Dans un post précédent, j’ai évoqué les pressions, menaces et la campagne de diffamation menées contre le Pr. Andres Carrasco, qui a conduit une étude sur les effets mortels du roundup sur les embryons d’amphibiens.
Je viens de signer la pétition, lancée par 300 scientifiques et intellectuels argentins pour les soutenir, et invite les internautes à faire de même:
Plus que jamais nous avons besoin de scientifiques indépendants des multinationales qui évaluent rigoureusement et dans l’intérêt de la collectivité les produits que celles-ci mettent sur le marché, dans le but exclusif de satisfaire leurs intérêts économiques et ceux de leurs actionnaires.
Voici le texte de la pétition qui circule en espagnol, anglais et français:
Alerte
Nous, scientifiques, académiques, intellectuels, artistes, souhaitons rendre publique notre position critique face à toute intromission mercantiliste et pragmatique du pouvoir économique dans l’indépendance du système scientifique et universitaire. Avec la rhétorique du “productivisme” devenue courante ces derniers temps -et différente de l´accumulation financière typique des décennies précédentes-, on cherche à éviter le débat sur ce qui depuis longtemps fait l’objet de préoccupations et d’actions au sein des réseaux scientifiques et académiques au niveau de la communauté internationale: le savoir, et le savoir public surtout, est-il assiégé par le marché ? Dans quelles conditions l’indépendance scientifique peut-elle être réelle, notamment celle qui mène à exercer le droit éthique de donner l´alarme face aux dommages subis par la communauté, sans souffrir de représailles ou de sanctions plus ou moins voilées ? La communauté scientifique et universitaire a ses voix d´alerte, avec les arguments que lui donnent les “sciences dures” –biologie, géologie, glaciologie, chimie, entre autres- et de même en est-il pour les “sciences molles” –médicine, sociologie, écologie sociale, économie politique, archéologie, anthropologie, éducation, etc. Des chercheurs et des universitaires essaient de se faire entendre pour éviter ou diminuer les risques certains de dommages irréparables et, surtout, de grandes souffrances sociales.
Le discours des politiques, des fonctionnaires, des communicateurs et des médiateurs recrutés par les corporations économiques produisent une sorte de discours unique semblable à un chant des sirènes sur le “développement durable” du modèle d`agrobussines (celui du soja en particulier) et des “mines responsables » comme facteur de transformation, et ce discours hégémonique est stratégiquement légitimé par des acteurs universitaires et scientifiques financés par les compagnies transnationales au sein d’un système public qui a été soumis à une désappropriation. Comment les voix critiques des universitaires et des chercheurs contre le modèle basé sur l’extraction pourraient-elles être entendues? Quelles possibilités y a-t-il de développer une discussion publique sur ces thèmes si importants pour le bien commun? Comment caractériser cette scène en termes de promotion de la citoyenneté et des droits qu’il est possible d’exiger, là où les voix indépendantes et critiques associés à des savoirs aux trajectoires non cooptées se voient niées, diffamées, réduites au silence, voire détournées ?
En ce moment où fait rage le débat sur la publication des résultats d’une enquête sur des produits agrochimiques largement utilisés dans l’agriculture argentine, nous réaffirmons notre décision de préserver un système scientifique et universitaire indépendant des intérêts économiques des grandes corporations, ou dominent la liberté de penser et de chercher, encadrée à la fois par les principes éthiques propres à chaque champ disciplinaire ainsi que l’incontournable responsabilité face aux secteurs sociaux les plus démunis.
Pour signer cette pétition, veuillez envoyer un email à muchasredes09@gmail.com
Pour lire les signature, voir www.voces-de-alerta.blogspot.com