J’ai participé aujourd’hui au lancement de Nouvelle Donne, le parti créé par des acteurs de la société civile et les fondateurs du Collectif Roosevelt, comme Edgar Morin, Stéphane Hessel, Pierre Larrouturou, Dominique Méda, Bruno Gaccio ou Susan George :
J’ai suivi de très près les travaux et propositions du collectif qui avait le courage de dire que la crise sociale et économique, dans laquelle nous nous enfonçons jour après jour, n’était pas une fatalité, mais bien le résultat d’un système financier dérégulé et d’une machine capitaliste qui mène la planète à sa perte.
Je rappelle, par exemple, que l’explosion de la dette publique est principalement due « aux plans de sauvetage de la finance et surtout à la récession provoquée par la crise bancaire et financière qui a commencé en 2008 », ainsi que l’explique le manifeste des Économistes atterrés :
http://www.atterres.org/page/manifeste-d%C3%A9conomistes-atterr%C3%A9s
Il y a deux semaines, j’ai été contactée par Dominique Méda et Pierre Larrouturou qui m’ont annoncé la création de Nouvelle Donne. Ils m’ont demandé si je voulais soutenir le nouveau parti, qui entend présenter des candidats aux élections européennes de 2014. À dire vrai, j’ai beaucoup hésité, car jusqu’à présent j’avais tenu à rester à l’écart des formations politiques, pour préserver mon indépendance et aussi parce que je suis très occupée par mon travail de journaliste.
J’ai finalement accepté, car j’estime que nous sommes actuellement dans une impasse politique d’autant plus inquiétante que la « crise » , loin de s’estomper, va perdurer.
Rien d’étonnant à cela : il ne s’agit pas d’une « crise », mais bel et bien d’un effondrement systémique qu’on ne saura arrêter tant qu’on ne sortira pas des rails, qui nous conduisent droit dans le mur. En attendant, les effets dévastateurs de l’ « effondrement » (en anglais, on parle de « collapse ») sont de plus en plus évidents : chômage massif, pauvreté, inégalités, insécurité, angoisse pour l’avenir, bouleversements climatiques, extinction de la biodiversité, explosion des maladies chroniques, etc.
Nous vivons une époque difficile qui demande des décisions politiques courageuses et innovantes, pour enclencher la transition dont nous avons besoin de toute urgence.
Or, force est de constater que le gouvernement est complètement à côté de la plaque. Empêtré dans le pilotage improbable du Titanic, il navigue à vue, provoquant un énorme désarroi dans tout le pays.
J’ai vu ce désarroi au cours de la « tournée » qui m’a conduite dans quatre-vingt dix villes et villages de France, pour participer à des projections de mon film Les moissons du futur. Un peu partout, j’ai rencontré des élus ou militants socialistes, écologistes, centristes, associatifs, désabusés et démobilisés, finissant par avouer qu’ils n’iraient pas voter aux prochaines élections. Dans le même temps, ils avouaient leur inquiétude face à la montée du Front National, en train d’occuper le terrain de la désillusion et du désespoir.
C’est mathématique : les résultats du parti de Marine Le Pen seront d’autant plus élevés que sera élevé le taux d’abstention.
Si j’ai décidé de soutenir Nouvelle Donne c’est précisément parce que je ne veux pas que les abstentionnistes, dont je comprends pourtant le désarroi, fassent le lit du Font National.
Je veux leur dire qu’un autre monde est possible et qu’il reste à construire :
Contrairement à ce qu’ont affirmé certains médias, comme Le Nouvel Observateur, il ne s’agit pas , pour moi en tout cas, de « concurrencer le PS », ni Europe Écologie Les Verts ou le Front de Gauche, mais de taper sur la table, pour qu’on entende, enfin, la voix de tous ceux et celles qui n’en peuvent plus de l’inertie des politiques, et de leur incapacité à voir plus loin que le bout de leur mandat.
Je précise, pour finir, que je ne veux pas être députée européenne, car j’entends continuer mon métier de journaliste, tant que j’aurai la conviction que les films et livres peuvent servir à quelque chose…