L’affaire Starlink: un OGM hautement allergène

Profitant de la trève de fin d’année, je viens de lire les nombreux commentaires postés sur mon Blog et dont je n’avais pas encore pris connaissance (faute de temps).

Je relève celui-ci d’Anton, mon détracteur préféré, dont j’espère sincèrement qu’il est payé à la ligne…

Voici ce qu’il écrit, le 18/12:

« Aucun OGM actuellement commercialisé n’est connu pour être allergène… »

Ah! Le bel argument! D’abord, comment Anton peut-il affirmer cela? Quels moyens a-t-il de vérifier une telle affirmation, servie à l’envi par les promoteurs (malhonnêtes) des OGM?

D’abord, comme je le souligne dans mon livre, les allergies ont explosé en Amérique du Nord depuis une dizaine d’années, et tout particulièrement chez les enfants. Les raisons peuvent être multiples, et parmi elles l’absorption d’aliments contenant des OGM. Le problème c’est qu’il est difficile de le vérifier, tout simplement parce que les OGM ne sont pas étiquetés, ce qui empêche toute traçabilité et donc toute étude épidémiologique. Et c’est bien pour cela, entre autres, que Monsanto se bat pour que les OGM ne soient pas étiquetés, alors que tous les sondages montrent que plus de 90% des consommateurs nord américains voudraient avoir le droit de choisir.

Ces remarques préliminaires faites, je transcris ici l’affaire du maïs BT Starlink, qui prouve que, contrairement à ce qu’affirme Anton, il y a déjà eu un cas d’OGM commercialisé qui s’est révélé hautement allergène.

DEBUT EXTRAIT

la « débâcle de StarLink »

Le 18 septembre 2000, les Amis de la terre publient un communiqué qui déclenche un véritable cataclysme : l’association écologique américaine annonce qu’elle a fait analyser des échantillons de maïs (chips, tacos, céréales, farines, soupes, galettes) achetés dans les supermarchés et que les tests ont révélé la présence de traces de StarLink, un maïs Bt produit par Aventis , interdit à la consommation humaine.

De fait, pour augmenter la fonction insecticide de son OGM, la firme y a introduit une protéine Bt (Cry9C) particulièrement lourde et stable, « suspectée de causer des allergies, parce qu’elle présente une capacité accrue de résistance à la chaleur et aux sucs gastriques, ce qui donne plus de temps à l’organisme de sur-réagir », ainsi que l’explique le Washington Post .

Voilà pourquoi l’EPA a limité la commercialisation de ce maïs Bt pour la seule consommation animale et la production d’éthanol… Or, comme rien ne ressemble plus à un maïs conventionnel qu’un maïs OGM, les négociants en grains, qui n’étaient pas informés de la subtilité bureaucratique, ont mélangé StarLink avec les autres variétés (jaunes) de la céréale…

Avant d’évoquer les conséquences de cette lamentable affaire, je voudrais souligner en quoi elle est révélatrice de ce que Pierre-Benoît Joly et Claire Marris appellent l’« inadéquation du cadre réglementaire » américain . On se souvient qu’après avoir publié sa « ligne directrice sur la réglementation des OGM », l’administration républicaine avait réparti les compétences entre les trois principales agences règlementaires : la Food and Drug Administration (FDA) fut chargée des aliments transgéniques, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) des OGM à fonction pesticide et le secrétariat à l’Agriculture (USDA) des cultures transgéniques.

Le résultat de cette répartition arbitraire, c’est que les plantes Bt, dont certaines comme le maïs finissent dans l’assiette du consommateur, ne dépendent pas de la FDA mais de l’EPA, car elles sont considérées comme des… pesticides.

Ce paradoxe, qui explique la catastrophe de StarLink, a été magistralement démontré dès 1998 par Michael Pollan, un journaliste du New York Times . Il raconte qu’il a planté « quelque chose de nouveau dans [son] jardin potager » : une pomme de terre Bt récemment lancée sur le marché par Monsanto, baptisée « New Leaf » et censée produire « son propre insecticide ». Sur la notice d’emploi, il découvre que la pomme de terre a été enregistrée comme « pesticide » par l’EPA, et s’étonne que l’étiquette renseigne sur sa composition organique, les nutriments et même les « traces de cuivre » qui la constituent, mais ne dit pas un mot sur le fait qu’elle est issue de la manipulation génétique et surtout qu’elle « contient un insecticide ».

Il décide alors d’appeler James Maryanski, le coordinateur de la biotechnologie à la FDA ( que j’ai moi même longuement interviewé).

« Le Bt est un pesticide, lui explique ce dernier, c’est pourquoi il est exempté de la réglementation de la FDA et relève de la compétence de l’EPA. » Pourtant, insiste le journaliste, « je vais manger mes pommes de terre Bt, est-ce que l’EPA a testé leur sécurité alimentaire ? ».

« Pas vraiment », répond Maryanski, car, comme leurs noms l’indiquent, les « pesticides sont des produits toxiques », l’EPA ne peut donc qu’établir des « niveaux de tolérance » acceptables pour l’homme…

Michael Pollan appelle donc l’EPA, où on l’informe que la New Leaf n’étant que la « somme d’une pomme de terre sans danger (safe) et d’un pesticide sans danger », l’agence a estimé qu’elle ne posait aucun risque pour la santé humaine…

« Admettons que mes pommes de terre sont un pesticide, et même un pesticide très sûr, ironise le journaliste. Tous les pesticides que j’utilise dans mon jardin, y compris les pulvérisateurs de Bt, présentent une liste très longue de précautions d’emploi. L’étiquette sur mon bidon de Bt dit, entre autres, qu’il faut éviter d’inhaler le produit ou de le mettre en contact avec une plaie. Pourquoi est-ce que mes pommes de terre New Leaf, qui contiennent un pesticide enregistré par l’EPA, ne présentent-elles pas ce genre d’étiquette ? »

On ne peut mieux résumer l’aberration du système réglementaire américain, qui tourne carrément au ridicule quand on sait que, alertée sur les effets allergènes potentiels du maïs StarLink, l’EPA — au lieu de l’interdire purement et simplement — a décidé d’en restreindre l’autorisation à la seule consommation animale.

À noter l’indifférence totale de la FDA à cette question, qui ne l’évoque même pas dans un courrier adressé par Alan Rulis, le 29 mai 1998, à AgrEvo, la filiale d’Aventis commercialisant StarLink, où celui-ci se contente de préciser :

« Comme vous le savez, il est de la responsabilité permanente d’AgrEvo d’assurer que les aliments que la firme commercialise sont sûrs, sains et répondent à toutes les exigences légales et réglementaires … »

Le fonctionnaire de la FDA ne croyait pas si bien dire : dès septembre 2000, l’agence est submergée d’appels paniqués provenant de tous les États-Unis. Parmi eux, celui de Grace Booth, qui raconte que lors d’un déjeuner d’affaire où elle mangeait des enchiladas, elle fut subitement prise de bouffées de chaleur et d’une diarrhée violente, tandis que ses lèvres enflaient et qu’elle perdait la voix :

« J’ai cru que j’allais mourir », rapporta-t-elle à la chaîne CBS . Transportée en urgence dans un hôpital californien, elle a survécu grâce à l’administration rapide d’un antiallergique. Tous les rapports qui parviennent à la FDA font état d’une réaction violente liée à la consommation de produits à base de maïs, servis essentiellement dans des restaurants tex-mex.

Interrogé par CBS, le docteur Marc Rosenberg, un allergologue qui fut chargé de conseiller le gouvernement dans cette triste affaire, confirme que les symptômes « allaient de la simple douleur abdominale, diarrhée et éruption cutanée, jusqu’à des réactions plus rares mettant la vie en danger ».

Comme le souligneront en juillet 2001 les Amis de la terre dans un rapport très circonstancié, « la débâcle de StarLink représente un cas d’école montrant la dépendance quasi totale de nos agences réglementaires vis-à-vis des firmes de la biotechnologie et de l’agroalimentaire qu’elles sont censées “réguler”, mais aussi leur incompétence ».

L’association rapporte que la FDA a mis une semaine à confirmer la présence de StarLink dans la chaîne alimentaire, pour une raison qu’elle n’aurait jamais soupçonnée : « Nous avons appris que ce délai était dû au simple fait que deux ans après la mise en culture de StarLink sur plusieurs centaines de milliers d’acres , l’agence n’avait même pas l’expertise lui permettant de détecter cette protéine potentiellement allergique », écrit l’association écologiste .

Pour pouvoir conduire ses tests de laboratoire, la célèbre FDA a dû solliciter l’aide d’Aventis… De même, lorsque l’EPA fut contrainte de mettre au point un test pour mesurer l’allergénicité de la protéine Bt, elle dut s’en remettre au fabricant pour qu’il lui livre un échantillon de la molécule. Finalement, arguant qu’elle ne pouvait pas isoler suffisamment de protéine exprimée dans la plante, la firme a fourni un substitut synthétique provenant de la bactérie E. coli. Des experts ont souligné que le test serait biaisé car, comme nous l’avons vu, « la même protéine n’est pas forcément identique d’une espèce à l’autre ».

Après des mois d’atermoiements, l’agence de protection de l’environnement a conclu prudemment qu’il y avait une « probabilité moyenne que StarLink soit un allergène »… Puis, les autorités sanitaires ont enterré le dossier, perdant une belle occasion de comprendre pourquoi la consommation de tacos avait rendu gravement malades et failli faire mourir des centaines d’Américains…

En attendant, la « débâcle » a coûté un milliard de dollars à Aventis. D’abord, la firme a dû indemniser les distributeurs alimentaires qui ont retiré de leurs rayons 10 millions de produits à base de maïs. Et puis elle a dû racheter à tous les négociants, paysans et meuniers leur stock de grains StarLink. Mais l’ampleur de la catastrophe dépassa les prévisions les plus noires : des tests conduits par l’USDA révélèrent que 22 % du maïs américain était contaminé par la protéine maudite , portant le coup de grâce aux exportations que l’affaire du monarque avait déjà réduites comme une peau de chagrin.

Le magazine Nature rapporte que, d’après un représentant de l’USDA, la présence de StarLink a été retrouvée dans des produits boulangers à Taiwan, mais aussi au Japon . « Je sais que vous vous demandez : est-ce que cela aura un jour une fin ?, s’est énervé John Wichtrich, un dirigeant d’Aventis, lors d’un rassemblement de l’association des minotiers d’Amérique du Nord, à San Antonio (Texas). Malheureusement, la réponse est “non”, il n’y aura jamais de fin tant qu’on exigera une tolérance zéro pour la protéine Cry9C dans l’alimentation . »

FIN DE L’EXTRAIT

Monsanto sort de son silence

Comme je l’écrivais dans un message écrit au Brésil, mon voyage dans ce pays a fait sortir Monsanto de son silence. Voici le compte-rendu qu’en a fait Le Monde dans son édition du 2O décembre:

La sortie au Brésil de l’ouvrage Le Monde selon Monsanto n’est pas passée inaperçue aux yeux de la multinationale américaine. Pour la première fois depuis la divulgation de l’enquête journalistique de Marie-Monique Robin, sous forme d’un livre et d’un documentaire diffusé par Arte au mois de mars, l’entreprise, qui produit 90 % des organismes génétiquement modifiés (OGM) utilisés dans le monde, a pris note des accusations qui la visent. Et Monsanto avance des réponses, via Internet, en portugais.

« La direction du groupe au Brésil a voulu présenter son point de vue, pour ne pas laisser sans réponse des attaques qui ont déjà eu un écho mondial », explique-t-on au service de communication de Monsanto, à Sao Paulo, en précisant qu’il s’agit d’une traduction littérale du texte envoyé par le siège américain de la firme. Plusieurs pages du site brésilien reprennent des points développés dans le film, en avertissant : « Un documentaire français tente de dénigrer l’image de Monsanto », avec une enquête de « ceux qui ont une stratégie pour discréditer la biotechnologie ». « C’est amusant de les voir enfin réagir, a déclaré Marie-Monique Robin, venue à Curitiba (Etat du Parana) lors d’une tournée au Brésil. Mais si leurs arguments étaient solides, ils m’auraient attaquée en justice depuis longtemps. »

La réaction publiée témoigne de l’importance du Brésil dans la stratégie de la multinationale : ce pays a récolté 60 millions de tonnes de soja cette année, soit 25 % de la production mondiale, et Monsanto a déjà introduit son soja Roundup Ready, légalisé en 2005.

La moitié de la récolte brésilienne est certifiée « sans OGM », le reste est transgénique ou contaminé.

RENDEMENTS DÉCEVANTS

Des neuf OGM autorisés par les autorités de Brasilia, entre soja, maïs et coton, la moitié porte la marque Monsanto. Dans l’Etat de Bahia, à Camaçari, fonctionne la plus grande entreprise d’herbicides d’Amérique latine.

« Ces enquêtes nous aident à lutter contre les OGM, expliquait Marcelo Durao, du Mouvement des paysans sans terre, au cours d’un débat à Rio de Janeiro. Nous avons perdu beaucoup de terrain face à la logique gouvernementale, qui favorise les matières premières exportables, au détriment des aliments. » Dans le Sud, des agriculteurs tentent d’abandonner le soja OGM, déçus par les rendements, mais ils ne trouvent plus de graines traditionnelles à cultiver.

L’éditeur de Radical Livros, Georges Kormikiaris, est très satisfait des débats autour de Marie-Monique Robin. Notamment avec des responsables du ministère du développement agraire, à Brasilia, et à l’Ecole d’agronomie de l’université de Sao Paulo, pourtant financièrement aidée par Monsanto.

Annie Gasnier, la correspondante du Monde, était présente lors de la présentation de mon film et livre organisée par le centre culturel du consulat de France à Rio de Janeiro (voir photos).

Je profite de cette fin d’année pour mettre en ligne quelques photos illustrant quelques moments de mon « journal de campagne » des quatre dernières semaines :

– Fontenay le Comte

– lycée Rabelais de Fontenay le Comte

– lycée Ernest Pérochon de Parthenay.

Le 29 novembre, la projection/débat, organisée au Palais des congrès , a réuni 650 personnes. Et non 500, comme je le croyais, au moment où le Festival international du scoop d’Angers, m’a appelée pour me confirmer que « Le monde selon Monsanto » avait reçu le prix spécial du jury (voir vidéo).

– à l’école d’agronomie de l’Université de Sao Paulo

– avec la télévision brésilienne, avant la projection devant les sénateurs brésiliens.

– Annie Gasnier, correspondante du Monde, lors de la projection à Rio de Janeiro (2ème rang avec le collier).

– avec Orlando Pessuti, le vice-gouverneur de l’Etat du Parana, qui m’a invitée à participer à un forum sur l’agriculture biologique, à la fin mars 2009.

« Les pirates du vivant » (2)

Je mets en ligne la deuxième partie de mon film « Les pirates du vivant ».

J’ai regroupé les trois films « Blé: chronique d’une mort annoncée? », « Argentine: le soja de la faim » et « Les pirates du vivant » dans une nouvelle rubrique intitulée « Les films qui m’ont conduite à Monsanto ».

Chapela avait raison!

Me voici de retour du Brésil où mon programme fut si chargé (quatre villes en quatre jours!) que je n’ai pas pu écrire, tant j’étais épuisée, en rentrant, le soir, à ma chambre d’hôtel.

Je me contente ce soir (décalage horaire oblige…) de mettre deux photos de ma conférence à l’Université de Sao Paulo (lundi 8 décembre), je reviendrai plus en détails sur ce séjour passionnant.

Je mets en ligne le lien vers l’article du Monde qui confirme en tout point ce que j’écrivais dans mon livre sur la contamination au Mexique. Une fois de plus, mes détracteurs patentés se mêlent les pieds dans le tapis, en disant tout et le contraire de tout. Et pour que ce soit bien clair, je copie aussi ce que j’ai écrit sur l’affaire Chapela:

EXTRAIT

Le lynchage médiatique du biologiste Ignacio Chapela

« Les petits paysans mexicains sont très conscients des enjeux que représente la contamination transgénique, car pour eux, le maïs est non seulement leur nourriture de base, c’est aussi un symbole culturel », m’explique Ignacio Chapela, l’auteur de l’étude publiée par Nature, qui m’a donné rendez-vous sur le fameux parvis de l’université de Berkeley, à San Francisco.

C’est d’ici que partît, en 1964, le mouvement contre la guerre du Viêt-nam, qui dénonçait notamment les épandages de l’agent orange et les « marchands de la mort », au nombre desquels Monsanto.

En ce dimanche d’octobre 2006, l’immense campus, où s’affairent normalement plus de 30 000 étudiants et près de 2 000 enseignants, est désertique. Seule une voiture de police erre comme une âme en peine. « C’est pour moi, me dit Ignacio Chapela, depuis cette affaire, je suis étroitement surveillé, surtout quand je suis accompagné d’une caméra… » Devant mon air incrédule, il ajoute : « Vous en voulez la preuve ? Venez ! »

Nous partons en voiture pour rejoindre une colline qui domine la baie de San Francisco. Alors que nous nous dirigeons vers le point de vue panoramique, nous apercevons la même voiture de police qui se gare ostensiblement au bord de la route et qui restera là pendant tout notre entretien…
« Comment avez-vous découvert que le maïs mexicain était contaminé ?, lui ai-je demandé, passablement troublée.

– J’ai travaillé pendant quinze ans avec des communautés indiennes d’Oaxaca, à qui j’apprenais à analyser leur environnement, me répond le biologiste, lui-même d’origine mexicaine et qui travailla plusieurs années pour la firme suisse Sandoz (devenue Novartis, puis Syngenta). David Quist, l’un de mes étudiants, est parti y animer un atelier sur les OGM. Afin de leur expliquer les principes de la biotechnologie, il leur a proposé de comparer l’ADN d’un maïs transgénique, issu d’une boîte de conserve apportée des États-Unis, avec celui d’un maïs criollo qui était censé servir de contrôle, car nous pensions qu’il n’existait pas de maïs plus pur au monde. Quelle ne fut pas notre surprise quand nous avons découvert que les échantillons de maïs traditionnel contenaient de l’ADN transgénique ! Nous avons alors décidé de mener une étude, qui a confirmé la contamination du maïs criollo. »
Pour conduire leur recherche, les deux scientifiques ont prélevé des épis de maïs dans deux localités de la Sierra Norte de Oaxaca. Ils ont constaté que quatre échantillons présentaient des traces du « promoteur 35S », issu comme on l’a vu (voir supra, chapitres 7 et 9) du virus de la mosaïque du chou-fleur ; deux échantillons révélaient la présence d’un fragment provenant de la bactérie Agrobacterium tumefaciens et un autre celle d’un gène Bt .

« Dès que nous avons eu nos résultats, commente Ignacio Chapela, nous avons alerté le gouvernement mexicain, qui a conduit sa propre étude, laquelle a confirmé la contamination. »
Le 18 septembre 2001, le ministre de l’Environnement mexicain annonce en effet que ses experts ont fait des tests dans vingt-deux communautés paysannes, et qu’ils ont trouvé du maïs contaminé dans treize d’entre elles, avec un niveau de contamination compris entre 3 % et 10 % . Curieusement, ce communiqué passe alors quasiment inaperçu, alors que, moins de trois mois plus tard, la foudre s’abattra sur Ignacio Chapela et David Quist, sans doute à cause de la renommée de Nature, qui publie leur article fin novembre. Pourtant, lorsqu’ils le proposent au magazine britannique, les deux scientifiques sont félicités pour la qualité de leur étude, et le processus suit son cours normal : l’article est soumis à quatre relecteurs, qui donnent leur feu vert au bout de huit mois. Comme le soulignera en mai 2002 le journal East Bay Express : « Personne ne pouvait prévoir l’ampleur de la controverse à venir . » Elle sera d’une violence inouïe, à travers un véritable lynchage médiatique organisé en grande partie depuis… Saint-Louis.
« D’abord, me raconte Ignacio Chapela, il faut bien comprendre pourquoi cette étude a déclenché les foudres des promoteurs inconditionnels de la biotechnologie. En effet, elle comprenait deux révélations : la première concernait la contamination génétique, qui n’a en fait surpris personne, parce que tout le monde savait que cela finirait par arriver, y compris Monsanto qui s’est toujours contenté d’en minimiser l’impact. »

De fait, dans son Pledge, la firme aborde l’épineux sujet avec une infinie délicatesse, puisqu’elle ne parle pas de « contamination », mais de « présence accidentelle qui fait partie de l’ordre naturel ». « En revanche, poursuit le chercheur de Berkeley, le second point de notre étude était beaucoup plus sérieux pour Monsanto et consorts. En effet, en cherchant où étaient localisés les fragments d’ADN transgénique, nous avons constaté qu’ils s’étaient insérés à différents endroits du génome de la plante, de manière complètement aléatoire. Cela signifie que, contrairement à ce qu’affirment les fabricants d’OGM, la technique de manipulation génétique n’est pas stable, puisqu’une fois que l’OGM se croise avec une autre plante, le transgène éclate et s’insère de manière incontrôlée. Les critiques les plus virulentes se sont surtout concentrées sur cette partie de l’étude, en dénonçant notre incompétence technique et notre manque d’expertise pour pouvoir évaluer ce genre de phénomène. »

Le fait que les « transgènes soient instables » a des « implications graves », commente Science en mars 2002 : « Étant donné que le comportement d’un gène dépend de sa place dans le génome, l’ADN déplacé pourrait créer des effets absolument imprévisibles . »

« Cela sape la prémisse fondamentale selon laquelle la manipulation génétique est une science sûre et exacte », renchérit trois mois plus tard une journaliste du East Bay Express . « Cette étude est du pur mysticisme déguisé en science », rétorque Matthew Metz, un ancien étudiant de Chapela à Berkeley, devenu microbiologiste à l’université de Washington, qui dénigrera Ignacio Chapela et David Quist, au point de prétendre qu’ils avaient été piégés par des « faux positifs » dus à la « contamination de leur laboratoire »…

« D’où est venue l’offensive ?, ai-je demandé à Ignacio Chapela.

– De deux endroits, murmure-t-il. D’abord de collègues de Berkeley à qui je m’étais affronté dans le passé, à propos d’un contrat de 25 millions de dollars que mon département de biologie avait passé en 1998 avec Novartis-Syngenta, mon ancien employeur. Ce contrat de cinq ans donnait droit à la firme de déposer des brevets sur un tiers de nos découvertes. Cette histoire avait créé deux clans à Berkeley, où s’opposaient deux conceptions antagonistes de la science : d’un côté, ceux qui, comme moi, veulent qu’elle reste indépendante ; et, de l’autre, ceux qui sont prêts à vendre leur âme pour obtenir des financements… »

En juin 2002, le magazine New Scientist a identifié ces « collègues », qui, dès décembre 2001, écrivaient une lettre incendiaire à Nature, demandant au magazine de désavouer l’article. Du jamais vu. Ils ont pour nom Matthew Metz, déjà cité, Nick Kaplinsky, Mike Freeling et Johannes Futterer, un chercheur suisse dont le « boss » était Wilhelm Gruissem, qui travailla à Berkeley, où il était « unanimement considéré comme l’homme qui apporta Novartis à Berkeley ».

« Mais la pire campagne est venue de Monsanto, lâche Ignacio Chapela, qui, de toute évidence, a reçu une copie de notre étude avant sa parution. »

Les « coups tordus de Monsanto »

Il faut dire que là, la firme de Saint-Louis a fait très fort et qu’il faut se pincer pour croire l’histoire que je vais raconter. En effet, le jour même de la publication de l’article de Chapela et Quist dans Nature, le 29 novembre 2001, une certaine Mary Murphy, manifestement bien informée, poste un courriel sur le site scientifique pro-OGM AgBioWorld, où elle écrit : « Les activistes vont certainement faire courir le bruit que le maïs mexicain a été contaminé par des gènes de maïs OGM. […] On doit noter que l’auteur de l’article de Nature, Ignacio H. Chapela, fait partie du directoire du Pesticide Action Network North America (PANNA), un groupe d’activistes. […] Ce n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler un auteur impartial . »

Et le même jour, une certaine Andura Smetacek poste sur le même site un courriel intitulé : « Ignatio (sic) Chapela : un activiste avant d’être un scientifique », où elle n’est pas à un mensonge près : « Malheureusement, la publication récente par le magazine Nature d’une lettre (et non pas un article de recherche soumis à l’analyse de scientifiques indépendants) de l’écologiste de Berkeley Ignatio (sic) Chapela a été manipulée par des activistes anti-technologie (comme Greenpeace, les Amis de la terre et la Organic Consumers Association) et les médias dominants pour alléguer faussement l’existence de maladies associées à la biotechnologie agricole. […] Une simple recherche dans l’histoire des relations de Chapela avec ces groupes [écolo-radicaux] montre sa collusion avec eux pour attaquer la biotechnologie, le libre échange, les droits de propriété intellectuelle et d’autres sujets politiques . »

Au moment où s’amorce la « campagne de diffamation » qui brisera la carrière d’Ignacio Chapela, un homme « tombe par hasard » sur ces étranges courriels. Il s’appelle Jonathan Matthews et il dirige GMwatch, un service d’information sur les OGM basé à Norwich, dans le sud de l’Angleterre. « À l’époque, je faisais une enquête sur AgBioWorld, m’explique-t-il lorsque je le rencontre en novembre 2006, installé comme il se doit devant son ordinateur. C’était vertigineux : les deux courriels postés par Mary Murphy et Andura Smetacek ont été distribués aux 3 400 scientifiques enregistrés sur la liste de diffusion d’AgBioWorld. À partir de là, la campagne a enflé, certains scientifiques, comme le professeur Anthony Trewavas, de l’université d’Édimbourg, appelant au désaveu de l’étude par Nature ou au licenciement d’Ignacio Chapela.

– Qui est derrière AgBioWorld ?

– Officiellement, c’est une fondation à but non lucratif, qui affirme “fournir de l’information scientifique sur l’agriculture biologique aux décideurs à travers le monde”, comme le proclame son site, me répond Jonathan Matthews, démonstration à l’appui . Elle est dirigée par le professeur Channapatna S. Prakash, le directeur du centre de recherche sur la biotechnologie végétale de l’université Tuskegee, dans l’Alabama. D’origine indienne, il est conseiller de l’USAID, l’agence des États-Unis pour le développement international ; à ce titre, il intervient régulièrement en Inde et en Afrique pour promouvoir la biotechnologie. Il s’est rendu célèbre en lançant en 2000 la “Déclaration de soutien à la biotechnologie agricole”, qu’il a fait signer par 3 400 scientifiques, dont vingt-cinq Prix Nobel . Sur son site, il n’hésite pas à accuser les défenseurs de l’environnement de “fascisme, communisme, terrorisme, y compris de génocide”. Un jour, alors que je consultais les archives d’AgBioWorld, j’ai reçu un message d’erreur m’indiquant le nom du serveur qui héberge le site : appollo.bivings.com. Or, le Groupe Bivings, basé à Washington, est une entreprise de communication qui compte parmi ses clients… Monsanto et qui s’est spécialisée dans le lobbying sur Internet. »

Et Jonathan Matthews d’exhiber un article, publié en 2002 par le journaliste George Monbiot dans The Guardian, où l’on découvre que la firme a présenté son « savoir-faire » dans un document mis en ligne, intitulé : « Marketing viral : comment infecter le monde. »

« Pour certaines campagnes, il n’est pas souhaitable et il est même désastreux que le public sache que votre entreprise y est directement impliquée, explique-t-elle à ses clients. En termes de relations publiques, ce n’est tout simplement pas une bonne chose. Dans ces cas-là, il est d’abord important de bien “écouter” ce qui se dit en ligne. […] Une fois que vous vous en êtes bien imprégné, il est possible de vous brancher sur ces sites pour présenter votre position en faisant croire qu’elle vient d’une tierce personne. […] Le grand avantage du marketing viral, c’est que votre message a plus de chance d’être pris au sérieux. » Dans son document, note le journaliste du Guardian, Bivings cite un « dirigeant de Monsanto » qui « félicite la firme » pour son « excellent travail » .

« Savez-vous qui sont Mary Murphy et Andura Smetacek, ai-je demandé à Jonathan Matthews, avec l’impression de nager en plein polar…

– Ah !, me répond le directeur de GmWatch, avec un sourire. Comme l’a bien résumé The Guardian , à qui j’ai transmis mes découvertes, ce sont des “fantômes”, ou des “citoyens factices” ! J’ai passé beaucoup de temps à chercher qui étaient ces deux “scientifiques” qui avaient déclenché la campagne contre Ignacio Chapela. Pour ce qui est de Mary Murphy, elle a posté au moins un millier de courriels sur le site d’AgBioWorld. Elle a notamment mis en ligne un faux article de l’agence Associated Press qui critique les “activistes anti-OGM”. Quand on remonte à l’adresse du serveur dont dépend son adresse électronique, on obtient : Bw6.Bivwood.com ! “Mary Murphy” est donc une salariée de l’agence Binvings ! Quant à “Andura Smetacek”, je me suis dit qu’il devrait être facile de retrouver une scientifique avec un nom si peu commun, d’autant plus qu’elle prétendait écrire depuis Londres. C’est elle qui a notamment initié une pétition demandant l’incarcération de José Bové. J’ai épluché l’annuaire électronique, le registre des électeurs et des cartes bancaires, mais impossible de retrouver sa trace… J’ai engagé un détective privé aux États-Unis, mais il n’a rien trouvé non plus. Finalement, j’ai épluché les détails techniques en bas de ses courriels qui indique l’adresse de protocole Internet : 199.89.234.124. Quand on la copie sur un annuaire des sites Internet, on tombe sur “gatekeeper2.monsanto.com”, avec le nom du propriétaire, “compagnie Monsanto de Saint-Louis” !

– Qui se cacherait, d’après vous, derrière “Mary Murphy” ?

– Avec George Monbiot, du Guardian, nous pensons qu’il s’agit de Jay Byrne, qui fut responsable de la stratégie Internet chez Monsanto. Lors d’une réunion avec des industriels, qui s’est tenue à la fin de 2001, il a notamment déclaré : “Il faut considérer Internet comme une arme sur la table : soit c’est vous qui vous en emparez, soit c’est votre concurrent, mais dans tous les cas, l’un de vous deux sera tué .”

– De faux scientifiques et de faux articles, c’est incroyable !

– Oui, me répond Jonathan Matthew, ce sont vraiment des coups tordus, qui représentent l’exact opposé des qualités que Monsanto prétend incarner dans son Pledge : “Dialogue, transparence, partage ”… Ces méthodes révèlent une firme qui n’a aucune envie de convaincre avec des arguments et qui est prête à tout pour imposer ses produits partout dans le monde, y compris à détruire la réputation de tous ceux qui peuvent lui faire obstacle… »

Un « pouvoir absolu »

En attendant, la « conspiration », pour reprendre les mots du magazine The Ecologist, a porté ses fruits : le 4 avril 2002, après avoir exigé, en vain, que les auteurs se rétractent, Nature publiait une « note éditoriale inhabituelle » qui constitue un « désaveu sans précédent » dans les cent trente-trois ans d’existence du respectable magazine :« Les preuves disponibles ne sont pas suffisantes pour justifier la publication de l’article original », écrit-il en effet. « Unique dans l’histoire de l’édition technique », cette rebuffade crée quelques remous dans le microcosme scientifique international :

« Cela donne une bien piètre image de la ligne éditoriale et du processus de relecture de Nature, s’étonne Andrew Suarez, de l’université de Berkeley, dans une lettre au journal. Dans ce cas, pourquoi Nature s’est-il interdit de procéder à des rétractations similaires pour des publications antérieures qui se sont révélées incorrectes ou susceptibles d’être interprétées différemment ? » La réponse à cette question est suggérée par Miguel Altieri, un autre chercheur de Berkeley : « Le financement de Nature dépend des grandes firmes, assure-t-il. Regardez la dernière page du magazine et vous verrez qui paie les annonces de recrutement : 80 % sont des entreprises technologiques qui payent de 2 000 à 10 000 dollars par annonce … »

Le « rétropédalage » de Nature est d’autant plus étonnant que, un mois plus tôt, Science révélait que « deux équipes de chercheurs mexicains » avaient annoncé qu’ils confirmaient les « résultats explosifs du biologiste Ignacio Chapela ». Dirigée par Exequiel Ezcurra, le très respecté président de l’Institut mexicain de l’écologie, l’une d’elles avait analysé des échantillons de maïs prélevés dans vingt-deux communautés de Oaxaca et Puebla. Une contamination génétique de 3 % à 13 % avait été constatée dans onze d’entre elles, et de 20 % à 60 % dans quatre autres. Le docteur Ezcurra avait soumis un article à Nature, qui l’a refusé, en octobre 2002. « Ce rejet est dû à des raisons idéologiques », a-t-il dénoncé, en soulignant les « explications contradictoires » des relecteurs, dont l’un aurait dit que les résultats étaient « évidents », et l’autre « difficiles à croire »…

En attendant, Ignacio Chapela a payé le prix fort : en décembre 2003, la direction de Berkeley l’informe qu’elle est revenue sur sa décision (pourtant votée à trente-deux voix contre une) de le nommer professeur titulaire, et qu’il devra quitter l’université à la fin de son contrat, six mois plus tard. En clair : l’enseignant est licencié. Il porte plainte et obtient gain de cause en mai 2005.

« Depuis, m’a-t-il expliqué, je traîne mon boulet de lanceur d’alerte. Je n’ai pas de budget pour conduire les recherches qui m’intéressent, car désormais, aux États-Unis, on ne peut plus travailler en biologie si on refuse le soutien financier des firmes de la biotechnologie. Il fut un temps où la science et l’université revendiquaient haut et fort leur indépendance par rapport aux instances gouvernementales, militaires ou industrielles. C’est fini, non seulement parce que les scientifiques dépendent de l’industrie pour vivre, mais parce qu’ils font partie eux-mêmes de l’industrie… C’est pourquoi je dis que nous vivons dans un monde totalitaire, gouverné par les intérêts des multinationales qui ne se sentent responsables que devant leurs seuls actionnaires. Face à ce pouvoir absolu, il est difficile de résister. Regardez ce qui est arrivé à Exequiel Ezcurra… »

Malheureusement, je n’ai pas pu rencontrer l’ancien directeur de l’Institut mexicain de l’écologie qui, peu après s’être insurgé contre le refus de Nature de publier son étude sur la contamination du maïs criollo, a été nommé en 2004 directeur de la recherche scientifique du Musée d’histoire naturelle de San Diego (Californie), où il avait dirigé un Centre de recherche sur la biodiversité de 1988 à 2001. J’avais été surprise de voir qu’il avait cosigné en août 2005 une étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), qui, comme son nom l’indique, dépend de l’Académie des sciences des États-Unis. Éditée par l’université Washington de Saint-Louis , celle-ci concluait à « l’absence de transgènes détectables dans les variétés locales de maïs à Oaxaca ». En revanche, en octobre 2006, j’ai rencontré l’une de ses collaboratrices, le docteur Elena Alvarez-Buylla, dans son laboratoire de l’Institut mexicain d’écologie.

« Comment expliquez-vous que le docteur Ezcurra ait signé une étude qui contredise à ce point ses travaux précédents ?

– Lui seul le sait, me répond prudemment la biologiste. Ce que je peux dire, c’est que nous avons commencé ces travaux ensemble et que j’en ai été écartée. J’ai été remplacée par une Américaine, Allison Snow, de l’université de l’Ohio, qui a pris l’étude en cours… Ils ont décidé de publier des résultats préliminaires, que j’estime peu rigoureux d’un point de vue scientifique. » Elle n’est pas la seule à le penser : cinq chercheurs internationaux — dont Paul Gepts, que j’avais rencontré en juillet 2004 à l’université Davis à propos des brevets sur le vivant (voir supra, chapitre 10) — ont estimé aussi que les « conclusions [de l’étude] n’étaient pas scientifiquement justifiées ». Pourtant, cette publication a été présentée par de nombreux journaux internationaux, comme Le Monde …

« Depuis, me dit Elena Alvarez-Buylla, mon laboratoire a conduit une nouvelle étude dans tout le pays, qui a établi que le taux national de contamination est, en moyenne, de 2 % à 3 % selon le type de transgène, avec des pointes beaucoup plus élevées.

– Que pensez-vous de cette polémique ?

– Je pense qu’elle n’a rien à voir avec la rigueur scientifique, me répond la biologiste, et qu’elle cache d’autres intérêts… Désormais, ce qui m’importe, c’est de savoir quelles peuvent être, à moyen terme, les conséquences de la contamination sur le maïs criollo. C’est pourquoi j’ai mené, avec mon équipe, une expérience sur une fleur toute simple, Arabidopsis thaliana, qui possède le plus petit génome du monde végétal, dans laquelle nous avons introduit un gène par manipulation génétique . Puis nous avons semé les graines transgéniques et observé leur croissance. Nous avons constaté que deux plantes strictement identiques du point de vue génétique — elles ont le même génome, les mêmes chromosomes et le même transgène — peuvent présenter des phénotypes (c’est-à-dire des formes florales) très différents : certaines ont des fleurs qui sont identiques au modèle naturel, avec quatre pétales et quatre cépales ; mais d’autres ont des fleurs aberrantes, avec des poils anormaux ou des pétales bizarres. Et certaines sont carrément monstrueuses… En fait, la seule différence entre toutes ces plantes, c’est la localisation du transgène qui s’est inséré complètement à l’aveugle, en modifiant le métabolisme végétal.

– En quoi cela peut-il servir pour le maïs ?, demandé-je, en contemplant une fleur absolument monstrueuse que la scientifique a affichée sur son ordinateur.

– Ce modèle expérimental permet d’extrapoler ce qui risque de se passer quand le maïs transgénique se croisera par pollinisation avec les variétés locales. C’est très préoccupant, parce qu’on peut craindre que l’insertion aléatoire du transgène affecte le fonds génétiques du maïs criollo de manière totalement incontrôlée… »

FIN DE L’EXTRAIT

Photos:

– Projection/débat à l’Université de Sau Paulo

Michael Taylor dans l’équipe de Barak Obama!

J’allais me coucher, quand m’est arrivée cette nouvelle incroyable: Michael Taylor, l’ancien avocat de Monsanto, recruté par la FDA pour écrire la non-réglementation des OGM, avant de devenir vice-président de Monsanto, a rejoint l’équipe de transition de Barak Obama, pour le conseiller dans les domaines de l’agriculture et de l’énergie! Vive les portes tournantes!

Quand j’avais interviewé Michael Taylor, il travaillait alors pour « Ressources for the Future », une organisation censée oeuvrer pour un développement équilibré de la planète…

Certes, il m’avait fait un aveu fort intéressant, puisqu’il avait reconnu que la « réglementation des OGM aux Etats Unis n’était pas satisfaisante » et que chaque OGM devrait être testé par la FDA avant d’être mis sur le marché… Je rappelle que c’est lui qui avait scellé dans le marbre le « principe d’équivalence en substance » qui a justement permis de mettre les OGM sur le marché sans qu’ils soient testés…

Quel va être son rôle dans la nouvelle administraion américaine? A suivre…

kevinpmiller.blogspot.com/2008/11/return-performance-for-michael-r-taylor.html