Roundup: Monsanto condamné

Bonne nouvelle! La condamnation de Monsanto pour publicité mensongère (cf. mon film, livre et Blog!) a été confirmée par la cour d’appel de Lyon.
En relisant le montant de l’amende – 15 000 Euros! -, je ne peux m’empêcher de me dire qu’il y a deux poids, deux mesures: je rappelle que la totalité des amendes réclamées aux faucheurs s’élève actuellement à quelque deux millions d’Euros…
Il faut diffuser l’information le plus possible pour éviter que les jardiniers, paysans et consommateurs continuent d’être intoxiqués par un produit qui n’est pas « biodégradable » ni « bon pour l’environnement ».
Prenons acte: un jour, le roundup sera interdit comme d’autres herbicides et insecticides qui ont inondé nos champs et espaces verts pendant des décennies: le DDT, le 2,4,5 T et le 2,4-D (composants de l’agent orange), l’atrazine, le lasso, etc.
La seule solution pour échapper à ces substances toxiques qui contaminent nos aliments, c’est de soutenir l’agriculture bio…

LYON, 29 oct 2008 (AFP)

La Cour d’appel de Lyon a condamné à 15.000 euros d’amende pour « publicité mensongère » sur le désherbant « Round Up » un ancien responsable de la branche française du géant américain de l’agrochimie Monsanto, et un ancien dirigeant de l’entreprise distribuant le produit.

La cour d’appel a ainsi confirmé mercredi le jugement de première instance et suivi l’avocat général, qui le 1er octobre, avait estimé qu’il n’était pas nécessaire d’augmenter le montant de l’amende infligée le 26 janvier 2007 par le tribunal correctionnel de Lyon à l’encontre de l’ancien président de Monsanto Agriculture France, dont le siège est à Bron (Rhône).

L’ancien dirigeant est condamné pour avoir notamment présenté l’herbicide comme « biodégradable » et laissant « le sol propre ».

Le second prévenu, à l’époque président du conseil d’administration de Scotts France, basé à Ecully (Rhône) et qui distribue en France le Round Up, premier désherbant vendu au monde, a également vu la confirmation de sa condamnation à 15.000 euros d’amende.

Le tribunal correctionnel de Lyon avait été saisi en 2001 à la suite d’un rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et d’une plainte des associations Eau et rivières de Bretagne et Consommation, logement et cadre de vie (CLCV), parties civiles dans ce procès.

Le glyphosate, principale matière active du Round Up, a été classé en 1991 « dangereux pour l’environnement », notamment aquatique, par les autorités européennes, selon Eau et rivières de Bretagne.

« Nous sommes satisfaits, cela confirme que ce produit est toxique et qu’il n’est pas sans effet sur la santé humaine, la nature et l’environnement », a déclaré Alain Chabrolle, porte-parole de la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature).

Selon M. Chabrolle, pour qui « le +Round Up+ n’est pas un produit écologiquement acceptable », « la cour est allée dans le sens d’un principe de précaution ».

« Cet arrêt s’inscrit dans le cadre du Grenelle de l’environnement, qui doit amener à une réduction de l’usage des pesticides, et donc des herbicides » d’ici 2012, a-t-il conclu.

Agenda fin octobre/ début novembre

Lundi 27 octobre, 19 heures: nouvelle projection débat au cinéma ‘Images d’ailleurs, dans le quartier latin (21 rue de la Clef) . Lundi dernier la salle était pleine (150 places) et le cinéma a dû refuser du monde.

http://www.cafedebat-autrementdit.fr/

Lundi 3 novembre, projection-débat à Chemillé dans le Maine et Loire (voir affiche).

Le vendredi 7 novembre, je suis annoncée aux « Entretiens d’Auxerre » organisés par le sociologue Michel Wieviorka et Edgar Pisani, ministre de l’agriculture de 1961 à 1976, sur le thème « Se nourrir: l’alimentation en question », mais je ne suis pas sûre de pouvoir y participer, car je suis en pleine finition de mon prochain film « Torture made in USA » et en attente d’un dernier tournage aux Etats Unis, sans cesse repoussé pour cause d’élections et de crise financière.

Voici le programme de cet événement qui promet d’être passionnant:

SE NOURRIR
L’alimentation en question

6, 7 et 8 NOVEMBRE 2008
THEATRE AUXERRE

JEUDI 6 NOVEMBRE 2008
18 h 30 – 20 h 30
Soirée Ouverture
Président de séance : Michel MORINEAU
Michel WIEVIORKA
Président du Comité Scientifique des Entretiens d’Auxerre
Edgard PISANI
Ministre de l’agriculture 1961-1967
« Le monde pourra nourrir le monde seulement si… »
Philippe FREMEAUX
Directeur de la rédaction du magazine Alternatives Economiques
« Existe-t-il un marché mondial de l’alimentation ? «

VENDREDI 7 NOVEMBRE 2008
9 h – 13 h
Manger, hier et aujourd’hui
Président de séance : Jean-Pierre DOZON
Anne FLOUEST
Docteur en paléoclimatologie, adjointe au directeur du Musée de Bibracte
« Du pot-au-feu néolithique au chaudron gaulois, les apports de la cuisine expérimentale à l’archéologie »
Danielle ALEXANDRE-BIDON
Historienne et archéologue médiéviste, ingénieur d’étude à l’EHESS
« Les racines médiévales de l’obésité. Diététique et gastronomie entre XIIIe et XVe siècle »
Olivier ASSOULY
Professeur de philosophie, auteur
« Alimentation et espace critique »
Anne MUXEL
Directrice de recherches au Centre de recherches politiques de Sciences PO
« La famille à table »

15 h – 17 h 30
Cuisine, saveurs et altérité
Président de séance : Jean-François DORTIER
Claude FISCHLER
Directeur de recherche au CNRS, Directeur du Centre Edgar Morin (EHESS)
« Commensalité et socialité »
Nobutaka MIURA
Professeur d’études françaises à l’Université Chûô (Tokyo)
« La cuisine japonaise du dedans et du dehors »
Boniface MONGO M’BOUSSA
Ecrivain, enseignant à Sarah Lawrence College (Antenne parisienne)
« Les saveurs de l’autre : nourriture et multiculturalisme »

17 h 30 – 19 h
Les épreuves de la mondialisation
Président de séance : Philippe LAZAR
Pierre GUEZ
Président de Vitagora® pôle de compétitivité Goût-Nutrition-Santé, Directeur Général Dijon Céréales
«Produire plus et mieux pour nourrir 9 milliards d’habitants en 2050»
Sylvie BRUNEL
Professeur des Universités à Paris-Sorbonne, ancienne présidente d’Action contre la faim
« Famines et Mondialisation »
Marie-Monique ROBIN
Journaliste, réalisatrice, écrivain
« A l’heure de la mondialisation et de la marchandisation du vivant »

SAMEDI 8 NOVEMBRE
9 h – 11 h 30
Les comportements alimentaires
Président de séance : Philippe BATAILLE
Arnaud BASDEVANT
Professeur de nutrition Université Pierre et Marie Curie Paris 6/ Inserm U 872
Responsable du pôle d’endocrinologie de la Pitié Salpêtrière
« La malnutrition dans une société de pléthore »
Hervé LE BRAS
Démographe et historien, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), directeur du Laboratoire de démographie historique (EHESS/CNRS)
« Végétarien ou carnivore : la lutte mondiale pour les subsistances »

11 h 30 – 13 h
Manger, penser
Président de séance : Jean BAUBEROT
Daniel SAUVAGET
Chargé d’enseignement à paris3 Sorbonne Nouvelle et critique de cinéma
« Les gestes du repas : le cinéma et les rituels de la table »
Pascal PERRINEAU
Professeur des Universités à Sciences Po
Directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po
« Mange-t-on comme on pense politiquement ? »

15 h – 18 h
Géopolitiques de l’alimentation
Président de séance : Michel WIEVIORKA
Alain BOINET
Directeur général fondateur de l’association Solidarités
« L’action de Solidarités face à la crise alimentaire mondiale »
Michel FOUCHER
Géographe et diplomate, professeur à l’Ecole normale supérieure (Ulm), membre du Conseil des affaires étrangères
« Une nouvelle géopolitique de la faim ? »
Bruno PARMENTIER
Directeur général du Groupe ESA (école supérieure d’Agriculture d’Angers)
« Comment nourrir demain neuf milliards d’habitants ? »

18 h 30
Conclusions
Michel WIEVIORKA
Président du Comité scientifique des Entretiens d’Auxerre

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES INSCRIPTIONS
Tous renseignements pratiques peuvent être obtenus :
Par téléphone au : 02 38 87 06 32
Par télécopie au : 02 38 87 18 90
Par e-mail : collographe@aol.com

Le festival international du documentaire écologique de Bourges

J’ai donc participé aux entretiens de Bourges, dans le cadre du festival international du film écologique, qui s’est tenu le week-end dernier. 6OO personnes ont assisté à la projection de mon film, puis ce fut la ruée dans la salle de conférence qui ne comptait que … 2OO places.
Le débat, auquel avait été invité Christian Vélot,enseignant-chercheur en génétique et microbiologie, était animé par Nicolas Chateauneuf, journaliste scientifique à France 2, et s’est déroulé en présence de Serge Lepeltier, maire de Bourges et ancien ministre de l’environnement d’Alain Juppé.
C’est lui qui m’avait remis, l’an dernier, l’Arbre d’or, le prix du meilleur documentaire et le prix Ushuaïa Télé pour mon film « Les pirates du vivant » que je vais bientôt mettre en ligne par tranches de dix minutes, ainsi que mes films « Blé: chronique d’une mort annoncée? » et « Argentine: le soja de la faim ».
Ce sont ces trois documentaires , diffusés sur ARTE, qui m’ont conduite à enquêter sur Monsanto, après avoir fait le tour du monde.

Pendant le débat, Serge Lepeltier a expliqué que « Le monde selon Monsanto » lui avait permis de comprendre le véritable enjeu des OGM: à savoir les brevets, qui verrouillent la production agricole et la recherche, et permettent à Monsanto de s’emparer des semences, et donc de la chaîne alimentaire.

Quand on sait que les plantes transgéniques, à l’instar des variétés dites à « haut rendement » de la « première révolution verte » s’accompagneront immanquablement d ‘une réduction draconienne de la biodiversité (je rappelle qu’au Canada le colza roundup ready a fait disparaître par contamination le colza biologique et est en passe de faire disparaître le colza conventionnel), on comprend mieux pourquoi Monsanto et Syngenta se sont empressés de sponsoriser la banque de semences de Spitzberg en Norvège (voir mes commentaires précédents).
Une fois que leurs OGM auront anéanti la biodiversité des plantes nourricières, seule garante de la sécurité alimentaire du monde, les champions des biotechnologies seront les mieux placés pour nous refourguer les semences conservées dans le grand froid nordique, avec en prime, un brevet, qui transformera les paysans en des « serfs » , pour reprendre l’expression de Dan Glickman, l’ancien ministre de l’agriculture de Clinton (cf: mon livre).

Je reviendrai sur la question des brevets très prochainement, pour terminer l’éclairage promis sur les dessous de la banque de Spitzberg…

Photos:
– Serge Lepeltier (à droite) pendant le débat
– Nicolas Chateauneuf (au centre) et Christian Vélot
– le débat a duré deux heures

le MON 863

Dans le communiqué du CRIIGEN que j’ai mis en ligne hier, il est fait référence à l’EFSA, l’European Food Satety Authority, un comité de scientifiques censé conseiller la Commission européenne, avant l’autorisation de mise sur le marché de produits issus de l’agro-business, dont les OGM. Je trancris ici ce que j’ai écrit dans mon livre à propos du maïs MON 863 de Monsanto, dont la mise en culture dans les champs européens a été retoquée, grâce à la pugnacité du CRIIGEN, mais aussi de Greenpeace et du gouvernement allemand…
L’exemple de ce maïs BT illustre parfaitement l’opacité et le manque de sérieux des procédures d’homologation des produits alimentaires issus des biotechnologies.

DÉBUT EXTRAIT

« Les failles du système réglementaire » : l’exemple du maïs MON 863

Alors que le gouvernement français a annoncé en janvier 2008 qu’il activait la « clause de sauvegarde » pour le maïs MON 810, suspendant la culture de ce maïs Bt de Monsanto jusqu’à ce que l’Union européenne ait examiné à nouveau son autorisation, je voudrais rappeler l’histoire du MON 863, un cousin très proche du MON 810 : le premier (MON 863) contient une toxine (Cry3Bb1) censée le protéger contre la chrysomèle des racines du maïs , tandis que le second (MON 810) a été manipulé (Cry1Ab) pour résister aux attaques de la pyrale.

L’affaire du MON 863 constitue une illustration parfaite de la manière pour le moins préoccupante dont sont réglementés les OGM en Europe.

Tout commence en août 2002, lorsque la firme de Saint-Louis dépose une demande d’autorisation de mise sur le marché auprès des autorités allemandes, à qui elle remet un dossier technique comprenant une étude toxicologique conduite pendant quatre-vingt-dix jours sur des rats.
Conformément à la réglementation européenne (voir supra, chapitre 9), celles-ci examinent alors les données fournies par Monsanto, puis transmettent un avis… négatif à la Commission de Bruxelles, au motif que l’OGM contient un marqueur de résistance à un antibiotique qui enfreint la directive 2001/18 déconseillant fortement son utilisation.
La Commission est alors tenue de distribuer le dossier aux États membres pour recueillir leurs avis, lesquels seront ensuite examinés par l’European Food Safety Authority (EFSA), le comité scientifique européen, chargé d’évaluer la sécurité alimentaire des OGM.

En France, c’est la Commission du génie biomoléculaire (CGB) qui récupère le dossier, en juin 2003. Cinq mois plus tard, le 28 octobre 2003, la CGB émet à son tour un avis défavorable, non pas à cause de la présence du marqueur antibiotique, mais parce que, comme l’expliquera Hervé Kempf dans Le Monde, elle a été « très troublée par les malformations observées sur un échantillon de rats nourris au maïs 863 ».
« Ce qui m’a frappé dans ce dossier, c’est le nombre d’anomalies, explique Gérard Pascal, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et membre de la CGB depuis sa création en 1986. Il y a ici trop d’éléments où l’on observe des variations significatives. Je n’ai jamais vu cela dans un autre dossier. Il faudrait le reprendre . »

Les « variations » incluent une « augmentation significative des globules blancs et des lymphocytes chez les mâles du lot nourri au MON 863 ; une baisse des réticulocytes (les jeunes globules rouges) chez les femelles ; une augmentation significative de la glycémie chez les femelles ; et une fréquence plus élevée d’anomalies (inflammation, régénération…) des reins chez les mâles », ainsi qu’une réduction du poids des cobayes.
Or, comme le note mon confrère du Monde, « personne n’en aurait rien su » si l’avocate Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement d’Alain Juppé et présidente du CRII-GEN , « n’avait forcé la porte de la CGB » pour obtenir, « grâce à la commission d’accès aux documents administratifs (CADA) » les procès-verbaux des débats qui ont conduit à l’avis négatif de la CGB, « exceptionnel chez une commission qui a toujours été plutôt favorable à l’autorisation des OGM ».

En effet, les délibérations des comités scientifiques des pays membres de l’Union européenne, tout comme d’ailleurs ceux de l’European Food Safety Authority (EFSA), sont confidentielles, ce qui donne une idée de la transparence du processus d’évaluation des OGM…
Toujours est-il que l’affaire rebondit, le 19 avril 2004, lorsque l’EFSA, justement, émet un avis… favorable à la mise sur le marché du MON 863. D’après le Comité scientifique européen, les anomalies observées par la CGB « rentrent dans la variation normale des populations de contrôle » ; quant aux malformations rénales, elles sont « d’une importance minimale » .

Comment deux comités scientifiques peuvent-ils émettre des avis aussi différents sur un même dossier ? La réponse à cette question est fournie par la section européenne des Amis de la terre, qui a publié en novembre 2004 un rapport très détaillé (et très inquiétant) sur le fonctionnement de l’EFSA .
Créée en 2002, dans le cadre de la directive européenne 178/2002 sur la sécurité des produits alimentaires, cette institution compte huit comités scientifiques, dont un est chargé exclusivement de l’évaluation des OGM.
C’est précisément ce dernier, que nous appellerons « comité OGM », qui est l’objet du rapport.
Premier constat des Amis de la terre : « Après un an d’activité, le comité a émis dix avis scientifiques, tous favorables à l’industrie des biotechnologies. Ces avis ont été utilisés par la Commission européenne, qui subit une pression croissante de la part des industriels et des États-Unis, pour pousser les nouveaux produits transgéniques sur le marché. Ils ont aussi servi à créer la fausse impression qu’il y avait un consensus scientifique, alors que la réalité est qu’il existe [au sein du Comité] un débat intense et continu et beaucoup d’incertitudes. Des inquiétudes quant à l’utilisation politique de leurs avis ont été exprimées par des membres de l’EFSA eux-mêmes. »

D’après le rapport, cette situation serait due aux liens étroits qui unissent « certains membres » du comité OGM avec les géants des biotechnologies, avec en tête son président, le professeur Harry Kuiper. Celui-ci est en effet le coordinateur d’Entransfood, un projet soutenu par l’Union européenne pour « favoriser l’introduction des OGM sur le marché européen et rendre l’industrie européenne compétitive » ; à ce titre, il fait partie d’un groupe de travail comprenant Monsanto et Syngenta.
De même, Mike Gasson travaille pour Danisco, un partenaire de Monsanto ; Pere Puigdomenech est le co-président du septième congrès international sur la biologie moléculaire végétale, sponsorisé par Monsanto, Bayer et Dupont ; Hans-Yorg Buhk et Detlef Bartsch sont « connus pour leur engagement en faveur des OGM, au point d’apparaître sur des vidéos promotionnelles, financées par l’industrie des biotechnologies » ; parmi les (rares) experts extérieurs sollicités par le comité, il y a notamment le docteur Richard Phipps, qui a signé une pétition en faveur des biotechnologies pour AgBioWorld (voir supra, chapitre 12) et apparaît sur le site de Monsanto pour soutenir l’hormone de croissance laitière …

Les Amis de la terre examinent alors plusieurs cas, dont celui du MON 863. Il apparaît que les réticences émises par le gouvernement allemand sur la présence d’un marqueur de résistance à un antibiotique ont été évacuées d’un revers de main par le comité OGM, qui s’est fondé sur un avis qu’il a publié, le 19 avril 2004, dans un communiqué de presse : « Le comité confirme que les marqueurs de résistance aux antibiotiques sont, dans la majeure partie des cas, nécessaires pour permettre une sélection efficace des OGM », y déclarait son président, Harry Kuiper.
Commentaire des Amis de la terre : « La directive européenne ne demande pas de confirmer si les marqueurs de résistance aux antibiotiques sont un outil efficace pour l’industrie de la biotechnologie, mais s’ils peuvent avoir des effets nocifs sur l’environnement et la santé humaine. »
La fin de l’histoire est tout aussi exemplaire : après la publication de l’avis positif de l’EFSA, Greenpeace demande au ministère de l’Agriculture allemand de rendre public le dossier technique fourni par Monsanto (1 139 pages), pour qu’il soit soumis à une contre-expertise. Réponse du ministère : impossible, Monsanto refuse que les données soient communiquées, parce qu’elles sont couvertes par le « secret commercial ».

Après une bataille judiciaire de plusieurs mois, la firme de Saint-Louis sera finalement contrainte de les rendre publiques par une décision du tribunal de Munich, le 9 juin 2005.

« Il est tout de même incroyable que s’agissant de vérifier l’innocuité d’une plante pesticide destinée à intégrer la chaîne alimentaire, Monsanto invoque, d’abord le « secret commercial, puis intente deux actions en justice pour empêcher l’ accès aux données brutes de son étude », dénonce le professeur Gilles-Éric Séralini qui a suivi toute l’affaire de très près. D’abord, le scientifique de l’Université de Caen a réalisé, à la demande de Greenpeace, et en même temps que le docteur Arpad Pusztai , le « dissident » de l’Institut Rowett, une évaluation du dossier toxicologique arraché à la firme de Saint Louis qui a confirmé les « anomalies » constatées par la Commission française du génie génétique .
Et puis, dans le cadre du CRIIGEN, il a conduit une contre-expertise des données brutes de l’étude en appliquant une méthodologie statistique plus fine, tenant compte notamment des organes, de la dose et du temps d’exposition aux OGM. Celle-ci a révélé que les effets du maïs 863 sur les rats étaient bien plus importants que ceux constatés initialement, « ce qui indique la nécessité de poursuivre les tests ».

« En fait, commente le professeur Séralini, l’histoire du maïs MON 863 souligne l’insuffisance du processus d’homologation des OGM, qui devraient être évalués de la même manière que n’importe quel pesticide ou médicament, à savoir sur trois espèces mammifères et pendant deux ans, ce qui permettrait de mesurer leur toxicité à long terme, et pas seulement leurs éventuels effets toxiques aigus. »
En attendant, face à ces révélations encombrantes, la Communauté européenne a mis discrètement le maïs MON 863 sous le boisseau, en en interdisant la culture, mais pas l’importation, ni donc la consommation…

FIN DE L’EXTRAIT

Références: Gilles-Éric Séralini, Dominique Sellier, Joël Spiroux de Vendomois, « New Analysis of a Rat Feeding Study with a Genetically Modified Maize Reveals Signs of Hepatorenal Toxicity « , Archives of environmental contamination and toxicology, 2007, 52, pp.596-602)

Par ailleurs, il est intéressant de noter que six scientifiques, sponsorisés par Monsanto (ainsi qu’il est clairement stipulé dans l’article: « the authors gratefully acknowledge the financial and technical support provided by Monsanto Company ») ont jugé bon de réaliser un nouvel article, où fait suffisamment rare pour être souligné, apparaît dans le titre de leur communication le nom de Séralini (preuve que l’étude du chercheur du CRIIGEN représente un enjeu capital…):

« Report of an Expert Panel on the reanalysis by Séralini et al. (2007) of a 90-day study conducted by Monsanto in support of the safety of a genetically modified corn variety (MON 863) ».
Ce « rapport » a été publié dans Food and Chemical Toxicology en 2007 et peut être téléchargé sur PubMed.

Parmi les arguments avancés par les auteurs pour conclure que les anomalies constatées par le professeur Séralini chez les rats ayant mangé du mais MON 863 sont sans « importance biologique ou clinique », en figure un qui laisse rêveur: les effets ne sont pas les mêmes selon les sexes des cobayes (« occurrence in both sexes »)!

Comme le dit très justement Séralini, si on teste une pillule anticontraceptive ou n’importe quelle molécule affectant le système endocrinien ou l’appareil de reproduction, chez des hommes et des femmes, les « effets ne seront pas les mêmes » ni corrélés…

Pour tous ceux qui désirent en savoir plus, j’invite à consulter le site du CRIIGEN.

ou à regarder le reportage réalisé par France 3 sur ce sujet exemplaire.

Un communiqué du CRIIGEN de Corinne Lepage

Je copie le dernier communiqué de presse du CRIIGEN, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique, créée par Corinne Lepage, l’ancienne ministre de l’environnement d’Alain Juppé.
Avocate renommée pour sa pugnacité, c’est elle qui notamment défendit les victimes de la catastrophe de l’Amoco Cadiz.
Depuis des années, le CRIIGEN se bat pour que soit enfin réalisée une véritable étude toxicologique de deux ans sur les effets sanitaires des OGM, permettant d’évaluer la toxicité chronique éventuelle des aliments transgéniques: les seules études réalisées n’ont JAMAIS dépassé trois mois, ce qui permet au maximum de tester leur toxicité aigüe…

Mais curieusement il est très difficile de trouver des fonds pour ce genre d’étude… À dire vrai, je trouve cela très étonnant: s’il n’y a vraiment pas de problème avec les OGM, tous les fabricants et défenseurs invétérés des biotechnologies devraient tous appeler cette étude de leur voeu.
Conduite par une équipe indépendante de scientifiques reconnus internationalement, qui travailleraient dans la plus grande transparence, en acceptant de communiquer les données brutes de leurs travaux – à la différence de Monsanto qui invoque le « secret commercial » , dès qu’on lui demande de communiquer ses données brutes -, cette étude aurait le mérite de mettre fin à la polémique avec des données incontestables.
On attend toujours!

Communiqué de presse – CRIIGEN

NOUVEL ECHEC DES OGM EN EUROPE QUI TENTENT TOUT DE MEME DE S’IMPOSER PAR LA FORCE !

En Europe, pour la 14ème année, les OGM ne décollent pas dans les cultures. A cause des pressions pour la nécessité de meilleurs contrôles sanitaires, environnementaux et sociaux, les producteurs d’OGM ont réussi à faire planter seulement 0,78% de maïs transgénique, par rapport à l’ensemble du maïs cultivé en Europe (soit 107.219 ha sur 13,7 millions ha) ! Il s’agit de la seule plante OGM autorisée à la culture, le maïs produisant un insecticide nouveau est appelé MON 810. Ce pourcentage insignifiant est encore réduit si l’on considère l’ensemble des OGM par rapport à l’ensemble des cultures européennes. Ceci contraste avec les importations contaminées surtout par les sojas OGM en Europe, laquelle est davantage autonome en maïs. Ces plantes contiennent des pesticides mal évalués sur la santé publique.
Le CRIIGEN réclame haut et fort dans une pétition à signer en ligne sur son site (www.criigen.org) que soient rendues publiques les analyses de sang détaillées des animaux qui ont mangé ces OGM dans les tests de toxicité réglementaires. Pour des raisons de protection industrielle, ces tests sont effectués par des laboratoires choisis par les firmes semencières qui sont ainsi juges et parties. Les gouvernements et les commissions scientifiques ont accepté la confidentialité sur ces tests qui ne durent, lorsqu’ils existent, pas plus de trois mois avec des mammifères, ce que l’on peut déjà trouver scandaleux, en opposition aux intentions législatives. L’EFSA, Agence Européenne de Sécurité Sanitaire, propose de ne plus exiger ces tests de trois mois, comme ce fut déjà le cas en septembre 2008 pour un nouveau soja OGM importé tolérant à un herbicide. Cet herbicide (le glufosinate ammonium) a pourtant été considéré comme neurotoxique dans des publications scientifiques. L’ensemble de ce laxisme rendrait les OGM plus rentables et faciliterait grandement leur diffusion.
Nous en appelons à une plus grande rigueur scientifique et à une totale transparence pour protéger l’ensemble de nos concitoyens.

Pour signer la pétition : http://www.lapetition.com/sign1.cfm?numero=1919

CRIIGEN (Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie Génétique)
40, rue de Monceau
75008 Paris
E-mail : criigen@unicaen.fr

Les demandes affluent du monde entier

Alors que je suis en finition de mon prochain film « Torture made in USA », qui raconte comment l’administration Bush a légalisé la torture au nom de la lutte contre le terrorisme (diffusion en janvier sur Canal +) , je suis littéralement assaillie de demandes concernant mon film et livre sur Monsanto, provenant du monde entier.
Pour mes lecteurs hispanophones, qui m’ont régulièrement interrogée à ce sujet, je copie le document que vient de m’envoyer mon éditeur espagnol (Peninsula) annonçant la sortie de mon livre en Espagne (et Amérique latine).

Par ailleurs, mon film a été sélectionné au Festival Cine Gaia de Rio de Janeiro qui se déroulera du 31 octobre au 9 novembre 2008. Je suis invitée à y participer mais ne pourrai malheureusement pas y aller, car je vais au Brésil du 8 au 12 décembre pour le lancement de la version portugaise de mon livre. J’y retournerai fin janvier, pour le Forum social mondial, qui se tiendra à Belén, à l’invitation notamment de la Fondation France Liberté de Mme Mitterrand.

Par ailleurs, je suis invitée au Gabon, par le centre culturel français de Libreville, dans le cadre des « Escales documentaires de Libreville » (20 au 29 novembre 2008).

Enfin, je viens d’apprendre que le film était sélectionné par le Wild and Scenic Environmental Film Festival , qui se tiendra à Nevada City (Californie) du 9 au 11 janvier 2009 (voir logo).

Face aux multiples demandes ( actuellement j’en reçois au moins cinq par jour), je suis au regret d’informer que je ne pourrai pas toutes les honorer: désireuse de trouver une solution, j’ai l’intention de proposer à Monsanto de me cloner, ce qui me permettrait d’être à plusieurs endroits à la fois… Comme , apr exemple, le 18 octobre, où je suis invitée à la jolie manifestation « Écritures et Résistances », organisée par la médiathèque de Ganges (Hérault), à Poitiers et à Chatellerault
À suivre..!