L’Express pointe les techniques des « anti-anti OGM »

Les visiteurs de mon Blog auront constaté sans mal (!) que deux ou trois internautes particulièrement motivés « polluent » mon Blog, pour reprendre le titre d’un article de l’Express que j’invite à lire, car il en dit long sur les techniques de ceux qui in fine défendent les intérêts de Monsanto.
De cet article, je retiens ce passage concernant l’un de mes détracteurs professionnels, un certain Gil Rivière-Wekstein, de « Agricuture-environnement »:

« Le site, actif il y a encore quelques jours, semble connaître des problèmes techniques. Son auteur, dont Le Canard pointait les antécédents en matière « d’intelligence économique », répondait il y a quelques semaines à nos questions. Se disant notamment « perplexe » à propos du documentaire de Marie-Monique Robin Le Monde selon Monsanto, il notait:  »
La réalisatrice y décrit un monde imaginaire, où tout n’est que complot. Elle s’appuie sur des études soi-disant scientifiques et sur des prétendus spécialistes qu’elle ne cite même pas ».
Difficile d’être de plus mauvaise foi: le documentaire de Marie-Monique Robin, tout comme son livre, est au contraire truffé de références, un modèle du genre (ce que l’on peut vérifier sur le site d’Arte)! Les témoins des deux « camps » -agriculteurs, scientifiques, membres de la Food and Drug administration, l’instance qui a facilité la mise sur le marché des OGM aux Etats-Unis, industriels- sont tous cités, la plupart interviewés, et la réalisatrice indique ses sources, notamment sur Internet… »

J’en profite pour rappeler que la firme de Saint Louis a recours une agence de communication américaine, le groupe Bivings, qui s’est spécialisée dans le marketing viral.

C’est ce que j’explique dans un commentaire intitulé « appel à la vigilance » que l’on peut consulter sur mon Blog , dans la rubrique » des nouvelles de la toile ».

Enfin, j’ai reçu plusieurs mails me demandant pourquoi je ne supprimais pas les messages des « Zobi » , « Anton », ou « Ruuyjin » qui font partie des « pollueurs » les plus tenaces. Je redis ce que j’ai déjà écrit sur mon Blog: Non! Laissons les s’exprimer!!

Le film et le livre sont annoncés au Canada

Je pars la semaine prochaine au Canada pour le lancement de mon film et livre.
L’office national du film (ONF) annonce l’événement sur son site.

Ainsi que mon éditeur Stanké (groupe Librex).

Consulter aussi le site de Greenpeace Canada.

De même, la WDR , qui diffuse le film le 29 mai à 23 heures 15, l’annonce sur son site.

Enfin, je viens d’apprendre aujourd’hui qu’un éditeur coréen a acheté les droits du livre (après les Etats Unis, la Hollande, l’Allemagne, l’Espagne, le Japon et le Brésil)

Un ancien de Monsanto critique « pseudo-sciences.org »

J’ai reçu en copie ce message posté par un ancien cadre supérieur de Monsanto sur le site de « pseudo-sciences.org » qui continue de se déchaîner contre mon enquête. Comme le montre le certificat de travail établi par Monsanto, Maurice Couste a travaillé à de très hautes fonctions chez Cargill, dont la division internationale a été rachetée par Monsanto en 1999 (ainsi que je le raconte dans mon livre!!). Ne supportant pas les « méthodes » de Monsanto, il a négocié son départ un an après le rachat.

Messieurs,

Vous me semblez, euphémisme, complètement inféodés à MONSANTO. On peut se poser la question de savoir pourquoi vous vous mettez dans une telle situation.

Dans votre article vous ne faites que décrier Mme ROBIN, facile de s’en prendre à une personne,mais vous n’apportez rien sur le fond du problème. A t-elle menti ? Ses affirmations sont-elles erronées ? Quel silence de votre part, étonnant !!

Etant un ex-MONSANTO, à la position de DG France après son rachat des activités semencières CARGILL je puis vous apporter l’information qui semble vous manquer, ou que vous voulez plutôt volontairement ignorer.

Votre volonté de s’attaquer aux personnes plutôt que de commenter les faits irréfutables vous rend totalement peu crédibles.
Je sais bien que de nombreuses soit-disant sommités scientifiques font usage de leur état pour « monnayer » leur parole et leurs écrits; mais après les problèmes du sang contaminé, de l’hormone de croissance, de l’histoire de la vache folle,…, tous responsables mais pas coupables; êtes-vous encore crédibles, même aux yeux de vos enfants ?

Recevez, Messieurs, les marques de mon profond dégout face à votre attitude que je n’oserai pas qualifier de peur de vous offenser, ce que vous mériteriez bien.

Maurice COUSTE

Je rentre de Bonn

Mes deux jours à Bonn où se tenait une réunion de l’ONU dans le cadre de la Convention sur la biodiversité se sont très bien passés. Le film a été présenté trois fois :

– lundi à 19 heures lors de la fête organisée par Planet Diversity, le forum des ONG parallèle à la réunion de l’ONU, en présence de Ulle Schroeder de ARTE et de Jutta Krug, de la WDR, qui diffuse le film le 29 mai.

– mardi, à 18 heures, dans le « bunker » de la rencontre onusienne devant des délégués internationaux qui participent aux travaux faisant suite au protocole de Cartagènes.

– mardi, à 20 heures 30, devant les représentants internationaux de Planet Diversity.

J’ai retrouvé Vandana Shiva, Michael Hansen, Arpad Pusztai, Jeffrey Smith, qui ont participé aux débats qui sont suivi les deux projections de Planet Diversity.

Il est intéressant de noter que tous ceux qui sont venus aux projections avaient déjà entendu parler de mon enquête , qu’ils viennent d’Amérique du nord, du sud, d’Asie ou d’Afrique.

Des demandes ont été émises pour fabriquer des versions hindi, bengali, indononésienne et en langues africaines du DVD.

Des délégués du Burkina Fasso m’ont raconté qu’ils avaient projeté le film la semaine dernière devant 500 paysans burkinabés et des députés du pays et que cela avait provoqué beaucoup d’émotions et de colère.
Actuellement les représentants de Monsanto parcourent la brousse et distribuent de l’argent aux paysans pour les convaincre de cultiver du coton BT, dont la mise sur le marché vient d’être approuvée par le gouvernement. Ils racontent que le coton BT protège de la mouche jaune, un ravageur qui a causé beaucoup de dégâts l’année dernière dans les champs. Ce qui, bien sûr, est un mensonge!

Les délégués d’Afrique de l’Ouest (Burkina Fasso, Mali, Mauritanie) vont se mettre en rapport avec ARTE pour sortir une version du DVD en trois langues africaines et m’ont invitée à faire une tournée chez eux.
A noter qu’au Mali une conférence citoyenne a voté pour un moratoire sur les OGM qui est actuellement respecté par le gouvernement.

Par ailleurs, Vandana Shiva a trouvé un coproducteur indien pour éditer une version hindi du film , en collaboration avec ARTE. Elle m’a également invitée en Inde pour des projections/ débats.

Des représentants indonésiens vont également se mettre en rapport avec ARTE pour sortir le DVD dans la langue du pays. Je rappelle que les représentants de Monsanto en Indonésie ont été condamnés pour avoir corrompu une centaine de hauts fonctionnaires afin d’imposer le coton BT, ainsi que je le raconte dans mon livre.

Les délégués argentins, paraguayens et brésiliens m’ont demandé de faire une tournée dans le cône sud lorsque le film et livre seront disponibles en espagnol et portugais.

Enfin, une déléguée japonaise à la réunion de l’ONU m’a invitée au Japon dès que le film et le livre sortiront là-bas, ce qui n’est pas pour demain: le contrat avec l’éditeur japonais prévoit deux ans de traduction!

La mobilisation continue!

Hier, alors que je quittais le « bunker » de la réunion onusienne, j’ai été assaillie de coup de téléphone m’annonçant que la loi sur les OGM avait été rejetée d’un cheveu: une voix (136 contre et 135 pour)!

En lisant la presse ce matin, j’ai compris que cette victoire était fragile, car manifestement le premier ministre a l’intention de faire passer la loi par la force, en soumettant un nouveau projet de l’article 1, dans l’urgence, à une commission paritaire de sept députés et sept sénateurs.

A dire vrai, on a de quoi être perplexe. Le Grenelle de l’environnement qui s’annonçait comme un modèle de démocratie n’était-il donc qu’une mascarade? Et quid des promesses de Nicolas Sarkozy de renforcer les pouvoirs du parlement?

Tous les sondages l’indiquent: les Français ne veulent pas d’OGM dans les champs, en tout cas pas ceux actuellement disponibles (suivez mon regard…)
Apparemment la majorité des députés (y compris un bon nombre de l’UMP) n’est pas persuadée de « l’utilité des plantes pesticides », pour reprendre les mots très justes du président à l’issue du Grenelle de l’environnement.

Pourquoi M. Fillon tient-il absolument à s’asseoir sur une décision majoritaire de l’assemblée nationale et sur le désir de la grande majorité des électeurs de ce pays pour imposer les OGM de Monsanto dans les champs?
D’où vient cet empressement?

Va-t-on assister sur un sujet aussi grave pour l’avenir de l’agriculture française à un déni de démocratie?
Comme je le dis dans toutes mes conférences débats, il appartient aux citoyens de faire entendre leurs voix.

La mobilisation continue!

Je remets en ligne mon texte « des arguments pour les députés »

La loi OGM est basée sur un leurre

Les débats parlementaires sur la loi OGM laissent un goût amer, parce qu’ils révèlent le peu de préparation de nos élus à traiter une question aussi grave que l’introduction des plantes transgéniques dans nos champs.
Pourtant, ils ont une chance inouïe que n’avaient pas leurs collègues d’Outre-Atlantique, il y a douze ans : pouvoir bénéficier du bilan que l’on peut dresser, aujourd’hui, d’une décennie de cultures OGM dans ce grand laboratoire à ciel ouvert que constitue l’Amérique du Nord et du Sud.

Pendant trois ans, j’ai sillonné les prairies et pampas du nouveau monde transgénique et j’ai écouté les paysans, petits et grands, y compris ceux qui se sont lancés les yeux fermés dans la culture des plantes pesticides de Monsanto. Et que m’ont-ils dit ?

1) La coexistence entre les cultures OGM et non-OGM est impossible.
C’est un leurre ! Un exemple : au Canada, le colza Roundup ready de Monsanto a contaminé toutes les variétés conventionnelles et fait disparaître le colza biologique, ainsi que me l’a expliqué René van Acker, agronome à l’université de Manitoba.
Quant aux « distances de sécurité », ça fait belle lurette qu’elles sont passées aux oubliettes : le colza, comme le maïs du sud-ouest de la France, est une plante allogame qui se reproduit par pollinisation croisée, grâce aux vents et aux insectes que les bricoleurs du génie génétique ne parviennent toujours pas à contrôler…

C’est précisément l’expérience qu’ils ont eue avec le colza transgénique qui a poussé les grands céréaliers du Canada et des États-Unis à s’allier avec… Greenpeace pour s’opposer à la mise sur le marché du blé Roundup ready de Monsanto, en 2002.
C’est ce que m’a rapporté Ian McCreary, qui n’est pas un dangereux écolo-radical, mais le vice-président de la puissante Commission canadienne du blé, regroupant les céréaliers canadiens, lesquels sont, en général, des producteurs d’OGM (maïs, colza, soja).
« Certes, nous avions peur de perdre nos marchés à l’exportation, car nous savions que les consommateurs européens et japonais n’auraient pas mangé de blé transgénique, mais nous ne voulions pas non plus mettre en danger la biodiversité du blé, m’a-t il expliqué. Enfin, nous craignions que le blé Roundup ready entraîne une augmentation de nos dépenses d’herbicides à cause de l’apparition de “volontaires”… »

2) Car, n’en déplaise à une certaine compagnie de Saint Louis, ses OGM n’entraînent pas la réduction de la consommation de pesticides, mais au contraire, à moyen terme (après trois ou quatre ans), une… augmentation.

Pour la « technologie Roundup ready », selon le terme de Monsanto (à savoir les plantes manipulées génétiquement pour pouvoir absorber le Roundup – elles représentent 70 % des cultures transgéniques mondiales –, un herbicide très toxique fabriqué aussi par la firme), les producteurs sont, aujourd’hui, confrontés à un double problème :
l’apparition de mauvaises herbes devenues tolérantes puis résistantes au Roundup (d’où la nécessité d’augmenter les doses, voire de passer à des classes d’herbicides plus puissants, que Monsanto a d’ailleurs déjà dans son pipe line) ; et les fameux « volontaires ». Ce sont des graines (par exemple de colza Roundup ready) qui sont tombées sur le sol lors de la moisson et qui germent l’année d’après. Si le paysan a décidé de procéder à une rotation de ses cultures, il se retrouve alors avec des pousses de colza dans un champ de blé, dont il ne peut se débarrasser parce qu’elles sont résistantes au Roundup !

Concernant les OGM dits « Bt » – comme le maïs MON 863, dont la culture a été suspendue par le gouvernement français –, le bilan n’est guère plus brillant : une étude publiée par l’université de l’Arizona confirme les prédictions des entomologistes, à savoir que les insectes ravageurs du coton sont devenus résistants à la toxine.
Je rappelle que le Bt est une toxine insecticide naturelle produite par une bactérie du sol (bacillus thurigiensis) et utilisée sous forme de pulvérisation par les agriculteurs biologiques. Monsanto a introduit le gène qui code pour la toxine dans ses OGM, lesquels la produisent donc en permanence. Pour repousser l’inévitable phénomène de la résistance des insectes (ah ! L’incontrôlable évolution des espèces !), la firme et les autorités agricoles exigent que les producteurs plantent 20 % de leurs champs avec des variétés non-OGM – les fameuses « zones refuges » –, où sont censés pulluler les insectes « normaux » pour que ceux-ci se croisent avec leurs cousins devenus résistants au bacillus thurigiensis, provoquant ainsi une « dilution génétique »…
À terme, les grands perdants de la « technologie Bt » sont les agriculteurs biologiques, qui ne pourront plus recourir à l’insecticide naturel, en raison même de la résistance développée par les insectes…

3) Quand vous parlez avec les farmers nord-américains, il y a un mot qui les fait méchamment se crisper : « StarLink ». Ce maïs Bt, produit par Aventis, a provoqué en 2000 une énorme catastrophe sanitaire. Il faut dire que son histoire est exemplaire de l’aberration kafkaïenne qui caractérise le processus d’homologation des plantes transgéniques.
En effet, soupçonnant que ce maïs pesticide était allergène, l’agence de protection de l’environnement (EPA) l’avait autorisé pour la consommation animale, mais interdit pour la consommation humaine !
Résultat : des épis de StarLink se sont retrouvés dans la chaîne alimentaire. Voilà comment des milliers de citoyens américains, qui mangeaient des enchiladas et tacos dans les restaurants tex-mex, ont été saisis de symptômes qui « allaient de la simple douleur abdominale, diarrhée et éruption cutanée, jusqu’à des réactions plus rares mettant la vie en danger », selon le docteur Marc Rosenberg, un allergologue qui fut chargé de conseiller le gouvernement dans cette lamentable affaire, laquelle a coûté à Aventis un milliard de dollars…
À noter, que huit ans après le retrait du marché de toutes les semences StarLink, le maïs maudit continue de contaminer les stocks des États-Unis à hauteur de 1 %…

4) Last but not least, le cauchemar des agriculteurs du monde transgénique, c’est la « police des gènes », créée par Monsanto pour vérifier que les « serfs » du nouvel ordre agricole, pour reprendre le mot de Dan Glickman, l’ancien secrétaire à l’Agriculture de Bill Clinton, ont bien racheté leurs semences, chaque année, ainsi que l’exige le « contrat d’utilisation de la technologie » qu’ils doivent signer. Car les OGM sont brevetés. Un petit « détail » lourd de conséquences, qui a profondément bouleversé la vie dans les campagnes nord-américaines et qui, curieusement, fut totalement absent des débats parlementaires français.