L’Allemagne interdit le MON 810

Un de plus!

Après le Luxembourg, l’Autriche, la Hongrie, la Grèce et la France, l’Allemagne vient d’interdire les cultures du MON 810!

J’ai donné, aujourd’hui, plusieurs interviews à des journaux et radios allemands, qui me poursuivaient dans mon Poitou natal, depuis qu’est tombée la nouvelle. La décision du ministère de l’agriculture est basée sur deux études d’impact environnemental qui prouvent ce que l’on savait déjà: les dangers que font courir le maïs insecticide aux insectes non cibles comme les papillons ou les coccinelles.

Sans oublier les risques sanitaires que peut entraîner l’ingestion d’une plante insecticide, qui n’ont toujours pas été sérieusement évalués, y compris par l’AFSSA, qui s’est contentée d’examiner le résumé d’une étude de trois mois, conduite par un laboratoire payé par Monsanto: le même laboratoire (dirigé par Bruce Hammond) auteur de l’étude ridicule de trois mois conduite sur des rats adultes nourris avec du soja roundup ready! (voir mon film et livre, ainsi que mon blog)

Je reviendrai très prochainement sur les moyens limités de l’AFSSA, dont on attend toujours qu’elle exige et rende publiques les données brutes de la fameuse étude censée prouver que le maïs MON810 est inoffensif…

Par ailleurs, j’invite les internautes à consuler le dossier publié par La Croix et intitulé « L’Argentine a aveuglément adopté le soja transgénique ».

Enfin, l’Association des avocats argentins pour l’environnement vient de m’envoyer un communiqué annonçant le dépôt d’un recours auprès de la Cour suprême de justice pour « suspendre la commercialisation, la vente et l’usage du glyphosate et de l’endosulfan sur tout le territoire national ».

Dans le communiqué, les avocats font état d’une étude réalisée par l’Université de médecine qui montre que l’exposition à ces deux pesticides « à des doses 1500 fois inférieures à celles utilisées lors des épandages sur les champs de soja transgénique » provoque  » des troubles intestinaux et cardiaques, des malformations et dysfonctionneents neurologiques ».

Le communiqué se termine par une injonction demandant au ministère de la Santé (dont j’ai rencontré un représentant lors de mon dernier voyage en Argentine) d’enquêter sur les « dégâts causés par le glyphosate sur tout le territoire de la République ».

Pour les hispanophones, voici l’intégralité du communiqué:

AAdeAA solicita a la CSJN que suspenda la comercialización, venta y aplicación del glifosato y del endosulfam en todo el territorio Nacional.

En el día de la fecha la “Asociación Argentina de Abogados Ambientalistas” (AAdeAA) inició una acción de amparo ante la Corte Suprema de Justicia de la Nación (CSJN), invocando su competencia originaria, y solicitó una serie de medidas en protección del ambiente y la salud de la población nacional ante las gravísimas y generalizadas consecuencias en los ecosistemas y la población por la utilización de estos agrotóxicos.
Recordamos que estas sustancias químicas se encuentran en la mayoría de los herbicidas y plaguicidas aplicados en el país y que son utilizados irracionalmente para la fumigación de los distintos sembradíos contaminando de manera indiscriminada poblaciones y ecosistemas.
Recientemente, el “Laboratorio de Embriología Molecular del Conicet- UBA (Facultad de Medicina), comprobó científicamente que, con dosis hasta mil quinientas veces inferiores a las utilizadas en las fumigaciones sojeras, se producían trastornos intestinales, cardíacos, malformaciones y alteraciones neuronales.
Los demandados son el Poder Ejecutivo Nacional y las provincias de Buenos Aires, Córdoba y Santa Fe. A la empresa Monsanto, principal comercializadora del herbicida en base a glifosato, se la cita como “tercera interesado” por ser la empresa que monopoliza la comercialización de dicha sustancia química.

En la acción expresamente se solicitó que:
Se ordene al PEN que en un plazo de tiempo no mayor a 180 días, se expida definitivamente la Comisión creada por Decreto Nacional 21/2009 (esta Comisión, creada en enero de este año, debería investigar la problemática, pero hasta a la fecha preocupantemente no ha tenido avances concretos).
Durante el transcurso de la investigación, y del resultado de la misma, como medida cautelar innovativa, se ordene la suspensión de la comercialización, venta y aplicación del glifosato y del endosulfam el todo el territorio Nacional para cualquier tipo del sembradío.-
Se ordene al Poder Ejecutivo Nacional para que a través del Ministerio de Salud de la Nación , se investiguen los daños causados con el glifosato en todo el territorio de la Republica.

Monsanto veut breveter les gènes d’une race de cochon!

Plusieurs internautes m’ont fait parvenir la pétition de la Fédération nationale d’agriculture d’Allemagne qui s’oppose à la demande de brevet déposée par Monsanto sur un gène d’une race allemande de porcs rustique, associé à une croissance et prise de poids plus rapides, lui permettant de toucher des royalties lors de toute utilisation de cette race dans des croisements.

Cette affaire illustre parfaitement la dérive que constitue le brevetage du vivant qui viole les critères d’obtention d’un brevet. Dans ce cas, Monsanto s’est contenté d’identifier et de décrire la fonction de ce gène , puis a déposé une demande de brevet , alors qu’en aucun cas la multinationale peut prétendre avoir inventé ce gène, qui est un élément du patrimoine génétique de la race porcine!

Si le brevet était accordé, Monsanto pourrait réclamer des royalties sur chaque porc contenant le fameux gène!

Pour les lecteurs qui veulent en savoir plus sur cette dérive du système général des brevets , je rappelle que j’ai consacré un film à cette question, disponible sur ce Blog: « Les pirates du vivant », dans la rubrique « Les films qui m’ont conduite à Monsanto ».

J’encourage donc les internautes à signer la pétition de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) pour relayer le message et mobiliser les citoyens !

Communiqué

Nous ne pouvons pas accepter cette privatisation du vivant. Nous avons, dès la semaine dernière envoyé un courrier d’opposition à ce brevet sur la vie. Nous demandons à tous ceux qui s’opposent à ce type de pratiques monstrueuses de faire de même et d’envoyer par la poste, impérativement avant le 10 avril, sa déclaration de refus à l’association allemande « Kein Patent auf Leben » qui transmettra à l’Office européen des brevets l’ensemble des signatures.

Naturland (association allemande de producteurs bio) nous a récemment alertés d’un brevet sur une race allemande de porcs possédant un gène d’intérêt agronomique, accordé à la firme américaine Monsanto. L’Office Européen des brevets a en effet octroyé, le 16 juillet 2008, un brevet pour l’élevage de porcs (brevet N° EP 165 1777) à la multinationale Monsanto. L’association des paysans bio allemands, qui a déjà fait opposition, souhaite que tous soutiennent cette démarche. La date limite du dépôt est le 15 avril 2009.

Le brevet en question permettrait à Monsanto de toucher des royalties sur tout croisement utilisant cette race de porcs rustique, qui a donc sa place en élevage biologique. La raison principale pour faire opposition est d’ordre éthique : le brevet ne se base pas sur une invention mais vise, au contraire, la maîtrise de la production des denrées alimentaires. Ce brevet aura des conséquences importantes en matière de dépendance des éleveurs et des consommateurs.

La FNAB a la semaine dernière envoyé sa lettre d’opposition. Elle a appelé ses groupements régionaux et départementaux à faire de même, ainsi que tous les producteurs bio et leurs consommateurs. Mais plus largement, nous sommes tous concernés par ces brevets sur le vivant : alors réagissez et manifestez votre refus de telles pratiques avant le 10 avril à l’association allemande qui s’est chargée de collecter les lettres d’opposition.

La lettre d’opposition doit être envoyée auprès de « Kein Patent auf Leben », Frohschammerstr. 14, D-80807 Munich (Allemagne). Pour copier la lettre type :

* En allemand : http://www.keinpatent.de/index.php ?id=90

* En anglais : http://www.no-patents-on-seeds.org/images/documents/opposition_pig_patent_eng.pdf

Révélations en Argentine

Les choses bougent en Argentine! Il y a tout juste un an, au moment où j’étais citée comme témoin lors d’un procès contre les généraux de la dictature à Corrientes (voir ce Blog), je remettais un exemplaire de mon film et livre sur Monsanto , qui venaient tout juste de sortir en France, à Horacio Verbitsky, l’un des journalistes les plus renommés du pays. Il a écrit un premier papier sur les méfaits des cultures roundup ready dans Página 12, qui a déclenché -enfin!- l’intérêt des journalistes argentins anesthésiés par les retombées de la crise financière « et bien d’autres problèmes », comme m’avait dit Horacio. Puis, il a passé le dossier à Darío Aranda, qui, depuis, a mené l’enquête et publié une dizaine d’articles que j’ai cités sur mon Blog.

Dimanche dernier, Horacio Verbitsky a publié des révélations qui expliquent comment Monsanto a pu introduire son soja roundup ready en Argentine. J’invite les hispanophones à lire ce papier très fouillé.

Pour les non hispanophones, je résume l’essentiel de l’article. Je rappelle, d’abord, qu’au moment où Monsanto essaie de s’introduire en Argentine, le pays est dirigé par Carlos Meném, qui s’est ensuite réfugié au Chili, pour échapper à des poursuites pour corruption et trafic d’armes… Dans mon livre, je raconte comment Clarin, le grand quotidien argentin, qui tire à quelque 800 OOO exemplaires, mène une véritable propagande en faveur des cultures transgéniques, depuis leur lancement en 1996. C’est particulièrement vrai pour son supplément Clarín Rural, dirigé par un certain Héctor Huergo , qui pour la petite histoire, a refusé catégoriquement de me rencontrer lors de mon dernier voyage en Argentine. Et pour cause!

Voici ce que révèle Horacio Verbitsky: agronome de formation, Huergo est entré à Clarín en 1971. De février à novembre 1994 – au moment où Monsanto établit les premiers contacts en Argentine, il a laissé le « journalisme » pour diriger l’Institut national de technologie agricole (INTA) , l’équivalent de l’INRA, qui depuis des décennies conduisait la recherche publique pour le développement de variétés végétales « améliorées ». Un patrimoine national financé avec les deniers des contribuables . Sa mission fut courte, mais efficace, comme le rapporte Alberto Lapollan, agronome et historien, témoin des faits:

« A cette époque, Hurgo était l’homme de Monsanto. Il a déstructuré l’INTA, en livrant le capital génétique stratégique pour le pays aux entreprises privées comme Monsanto et Nidera (NDR: l’entreprise semencière à qui Monsanto vendra une licence pour la vente des semences transgéniques) et en leur permettant l’accès aux , archives secrètes de l’INTA dont les équipes de recherche ont été achetées par ces entreprises. Cela a permis à Monsanto de créer le soja Roundup ready sur la base de variétés de soja développées en Argentine pour les sols du pays. Tous ceux qui n’étaient pas d’accord ont été licenciés ».

Le deuxième homme de Monsanto c’était Felipe Solá, secrétaire à l’agriculture, qui, le 3 avril 1996, a signé l’autorisation de commercialiser les semences transgéniques « tolérante à l’herbicide glyphosate ». Sans aucun débat parlementaire, ni essai , ni loi encadrant les cultures transgéniques!

Entre-temps, Héctor Huergo était retourné à Clarín Rural pour faire la propagande de Monsanto. Réputé pour mener un « grand train de vie » , Huergo est lui même producteur de soja et dirige la fédération des agrocarburants!

Cette histoire rappelle étrangement ce qui s’est passé récemment en Indonésie où, comme je le révèle dans mon livre, Monsanto a été condamné pour corruption: la multinationale avait arrosé une centaine de hauts fonctionnaires pour introduire son coton BT…

Par ailleurs, lorsque j’étais en Argentine, j’ai été contactée par Eugenia Lagone, journaliste au journal Capital de Rosario (Rosario est la capitale de l’empire transgénique). Elle m’avait entendue sur Radio nacional parler de l’étude publiée par l’hôpital italien de Rosario sur les multiples maladies et malformations congénitales , enregistrées par l’équipe du Docteur Alejandro Oliva, qui dirige l’Unité de médecine environnementale et de santé reproductive de l’hôpital. Curieusement, la journaliste n’était pas informée de l’étude, publiée l’année dernière (que j’ai citée sur mon Blog). N’ayant pas le temps de répondre à ses questions (j’étais sur le point de m’envoler pour le Chili), je lui ai conseillé de contacter le Dr. Oliva. Ce qu’elle a fait. Voici son article très détaillé, ainsi que la réaction du ministre de la Santé de la province, Miguel Capiello qui cite mon livre:

www.lacapital.com.ar//contenidos/2009/04/05/noticia_0001.html

www.lacapital.com.ar/ed_impresa/2009/4/edicion_166/contenidos/noticia_5491.html

www.pagina12.com.ar/imprimir/diario/suplementos/rosario/10-18026-2009-04-07.html

Pour les lecteurs non hispanophones, je synthétise (de nouveau!) l’essentiel de l’étude, qui met en cause les PCB de Monsanto et le roundup ( à savoir le glyphosate, et surtout les surfactants qui composent le produit final). Il est intéressant de noter que les habitants des quartiers concernés par l’étude ont la malchance d’être exposés à un « cocktail » hautement toxique: les PCB, accumulés dans des décharges et les épandages aériens de roundup sur les champs de soja transgénique tout proches.

L’étude montre que l’incidence des malformatiosn congénitales chez les enfants est dix fois supérieure à celle enregistrée dans le reste de l’Amérique latine. Parmi elles: la criptorquidie (absence des testicules dans le scrotum, empêchant celles-ci de descendre) et l’hipospadias (malformation de l’urètre qui ne se prolonge pas jusqu’à la fin du pénis). Un phénomène déjà constaté par le Dr. Darío Gianfelici dans la province d’Entre Rios, aussi très exposée aux épandages du poison de Monsanto (voir mon livre).

Les scientifiques de l’hôpital de Rosario ont aussi constaté une explosion des cancers hormono-dépendants (cancer des testicules et des ovaires).

Je rappelle que les PCB et le roundup sont des perturbateurs endocriniens qui perturbent les systèmes hormonaux, ainsi que le prouvent de nombreuses études.

Ma visite au Chili et au Paraguay (suite)

Photos:

– 1 et 2: Avant la projection à Guayaibi, dans le département de San Pedro, les participants chantent l’hymne national, après avoir rappelé la crise politique que traverse le pays, menacé par l’intervention du secteur agroexportateur. A gauche (lunettes et moustache), le ministre Camilo Soares.

– 3 et 4: projection du film devant 3OO étudiants en agronomie à Cironel Oviedo.

A ma droite Jorge Galeano, président du Movimiento Agrario Popular qui est dans mon film. Le MAS fut l’un des soutiens très actifs à l’élection du président Lugo.

– 5: un élu de Guayaibi me remet la « clé de la ville » qui me consacre « citoyenne d’honneur de la ville ».

Monsanto crée un Blog pour contrer l’impact de mon enquête!

Monsanto vient de lancer un « Blog » intitulé « Monsanto according to Monsanto« !

Lorsqu’on clique sur « Why a Monsanto Blog? », on apprend que ce blog est un « spoof », un plagiat censé contrer mon film et livre « Le monde selon Monsanto »!!

Voici ce que l’on peut lire:

This blog will address issues related to Monsanto, our business, and technology in agriculture.

The title Monsanto According to Monsanto is a spoof of The World According to Monsanto, a horribly biased documentary which portrays Monsanto in a very negative light. Aside from the shoddy journalism, we at Monsanto found it incredibly arrogant that the filmmaker would present her own twisted view of Monsanto as the company’s view of the world.

If anyone should speak to Monsanto’s vision of the world, it’s those of us who come to work here every day and collectively make this company what it is. This is the main reason for this blog.

Quel honneur!

Cela n’empêche pas la chaîne canadienne Canal D de rediffuser mon film ce soir même!