Les PCB : Monsanto savait
« Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un dollar de vente ». ( document déclassifié de Monsanto intitulé « pollution letter » du 16 février 1970 )
Lancés sur le marché dans les années 1930 par Monsanto, les « polychlorobiphénils » – ou PCB – sont des dérivés chimiques chlorés, présentant des propriétés remarquables en matière d’isolation électrique. Entre 1930 et le début des années 80, on estime que 1500 000 tonnes de PCB ont été produites pour des applications dans les transformateurs électriques et les appareils hydrauliques industriels.
Aux Etats Unis, ils étaient commercialisés sous le nom d’aroclor, et en France de pyralène.
Récemment, les autorités françaises ont interdit la pêche des poissons dans le Rhône et ses affluents, car elles ont « découvert » que les sédiments des fleuves étaient contaminés par les PCB…
Les PCB ont été interdits à la fin des années 1970, mais ils continuent de polluer massivement la planète, car leur stabilité si utile dans les applications industrielles, les rend difficilement biodégradables. Solubles dans les graisses, ils se retrouvent aujourd’hui dans toute la chaîne alimentaire (des fonds marins à l’homme).
Les PCB sont hautement toxiques et provoquent notamment de graves désordres immunitaires (troubles du développement fœtal et de la reproduction), et des cancers.
Ainsi que le prouvent des documents internes de l’ entreprise, aujourd’hui déclassifiés, Monsanto le savait parfaitement mais a caché le résultat de ses études jusqu’en 1975.
(Tous ces documents ont été mis en ligne par le Environmental Working Group de Washington:
www.chemicalindustryarchives.org/dirtysecrets/annistonindepth/toxicity.asp)
Le symbole de cette omerta criminelle est la ville d’Anniston (Alabama) où une usine de Monsanto fabriqua des PCB de 1935 à 1971
Pendant plusieurs décennies, la firme déchargea ses déchets dans des rivières proches de la ville ainsi que dans des décharges à ciel ouvert.
En 2002, quelque 20 000 habitants de la ville obtinrent 700 millions de dollars de dommages et intérêts dans un règlement collectif qui prévoit notamment la dépollution du site et la construction d’un hôpital spécialisé pour soigner les nombreux malades de la ville.
Pour mon film, je me suis rendue dans la « ville fantôme » d’ Anniston, selon le mot de David Baker, qui dirige le collectif « Community against pollution »; j’ai aussi rencontré le Pr. David Carpenter, professeur de santé environnementale à l ‘Université d’ Albany, l’un des experts mondiaux des PCB, et Ken Cook, le président du «Environmental Working Group » qui a mis les documents de Monsanto en ligne.
Photos:
Avec David Baker devant l’usine de Monsanto (aujourd’hui Solutia) à Anniston.
Avec un malade d’Anniston