350 722 visites!

Bonjour de Mexico où je viens de découvrir que mon Blog avait dépassé les 350 000 visites!

Merci à Capitaine Poltron et autres GFP qui ont su l’alimenter avec une assiduité remarquable!

Merci (surtout!) à tous ceux qui ont utilisé cet espace pour nourrir un débat démocratique de qualité sur l’enjeu que représentent les plantes pesticides de Monsanto et consorts, et au-delà, sur l’avenir de l’agriculture, qui doit cesser de nous empoisonner et retrouver sa fonction nourricière originelle en renonçant aux poisons chimiques.

Comme je l’ai rappelé hier lors du débat qui a suivi la projection de mon film à la Cinémathèque de Mexico: on ne peut pas produire une agriculture saine, en utilisant des poisons, même à petites doses!

La projection d’hier a failli tourner à la catastrophe! Les organisateurs avaient loué une salle de 200 places, mais dès 10 heures 30, une queue de 500 personnes s’est formée devant la salle , jusque dans la rue (voir photos).

Devant ce ras de marée, la direction de la cinémathèque a proposé de libérer en urgence sa plus grande salle, d’une capacité de 5OO personnes. Ouf!

J’invite les internautes hispanophones à lire l’article paru dans La Jornada en quatrième de couverture:

Photos de Solène Charrasse

Je prends demain un petit déjeûner avec Martha Delgado , secrétaire à l’environnement du District Fédéral, avant de rejoindre les studios de CNN pour une interview de 45 minutes.

Je vous écris du Mexique

Je vous écris du Mexique où je suis arrivée mercredi 8 juillet, en principe pour des … vacances familiales (bien méritées!)

J’ai été reçue chaleureusement par les représentants de la coalition  » Sin mais no hay pais » (sans maïs pas de pays), qui regroupe plus de 300 associations mexicaines (dont CAATA, la branche mexicaine de Pesticides Action Network) et Greenpeace, qui se sont mobilisées pour empêcher le projet du gouvernement d’autoriser des essais en plein champ de maïs transgénique (dont le MON 810 de Monsanto).

Comme je l’ai expliqué dans mon film et livre, le Mexique est le centre d’origine du maïs, et de ce fait abrite le réservoir génétique de la céréale, cultivée depuis au moins 8OOO ans par les paysans de cette contrée du monde qui ont su entretenir son extraordinaire biodiversité . Lors de mon tournage dans la région de Oaxaca, j’ai pu constater la richesse des variétés locales (« criollas ») , parfaitement adaptées aux terroirs et dont les couleurs varient à l’infini: je me souviens de cette indienne zapoteca étalant au soleil des épis magnifiques, certains étant blancs, d’autres d’un jaune doré, ou violets, rouges et noirs, ou parfois de toutes ces couleurs à la fois.

C’est précisément pour protéger la biodiversité de son maïs que le gouvernement mexicain avait déclaré un moratoire sur les cultures transgéniques, en 1998.

Or, sous la pression des fabricants d’OGM, et notamment de Monsanto – on parle au Mexique de la « loi Monsanto »- le gouvernement envisage d’autoriser des essais en plein champ de maïs transgénique, ce qui constitue une violation du moratoire toujours en vigueur, en ouvrant la voie à la légalisation des cultures OGM.

Voilà pourquoi j’ai accepté de participer à plusieurs projections publiques de mon film à Mexico, Mérida et San Cristobal de las Casas ainsi qu’à un programme d’interviews avec la presse nationale qui a répondu massivement à l’appel: en trente-six heures, j’ai déjà donné dix interviews et six autres suivront, dont six chaînes de télévision!

Photos (Solène Charrasse):

– Conférence de presse avec la coalition « Sin mais no hay pais »

– Interview avec Télé UNAM

– Interview avec Javier Cruz Mena, journaliste à Canal 40 et Canal 22

– La préparation de l’affiche dans les bureaux de Greenpeace pour la projection organisée samedi, à la Cinémathèque de Mexico.

Le Roundup devrait être interdit

A lire à tout prix l’article du Canard Enchaîné de cette semaine qui raconte comment Monsanto a triché pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché du roundup. Ou à défaut lire cette chronique parue dans Le NouvelObs.com

On y découvre ce que j’écrivais déjà dans mon livre: pour obtenir l’homologation du roundup, Monsanto a fourni des tests menés sur des rats, qui ont été exposés au glyphosate seul – la molécule active de son herbicide- mais pas au cocktail qui constitue les formulations commercialisées, mille fois plus toxiques que la substance active. Or, le roundup contient notamment un poison, le POEA, un détergent qui sert à améliorer la solubilité de l’herbicide et sa pénétration dans les plantes. Or, en intoxication aigüe, la dose mortelle de ce surfactant est trois fois inférieure à celle du glyphosate seul!

Ainsi que je le révélais dans mon enquête, le Professeur Robert Bellé, chercheur au CNRS et à l’Université Pierre et Marie Curie, avait découvert la manipulation lorsqu’il avait comparé les effets du roundup (des formulations commercialisées, qui ne contiennent qu’un pourcentage de glyphosate, le reste étant des surfactants couverts par le « secret commercial »)avec ceux du glyphosate seul. Les effets du roundup sur les mécanismes de la division cellulaire (« première étape qui conduit au cancer », avait-il dit) étaient beaucoup plus importants que ceux obtenus avec la molécule active isolée. Normal: sans les surfactants, le glyphosate n’arrive pas à pénétrer les cellules végétales, il ne peut donc pas avoir d’effet!

C’est ainsi qu’il avait constaté que l’homologation du roundup reposait sur une étude qui n’avait pas testé le roundup!

A l’Université de Caen, le professeur Gilles-Eric Séralini était parvenu aux mêmes conclusions.

Voici ce que j’ai écrit:

EXTRAIT

En France, l’équipe du professeur Robert Bellé, de la station biologique de Roscoff, qui dépend du CNRS et de l’Université Pierre-et-Marie-Curie, a étudié l’impact des formulations au glyphosate sur des cellules d’oursin.

« Le développement précoce de l’oursin fait partie des modèles reconnus pour l’étude des cycles cellulaires », explique Julie Marc, qui a écrit sa thèse de doctorat sur les travaux du laboratoire breton.

De fait, la découverte du « modèle de l’oursin », capitale pour la compréhension des phases précoces de la cancérogenèse, a valu en 2001 le prix Nobel de physiologie et de médecine aux Britanniques Tim Hunt et Paul Nurse et à l’Américain Leyland Hartwell.

Au début des années 2000, le professeur Robert Bellé décide de l’utiliser pour tester les effets sanitaires des pesticides. Son souci est alors motivé par le niveau de pollution constaté dans les eaux françaises ainsi que dans les aliments :

« Les données concernant la qualité des eaux souterraines font état en France d’une contamination considérée comme suspecte dans 35 % des cas, note Julie Marc, qui a consulté toutes les études disponibles. Les eaux marines font elles aussi état d’une contamination généralisée et pérenne par les herbicides. […] L’ingestion des fruits et légumes contribue également aux apports en pesticides pour les humains. Les chiffres à ce sujet sont inquiétants, puisque 8,3 % des échantillons d’aliments végétaux d’origine française analysés contiennent des résidus de pesticides supérieurs aux limites maximales et que 49,5 % en contiennent . »

Dans ce panorama peu rassurant, la région Bretagne affiche un taux de contamination record, qui affecte particulièrement les eaux destinées à la consommation humaine, poursuit Julie Marc :

« Dans 75 % des cas, la norme réglementaire pour le cumul des substances est dépassée et plus de dix substances sont parfois décelées dans le même échantillon, avec des concentrations respectives dépassant le 0,1 microgramme/litre réglementaire. Cette pollution a pour origine des usages agricoles, mais aussi l’utilisation de pesticides sur les zones non cultivées. »

Et de noter, elle aussi, l’une des aberrations de la réglementation : celle-ci a fixé le taux acceptable de résidu dans les eaux à 0,1 microgramme/litre, mais elle ne concerne qu’un seul herbicide, et ne dit rien sur l’effet cumulé de différents pesticides — ce qui est très courant — ni de leur interaction…

C’est ainsi que le professeur Bellé propose au début des années 2000 au conseil régional de Bretagne de conduire une étude visant à évaluer l’impact des herbicides sur la division cellulaire.

« L’ironie de l’histoire, m’explique le chercheur, que je rencontre dans son laboratoire de Roscoff, le 28 septembre 2006, c’est que nous avions décidé de prendre le Roundup comme contrôle dans les expériences, car nous étions persuadés que ce produit était totalement inoffensif, ainsi que le suggérait la publicité du chien avec son os ! Et évidemment, la très grosse surprise a été que cet herbicide nous donnait des effets bien plus importants que les produits que l’on testait. C’est comme cela que nous avons changé l’objet de notre recherche, en nous consacrant uniquement aux effets du Roundup.

– Comment avez-vous procédé ?, ai-je demandé.

– Concrètement, nous avons fait “pondre” des oursins, dont la caractéristique est de produire de grandes quantités d’ovules ; nous avons mis ces ovocytes en présence de spermatozoïdes, et placé les œufs fécondés dans une dilution de Roundup. Je précise que la concentration était bien inférieure à celle pratiquée généralement dans l’agriculture. Et puis, nous avons observé les effets du produit sur des millions de divisions cellulaires. Très vite, nous nous sommes rendus compte que le Roundup affectait un point clé de la division des cellules, non pas les mécanismes de la division elle-même, mais ceux qui la contrôlent. Pour comprendre l’importance de cette découverte, il faut rappeler le mécanisme de la division cellulaire : lorsqu’une cellule se divise en deux cellules filles, la copie en deux exemplaires du patrimoine héréditaire, sous forme d’ADN, donne lieu à de très nombreuses erreurs. Jusqu’à 50 000 par cellule. Normalement, un processus de réparation ou de mort naturelle de la cellule atypique (ce qu’on appelle l’“apoptose”) s’enclenche automatiquement. Mais il arrive que celle-ci échappe à cette alternative (mort ou réparation), parce que le point de contrôle des dommages de l’ADN est affecté. C’est précisément ce “checkpoint” qui est endommagé par le Roundup. Et c’est pour ça que nous disons que le Roundup induit les premières étapes qui conduisent au cancer. En effet, en échappant aux mécanismes de réparation, la cellule affectée va pouvoir se perpétuer, sous une forme génétiquement instable ; et nous savons aujourd’hui qu’elle peut constituer l’origine d’un cancer qui se développera trente ou quarante plus tard.

– Avez-vous pu déterminer ce qui, dans le Roundup, affectait la division cellulaire ?

– C’est une question capitale ! En effet, nous avons également conduit l’expérience avec du glyphosate pur, c’est-à-dire sans les adjuvants qui constituent le Roundup, et nous n’avons pas constaté d’effets : c’est donc le Roundup lui-même qui est toxique et non son principe actif. Or, quand nous avons examiné les tests qui ont servi à l’homologation du Roundup, nous avons découvert avec surprise qu’ils avaient été conduits avec du glyphosate seul… En fait, le glyphosate pur n’a aucune fonction, même pas herbicide, puisque tout seul il ne parvient pas à pénétrer dans les cellules et donc à les affecter. C’est pourquoi je pense qu’il y a un vrai problème avec le processus d’homologation du Roundup et qu’il faudrait s’intéresser de plus près aux nombreux adjuvants qui le composent ainsi qu’à leur interaction. »

Parmi les adjuvants suspectés, il y a notamment le polyoxyéthylène (POEA), dont la toxicité aiguë a été confirmée par de nombreuses études, mais aussi les substances inertes dont on ne peut rien dire, car leur identité n’est pas communiquée par le fabricant, au nom du « secret commercial » ; sans oublier le principal produit de la biodégradation du glyphosate, l’acide aminométhylphosphonique (AMPA), dont la demi-vie est élevée.

Face à ces dysfonctionnements manifestes du processus d’homologation, certains scientifiques courageux, comme le docteur Mae-Wan Ho (Royaume-Uni) et le professeur Joe Cummins (Canada), membres de l’Institute of Science in Society, réclament une révision urgente de la réglementation relative à l’herbicide le plus utilisé dans le monde .

Je dis « courageux », car l’histoire du professeur Bellé prouve, s’il en était besoin, qu’on ne touche pas impunément au produit phare d’une maison comme Monsanto…

« Évidemment, nous avons tout de suite compris l’importance que pouvaient avoir nos résultats pour les utilisateurs de Roundup, explique-t-il, puisque la concentration de l’herbicide à l’origine des premiers dysfonctionnements est 2 500 fois inférieure à celle recommandée en pulvérisation. En fait, il suffit d’une gouttelette pour affecter le processus de la division cellulaire. Concrètement, cela veut dire que pour utiliser l’herbicide sans risque, il faut non seulement porter une combinaison et un masque, mais aussi s’assurer qu’il n’y a personne à cinq cents mètres à la ronde… Un peu naïvement, nous nous sommes dit que Monsanto ne devait pas être au courant, car sinon ces recommandations figureraient sur la notice d’emploi et nous leur avons communiqué nos résultats avant même de publier l’étude . Il faut dire que nous avons été très surpris par leur réaction : au lieu de se pencher sérieusement sur nos résultats, ils ont répondu un peu agressivement que toutes les agences réglementaires avaient conclu que le produit n’était pas cancérigène pour l’homme et que, de toute façon, le cancer de l’oursin n’intéressait personne ! C’est tout sauf un argument scientifique ! On dirait qu’ils ne savent même pas que si le “modèle de l’oursin” a valu un prix Nobel à ses découvreurs, c’est précisément parce qu’on sait que les effets mesurés sur une cellule d’oursin sont parfaitement transposables à l’homme…

– Et comment ont réagi vos organismes de tutelle, le CNRS et l’UniversitéPierre-et-Marie-Curie ?

– À dire vrai, leur réaction fut encore plus surprenante, répond le professeur Bellé, après un silence. Certains représentants se sont déplacés jusqu’à Roscoff pour nous demander instamment de ne pas communiquer avec les médias grand public, sous prétexte que cela allait créer une psychose…

– Comment l’expliquez-vous ?

– Cette question m’a longtemps obsédé… Aujourd’hui, je pense qu’on ne voulait pas faire de vagues pour ne pas porter préjudice au développement des OGM, qui, comme vous le savez, ont été manipulés pour résister au Roundup…

– N’avez-vous pas peur pour votre carrière ?

– Je ne crains plus rien, murmure le chercheur. Je vais bientôt partir à la retraite et je ne dirige plus le laboratoire. C’est pour cela qu’aujourd’hui je peux me permettre de parler… »

Un « tueur d’embryons »

« Ne pas gêner le développement des OGM » : c’est aussi le seul argument qu’a trouvé Gilles-Éric Séralini pour expliquer l’inertie des pouvoirs publics face à la toxicité du Roundup. Professeur à l’université de Caen, ce biochimiste est membre de la Commission du génie biomoléculaire française, chargée d’instruire les dossiers de demande d’essais en plein champ des organismes génétiquement modifiés, ainsi que du CRII-GEN, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique, qui ne cesse de réclamer des études plus poussées sur l’impact sanitaire des OGM.

Le professeur Séralini a conduit plusieurs études pour évaluer l’impact du Roundup et ses effets sur la santé humaine, comme il me l’explique quand je le rencontre, le 10 novembre 2006, dans son laboratoire à Caen :

« Si je me suis intéressé au Roundup, c’est parce qu’avec les OGM, qui ont été manipulés pour pouvoir l’absorber sans succomber, il est devenu un produit alimentaire, puisqu’on en trouve des résidus sur les grains de soja ou de maïs transgéniques. De plus, j’avais lu des études épidémiologiques réalisées au Canada qui montraient qu’il y avait plus de fausses couches et d’accouchements prématurés chez les couples d’agriculteurs utilisant le Roundup que dans la population générale. »

De fait, une étude publiée par l’université de Carleton, portant sur des familles de paysans de l’Ontario, a révélé que l’usage de glyphosate dans les trois mois précédant la conception d’un enfant était associé à un risque accru de fausses couches tardives (entre la douzième et la dix-neuvième semaine) . Il est intéressant de noter que, d’après une autre étude réalisée sur des familles paysannes d’Amérique du Nord, 70 % des agriculteurs présentaient une urine contaminée par le Roundup, le jour de l’application du produit dans leurs champs, avec une concentration moyenne de 3 microgrammes/litre et des pointes à 233 mg/l .
De même, un laboratoire de l’université Tech du Texas a établi que l’exposition au Roundup des cellules de Leydig, logées dans les testicules et qui jouent un rôle capital dans le fonctionnement de l’appareil génital masculin, réduisait de 94 % leur production d’hormones sexuelles . Enfin, des chercheurs brésiliens ont constaté que des femelles de rats enceintes au moment de l’exposition au Roundup donnaient plus souvent naissance à des bébés atteints de malformations du squelette .

Tous ces résultats ont été confirmés par les deux études menées par le professeur Séralini et son équipe, qui ont mesuré l’effet toxique du Roundup, d’abord sur des cellules de placenta humain, puis sur des cellules d’embryons , « issues, tient-il à préciser, d’une lignée de cellules de reins d’embryon cultivée au laboratoire, ce qui ne nécessite aucune destruction d’embryon ».

« Comment avez-vous procédé ?, lui ai-je demandé.

– Nous avons placé les cellules dans des solutions de Roundup, en variant la concentration du produit, de la plus infime, c’est-à-dire 0,001 %, jusqu’aux doses qu’on utilise en agriculture, à savoir le Roundup dilué à 1 % ou 2 %, me répond le biologiste. Nous avons aussi varié le taux d’exposition, pour déterminer à quel moment l’herbicide produisait un effet sur ce que nous appelons la “respiration des cellules”, qui conditionne leur production d’hormones sexuelles. Nous avons constaté qu’à des taux qui sont admis par la réglementation comme des niveaux de résidus acceptables sur les produits alimentaires comme les plantes transgéniques, le Roundup tuait littéralement les cellules de placenta humain, en quelques heures, et de manière encore plus sensible, les cellules issues d’embryons humains. »

Et le professeur d’ouvrir son ordinateur portable pour me montrer les clichés que son équipe a réalisés des essais. On y voit, au début, une kyrielle de cellules bien distinctes et transparentes avec au centre de chacune d’elle, une petite tache sombre qui est le noyau. Après une journée d’exposition au Roundup, elles se sont dissoutes pour constituer un amas sombre informe, une « sorte de purée », pour reprendre les termes de Gilles-Éric Séralini.

« En fait, m’explique-t-il, sous l’effet du produit, les cellules commencent à se contracter, puis, n’arrivant plus à respirer correctement, elles meurent asphyxiées. Et je précise que ce résultat est obtenu à des doses nettement inférieures à celles utilisées dans l’agriculture, puisque, par exemple, pour ce cliché, la concentration était de 0,05 %. C’est pourquoi je dis que le Roundup est un tueur d’embryons. Quand on utilise une concentration encore plus faible — en diluant le produit acheté dans le magasin 10 000 ou même 100 000 fois —, on constate qu’il ne tue plus les cellules mais bloque leur production d’hormones sexuelles, ce qui est aussi très grave, car c’est grâce à ces hormones que le fœtus peut développer ses os ou former son futur système de reproduction. On peut donc en conclure que le Roundup est aussi un perturbateur endocrinien.

– Avez-vous comparé les effets du Roundup à ceux du glyphosate seul ?

– Bien sûr ! Et nous avons constaté que le Roundup est beaucoup plus toxique que le glyphosate, alors que les essais qui fondent l’homologation du Roundup ont été réalisés avec la matière active seule. Nous avons donc contacté le commissaire européen chargé de l’agriculture, qui a reconnu que c’était un problème, mais depuis il ne s’est rien passé…

FIN DE L’EXTRAIT

Monsanto et le roundup en chute!

Monsanto et le roundup ont du plomb dans l’aile…

C’est ce que révèle cet article du Point, provenant d’une dépêche de Reuters:

Publié le 24/06/2009 à 14:56 Reuters
Recul du bénéfice de Monsanto, restructuration en vue

Le premier semencier mondial, Monsanto, annonce une baisse de 14% de son bénéfice trimestriel et un plan de restructuration prévoyant 900 suppressions d’emplois.

Le groupe envisage également de scinder ses activités de désherbants, en déclin.

Le bénéfice net du deuxième trimestre de l’exercice fiscal en cours est revenu à 694 millions de dollars (494 millions d’euros), soit 1,25 dollar par titre. Il était l’année précédente de 811 millions de dollars (578 millions d’euros), soit 1,45 dollar par action.

Ce résultat reste supérieur au consensus des analystes, qui anticipaient un bénéfice par action de 1,18 dollar. Monsanto avait annoncé en mai prévoir un résultat en baisse dans le secteur des désherbants en raison d’une compétition accrue.

En avant-bourse, le titre Monsanto s’appréciait mercredi de 3,2%, à 81,85 dollars.

Les ventes en baisse d’herbicides tels que le Roundup ont pesé sur le chiffre d’affaires trimestriel, qui baisse de 11% pour s’établir à 3,2 milliards de dollars.

Carey Gilliam, version française Gregory Schwartz

Désaccord historique à l’EFSA sur les OGM

J’invite les internautes à lire cet article, publié dans le Journal de l’environnement: intitulé « Impact des OGM: désaccord» scientifique à l’Efsa », Sabine Casalonga y rapporte un désaccord au sein de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), concernant l’usage de marqueurs de résistance aux antibiotiques pour la fabrication des OGM.

Dans mon livre, j’explique longuement quelles inquiétudes soulève cet usage que je résume ici en quelques mots: pour fabriquer leurs OGM, les techniciens de la manipulation génétique utilise un canon à gènes qui bombarde de petites boules d’or sur lesquelles ont été attachées le gène dit d' »intérêt » (comme le gène de résistance au roundup) sur une culture de cellules.

En moyenne , seule une cellule sur mille, « attrape » le gène, en l’insérant par la force dans son ADN, toutes les autres étant détruites ou intouchées( en d’autres termes, sans ces techniques de guerre, il est impossible de fabriquer des OGM…)

Le problème des apprentis sorciers du génie génétique c’est qu’ils ne savent pas quelle cellule a capté le gène pour la cultiver et reproduire d’où leur idée d’adjoindre à la construction génétique insérée par effraction ce qu’ils appellent un « marqueur de sélection », en l’occurrence un gène de résistance aux antibiotiques (généralement la kanamycine).

Pour vérifier que le transfert a bien eu lieu, on arrose les cellules d’une solution antibiotique, les « élues » étant celles qui survivent à ce traitement de choc. Cette technique suscite logiquement des inquiétudes sanitaires: à l’heure où la résistance aux antibiotiques est en passe de devenir un grave problème de santé publique, certains Cassandre craignent que le « marqueur de sélection » soit absorbé par les bactéries qui peuplent la flore intestinale des humains, réduisant la capacité de lutter contre les agents infectieux.

Cette inquiétude a été partagée par le gouvernement allemand , lorsqu’il a examiné la demande de mise sur le marché de Monsanto pour son maïs BT MON 863, qui contient un gène de résistance aux antibiotiques. Pourtant, le 19 avril 2004, l’EFSA se fendait d’un communiqué de presse qui écartait d’un revers de main cette inquiétude légitime:

« Le comité confirme que les marqueurs de résistance aux antibiotiques sont, dans la majeure partie des cas, nécessaires pour permettre une sélection efficace des OGM », y déclarait son président, Harry Kuiper. Certes, mais comme le faisait remarquer Les Amis de la terre :

« La directive européenne (sur les OGM) ne demande pas de confirmer si les marqueurs de résistance aux antibiotiques sont un outil efficace pour l’industrie de la biotechnologie, mais s’ils peuvent avoir des effets nocifs sur l’environnement et la santé humaine. »

Les Amis de la terre avaient quelques raisons de trouver la réponse de l’EFSA suspecte. En effet, en novembre 2004, l’association avait publié un rapport très détaillé (et très inquiétant) sur le fonctionnement de l’EFSA :

« Throwing caution to the wind », A review of the European Food Safety Authority and its work on genetically modified foods and crops ».

Voici le résumé que j’ai fait de ce rapport dans mon livre:

DÉBUT EXTRAIT

Créée en 2002, dans le cadre de la directive européenne 178/2002 sur la sécurité des produits alimentaires, cette institution compte huit comités scientifiques, dont un est chargé exclusivement de l’évaluation des OGM. C’est précisément ce dernier, que nous appellerons « comité OGM », qui est l’objet du rapport.

Premier constat des Amis de la terre : « Après un an d’activité, le comité a émis dix avis scientifiques, tous favorables à l’industrie des biotechnologies. Ces avis ont été utilisés par la Commission européenne, qui subit une pression croissante de la part des industriels et des États-Unis, pour pousser les nouveaux produits transgéniques sur le marché. Ils ont aussi servi à créer la fausse impression qu’il y avait un consensus scientifique, alors que la réalité est qu’il existe [au sein du Comité] un débat intense et continu et beaucoup d’incertitudes. Des inquiétudes quant à l’utilisation politique de leurs avis ont été exprimées par des membres de l’EFSA eux-mêmes. »

D’après le rapport, cette situation serait due aux liens étroits qui unissent « certains membres » du comité OGM avec les géants des biotechnologies, avec en tête son président, le professeur Harry Kuiper. Celui-ci est en effet le coordinateur d’Entransfood, un projet soutenu par l’Union européenne pour « favoriser l’introduction des OGM sur le marché européen et rendre l’industrie européenne compétitive » ; à ce titre, il fait partie d’un groupe de travail comprenant Monsanto et Syngenta.

De même, Mike Gasson travaille pour Danisco, un partenaire de Monsanto ; Pere Puigdomenech est le co-président du septième congrès international sur la biologie moléculaire végétale, sponsorisé par Monsanto, Bayer et Dupont ; Hans-Yorg Buhk et Detlef Bartsch sont « connus pour leur engagement en faveur des OGM, au point d’apparaître sur des vidéos promotionnelles, financées par l’industrie des biotechnologies » ; parmi les (ra-res) experts extérieurs sollicités par le comité, il y a notamment le docteur Richard Phipps, qui a signé une pétition en faveur des biotechnologies pour AgBioWorld (voir supra, chapitre 12) et apparaît sur le site de Monsanto pour soutenir l’hormone de croissance laitière …

FIN EXTRAIT

Voici maintenant l’article du Journal de l’environnement qui souligne, à juste titre, que c’est la première fois que les membres de l’EFSA ne sont pas unanimes dans leurs décisions et avis!

S’agissant d’un sujet aussi controversé que les OGM, l’unanimité dont faisait preuve systématiquement l’EFSA ne pouvait que surprendre

Pour la première fois, deux scientifiques de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) ont émis des réserves sur l’innocuité des plantes transgéniques contenant des gènes marqueurs de résistance aux antibiotiques (GMRA), comme la pomme de terre Amflora commercialisée par le groupe allemand BASF. Ces opinions minoritaires n’ont toutefois pas été prises en compte dans l’avis final de l’Efsa, publié mercredi 11 juin.

A la demande de la Commission européenne, l’Efsa a consulté deux groupes d’experts scientifiques sur l’utilisation des GMRA dans des plantes génétiquement modifiées (GM), l’un sur les OGM qui n’a rien trouvé à redire, et l’autre sur les «risques biologiques».

Les scientifiques du second groupe ont conclu que «lors de l’utilisation de plantes GM, il est peu probable que le transfert des deux GMRA à partir de plantes GM vers des bactéries engendre des effets indésirables sur la santé humaine et sur l’environnement». Toutefois, deux membres du groupe ont exprimé un avis s’opposant à ces conclusions. Christophe Ngyuen-Thé et Ivar Vagholm, ont estimé qu’il serait «imprudent» de relativiser des effets négatifs sur la santé, et jugé «probable» des conséquences de la culture OGM sur l’environnement par dissémination, rapporte l’AFP.

Malgré cela, les présidents des deux groupes ont indiqué que les opinions minoritaires avaient longuement été examinées lors de la préparation de l’avis commun, et qu’aucun travail scientifique ou clarification supplémentaires n’étaient requis. L’Efsa a également conclu «qu’aucune nouvelle preuve scientifique n’avait été apportée qui pourrait l’inviter à modifier ses avis précédents concernant ces plantes GM».

La Commission européenne s’est refusée à tout commentaire sur ce désaccord au sein de la communauté scientifique. Le groupe BASF a affirmé à l’AFP que «l’évaluation rendue par l’Efsa permettait à la Commission d’approuver Amflora». Le gouvernement allemand a donné son feu vert en avril à un essai de culture en plein champ de l’Amflora, en attendant une autorisation européenne.

Greenpeace souligne que «pour la première fois un désaccord apparaît au sein de l’Efsa sur les risques liés aux semences génétiquement modifiées». «Nous saluons cette opinion sans précédent et la reconnaissance du manque de certitudes au sein de la communauté scientifique sur les semences génétiquement modifiées», a déclaré Marco Contiero conseiller politique de Greenpeace.

L’Amflora est une semence de pomme de terre conçue pour être renforcée en amylopectine, un composant de l’amidon utilisé par l’industrie pour fabriquer des textiles, du béton ou du papier.