA « n’ont jamais été publiées dans une revue scientifique » et « ont été menées dans des conditions qui devraient conduire à les invalider ».

Documents volatilisés

Le problème est que, dans sa réponse en date du 24 mai, Hugues Kenigswald, chef de l’unité des additifs alimentaires et des nutriments de l’EFSA, explique que son agence « ne dispose pas du dossier de demande d’autorisation de l’aspartame en Europe qui devrait contenir ces études ». Il ajoute : « Les contacts que nous avons eus à ce sujet avec nos collègues de la Commission européenne semblent indiquer que la Commission ne dispose plus de ce dossier. » Les documents ayant servi à l’évaluation de l’aspartame en 1984 se seraient donc volatilisés.

Dirigée par la Française Catherine Geslain-Lanéelle, ex-directrice générale de l’alimentation au ministère de l’agriculture, l’EFSA minimise toutefois la portée de cette disparition.

« La Commission européenne nous a demandé, il y a quelques jours, une réévaluation complète de l’aspartame d’ici à l’été 2012, indique Lucia de Luca, chargée des relations avec la presse. Elle était initialement prévue pour 2020. Nous préciserons très vite à la Commission la date à laquelle nous pourrons mener à bien cette réévaluation. »

L’EFSA va lancer un appel public à toutes les équipes de chercheurs et aux industriels pour qu’ils lui fournissent les études en leur possession. « Nous devrions ainsi avoir accès à toutes les données scientifiques en 2012. Le dossier sera reconstitué et inclura les études les plus récentes. »

Paul Benkimoun

Par ailleurs, j’informe les internautes que mon enquête intéresse aussi au plus haut point le Sénat : je vais être auditionnée mardi 7 juin par le sénateur Gilbert Barbier, membre de l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques  à propos des perturbateurs endocriniens.  J’en suis ravie !

Enfin, j’ai appris que mon livre  The World according to Monsanto fait partie des cinq livres nominés (sur un total de 70 ouvrages) pour le prix de l’excellence ne journalisme Helen Bernstein de la New york Library :

http://www.nypl.org/help/about-nypl/awards/book-award-for-journalism