3) Les manœuvres du commissaire Dalli
Le maltais John Dalli est le commissaire européen chargé de veiller sur la santé et la protection des consommateurs. C’est ce que dit clairement son titre, mais tout indique qu’il pense davantage à la santé des … semenciers et producteurs d’OGM.
Surnommé le « commissaire aux OGM », il vient de subir deux échecs cuisants car sa proposition visant à assouplir la culture des OGM en Europe – en fait à favoriser leur expansion- a été retoquée le mardi 27 septembre par les ministres de l’agriculture, puis le jeudi 14 octobre par les ministres de l’environnement européens.
Que proposait le commissaire, encouragé par le très pro OGM président de la Commission, José Manuel Barroso ?
Très « gêné » – on se demande pourquoi …- par l’attitude de la majorité des États européens qui ont fait joué la clause de sauvegarde pour interdire les cultures transgéniques sur leurs territoires, il suggérait de modifier les règles du jeu communautaires pour laisser aux Etats la décision de permettre ou non la culture transgénique. Malin ! Les ministres européens ne s’y sont pas trompés qui ont vu, à juste titre, une tentative de « renationalisation » de la politique agricole commune, mais aussi de fragmentation du marché intérieur.
Tout cela pour que quelques pays puissent cultiver des OGM (qui risquent de contaminer les pays voisins) dont l’écrasante majorité des consommateurs européens ne veut pas !
Manifestement le commissaire à la Santé et à la Protection des consommateurs n’a pas reçu le bon portefeuille !
Pour les débats qu’a suscités la proposition de Mr. Dalli, j’invite à lire le site de Combat Monsanto :
http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article745
Je rappelle que pour l’heure seuls deux OGM sont cultivés en Europe, le maïs MON 810 de Monsanto (principalement en Espagne) et la pomme de terre Amflora de BASF, dont l’autorisation de mise sur le marché fut très contestée (voir sur ce Blog).
Comme la souligné Chantal Jouanno, la secrétaire à l’environnement, on attend toujours que soient revus le processus d’autorisation des OGM et le mode de fonctionnement de l’EFSA qui continue de « donner des avis publics sur des études secrètes faites par les semenciers », selon les mots de Corinne Lepage,Monde ancienne ministre de l’environnement (1995-1997) et eurodéputée, dans une interview au du 10 juin 2010.
Cette demande pour un renforcement de l’évaluation des OGM avait été formulée à l’unanimité par les ministres de l’environnement européens, en décembre 2008. Et depuis, plus rien. Concernant directement la santé des consommateurs, cette demande aurait dû être encouragée par le commissaire Dalli qui a préféré défendre les intérêts de Monsanto et consorts… Pourquoi?
Par ailleurs, j’informe les internautes que la pétition contre les OGM que j’avais encouragé à signer, a atteint le million de signatures. S’appuyant sur une innovation du Traité de Lisbonne qui prévoit la possibilité d’un référendum sur un sujet saisi par un million de pétitionnaires européens, la pétition appelle José Manuel Barroso, le président de la Commission, à « décréter un moratoire sur l’introduction des plantes génétiquement modifiées en Europe » » et vise à « mettre en place un organisme éthique et scientifique indépendant chargé de mener à bien la recherche sur l’impact des OGM et déterminer leur régulation ».
On attend la réponse que devrait donner la Commission à cette initiative citoyenne, parrainée par Greenpeace et Avaaz, d’ici la fin 2010.