A quand le débat public avec « Ryuujin »? (suite)

Suite de mon dialogue avec « Ryuujin »!

Ryuujin », s’il vous plait lisez mon livre et les posts de mon blog, et regardez mon film! Je ne peux pas passer mon temps à répéter ce que j’ai déjà dit et redit!

90% des OGM cultivés dans les champs appartiennent à Monsanto.

Ce sont des plantes pesticides : soit elles ont été manipulées pour résister aux épandages de roundup (70% soit pour produire une toxine insecticide (BT).

Les 10% restants cultivés dans les champs appartiennent effectivement à Syngenta ou Pioneer (lire l’extrait de mon mon livre ou je raconte les accords passés entre Pioneer et Monsanto), et sont aussi des plantes pesticides, principalement BT.
Comme je l’ai longuement expliqué la « technologie BT » a été découverte au même moment par plusieurs laboratoires , d’où une interminable guerre des brevets devant les tribunaux américains, à laquelle je consacre plusieurs pages dans mon livre…

Concernant les tests toxicologiques sur les OGM cultivés, désolée d’insister : aucun OGM n’a subi plus de trois mois de tests, et effectivement, comme je l’ai longuement développé sur ce Blog, à chaque fois les tests ont révélé des problèmes, l’exemple le plus inquiétant étant le maïs MON 863 (voir mes posts) et le MON 810 , dont le gouvernement a décidé de suspendre les cultures. Pourquoi à votre avis?
Tous vos posts confirment que vous n’avez même pas pris la peine de lire mon livre, ce qui est malhonnête, étant donné votre acharnement à me dénigrer.

EXTRAIT DE MON LIVRE (chapitre 9):

La course aux semences

S’il est effectivement une chose que l’on doit reconnaître à Robert Shapiro, c’est que le « visionnaire illuminé » se double d’un redoutable businessman, qui a su transformer en un temps record un géant de la chimie en un opérateur quasi monopolistique sur le marché international des semences.
Pourtant, la partie était loin d’être gagnée. Car lorsque, en 1993, l’équipe de Stephen Padgette tient enfin son soja Roundup ready, chez Monsanto, personne ne sait quoi en faire… Bien sûr, le premier réflexe, c’est de déposer un brevet sur le précieux gène, mais après ?
La firme de Saint-Louis n’est pas un semencier et la seule solution, c’est de vendre sa trouvaille à des « gens du métier ».
Dick Mahoney, le P-DG de l’époque, pense tout de suite à Pioneer Hi-Bred International, qui contrôle 20 % du marché américain des semences (40 % pour le maïs et 10 % pour le soja). Créée en 1926 à Des Moines (Iowa) par Henry Wallace (qui deviendra le vice-président des États-Unis de 1941 à 1945), la société est surtout connue pour avoir inventé les variétés hybrides de maïs qui ont fait sa fortune.
Le principe : au lieu de laisser le maïs se polliniser naturellement par voie aérienne, on force les plantes à s’autoféconder pour obtenir des lignées pures, avec des caractéristiques génétiques stables.
Le résultat, ce sont des « hybrides » qui permettent des rendements plus élevés, mais dont les graines sont quasiment stériles. Pour les semenciers, c’est une aubaine puisque, du coup, les agriculteurs sont obligés de racheter leurs semences tous les ans…
Cette technique d’hybridation ne fonctionne toutefois que pour les plantes dites « allogames », qui se reproduisent par la fécondation de l’ovule d’une plante par le pollen d’une autre plante, mais pas pour les plantes dites « autogames », comme le blé ou le soja, où chaque plante assure sa propre reproduction avec ses organes mâles et femelles internes. Nous verrons que ce « détail » n’échappera pas à Monsanto, qui le contournera par le système des brevets… Mais nous n’en sommes pas encore là.
En 2002, le journaliste américain Daniel Charles rapportera en détail l’étonnant feuilleton de la mutation de Monsanto au cours des années 1990, dans son livre déjà cité (voir supra, chapitre 7), Lords of the Harvest, feuilleton que je résume ici.
Lorsque Robert Shapiro, qui est alors chef de la division agricole de Monsanto, rencontre en 1993 Tom Urban, le patron de Pioneer Hi-Bred International, pour lui faire l’article sur son gène Roundup ready, il est reçu fraîchement :
« Félicitations !, ironise ce dernier. Vous avez un gène ! Nous en avons 50 000 ! Ce n’est pas vous qui tenez les clés du marché, mais nous ! C’est vous qui devriez payer pour avoir le droit de mettre votre gène dans nos variétés ! »

À l’époque, Shapiro n’a pas le choix : après des années de recherche à fonds perdus, la consigne de la maison, c’est de faire, enfin, entrer de l’argent. Un premier accord est signé avec Pioneer, qui accepte de payer, en une seule fois et pour solde de tout compte, 500 000 dollars pour pouvoir introduire le gène Roundup ready dans ses variétés de soja.
En revanche, s’inspirant de son succès avec Nutrasweet pour le Coca light, Robert Shapiro a obtenu que soit imprimé « Roundup ready » sur les sacs de semences. Mais au bout du compte, il n’y a pas de quoi fanfaronner : comme le souligne Daniel Charles, « le gène Roundup ready est devenu un véhicule pour que Monsanto vende plus d’herbicides, mais pas beaucoup plus ».

Commence alors une seconde négociation portant sur l’autre « caractéristique génétique », selon l’expression consacrée, que Monsanto possède alors en magasin : le gène Bt, pour lequel il y a urgence, puisque plusieurs firmes en revendiquent la paternité (ce qui entraînera une interminable guerre des brevets).
Cette fois-ci, l’OGM n’est pas associé à la vente d’un pesticide, puisque c’est le gène lui-même qui est un pesticide, conçu a priori pour tuer la pyrale du maïs, un parasite très fréquent de la céréale (j’y reviendrai). Robert Shapiro obtient donc d’être payé pour cette performance et décroche la somme forfaitaire et définitive de 38 millions de dollars.
Dans les deux cas, les sommes versées par le semencier de Des Moines se révéleront dérisoires au regard de l’immense succès que rencontreront immédiatement les deux types d’OGM, et principalement le soja Roundup ready.

Devenu P-DG de Monsanto en avril 1995, Shapiro essaiera de renégocier les deux accords, mais en vain…
« Dans l’histoire de l’agriculture, jamais une invention technique n’avait été adoptée aussi rapidement et avec autant d’enthousiasme », note Daniel Charles, qui rappelle que, dès 1996, le soja Roundup ready couvrait 400 000 hectares aux États-Unis, puis 3,6 millions en 1997 et 10 millions en 1998 .
Pour comprendre l’engouement que suscitent, dans un premier temps, les cultures Roundup ready, il faut se mettre dans la peau d’un farmer américain, comme John Hofman, le vice-président de l’Association américaine du soja, réputée proche de Monsanto.
En octobre 2006, au moment de la moisson, celui-ci m’a reçue sur son immense ferme de l’Iowa, dont il n’a pas voulu me communiquer la superficie.
« Avant d’utiliser la technique Roundup ready, m’explique-t-il au milieu d’une parcelle de soja transgénique de plusieurs dizaines d’hectares, je devais labourer la terre pour préparer les semis. Puis je devais appliquer plusieurs herbicides sélectifs pour venir à bout des mauvaises herbes au cours de la saison. Avant la moisson, je devais inspecter mes champs pour arracher les dernières mauvaises herbes à la main. Maintenant, je ne laboure plus mes champs : je pulvérise une première fois du Roundup, puis je sème directement dans les résidus de la récolte précédente. C’est ce qu’on appelle le “semis direct”, qui permet de réduire l’érosion du sol. Puis, au milieu de la saison, je fais une seconde application de Roundup, et ça suffit normalement jusqu’à la moisson. Le système Roundup ready me permet donc d’économiser du temps et de l’argent… »

Dès l’été 1995, des démonstrations sont organisées dans les plaines du Middle West, où affluent les farmers attirés par ces plantes au pouvoir étrange.
« Nous laissions les agriculteurs conduire eux-mêmes l’épandeur, raconte un négociant en semences, et puis ils allaient boire un pot et observaient les champs. C’était un spectacle formidable. […] Ils n’arrêtaient pas de regarder et ne pouvaient en croire leurs yeux. À la fin, ils voulaient tous en acheter . »
« C’était un phénomène incroyable, renchérit un autre négociant du Minnesota, et je pense que je ne reverrai jamais une chose pareille. Les agriculteurs auraient fait n’importe quoi pour se procurer les semences de soja Roundup ready. Ils achetaient tous les sacs disponibles . »

L’engouement pour le soja RR est tel que les principaux semenciers américains se ruent à Saint-Louis pour décrocher le gène magique. Mais Robert Shapiro a tiré les leçons de son expérience avec Pioneer Hi Bred. Désormais, c’est lui qui mène le jeu : pour obtenir le droit d’insérer le gène dans leurs variétés, les entreprises semencières doivent souscrire une licence, qui permet à Monsanto d’encaisser des royalties sur chaque semence transgénique vendue. De plus, Shapiro impose une clause qui sera dénoncée comme abusive par les instances réglementaires chargées de la concurrence : en signant leur contrat, les entreprises s’engagent à ce que 90 % des OGM résistants à un herbicide qu’elles vendront contiennent le gène Roundup ready . Une manière de faucher l’herbe sous le pied des concurrents de Monsanto, comme l’Allemand AgrEvo, qui dut renoncer à mettre sur le marché des OGM résistants à Liberty, un herbicide connu en Europe sous le nom de Basta, parce qu’il ne trouvait pas d’entreprises semencières partenaires.

Mais dès 1996, le P-DG de Monsanto change de stratégie : comprenant que pour assurer le maximum de bénéfices, il faut posséder les semences, il se lance dans un ambitieux programme d’acquisitions des entreprises semencières, qui bouleversera profondément les pratiques agricoles mondiales…
Pour atteindre ses objectifs, Robert Shapiro ne lésine par sur les moyens : il rachète pour un milliard de dollars Holden’s Foundation Seeds, très implantée sur le marché américain du maïs, dont les profits annuels ne dépassent guère quelques millions de dollars, faisant de son patron, Ron Holden, un « homme très riche du jour au lendemain ». Puis il acquiert en cascade de nombreuses sociétés : Asgrow Agronomics, le principal sélectionneur de soja des États-Unis ; Dekalb Genetics (pour un prix de 2,3 milliards de dollars), la deuxième compagnie semencière américaine et la neuvième mondiale, qui dispose de nombreuses succursales ou de joint-ventures notamment en Asie ; Corn States Hybrid Services (maïs) ; Custom Farm Seeds, Firm Line Seeds (Canada) ; les sélectionneurs britanniques Plant Breeding International et Unilever (blé) ; mais aussi Sementes Agroceres, leader sur le marché brésilien du maïs, Monsoy, numéro un brésilien pour le soja, Ciagro (Argentine), Mahyco, principal fournisseur des semences de coton en Inde, ainsi que Maharashtra Hybrid Seed Company, Eid Parry and Rallis, trois entreprises indiennes, la Sud-Africaine Sensako (blé, maïs, coton), National Seed Company (Malawi), Agro Sedd Corp (Philippines), sans oublier la division internationale de Cargill, le premier négociant de semences du monde, implantée en Asie, Afrique, Europe et Amérique du Sud et centrale, que Monsanto a rachetée pour 1,4 milliard de dollars.

En deux ans, Robert Shapiro a dépensé plus de huit milliards de dollars et fait de Monsanto la deuxième firme semencière du monde (derrière Pioneer) .
Pour financer ce coûteux programme d’acquisitions, il a vendu sa division chimique à Solutia, en 1997 (voir supra, chapitre 1). Mais cela n’a pas suffi : il a dû contracter un endettement record, soutenu par la Bourse de New York qui, à l’époque, croit toujours aux « promesses de la biotechnologie ». En 1995, le cours de l’action de Monsanto grimpe de 74 %, puis de 71 % en 1996. Les investisseurs suivent les yeux fermés le « gourou de Saint-Louis », jusqu’à ce faux pas de mars 1998 qui entame sa descente aux enfers….

FIN DE L’EXTRAIT

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