Une revue de presse de 1,9 kilo qui donne le vertige!

Les (super) attachées de presse d’ARTE (Henriette et Maud) viennent de m’envoyer la revue de presse du « Monde selon Monsanto » (film et livre).
Elle est arrivée en trois exemplaires dans un… carton. Et pour cause: je viens de la peser, elle fait 1,9 kilo!

Je ne peux malheureusement pas mettre tous ces papiers en ligne (!), mais j’en ai choisi un: celui publié par La Nouvelle République, le lendemain de mon passage à Chartres où il y avait cinq cents personnes (voir vidéo). C’était la veille du procès des faucheurs.

Les « chutes » du film

A partir d’aujourd’hui, je vais mettre en ligne ce que nous appelons dans notre jargon les « chutes » du film.
Ce sont des séquences que j’avais montées dans la première version du film qui durait … 2 heures 20!

Évidemment c’était trop long, d’autant plus qu’à l’origine il s’agissait de faire un documentaire de 90 minutes.
C’est en voyant la richesse du matériel que j’avais accumulé aux quatre coins du monde que la direction d’ARTE, suivant les recommandations de Pierrette Ominetti, directrice adjointe de l’Unité documentaires, m’avait accordé l’autorisation exceptionnelle de faire  » au maximum une heure cinquante ».

Finalement, le film dure une heure quarante-neuf…

Encore une fois, je remercie ARTE qui a compris que la qualité des films ne se mesure pas au poids et que pour certains sujets complexes c’est précisément la longueur qui permet de garantir la qualité, en évitant les simplifications réductrices.

Je dis et redis que sans ARTE, le film qui est en passe de devenir une référence internationale, n’aurait jamais vu le jour…

Aujourd’hui, je mets donc en ligne le « RUSH 1 », à savoir l’interview que j’avais réalisé du professeur Gilles-Éric Séralini, professeur à l’université de Caen, membre de la Commission Commission du génie biomoléculaire française, chargée d’instruire les dossiers de de-mande d’essais en plein champ des organismes génétiquement modifiés, ainsi que du CRII-GEN, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique, qui ne cesse de réclamer des études plus poussées sur l’impact sanitaire des OGM.

Je rappelle que le Professeur Robert Bellé, chercheur au CNRS et pour l’Institut Pierre et Marie Curie, explique dans mon film que le roundup « déclenche la première étape qui conduit au cancer ».

D’autres études que je présente dans mon livre confirment la toxicité du roundup, herbicide favori des jardiniers, et intimement lié aux OGM, puisque 70% des plantes transgéniques cultivées dans le monde ont été manipulées pour pouvoir absorber du roundup…

Je précise que toutes les chutes vidéo que je mettrai en ligne sont en basse définition d’où leur qualité médiocre, mais je suis heureuse que toutes ces informations complémentaires soient visibles par le plus grand nombre.

Je remercie Françoise Boulègue, la monteuse du film ( et de quasiment tous mes films!) qui a accepté de répertorier les chutes, et Image et compagnie qui lui en a facilité l’accès.

Postface de la Pr. Louise Vandelac à l’édition canadienne

Mon éditeur canadien vient de me faire parvenir la postface qu’a rédigée Louise Vandelac pour l’édition québécoise de mon livre, que je vais aller lancer (avec le film) pendant la semaine du 2O mai (Montréal/Québec/ Ottawa/Toronto)

Professeur titulaire de l’Institut de l’Environnement de l’Université du Québec à Montréal, Louise Vandelac est chercheur au Centre d’études des interactions entre la santé et l’environnement (CINBIOSE), un organisme qui collabore notamment avec l’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation panaméricaine de la santé. Elle est également professeur associée au Département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal.

Que le lecteur ne soit pas étonné de lire « BPC » au lieu de « PCB » ou « principe d’équivalence substantielle »au lieu de « principe d’équivalence en substance ». Ce sont les termes employés au Canada!

Postface

Monsanto savait… désormais nous savons

Louise Vandelac

Si vous jetez un coup d’œil rapide à la préface et à la postface parce que vous hésitez encore à lire ce livre… n’hésitez plus ! Il ne faudrait surtout pas rater cette enquête magistrale, aussi fouillée que rigoureuse. Au fil des pages, la gravité des faits, la précision des liens, la puissance des témoignages et la finesse de l’argumentation laissent littéralement sans voix. Si vous avez déjà vu le documentaire Le Monde selon Monsanto, de Marie-Monique Robin, vous savez déjà combien ces réalités dépassent la fiction. Mais le livre va beaucoup plus loin encore car, c’est bien connu, le diable se cache dans les détails… et les détails dans ce dossier sont particulièrement inquiétants.

Si vous venez tout juste de tourner la dernière page et que, tenu en haleine au fil des chapitres, vous êtes encore bouleversé, la gorge nouée, refusant de croire à un tel cynisme, c’est que vous avez mesuré l’ampleur des enjeux. Et vous réalisez probablement que cette enquête, fondée sur des montagnes d’archives, de notes internes et de documents déclassifiés, témoignant du courage de ces chercheurs, avocats, journalistes et membres d’ONG qui ont su tisser la toile internet pour rendre ces informations largement accessibles, est imparable. Ainsi on découvre, derrière le clinquant médiatique de produits phares comme les semences OGM, contrôlées à 90% par Monsanto et auréolées de promesses en plus d’être enrobées de la caution d’organismes réglementaires -soi-disant au-dessus de tout soupçon-, un univers de manipulations, de lobbying intensif, de propos mensongers, d’études inconsistantes ou fallacieuses.

Cet univers, c’est celui de la course effrénée, voire aveuglée aux profits, qui, ne souffrant d’aucun état d’âme, conduit à poursuivre la diffusion de produits aux effets dévastateurs connus, multipliant alors les drames humains, sanitaires et socio-économiques. En témoignent les 20,000 victimes des BPC d’Alliston et les millions de personnes contaminées par les déversements de l’agent orange au Viêtnam, deux produits de Monsanto, dont les effets toxiques révélés, après coup, lors de procès, multiplient, encore maintenant, les malades et les morts.

Cet univers troublant, c’est aussi celui des « portes tournantes », ce phénomène disséqué au scalpel par Marie-Monique Robin. Avec force détails, les noms et les fonctions à l’appui, elle retrace les nombreux cadres et employés de haut niveau dont les chassés-croisés les amènent de Monsanto à des instances de réglementation comme la Food and Drug Administration, ou encore des plus hauts postes dans l’administration publique vers la firme de Saint Louis, Missouri. Qui s’étonnera alors que « ceux qui étaient en charge de la réglementation se considéraient comme les défenseurs de la biotechnologie (…) de la science qui allait de l’avant, et tous ceux qui n’allaient pas de l’avant étaient vus comme des luddites » , comme le confie Dan Glickman, ancien secrétaire d’État à l’Agriculture de Bill Clinton (1995-2001), celui-là même qui autorisa la culture de tous les OGM après la mise en marché du soja transgénique de Monsanto. Or, manifestement, ces jeux de portes tournantes ont largement contribué à accélérer la diffusion massive des cultures transgéniques, sans évaluations rigoureuses et indépendantes ni des impacts de la transgénèse, ni du caractère pesticide de ces OGM pour la santé et l’environnement : une fabuleuse économie de temps et d’argent intimement liée, voire essentielle à la rentabilité de ces semences OGM.

Pourtant, tout cela ne devrait pas m’étonner. Après avoir co-réalisé en 1999, Main basse sur les gènes, un des tout premiers documentaires sur les OGM, produit par l’Office national du film du Canada et dans lequel nous avions interviewé Pusztai, Rifkin, Apotheker, Mooney, Epstein et bien d’autres, et après avoir mené des recherches sur les OGM pesticides, les animaux transgéniques et les polluants persistants – dioxines et BPC en tête –, comment aurais-pu ignorer l’omniprésence de Monsanto ? Ayant suivi la courageuse position des chercheurs de Santé Canada qui a permis d’éviter l’homologation de la somatotropine bovine recombinante (STbr), fabriquée par Monsanto, puis les batailles juridiques de Percy Schmeiser contre Monsanto et celle des fermiers et des ONG qui ont réussi à contrer l’homologation du blé transgénique,- proposé et finalement retiré par Monsanto-, j’avais pu mesurer comment la position des autorités canadiennes ressemblait à celle de son voisin du sud. Depuis sa stratégie sur les biotechnologies, du début des années ’80, le Canada a fait de ce secteur, l’un des fers de lance de son économie.
Comme aux États-Unis, il a fait du principe d’équivalence substantielle, discrédité par un rapport de la Société Royale du Canada, le pivot de sa réglementation. Il s’oppose lui aussi farouchement à l’étiquetage obligatoire des OGM, pourtant largement réclamé par les citoyens, si bien que son rôle de juge et partie dans l’encadrement d’un secteur qu’il promeut, n’a guère échappé aux observateurs. Bien que les avantages supposés des OGM pesticides ne résistent pas, comme on l’a vu, à l’analyse, le Canada laisse néanmoins le canola, le soja et le maïs transgéniques envahir, à l’insu des citoyens, les champs et les assiettes, au point de compromettre rapidement, toute autre culture non transgénique. Se développent par ailleurs les projets d’arbres transgéniques, de porcs et de saumons transgéniques, sans parler des pharmacultures, productions de composés à visées pharmaceutiques ou industrielles au moyen de plantes ou d’animaux transgéniques.

Compte tenu du rôle phare des instances réglementaires américaines, comme la FDA et l’EPA, tant au plan continental qu’international, certaines révélations du livre de Marie-Monique Robin, véritable morceau d’anthologie de l’histoire socio-politique des technosciences, prennent ici un relief tout particulier. Par exemple, si la décision de l’administration américaine de ne pas soumettre les OGM à un régime spécifique n’était pas fondée, comme l’avance Marie-Monique Robin, sur des données scientifiques, mais bien sur « une décision politique », alors que ses propos sont confirmés par nul autre que James Marianski, « coordinateur pour la biotechnologie » à la FDA, de 1985 à 2006, que doit-on en conclure ? Que pour des motifs économiques, dans un contexte d’insuffisance notoire de recherches solides et indépendantes, les processus d’évaluation et de réglementation aient été, comme l’avance cet ouvrage, court-circuités, contournés et pervertis, cela ne devrait-il pas logiquement conduire des organismes indépendants à réexaminer en profondeur à la fois ces dossiers d’homologation des OGM ainsi que les prémisses et les mécanismes de telles évaluations ?

Comment, des diverses instances nationales et internationales qui, dans la foulée des interventions américaines, ont adopté ces positions à saveur économico politiques, sans que des évaluations rigoureuses à long terme de l’ensemble des impacts ne soient au rendez-vous, pourraient-elles refuser de revoir en profondeur tant leur évaluation que les outils réglementaires relatifs aux OGM? Ce ne serait pas la première fois qu’après un mouvement d’emballement collectif pour de nouveaux produits, on constate leurs risques, leur nocivité et qu’on admette l’insuffisance des études antérieures. Ce fût le cas des BPC, un autre produit de Monsanto, figurant en tête de liste parmi les 12 polluants persistants dont le protocole de Stockholm vise l’élimination virtuelle, en raison de leur nocivité pour la santé et pour l’environnement. Ces 12 polluants persistants particulièrement nocifs (dioxines, furannes, BPCS, pesticides organochlorés…), perturbant le système endocrinien, sont associés à des problèmes immunitaires; à des cancers du sein, de la prostate et des testicules; à des troubles de la reproduction et de l’apprentissage les plus nocifs ce qui a également entraîné, à la communauté européenne et dans plusieurs autres pays l’adoption de programmes d’examen approfondi de milliers de substances chimiques suspectes. Dans le cas des OGM, soumettre l’ensemble des produits transgéniques, des dispositifs d’évaluation et des cadres réglementaires à un examen indépendant et rigoureux tenant compte des divers impacts socio-économiques, socio-sanitaires et environnementaux exigerait d’abord de soutenir la recherche critique et indépendante longtemps étouffé et marginalisé, dans un contexte de déréglementation.

Comme on le voit, à travers le rétroviseur de cette saga de la montée en puissance d’un géant de l’agrochimie, marquée par l’arrogance et la dénégation, dont nous subissons toujours les impacts, et pour longtemps encore, se joue le présent et se profile déjà l’avenir. Au-delà des rapports troubles et fascinés devant des prouesses technoscientifiques faisant miroiter d’énormes enjeux économiques au point de sous-estimer l’ampleur des questions de responsabilité, de santé et d’environnement qui y sont liées, l’histoire de Monsanto, risque fort avec la diffusion massive des OGM, de déterminer largement notre avenir alimentaire, démocratique, sanitaire et environnemental, rien de moins.

L’opération commerciale des OGM pesticides ne vise-t-elle pas ultimement d’abord l’appropriation, par le biais de brevets, et par le rachat des firmes semencières, de l’essentiel de la base alimentaire mondiale, c’est-à-dire le soja, le maïs, le riz et le blé – des denrées déjà en partie transgéniques et contrôlés par quelques firmes toutes-puissantes ? Or, comment pourrait-on poursuivre la mainmise sur le patrimoine génétique et sur l’alimentation mondiale, armes redoutables de contrôle des populations et des territoires, bouleversant au passage les modalités de production agricole, sans éroder et sans fragiliser les dispositifs publics censés protéger la santé, l’environnement et les biens communs ? Au-delà de l’histoire d’une firme, c’est bien les effets de la voracité d’une entreprise combinée aux jeux de déréglementation et de collusion sur la déstructuration et le remodelage des règles de fonctionnement d’une partie de la communauté scientifique et de certaines instances nationales et internationales chargées de l’évaluation, du contrôle et de l’encadrement, que met en évidence Marie-Monique Robin.

Comment alors restaurer la crédibilité des citoyens sans leur permettre d’abord des choses aussi élémentaires que de savoir, au moins par l’étiquetage obligatoire, s’ils ont des produits issus de la transgénèse dans leur verre de lait made in USA et dans leur nourriture, comme l’ont déjà fait une quarantaine de pays, dont la Russie et la Chine? Comment restaurer cette crédibilité sans obliger les firmes productrices de semences transgéniques à en assumer les responsabilités en cas de problèmes environnementaux et sanitaires ? Et comment éviter que l’histoire de produits mal évalués ne bégaie sans revoir en profondeur les bases réglementaires et sans ajouter une obligation de contre-expertise indépendante? Ces enjeux sont d’autant plus pressants que les mêmes logiques ayant présidé aux États-Unis et au Canada à l’absence d’étiquetage des OGM servent maintenant à éviter l’étiquetage de viande de descendants d’animaux clonés dont la FDA a récemment autorisé la mise en marché aux États-Unis. On retrouve cette même absence de transparence dans le dossier des nanotechnologies, dont les développements fulgurants, dopés par les fonds privés et publics, ont déjà conduit à la mise en marché de centaines de produits « nanos », sans aucun étiquetage et alors même que les mécanismes d’évaluation des impacts sur la santé et l’environnement ainsi que les modalités d’encadrement sont encore loin d’être au point.

Dans sa préface, Nicolas Hulot écrit que ce livre « doit être considéré comme un travail de salubrité publique et lu à ce titre ». Certes, mais pour éviter de nouvelles dérives d’un monde à la Monsanto, le relais de ce travail de salubrité publique doit être désormais assumé collectivement et incarné dans des lois et dans des dispositifs d’évaluation démocratiques et d’encadrement indépendants et rigoureux, centrés sur la protection de la santé, de l’environnement et du bien commun. Et cela, autant dans les domaines vitaux de l’eau, de l’air, de l’agriculture et de l’alimentation que dans celui des technosciences qui, prétendant baliser l’avenir, y compris alimentaire, nous mettent souvent, comme on l’a vu, littéralement en jeu et parfois même, en joue …

Un échange de mail fort instructif entre l’AFIS et un médecin (1)

Vendredi soir, j’étais à Elne, près de Perpignan pour une projection/débat qui a duré jusque tard dans la nuit.
Y participait le Dr. Francis Déprez, médecin, qui a été très touché par le conflit d’intérêt non assumé des membres de l’AFIS, dont le Dr. Kuntz, qui m’a vivement attaquée, sans préciser ses liens avec les fabricants d’OGM.

C’est précisément ce conflit d’intérêt qu’a dénoncé le Dr. Kahn, dans sa lettre de démission du conseil d’administration de l’AFIS ( que j’ai postée sur mon Blog).

Le Dr. Déprez a donc voulu en avoir le coeur net et s’est adressé à l’AFIS. S’en est suivi un échange de mails avec Michel Naud, le président de l’AFIS, qui, je le rappelle, se présente comme un « bright » (un « éclairé ») que le Dr. Déprez m’a autorisé à reproduire:

Madame,
Vous pouvez faire l’usage que vous pensez utile de mes échanges de courriels avec l’AFIS. Ces scientistes défendent toutes les bonnes causes, des OGM au nucléaire, du rapport de l’Inserm sur la délinquance en culotte courte chère à Sarko (et pour laquelle l’Inserm elle-même a fait son autocritique) à la dérégulation économique et sociale… La poubelle déborde.
Et encore merci pour votre travail.
Francis Déprez

Voici donc l’échange de courriels que les lecteurs sauront apprécier…Je précise que Louis-Marie Houdebine, de l’INRA, autre membre de l’AFIS, s’est mêlé à cet échange fascinant…

(message suivant)

Un échange de mail fort instructif entre l’AFIS et un médecin (2)

——- Original Message ——–
Subject: question
Date: Sat, 19 Apr 2008 16:07:32 +0200
From: Francis D?éprez
To: webmestre01@pseudo-sciences.org

Bonjour,
Pourquoi ne voulez-vous pas publier vos conflits d’intérêts?
Merci de votre réponse.
Dr Francis Déprez

La réponse de Michel Naud:

Bonjour à vous,

Je vous réponds à chaud et à titre strictement personnel : autrement dit ce n’est pas une position institutionnelle de l’association.

En ce qui me concerne je n’ai pas l’ombre d’une relation avec ni l’agriculture ni la biologie ni les biotechnologies ni ni ni… je suis un inégnieur métallurgiste, chef d’une entreprise de fonderie de quatorze salariés que j’ai créée en 2000 après avoir été salarié pendant 22 ans en usine dans différents groupes sidérurgiques à capitaux privé ou public. Voilà : ça c’est réglé.

Sur le fond, maintenant, je vais vous répondre en deux fois deux points :

1) D’abord raisonnons indépendamment de ceux qui nous somment de montrer patte blanche. La question n’est absolument pas pertinente.
Nous sommes une association ; nous existons depuis quarante ans ; nous défendons une certaine posture qui est parfaitement définie dans nos statuts ; le seul conflit d’intérêt qui nous préoccupe au plus haut point est que quelqu’un qui s’exprime peu ou prou au nom de l’association le fasse en respectant l’orientation de notre association.
A contrario nous ne sommes bien évidemment pas ni une agence du service public de l’expertise scientifique ni une expression institutionnelle ou quasi institutionnelle des institutions scientifiques.
Donc… rien, absolument rien, ne justifie que l’association se préoccupe de savoir si tel propos tenu sur les productions énergétiques rejetant peu de CO2 dans l’atmosphère est tenu par quelqu’un qui est en lien de près ou de loin avec EDF ou de savoir si tel biologiste de notre association est en lien ou non avec une entreprise de biotechnologie. Ces préoccupations sont hors sujets : nous sommes une association « citooyenne » comme on dit maintenant, pas une agence gouvernementale.

2) Les activistes anti-OGM, et particulièrement ceux qui le sont au titre (ou en même temps) d’un engagement politique antisystémique (anticapitaliste ou altermondialiste), ont choisi d’un point de vue tactique (ou pour tout autre motif, cela m’indiffère) de porter le discrédit sur tout chercheur ou expert n’allant pas dans leur sens en susurrant un lien de dépendance plus ou moins direct, plus ou moins caché avec les industriels, et si possible avec le diable en personne, autrement dit l’entreprise de Saint Louis Missouri dont il est devenu presque indécent de prononcer le nom. En ce qui concerne l’AFIS ces accusations touchent bien sûr les biologistes qui sont engagés avec nous, et en premier lieu ceux qui font partie de notre conseil scientifique : Louis-Marie Houdebine et Marcel Kuntz. Je connais ces biologistes. Ils pourraient avoir un intérêt personnel (outre qu’ls ne pourraient pas être expert à l’AFSSA comme LMH par exempe). Ils se trouvent qu’ils n’en ont pas et que de leur propre initiative ils ont produit des « déclarations d’intérêt » au sein de l’AFIS, et je défends le point de vue qu’il ne faut pas les publier ou en tout cas pas maintenant !

Pourquoi donc ?

1) D’abord parce que je ne supporte pas les méthodes inquisitoriales et qu’en ce qui me concerne la première raison qui justifie de ne pas montrer patte blanche est que des gens qui ne m’apparaissent pas du tout respectables demandent de le faire ! Peut-être est-ce une réaction passionnelle, je suis prêt à l’admettre, mais je ressens comme une agression insupportable d’être ainsi sali par des insinuations de la sorte.

2) Ensuite parce que, quand j’arrive à dépasser cette réaction instinctive, je suis intimement persuadé que le fait de montrer patte blanche ne sert à rien ; ces gens trouveront toujours le moyen de lancer une nouvelle rumeur discréditante du genre « oui mais… » suivi d’un nouveau venin, et on ne s’en sort pas ! Je le vois sur les blogs : si j’interviens on me reproche soit de ne pas être compétent (je ne suis certes pas un spécialiste) soit des liens que que certains distillent avec des entreprises de biotechnologies (sur le blog de marie monique robin un internaute a jeté en pâture l’hypothèse abracadabrante que j’aurais des liens avec une entreprise intitulée Advanced Cell Technology ???? …), et en ce qui concerne ceux qui sont compétents soit on met néanmoins en cause leur compétence soit on les taxe de liens… la logique de l’inquisition ou des tribunaux du peuple est infernale ; comme je le dis souvent, mon premier patron me disait que face à l’adversité « ne vous justifiez pas : c’est une preuve de faiblesse », je crois que c’est un conseil pertinent de quelqu’un d’expérience.

Communiquerons dans le futur sur cette dimension ? je ne sais pas ; je ne crois pas ; je pense qu’il vaut mieux communiquer sur le caractère profondément indigne de discréditer les experts de notre service public de l’expertise scientifique, sur la nécessité impérieuse qu’ils soient désignés exclusivement sur des critères de compétence démontrée et reconnue par leurs pairs, et par contre, effectivement, pour ceux à qui une mission de service public d’expertise est confiée, que la transparence nécessaire soit apportée.

J’espère avoir répondu à votre question ; un peu longuement certes, mais vous ne pouvez pas ressentir à quel point ces agressions répétées, car c’en sont bel et bien, sont nauséabondes pour nos chercheurs.

Cordialement

Michel Naud, qui se trouve être le président actuel de l’afis et qui vous répond à titre personnel

La réponse du Dr. Déprez:

Monsieur,
Votre réponse est assez surprenante. Ma question s’adressait à l’ensemble de l’équipe de l’AFIS, association que je connais non seulement par le bulletin du Conseil de l’Ordre des médecins, mais aussi parce que je consulte périodiquement votre site, pour voir quelles sont vos conceptions de l’exercice de la médecine. C’est aussi en tant que médecin, pour pouvoir répondre aux inquiétudes de mes patients que je consulte les sites les plus divers pour compléter mes connaissances, et éviter de raconter n’importe quoi. Ayant appris à me méfier des informations unilatérales, je passe mon temps à croiser les sources d’informations.
Contrairement à vous, je ne pense pas que les choix énergétiques ou alimentaires d’une société doivent être confiés aux seuls experts, aussi qualifiés soient-ils. Les exemples des experts menteurs du Comité Permanent de l’Amiante, du centre de Transfusion sanguine, de l’Hormone de croissance, et du Pr Pellegrin lors de l’accident de Tchernobyl nous ont beaucoup appris sur les bassesses de certains éminents experts. Je pense que tous les citoyens ont le droit de s’exprimer sur les choix qui les concernent. C’est d’ailleurs ce que vous faites quand, ingénieur métallurgiste, vous vous exprimez sur les OGM ou l’exercice de la médecine (en revanche, c’est contraire au communiqué de l’AFIS du 20 janvier 2008 qui dit que « les experts rattachés (aux) ONG n’ont aucune légitimité scientifique » et n’ont donc pas droit à la parole).
Quand je m’exprime publiquement, je trouve normal, conformément à la loi, d’exposer mes conflits d’intérêts. Cela ne me pose aucun problème, car je n’ai rien à cacher. Or, lors de mes recherches internet, j’ai vu sur le site Criigen que le Pr Kahn avait quitté votre équipe, parce que vous refusiez de communiquer vos conflits d’intérêts. Et votre réponse n’est pas faite pour me rassurer.
De quel droit jugez-vous que les gens qui vous posent cette question (dont le Pr Kahn) « ne sont pas respectables »? En quoi cette question normale relève-t-elle de « méthodes inquisitoriales »? ou de la « logique des tribunaux du peuple »? ou « d’agressions nauséabondes »? Tout ce vocabulaire n’est pas très scientifique.
Je réitère donc ma question : pourquoi ne voulez-vous pas publier vos conflits d’intérêts?
Meilleures salutations.
Dr Francis Déprez

La réponse de Michel Naud et de Louis-Marie Houdebine:

Cher docteur,

ma réponse vous surprend voire vous inquiète ;
bien sûr je connais la réaction de Marcel-Francis Kahn,
elle est entièrement dictée par son engagement politique à la gauche de la gauche,et je déplore de constater que la politique puisse à ce point affecter le comportement ;
je sais que dans les revues de médecine les déclarations d’intérêt sont réalisées,
mais nous ne sommes pas une revue de médecine, nous sommes une association,comme greenpeace ou le criigen ou france nature environnement,nous sommes simplement moins riches et moins nombreux 🙂
plus sérieusement… à qui doit revenir la charge de la preuve ?
aux accusateurs ou aux accusés ?
nous sommes harcelés sur le sujet parce que d’aucuns et d’aucunes ontargumenté en disant que si nous affirmons que les biotechnologies sont prises en otage d’un débat qui ne les concerne pas, c’est la preuve que nous sommes payés par Monsanto…
Et alors nous devrions cèder à la pression inquisitoriale ?
On nous accuse et nous devrions prouver notre innocence ?
Voilà pourquoi cela me révolte…
Je ne vous dis pas que c’est une réaction raisonnée :
oui elle a une dimension passionnelle,
je ne supporte pas que l’on m’accuse et m’injurie pour la seule raison que je ne laisse pas désinformer tranquillement…
je ne suis pas prêt à accepter les torrents de haine qui se déversent dans les forums,je ne suis pas prêt à accepter de plier à des sommations arrogantes.
Vous exercez dans les Pyrénnées Orientales, vous ne pouvez donc pas ignorer le rugby.
J’ai toujours joué au rugby, et j’y joue encore
– désormais et depuis quelques années déjà, j’ai 55 ans, au sein de l’équipe des vétérans
de mon club, le stade nantais université club – ; et je complèterai que j’ai quasiment toujours joué en première ligne ; vous imaginerez que je n’ai pas caractère à me laisser impressionner par l’adversité et à me laisser marcher sur les pieds.

Ceci dit, je vous donne mon avis personnel,
si mes amis pensent différemment,
si la pression devient telle que nos amis biologistes préfèrent calmer le jeu,
ne serait-ce que l’espace fugace d’un instant, en cédant à la pression de l’inquisition
ils le feront : ils n’ont pas besoin de mon autorisation 🙂

Je vous mets en copie ci-dessous la réaction de Louis-Marie Houdebine.

Si en plus on pouvait croire que cela servirait à quelque chose…

Cordialement à vous,
Michel Naud

—– Original Message —–
From: Louis-Marie HOUDEBINE
To: Michel NAUD
Sent: Monday, April 21, 2008 9:12 AM
Subject: Re: question]

Dur, dur. La question est toujours celle de savoir quoi faire en face des gens de mauvaise foi et qui de plus sont haineux. Ma première réaction quand tu as proposé de ne pas publier nos réponses à ceux qui nous accusent d’intelligence avec l’ennemi a tout d’abord été la surprise. J’ai rapidement été convaincu que c’était mieux ainsi. Il est difficile de prouver quelque chose de négatif dans ces domaines et impossible avec des tricheurs. J’ai rarement été accusé de connivence avec Monsanto ou autre et je n’avais donc pas bien réfléchi à ce problème. Ma réponse sera désormais que je n’ai rien à prouver mais que c’est à ceux qui m’accusent d’apporter des faits précis pour justifier leur accusation. J’ai un siècle tranquillité assurée avec cette réponse.
Bon courage
Louis-Marie

La réponse du Dr. Déprez:

De : Francis D?éprez
Date : 22 avril 2008 16:47:30 HAEC
À : Michel NAUD
Objet : privé-public

Monsieur,
Décidément, pour vous « science » rime avec secret. Comme secret d’Etat, ou secret commercial, principal argument de Monsanto pour refuser de divulguer ses études gênantes. Vous regrettez que Monsanto n’ait pas bonne presse. Mais une firme qui fait du fric en temps de guerre avec l’agent orange tératogène et cancérigène déversé sur les populations indochinoises, et en temps de paix en couvrant la planète de Round Up cancérigène ne peut pas être vraiment sympathique. Quant à ceux qui, en toute connaissance de cause, se mettent au service de telles entreprises, ils ont certainement des raisons très personnelles de le faire.
Mon boulot ne consiste pas seulement à soigner les gens, mais aussi à les mettre en garde contre ce qui peut nuire à leur santé. Dans mon deuxième courriel je vous ai d’ailleurs précisé : « C’est (…) pour pouvoir répondre aux inquiétudes de mes patients que je consulte les sites les plus divers pour compléter mes connaissances, et éviter de raconter n’importe quoi. » Je vous ai posé, à visage découvert, une question simple, pas une question d’ordre privé, une question d’intérêt public. Vous prétendez que votre réponse est d’ordre privé. Si tel était le cas, à une réponse d’intérêt public, vous ne donneriez que des réponses d’ordre privé, adaptées au profil de chacun de vos interlocuteurs. Ce qui serait très curieux de la part des adorateurs de la science que vous affectez d’être.
Meilleures salutations.
Dr Francis Déprez