Un député victime de l »intoxication »

Un internaute m’a fait parvenir un courrier que lui a adressé son député, Daniel Garrigue, élu UMP de Dordogne, à la suite d’une lettre qu’il lui avait adressée au moment du débat sur la loi OGM.
Ce courrier est l’illustration parfaite de l’ « intoxication » des représentants de la nation, pour reprendre les termes du sénateur (UMP) Jean-François Legrand qui avait dénoncé les pressions exercées par les semenciers et Monsanto sur ses collègues dans Le Monde (voir sur mon Blog).

Le lecteur notera que le député est complètement hors sujet dans son courrier: il se dit favorable à « la recherche en plein champ », ce qui n’était pas l’objet principal de la loi qui, je le rappelle, visait à encadrer les cultures transgéniques commerciales. Curieusement, il ne dit pas un mot sur les plantes pesticides (véritable enjeu de la loi) qui envahiront bientôt nos champs si les décrets d’application de la loi, imposée par le gouvernement malgré le rejet du parlement, sont publiés. Pas un mot non plus sur le problème principal que pose cette loi, à savoir celui de la contamination des filières bio et conventionnelles qui donnera lieu à une cascade de litiges juridiques comme j’ai pu le constater au Canada ou aux Etats Unis.

Autre signe de « l’intoxication », cette phrase qu’on croirait sortie tout droit du site de Monsanto:

« Les recherches en biotechnologie rendent les résultats plus précis que les méthodes traditionnelles de sélection animales et végétales ».

Cette belle affirmation ignore les inconnues multiples qui caractérisent le processus de manipulation génétique, à savoir l’insertion aléatoire du gène avec un outil balistique dont on ignore les conséquences à moyen terme puisque celles-ci n’ont jamais été sérieusement testées.

Pour le reste, M. Garrigue affirme avec raison que les « recherches en matière de santé sont un champ d’exploration scientifique très promoteur ».

Certes! Mais quel rapport avec la loi? On ne peut qu’encourager les scientifiques du génie génétique à poursuivre leurs recherches en milieu confiné mais ça fait déjà près de trente ans qu’ils le font!

Quant au « Biopharming » – à savoir la production de plantes transgéniques censées fabriquer des médicaments et des vaccins – il reste une promesse sans réalisation concrète et sérieusement mise à mal depuis qu’un maïs transgénique à visée pharmaceutique a contaminé des champs aux Etats Unis:

www.amisdelaterre.org/OGM-pharmaceutiques-deja-l.html
www.indsp.org/biofarmFR.php

Je ne reviendrai pas sur l’argument éculé du « riz doré » sur lequel j’ai déjà écrit longuement dans mon Blog.

Quant au paragraphe sur l’amélioration de la production agricole, il est contredit par les données de terrain ou les études indépendantes que j’ai présentées dans mon livre et Blog: les plantes transgéniques ont un rendement inférieur aux plantes conventionnelles, sont plus fragiles et moins résistantes aux stress agronomiques (sécheresse ou pluies intenses) que leurs homologues non transgéniques, et ne réduisent pas la consommation d’herbicides et d’insecticides, mais au contraire l’augmentent dans un délai de quatre à six ans.

Je reproduis ici l’extrait de mon livre concernant ma rencontre avec l’agronome Roger Elmore.
Toutes les sources citées sont indiquées précisément dans mon livre.

DÉBUT EXTRAIT:

Contrairement à ce qu’a toujours affirmé Monsanto dans ses documents publicitaires, il n’est pas vrai que « cultivées dans des conditions comparables, les nouvelles variétés présentent un rendement similaire à celui des variétés [conventionnelles] à haut rendement ».

« Malheureusement, nous avons prouvé le contraire », m’explique Roger Elmore, un agronome qui a publié en 2001 une étude sur le sujet avec ses collègues de l’université du Nebraska . Travaillant aujourd’hui à l’université de l’Iowa, il me reçoit dans sa maison, située à une cinquantaine de kilomètres de Des Moines, en octobre 2006.

« Si nous avons mené cette étude — pendant deux ans et dans quatre endroits différents —, c’est que nous avions des informations provenant de différents États qui indiquaient que le soja transgénique avait un rendement moins élevé que les variétés conventionnelles apparentées, me dit-il. Nos résultats prouvent qu’effectivement la baisse de rendement est d’au moins 5 %.

– Comment l’expliquez-vous ?, lui ai-je demandé, les yeux rivés sur les courbes que me montre l’agronome.

– C’est ce que nous appelons le “yield drag” (mot à mot le “boulet du rendement”). Nous avions deux hypothèses qui pouvaient expliquer le “boulet” qui affecte le rendement des plantes transgéniques : soit il était dû à l’action du Roundup sur le métabolisme végétal, soit c’était le résultat de la manipulation génétique. Pour vérifier la première hypothèse, nous avons cultivé trois groupes de soja RR, issus de la même variété Roundup ready, dont l’un fut aspergé de Roundup, l’autre de sulfate d’ammonium, un produit qui stimule l’action des herbicides, et le troisième d’eau. Dans les trois cas, le rendement fut strictement le même, à savoir 55 boisseaux par acre. C’est donc la manipulation génétique qui explique le “yield drag”. Apparemment, l’insertion violente du gène perturbe la capacité productrice de la plante.

– Le soja transgénique n’est donc pas équivalent au soja conventionnel ?

– C’est en tout cas ce que montre notre étude…

– Comment a réagi Monsanto ?

– Disons que la firme ne tenait pas vraiment à ce que nous la publions, me répond Roger Elmore, avec la prudence requise.

– Mais est-ce qu’elle avait elle-même conduit une étude sur le rendement de son soja ?

– Les données qu’elle avait fournies étaient très faibles d’un point de vue scientifique et répondaient plus à un besoin, disons, commercial… », conclut l’agronome.

Les résultats de l’étude de Roger Elmore ont ainsi confirmé la « métanalyse » réalisée par Charles Benbrook, l’ancien directeur de la division agricole agricole de l’académie des sciences des Etats Unis, pour laquelle il avait dépouillé 8 200 mesures de rendement effectuées par les universités agronomiques des États-Unis en 1998.
Il en ressortait que le « yield drag » était en moyenne de 6,7 %, avec des pointes à 10 % notamment dans le Midwest, ce qui représentait un déficit de 80 à 100 millions de boisseaux de soja pour la seule année 1999 .

Comme le souligne Charles Benbrook, il arrive que le « yield drag » tourne carrément à la catastrophe, en raison d’un autre phénomène mis au jour en 2001 par des chercheurs de l’université d’Arkansas .
Ceux-ci ont en effet constaté que le Roundup affecte les bactéries rhizobium qui peuplent les racines du soja et les aident à se développer en fixant l’azote de l’atmosphère. La sensibilité des bactéries à l’herbicide expliquerait la baisse de rendement du soja RR, qui peut atteindre 25 % quand survient un épisode de sécheresse.

« Malheureusement, explique Charles Benbrook, il est désormais clair que les cultures Roundup ready sont plus vulnérables à certaines maladies, spécialement lorsqu’elles doivent combattre des stress comme un froid inhabituel, une attaque d’insectes ou un déséquilibre minéral ou microbien dans le sol. Ces problèmes de santé surviennent parce que le matériau génétique introduit pour rendre la plante résistante au Roundup a modifié le fonctionnement normal d’une voie métabolique clé qui déclenche et régule sa réponse immunitaire . »

Et d’ajouter : « Il est dommage que cette information n’ait été connue qu’après que 40 millions d’hectares ont été plantés en Amérique… »

Quand on épluche consciencieusement les journaux scientifiques et agricoles, on constate que les incidents ne sont pas rares au pays des cultures Roundup ready — je reviendrai sur les problèmes similaires des plantes Bt.
Par exemple, en 1999, des scientifiques de Georgie ont été contactés par des producteurs de soja qui se plaignaient du fait que les tiges de leurs plantes se cassaient de manière inexpliquée, entraînant un rendement excessivement bas. Leur étude a révélé que le soja transgénique produisait 20 % de lignine de plus que le soja conventionnel, ce qui, dans des conditions de chaleur plus élevées que la normale, provoquait une fragilité exceptionnelle des tiges …

FIN DE L’EXTRAIT

Photos:
– la maison de Roger Elmore
– Roger Elmore

Débats à Aiffres et Saintes

Le collectif « Restons libres » a filmé le débat qui a suivi la projection de mon film le vendredi 27 juin à Saintes. Celui-ci peut être consulté sur le site suivant.

Par ailleurs, 382 personnes étaient présentes lors de la projection organisée à Aiffres (Deux Sèvres) , le vendredi 4 juillet. Pourtant, j’avais déjà fait une projection avec salle comble, tout près, à Melles, Saintes et Ruffec.

A dire vrai, je ne sais pas comment je vais pouvoir honorer toutes les demandes (plus de deux cents en souffrance) qui continuent d’affluer de partout en France, mais aussi de l’étranger…

Forum pour la réduction des pesticides et projection à Saintes

Ma petite tournée poitevine s’est très bien passée.

Le forum participatif régional pour la réduction des pesticides dans les collectivités fut un grand succès. Plus de 150 élus ou techniciens des espaces verts de la région avaient répondu à l’appel du conseil régional du Poitou Charentes. Ce forum s’inscrivait dans le Plan régional pour la réduction des pesticides qui vise cinq enjeux:
– protéger la ressource en eau, notamment celle mobilisée pour l’eau potable
– maintenir la biodiversité
– surveiller, caractériser et prévenir les risques inhérents à la présence de pesticides dans les autres compartiments de l’environnement (air, sol)
– prévenir les pathologies liées aux pesticides, notamment pour les utilisateurs
– informer les publics et favoriser le débat public

www.pesticides-poitou-charentes.fr/

Lors de cette journée, des alternatives à l’usage des herbicides, et surtout du roundup, ont été présentées, démonstration à l’appui:

– la machine de désherbage à eau chaude
– la sarcleuse
(voir photos)
Lors des ateliers, il fut aussi largement question de « changer les mentalités » en cessant de vouloir s’acharner contre toute herbe folle ou sauvage qui pousse dans nos espaces publics, car celle-ci entretient la biodiversité, végétale, mais aussi des insectes qui s’en nourrissent.

Il convient donc de bannir de notre vocabulaire le terme systématique de « mauvaise herbe » qui distord la réalité et finalement nous conditionne mentalement à recourir à des pesticides chimiques dangereux pour l’environnement et la santé.

Dans mon exposé d’une heure sur le roundup, j’ai rapporté les nombreuses études qui montrent la toxicité de l’herbicide de Monsanto, et bien sûr celle du Pr. Robert Bellé, qui contrairement à ce voudraient faire croire certains, ne s’est jamais rétracté, bien qu’il ait subi des pressions pour le faire. J’ai participé le 19 avril à une projection de mon film à l’Ile de Batz avec, à mes côtés, le Professeur Bellé , qui a persisté et signé ce qu’il m’a dit dans l’ interview qu’il m’avait accordée: « le roundup déclenche les premières étapes qui conduisent au cancer ».

Je reproduis ici l’extrait de mon livre se rapportant à l’étude du Pr. Bellé:

DÉBUT EXTRAIT

En France, l’équipe du professeur Robert Bellé, de la station biologique de Roscoff, qui dépend du CNRS et de l’Université Pierre-et-Marie-Curie, a étudié l’impact des formulations au glyphosate sur des cellules d’oursin.
« Le développement précoce de l’oursin fait partie des modèles reconnus pour l’étude des cycles cellulaires », explique Julie Marc, qui a écrit sa thèse de doctorat sur les travaux du laboratoire breton.
De fait, la découverte du « modèle de l’oursin », capitale pour la compréhension des phases précoces de la cancérogenèse, a valu en 2001 le prix Nobel de physiologie et de médecine aux Britanniques Tim Hunt et Paul Nurse et à l’Américain Leyland Hartwell.

Au début des années 2000, le professeur Robert Bellé décide de l’utiliser pour tester les effets sanitaires des pesticides. Son souci est alors motivé par le niveau de pollution constaté dans les eaux françaises ainsi que dans les aliments :

« Les données concernant la qualité des eaux souterraines font état en France d’une contamination considérée comme suspecte dans 35 % des cas, note Julie Marc, qui a consulté toutes les études disponibles. Les eaux marines font elles aussi état d’une contamination généralisée et pérenne par les herbicides. […] L’ingestion des fruits et légumes contribue également aux apports en pesticides pour les humains. Les chiffres à ce sujet sont inquiétants, puisque 8,3 % des échantillons d’aliments végétaux d’origine française analysés contiennent des résidus de pesticides supérieurs aux limites maximales et que 49,5 % en contiennent . »

Dans ce panorama peu rassurant, la région Bretagne affiche un taux de contamination record, qui affecte particulièrement les eaux destinées à la consommation humaine, poursuit Julie Marc :

« Dans 75 % des cas, la norme réglementaire pour le cumul des substances est dépassée et plus de dix substances sont parfois décelées dans le même échantillon, avec des concentrations respectives dépassant le 0,1 microgramme/litre réglementaire. Cette pollution a pour origine des usages agricoles, mais aussi l’utilisation de pesticides sur les zones non cultivées. »

Et de noter, elle aussi, l’une des aberrations de la réglementation : celle-ci a fixé le taux acceptable de résidu dans les eaux à 0,1 microgramme/litre, mais elle ne concerne qu’un seul herbicide, et ne dit rien sur l’effet cumulé de différents pesticides — ce qui est très courant — ni de leur interaction…

C’est ainsi que le professeur Bellé propose au début des années 2000 au conseil régional de Bretagne de conduire une étude visant à évaluer l’impact des herbicides sur la division cellulaire.

« L’ironie de l’histoire, m’explique le chercheur, que je rencontre dans son laboratoire de Roscoff, le 28 septembre 2006, c’est que nous avions décidé de prendre le Roundup comme contrôle dans les expériences, car nous étions persuadés que ce produit était totalement inoffensif, ainsi que le suggérait la publicité du chien avec son os ! Et évidemment, la très grosse surprise a été que cet herbicide nous donnait des effets bien plus importants que les produits que l’on testait. C’est comme cela que nous avons changé l’objet de notre recherche, en nous consacrant uniquement aux effets du Roundup.

– Comment avez-vous procédé ?, ai-je demandé.

– Concrètement, nous avons fait “pondre” des oursins, dont la caractéristique est de produire de grandes quantités d’ovules ; nous avons mis ces ovocytes en présence de spermatozoïdes, et placé les œufs fécondés dans une dilution de Roundup. Je précise que la concentration était bien inférieure à celle pratiquée généralement dans l’agriculture. Et puis, nous avons observé les effets du produit sur des millions de divisions cellulaires. Très vite, nous nous sommes rendus compte que le Roundup affectait un point clé de la division des cellules, non pas les mécanismes de la division elle-même, mais ceux qui la contrôlent. Pour comprendre l’importance de cette découverte, il faut rappeler le mécanisme de la division cellulaire : lorsqu’une cellule se divise en deux cellules filles, la copie en deux exemplaires du patrimoine héréditaire, sous forme d’ADN, donne lieu à de très nombreuses erreurs. Jusqu’à 50 000 par cellule. Normalement, un processus de réparation ou de mort naturelle de la cellule atypique (ce qu’on appelle l’“apoptose”) s’enclenche automatiquement. Mais il arrive que celle-ci échappe à cette alternative (mort ou réparation), parce que le point de contrôle des dommages de l’ADN est affecté. C’est précisément ce “checkpoint” qui est endommagé par le Roundup. Et c’est pour ça que nous disons que le Roundup induit les premières étapes qui conduisent au cancer. En effet, en échappant aux mécanismes de réparation, la cellule affectée va pouvoir se perpétuer, sous une forme génétiquement instable ; et nous savons aujourd’hui qu’elle peut constituer l’origine d’un cancer qui se développera trente ou quarante plus tard.

– Avez-vous pu déterminer ce qui, dans le Roundup, affectait la division cellulaire ?

– C’est une question capitale ! En effet, nous avons également conduit l’expérience avec du glyphosate pur, c’est-à-dire sans les adjuvants qui constituent le Roundup, et nous n’avons pas constaté d’effets : c’est donc le Roundup lui-même qui est toxique et non son principe actif. Or, quand nous avons examiné les tests qui ont servi à l’homologation du Roundup, nous avons découvert avec surprise qu’ils avaient été conduits avec du glyphosate seul… En fait, le glyphosate pur n’a aucune fonction, même pas herbicide, puisque tout seul il ne parvient pas à pénétrer dans les cellules et donc à les affecter. C’est pourquoi je pense qu’il y a un vrai problème avec le processus d’homologation du Roundup et qu’il faudrait s’intéresser de plus près aux nombreux adjuvants qui le composent ainsi qu’à leur interaction. »

Parmi les adjuvants suspectés, il y a notamment le polyoxyéthylène (POEA), dont la toxicité aiguë a été confirmée par de nombreuses études, mais aussi les substances inertes dont on ne peut rien dire, car leur identité n’est pas communiquée par le fabricant, au nom du « secret commercial » ; sans oublier le principal produit de la biodégradation du glyphosate, l’acide aminométhylphosphonique (AMPA), dont la demi-vie est élevée.

Face à ces dysfonctionnements manifestes du processus d’homologation, certains scientifiques courageux, comme le docteur Mae-Wan Ho (Royaume-Uni) et le professeur Joe Cummins (Canada), membres de l’Institute of Science in Society, réclament une révision urgente de la réglementation relative à l’herbicide le plus utilisé dans le monde . Je dis « courageux », car l’histoire du professeur Bellé prouve, s’il en était besoin, qu’on ne touche pas impunément au produit phare d’une maison comme Monsanto…

« Évidemment, nous avons tout de suite compris l’importance que pouvaient avoir nos résultats pour les utilisateurs de Roundup, explique-t-il, puisque la concentration de l’herbicide à l’origine des premiers dysfonctionnements est 2 500 fois inférieure à celle recommandée en pulvérisation. En fait, il suffit d’une gouttelette pour affecter le processus de la division cellulaire. Concrètement, cela veut dire que pour utiliser l’herbicide sans risque, il faut non seulement porter une combinaison et un masque, mais aussi s’assurer qu’il n’y a personne à cinq cents mètres à la ronde… Un peu naïvement, nous nous sommes dit que Monsanto ne devait pas être au courant, car sinon ces recommandations figureraient sur la notice d’emploi et nous leur avons communiqué nos résultats avant même de publier l’étude . Il faut dire que nous avons été très surpris par leur réaction : au lieu de se pencher sérieusement sur nos résultats, ils ont répondu un peu agressivement que toutes les agences réglementaires avaient conclu que le produit n’était pas cancérigène pour l’homme et que, de toute façon, le cancer de l’oursin n’intéressait personne ! C’est tout sauf un argument scientifique ! On dirait qu’ils ne savent même pas que si le “modèle de l’oursin” a valu un prix Nobel à ses découvreurs, c’est précisément parce qu’on sait que les effets mesurés sur une cellule d’oursin sont parfaitement transposables à l’homme…

– Et comment ont réagi vos organismes de tutelle, le CNRS et l’Université Pierre-et-Marie-Curie ?

– À dire vrai, leur réaction fut encore plus surprenante, répond le professeur Bellé, après un silence. Certains représentants se sont déplacés jusqu’à Roscoff pour nous demander instamment de ne pas communiquer avec les médias grand public, sous prétexte que cela allait créer une psychose…

– Comment l’expliquez-vous ?

– Cette question m’a longtemps obsédé… Aujourd’hui, je pense qu’on ne voulait pas faire de vagues pour ne pas porter préjudice au développement des OGM, qui, comme vous le savez, ont été manipulés pour résister au Roundup…

– N’avez-vous pas peur pour votre carrière ?

– Je ne crains plus rien, murmure le chercheur. Je vais bientôt partir à la retraite et je ne dirige plus le laboratoire. C’est pour cela qu’aujourd’hui je peux me permettre de parler… »

FIN DE L’EXTRAIT

Dans une interview qu’il a donnée à Rue 89, le Professeur Bellé va encore plus loin.

Enfin, vendredi soir, j’étais à Saintes, à l’invitation de la députée socialiste Catherine Quéré.

Malgré les multiples animations dans la ville, la projection a réuni 300 personnes. Pour la petite histoire: alors qu’il faisait une chaleur torride, il fut impossible d’ouvrir les portes de la salle de projection, car au même moment, juste à côté, la maison des associations avait organisé une soirée « country music » , où l’on a dansé déguisé en cow boys et farmers texans!

Photos:
– démonstration de la machine de désherbage à eau chaude et de la sarcleuse, alternatives aux épandages de roundup-
– salle comble à Saintes. Photo de Michèle Blanc qui propose de consulter le diaporama réalisé lors de la soirée:
picasaweb.google.com/micheleblancphotos/LeMondeSelonMonsantoAvecMarieMoniqueRobin

Semaine du 30 juin: projection à Aiffres

Une seule projection/ débat/signature, toujours en Poitou Charentes. Je précise que cette projection sera l’avant dernière de l’été, du moins en France, car je pars bientôt pour les Etats Unis pour le prochain film que je réalise actuellement pour Canal +. Je profite de mes tournages en Amérique pour lancer le film à New York et Washington.

Les projections débats en France reprendront en septembre. Je rappelle qu’il me sera difficile d’honorer toutes les demandes qui s’élèvent actuellement à près de 2OO, rien que pour la France. Enfin, le film va sortir très prochainement au cinéma, à l’initiative d’ARTE.

– Le vendredi 4 juillet, je serai donc à Aiffres (près de Niort) dans les Deux Sèvres (voir affiche).

Pour ceux qui voudraient venir d’un peu loin, il faut prendre la sortie 32 de l’A 10, puis suivre la direction de Aiffres.

Le site d’Amazon

Un internaute vient de me signaler les nombreux commentaires concernant mon livre sur le site d’Amazon.
J’en retiens un que je trouve particulièrement éloquent…

5 internautes sur 6 ont trouvé ce commentaire utile :
une enquête rigoureuse et implacable, indispensable !!!, 28 mai 2008
Par Lavigne Delville Philippe (France) – Voir tous mes commentaires

Je suis agronome, travaillant en coopération pour le développement agricole des pays du Sud. Tous ceux qui, ayant un peu de culture biologique et agronomique, suivent cette question des OGM connaissent depuis longtemps les ravages de l’excès de pesticides et les énormes problèmes de contamination des espèces (cultivées, et parfois sauvages) liés aux OGM. Ils connaissent les problèmes de résistance, savent le danger de l’uniformisation génétique, et que des variétés adaptées à des écosystèmes variés ne peuvent être mises au point que sur place. Ils savent depuis 7 ou 8 ans que le gène de résistance aux herbicides introduit dans le colza passent dans les crucifères sauvages et que la contamination génétique est prouvée de longue date, ils savent (articles du Monde de 2003) que les firmes OGM préparent du gazon de golf résistant aux herbicides et que c’est monstrueux (comment imaginer que ça ne passe pas dans les mauvaises herbes voisines… qui sont les mêmes espèces!); ils savent les dégâts causés en Inde et au Paraguay. Sur ces aspects, l’enquête de Marie Monique Robin n’apporte pas grand chose de neuf, mais elle l’explique très bien à un public plus large, ce qui est essentiel.
Là où l’apport est encore plus essentiel, c’est dans la démonstration implacable des mécanismes pour imposer les OGM, les fraudes scientifiques avérées, la manipulation de l’information. Le tour de passe passe sur la qualification des OGM comme plantes non modifiées, sur les rapports FAO s’appuyant sur une décision américaine non fondée et qui servent depuis à affirmer de source « indépendante » la fiabilité des OGM, est particulièrement bien analysé.
Ce livre doit être lu par tous ceux qui s’interrogent honnêtement sur le sujet. Quant à vous qui démolissez ce livre, c’est votre droit le plus strict. Mais s’il vous plait, portez vos critiques sur la rigueur de la démonstration, sur la qualité des sources démontrant les fraudes scientifiques, sur les éventuels biais. Mais ne vous contentez pas de commentaires lapidaires et idéologiques (« elle a fait son enquête devant son ordinateur », « tout le monde sait bien que les OGM sont efficaces dans les pays pauvres ») qui ne font pas le poids face à la démonstration, et qui ressemblent tellement aux pseudos arguments d’autorité développés par Mosanto et les promoteurs (aveugles?) des biotechnologies …

Corruption: l’affaire Richard Doll

Comme prévu, je retranscris le partie de mon livre relatant l’affaire de Richard Doll, corrompu par Monsanto pendant vingt ans pour propager des informations scientifiques mensongères.
Cet extrait s’inscrit dans le cadre des deux chapitres que j’ai consacrés à la dioxine, dont Monsanto a caché la toxicité meurtrière, allant jusqu’à payer des études scientifiques manipulées, publiées dans des revues scientifiques de renom, avant que l’affaire ne soit révélée…

DÉBUT DE L’EXTRAIT

Corruption et trafic d’influence

L’histoire est tellement incroyable qu’elle mérite qu’on s’y arrête, tant elle en dit long sur les pratiques de la firme, prête à tout pour garantir son impunité. C’est tout à fait par hasard qu’en 1973 un jeune chercheur suédois du nom de Lennart Hardell découvre l’existence de la dioxine et ses effets funestes sur la santé humaine.

Il est en effet consulté par un homme de soixante-trois ans à l’hôpital universitaire de Umea : atteint d’un cancer du foie et du pancréas, celui-ci se présente comme un agent des Forêts du nord de la Suède qui, pendant vingt ans, fut chargé de pulvériser un mélange de 2,4-D et de 2,4,5-T sur des bois de feuillus (les deux herbicides composant l’agent orange).
Commence alors une longue recherche, en collaboration avec trois autres scientifiques suédois, qui conduira à la publication d’études soulignant notamment le lien entre les sarcomes des tissus mous et l’exposition à la dioxine .

En 1984, Lennart Hardell est invité à témoigner dans le cadre d’une commission d’enquête mise en place par le gouvernement australien, alors confronté aux demandes de réparations des militaires ayant participé à la guerre du Viêt-nam, aux côtés des Américains.
La commission royale sur « l’usage et les effets des produits chimiques sur le personnel australien au Viêt-nam » rend son rapport en 1985, provoquant une vive polémique .
Dans un texte, publié dans la revue Australian Society, le professeur Brian Martin, qui enseigne au Département de science et technologie à l’université de Wollongong, dénonce les manipulations ayant conduit la commission à prononcer l’« acquittement de l’agent orange ».

En effet, affichant un optimisme sidérant, le rapport conclut qu’« aucun vétéran n’a souffert de l’exposition aux produits chimiques utilisés au Viêt-nam. C’est une bonne nouvelle et la commission émet le vœu fervent qu’elle soit criée sur tous les toits »…

Dans son article, le professeur Martin raconte comment les experts cités par l’association des vétérans du Viêt-nam ont été « vivement attaqués » par l’avocat de Monsanto Australia.

« Dans son rapport, écrit-il, la commission a évalué le témoignage des experts dans les mêmes termes que Monsanto. Tous ceux qui n’excluaient pas la possibilité que les produits chimiques aient un effet toxique ont vu leurs contri-butions scientifiques et leurs réputations dénigrées. En revanche, les experts qui exonéraient les produits chimiques furent tous salués par la commission. »

Les auteurs du rapport n’hésitèrent pas à recopier presque in extenso deux cents pages fournies par Monsanto pour démonter le résultat des études de Lennart Hardell et Olav Axelson .

« L’effet de ce plagiat est de présenter le point de vue de Monsanto comme étant celui de la commission », commente Brian Martin. Par exemple, dans le volume capital concernant les effets cancérigènes du 2,4-D et du 2,4,5-T, « quand le texte de Monsanto dit “il est suggéré” que, le rapport écrit “la commission a conclu”, mais pour le reste tout a été tout simplement copié ».

Très durement mis en cause par le rapport, qui insinue qu’il a manipulé les données de ses études, Lennart Hardell épluche à son tour le fameux opus.
Il découvre « avec surprise que le point de vue de la commission est soutenu par le professeur Richard Doll dans une lettre qu’il adresse le 4 décembre 1985 à l’honorable M. Justice Phillip Evatt, le président de la commission », dans laquelle il est écrit :

« Les conclusions du docteur Hardell ne peuvent pas être défendues et à mon avis son travail ne devrait plus être cité comme une preuve scientifique. Il est clair […] qu’il n’y a aucune raison de penser que le 2,4-D et le 2,4,5-T sont cancérigènes pour les animaux de laboratoire et que même la TCDD (dioxine) qui a été présentée comme un polluant dangereux contenu dans les herbicides est, au plus, faiblement cancérigène pour les animaux . »

Or, Richard Doll n’est pas n’importe qui : décédé en 2005, il fut même longtemps considéré comme l’un des plus grands cancérologues du monde. Anobli par la reine d’Angleterre, cet épidémiologiste britannique s’était distingué pour avoir montré les liens entre le tabagisme et la genèse du cancer des poumons. Ayant osé dénoncer les mensonges des industriels de la cigarette, il avait une réputation d’incorruptible.

En 1981, Sir Richard Doll avait publié un article très cité sur l’épidémiologie du cancer, dans lequel il affirmait que les causes environnementales jouent un rôle très limité dans la progression de la maladie …

Seulement voilà : la légende a volé en éclats en 2006, lorsque The Guardian révéla que l’honorable Sir Doll avait travaillé secrètement pour Monsanto pendant vingt ans !

Parmi les archives qu’il avait déposées en 2002 dans la bibliothèque du Welcome Trust, figurait une lettre, datée du 29 avril 1986, avec l’en-tête de la firme de Saint-Louis.

Rédigée par William Gaffey, l’un des auteurs des études controversées sur la dioxine, elle confirmait le renouvellement du contrat à raison de 1 500 dollars par jour.

En fait, le (gros) lièvre avait été levé par Lennart Hardell et ses collègues, auteurs d’un article très instructif dans le American Journal of Industrial Medecine, intitulé « Les liens secrets de l’industrie et les conflits d’intérêt dans la recherche sur le cancer »…

FIN DE L’EXTRAIT