Je craignais le pire, mais finalement j’ai de la chance : alors que la température affichait -20° la semaine dernière à Montréal, le thermomètre oscille autour de zéro depuis que je suis arrivée dans la ville enneigée il y a tout juste cinq jours. Je suis invitée par Stanké, mon éditeur canadien, qui après Le monde selon Monsanto et Notre poison quotidien, publie Les moissons du futur. La sortie en librairie coïncide avec la diffusion du film sur Télé Québec, qui a décidé de le passer en deux parties. J’avoue que cette décision ne m’a pas réjouie, car le documentaire constitue un tout et je ne l’ai pas conçu pour qu’il soit coupé en deux épisodes. « Nous voulons que le film passe en prime time et nous n’avons pas de case de 90 minutes à cette heure là », m’ont expliqué les représentants de Télé Québec, qui l’ont effectivement programmé à 20 heures, dans la case « Planète Science », les lundi 11 et 18 février.
En attendant, l’avant-première organisée, lundi 11 février, à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a fait salle comble : 400 personnes, et des dizaines qui n’ont pas pu réserver !
Pendant quatre jours, j’ai enchaîné les interviews avec les principaux médias de Montréal et de Québec.
Ici avec Catherine Perrin , sur la première chaîne de Radio Canada
Ou encore avec Isabelle Maréchal, sur 98,5 FM
Ou encore avec Claude Bernatchez sur Radio Canada (à Québec):
Ou encore avec Isabelle Maher, du Journal de Montréal :
Ou encore avec Benoît Perron, dans son émission « Zone de résistance » du 12 février :
http://www.cism.umontreal.ca/show_details.php?sID=335
Comme il se doit, mon livre suscite des réactions parfois contrastées, notamment chez les climato-sceptiques, tel Rémy Charest, blogueur au Journal de Québec, qui a manifestement été « gêné » par mon premier chapitre, où je fais le point – publications scientifiques à l’appui- sur les effets – déjà à l’œuvre et annoncés- du réchauffement climatique, ce qu’il appelle du « catastrophisme ».
Quant à l’argument selon lequel « aujourd’hui beaucoup plus de gens mangent à leur faim qu’il y a vingt ans », il repose sur des chiffres fluctuants et difficilement vérifiables : au moment où j’écrivais mon livre, la FAO affirmait que 925 millions de personnes souffraient de la faim dans le monde (chiffres de 2010) ; un an plus tard, ils n’étaient plus « que » 868 millions. Quoiqu’il en soit, et n’en déplaise au sieur Charest, l’ « épicurien » qui « mange et boit » – je m’en réjouis pour lui- le fait qu’aujourd’hui une personne sur huit ne mange pas à sa faim, alors que la production alimentaire permettrait de nourrir « douze à quatorze milliards d’êtres humains», ainsi que me l’a dit Ulrich Hoffmann (ONU) prouve s’il en était besoin que le modèle agroalimentaire actuel ne fonctionne pas … Pourquoi ? C’est précisément ce que j’essaie de comprendre dans mon livre où j’épingle effectivement l’échec patent de la « révolution verte », qui malgré les sommes colossales englouties pour promouvoir ses techniques n’est pas parvenue à nourrir le monde, loin s’en faut… Mon enquête montre, au contraire, que si nous ne sommes pas parvenus à réduire de manière significative le nombre d’êtres humains qui ne mangent pas à leur faim, c’est précisément à cause du modèle agronomique et économique qu’incarnent les pesticides.
Du papier de mon confrère québécois, je retiens surtout qu’il a été convaincu par les expériences agroécologiques que j’ai découvertes sur les quatre continents. Son enthousiasme pour cette « agriculture autrement » qui dessine un « monde meilleur », en « agissant champ par champ, culture par culture » fait écho à celui que je rencontre après la projection de mon film.
Un exemple : Château-Gontier (Mayenne) où j’étais le 16 janvier. La soirée a failli tourné à l’émeute, car une centaine de personnes n’ont pas pu pénétrer dans le cinéma, faute de place : la jauge était de 200 ! « La dernière fois que j’ai vu autant de monde, c’était pour Les intouchables ! » m’a dit la responsable du cinéma ! Ce soir là, l’organisateur de la soirée a posé une question au public : « Si vous deviez résumer le film en un mot, quel serait-il ? »
Les réponses ont tout de suite fusé, mais prise par surprise, je n’ai pu filmer que la fin avec mon I Phone:
Le lendemain, la même question fut posée au public de Beaumont sur Sarthe qui s’est aussi prêté au petit jeu :
Pour finir, je voudrais rendre hommage à Eric Dauzon, un professeur de français qui était présent à la projection des Moissons du futur à Château Gontier. Ce fut une rencontre très émouvante… Il m’a raconté, en effet, qu’il avait vu et lu Notre poison quotidien et cela l’avait aidé à affronter la maladie de son épouse, atteinte d’un cancer du sein. Poète et écrivain, Eric Dauzon a conçu de cette expérience un magnifique livre illustré pour enfants qu’il a réalisé avec l’illustratrice Anne Claire Macé.
Baptisé La princesse est malade!, l’ouvrage raconte l’histoire d’une princesse empoisonnée par une … pomme que ses proches vont sauver avec beaucoup d’amour et de produits naturels. Un magnifique conte qui permet de sensibiliser les enfants aux dangers des produits chimiques mais aussi d’aborder le douloureux sujet de la maladie d’une maman ou d’un papa, avec un message d’espoir: La princesse, bien sûr, sera guérie…