Amy (Canada): L’agriculture urbaine transforme les villes

Ex-directrice artistique, elle a tout plaqué pour rejoindre Fresh City Farms, la ferme urbaine coopérative créée par un ancien avocat à la Bourse de New York. Elle a abandonné son train de vie, mais elle y a gagné un « métier d’avenir » : maraîchère.

Plus d’informations sur l’agriculture urbaine :

Les photos de ce portrait vidéo sont l’oeuvre de Josué Bertolino

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Sofia Gatica molestée et arrêtée par la police

Alors que je suis en tournage au Népal, je viens d’apprendre que Sofia Gatica a été maltraitée par la police, puis arrêtée, après une manifestation sur le site de CórdobaMonsanto veut installer la plus grande usine de roundup du monde. 

Je reproduis ci-dessous le billet que j’avais écrit sur mon Blog le 20 août 2012 où je relate l’histoire exemplaire de cette femme qui s’est battue contre l’empoisonnement de son quartier, situé au coeur des champs de soja transgénique.

J’avais reçu Sofía chez moi en juin dernier, lorsqu’elle était venue présenter son combat à l’UNESCO.

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L’histoire de Sofía

Monsanto, encore et toujours. La firme vient d’essuyer un beau désaveu en Argentine, où Sofia Gatica, une mère de famille très courageuse vient de recevoir le prestigieux prix Goldman, pour le combat qu’elle mène depuis des années contre les épandages de roundup sur les champs de soja transgéniques qui jouxtent son quartier d’habitation.

http://www.goldmanprize.org/recipient/sofia-gatica

J’avais raconté le drame de Sofia Gatica et de celles qu’on appelle les « mères de Ituzaingó», du nom du quartier qu’elles habitent dans la banlieue de Córdoba, dans mon livre Le monde selon Monsanto.

Puis, en mars 2009, j’avais rencontré Sofia Gatica (ci-dessous à ma gauche) lors de deux conférences que j’avais données en Argentine sur le désastre environnemental et sanitaire du modèle transgénique (voir photos ci-dessous).

L’histoire de Sofia est exemplaire. Rien ne préparait, en effet, cette  mère de famille à incarner la lutte contre les OGM de Monsanto. Au début des années 2000, Sofia perd unepetite fille peu après sa naissance, qui souffre d’un dysfonctionnement grave des reins. Désireuse de comprendre à quoi peut être due cette malformation congénitale très rare, Sofia commence à faire du porte à porte dans son quartier, entouré de champs de soja transgénique, arrosé plusieurs fois par an de roundup, le sinistre herbicide de Monsanto.

Sofia découvre que de nombreuses familles ont des problèmes de santé récurrents qui sont survenus après l’introduction des OGM en Argentine. Avec seize autres mères de famille, elle fonde l’association des « mères de Ituzaingó », qui mène une véritable enquête épidémiologique. Elle découvre ainsi que dans le quartier le taux de cancer est quarante-et-un fois supérieur à la moyenne nationale, et que l’incidence des troubles neurologiques, des malformations congénitales, ou des  morts foetales y est exceptionnellement élevée.

Commence alors un difficile combat pour que les autorités acceptent simplement de s’intéresser à ce drame humain, et au-delà au désastre qu’entraînent les cultures transgéniques pour l’environnement et les populations qui vivent à proximité des OGM :Sofia a été plusieurs fois menacée de mort par ceux qui profitent des OGM de Monsanto.

Lors de la conférence que j’avais donnée à la Bibliothèque nationale de Buenos Aires, je me souviens que l’Association des avocats environnementalistes d’Argentine m’avait annoncé qu’elle allait se baser sur les nombreuses révélations du Monde selon Monsantopour assister les riverains qui voulaient porter plainte contre les épandages de roundup.

De mon côté, j’avais rencontré Alberto Hernandez, le secrétaire d’Etat à l’agriculture à qui j’avais remis un exemplaire de mon livre.

C’est ainsi qu’en 2009, puis en 2010, plusieurs juges ont pris des arrêtés interdisant l’épandage des poisons agricoles à moins de 1500 mètres des habitations.

Et puis, en juin dernier, s’est ouvert le premier procès argentin contre les épandages de pesticides à proximité des zones résidentielles.

Deux grands « sojeros » (producteurs de soja transgénique) sont accusés d’avoir commandité l’épandage aérien de glyphosate (la substance active du roundup) et d’endosulfan au-dessus de champs d’OGM proches du quartier d’Ituzaingó. J’ai été invitée à participer à ce procès comme témoin, mais j’ai dû malheureusement décliner en raison du tournage de mon film  Les moissons du futur , qui  montre  que ce sont les pesticides et OGM- et précisément le modèle agronomique et économique qu’ils incarnent- qui affament le monde

En d’autres termes : si on veut nourrir le monde, il faut de toute urgence interdire les poisons chimiques – pesticides et OGM – en développant des techniques agroécologiques, respectueuses des ressources naturelles, moins gourmandes en énergies fossiles et eau, captatrices de dioxyde de carbone et non plus émettrices de gaz à effet de serre comme l’est aujourd’hui l’agriculture chimique, et surtout saines pour l’environnement et les humains.

 

La maison brûle: l’appel d’Alternatiba

« Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs » , avait déclaré le président Jacques Chirac le 2 septembre 2002, lors du Sommet de la Terre de Johannesburg (Afrique du Sud). Douze ans plus tard, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) confirme que la planète va très, très mal, et que si nous ne réagissons pas au plus vite la « maison » ne sera bientôt plus qu’un tas de cendres…

Vendredi dernier, les 259 auteurs du GIEC ont publié, à Stockholm, un rapport de 2000 pages qui   accumule les mauvaises nouvelles et indique que nous sommes sur la voie du pire scénario.

 « L’atmosphère et les océans se sont réchauffés, les quantités de neige et de glace ont diminué, le niveau des océans a monté et les concentrations en gaz à effet de serre ont augmenté », résument les experts, qui précisent que « le Groenland a perdu environ 215 milliards de tonnes de glace par an entre 2002 et 2011, et l’Antarctique 147 », que la « hausse du niveau marin est de 3,2mm par an depuis 1993 » et que « la teneur de  l’air en gaz à effet de serre continue d’augmenter à un niveau sans précédent depuis au moins 800 000 ans ».

Bref, la planète est en état d’urgence… et pourtant rien ne se passe.

Dans les médias l’information n’a pas fait la Une, alors qu’elle aurait dû être traitée comme les attentats du 11 septembre, en mobilisant les antennes et journaux sans interruption, qui auraient dû interpeler les politiques sans relâche…

Devant cette inertie, je vous invite à rejoindre l’appel d’Alternatiba, qui a été publié dans Libération  du 27 septembre et que j’ai signé, et à participer à la grande journée de mobilisation citoyenne pour le climat le dimanche 6 octobre, à Bayonne (voir ci-dessous). Je ne pourrai malheureusement pas y participer car je suis actuellement en tournage au Népal où je filme le programme d’énergies renouvelables développé par ce pays qui pourrait être englouti par la fonte des glaciers de l’Himalaya, ainsi que me l’a expliqué l’un des responsables du Alternative Energy Promotion Center de Kathmandu. 

Lors de la journée du 6 octobre, quelque 150 associations présenteront des initiatives qui permettent de lutter contre le réchauffement climatique ou de développer de la résilience face aux chocs qui nous attendent dans les prochaines années. 

C’est aussi le sujet de mon prochain film et livre, baptisé provisoirement Sacrée Croissance, dont vous pouvez soutenir la production en pré-achetant le DVD:

http://www.m2rfilms.com/crbst_7.html

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Mensaje para mis amigos colombianos

Pongo a disposición de mis amigos colombianos y sudamericanos el capítulo que dedique al Tratado de Libre Commercio de America del Norte (TLCAN) en mi libro Las Cosechas del Futuro, donde demuestro que la agroecología podría alimentar al mundo, mucho mejor que la agricultura industrial, basada en las llamadas « semillas certificadas ».  Junto con el libro que salió recién en España y saldrá pronto en la Argentina, hice un documental que también existe en español.

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Además del documental y libro Las cosechas del futuro, hice un reportage de 26 minutos exclusivamente sobre las consecuencias dramáticas del TLCAN sobre los campesinos mexicanos y la soberania alimentaria de Mexico. Llamado Los deportados del libre comercio, este reportage se puede ver en mi sitio Web, pero en francès!

http://www.mariemoniquerobin.com/deportesdulibreechangeextrait.html

También se puede ver un corto trailer del mismo (en español):

http://www.m2rfilms.com/crbst_17.html

Recuerdo también que mi documental y libro El mundo según Monsanto que direon y siguen dando la vuelta del norte al sur del planeta pueden ser de un gran apoyo para entender como las multinacionales agroindustriales tratan de apoderarse de la cadena alimentaria a través de las semillas, para controlar los pueblos:

http://www.youtube.com/watch?v=LdIkq6ecQGw

http://www.oceano.mx/obras/el-mundo-segun-monsanto-7643.aspx

EL « LIBRE COMERCIO » MATA DE HAMBRE A MEXICO

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            “Hoy Estados Unidos, México y Canadá se embarcan juntos en una empresa extraordinaria. Vamos a crear el mercado más grande, más rico y más productivo de mundo, un mercado de 6.000 millones de dólares y 360 millones de personas. […] El Tratado de Libre Comercio de América del Norte va a crear nuevos empleos con buenos salarios en los tres países porque un mercado abierto estimula el crecimiento y crea nuevos productos a precios competitivos. […] El libre comercio es el camino del futuro”. El presidente George W. Bush pronunciaba estas exaltadas palabras el 7 de octubre de 1992 en San Antonio, Texas, feudo del presidente. Aquel día había invitado a sus homólogos canadiense, Brian Mulroney, y mexicano, Carlos Salinas de Gortari, a una gran fiesta a la altura del reto: la firma del Tratado de Libre Comercio de América del Norte (TLCAN), que preveía la libre circulación de bienes y servicios, incluidos los productos agrícolas, entre los tres países de la zona.

El Tratado de Libre Comercio de América del Norte: ¿un “buen negocio”?

 

            Sin querer disgustar a nuestros amigos canadienses, pasaré por alto la alocución de su primer ministro para centrarme en la del presidente mexicano que en ese momento estaba a punto de embarcar a su país por un camino catastrófico. Vestido con un traje azul parecía muy pequeño al lado de sus dos vecinos del norte, casi como una pieza añadida que se incorpora en el último momento a la foto de familia. Parece que esta fue también la impresión de mis colegas de Associated Press que cubrieron el acontecimiento. Cuando consulté sus rushes (las imágenes brutas) descubrí que habían filmado muy poco del discurso de Carlos Salinas de Gortari y preferido hacer planos de recurso de Bush y  Mulroney mientras él hablaba. Por ello, cuando en enero de 2012 quise montar el reportaje sobre el TLCAN1 que había hecho para Arte tuve que recurrir a la televisión mexicana para obtener el discurso de su presidente hablando con el sonido y la imagen. No es una anécdota anodina puesto que dice mucho de lo que se estaba preparando aquel 7 de octubre de 1992: la imposición a la economía mexicana del dominio absoluto por parte de la primera potencia del mundo.

            “Con el tratado de libre comercio nuestros pueblos toman nota de las nuevas condiciones de la economía mundial”, declaró con un tono monocorde Carlos Salinas. “[…] El tratado permitirá a los productores hacer economías de escala aprovechando las ventajas comparativas de cada una de nuestras economías. Favorecerá el crecimiento económico de México […] y provocará un aumento de la productividad y mejores salarios para los trabajadores. ¡Gracias al TLCAN, todos salimos ganando!”.

            Siguen unas imágenes en las que se ve a los tres dirigentes estampando su firma en unos voluminosos libros encuadernados en cuero que contienen las miles de páginas del documento. Pero el negocio todavía no era cosa hecha ya que los tres parlamentos nacionales tenían que aprobar el TLCAN para que pudiera entrar el vigor. En Estados Unidos fue donde la batalla fue más dura. Se ocupó de ella el demócrata Bill Clinton, que había ganado las elecciones al republicano Bush un mes después de la firma de San Antonio y resultó ser un defensor a ultranza del “libre comercio”. Así,  el 14 de septiembre organizó una suntuosa ceremonia en la Casa Blanca. Para esta ocasión excepcional invitó a sus tres predecesores, Gerald Ford, Jimmy Carter y George W. Bush. Y es que era el momento de la unión nacional: para convencer al Congreso de que ratificara el TLCAN la administración Clinton había tenido que negociar la adición de tres acuerdos anexos referentes al respeto al medio ambiente, al derecho de los trabajadores, a la seguridad en el trabajo y al derecho infantil, dominios en los que se concentraban las críticas de los opositores al TLCAN tanto en el campo demócrata como en el republicano, sin olvidar a las organizaciones de la sociedad civil o a los sindicatos. Lo que sucedió demostrará que no se equivocaban y los tres acuerdos anexos no cambiaron gran cosa.

            “Transmitiré el conjunto de los acuerdos al Congreso para su aprobación”, explicó Bill Clinton después de dar calurosamente las gracias a George Bush, que “ha contribuido enormemente a las negociaciones por el TLCAN”. “Aunque el combate puede ser difícil, estoy profundamente convencido de que podemos ganar”, prosiguió. “En primer lugar, porque el TLCAN significa empleos estadounidenses bien pagados. De no ser así yo no apoyaría este tratado. Estoy convencido de que el TLCAN creará un millón de empleos en los cinco años siguientes a su entrada en vigor.  […] El TLCAN creará estos empleos promoviendo un boom de las exportaciones a México, suprimiendo las tasas aduaneras que la administración del presidente Salinas ya ha reducido, pero que siguen siendo más altas que las tasas estadounidenses. […] Esto significa que se va a poder eliminar más rápidamente la diferencia que existe entre los niveles de salarios de nuestros dos países. Y a medida que los beneficios del crecimiento económico irriguen México y beneficien a las personas que trabajan, ¿qué ocurrirá? Estas tendrán más ingresos disponibles para comprar productos estadounidenses y habrá menos inmigración ilegal porque los mexicanos serán capaces de mantener a sus hijos quedándose en casa”.

            Tras una salva de aplausos el presidente estadounidenses concluyó con el énfasis de los grandes momentos: “Podemos ganar. No es el momento del derrotismo. […] En un mundo imperfecto tenemos la posibilidad de avanzar y de crear un futuro que vale la pena para nuestros hijos y nuestros nietos, digno de la herencia de Estados Unidos y conforme a lo que hicimos al final de la Segunda Guerra Mundial. Debemos crear una nueva economía mundial. […] Es la ocasión de dar un nuevo impulso a la libertad y a la democracia en América Latina, y de crear empleo en Estados Unidos. Es un buen negocio y debemos aprovecharlo”. Bill Clinton ganó: el 17 de noviembre de 1993 el Congreso ratificó el TLCAN por una mayoría honrosa.a Entró en vigor el 1 de enero de 1994.

“La desaparición de los pequeños campesinos estaba programada”

      El TLCAN, que se considera el “laboratorio de la globalización”, es un asunto complejo. Antes de ir a ver sobre el terreno tanto a México como a Estados Unidos qué consecuencias ha tenido en el dominio agrícola quise conocer a una testigo que había estado en primer plano: Laura Carlsen, que desde 1986 vive en México donde dirige el “programa de las Américas” del Center for International Policy de Washington. Sobre todo es coautora de un libro titulado Confronting Globalization y publicado en 2003 en el que hace un primer balance económico y social del TLCAN. La autora siguió muy de cerca la génesis del tratado y el intenso debate que suscitó a ambos lados del Río Grande.2

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            “Estuve en México durante todo el periodo de negociaciones del TLCAN y nadie sabía qué era un tratado de libre comercio ni qué consecuencias iba a tener aquello”, me explicó durante mi visita a su domicilio el 16 de octubre de 2011. “En efecto, era la primera vez que se firmaba un acuerdo de libre comercio entre países cuyas economías son tan diferentes como lo son la de Estados Unidos, la primera potencia mundial, y México, un país subdesarrollado. Hasta entonces este tipo de tratado concernía a países con economías parecidas, como en Europa. El argumento de los promotores del tratado era que iba a ser un ejemplo perfecto de integración regional que permitiría a cada uno de los tres países sacar partido de sus “ventajas comparativas”. Por ejemplo, gracias a su clima México iba a poder vender en Estados Unidos o en Canadá frutas y verduras producidas fuera de temporada. De hecho, las “ventajas comparativas” eran unos nichos que se suponía que México iba a ocupar en el mercado de la primera potencia mundial. En los hechos el TLCAN provocó un vasto proceso de reorganización de la cadena alimentaria en América del Norte.

– ¿Por que escribió usted que el nombre del TLCAN estaba “mal puesto”?

– Porque la mayoría de los términos que forman el nombre del acuerdo son erróneos. No hay nada de  “libre” en el “comercio” que permitió el TLCAN. Si tomamos el ejemplo del mercado de los alimentos en América del Norte, está dominado por un puñado de multinacionales que controlan toda la cadena con una integración vertical que comprende la producción, la distribución, la importación o la exportación de los alimentos. Su objetivo no es producir alimentos para alimentar a las personas, sino lograr el máximo de beneficio. El término “tratado” también es engañoso: el TLCAN lo negociaron los gobiernos con las multinacionales. Estaban ausentes de la mesa de negociaciones  millones de pequeños campesinos y de trabajadores, a cuyos representantes nunca se consultó a pesar de que el tratado iba a afectar a la vida de millones de personas. Quienes han ganado son claramente las multinacionales, sobre todo las de la agroindustria, y quienes han perdido son los pequeños campesinos, los obreros y las pequeñas empresas locales.

– ¿Qué consecuencias ha tenido para los pequeños campesinos mexicanos?

– Sin lugar a dudas ellos son el sector más afectado por el TLCAN. Perdieron todo el apoyo del gobierno mexicano, que desmanteló el sistema de ayudas a la agricultura familiar. Este sistema comprendía unos precios garantizados a los productores, un acceso a los créditos y un apoyo de los precios al consumo, que permitían vivir a los pequeños campesinos y a los consumidores alimentarse barato, sobre todo en el caso de las tortillas. Todo desapareció. Tras la entrada en vigor del TLCAN las importaciones de maíz procedentes de Estados Unidos se quintuplicaron y los precios se desmoronaron. Las familias campesinas, que tenían la costumbre de consumir un tercio de su producción y de vender los excedentes en los mercados, vieron como se esfumaba su poder adquisitivo, lo que provocó un aumento de la pobreza y de la desnutrición. El resultado del TLCAN es que quienes producen los alimentos han empezado a tener hambre. Hoy la desnutrición afecta a 19 millones de personas, un 60% de las cuales vive en el campo.

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– Pero, ¿los promotores del TLCAN podían prever lo que iba a pasar?

– ¡Lo sabían perfectamente! Recuerdo que en 1991 conocí al agregado comercial de Estados Unidos en México. Me dijo sin ambages: “Sabemos que 3 millones de pequeños campesinos se van a quedar fuera de juego”. Le pregunté: “¿Qué va a pasar con ellos?”. Me respondió que estaban “obsoletos”. ¡Nunca olvidaré esa palabra terrible! Me dijo: “Vamos a invertir en la industria y será mejor para ellos que se conviertan en obreros en vez de quedarse en estas zonas atrasadas”. Ahora bien, estas industrias nunca aparecieron, porque aparte de las siniestras maquiladoras* (las fábricas de montaje en la frontera entre ambos países) el TLCAN no aportó ningún empleo industrial, ¡incluso fue todo lo contrario! En todo caso, el resultado es que 3 millones de pequeños campesinos, mayoritariamente productores de maíz, abandonaron la agricultura. Y este éxodo rural masivo estaba programado.

– ¿Por qué afectó particularmente a los productores de maíz?

– Estados Unidos tiene un modo de producción muy intensivo gracias al uso generalizado de insumos (pesticidas y abonos químicos, energía, irrigación) y de monocultivos que se extienden  sobre miles de hectáreas en detrimento del medio ambiente. Además, los productores estadounidenses reciben unas subvenciones que los mexicanos no reciben. Este es probablemente uno de los aspectos más escandalosos del TLCAN. Se autorizó a Estados Unidos a mantener no solo sus subvenciones, sino también ciertas barreras arancelarias, sobre todo para el arroz y el azúcar. Y fue a México, un país que tiene graves problemas de pobreza y de subdesarrollo, a quien se le exigió eliminar sus barreras arancelarias, abrirse totalmente a los capitales extranjeros y suprimir las ayudas a la agricultura familiar. Se excluyó completamente del juego a los pequeños campesinos y solo les quedaron dos opciones para sobrevivir: emigrar a Estados Unidos o sumarse a la economía informal de México o al entramado de la droga que hoy está gangrenando el país”.

Los pueblos abandonados de Zacatecas

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              Avalada por esta desesperante información me fui al Estado de Zacatecas, a 700 kilómetros al norte de México. Nada más llegar al aeropuerto de Zacatecas La Calera se ocupó de mí y del equipo de rodaje Marcos Pinedo, coordinador regional de la Unión Nacional de Organizaciones Campesinas Regionales Autónomas (UNORCA), un sindicato campesino dependiente de Vía Campesina.a Teníamos que recorrer un centenar de kilómetros para llegar al pueblo de San Pablo, pero la dirección de la UNORCA me había desaconsejado que alquilara un coche, como acostumbro a hacer. “La situación es muy tensa”, me explicó Alfredo Acedo, responsable de comunicación de la UNORCA. “Es más prudente que no viajen solos”.

            En efecto, desde hacía unos meses acaparaban las portadas unas horribles masacres perpetradas por grupos paramilitares a sueldo de los carteles de la droga, lo que provocó una auténtica psicosis en todo el país. Según las cifras oficiales, la guerra de los narcos causó 48.000 muertos entre 2006 y 2011, más de 8.000 de los cuales solamente en 2011, y 10.000 desaparecidos. Entre las víctimas se encontraba el hijo de Javier Sicilia, un famoso poeta y periodista que encabeza un movimiento ciudadano para pedir que acabe la militarización del conflicto desencadenado el presidente Felipe Calderón en 2009. Desde entonces se han multiplicado las matanzas por todo el país a pesar de los 35.000 militares y policías desplegados por todo el territorio, hasta el punto de convertir a México en uno de los países más peligrosos del planeta. El 23 de agosto en el Estado de Tamaulipas, cerca de la frontera estadounidense, 72 emigrantes latinoamericanos eran masacrados por los asesinos de la banda de los Zetas que los habían extorsionado antes de cruzar la frontera. “¡Ya basta!”:** esta era la consigna de Javier Sicilia, el cual organizó una “caravana de la paz” que salió de Chiapas el 9 de septiembre de 2011 y llegó a México el 15 de septiembre, día de la fiesta nacional.3 Cinco días después se descubrían 35 cuerpos desnudos y torturados abandonados en dos camionetas a unos metros de un centro comercial de Veracruz, en la costa pacífica, lo que hizo ascender a cien la cantidad de víctimas en este muy turístico sector solo en el mes de septiembre.4

            En este contexto, efectivamente, muy “tenso” es en el que llegué al pueblito de San Pablo con Marco Pinedo, que me presentó a José e Hilda Servando, una pareja de agricultores de unos sesenta años cuya desesperación me conmocionó. “¿Qué va a ser de nosotros?”, murmuró Hilda sin saber por dónde empezar a contar el relato de su destrozada vida. “Cinco de nuestros hijos se fueron a Estados Unidos a causa del TLCAN que ha vaciado nuestro pueblo, hay violencia en todas partes y ahora sequía…”. Ante la emoción de su mujer José propuso que diéramos una vuelta por San Pablo, una aldea grande aplastada por el sol y situada en medio de un paisaje semidesértico. No tenía nada que ver con los pueblos indígenas de Oaxaca (véase supra, capítulo 9). Ahí nos encontrábamos en un Estado del Norte en el que la mayoría de los habitantes son de origen español, como el célebre Pancho Villa (1878-1923), el bandido convertido en general del ejército revolucionario que ganó una feroz batalla precisamente en Zacatecas. “Mire, todas estas casas están abandonadas, me dijo José, con ojos y cabellos negros de andaluz, mientras subíamos por la calle principal en el picop de Marcos Pinedo. Desde el TLCAN se han ido más del 40% de las familias, probablemente a Estados Unidos. El pueblo se muere, como en toda la región… ”.

            A la salida de la aldea tomamos un polvoriento camino de tierra porque la pareja quería  enseñarnos sus campos. “Todas estas parcelas llevan años sin sembrarse”, suspiró José señalándome una pradera en la que pastaban algunas ovejas. “Ya no hay quien las cultive porque hoy no se puede vivir de la agricultura”.

–  Los frijoles y el maíz están muy mal pagados, murmuró Hilda cuando llegábamos a uno de sus campos. Los precios son muy bajos.

– No entiendo qué hace nuestro gobierno, continuó José. Tengo cincuenta y dos años, y me acuerdo de cuando era niño. Nos bastaba con cultivar una parcela de 1,5 hectáreas como esta para poder vivir durante todo el año. Nos quedaba dinero para comprar zapatos, un pantalón, un sombrero, una herramienta. Con el tratado de libre comercio los productos que antes nos pagaban a 3 pesos hoy no valen más de 50 céntimos.

– Es una tragedia, suspiró Hilda. Cuando Dios nos llame a su lado, aquí todo estará abandonado. Ninguno de nuestros hijos quiere seguir con la granja familiar.

– Y encima ahora hay sequía. Este año no voy a recoger maíz y muy pocos frijoles. He sembrado avena porque necesita menos agua, pero no sé cómo va a salir”.

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            Con estas palabras José Servando se sirvió de una pala para construir unos montículos de tierra el borde de su campo de avena que se supone iban a retener el agua cuando cayera. Y hoy sé que no cayó. En efecto, en 2012 “el presidente Felipe Calderón anunció un plan de urgencia de 1.900 millones de euros para afrontar la escasez de agua en 19 de los 32 Estados del país”, entre ellos el de Zacatecas, como informa Le Monde.5 Debido a la peor sequía registrada en 71 años, “2 millones de hectáreas de cultivos han sido devastadas y han muerto 450.000 cabezas de ganado en  1.200 municipios del país, según el ministerio de Agricultura”. Después de prometer el “envío de 40.000 camiones cisterna, la perforación de pozos y la constitución de reservas de maíz y de frijoles, el presidente Calderón afirmó que esta sequía “era una de las expresiones más dramáticas del cambio climático”. Una opinión que matiza Humberto Rodarte, especialista en medio ambiente en el Instituto Tecnológico de Monterrey: “El calentamiento climático acentúa la aridez. Pero las consecuencias actuales de la sequía están más bien relacionadas con la deforestación y la irrigación abusiva de zonas desérticas para hacerlas cultivables”, declaró a mi colega de Le Monde. “El plan del gobierno llega tarde, cuando los indios y los pequeños agricultores llevan años abandonados por las políticas públicas”.

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            “No puedo regar porque me han robado el trasformador de la bomba”, me explicó José enseñándome el pequeño cobertizo donde había instalado su sistema de irrigación. “A causa del paro hay mucha inseguridad, muchos robos… Los jóvenes no tiene futuro, así que se unen a esta gente…

– ¿Quiere usted decir a los narcos?, pregunté prudentemente al darme cuenta de que el tema era tanto más delicado cuanto que estaba filmando.

– Soy un campesino y no quiero mezclarme en eso, me respondió José mientras Hilda miraba fijamente al suelo. Es peligroso… Ha habido masacres no lejos de aquí, se han desenterrado cuerpos…

– Por eso preferimos que nuestros hijos mayores se queden en Estados Unidos, aunque aquello sea duro para ellos… Aquí es aún peor… ”, concluyó Hilda haciendo una señal de partir.

Los deportados del libre comercio

             José e Hilda Servando viven en una gran casa todavía en obras que les están construyendo cinco de sus hijos (dos hijas y tres hijos) que emigraron clandestinamente a Estados Unidos en los años siguientes a la entrada en vigor del TLCAN. Surey, la hija pequeña de la familia (once años) y sus dos hermanos, Eduardo (diez años) y Carlos, un adolescente de quince años que padece una grave deficiencia mental, expusieron sobre la mesa del salón lo que ellos llaman las “fotos de Texas” mientras en la cocina un guiso de   frijoles negros se hacía a fuego lento.

            “Mis cinco hermanos y hermanas viven todos allí” me explico Surey. “No los conozco porque se marcharon antes de que yo naciera.

– Esta es mi hija mayor, con su marido y sus hijos, comentó Hilda secándose una lágrima furtiva. Se fue a la edad de dieciséis años, estábamos muy preocupados porque para una chica es muy peligroso cruzar la frontera. Gracias a Dios, no tuvo problemas. Hoy trabaja en Walmart*. Y este es mi hijo mayor con su mujer…Es camarero en un restaurante de comida rápida. Cuando vieron que ya no había futuro en México, nos dijeron: “Vamos a ir allá para ayudaros. Os construiremos una casa para que un día podamos estar todos juntos”. Pero no les hemos vuelto a ver desde entonces porque no tienen papeles… Y, sin embargo, Texas no está lejos… Me gustaría tanto volver a verlos antes de morir…

– Y tu, Surey, ¿qué oficio quieres hacer?, pregunte a la guapa morena que había colocado pacientemente un centenar de fotos sobre la mesa.

– Cuando tenga quince años quiero ir a Texas para ayudar a mis padres.

– Pero, ¿sabes que es peligroso cruzar la frontera ilegalmente?

– Nosotros no queremos que se vaya, suspiró José, visiblemente emocionado. Desde la crisis de 2008 la situación de los mexicanos se ha vuelto muy difícil en Estados Unidos. Nuestros hijos tienen dificultades para llegar a fin de mes, además cada vez nos envían menos dinero. Como mucho cincuenta dolares cada tres meses. En el pueblo la gente está inquieta porque no saben cómo van a vivir sin las remesas**… ”.

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            Las remesas: esta palabra que designa los envíos de dinero que los emigrantes hacen a sus familias fue tema central de la “reunión urgente” organizada la mañana del día siguiente por la UNORCA en San Pablo. El objetivo del encuentro era dirigir una petición a los gobiernos regional y federal solicitando su ayuda para hacer frente a la sequía que amenazaba a los cultivos y al ganado. Como hemos visto, las autoridades solo actuarán tres meses más tarde, cuando ya había afectado a las cosechas y había muerto miles de animales. Aquel día de octubre de 2011 se traslucía la desesperación en las caras de los habitantes del pueblo que habían respondido a la llamada del sindicato campesino, únicamente mujeres, niños y personas mayores. Ni un solo hombre en la flor de la vida, todos habían sido “deportados” al otro lado del Río Grande. Según el último censo, 1.650.000 de zacatecanos vivían en Estados Unidos en 2010, más que la cantidad de habitantes del el Estado de  Zacatecas que ascendía a 1.490.000. Una hemorragia increíble convertida en un “mal necesario”, como deploraba al abrir la reunión Federico Guzmán López, consejero económico de UNORCA. “Sobrevivimos gracias a las remesas que nos envían nuestros parientes”, afirmó. “En 2005 solo en el Estado de Zacatecas ascendieron a 541 millones de dólares, a 668 millones en 2006, 687 millones en 2007 y después no han dejado de disminuir a partir de 2008 hasta llegar a 581 millones en 2010. Quisiera preguntarles: ¿quién tiene un pariente que vive en Estados Unidos? ¡Quienes tengan un hijo, un hermano, un cuñado o un padre allí que levanten la mano!”.

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            Inmediatamente se levantaron decenas de manos mientras que Olivier, el cámara, trataba de filmar esta emocionante escena que se desarrollaba a pleno sol en la plaza del pueblo. Tuvo que hacerlo en varias tomas ya que los aproximadamente sesenta habitantes del pueblo presentes se habían reunido en pequeños grupos en busca de sombra, unos en el umbral de alguna casa, otros bajo el árbol cerca de la fuente seca. “Es triste ver que la mayoría de las mujeres vive sola”, dijo una costurera con el metro al rededor del cuello. “Pero, por otro lado, si nuestros maridos estuvieran aquí, ¿qué íbamos a comer? Aquí las madres está en una situación muy difícil… Hay la ausencia del padre que no está con su familia… E imaginen, además, el dolor de los padres que no ven crecer a sus hijos… ¿Y qué va a ser de nuestros hijos?

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– Quisiera hacer una pregunta respecto al tratado de libre comercio, dijo José Servando. ¿Cómo pueden organizarse los campesinos para recuperar la esperanza?

– La agricultura mexicana está en crisis debido al TLCAN, respondió Marcos Pinedo, mi acompañante (¡y guardaespaldas). La UNORCA pide la revisión del TLCAN para que se retire la agricultura del campo del acuerdo. Es la única solución para que el país recupere su soberanía alimentaria. Voy a ponerles un ejemplo: en mismo el momento en que estamos recogiendo nuestros frijoles, el principal cultivo regional, entran en nuestro país 120.000 toneladas de alubias frijoles a un precio tan bajo que reduce a la nada nuestro trabajo de un año. ¿Quién ha sembrado y producido estas 120.000 toneladas? Los zacatecanos que trabajan duramente en Estados Unidos. La política del gobierno actual es vaciar el campo de sus campesinos. Por eso decimos, ¡ya basta! ¡La economía campesina no se toca más! ¡Y dejennos producir alimentos sanos para nuestras familias y nuestros compatriotas de las ciudades!”.

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El tráfico de droga como único futuro

            Me fui de San Pablo con el corazón lleno de rabia, tanto más cuanto que sabía que México era capaz de alimentarse puesto que unos días antes lo había comprobado con mis propios ojos en el Estado de Oaxaca (véase supra, capítulo 9). Antes de irme a Estados Unidos conocí a Armando Bartra, un sociólogo especialista en agricultura que trabaja en la célebre Universidad Nacional Autónoma de México (UNAM). Le conté el rodaje con Eleazar del CEDICAM, después el rodaje con José e Hilda Servando y para tratar de reunir todas las piezas del siniestro rompecabezas le pregunté: “¿Cómo se ha llegado a esta situación?

– A finales de la década de 1960 México había logrado no solo la autosuficiencia alimentaria en los granos básicos (el maíz o  los frijoles), sino que  exportaba una parte de su producción. A partir de la década de 1990 empieza un proceso de dependencia debido a la política pública establecida después del TLCAN que llevó al desmantelamiento de la pequeña y mediana agricultura vinculada al mercado interior. No hubo una disminución brutal del presupuesto agrícola sino que el dinero se utilizó de manera diferente. Hoy la ayuda va sobre todo a los grandes productores de maíz del Estado de Sinaloa, en el norte del país, que utilizan las técnicas de la revolución verde y tienen unos rendimientos similares a los de sus vecinos de Estados Unidos. Su producción representa el 25% del  aprovisionamiento nacional en maíz.

– ¿Por qué eligió la agricultura industrial el gobierno mexicano?

– Detrás de esta elección hay un cálculo de los burócratas conforme a los intereses de las multinacionales de la agroindustria que tiran de los hilos del TLCAN: no sirve de nada producir maíz a un coste elevado cuando podemos importarlo a un precio muy bajo de Estados Unidos, con quien tenemos una frontera común de 3.000 km. Si importamos maíz más barato, las tortillas serán más baratas y mejoraremos las condiciones de vida de la población. Por consiguiente, este gobierno eligió la opción que le parecía más ventajosa: importar alimentos y exportar mexicanos. ¡Las remesas aportaron 25.000 millones de dólares en 2008 y representan el segundo recurso nacional después del petróleo! ¡Efectivamente, es un gran negocio! Al mismo tiempo importamos alimentos por valor de entre 10.000 y 15.000 millones de dolares. ¡Gastamos menos comprando alimentos que el dinero enviado por quienes antes producían los alimentos! ¡Incluso nos deja un saldo neto de 10.000 millones de dólares! Así que, ¡sigamos exportando mexicanos e importando alimentos! Pero este maravilloso entramado se desmoronó por dos razones: los alimentos dejaron de ser baratos y en 2010 la factura de los alimentos se elevó a 25.000 millones de dólares. En segundo lugar, las remesas se hundieron con la recesión en Estados Unidos. El coste de los alimentos importados no deja de subir mientras que el importe de las remesas sigue bajando. ¡EL TLCAN fue una trampa!

– ¿Cómo ve el futuro de México?

– El pronóstico es muy sombrío, me respondió el sociólogo tras un profundo suspiro. Todo indica que el precio de los granos va a seguir subiendo y que el cambio climático va a afectar duramente a México, con un recrudecimiento de los huracanes, de las inundaciones y de las sequías. Además, la consecuencia más grave del TLCAN es que la agricultura ya no es un proyecto de vida para los jóvenes rurales. Este fenómeno no afecta solamente a los productores de maíz, se constata también en los productores de café a los que, sin embargo, debería beneficiar el TLCAN porque tienen una “ventaja comparativa” dado que Estados Unidos no produce café. Pero también se marchan. Y esto es terrible ya que se pueden reorientar las subvenciones hacia los pequeños agricultores y apoyar la agroecología, pero va a ser difícil cambiar la cultura de la migración o reconstruir los saber hacer que se han perdido. La desaparición de los campesinos productores de alimentos representa una pérdida económica, pero también ecológica, espiritual y cultural, y es absolutamente necesario detenerla. Mientras tanto, la droga es la única actividad que ofrece un futuro a los jóvenes del campo, que se hacen reclutar como sicarios. La explosión de la violencia en el país está directamente relacionada con esta falta de perspectiva de los jóvenes rurales provocada por el TLCAN.

– ¿Es doloroso?

– Sí, es muy doloroso ver a los campesinos que no tendrán sucesores porque todos sus hijos se marchan. Y además, el hambre y la desnutrición progresan en todo el país a pesar de que México tiene todo para poder alimentar a su población con alimentos sanos y de calidad… ”.

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“Estados Unidos practica el dumping”

            “La historia del TLCAN demuestra que la globalización no podrá alimentar al mundo, ¡es seguro!”. El hombre que me recibe este 25 de octubre de 2011 no es un izquierdista altermundialista sospechoso de antiliberalismo primario. Profesor de la universidad Tufts de Boston donde dirige el Instituto de Desarrollo Global y Medio Ambiente, Timothy A. Wise es especialista en desarrollo y comercio internacional, y debido a ello la Organización Mundial de Comercio (OMC) le consulta regularmente. En 2009 fue coautor de un informe titulado El futuro de la política comercial norteamericana. Lecciones del TLCAN,6 que fue remitido al presidente Barack Obama el cual se había comprometido durante su campaña electoral a reformar el tratado. Después, en 2010, publicó en colaboración con el Instituto Woodrow Wilson de Washington otro informe con un título carente de toda ambigüedad: El dumping agrícola del TLCAN. Estimaciones de los costes de las políticas agrícolas estadounidenses para los productores mexicanos.7 En este documento, considerado una referencia, “examinó ocho productos agrícolas (maíz, soja, trigo, arroz, algodón, carne de vaca, de cerdo y de pollo), todos ellos generosamente subvencionados por el gobierno estadounidense, que antes del TLCAN se producían en grandes cantidades en México y cuya exportación de Estados Unidos a México aumentó considerablemente después del tratado. […] Entre 1997 y 2005 las exportaciones de cerdo aumentaron un 707%, las de vaca un 278%, de pollo un 263%, de maíz un 413%, de trigo un 599%, de arroz un 524%”.

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            “¿Por qué afirma usted que Estados Unidos practica el dumping?

– Si tomamos la definición de la OMC según la cual el dumping consiste en exportar productos a un precio inferior a su coste de producción, no hay la menor duda de que el TLCAN fomentó el dumping, me respondió con firmeza Timothy Wise. Por ejemplo, de 1997 a 2005 Estados Unidos vendió maíz a un precio un 19% más bajo que su coste de producción. Por medio de un mecanismo de subvenciones, muy elevadas en el periodo estudiado (una media de 200 dólares por hectárea), Estados Unidos fomentó la superproducción para poder inundar México, lo que provocó un desmoronamiento del precio del 66% en el mercado local. A estas subvenciones en dinero contante y sonante se añade otro tipo de subvenciones que yo denominaría  “indirectas” y que se deben al hecho de que los grandes productores del Midwest no pagan por la contaminación que ocasionan, por ejemplo, la de las capas freáticas. El coste de estas externalidades negativas no se incluye en el precio del maíz exportado a México. A la inversa, no se recompensa a los pequeños productores mexicanos que practican la agroecología y mantienen la biodiversidad del maíz en sus campos por el servicio que rinden a la humanidad pero también, además, a los seleccionadores que causan su muerte. Es evidente que los pequeños campesinos mexicanos no pueden resistir a esta doble competencia desleal.

– ¿Qué coste tuvo este dumping para los campesinos mexicanos?

– Junto con los investigadores del Instituto Woodrow Wilson calculamos que la falta de ganancias de los campesinos mexicanos en el caso de los ocho productos estudiados ascendía a 12.800 millones de dólares de 1997 a 2005. El sector más afectado es el maíz, que registra la mitad de las pérdidas, y después el de la ganadería, que perdió 1.600 millones de dólares. En efecto, el dumping también funcionó para la carne ya que en Estados Unidos se alimenta al ganado con maíz o soja subvencionada.

– ¿Por qué no se alzó el gobierno mexicano en contra de estas prácticas desleales?

– ¡Buena pregunta!, me respondió el investigador de Boston. De hecho, el TLCAN preveía para la “liberalización” del mercado del maíz un periodo de transición de catorce años que permitiría a México, al menos hasta 2008, fijar unas tasas a la importación que hubieran podido compensar un los 19% del dumping. Pero el gobierno mexicano rechazó aplicar esta cláusula y, por consiguiente, dejó a sus pequeños campesinos sin defensa…

– Pero, ¿por qué?

– ¡Otra buena pregunta!, replicó Timothy Wise con una sonrisa afligida. La única explicación es que el TLCAN fue concebido para beneficiar a las multinacionales estadounidenses como Cargill o Monsanto, pero también a las mexicanas como Maseca o AgroInsa. Y funcionó puesto que México importa hoy un 34% del maíz que consume, lo que genera mucho negocio… Efectivamente, tres de cada cuatro tomates consumidos hoy en Estados Unidos se producen ahora en invernaderos mexicanos ultramodernos, pero en términos de empleo fue una sangría: en México trabajaban en la agricultura 8,1 millones de personas en 1994 y hoy solo son 5,8 millones. Y los empleos creados en el sector agroexportador, que se suponía iban a compensar en parte las quiebras de los campesinos, son trabajos estacionales y precarios.a

– ¿Qué impacto tuvo el TLCAN sobre la inmigración ilegal a Estados Unidos?

– Los datos son difíciles de obtener ya que se trata de una inmigración ilegal, pero en general se calcula que el flujo de emigrantes mexicanos fue de 500.000 a 600.000 personas al año hasta 2008, año en que se redujo a la mitad debido a la recesión.

– ¿Qué ocurrió con el informe que ustedes entregaron al presidente Obama?

– Nada, me respondió Timothy Wise con una mueca embarazada. Hay demasiado dinero en juego… Obama es incluso el presidente que ha llevado a cabo la política más dura contra los sin papeles mexicanos, doblemente penalizados por el TLCAN a pesar de su enorme contribución a la economía estadounidense”.b

El reino de la comida basura

            “¡Estoy furiosa contra Obama! ¡Me pasé tres meses haciendo puerta a puerta para su campaña de 2008 y le puedo asegurar que no movería un dedo en la de 2012! ¡A pesar de que había prometido regularizar a una parte de los sin papeles, hizo lo contrario, expulsó a dos veces más que Bush!c Vaya a ver cómo viven los mexicanos sin papeles con Obama, ¡es una vergüenza!”. Con sus impecables vaqueros, su chaqueta de cuero negro y su corte recto de pelo rubio Kristin Ostrom parece lo que es, una intelectual estadounidense acomodada que trabajó mucho tiempo en la comunicación en Chicago antes de seguir a su marido, pastor, a una parroquia en lo más profundo de Nebraska, exactamente en Fremont, una “comunidad de la agroindustria de 26.000 habitantes”, como proclama la página web de la ciudad.

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            En efecto, resulta difícil librarse de los símbolos de la agroindustria cuando se llega a Omaha, donde aterricé el 19 de octubre de 2011 en medio de un frío glacial. Para llegar a Fremont circulé durante media hora por una carretera rectilínea que tenía como único horizonte los monocultivos de maíz. Ni un solo árbol en varias millas a la redonda. Desde la ventanilla veía a veces algún silo gris que se alzaba en la llanura como un Lego. Aquel día los combines, las cosechadoras, funcionaban a plena máquina porque era el final de la cosecha. En las granjas había un vaivén incesante de camiones venidos a cargar los preciosos granos para trasportarlos al silo de la Scoular Company, situada a la entrada de Fremont. Impresionada por la montaña de maíz a cielo abierto situada al lado de la empresa, no pude evitar detenerme para filmar algunos planos, pero a hurtadillas puesto que no tenía autorización. Un intento fallido ya que rápidamente un guardián uniformado nos conminó a guardar nuestro material al tiempo que precisaba muy amablemente que la “montaña” pesaba 500.000 toneladas y valía 6 millones de dólares. Un poco más adelante se alzaba la fábrica de carne de la Hormel Foods Corporation en la que se abate, despieza y embala la bagatela de 10.000 cerdos al día a un ritmo “excepcional”: “Cuatro hombres empaquetan 1.500 piezas de carne en dos horas”, indicaba con admiración el Fremont Tribune del 10 de marzo de 2010.8 Sin olvidar la Fremont Beef, especialista en hígados de ternera y lenguas de vaca procedentes de los 35.000 animales abatidos al día en los Estados de Nebraska, Iowa y Kansas.

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            “Cuando llegué a Fremont hace unos quince años me costó adaptarme”, me contó Kristin Ostrom mientras recorríamos la calle principal, salida directamente de una película del Oeste. “Era una ciudad muy conservadora y muy blanca. Solo un 1% de la población era de origen hispánico.

– Es evidente que eso no ha cambiado mucho desde entonces”, dije observando la multitud que invadía las aceras aquel atardecer.

            Una tradición local quiere que una semana antes de Halloween las familias estén de fiesta por las calles. Los niños se disfrazan para la ocasión mientras que los padres se atiborran de palomitas, Coca Cola y hamburguesas. Tengo que decir que nunca había visto tantas personas obesas en mi vida: ¡en veinte minutos de rodaje filmé más de? un centenar! Según el Centro para el Control de Enfermedades estadounidense (CDC, por sus siglas en inglés), Nebraska es uno de los Estados que tienen la tasa de obesidad más alta del país: afecta al 27% de los adultos (a los que se añade un 38% en estado de sobrecarga ponderal) y al 11% de los niños. En un sondeo publicado por el CDC solo el 24% de los adultos y el 14% de los niños de Nebraska afirman comer cinco frutas y verduras al día. “La agroindustria y la comida basura han provocado un desastre sanitario”, comentó Kristin Ostrom al observar mi cara de asombro. “Por lo que se refiere a los latinos, no los verá por las calles porque se ocultan desde que se votó la ley sobre la inmigración”.

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            En efecto, el 21 de junio de 2010 el 57% de los habitantes de Fremont aprobó la ordenanza municipal nº 5165 apodada “ley antiinmigración” que prohíbe a cualquier residente contratar o alquilar pisos a personas sin papeles. El texto, que había sido propuesto por un tal Bob Warner (al que no pude conocer ya que en el momento de mi visita padecía un cáncer terminal), acaparó las portadas: “Los extranjeros ilegales ejercen una presión fiscal sobre la ciudad ya que aumentan la demanda de servicios públicos y, por lo tanto, sus costes”, subrayaba así la ordenanza municipal en sus considerandos. “Los crímenes cometidos en la ciudad por extranjeros ilegales amenazan la salud, la seguridad y el bienestar de los ciudadanos estadounidenses y de los extranjeros presentes legalmente en el territorio; el empleo de extranjeros no autorizados penaliza a los trabajadores de Estados Unidos y afecta negativamente a sus salarios”.

            De pronto irrumpieron en Fremont los periodistas de los principales diarios estadounidenses para descubrir las consecuencias no esperadas del TLCAN. “Con el desarrollo de la industria de la carne la población de Fremont cuenta hoy en día con un 12% de latinos, esencialmente mexicanos”, me explicó Kristin Ostrom. “Desde la recesión esto ha creado crispación, explotada por los movimientos racistas que azuzan el fuego”. Kristin se moviliza en contra de la “ley antiinmigración” desde 2008. Basándose en las redes de protestantes progresistas funda la asociación “Fremont One Future” y ayuda a la ACLU, Unión Estadounidense por las Libertades Cívicas, cuando esta presenta una denuncia debido al carácter anticonstitucional de la ordenanza municipal. El caso costará 3 millones de dólares a la ciudad obligada a suspender la aplicación de su texto hasta que un tribunal federal se pronuncie definitivamente. Mientras tanto algunos “blancos” de la ciudad, animados por la dura política de expulsión del presidente Obama, disfrutan de lo lindo: las violencias verbales, las intimidaciones y las amenazas a los inmigrantes se convierten ahí en moneda corriente, como me confirmó Alfredo Velez, miembro activo de “Fremont One Future”. Este mexicano que llegó a Estados Unidos en 1976 encarna el “sueño estadounidense”, por retomar los términos del Fremont Tribune.9 Se naturalizó en 1985 después de su (primer) matrimonio con una estadounidense “de pura cepa”. Trabajó varios años en Hormel* antes de abrir en 1998 una tienda de alimentación mexicana con su segunda esposa, Rocío.

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            “Tras la firma del TLCAN llegaron a Fremont muchos mexicanos”, me explicó. “La mayoría de ellos son pequeños campesinos que tuvieron que abandonar sus tierras y aterrizaron aquí porque se les dijo que había trabajo en las fábricas de carne. Cuando yo trabajaba en Hormel, casi todos los obreros eran “anglosajones”, como se les llama aquí, pero hoy los latinos son mayoría. Los empleadores necesitan esta mano de obra barata y muy trabajadora. Hay un pulso entre las empresas y el gobierno, que está llevando a cabo una lucha muy dura contra los sin papeles. También hay tensiones con los anglosajones, quienes afirman que los mexicanos vienen a robarles su trabajo.

– ¿Por qué es tan difícil entrevistar a un mexicano sin papeles?

– ¡Porque tienen miedo! Si la policía los localiza, los expulsa; tienen tanto más miedo a hablar públicamente cuanto que desde la ley antiinmigración en Fremont reina un auténtico clima de odio”.

Los “desechables” mexicanos de la agroindustria estadounidense

            Sin la benévola y paciente ayuda de Kristin y Alfredo nunca hubiera podido entrevistar a Roberto y Rosana, que aceptaron finalmente ser filmados a condición de que no se les reconociera. La pareja tenía un pequeño comercio en México antes de emigrar clandestinamente a Estados Unidos con su hija pequeña a principios de la década 2000. Forman parte de lo que se denomina la “segunda oleada de emigración”, la de los “técnicos y profesionales” que siguieron a los pequeños campesinos tras la firma del TLCAN. Desde hace doce años van encadenando empleos precarios en el “dominio de la agroindustria”, como dicen con pudor. Nos recibieron en un piso pequeño de dos habitaciones situado en el bajo de una casa del que solo salen para ir al “trabajo” por “miedo a las represalias”.

            “Antes del TLCAN mi jefe empleaba a cinco obreros agrícolas anglosajones, a los que sustituyó por tres mexicanos”, me explicó Roberto, un hombre fuerte de unos cincuenta años que hoy trabaja en un rancho de vacuno situado a una hora de coche de Fremont. “Se me paga correctamente, pero no tengo horarios ni contrato de trabajo.

– Lo mismo ocurre en Fremont Beef, siguió Rosana. Trabajé ahí varios años antes de que me echaran debido a una tendinitis crónica provocada por el ritmo de trabajo infernal. Era terrible, ni siquiera teníamos derecho a ir al baño…

– Vinimos a trabajar con las manos vacías, suspiró Roberto. Alquilamos nuestro cuerpo, que es la única herramienta que tenemos. Y sufrimos… Somos desechables. Te utilizan y cuando ya no sirves para nada, te echan. Siempre hay otra persona para ocupar tu lugar.

– Y no hay ninguna ley para protegerte: nunca puedes ganar contra una multinacional, dijo Rosana  retorciéndose las manos.

– La economía de nuestro país se deterioró a causa del tratado de libre comercio. Vinimos aquí porque no teníamos elección. ¿Y para quién trabajamos? Para las empresas que exportan alimentos a México, lo que va a echar a más campesinos aún a la calle y a empeorar la crisis que conoce nuestro país. Es un círculo vicioso”, concluyó Roberto con el tono resignado de las personas vencidas.

            Junto con Kristin, salimos agotados de esta entrevista, como si el cielo se hubiera desmoronado sobre nuestras cabezas. Volvimos al coche para ir a un “simpático café ecologista” al que acostumbra a ir. Estábamos citados ahí con Julie Green, una profesora especialista en historia del trabajo de la universidad de Maryland, gracias a la cual yo había “aterrizado” en Fremont. En efecto, esta profesora había publicado en 2010 un artículo apasionante en la revista Dissent titulado “Maíz y país: Nebraska, México y la economía global”.10 En él contaba cómo su experiencia personal había motivado esta investigación muy minuciosa: había heredado junto con sus cinco hermanos y hermanas una granja familiar de 250 hectáreas situada en Greenwood, a unos cincuenta kilómetros de Fremont. La tribu había decidido confiar la explotación de la propiedad a United Farming and Ranch Management, una empresa que se ocupa de todo, desde la siembra a la comercialización de las cosechas. “Producimos maíz y soja transgénicos, como todas las explotaciones de la región”, me explicó Julie Green la primera vez que hablamos por teléfono. “Y después me interesé por el TLCAN en el marco de una investigación sobre la economía mexicana. Fue entonces cuando descubrí que el maíz que cultivábamos en la granja de nuestros antepasados tenía una relación directa con el flujo de sin papeles a Nebraska”.

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            Esta historia es precisamente lo que Julie contó en su artículo, pero también a Kristin Ostrom y Luis Canahui Solares, un guatemalteco “legal” muy activo en la lucha contra la ley antiinmigración. “Me costó tiempo comprender que el maíz producido en mi granja familiar entraba en un mercado globalizado que provocaba in fine la ruina de los pequeños campesinos mexicanos, pero también una transformación de la demografía de Nebraska”, nos explicó Julie. “Una tercera parte de los ingresos que percibimos proviene de las subvenciones agrícolas. Una cuarta parte de nuestro maíz sirve para alimentar las fábricas de biocarburantes de la región, otra cuarta parte para alimentar el ganado abatido en las fábricas de Nebraska. El resto lo exporta Cargill a México o China. Así es como los sin papeles se encuentran hoy trabajando en los campos y las fábricas de Estados Unidos que han causado su ruina.

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– El caso de Hormel es ejemplar en este sentido, comentó Kristin. En la década de 1980 era una empresa muy apreciada. Permitía pagar los estudios a los hijos, tener un coche y una casa confortable porque los salarios eran muy razonables. Pero a principios de la década de 1990 los sindicatos fueron anulados y Hormel fue a México a reclutar obreros para trabajar aquí. Y bajaron los salarios.

– ¿Se echó a los obreros blancos?

– Si, fueron sustituidos progresivamente por una mano de obra hispana menos cara. Esto creó tensiones entre los blancos de la ciudad y los nuevos inmigrantes. Hoy en día por lo menos el 75% de los asalariados de Hormel son latinos.

– Todo este proceso es el resultado de la reestructuración de la industria de la carne, explicó Julie Green. Antes las fábricas estaban en Chicago y después hubo un proceso de concentración que llevó a la instalación de fábricas en las ciudades pequeñas de Iowa, Georgia o Nebraska, donde no estaban implantados los sindicatos. Aprovechándose del TLCAN los industriales reclutaron masivamente a inmigrantes hispanos. Esta reestructuración se asoció a una política antisindical, a una aceleración de los ritmos de trabajo y a un descenso de los salarios.

– ¿A quién beneficia el TLCAN?

– Las multinacionales son quienes se benefician del TLCAN, me respondió la historiadora. La huida de capitales y la deslocalización son hoy una tendencia importante de la economía mundial. Los capitales buscan de una manera muy agresiva a los trabajadores más baratos con la menor cantidad de derechos posible. Y cuando hablo de “derechos” me refiero a los derechos humanos más fundamentales en el lugar de trabajo. Su objetivo es instalarse ahí donde pueden obtener el máximo de beneficios. El impacto sobre los trabajadores estadounidense es considerable. A fin de cuentas, estamos volviendo muy rápidamente a la situación que existía hace un siglo”.

La crisis de la tortilla de 2007 y el derecho a la alimentación

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            “¡Sin maíz no hay país!”.* Decenas de miles de mexicanos se reunieron a este grito el 31 de enero de 2007 en la Plaza del Zócalo, en el centro de México. Algo nunca visto. En efecto, era la primera vez que el país se enfrentaba a unas revueltas del hambre que encendieron entonces las grandes ciudades, pero también los campos. De la noche a la mañana el precio de la tortilla, la tradicional torta de maíz alimento base de la población, aumentó más del 50% al pasar de 5 a 8 pesos el kilo. “Para las familias pobres que consumían 2 kilogramos de tortillas al día fue dramático puesto que tuvieron que reducir su consumo a la mitad y cayeron en la desnutrición y el hambre”, me explicó la estadounidense Laura Carsenque, que había seguido el acontecimiento muy de cerca. “La razón principal de la crisis fue la especulación practicada por multinacionales como Cargill-Monsantoa o Maseca. Compraron la producción nacional a bajo precio y después la almacenaron ya que sabían que el precio del maíz iba a aumentar debido a la demanda de las fábricas de etanol de Estados Unidos. Cuando en enero de 2007 el precio se disparó en el mercado internacional, ¡vendieron la tonelada de maíz a 350 dólares a pesar de que un mes antes lo habían comprado a 175 dólares!

– ¿Existe una relación entre el TLCAN y la crisis de la tortilla?

– ¡Sin lugar a dudas! Desde el TLCAN México ha perdido toda capacidad de reglamentar su producción, incluso para un alimento básico como el maíz. Este fue uno de los grandes fracasos del TLCAN: sus promotores habían asegurado que iban a bajar los precios de los alimentos, pero sucedió todo lo contrario. El precio de la tortilla no ha dejado de aumentar a causa de la concentración de la cadena alimentaria en manos de algunas multinacionales muy poderosas”.

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            Olivier de Schutter, el relator especial de las Naciones Unidas para el derecho a la alimentación, que hizo una visita oficial a México del 12 al 20 de junio de 2011, comparte este análisis de la “crisis de la tortilla”. Esta visita con una agenda muy cargadab se la pelearon con mucho esfuerzo las asociaciones civiles y las organizaciones campesinas mexicanas ya que el gobierno de Felipe Calderón no tenía particulares deseos de recibir al molesto delegado de la ONU. El gobierno sabía que tendría dificultades para justificar una política nacional que en menos de veinte años ha llevado al país a una paradoja inédita: por una parte, cuenta con 19 millones de personas que viven en estado de desnutrición, por otra, se ha convertido en el número dos mundial para la tasa de obesidad de adultos, justo detrás de Estados Unidos, y en el número uno para la obesidad infantil que afecta al 33% de los niños. Además, algunos interlocutores de Olivier de Schutter destacaron que “muchos niños padecían a la vez desnutrición y obesidad… ”.

            La visita del delegado de las Naciones Unidas caía en un momento muy oportuno. Dos meses antes el Senado y el Congreso mexicanos habían aprobado una reforma para incluir en la Constitución el derecho a la alimentación. Esta reforma, que entró en vigor en octubre de 2011, permitió añadir dos párrafos a la Constitución: “Toda persona tiene derecho a una alimentación adecuada para su bienestar físico, emocional e intelectual, garantizado por el Estado” (artículo 4); y “el desarrollo integral y sostenible significa que el Estado garantiza el aprovisionamiento suficiente y oportuno de los alimentos básicos que define la ley” (artículo 27). Como explicó el Relator de las Naciones Unidas durante una comida con unos veinte senadores mexicanos, “estos dos párrafos son conformes a la definición del derecho a la alimentación tal como ha ido emergiendo progresivamente en el curso de los últimos cincuenta años”. En efecto, en 1948 la Declaración Universal de Derechos Humanos proclamaba que “toda persona tiene derecho a un nivel de vida adecuado que le asegure, así como a su familia, la salud y el bienestar, y en especial la alimentación”. En 1966 el Pacto Internacional de Derechos Económicos, Sociales y Culturales era más preciso: “El derecho a la alimentación es el derecho a tener un acceso regular, permanente y libre, ya sea directamente ya sea por medio de compras monetarias, a una alimentación cualitativa y cuantitativamente adecuada y suficiente, que corresponda a las tradiciones culturales del pueblo del que proviene el consumidor y que garantice una vida psíquica y física, individual y colectiva, libre de angustia, satisfactoria y digna”.

            Jean Ziegler, el predecesor de Olivier de Schutter, no ha dejado de denunciar en sus legendarias protestas que “entre todos los derechos humanos, sin lugar a dudas el derecho a la alimentación es el más constante y masivamente violando en nuestro planeta”.11 Este derecho fundamental se ha ido imponiendo progresivamente como un derecho que compete a la responsabilidad colectiva y pública, sobre todo gracias a las obras del economista indio Amartya Sen. En efecto, en 1982 el “futuro premio Nobel de economía” (1998) publicó un libro en el que estudiaba cuatro grandes hambrunas sobrevenidas en Asia y África en el curso de la segunda mitad del siglo XX.12 En este libro demostraba que, “contrariamente a un persistente prejuicio, las hambrunas pueden sobrevenir en periodos de abundancia, como me explicó Olivier de Schutter durante la entrevista que me concedió en México. Amartya Sen transformó en un problema político lo que se concebía como un problema técnico que había que dejar a los agrónomos o economistas”.

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            El discurso de Olivier de Schutter durante la comida de junio de 2011 con los senadores mexicanos también fue muy “político”: “México pertenece a un reducido club de veintiséis países que han incluido el derecho a la alimentación en su Constitución”, comenzó. “Ahora la cuestión es saber cuál es la mejor manera de concretar este derecho. Por supuesto, la realización del derecho a la alimentación debe ser progresiva puesto que para poder establecerlo se necesita tiempo, una política, unos presupuestos y unas reformas legislativas. En un primer momento hay que establecer una cartografía nacional del hambre para determinar las medidas que deben tomar los diferentes ministerios concernidos. En segundo lugar hay que replantearse la política agrícola. México importa el 43% de los alimentos que consume, lo que le hace muy vulnerable. Es lo que se vio con la crisis de la tortilla en la que una pequeña cantidad de sociedades muy poderosas que dominan el sistema de distribución del maíz utilizaron su poder sobre el mercado para imponer un pico de precio a los consumidores. Ahora bien, el derecho a la alimentación no es solo el de ser alimentado, es sobre todo el de alimentarse a sí mismo. Por ello hay que preparar tres transiciones: hay que reforzar la integración de los campesinos en la cadena alimentaria suministrándoles herramientas, sobre todo a los más pobres, y protegiéndoles de los abusos de las empresas agroalimentarias. Hay que ir de una agricultura intensiva en insumos hacia una agricultura intensiva en conocimientos. Y esto pasa por el desarrollo de prácticas agroecológicas y la reducción de la dependencia de energías fósiles que tiene la producción alimentaria. Finalmente, hay que pasar de políticas que luchan contra el hambre y ayudan a quienes están en dificultades a políticas que obliguen a los gobiernos a rendir cuentas, ya que con el derecho a la alimentación se pasa de la caridad a las obligaciones legales”.

            El encuentro con Olivier de Schutter perturbó a los senadores, todos los cuales se marcharon confundidos. No obstante, veinte años antes habían votado mayoritariamente a favor de la aprobación del TLCAN. Un viraje que se explica con el choque que provocó la infamante crisis de la tortilla en la clase política. “La causa principal de nuestro problema de aprovisionamiento alimentario es el abandono de las políticas públicas y de la responsabilidad del Estado”, me dijo  Heladio Ramírez, del Partido Revolucionario Institucional (PRI) al que también pertenece el presidente Carlos Salinas de Gortari, que firmó el TLCAN. “El Estado ha adoptado un modelo económico que deja al mercado las orientaciones de la producción y minimiza la capacidad de acción del Estado. Hemos dicho públicamente que había que revisar el acuerdo de libre comercio para incluir una cláusula que nos permita apoyar a los pequeños campesinos y proteger nuestra producción nacional”. De hecho, como vamos a ver, si se quiere resolver el problema del hambre en el mundo hay que dejar de pensar que proteccionismo y regulación son palabras malsonantes…


1   Robin, Marie-Monique, Les Déportés du libre-échange, «Arte Reportage», 4 de febrero de 2012.

a   La Cámara de los representantes aprobó el TLCAN por 234 votos (132 republicanos y 102 demócratas) frente a 200, y el Senado por 61 votos (34 republicanos y 27 demócratas) frente a 38.

2   Wise, Timothy A., Salazar, Hilda y Carlsen, Laura, Confronting Globalization, Blue Hills, Kumarian Press, 2003.

*   En castellano en el original. (N. de la T.)

a   Vía Campesina es una federación que reúne a 500 organizaciones campesinas implantadas en 70 países de África, Asia, Europa y de las Américas, y que representa a aproximadamente 200 millones de campesinos y campesinas (véase infra, capítulo 11).

*   *     En castellano en el original. (N. de la T.)

3   Saliba, Frédéric, «Le cri du Mexique face à la violence des narcos», Le Monde, 16 de septiembre de 2011.

4   Saliba, Frédéric, «Au Mexique, l’État de Veracruz est mis à feu et à sang par des paramilitaires», Le Monde, 20 de  octubre de 2011.

5   Saliba, Frédéric, «Au Mexique, la faim gagne les campagnes», Le Monde, 27 de enero de 2012.

*   Walmart (Wal-Mart Stores, Inc.) es una multinacional estadounidense, el mayor minorista del mundo. Por sus ventas y número de empleados, es  mayor compañía del mundo. Su concepto de negocio es la tienda de autoservicio de bajo precio y alto volumen. (N. de la T.)

*   *

6   Gallagher, Kevin; Dussel Peters, Enrique y Wise, Timothy (dir.), The Future of North American Trade Policy. Lessons from NAFTA, Pardee Center Task Force Report, Boston University Frederick S. Pardee Center for the

Study of the Longer-Range Future, noviembre de 2009.

7   Wise, Timothy A., Agricultural Dumping under NAFTA. Estimating the Costs of U.S. Agricultural Policies to Mexican Producers, Mexican Rural Development Research Report nº 7, Woodrow Wilson International Center for

Scholars, Washington, 2010.

a   De 1994 a 2003 se crearon 500.000 empleos en la industria, los servicios o el sector agroexportador.

b   En 2011 Estados Unidos contaba con unos 11 millones de inmigrantes sin papeles, 6 millones de los cuales son mexicanos.

c   Durante los tres primeros años de la presidencia de Obama se expulsó a una media de 393.000 ilegales al año, frente a 200.000 durante los dos mandatos de George W. Bush (fuente: Millot, Lorraine, «Obama a voulu jouer les durs», Libération, 27 de abril de 2012).

8   «Looking for better opportunities», Fremont Tribune, 10 de marzo de 2010.

9   «From immigrants to businessmen», Fremont Tribune, 19 de febrero de 2010.

*   Hormel Foods Corporation es una compañía de alimentación estadounidense muy conocida por su producción de carne en lata. (N. de la T.)

1   0     Green, Julie, «Corn and country: Nebraska, México, and the global economy», Dissent, otoño de 2010. Una traducción abreviada al francés de este artículo se ha publicado en en Courrier international, nº 1059, 17-23 de febrero de 2011.

*   En castellano en el original. (N. de la T.)

a   Líder mundial del comercio de cereales (maíz, trigo, soja), Cargill es la primera empresa agroalimentaria del mundo (carne de cerdo, vaca, aves de corral). Implantada en 67 países, en 2010 empleaba a 160.000 asalariados y su volumen de negocios era de 120.000 millones de dólares. En 1998 Cargill vendió su división internacional de semillas a Monsanto por 1.400 millones de dólares (véase Cargill, a Threat to Food and Farming, Food & Water Watch, agosto de 2009).

b   Olivier de Schutter se reunió con dirigentes de los ministerios de Asuntos Exteriores, Agricultura, Desarrollo Social,  Medio Ambiente, Sanidad y Economía, con representantes de la FAO y de los bancos, así como con parlamentarios y representantes de varias asociaciones y ONG. También participó en el “Foro campesino” organizado por los sindicatos agrícolas y visitó a los Estados de Chiapas y de Jalisco.

1   1Ziegler, Jean, Destruction massive, géopolitique de la faim, op. cit., p. 23.

1   2     Sen, Amartya, Poverty and Famines. An Essay on Entitlements and Deprivation, Oxford, Clarendon Press, 1982.

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Coup de gueule

Ce soir je suis en colère, et je l’assume. Comme l’a écrit le philosophe, écrivain, et poète,  George Bataille :

« Le cœur est humain dans la mesure où il se révolte ».

L’humanité va crever de l’indifférence, des discours mous-du-genou, de l’incapacité des pauvres bipèdes que nous sommes à nous lever pour arrêter la barbarie et  défendre la vie.

Ce soir je suis en colère car j’ai reçu des nouvelles terribles de Colombie. Et ces nouvelles nous concernent tous !

Je les résume en quelques mots : la Colombie a signé un « accord de libre échange » avec les États Unis qui est récemment entré en vigueur. Cet accord contient une clause qui oblige les paysans à cultiver des « semences certifiées », c’est-à-dire produites par les « sélectionneurs » comme … Monsanto ou Syngenta.

Pour remplir cette « clause », l’Institut agroalimentaire colombien a publié un texte – la résolution 970- qui menace d’amendes et de poursuites judiciaires tout paysan qui continuerait de faire ce qu’il a toujours fait : garder  une partie de sa récolte pour ensemencer ses champs.

Depuis le 19 août, des dizaines de milliers de Colombiens – paysans, étudiants, mineurs, chauffeurs routiers, médecins- se sont lancés dans les rues pour dénoncer cette violation d’un droit humain fondamental : celui de se nourrir soi-même.

De violents affrontements ont eu lieu à Bogota, où le président Santos a déclaré le couvre-feu et mobilisé 50 000 membres des forces armées et de la police militaire pour « mater les vandales » et défendre la loi d’airain imposée par Monsanto et consorts.

Je connais bien la Colombie : cet immense pays à l’extraordinaire biodiversité a la capacité de nourrir sa population,  s’il laisse ses paysans faire leur travail. Pour cela, il leur faut de la terre, et la majorité d’entre eux en est privée. Si maintenant, on les empêche de sélectionner leurs graines, c’en est fini de l’agriculture vivrière colombienne.

Comme ce fut le cas au Mexique après l’entrée en vigueur de l’Accord de libre échange nord-américain (l’ALENA), le pays sera envahi par les produits agricoles bas de gamme et subventionnés des États Unis, les magasins Walmart et autres chaînes de discount qui pousseront à la rue des millions de petits paysans.

J’invite tous ceux et celles qui me lisent à regarder le reportage « Les déportés du libre échange » que j’ai consacré à l’ALENA, et qui a été diffusé sur ARTE en février 2012 . Je l’ai mis en ligne sur mon site web, et on peut aussi le trouver comme bonus sur le DVD des Moissons du futur :

http://www.mariemoniquerobin.com/deportesdulibreechangeextrait.html

Vous trouverez sur ce Blog d’autres billets concernant l’ALENA ainsi que des extraits du chapitre que je lui ai consacré dans mon livre Les moissons du futur. Ce soir, je mets en ligne un autre extrait de ce chapitre (voir ci-dessous).

Par ailleurs, je rappelle que l’Union européenne s’apprête à négocier un accord de libre échange avec les États Unis, dont j’ai aussi commenté les effets dévastateurs qui ne manqueront de s’abattre sur le vieux continent (voir aussi sur ce blog).

C’est pourquoi j’ai accepté de prêter mon image et mon nom à une affiche réalisée par le Collectif des Engraineurs qui s’est associé à la campagne qu’ATTAC et d’autres organisations ont décidé de lancer dès l’automne. Rejoignez-les !

affiche TAFTA

 

« Les États-Unis pratiquent le dumping »

« L’histoire de l’ALENA prouve que la mondialisation ne pourra pas nourrir le monde, c’est sûr ! » L’homme qui me reçoit, ce 25 octobre 2011, n’est pas un gauchiste altermondialiste que l’on peut suspecter de faire de l’antilibéralisme primaire. Professeur à l’Université Tufts de Boston, où il dirige le Global Development and Environment Institute, Timothy A. Wise est spécialiste du développement et du commerce international et, à ce titre, il est régulièrement consulté par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En 2009, il a corédigé un rapport intitulé Le Futur de la politique commerciale nord-américaine. Les leçons de l’ALENA[i], remis au président Barack Obama – lequel, pendant sa campagne électorale, s’était engagé à réformer le traité. Puis, en 2010, en collaboration avec l’Institut Woodrow Wilson de Washington, il a publié un autre rapport au titre sans ambiguïtés : Le Dumping agricole de l’ALENA. Estimations des coûts des politiques agricoles américaines pour les producteurs mexicains[ii]. Dans ce document, considéré comme une référence, il a « examiné huit denrées agricoles – le maïs, le soja, le blé, le riz, le coton, la viande de bœuf, de porc et de poulet –, toutes largement subventionnées par le gouvernement américain, qui étaient produites en grandes quantités au Mexique avant l’ALENA et dont l’exportation des États-Unis vers le Mexique a considérablement augmenté après le traité. […] Entre 1997 et 2005, les exportations de porc ont augmenté de 707 %, celles de bœuf de 278 %, de poulet de 263 %, de maïs de 413 %, de blé de 599 %, de riz de 524 % ».

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« Pourquoi dites-vous que les États-Unis pratiquent le dumping ?

– Si l’on prend la définition retenue par l’OMC, selon laquelle le dumping consiste à exporter des produits à un prix inférieur à leur coût de production, il n’y a aucun doute que l’ALENA a encouragé le dumping, m’a fermement répondu Timothy Wise. Par exemple, de 1997 à 2005, les États-Unis ont vendu le maïs à un prix inférieur de 19 % à son coût de production. Par un mécanisme de subventions, très élevées sur la période étudiée (en moyenne 200 dollars par hectare), les États-Unis ont encouragé la surproduction pour pouvoir inonder le Mexique, ce qui a entraîné un effondrement du prix de 66 % sur le marché local. À ces subventions en monnaie sonnante et trébuchante, s’ajoute un autre type de subventions que j’appellerais “indirectes”, qui tient au fait que les grands céréaliers du Midwest ne payent pas pour la pollution, par exemple, des nappes phréatiques qu’ils occasionnent. Le coût de ces externalités négatives n’est pas inclus dans le prix du maïs exporté vers le Mexique. À l’inverse, les petits producteurs mexicains qui pratiquent l’agroécologie et entretiennent la biodiversité du maïs dans leurs champs ne sont pas récompensés pour le service qu’ils rendent à l’humanité, mais aussi, d’ailleurs, aux sélectionneurs qui causent leur mort. Il est évident que les petits paysans mexicains ne pouvaient résister à cette double concurrence déloyale.

– Quel fut le coût de ce dumping pour les paysans mexicains ?

– Avec les chercheurs de l’Institut Woodrow Wilson, nous avons estimé que le manque à gagner des paysans mexicains pour les huit denrées étudiées s’élevait à 12,8 milliards de dollars de 1997 à 2005. Le secteur le plus touché est le maïs, qui enregistre la moitié des pertes, puis celui de l’élevage, qui a perdu 1,6 milliard de dollars. En effet, le dumping a aussi fonctionné pour la viande, car aux États-Unis, le bétail est nourri avec du maïs ou du soja subventionné.

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– Pourquoi le gouvernement mexicain ne s’est-il pas élevé contre ces pratiques déloyales ?

– Bonne question !, m’a répondu le chercheur de Boston. En fait, l’ALENA prévoyait pour la “libéralisation” du marché du maïs une période de transition de quatorze ans, qui permettait au Mexique, au moins jusqu’en 2008, de fixer des taxes à l’importation qui auraient pu compenser le dumping de 19 %. Mais le gouvernement mexicain a refusé d’appliquer cette clause et a donc laissé ses petits paysans sans défense…

– Mais pourquoi ?

– Une autre bonne question !, a répliqué Timothy Wise avec un sourire navré. La seule explication, c’est que l’ALENA a été conçu pour bénéficier aux multinationales américaines, comme Cargill ou Monsanto, mais aussi mexicaines, comme Maseca ou AgroInsa. Et ça a marché, puisqu’aujourd’hui le Mexique importe 34 % du maïs qu’il consomme, ce qui crée beaucoup de business… Certes, trois tomates sur quatre consommées aux États-Unis sont désormais produites dans des serres mexicaines ultramodernes, mais en termes d’emploi, ce fut l’hémorragie : en 1994, 8,1 millions de personnes travaillaient au Mexique dans l’agriculture, elles ne sont plus aujourd’hui que 5,8 millions. Et les emplois créés dans le secteur agroexportateur censés avoir compensé en partie les faillites paysannes sont des travaux saisonniers et précaires[1].

– Quel a été l’impact de l’ALENA sur l’immigration illégale au États-Unis ?

– S’agissant d’une immigration illégale, les données sont difficiles à obtenir. Mais on estime en général que le flux de migrants mexicains a été de 500 000 à 600 000 personnes par an jusqu’en 2008, année où il s’est réduit de moitié en raison de la récession.

– Qu’est-il advenu du rapport que vous avez remis au président Obama ?

– Rien, m’a répondu Timothy Wise avec une moue embarrassée. Il y a trop d’argent en jeu… Obama est même le président qui a mené la politique la plus dure contre les sans-papiers mexicains, doublement pénalisés par l’ALENA alors qu’ils participent largement à l’économie des États-Unis[2]. »


[1] De 1994 à 2003, 500 000 emplois ont été créés dans l’industrie, les services ou le secteur agroexportateur.

[2] Les États-Unis comptaient en 2011 quelque 11 millions d’immigrés sans-papiers, dont 6 millions de Mexicains.


[i] Kevin Gallagher, Enrique Dussel Peters et Timothy A. Wise (dir.), The Future of North American Trade Policy. Lessons from NAFTA, Pardee Center Task Force Report, Boston University Frederick S. Pardee Center for the Study of the Longer-Range Future, novembre 2009.

[ii] Timothy A. Wise, Agricultural Dumping under NAFTA. Estimating the Costs of U.S. Agricultural Policies to Mexican Producers, Mexican Rural Development Research Report n° 7, Woodrow Wilson International Center for Scholars, Washington, 2010.

Trailer de Sacrée croissance!

L’enquête pour mon prochain film et livre avance à grand pas!

Baptisé provisoirement « Sacrée croissance! », ce nouvel « opus » explorera les limites du dogme de la croissance économique illimitée, alors que tous les signaux sont au rouge: pénurie annoncée des énergies fossiles et minerais, réchauffement climatique, destruction accélérée de la biodiversité, progression de la pauvreté et du chômage, menace d’implosion du système financier « pourri jusqu’à la moelle », comme me l’a dit  Herman Daly, un économiste américain que j’ai interviewé lors de mon tournage récent aux États Unis.

Comme « nous n’avons plus le temps d’attendre », et en accord avec ARTE, le film insistera surtout sur les alternatives au modèle de la croissance, dans quatre domaines clés: la production alimentaire (agriculture urbaine), l’argent (les monnaies locales), l’énergie (villes en transition) et la définition de la richesse et du … bonheur.

Pour plus d’information sur cette nouvelle production, vous pouvez consulter le site de m2rfilms:

www.m2rfilms.com

Je vous invite aussi à regarder le trailer du film que j’ai mis récemment en ligne:

Sacrée Croissance ! (trailer) from M2R Films on Vimeo.

Comme pour Les moissons du futur, qui avait réuni 2200 souscripteurs, Sacrée croissance! sera financé à hauteur de 15% par des citoyens et citoyennes qui préachètent le DVD du documentaire. Cette souscription de 30 Euros leur permettra de recevoir par la poste le DVD en tirage limité avec bonus spécifiques et d’accéder à des pages réservées sur le site de m2rfilms où ils pourront suivre en direct la progression de l’enquête:

http://membres.m2rfilms.com/

Nous avons réuni, à ce jour, quelque 2000 souscriptions (certains ayant préacheté plusieurs DVD) et en espérons 5000.

Les Éditions La Découverte, qui publieront avec ARTE Éditions mon livre (on ne change pas une équipe qui gagne!) ont mise en ligne le trailer avec un appel à soutenir la souscription:

http://www.editionsladecouverte.fr/