Comme je l’expliquais dans un précédent texte, le gouvernement indien a décidé de suspendre sine die l’autorisation de mise sur le marché de l’aubergine BT, produite par Monsanto.
De même que le maïs MON 810, dont le gouvernement français a interdit la culture il y a deux ans, cette aubergine a été manipulée génétiquement pour fabriquer un insecticide, censé combattre les parasites de ce légume, dont l’Inde est le centre d’origine.
Le moratoire indien est notamment dû à deux témoignages qui ont soulevé un vif débat dans le sous-continent où , comme je le démontrais dans mon film et livre « Le monde selon Monsanto », les cultures de coton BT , autorisées en 2002, ont tourné au cauchemar pour des dizaines de milliers de petits paysans indiens.
La première mise en garde contre les effets néfastes de l’aubergine BT est venue du Dr. Keshav Kranthi , un scientifique qui aurait « détesté être taxé d’anti OGM », ainsi que l’écrit le journal The Telegraph.
De fait, il suffit de se pencher sur le CV très officiel du Dr. Kranthi, pour comprendre qu’il est (ou fut ?) un fervent défenseur de la biotechnologie, travaillant comme directeur de l’Institut Central de recherche sur le coton de Nagpur :
http://www.cicr.org.in/profiles/kranthi.htm
Il n’empêche qu’il a publié un rapport très critique sur les effets dramatiques à moyen terme du coton BT qui a entraîné l’apparition d’insectes très virulents ainsi qu’une baisse substantielle des rendements. Pour venir à bout de ces nouveaux fléaux, les paysans doivent utiliser des insecticides extrêmement toxiques, et donc s’endetter (sans parler des dangers pour leur santé).
Les anglophones peuvent lire l’interview très détaillée du scientifique :
http://www.telegraphindia.com/1100216/jsp/nation/story_12110833.jsp
Dans son rapport, le Dr. Kranthi note qu’au cours des trois dernières années, la consommation moyenne d ‘herbicides sur les fermes productrices de coton BT a considérablement augmenté, confirmant le miroir aux alouettes que représentent les plantes OGM. Dans le même temps, les rendements chutaient de 560 lint par hectare à 512.
Un fiasco.
Au moment où le Dr. Kranthi mettait en garde le gouvernement indien contre l’introduction de l’aubergine BT, Tiruvadi Jagadisan , qui fut l’un des membres de la direction de Monsanto en Inde pendant vingt ans, montait publiquement au créneau pour révéler que la firme avait « l’habitude » de falsifier les données scientifiques qu’elle soumet aux autorités indiennes.
J’invite les internautes à lire l’article de India Today ou sa traduction en français :
http://indiatoday.intoday.in/site/Story/83093/Top%20Stories/Monsanto+’faked’+data+for+approvals+claims+its+ex-chief.html
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2991
Toutes ces informations ne font que confirmer ce que j’ai longuement dénoncé dans « Le monde selon Monsanto ».