Hommage à Chris Hondros

Je voudrais rendre hommage à Chris Hondros, l’un des plus grand photographes de ce siècle, qui est mort à 41 ans, le 20 avril dernier, alors qu’il couvrait les événements de Lybie.

Chris était un photojournaliste engagé, qui voulait témoigner de la marche folle du monde, en mettant son appareil photo dans la plaie, malgré les dangers qu’il savait courir.

http://www.chrishondros.com/

J’avais interviewé Chris pour le livre 100 photos du XXIème siècle que j’ai publié aux Editions La Martinière avec David Charrasse, fin 2010. Le photographe m’avait raconté l’incroyable histoire de l’une de ses photos les plus célèbres qu’il a prise au Libéria en 2003.

Je mets ici le facsimilé de la double page que nous avons consacrée à ce cliché majeur de la première décennie du XXI ème siècle:

Procès Séralini/Fellous Suite et (bonnes) nouvelles

Je vois, avec amusement, que mon commentaire sur le procès qui oppose le professeur Gilles-Eric Séralini au professeur Marc Fellous, a déchaîné les foudres des défenseurs patentés de l’industrie des OGM!

J’en profite pour faire quelques mises au point:

– J’ai décidé de supprimer systématiquement tout message contenant des insultes (comme le mot « gourde » qu’affectionne particulièrement « Anton« ), car , comme sur tout Blog, il y a des règles de bonne conduite et décence à respecter.

– Je précise que je suis ravie que les chercheurs liés à l’industrie des biotechnologies créent une association comme l‘Association française des biotechnologies végétales, mais comme d’autres, je demande, que celle-ci n’ait pas l’indécence de se présenter comme une « association indépendante« , ainsi qu’elle l’a fait dans ses courriers au Conseil supérieur de l’audiovisuel.

– Concernant les conflits d’intérêts , il est fort gênant que Marc Fellous, qui préside la commission du génie moléculaire, chargé  de conseiller le ministère de l’agriculture sur les OGM, soit lié financièrement à l’industrie, dont il est censé évaluer les produits. Même chose pour son prédécesseur, Axel Kahn.

Anton peut toujours ergoter sur la qualité des revues scientifiques où les travaux de Gilles-Eric Séralini ont été publiés, au nombre desquelles l’une des plus réputées – Environmental Health Perspectives – quand on sait que les études de Monsanto sur le maïs OGM n’ont jamais été publiées nulle part, car elles sont couvertes par le « secret commercial »!

Pour le maïs MON 873, il a fallu une décision de justice d’un tribunal de Munich pour contraindre la firme à transmettre les données brutes de ses « essais »! C’est un énorme problème sur lequel je reviendrai longuement dans mon livre et film Notre poison quotidien.

En effet, comme nous le verrons, les fabricants de pesticides et d’OGM, qui sont, je le rappelle, des plantes pesticides, ne publient jamais les études toxicologiques qu’ils remettent  aux agences de réglementation, en invoquant une « clause de confidentialité« ?

Pourquoi? Comme me l’explique un scientifique qui travaille dans un organisme international réputé,  dont je tairai pour l’heure le nom, préférant garder la surprise pour la diffusion, « c’est parce que les industriels n’ont pas intérêt à publier des données qui sont contraires à leurs intérêts« …

Car « publier » signifie accepter que lesdites « données » soient soumises à l’examen critique des pairs, ce qui manifestement fait peur aux fabricants de produits toxiques.

Par ailleurs, j’ai le plaisir d’informer les lecteurs que la version arabe de mon  livre Le monde selon Monsanto vient de sortir.

C’est la quinzième traduction du livre. J’attends maintenant un exemplaire de la chinoise et de la grecque!

Le procès Séralini/ Fellous et les conflits d’intérêt de l’AFBV

Malheureusement, je n’ai pas pu assister au procès en diffamation intenté par le Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l’Université de Caen contre le  professeur Marc Fellous, président de l’association française des biotechnologies végétales ( AFBV) et ancien président de la Commission du génie génétique, qui s’est tenu à la 17ème chambre du tribunal de Paris, le mardi 23 novembre.

Etant en train de terminer l’écriture de mon livre  Notre poison quotidien , qui sortira bientôt en même temps que mon film éponyme, j’ai préféré avancer dans le chapitre que je consacre aux conflits d’intérêts qui caractérisent les agences de réglementation ou certaines associations scientifiques se présentant, pourtant, comme « indépendantes ».

Or, l’affaire qui a conduit le président du CRIIGEN (le Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le génie GENétique, créé par l’ancienne ministre de la Santé Corinne Lepage) devant la justice est de ce point de vue fort intéressante.

Je fais ici un bref rappel des faits :

–  Le 10 décembre 2009, le CRIIGEN a publié les résultats de la première contre expertise internationale réalisée sur les tests de sécurité sanitaire pratiqués par Monsanto sur son maïs OGM. Conduite par quatre chercheurs français, – Joël Spiroux de Vendomois, François Roullier, Dominique Cellier et Gilles-Eric Séralini – , cette étude a été publiée dans The International Journal of Biological Sciences , une revue scientifique très sérieuse qui a soumis les données à un comité de lecture, lequel a donné son feu vert à la publication :

http://www.biolsci.org/v05p0706.htm

– Cette publication a déclenché une controverse d’une rare violence contre le Professeur Séralini, de la part des quelques scientifiques qui ont soutenu la commercialisation du maïs pesticide dans les commissions officielles chargées de prononcer un avis sur cette question, alors même que l’article est cosigné par trois autres chercheurs .

Quatre jours seulement après la parution de l’article, l’Association des Biotechnologies Végétales (AFBV), créée le 6 juin 2009 et présidée par le Professeur Marc Fellous diffusait un communiqué de presse virulent, spécialement dirigé contre le Professeur Séralini en  dénigrant ses recherches .

Ce communiqué de presse a été mis en ligne le 17 décembre 2009 par le site Internet « http://imposteurs.over-blog.com » qui s’inscrit, ainsi que je l’ai découvert au cours de ma dernière enquête,  dans le « mouvement  Junkscience » lancé par les fabricants de tabac, et repris par bon nombre d’industriels, pour dénigrer systématiquement les scientifiques qui osent questionner l’innocuité des produits chimiques qui contaminent notre environnement .

-Le 21 janvier 2010, Gilles-Eric Séralini et Joël Spiroux de Vendomois  participaient à une émission de FRANCE 5, intitulée « Santé Magazine », dont le sujet était consacré aux OGM.

Cinq jours plus tard, l’AFBV du professeur Fellous adressait deux courriers datés des 26 et 28 janvier 2010 au Conseil supérieur de l’audiovisuel.

Intitulées  « Emission Santé Magazine France 5 » et « Santé Magazine, une émission militante de France 5 ? »,  ces deux lettres qui critiquaient violemment les compétences scientifiques du professeur Séralini ont été mises en ligne et largement diffusées via le Net.

Voici quelques extraits du premier courrier qui donnent une idée du ton employé par les membre de l’AFBV et des intérêts qu’ils représentent:

« Nous sommes scandalisés que votre émission s’appuie sur les seuls propos d’activistes opposés aux OGM, comme GE Séralini, chercheur avant tout militant anti-OGM qui se prétend indépendant alors que ses études sont financées par Greenpeace.

Ses déclarations médiatiques sont systématiquement contestées par la communauté scientifique comme l’a fait récemment le Comité scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies le 11 janvier dernier.

Dès le 14 décembre 2009, dans un communiqué de presse, notre association, strictement indépendante et qui compte en son sein de nombreux experts scientifiques, avait jugé très sévèrement la dernière publication de GE Séralini.

Nous déplorons enfin qu’une chaîne de télévision publique se fasse la porte-parole de « marchands de peurs » d’organisations militantes et par là même participe à la campagne de dénigrement d’une technologie d’avenir répondant aux grands défis de notre siècle.

Le sujet évoqué méritait pour le moins un débat sérieux avec des experts compétents. Nous sommes très étonnés par ailleurs, que journalistes spécialisés dans la santé vous ne portiez pas un regard plus positif sur les biotechnologies (vertes ou rouges) dont les apports actuels et futurs à la médecine sont très largement reconnus. »

Quant au deuxième courrier, il ne faisait pas non plus dans la dentelle :

« Les réalisateurs de l’émission se sont contentés en effet de reprendre, sans aucun esprit critique, les idées couramment diffusées par des militants anti-OGM et qui sont pourtant dénigrées par les plus hautes instances scientifiques de notre pays : Académie de Médecine, Académie des Sciences, AFSSA, Comité Scientifique du HCB. Signe fort de ce parti pris militant, les animateurs de l’émission ont conseillé comme site Internet de référence celui de l’organisation Greenpeace qui finance les études de G.E. Séralini. » etc.

Je reviendrai longuement dans mon prochain livre sur les conflits d’intérêt et les jugements erronés qui ont jalonné l’histoire des institutions que l’AFBV appelle à la rescousse, comme l’Académie de médecine qui dans un rapport publié en avril 1996, adopté à l’unanimité par les académiciens, soutint mordicus l’innocuité de l’amiante. Un an avant que le gouvernement français interdise définitivement les fibres meurtrières,  déjà interdites en Europe par une   Directive (91632) datant de … 1992, et classé « comme cancérigène pour l’homme » par le Centre international de la recherche sur le cancer ( le CIRC qui dépend de l’OMS) en … 1987 !

La lucidité courageuse des dignes académiciens aura été d’un grand secours aux milliers de malades de l’amiante victimes du silence complice des médecins et scientifiques (je reviendrai aussi sur le rôle du Comité permanent de l’amiante, où des scientifiques étaient payés par l’industrie pour … mentir au public). Sans oublier les autres scandales sanitaires qui ont secoué la France de ces vingt dernières années : sang contaminé, vache folle, hormone de croissance.

Quant aux OGM, lisons ce qu’écrivaient les Académiciens lors d’une séance le 26 novembre 2002 consacrée à l’étiquetage:

« L’exigence de l’étiquetage totale et de la traçabilité peut très bien se traduire par des conséquences commerciales désastreuses » .

Incroyable ! On s’attendrait à ce que les représentants de l’Académie de médecine se prononcent  sur les enjeux sanitaires posés par les OGM, et bien non, ils évoquent les « conséquences commerciales », révélant du même coup qu’ils sont plus préoccupés par les intérêts privés des industriels que par la santé des consommateur.

Pour revenir à l’affaire Séralini- Fellous, il est carrément amusant de voir comment l’’AFBV dénonce à l’envi le « militantisme » présumé du président du CRIIGEN,  alors que tous les membres de cette association « indépendante » sont directement liés à l’industrie des biotechnologies.

En voici la preuve, obtenue par l’avocat de Gilles Eric-Séralini  qui dans ses conclusions écrit : :

« Dans le curriculum vitae qu’il a remis au tribunal, le professeur Fellous a omis de signaler qu’il est le détenteur de deux brevets au profit de la société YEDA RESEARCH & DEVELOPMENT Co. LTD, située en Israël. Branche commerciale de l’Institut WEIZMANN, la société YEDA initie et favorise le transfert sur le marché mondial des créations de ses chercheurs, et travaille pour ce faire avec de nombreuses multinationales, telles NOVARTIS, BAXTER, PFIZER, SANOFI-AVENTIS, JOHNSON & JOHNSON, MERCK-SORONO, TEVA (…)

Concernant les attaques de Monsieur FELLOUS sur le financement du CGIIGEN, celui-ci sera certainement intéressé d’apprendre que sur quatre années consécutives, de 2005 à 2009, les versements de GREENPEACE ne représentent que 3,45% de son financement qui est des plus transparent ainsi qu’il résulte de la liste de ses contributeurs.

Les autres contributeurs sont notamment la Fondation Charles Léopold Mayer, la Fondation Denis Guichard, « Un nouveau regard sur le vivant », sous l’égide de la Fondation de France, l’Association CERES, Consommateurs et Entreprises Responsables, la Fondation pour une Terre Humaine.

En revanche, l’examen des emplois et/ou mandats des membres de l’AFBV), ainsi que les brevets déposés en leur nom posent le problème de l’indépendance des membres de l’AFBV. »

Lisez bien ! Inutile de préciser que l’avocat joint toutes les pièces justificatives , dont les fiches de l’INPI (Institut national de la propriété intellectuelle) prouvant ce qu’il écrit:

 » 1) Les Brevets des membres de l’AFBV:

a. Alain DESHAYES, membre fondateur de l’AFBV et l’un de ses 9 administrateurs, ancien directeur de Recherche INRA, est en relation d’affaires avec NESTLE SA .

b. Roland DOUCE, membre fondateur de l’AFBV et l’un des 9 membres de son Comité Scientifique, biologiste, membre de l’Académie des Sciences Américaine, est en relation d’affaires avec RHONE POULENC AGROGHIMIE.

c. Claude FAUQUET, membre fondateur de l’AFBV, Directeur du Laboratoire International des biotechnologies appliquées à l’agriculture tropicale, est en relation d’affaires avec DONALD DANFORTH PLANT SCIENCE, crée en 1998 par la Fondation DANFORTH, MC DONELL et MONSANTO. Il est l’un des partenaires de Recherche de MONSANTO qui finance, fournit des terres et participe à la gouvernance de la Fondation .

d. Lise JOUANIN, membre du Comité Scientifique de l’AFBV, est en relation d’affaires avec IMPERIAL CHEMICAL INDUSTRIES (ICI) et GENOPLANTE. ICI qui fabrique des produits chimiques, fertilisants et insecticides. En 2008, ICI devient filiale du conglomérat néerlandais AKZO NOBEL, l’une des plus grandes entreprises chimiques au monde.

GENOPLANTE est une SAS ayant pour objectif de déterminer la fonction des gènes pour les grandes espèces cultivées : blé, maïs, colza, tournesol, pois, tomate, hévéa, vigne, arbres, cacaoyer, caféier. Elle est un partenaire de LIMAGRIN, dont le président, Pierre PAGESSE, a  été Président de GENOPLANTE pendant plusieurs années. Le Président actuel de GEOPLANTE, Georges FREYSSINET, a également des liens avec l’industrie puisqu’il a notamment travaillé pour BIOGEMMA et LIMAGRAIN HOLDING. Il est par ailleurs inventeur de plusieurs brevets pour la société BAYER CROPSCIENCE, qui n’est autre que l’un des leaders mondiaux des sociétés semencières, forte d’un chiffre d’affaires annuel de 5,8 milliards d’euros en 2007.

e. Axel KAHN, parrain de l’AFBV et Généticien, est en relation d’affaires depuis 1994 avec RHONE POULENC, devenu AVENTIS PHARMA.

L’ensemble des brevets déposés – même si ils ne concernent pas directement les biotechnologies végétales – illustrent parfaitement le conflit d’intérêt. En effet, alors que Monsieur Axel KAHN a présidé de 1988 à 1997 la Commission du génie biomoléculaire (CGB), chargée d’évaluer les risques liés aux PGM, il est devenu, en 1997, « officiellement » Directeur Scientifique chez RHONE POULENC, géant de l’agrochimie qui avait investi de longue date dans le secteur des PGM. Ses liens avec RHONE POULENC datent pourtant d’avant 1997, puisque son 1er brevet est déposé pour cette société en 1994.

f. Marcel KUNTZ, membre fondateur de l’AFBV et l’un de ses 9 administrateurs, Directeur de Recherche au CNRS, est en relation d’affaires avec SYNGENTA, un des leaders mondiaux sur le marché de la protection des plantes et n°3 sur le marché des semences. En 2004, l’entreprise a réalisé 7,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires .

g. Alain TOPPAN, membre fondateur de l’AFBV et l’un des 9 administrateurs de l’AFBV, chercheur, est en relation d’affaires avec SANOFI ELF, ELF AQUITAINE, RUSTICA PROGRAIN GENETIQUE et BIOGEMMA. RUSTICA PROGRAIN GENETIQUE est une des filiales du groupe PAU-EURALIS, leader européen en semences de tournesol, maïs et colza. Dans le domaine des biotechnologies PAU EURALIS a privilégié une stratégie d’alliance avec le groupe français LIMAGRAIN, en créant la société de recherche BIOGEMMA qui participe au programme européen GENOPLANTE alliant recherche privée et publique.

h. Marc VAN MONTAGU, parrain de l’AFBV et l’un des 9 membres du Comité Scientifique de l’AFBV, Professeur émérite à l’Université de Gand (Belgique), Président de la fédération Européenne des Biotechnologies, auteur de la 1ère PGM en 1983, est en relation d’affaires avec PLANT GENETIC SYSTEMS, devenu BAYER AG.

La société PLANT GENETIC SYSTEMS a été créée en 1982, par Marc VAN MONTAGU. En 1996 il livre ses constructions génétiques et vend sa société à AGR EVO, un fabricant allemand de produits chimiques de protection des cultures, qui versera 725 millions de dollars à Monsieur MONTAGU et son associé Joseph SCHELL. En 1999, AGR EVO disparait car elle fusionne avec RHONE POULENC et devient AVENTIS CROPSCIENCE. En 2002, BAYER AG acquiert AVENTIS CROPSCIENCE. Celle-ci devient alors BAYER CROPSCIENCE AG. Cette branche s’occupe d’agrochimie (entre autres de pesticides) et de semences génétiquement modifiées (céréales, coton…).BAYER AG est, avec un chiffre d’affaires de près de 6 milliards (2005), le numéro 1 mondial. Le dernier brevet déposé par BAYER, mentionnant Marc VAN MONTAGU comme inventeur date de 2001.

i. Chris BOWLER, membre fondateur de l’AFBV, Directeur de Biologie Végétale à l’ENS, est en relation d’affaires avec la société anciennement dénommée PLANT GENETIC SYSTEMS .

j. Philippe JOUDRIER, membre fondateur de l’AFBV et l’un de ses 9 membres du Comité Scientifique, Biologiste, Directeur de Recherche Honoraire INRA, Président de l’AFSSA, se trouve être en relation d’affaires avec BIOGEMMA. PAU-EURALIS, leader européen en semences de tournesol, maïs et colza, a fait une d’alliance avec le groupe français LIMAGRAIN, en créant la SAS BIOGEMMA qui propose ses services pour l’étude des biotechnologies. L’actuel Président de BIOGEMMA n’est autre que Pierre PAGESSE, le Président de LIMAGRAIN, qui est le 1er semencier européen et le 4ème mondial.

k. Alain BOUDET, membre fondateur de l’AFBV, Professeur émérite à l’Université de biologie végétale UPS Toulouse, Membre de l’Académie des Technologies, est en relation d’affaires avec les sociétés BIOGEMMA, IMPERIAL CHEMICAL INDUSTRIES et ZENECA LTD. ASTRAZENECA a été créé le 9 avril 1999 par la fusion du laboratoire suédois Astra et du laboratoire britannique ZENECA. Présent dans plus de 100 pays, ASTRAZENECA fait partie des leaders de la pharmacie mondiale avec un chiffre d’affaires 2009 de 32,8 milliards de dollars .

l. Michel CABOCHE, membre fondateur de l’AFBV, Directeur de recherche INRA, et Membre de l’Académie des Sciences, est également en relation d’affaires avec GENOPLANTE VALOR, une SAS, avec un chiffre d’affaires en 2009 de 730 854 €. Créée par LIMAGRAIN et PAU EURALIS, la société BIOGEMMA participe directement à GENOPLANTE, dont le Président, Georges FREYSSINET, a des liens de longues dates avec LIMAGRAIN et a notamment publié des brevets pour BAYER CROPSCIENCE.

m. Jean-Pierre DECOR, membre fondateur de l’AFBV, Directeur général de l’Institut des Sciences du vivant, est également en relation d’affaires avec la société anciennement dénommée RHONE POULENC AGROCHIMIE .

2) Les emplois et/ou mandats des membres de l’AFBV[2] :

a.      Philippe AYMARD, membre fondateur de l’AFBV est Administrateur du groupe LIMAGRAIN. Groupe agricole international, spécialiste des semences et des produits céréaliers,  le 1er semencier européen et 4ème semencier mondial .

b. Jean-Yves FOUCAULT, membre fondateur de l’AFBV est Administrateur Groupe LIMAGRAIN (cf. supra) .

c. Sebastien VIDAL, membre fondateur de l’AFBV est Administrateur Groupe LIMAGRAIN (cf. supra).

d. Georges PELLETIER, Président du Comité Scientifique de l’AFBV est Président du Comité Exécutif de GENOPLANTE (cf. supra), aux côtés de Georges FREYSSINET, Directeur Scientifique chez LIMAGRAIN et inventeur de brevets déposés par le groupe BAYER .

e. Gérard FAURE, membre fondateur de l’AFBV est Directeur de l’UNION FRANCAISE DES SEMENCIERS (UFS), et Ancien Directeur technique de PIONEER, qui est une filiale de DUPOND, n°1 mondial et européen en semences de maïs, n°2 dans le monde et en Europe en semences de tournesol. L’UFS est le nouveau syndicat de l’industrie des semences et des biotechnologies végétales, né le 25 mars 2009 de la volonté des entreprises semencières de rassembler leurs forces pour promouvoir ensemble leurs activités de manière efficace et cohérente, et d’être entendues des pouvoirs publics français et internationaux (Pièce n°….).

f. Luc ESPRIT, membre fondateur de l’AFBV est Directeur Général MAIZ’EUROP et Directeur de la F.N.P.S.M.S. (Fédération Nationale de la Production des Semences de Maïs et de Sorgho) qui rassemble les entreprises semencières et les producteurs de maïs semences autour d’un objectif commun : gérer la production française de semences et contribuer à son développement en France et à l’international. Quant à MAIZ’EUROP, il s’agit de l’organisation fédératrice de la filière française de maïs, une collective composée de différentes structures maïsicoles .

g. Henri-Bernard CARTIER, membre fondateur de l’AFBV est Gérant de la SARL GERM SERVICE qui est une filiale commerciale de l’A.G.P.M. et d’ARVALIS. GERM-SERVICES, une des composantes de MAIZ’EUUROOP (cf. supra) .

h. Alain GODARD, membre fondateur de l’AFBV et l’un des 9 administrateurs de l’association,  a été PDG de RHONE-POULENC AGRO – 1er groupe français à avoir investi dans le secteur des OGM dans le début des années 90 et PDG démissionnaire d’AVENTIS CROPSCIENCE qui a été racheté par le Groupe BAYER (CA 5,8 milliards d’€) .

i. Régis FOURNIER, membre fondateur de l’AFBV est Directeur Général MAISADOUR SEMENCES et Président de SEPROMA, Syndicat professionnel regroupant les établissements qui sélectionnent, produisent ou commercialisent des variétés de maïs en France, en Europe et dans le monde. Rassemblant 35 entreprises, SEPROMA a pour vocation de représenter l’industrie des semences de maïs auprès des instances officielles. Le Groupe MAÏSADOUR est un groupe agro-alimentaire coopératif qui a dégagé pour l’exercice 2008/2009 un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros .

j. Laurent JUBERT, membre fondateur de l’AFBV est Directeur Général de CHAMPAGNE CEREALES, groupe coopératif agro-industriel, d’origine Française et « d’ambition mondiale ». Il s’agit d’un groupe agri-industriel avec 2,512 milliards d’euros de chiffre d’affaires, des filiales en aval de dimension internationale, des filiales en Ukraine et sur d’autres « terres à fort potentiel de développement » .

k. Pascal PROT, membre fondateur de l’AFBV est Président de CHAMPAGNE CEREALES (cf. supra) 

l. Jean-Michel PATACQ, membre fondateur de l’AFBV est Vice-Président du Groupe coopératif EURALIS, leader européen des marchés agricoles et agroalimentaires, rassemblant 15 000 agriculteurs et 5 000 salariés avec un chiffre d’affaires de 1,3 Md d’euros. Le Groupe Euralis est aujourd’hui 1er producteur mondial de foie gras, 1er opérateur européen sur le marché du maïs, 1er collecteur de légumes transformés du Sud-Ouest, un des leaders européens des Semences .

Guy CRAPEZ, membre fondateur et Trésorier de l’AFBV est ancien Directeur Général d’AGRALYS devenu le Groupe AXEREAL à 50% avec EPIS-Centre. Il est Leader de l’activité céréalière européenne, avec un chiffre d’affaires pour l’année 2008″.

L’AFBV est effectivement une association  totalement  « indépendante »!

J’invite les internautes à consulter le site de Terre TV et de la Fondation scientces citoyennes du professeur Jacques Testard pour des informations complémentaires sur le procès qui oppose les professeurs Séralini et Fellous, dont le jugement est annoncé pour le 18 janvier 20011.

http://www.terre.tv/fr/1_biodiversite/8_ogm/3472_le-lanceur-dalerte-gilles-eric-seralini-attaque-en-diffamation-

http://www.sciencescitoyennes.org/spip.php?article1898


[1] Liste non exhaustive

[2] Liste non exhaustive

OGM, CONFLITS D’INTERÊT ET INSTANCES EUROPÉENNES

3) Les manœuvres du commissaire Dalli

Le maltais John Dalli est le commissaire européen chargé de veiller sur la santé et la protection des consommateurs. C’est ce que dit clairement son titre, mais tout indique qu’il pense davantage à la santé des … semenciers et producteurs d’OGM.

Surnommé le « commissaire aux OGM », il vient de subir deux échecs cuisants car sa proposition visant à assouplir la culture des OGM en Europe – en fait à favoriser leur expansion- a été retoquée le mardi 27 septembre par les ministres de l’agriculture, puis le  jeudi 14 octobre par les ministres de l’environnement européens.

Que proposait le commissaire, encouragé par le très pro OGM président de la Commission, José Manuel Barroso ?

Très « gêné » – on se demande pourquoi …-  par l’attitude de la majorité des États européens qui ont fait joué la clause de sauvegarde pour interdire les cultures transgéniques sur leurs territoires, il suggérait de modifier les règles du jeu communautaires pour  laisser aux Etats la décision de permettre ou non la culture transgénique. Malin ! Les ministres européens ne s’y sont pas trompés qui ont vu, à juste titre, une tentative de « renationalisation » de la politique agricole commune, mais aussi de fragmentation du marché intérieur.

Tout cela pour que quelques pays puissent cultiver des OGM (qui risquent de contaminer les pays voisins) dont l’écrasante majorité des consommateurs européens ne veut pas !

Manifestement le commissaire  à la Santé et à la Protection des consommateurs n’a pas reçu le bon portefeuille !

Pour les débats qu’a suscités la proposition de Mr. Dalli, j’invite à lire le site de Combat Monsanto :

http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article745

Je rappelle que pour l’heure seuls deux OGM sont cultivés en Europe, le maïs MON 810 de Monsanto (principalement en Espagne)  et la pomme de terre Amflora de BASF, dont l’autorisation de mise sur le marché fut très contestée (voir sur ce Blog).

Comme la souligné Chantal Jouanno, la secrétaire à l’environnement, on attend toujours que soient revus le processus d’autorisation des OGM et le mode de fonctionnement de l’EFSA qui continue de « donner des avis publics sur des études secrètes faites par les semenciers », selon les mots de Corinne Lepage,Monde ancienne ministre de l’environnement (1995-1997) et eurodéputée, dans une interview au du 10 juin 2010.

Cette demande pour un renforcement de l’évaluation des OGM avait été formulée à l’unanimité par les ministres de l’environnement européens, en décembre 2008. Et depuis, plus rien. Concernant directement la santé des consommateurs, cette demande aurait dû être encouragée par le commissaire Dalli qui a préféré défendre les intérêts de Monsanto et consorts… Pourquoi?

Par ailleurs, j’informe les internautes que la pétition contre les OGM que j’avais encouragé à signer,  a atteint le million de signatures. S’appuyant sur une innovation du Traité de Lisbonne qui prévoit la possibilité d’un référendum sur un sujet saisi par un million de  pétitionnaires européens, la pétition appelle José Manuel Barroso, le président de la Commission, à « décréter un moratoire sur l’introduction des plantes génétiquement modifiées en Europe » » et vise à « mettre en place un organisme éthique et scientifique indépendant chargé de mener à bien la recherche sur l’impact des OGM et déterminer leur régulation ».

On attend la réponse que devrait donner la Commission à cette initiative citoyenne, parrainée par Greenpeace et Avaaz,  d’ici la fin 2010.

Conflit d’intérêt de Diane Banati suite

Nouveau rebondissement dans l’affaire du conflit d’intérêt de Diana Banati, la présidente du Conseil d’administration de l’EFSA. Après les révélations faites par José Bové (voir mon papier précédent), l’EFSA a modifié la déclaration d’intérêt de la scientifique hongroise, le 28 septembre, ainsi que l’a rapporté Le Monde, dans son édition du 3O septembre (voir ci-dessous). Le lobbyste qui se cache sous le pseudonyme de « wackes seppi » (???) n’a plus qu’à trouver un autre argument pour sauver sa protéger…

Ce n’est pas la première fois que l’EFSA ajuste ou fait ajuster les déclarations d’intérêt de ses membres, au gré des révélations. C’est ce que j’ai pu constater moi-même lors de mon enquête pour mon film et livre « Notre poison quotidien« . Mais je n’en dirai pas plus… Rendez-vous en février sur ARTE!

Je copie l’article du Monde qui fournit des informations très instructives sur le mode de fonctionnement de l’ILSI (International Life Sciences Institute), un pseudo organisme « scientifique »créé par les multinationales de la chimie et de l’agroalimentaire pour intoxiquer les agences de réglementation avec de pseudo « études scientifiques« . Ses manipulations sont si grossières que l’OMS a « exclu l’ILSI, en 2006, de la liste des organisations pouvant participer à ses activités ». Espérons que l’EFSA suive au plus vite son exemple!

Je reviendrai bientôt (troisième papier de ma série) sur le cas du commissaire européen, John Dalli, chargé (théoriquement) de la santé et de la protection des consommateurs.

Europe: conflit d’intérêt dans la sécurité alimentaire

La présidente du conseil d’administration de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) est également membre du conseil d’administration (board of directors) d’une association regroupant les plus grandes entreprises de l’industrie agroalimentaire : c’est la révélation faite par José Bové, député européen (Europe Ecologie), à l’occasion d’une conférence de presse à Bruxelles, mercredi 29 septembre.

Les documents présentés font apparaître que Diana Banati, la présidente du conseil d’administration de l’EFSA, a caché qu’elle appartenait aux instances dirigeantes de la branche européenne de l’International Life Science Institute (ILSI), où elle côtoie des représentants de dix grandes entreprises comme Kraft Foods, Nestlé ou Danone.

Diana Banati, scientifique hongroise spécialiste des questions d’alimentation, est membre du conseil d’administration de l’EFSA depuis 2006, et sa présidente depuis 2008. Elle a été reconduite à ce poste en juin. L’Autorité assure une mission d’expertise scientifique auprès de la Commission européenne en matière de produits alimentaires, et notamment d’organismes génétiquement modifiés (OGM).

L’ILSI est une organisation internationale regroupant plus de 400 entreprises. Créée en 1978 aux Etats-Unis, elle vise, selon son site Internet, à « améliorer la santé et le bien-être du public en rassemblant des scientifiques de l’université, du gouvernement et de l’industrie dans un forum neutre ». Elle « est financée par l’industrie, les gouvernements et des fondations ». La liste de ses membres comprend les plus grandes entreprises de l’agroalimentaire, notamment, pour ce qui concerne les OGM, Monsanto, BASF, Bayer ou Syngenta.

L’ILSI joue un rôle de lobby cherchant à influencer les décisions politiques. Dans les années 1980 et 1990, elle a ainsi relayé les efforts des fabricants de tabac pour affaiblir les initiatives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). A la suite à plusieurs enquêtes, l’OMS a d’ailleurs exclu l’ILSI, en 2006, de la liste des organisations pouvant participer à ses activités.

Le lobbying de l’ILSI a été plusieurs fois analysé par des chercheurs. En mars 2007, Jennifer Saas, du Natural Resources Defense Council (NRDC), une organisation environnementale américaine, a témoigné devant le comité scientifique de la Chambre des représentants de l’influence de l’industrie sur l’EPA, l’Agence américaine de l’environnement. Selon Jennifer Saas, l’ILSI a eu une relation continue avec l’EPA, organisant notamment des ateliers de travail à huis clos pour « éclairer » les décisions de celle-ci.

L’ILSI travaille aussi sur les plantes transgéniques et intervient dans les processus d’évaluation de l’EFSA : dans son avis du 8 septembre sur un maïs transgénique de Monsanto, l’Autorité s’appuie ainsi sur un document de l’ILSI.

Ces différents éléments ont conduit José Bové à réclamer la démission de Mme Banati. « L’EFSA n’a pas d’autonomie, elle est inféodée aux lobbies, estime le député européen, qui est aussi vice-président de la commission agriculture du Parlement européen. Son mode de fonctionnement doit être revu de fond en comble. »

M. Bové indique avoir transmis, en juillet, le dossier au commissaire européen à la santé et à la protection des consommateurs, John Dalli.

Le porte-parole de ce dernier, Frédéric Vincent, explique que, « d’après les informations qu’avait fournies Mme Banati, il n’y avait pas conflit d’intérêts ». Il souligne que les procédures d’examen de sa candidature ont été strictement suivies, et que la nomination des membres du conseil d’administration de l’EFSA ne dépend pas de la Commission. Pour sa part, la directrice de la communication de l’EFSA, Anne-Laure Gassin, assure que « le rôle du conseil d’administration est de veiller au bon fonctionnement de l’Autorité », ajoutant que « ses membres n’interviennent pas dans le travail scientifique ».

La déclaration d’intérêt de Diana Banati a cependant été modifiée, mardi 28 septembre, sur le site Internet de l’EFSA : son appartenance au bureau des directeurs de l’ILSI, information qui n’apparaissait pas jusqu’alors, est désormais mentionnée.

Cette affaire ne peut que renforcer la suspicion exprimée de longue date par certaines organisations non gouvernementales à l’égard de l’EFSA. Les liens de celle-ci avec l’industrie agroalimentaire ont déjà été soulignés, notamment en janvier, lorsqu’a été rendue publique une information selon laquelle l’ancienne directrice du groupe OGM de l’Autorité, Suzy Reckens, avait rejoint la firme Syngenta en 2008.

Lors d’un conseil des ministres européens de l’environnement, en décembre 2008, les Etats membres avaient demandé « un renforcement de l’évaluation environnementale » des OGM. Ce travail avance lentement : selon le porte-parole de John Dalli, « une évaluation extérieure va être faite en 2011, et la Commission pourrait proposer une nouvelle organisation à l’horizon 2012 ».

La mise en cause de l’indépendance de l’EFSA ne peut qu’affaiblir la position de la Commission européenne. Lundi 27 septembre, les ministres européens de l’agriculture ont rejeté la proposition de la Commission sur les OGM, qui consiste à laisser aux Etats le soin d’en autoriser ou non la culture.

Hervé Kempf

OGm, conflits d’intérêt et instances européennes

2) les conflits d’intérêts à l’EFSA et la pomme de terre AMFLORA

Pour commencer, j’informe les internautes que mon film « Le monde selon Monsanto » sera diffusé sur Planète, le lundi 4 octobre, à 20 heures 40.

Dans mon livre  Le monde selon Monsanto, je racontais les  liens étroits qui unissent  certains membres  du comité OGM de l’EFSA – l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments –  avec les géants des biotechnologies , avec en tête, son président , le professeur Harry Kuiper. Celui-ci est, en effet, le coordinateur de Entransgood, un projet, soutenu par l’Union européenne, pour « favoriser l’introduction des OGM sur le marché européen, et rendre l’industrie européenne compétitive », et à ce titre, fait partie d’un groupe de travail comprenant Monsanto et Syngenta.

De même, Mike Gasson travaille pour Danisco, un partenaire de Monsanto ; Pere Puigdomenech est le co-président du septième congrès international sur la biologie moléculaire végétale, sponsorisé par Monsanto, Bayer et Dupont ; Hans-Yorg   Buhk et Detlef Bartsch sont « connus pour leur engagement en faveur des OGM , au point d’apparaître sur des vidéos promotionnelles, financées par l’industrie des biotechnologies » ;  parmi les (rares) experts extérieurs sollicités par le comité, il y a notamment le docteur Richard Philipps qui a signé une pétition en faveur des biotechnologies pour Agbioworld  et apparaît sur le site de Monsanto pour soutenir la très controversée hormone de croissance laitière…

Hier, Libération rapportait le « beau lièvre », levé par José Bové, eurodéputé vert et vice-président de la commission agriculture du parlement européen. Celui-ci a , en effet, découvert que «  la présidente du conseil d’administration de l’Agence européenne de sécurité alimentaire, la Hongroise Diána Bánáti, a dissimulé qu’elle avait été membre du comité des directeurs de la branche européenne de l’International Life Science Institute (Ilsi), le «lobby de l’agrobusiness», comme le qualifie Bové » .

http://www.liberation.fr/economie/01012293046-europe-le-lobby-ogm-infiltre-a-la-tete-de-la-securite-alimentaire

Pour mon prochain livre et film  Notre poison quotidien , je me suis intéressée de près à l’ILSI, qui est effectivement une création des géants de l’industrie chimique et agroalimentaire, comme le confirme la liste des « membres » affichée sur son site :

http://www.ilsi.org/Europe/Pages/currentmembers.aspx

Au printemps dernier, l’ observatoire européen des multinationales révélait  que la coordinatrice scientifique du groupe d’experts sur les OGM de l’EFSA  , Suzy Renkens avait été embauchée en 2008 par Syngenta, l’un des concurrents de Monsanto. Docteur en biologie moléculaire, la scientifique belge a été la coordinatrice scientifique du Panel OGM de l’EFSA d’avril 2003 à mars 2008 , avant d’occuper  un poste clé au sein de la multinationale  agro-semencière suisse dès mai 2008, soit quelques semaines à peine après avoir quitté son poste de fonctionnaire de l’Union européenne ! Son parcours, qui constitue un cas de « porte tournante » flagrant et jette un nouveau trouble sur l’indépendance des décisions prises par l’agence européenne,  a été décrit très précisément sur Mediapart :

http://www.mediapart.fr/club/blog/sebastien-portal/250110/ue-un-cas-de-portes-tournantes-entraine-m-barroso-dans-une-polemiq

On comprend mieux, dès lors, pourquoi la « Commission européenne a toujours été l’amie des OGM », pour reprendre les termes de Libération, accordant sans sourciller les 125 autorisations d’importation sollicitées par les firmes  de la biotechnologie depuis 1998.

Pour les autorisations de mise en culture, c’est plus compliqué. Malgré les avis systématiquement favorables rendus par l ‘EFSA, le seul OGM autorisé à la culture en Europe est le maïs transgénique de Monsanto, le MON 810,  pour lequel six Etats européens, dont la France, ont prononcé des interdictions provisoires, en raison des doutes qui planent sur son innocuité, tant environnementales que sanitaires.

http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2010-03-03/la-pomme-de-terre-ogm-de-la-peur/920/0/429856

Coup de tonnerre, le 3 mars 2010 :  on apprend que la Commission a accordé l’autorisation de mise en culture d’une pomme de terre transgénique, AMFLORA, produite par BASF. Enrichie en amidon, par manipulation génétique, la patate OGM de la firme chimique allemande a été mise au point pour fabriquer du papier, de la colle ou des adhésifs. Toutefois, « les co-produits de la transformation industrielle de l’amidon (pulpes) pourraient être utilisés dans l’alimentation animale«.

C’est ce qu’a souligné le Haut Conseil des Biotechnologies (HCB), dans son avis rendu le 12 juillet 2010. Dans ce même avis, le HCB fait une remarque fort intéressante : « Dans la situation actuelle, la pomme de terre Amflora, dont les débouchés sont en tout premier lieu papetiers, ne constituera pas une réponse aux difficultés économiques traversées par la filière féculière (…)  ni la filière féculière ni l’industrie papetière, qui paraissent se satisfaire des amidons actuellement disponibles, n’envisagent d’utiliser Amflora » .

En clair : l’industrie papetière, qui pourrait être la seule intéressée par la patate magique ( super-productrice d’amidon) ne veut pas d’AMFLORA !

Alors pourquoi l’Union européenne l’a-t-elle autorisée, alors que son innocuité, revendiquée haut et fort par BASF, fait l’objet de controverses scientifiques, auxquelles un certain nombre de gouvernements européens ont été sensibles. L’avis du HCB rappelle, en effet, que le 16 juillet 2007, puis le 18 février 2008, le Conseil des ministres européens n’a pas pu statuer sur l’autorisation de mise en culture de Amflora, « aucune majorité qualifiée n’ayant été réunie entre les Etats membres ».

L’inquiétude concerne le gène nptII, un gène marqueur de la patate OGM, qui confère une résistance à un antibiotique largement utilisé,   la kanamycine. Dans mon livre Le monde selon Monsanto, j’ai longuement expliqué à quoi servent les gènes de résistance aux antibiotiques dans les OGM. Je rappelle , en quelques mots, que la majorité des OGM sont « fabriqués » grâce à un canon à gènes, qui bombarde de petites boules d’or , sur lesquelles a été accroché le gène dit « d’intérêt », sur des cellules de la plante que l’on cherche à modifier génétiquement. Le problème, c’est que, complètement aléatoire,  le processus se fait à l’aveugle et qu’en moyenne une cellule sur mille « attrape » le fameux gène. Comment savoir quelles sont les cellules qui ont « attrapé » le gène ?

La seule solution qu’ont trouvée les apprentis sorciers, c’est d’adjoindre à la construction génétique ce qu’ils appellent un « marqueur de sélection », en l’occurrence un gène de résistance aux antibiotiques (généralement la kanamycine) .  Pour déterminer quelles cellules ont « attrapé » le gène (pour pouvoir ensuiteles multiplier) , on arrose les cellules d’une solution antibiotique, les « élues » étant celles qui survivent à ce traitement de choc, ce qui  suscite de nombreuses  inquiétudes sanitaires : à l’heure où la résistance aux antibiotiques est en passe de devenir un grave problème de santé publique, certains « Cassandre » craignent que le « marqueur de sélection » soit absorbé par les bactéries qui peuplent la flore intestinale des humains réduisant la capacité de lutter contre les agents infectieux.

Le plus curieux dans l’affaire d’AMFLORA c’est que l’EFSA, elle-même, partageait cette inquiétude, puisque dans un texte de 2001, elle recommandait de ne pas accorder d’ autorisations européenne aux OGM contenant les fameux marqueurs. Malgré tout, par trois fois, comme le souligne le  HCB, l’Autorité européenne a rendu un avis favorable à AMFLORA…

Notons, au passage, les conclusions peu convaincantes du Haut Conseil des Biotechnologies qui, commentant les études toxicologiques fournies par BASF ,  écrit dans son avis :

« Aucun effet négatif sur la santé humaine et animale n’a été détecté dans les études de toxicité et d’allergénicité de la protéine NPTII isolée, ni dans les études de toxicité, d’allergénicité et d’alimentarité de la pomme de terre entière EH92-527-1 ou d’un produit dérivé (pulpe).

Toutefois, ces études ne comportent pas de données sur la puissance des tests mis en œuvre, si bien qu’il est impossible d’évaluer le risque qu’un effet biologiquement significatif ne soit pas détecté avec les protocoles adoptés ».

Pas vraiment rassurant…

En attendant, ainsi que le rappelle Le Monde, dans un article intitulé « OGM : le Gers dépose un recours contre Bruxelles », paru le 20 septembre :

« En mai, la Hongrie a attaqué la décision de la Commission, au mois de mars, d’autoriser la pomme de terre transgénique Amflora, développée par la firme BASF. Début septembre, l’Autriche a notifié à la CJUE qu’elle se joignait à la plainte hongroise, et le Luxembourg a fait de même le 15 septembre. Un épisode de contamination d’une culture de cet OGM par une autre pomme de terre transgénique, non autorisée celle-là, révélé en Suède le 4 septembre, a sans doute encouragé cette démarche ».

Tout indique que la pomme de terre transgénique n’aurait jamais été autorisée si le « lobby OGM » n’était pas « infiltré à la tête de la sécurité alimentaire » (EFSA), pour reprendre le titre de l’article de Libération, paru hier.

Devant ces dysfonctionnements manifestes des institutions européennes, j’appelle les internautes à signer la pétition mise en ligne par Greenpeace. et le réseau Internet Avaaz.org « dans le but de réunir un million de signatures en faveur d’un moratoire sur les OGM en Europe, ce qui obligerait la Commission, selon un article du traité de Lisbonne, à lancer une initiative législative sur le sujet. Les associations affirment avoir déjà réuni 869 000 signatures » (Le Monde du 20/9/2010).

http://greenpeace.fr/ogmjenveuxpas/zappons-les-ogm/