L’Autorité Européenne pour la Sécurité des Aliments (EFSA) vient d’annoncer qu’elle ne remettait pas en cause la Dose Journalière Admissible (DJA) de l’aspartame, au terme d’un processus de réévaluation des données scientifiques concernant l’édulcorant, qui a duré plus de deux ans.
Honte à l’EFSA!
Cette réévalualtion avait été demandée par la Commission Européenne, après les auditions organisées au Parlement Européen, par Corinne Lepage. La députée européenne avait vu mon film Notre poison quotidien en Belgique et s’était aussitôt mobilisée. Elle avait notamment obtenu l’audition de Huges Kenigswald, le chef du département des additifs alimentaires de l’EFSA. Celui-ci avait confirmé ce qu’il m’avait avoué lors de son interview: l’EFSA n’a jamais eu accès aux études réalisées par SEARLE, le fabricant d’aspartame (devenue une filiale de Monsanto), pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché de la Food and Drug Administration (FDA) et calculer la fameuse DJA (c’est-à-dire la dose journalière que nous sommes censés pouvoir ingérer sans tomber malades). Or, ces études sont extrêmement controversées, car leur qualité est absolument nulle! Les « irrégularités » – et le mot est faible- avaient été constatées par les agents de la FDA eux-mêmes, qui avaient refusé que la molécule soit mise sur le marché.
Je mets ici un extrait de mon documentaire Notre poison quotidien, consultable sur le site d’ARTE:
http://notre-poison-quotidien.arte.tv/fr/aspartame/
Malheureusement, et encore une fois, l’EFSA a cédé aux lobbying de l’industrie en refusant de prendre en compte les critiques formulées notamment par le Réseau Environnement Santé qui suit de très près le dossier.
Je mets ici en ligne un extrait de mon livre Notre poison quotidien, qui constitue, à ce jour, la synthèse la plus complète réalisée sur le sujet.
« Je veux bien vous rencontrer, parce qu’on m’a dit que vous travailliez sérieusement, mais sachez que je n’ai pas donné d’interview sur l’aspartame depuis quinze ans. Ce dossier est désespérant, car il montre que les agences de réglementation comme la Food and Drug Administration n’assurent pas leur mission, qui est de protéger les consommateurs avant les intérêts de l’industrie. » Ce fut mon premier contact téléphonique avec John Olney, un psychiatre spécialisé en neuropathologie et immunologie qui a travaillé pendant plus de quarante ans à l’université Washington de Saint Louis (Missouri).
Photo: Marc Duployer
E 621, E 900, E 951, etc. : les additifs chimiques alimentaires dans nos assiettes
À près de quatre-vingts ans, ce chercheur très respecté restera dans l’histoire médicale comme l’inventeur du terme « excitotoxicité », qui désigne la capacité de certains acides aminés (les constituants fondamentaux des protéines et peptides), comme l’acide glutamique ou l’acide aspartique (un composant de l’aspartame), d’exciter ou d’hyperactiver certains récepteurs neuronaux, au point de provoquer la mort de neurones quand ils sont en excès. Ce processus neurotoxique est associé à des maladies neurologiques comme l’épilepsie ou aux accidents cardiovasculaires, ainsi qu’à des pathologies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer, la sclérose en plaques ou la maladie de Parkinson.
Ainsi que le soulignent le neurologue Dale Purves et ses coauteurs dans leur livre Neurosciences, « le phénomène d’excitotoxicité a été découvert par hasard en 1957, quand D. R. Lucas et J. P. Newhouse [deux ophtalmologistes britanniques] se sont aperçus que du glutamate de sodium, donné en nourriture à des souriceaux, détruisait les neurones de la rétine[i]. À peu près une décennie plus tard, John Olney […] prolongeait cette découverte, en montrant que les régions où on observait une mort neuronique sous l’effet du glutamate s’étendaient à la totalité de l’encéphale[ii] ».
« Mes études ont clairement montré que le glutamate est une neurotoxine qui peut créer des lésions dans une région du cerveau très importante pour le contrôle des fonctions endocriniennes, entraînant des troubles du comportement, des dysfonctionnements du système sexuel et l’obésité[iii] », m’a expliqué le docteur Olney, dans un parc de la Nouvelle-Orléans où nous nous étions donné rendez-vous en octobre 2009[iv]. J’assistais alors à un colloque sur les perturbateurs endocriniens (voir infra, chapitre 16) et lui à un symposium sur l’anesthésie et les dégâts qu’elle peut causer sur le cerveau des enfants. « À la différence de l’anesthésie, pour laquelle on peut réaliser un bilan bénéfices-risques, car elle est indispensable pour opérer de jeunes patients atteints de pathologies graves, le glutamate ne présente que des risques et, malheureusement, il est ingéré massivement par des millions d’enfants et de femmes enceintes », a soupiré le neurologue.
En effet, par-delà son usage dans la cuisine chinoise[1], le glutamate fait partie des quelque trois cents additifs alimentaires autorisés par l’Union européenne. Affublés d’un sigle, constitué de la lettre E suivie d’un numéro d’identification (celui du glutamate est E 621), les fameux « additifs » sont officiellement définis comme des « substances habituellement non consommées comme aliment en soi […], dont l’adjonction intentionnelle aux denrées alimentaires, dans un but technologique, au stade de la fabrication, transformation, préparation, traitement, conditionnement, transport ou entreposage, a pour effet […] qu’elle devient elle-même, ou que ses dérivés deviennent directement ou indirectement, un composant de ces denrées alimentaires », selon les termes alambiqués de la directive européenne 89/107 qui en régit l’usage[v].
Plus prosaïquement, ces substances, qui sont très majoritairement des produits de synthèse chimique, ont fait irruption dans nos assiettes avec l’avènement de l’industrie agroalimentaire qui accompagna la « révolution verte » au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Faisant le bonheur des industriels, car ils permettent une substantielle réduction des coûts de fabrication[2], ils remplissent toutes sortes de fonctions « technologiques » qu’une autre directive européenne (95/2) décrit très précisément : « conservateurs », « antioxygènes », « acidifiants » ou « correcteurs d’acidité », « antiagglomérants », « émulsifiants », « affermissants », « exhausteurs de goût » (comme le glutamate), « agents moussants » ou « antimoussants », « gélifiants », « agents d’enrobage », « humectants », « amidons modifiés », « gaz d’emballage », « propulseurs », « stabilisants », « épaississants » ou « édulcorants » (comme l’aspartame)[vi].
Quand la substance est naturelle, le fabricant utilise simplement le nom, comme pour le colorant « rouge de betterave » (aussi appelé E 162), mais quand il s’agit d’un produit chimique au nom rébarbatif et peu engageant, comme le diméthylpolysiloxane, un dérivé du silicone qui sert d’agent antimoussant dans les jus de fruits, les confitures, les vins ou le lait en poudre, il préfère indiquer le numéro, en l’occurrence E 900. La plupart des additifs alimentaires disposent d’une dose journalière acceptable (DJA), preuve s’il en était besoin qu’ils ne sont pas inoffensifs. Et, nous allons le voir avec l’exemple de l’aspartame, la sacro-sainte valeur a souvent été établie à partir d’études toxicologiques dont la qualité laisse pour le moins à désirer.
La découverte de l’aspartame
L’aspartame, ou E 951, est un édulcorant de synthèse dont le pouvoir sucrant est deux cents fois supérieur à celui du sucre de canne. Présent dans plus de 6 000 produits alimentaires, il est consommé mondialement par quelque 200 millions de personnes (dont 4 millions de Français), qui l’ingurgitent sous forme de sucrettes – sous les marques Canderel ou Equal –, céréales du petit-déjeuner, chewing-gums, boissons gazeuses (comme le Coca light ou autres liquides dits « sans sucre »), yaourts, desserts industriels, vitamines ou plus de trois cents médicaments. Les principaux fabricants sont les américains Merisant et NutraSweet (deux anciennes filiales de… Monsanto) et le japonais Ajinomoto, qui en produisent chaque année 16 000 tonnes.
La molécule fut découverte fortuitement par James Schatter, un chimiste de la firme pharmaceutique américaine G. D. Searle qui travaillait alors sur un nouveau médicament contre les ulcères. Sur des archives télévisées que j’ai pu visionner, on le voit en blouse blanche dans le laboratoire de la firme de Chicago, expliquer qu’un jour de 1965, il a machinalement léché sa main présentant des traces d’une poudre blanche et qu’il a été étonné par son goût étonnamment sucré[vii]. Il s’avéra que la substance possédait exactement la même saveur que le sucre, sans aucun apport calorique et sans l’arrière-goût métallique de la saccharine (E 954), l’édulcorant de synthèse (hautement controversé) qui dominait alors le marché[3]. Flairant la bonne affaire, Searle lança dès 1967 une série d’études destinées à déposer une demande d’autorisation de mise sur le marché auprès de la FDA, l’agence américaine chargée de la sécurité des aliments et des médicaments. Commence alors une incroyable saga qui fait qu’aujourd’hui l’aspartame est, pour les uns, l’« additif alimentaire le plus controversé de l’histoire », selon les termes du magazine The Ecologist[viii], et, pour les autres, l’« additif le mieux étudié de tous les temps[ix] », ainsi que ne cessent de l’affirmer les fabricants et les agences de réglementation comme la FDA.
Pour y voir plus clair, j’ai passé quatre mois à éplucher l’énorme dossier du E 951, en consultant près de mille documents – archives déclassifiées, études scientifiques, articles de presse, comptes rendus d’enquêtes parlementaires américaines – et j’ai interviewé une vingtaine d’experts. Je remercie au passage Betty Martini, une Américaine particulièrement tenace qui m’a ouvert le sous-sol de sa maison à Atlanta, où elle a créé le plus grand centre de documentation privé sur l’aspartame. Depuis vingt ans, elle accumule les pièces à conviction, obtenues grâce au Freedom of Information Act, une procédure qui permet à tout citoyen d’avoir accès aux documents internes de l’administration (même si certains sont parfois « caviardés » ou tronqués)[x].
Peu à peu, j’ai ainsi pu reconstituer les étapes de ce feuilleton à rebondissements qui illustre les aberrations de la « société du risque », où les intérêts du big business priment sur les « impératifs de protection sanitaire de la population », contraignant les « responsables à des démentis d’autant plus bruyants que leur argumentation est faible[xi] ».
Pour bien comprendre les enjeux de la polémique, il faut savoir que l’aspartame est composé de trois molécules : l’acide aspartique (40 %), la phénylalanine (50 %) et le méthanol (10 %)[xii]. Les deux premiers sont des acides aminés que l’on trouve naturellement dans certains aliments, mais à une différence près : quand ils sont ingérés sous forme d’aspartame, ils ne sont liés à aucune protéine et sont donc largués dans l’organisme sous forme « libre ». En solution ou chauffées à plus de 30 °C, les deux substances ont tendance à se dégrader en dicétopipérazine ou « DKP », un sous-produit toxique soupçonné d’être cancérigène par certains chercheurs. Quant au méthanol, également connu sous le nom d’alcool méthylique ou d’alcool de bois, c’est aussi une substance que l’on trouve naturellement dans les fruits et légumes, sauf que contrairement à l’aspartame, il est toujours associé à de l’éthanol (ou alcool éthylique) qui en contrecarre les effets nocifs[4]. Quand il n’est pas neutralisé, le méthanol est métabolisé dans le foie qui le transforme en formaldéhyde, une substance classée « cancérigène pour les humains » en 2006 (voir supra, chapitre 7).
Comme nous allons le voir, ce sont les effets nocifs potentiels de chacune des trois molécules qui alimentent la controverse depuis quarante ans, mais aussi le plan de bataille développé par Searle dès le début des années 1970 pour imposer son édulcorant. C’est ce que révèle un « mémorandum confidentiel » très troublant qui prouve, pour le moins, que la firme était consciente que l’homologation du produit n’allait pas de soi. Rendu public lors d’une audience parlementaire américaine sur laquelle je reviendrai, ce document classé « secret commercial » a été adressé par Herbert Helling, l’un des responsables de Searle, à cinq scientifiques de la firme. « Voici mon point de vue concernant la stratégie que nous devons adopter pour l’édulcorant, écrit-il le 28 décembre 1970. Selon moi, notre objectif est d’obtenir l’autorisation de la Food and Drug Administration pour des usages variés qui permettent sa consommation (et donc sa production) à un niveau qui satisfasse nos exigences économiques. Il faut donc déterminer ce que nous avons besoin de faire, de savoir, ou d’accomplir pour parvenir à cet objectif. Nous devons anticiper sur les facteurs qui risquent de poser le plus de problèmes à la FDA en déterminant lequel d’entre eux en posera le moins (après les avoir classés selon le niveau de difficultés qu’ils représentent pour nous). Lors de notre rencontre avec les représentants de l’agence, notre philosophie et notre démarche de base doit être de les amener à dire “oui”, […] en créant une atmosphère positive à notre égard […] et en les entraînant dans un esprit subconscient de participation. Ma première inquiétude concerne le DKP et notre manque de données toxicologiques complètes à ce sujet. Je propose que nous leur présentions une série de postulats de manière informelle et qui ne nous engage pas, […] en essayant de les convaincre que ces postulats sont justes. Le premier postulat, c’est que la molécule est stable dans des produits secs, comme les céréales présucrées. Ensuite, nous pouvons aborder les différentes catégories alimentaires, une par une, pour voir laquelle rencontre de la résistance, […] ce qui nous permettra d’explorer la nature de cette résistance pour voir comment nous pouvons la vaincre avec les études en cours. […] La préparation de la réunion doit être faite à travers Virgil Wodicka, le chef du Bureau des aliments [de la FDA], qui vient de l’industrie[xiii]. »
Les « études laxistes » de la société Searle
« Dès que j’ai su que Searle avait déposé une demande de mise sur le marché pour l’aspartame, j’ai contacté la firme pour lui communiquer une étude que j’avais réalisée en 1970 et qui concernait l’acide aspartique, l’un des composants de l’édulcorant, m’a expliqué John Olney. Elle montrait que cette substance créait le même type de lésions cérébrales que le glutamate[xiv]. Les représentants de Searle m’ont dit qu’ils allaient examiner la question et je leur ai demandé de m’envoyer un échantillon d’aspartame, ce qu’ils ont fait. Je l’ai donné à manger à des souriceaux et j’ai observé les mêmes dégâts cérébraux qu’avec l’acide aspartique. En 1974, j’ai découvert dans le Federal Register [l’équivalent d’un Journal officiel de la FDA, où sont publiés tous les textes réglementaires produits par l’agence] que l’homologation de l’édulcorant était imminente. J’ai aussitôt sollicité une audience auprès du directeur [commissioner] de la FDA en lui envoyant des clichés des lésions que j’avais observées dans le cerveau des souriceaux. Puis, j’ai contacté l’avocat James Turner, qui avait joué un rôle capital pour l’interdiction du cyclamate. »
De fait, en 1970, le cyclamate, un autre édulcorant de synthèse, avait été interdit aux États-Unis, à la suite d’une campagne menée par James Turner (l’avocat que nous avons déjà rencontré dans le chapitre 12), l’un des « poulains » de Ralph Nader, avec qui il avait publié la même année un best-seller, The Chemical Feast (Le festin chimique)[xv]. S’appuyant sur une étude qui avait montré que, associé à de la saccharine (à raison de neuf parts pour une), le cyclamate provoquait des cancers de la vessie chez des souris (comme la saccharine…), Turner avait contraint la FDA à demander le retrait du marché du produit, pourtant commercialisé depuis 1953[5]. Mais la suite de l’histoire montrera qu’Abbott, le fabricant du cyclamate, avait eu moins de chance que Searle, qui obtint l’homologation de l’aspartame pour les produits secs, le 26 juillet 1974.
« Aussitôt, avec une association de consommateurs, nous avons déposé un recours contre la décision de la FDA, en citant les études réalisées par John Olney, m’a raconté James Turner. Cela a déclenché une énorme controverse car, pour la première fois de son histoire, l’agence fut contrainte de rendre publiques les données scientifiques sur lesquelles elle avait fondé son autorisation. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les études fournies par Searle étaient laxistes[xvi]. »
De fait, la polémique avait de quoi se nourrir, car les faits sont accablants : pendant six ans, les scientifiques de la FDA dénonceront avec une belle unanimité les nombreuses déficiences et irrégularités qui caractérisent les études toxicologiques de Searle, lesquelles fondent, pourtant, la DJA de l’aspartame toujours en vigueur aujourd’hui.
En juillet 1975, Alexander Schmidt, le directeur (commissioner) de la FDA, décide de créer un « groupe de travail spécial », chargé d’examiner la validité de vingt-cinq études de la firme concernant six médicaments et l’aspartame. Exceptionnelle, la demande fait suite à l’examen de tests pharmacologiques que les scientifiques de l’agence ont jugés « aberrants ». Parmi les membres du groupe de travail, il y avait Adrian Gross, qui travailla à la FDA de 1964 à 1979. Dans deux courriers adressés au sénateur Howard Metzenbaum en 1987[xvii], il a raconté en détail ce que les inspecteurs ont alors découvert dans les laboratoires de l’entreprise de Chicago, où ils ont passé au peigne fin onze études sur l’aspartame, dont deux considérées comme capitales puisqu’elles testaient les effets cancérigènes et tératogènes[6] de l’édulcorant.
Gross est l’un des signataires du rapport de cinq cents pages que le groupe de travail a remis le 24 mars 1976 et qui commence en ces termes : « Au cœur du processus réglementaire de la FDA, il y a sa capacité à pouvoir se reposer sur la validité des données de sécurité soumises par les fabricants des produits réglementés. Notre investigation démontre clairement que dans le cas de G. D. Searle, nous n’avons aucune base pour asseoir notre confiance. » Puis, le rapport énumère sur des dizaines de pages les « déficiences sérieuses » rencontrées dans les « opérations et pratiques » de la firme qui « concernent spécifiquement les études sur l’aspartame ». D’abord, ils ont constaté un « manque de souci pour l’homogénéité et la stabilité de l’ingrédient incorporé dans les régimes alimentaires », de sorte qu’il « n’y a aucune façon de savoir avec certitude si les animaux ont bien ingéré la dose rapportée ». Ils soulignent que les « comptes rendus des observations et résultats contiennent de nombreuses erreurs et aberrations » et qu’il y a des « observations rapportées qui concernent un produit qui n’a jamais existé ». Ils notent le « manque de formation des scientifiques “professionnels” qui ont fait les observations pour les études de tératogénicité » et la « perte d’informations pathologiques importantes due à la décomposition totale de certains organes ». Enfin, et c’est probablement le plus grave, ils dénoncent l’« excision de masses tumorales », c’est-à-dire le fait que des tumeurs ont été retirées des cobayes, ce qui a permis de réduire le nombre des cancers cérébraux observés dans les groupes expérimentaux (douze au total). Or, note Adrian Gross dans son courrier au sénateur Metzenbaum, malgré toutes les déficiences observées, il n’en reste pas moins que le « taux de tumeurs cérébrales des animaux exposés est nettement supérieur à celui des animaux non exposés et cet excès est hautement significatif ».
Le groupe de travail a aussi découvert que Searle avait « omis » de communiquer les résultats de deux études essentielles : l’une avait été réalisée par Harry Waisman, le directeur d’un laboratoire de l’université du Wisconsin, considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de la phénylalanine. Conduite dès 1967 sur sept jeunes singes, celle-ci s’était soldée par la mort de l’un des cobayes, tandis que cinq avaient souffert de crises d’épilepsie. La seconde avait été réalisée par Ann Reynolds, une zoologue de l’université d’Illinois qui avait confirmé les résultats obtenus par John Olney. L’affaire est si grave que le groupe de travail recommande d’intenter une action en justice contre Searle pour « violation criminelle de la loi ». L’autorisation de mise sur le marché de l’aspartame est suspendue sine die, tandis que les faits sont publiquement dénoncés par Alexander Schmidt, lors d’une audience au Sénat en juillet 1976.
« J’ai ici le rapport du groupe de travail de la FDA sur les études de Searle, êtes-vous d’accord avec ses conclusions ?, a demandé le sénateur Edward Kennedy au directeur de l’agence.
– Oui, a-t-il répondu.
– Est-ce la première fois qu’un problème d’une telle magnitude a été découvert par la FDA ?, a insisté l’élu démocrate.
– Oui, […] nous avons parfois été informés de problèmes isolés, mais n’avions jamais rencontré de problèmes de cette ampleur dans une firme pharmaceutique[xviii]. »
Dans la foulée de son audition, Alexander Schmidt annonce la création d’un nouveau groupe de travail, chargé d’investiguer la troisième étude capitale réalisée par Searle concernant les effets du DKP, le métabolite de l’aspartame. Conduite par Jérome Bressler, un scientifique réputé de la FDA qui donnera son nom au rapport publié en août 1977, cette enquête confirme les irrégularités constatées par l’équipe précédente, avec toutefois quelques « originalités » qui valent le détour ! « Les comptes rendus des observations indiquent que l’animal n° A23 LM était vivant à la semaine 88, mort de la semaine 92 à la semaine 104, vivant à la semaine 108 et mort à la semaine 112 », notent ainsi les inspecteurs.
La suite est de la même veine et je me contenterai de quelques extraits, tant la liste des « anomalies » est longue : « Une masse tissulaire de 1,5 x 1,0 cm a été excisée de l’animal B3HF le 2 décembre 1972 » ; « quatre-vingt-dix-huit des cent quatre-vingt-seize cobayes qui sont morts pendant l’étude ont été autopsiés très tard, parfois un an après la mort » ; « vingt animaux ont été exclus de l’étude en raison de leur décomposition excessive » ; « l’animal F6HF, une femelle exposée à une forte dose, a été retrouvé mort au 787e jour et le rapport pathologique notait une tumeur mesurant 5,0 x 4,5 x 2,5 cm. Le dossier remis par Searle à la FDA ne mentionnait pas cette tumeur, car l’animal avait été exclu de l’étude en raison de son état de décomposition » ; « un polype sur l’utérus de l’animal K9 MF a été découvert qui n’avait pas été diagnostiqué par Searle, ce qui porte le nombre de polypes utérins à cinq sur trente-quatre pour le groupe exposé à une dose médiane (15 %)[xix]. » Etc.
« En 1979, j’ai pu consulter les études de Searle, grâce à la procédure du Freedom of Information Act, m’a raconté John Olney, de sa voix étonnamment lente. J’ai été atterré par ce que j’ai découvert… Je me souviens notamment d’une photo prise par une technicienne du laboratoire, où l’on voyait un large morceau de DKP grossièrement mélangé à la nourriture en poudre des rats. Cette anomalie a été dénoncée dans le rapport Bressler, car les rongeurs sont suffisamment malins pour éviter une substance particulièrement nauséabonde. J’avais aussi noté le nombre élevé de tumeurs cérébrales constatées dans l’une des études centrales, car je sais que ce genre de tumeurs est excessivement rare chez les animaux de laboratoire. La littérature scientifique de l’époque donnait une incidence de 0,6 %, alors que l’étude de Searle parvenait à 3,57 %, malgré ses nombreuses déficiences. Je me souviens m’être dit qu’avec de tels éléments, la FDA ne pouvait que refuser l’homologation de l’aspartame[xx]… »
Donald Rumsfeld impose l’aspartame
L’espoir du docteur Olney ne tardera pas à être déçu, car entre-temps un acteur d’une redoutable efficacité est entré en scène : Donald Rumsfeld, qui fut le représentant de l’Illinois au Congrès américain, puis secrétaire à la Défense dans le gouvernement de Gerald Ford. En mars 1977, celui que l’on surnommait le « JFK républicain » est nommé P-DG de… Searle. « La firme était installée dans la circonscription que Rumsfeld représentait lorsqu’il était élu au Congrès, m’a expliqué l’avocat James Turner. Et comme la famille Searle était très influente, elle l’avait soutenu pendant toute sa carrière politique. Après l’élection de Jimmy Carter [en novembre 1976], il a entamé une traversée du désert et la firme avait besoin d’un homme d’influence pour sauver ses affaires qui étaient menacées par les révélations sur ses pratiques et plusieurs procès en cours. Rumsfeld avait le profil idéal, car il était aussi bien introduit à Washington qu’à Chicago (Illinois). »
On ne saura sans doute jamais avec précision le rôle qu’a joué le nouveau P-DG de Searle dans l’enterrement de la procédure judiciaire intentée par Richard Merrill, le chef du département juridique de la FDA qui, le 10 janvier 1977, avait porté plainte pour « rétention de données et fausse déclaration ». L’affaire était sérieuse, car c’était la première fois que l’agence demandait l’ouverture d’une enquête pénale contre un fabricant. Six mois plus tard, Samuel Skinner, le procureur du tribunal de l’Illinois en charge de l’instruction, était recruté par le cabinet d’avocats Sidley Austin, qui conseillait Searle. Il était remplacé par William Conlon, qui le rejoignit en janvier 1979, après avoir pris le soin de laisser passer le délai de prescription[xxi]…
En juillet 1979, la FDA crée une commission d’enquête publique (Public Board of Inquiry, ou « PIB »), supervisée par trois scientifiques qui ont pour mission de faire une synthèse de toute l’information disponible sur l’aspartame. Entendu par les « juges », alors que les jours de l’administration démocrate semblent comptés, John Olney remet en septembre 1980 une déposition écrite où il rappelle les fondamentaux de l’évaluation des risques, d’autant plus pertinents que celle-ci concerne en l’espèce une substance dont l’utilité est loin d’être avérée : « Une analyse risques-bénéfices devrait être conduite, explique-t-il, en distinguant les sous-groupes de population qui sont susceptibles d’être affectés par la substance (les fœtus, les nourrissons, les enfants et les personnes atteintes de phénylcétonurie[7]) de ceux qui pourraient potentiellement en bénéficier (les diabétiques et les obèses), de manière à développer un plan intelligent qui permette de rendre le produit disponible pour les bénéficiaires sans exposer ceux pour qui il représente un danger indu[xxii]. »
La remarque est frappée au coin du bon sens, mais nous allons voir que cette qualité ne semble pas faire partie des critères d’évaluation revendiqués par les agences de réglementation. Concernant les « bénéfices » supposés de l’aspartame, le scientifique cite les conclusions d’un Forum sur les édulcorants organisé en 1974 par l’Académie nationale des sciences : « Il est possible qu’ils aient un bénéfice psychologique pour les personnes obèses qui, en utilisant des édulcorants à basses calories, se souviennent ainsi qu’elles doivent suivre un régime. […] L’édulcorant en soi représente au mieux un gimmick qui a une fonction mnémonique. » Quant aux diabétiques, les bénéfices qu’ils peuvent en tirer sont « de l’ordre du plaisir et du confort plutôt que de la santé ». Après avoir souligné le risque que courraient spécifiquement les enfants s’ils consommaient régulièrement un mélange de glutamate et d’aspartame (comme ils le font aujourd’hui en mangeant un paquet de chips arrosées de Coca light), John Olney enfonce le clou en rapportant le bilan de la saccharine qu’avait dressé Donald Kennedy, le nouveau directeur de la FDA : « 1) Aucun bénéfice pour un aucun groupe de consommateur n’a jamais été démontré ; 2) les enfants ont augmenté leur consommation de saccharine d’une manière alarmante ; 3) la FDA a une obligation spéciale de protéger les enfants, parce qu’ils ne sont pas assez matures intellectuellement pour évaluer les risques et prendre les bonnes décisions pour protéger leur santé[xxiii]. »
Le 30 septembre 1980, le Public Board of Inquiry rend son rapport et tout semble indiquer que John Olney et James Turner ont gagné la bataille : « L’utilisation de l’aspartame dans les aliments doit être interdite tant que la question de son éventuel potentiel cancérigène n’a pas été résolue par de nouvelles études, écrivent les trois juges dans leurs conclusions. Il est ordonné que l’autorisation de l’aspartame comme additif alimentaire soit retirée[xxiv]. » Mais cinq semaines plus tard, Ronald Reagan, le cow-boy d’Hollywood devenu l’apôtre de la déréglementation, est élu à la présidence des États-Unis. Donald Rumsfeld, qui restera P-DG de Searle jusqu’en 1985, rejoint sa transition team (équipe de transition), chargée de préparer la nouvelle administration avant l’investiture du 20 janvier 1981. Sa mission est de faire le ménage dans le ministère de la Santé, dont dépend la FDA. C’est lui qui propose le nom d’Arthur Hayes, professeur de médecine dans une université de Pennsylvanie, pour prendre la tête de l’agence.
Quand celui-ci est officiellement intronisé, le 3 avril 1981, le New York Times écrit ces lignes prémonitoires : « La FDA a la responsabilité de protéger les consommateurs contre les aliments, médicaments et cosmétiques impurs et nocifs. Son activité, particulièrement dans le domaine des nouveaux médicaments et additifs alimentaires considérés comme potentiellement cancérigènes, a été critiquée par les compagnies pharmaceutiques. Certains représentants de l’industrie considèrent le docteur Hayes comme plus proche de leurs points de vue que ne l’étaient ses prédécesseurs[xxv]. » Tout indique en effet que des « personnes haut placées » ont demandé au nouveau commissioner d’en « finir au plus vite avec le dossier de l’aspartame, comme un signal que l’administration Reagan entrait dans une nouvelle ère réglementaire[xxvi] ». Une ère où, conformément à la vulgate néolibérale, l’intervention de l’État dans les affaires de l’industrie doit être réduite à la portion congrue et où la FDA se transformera en une chambre d’enregistrement des produits industriels, en limitant ses contrôles au strict minimum.
De fait, le 15 juillet 1981, Arthur Hayes autorise la mise sur le marché de l’aspartame, avec une dose journalière acceptable de 50 mg/kg. Publiée dans le Federal Register, la décision est justifiée en ces termes : « Le commissioner a estimé qu’il y avait une certitude raisonnable : 1) que l’aspartame ne cause pas de tumeurs cérébrales chez les rats ; 2) qu’il ne comporte pas de risque de contribuer au retard mental, à des lésions au cerveau ou à des effets indésirables sur les systèmes neuroendocriniens et régulateurs des humains[xxvii]. »
Cette première autorisation concerne les « produits secs », comme les sucrettes, chewing-gums, céréales et poudres à café ou thé. Elle sera étendue aux boissons gazeuses et vitamines en 1983, puis progressivement à toutes les catégories alimentaires. Dans le courrier qu’il a adressé en novembre 1987 au sénateur Metzenbaum, Adrian Gross, qui fut membre du premier groupe de travail de la FDA, écrit avec amertume : « Il est très difficile de comprendre comment la FDA, qui avait estimé en 1976 que les études expérimentales sur l’aspartame fournies par Searle étaient d’une qualité inacceptable, a pu changer d’avis plusieurs années plus tard au point de considérer que les mêmes études étaient suffisamment fiables pour lui permettre d’affirmer qu’elle était “raisonnablement certaine” que cet additif alimentaire était sans danger pour la consommation humaine[xxviii]. »
[1] Le glutamate est responsable du « syndrome du restaurant chinois », qui peut se déclencher dans les minutes ou heures qui suivent l’ingestion. Celui-ci se traduit par des maux de tête, nausées, courbatures et éruptions cutanées. Le glutamate est utilisé par l’industrie agroalimentaire pour amplifier les saveurs salées et stimuler l’appétence des préparations en réduisant les doses d’épices.
[2] Par exemple, l’aromatisation d’une tonne de crème glacée avec de la vanille naturelle coûte 780 euros, mais seulement 4 euros avec l’éthyl-vanilline, un arôme chimique artificiel (voir Charles Wart, L’Envers des étiquettes. Choisir son alimentation, Éditions Amyris, Bruxelles, 2005).
[3] La saccharine a été interdite au Canada en 1977, car elle était suspectée d’induire des cancers (notamment de la vessie). Le CIRC l’a classée en 1987 dans le groupe 2 B, « cancérigène possible pour les humains », puis en 1999 dans le groupe 3 « inclassable »… Elle reste autorisée dans le reste du monde, avec une DJA de 5 mg/kg.
[4] Le méthanol est une substance très toxique, dont la consommation accidentelle peut entraîner la cécité et même la mort. En cas d’intoxication, le meilleur antidote est l’éthanol.
[5] À noter que les études sur ce produit ne provoquent pas les mêmes effets de part et d’autre de l’Atlantique : le cyclamate (E 952) est toujours autorisé en Europe pour les boissons non alcoolisées, les desserts et les confiseries, avec une DJA de 7 mg/kg, tandis que celle fixée par le JECFA est de 11 mg/kg…
[6] La tératogénicité désigne la capacité d’une substance chimique à provoquer des malformations fœtales.
[7] La phénylcétonurie est une maladie génétique due à une déficience qui empêche la transformation de la phénylalanine. Son dépistage est obligatoire dans de nombreux pays, comme la France, car, non traitée, elle se traduit par des troubles cérébraux et un retard mental.
[i] D. R. Lucas et J. P. Newhouse, « The toxic effect of sodium L-glutamate on the inner layers of the retina », AMA Archivs of Ophtalmology, vol. 58, n° 2, août 1957, p. 193-201.
[ii] Dale Purves, George J. Augustine, David Fitzpatrick, William C. Hall, Anthony-Samuel Lamantia, James O. McNamara, Leonard E. White, Neurosciences, De Boeck, Bruxelles, 2005, p. 145.
[iii] John Olney, « Brain lesions, obesity, and other disturbances in mice treated with monosodium glutamate », Science, vol. 164, n° 880, mai 1969, p. 719-721 ; John Olney et alii, « Glutamate-induced brain damage in infant primates », Journal of Neuropathology and Experimental Neurology, vol. 31, n° 3, juillet 1972, p. 464-488 ; John Olney, « Excitotoxins in foods », Neurotoxicology, vol. 15, n° 3, 1994, p. 535-544.
[iv] Entretien de l’auteure avec John Olney, Nouvelle-Orléans, 20 octobre 2009.
[v] « Directive 89/107/CEE du Conseil du 21 décembre 1988 relative au rapprochement des législations des États membres concernant les additifs pouvant être employés dans les denrées destinées à l’alimentation humaine », Journal officiel, n° L 040, 11 février 1989, p. 0027-0033. C’est moi qui souligne.
[vi] « Directive 95/2/CE du Parlement européen et du Conseil concernant les additifs alimentaires autres que les colorants et les édulcorants », 20 février 1995, Journal officiel de l’Union européenne, n° L 61, 18 mars 1995.
[vii] BBC, « The early show, artificial sweeteners, new sugar substitute », 28 septembre 1982.
[viii] Pat Thomas, « Bestselling sweetener », The Ecologist, septembre 2005, p. 35-51.
[ix] John Henkel, « Sugar substitutes : Americans opt for sweetness and lite », FDA Consumer Magazine, novembre-décembre 1999.
[x] Voir le site de « Mission possible », l’association créée par Betty Martini : <www.dorway.com>.
[xi] Ulrich Beck, La Société du risque, op. cit., p. 99.
[xii] Robert Ranney et alii, « Comparative metabolism of aspartame in experimental animals and humans », Journal of Toxicology and Environmental Health, vol. 2, 1976, p. 441-451.
[xiii] Herbert Helling, « “Food and drug sweetener strategy. Memorandum confidential-Trade Secret Information” to Dr. Buzard, Dr. Onien, Dr. Jenkins, Dr. Moe, Mr. O’Bleness », 28 décembre 1970.
[xiv] John Olney, « Brain damage in infant mice following oral intake of glutamate, aspartate or cysteine », Nature, vol. 227, n° 5258, 8 août 1970, p. 609-611 ; Bruce Schainker et John Olney, « Glutamate-type hypothalamic-pituatary syndrome in mice treated with aspartate or cysteate in infancy », Journal of Neural Transmission, vol. 35, 1974, p. 207-215 ; John Olney et alii, « Brain damage in mice from voluntary ingestion of glutamate and aspartate », Neurobehavioral Toxicology and Teratology, vol. 2, 1980, p. 125-129.
[xv] James Turner et Ralph Nader, The Chemical Feast. The Ralph Nader Study Group Report on Food Protection and the Food and Drug Administration, Penguin, Londres, 1970. Ralph Nader est un avocat célèbre pour sa défense du droit des consommateurs, qui, par ailleurs, fut quatre fois candidat à l’élection présidentielle, dont deux sous les couleurs du parti vert des États-Unis.
[xvi] Entretien de l’auteur avec James Turner, Washington, 17 octobre 2009.
[xvii] Lettres d’Adrian Gross au sénateur Howard M. Metzenbaum, 30 octobre et 3 novembre 1987 (consultables sur le site <www.dorway.com>).
[xviii] Committee on Labor and Public Health, « Record of hearings of April 8-9 and July 10, 1976, held by Sen. Edward Kennedy, Chairman, Subcommittee on Administrative Practice and Procedure, Committee on the Judiciary, and Chairman, Subcommittee on Health », p. 3-4.
[xix] FDA, « Bressler Report », 1er août 1977.
[xx] Entretien de l’auteure avec John Olney, Nouvelle-Orléans, 20 octobre 2009.
[xxi] Andy Pasztor et Joe Davidson, « Two ex-US prosecutors roles in case against Searle are questioned in probe », The Wall Street Journal, 7 février 1986.
[xxii] John Olney, « Aspartame board of inquiry. Prepared statement », University School of Medicine St Louis, Missouri, 30 septembre 1980.
[xxiii] Ibid.
[xxiv] Department of Health and Human Services, « Aspartame : decision of the Public Board of Inquiry », Food and Drug Administration, docket n° 75F-0355, 30 septembre 1980.
[xxv] « Medical professor at Pennsylvania State is nominated to head Food and Drug Agency », The New York Times, 3 avril 1981.
[xxvi] Florence Graves, « How safe if your diet soft drink ? », Common Cause Magazine, juillet-août 1984.
[xxvii] « Food additives permitted for direct addition to food for human consumption : Aspartame », Federal Register, 8 juillet 1983, docket n° 82F-0305.
[xxviii] Lettre d’Adrian Gross au sénateur Howard M. Metzenbaum, 3 novembre 1987. C’est moi qui souligne.