A quelques heures de prendre mon avion pour rentrer du Pérou, je ne peux m’empêcher de répondre à « GPF », l’un de mes détracteurs personnels (lire son commentaire concernant mon message précédent). Je suis toujours impressionnée par l’arrogance et le mépris face à la souffrance humaine affichés sans aucun état d’âme par les défenseurs du modèle transgénique.
Les nombreux articles publiés récemment par Pagina 12 en Argentine dénoncent précisément l’usage massif de roundup ou glyphosate comme source d’empoisonnement des populations. Il suffit de taper « roundup » sur le site du journal pour le vérifier.
Si la présidente Christina Kirchner a décidé (enfin) de se mobiliser (alors que son gouvernement vit largement des exportations de soja) c’est que les données relevées par les différents services de l’Etat mais aussi par des médecins sont proprement alarmantes. Le martyr vécu par le barrio de Ituzaino à Cordoba, régulièrement empoisonné par les épandages aériens de glyphosate, est parfaitement documenté: sur 5OOO habitants, 200 présentent des cancers, dont de nombreux enfants, sans parler des malformations à la naissance, épilepsie, problèmes de peau, etc.
Voilà pourquoi le juge Carlos Matheu vient de prendre une décision, qui, d’avis général, fera jurisprudence, interdisant les épandages du poison de Monsanto à moins de 1500 mètres des lieux d’habitation.
J’invite « GPF » l’anonyme à m’accompagner fin mars lors de ma tournée argentine, pour qu’à l’instar de Saint Thomas, il puisse voir de ses propres yeux. Car c’est très facile de mépriser la souffrance des autres en restant assis dans son gentil appartement parisien. Si cela ne suffit pas, je suis prête à lui louer une petite maison au milieu des champs de soja pour voir combien de temps il tiendra.
Je rappelle, en tout cas, que lorsque je suis partie filmer en Argentine et en Paraguay, mon producteur a consulté le ministère de la Santé français: celui-ci a recommandé de porter une combinaison de protection, un masque et des bottes spéciales au moment du tournage des épandages de roundup. Ce que j’ai fait avec mon équipe, car je n’avais pas envie de « déclencher un cancer dans vingt ou trente ans », pour reprendre les termes du Pr. Robert Bellé, qui m’avait dit qu' »une seule goutte de roundup pouvait affecter le mécanisme de contrôle de la division cellulaire ».
Comment GPF peut-il honnêtement ( sauf , bien sûr, s’il est payé par Monsanto et consorts pour distiller leur propagande) défendre un tel modèle agricole???
J’en profite pour remettre en ligne mon reportage « Argentine: le soja de la faim », diffusé sur ARTE en 2005, et dont j’ai remis une copie aux représentants de vingt organisations paysannes qui participaient au séminaire de Lima et vont le diffuser dans tout le pays.