Un rapport publié mardi 14 avril par l’Union of Concerned Scientist, un groupe indépendant d’experts, démolit la principale promesse de Monsanto et consorts, à savoir que les OGM vont nourrir le monde, notamment grâce à des rendements supérieurs.
Comme je le disais déjà dans mon livre, c’est tout simplement une « fausse promesse ».
« Depuis des années, les industriels claironnent qu’ils vont nourrir le monde, en promettant que les OGM produiront de meilleurs rendements, constate l’auteur du rapport, Doug Gurian-Sherman. Mais après vingt ans de recherches et treize ans de commercialisation, les fermiers américains qui ont recours à ces semences n’ont guère récolté davantage à l’acre (0,4 hectare). En comparaison, l’agriculture traditionnelle continue d’avoir de meilleurs résultats ».
Pour parvenir à cette conclusion, le biologiste a analysé toutes les statistiques et études académiques publiées sur le soja et le maïs, les deux cultures transgéniques les plus répandues aux Etats-Unis, où près de 90 % du soja est transgénique et 60% du maïs. Il constate que pour ces deux plantes, les OGM n’ont « apporté aucune amélioration de rendement ».
Concernant le maïs BT, l’accroissement du rendement s’est avéré « marginal », environ 2,3 %.
Des résultats nettement inférieurs à ce qu’annonce Monsanto, qui, sur son site , affirme que son YieldGard offre une augmentation de la production autour de 20% sur les parcelles infectées par les parasites et 12% sur l’ensemble des terres cultivées.
J’ajoute que le prognostic , pour les années à venir, est très sombre, car ainsi que le révèlent plusieurs études récentes (voir mon livre et Blog) montrent que les insectes cibles du BT ont développé une résistance, ce qu’avaient prévu les entomologues dès le début de l’aventure des plantes BT ( la dernière étude a été publiée par l’Unversité de l’Arizona et révèle que le Helicoverpa zea ,un insecte ravageur du coton, résiste désormais au BT).
Voici les liens vers le rapport de l’Union of Concerned Scientists, ainsi que vers l’article qu’ont consacré Le Monde et le site Combat-Monsanto à ce rapport.
Je copie aussi la partie de mon livre consacré à l’interview que m’avait accordée l’agronome Roger Elmore, qui avait constaté une baisse des rendements significative pour le soja roundup ready (Roger Elmore et al, ‘Glyphosate-resistant soybean cultivar yields compared with sister lines’, Agronomy Journal, N° 93, 2001, p.408-412.)
EXTRAIT
D’abord, contrairement à ce qu’a toujours affirmé Monsanto dans ses documents publicitaires, il n’est pas vrai que « cultivées dans des conditions comparables, les nouvelles variétés présentent un rendement similaire à celui des variétés [conventionnelles] à haut rendement ».
« Malheureusement, nous avons prouvé le contraire », m’explique Roger Elmore, un agronome qui a publié en 2001 une étude sur le sujet avec ses collègues de l’université du Nebraska . Travaillant aujourd’hui à l’université de l’Iowa, il me reçoit dans sa maison, située à une cinquantaine de kilomètres de Des Moines, en octobre 2006.
« Si nous avons mené cette étude — pendant deux ans et dans quatre endroits différents —, c’est que nous avions des informations provenant de différents États qui indiquaient que le soja transgénique avait un rendement moins élevé que les variétés conventionnelles apparentées, me dit-il. Nos résultats prouvent qu’effectivement la baisse de rendement est d’au moins 5 %.
– Comment l’expliquez-vous ?, lui ai-je demandé, les yeux rivés sur les courbes que me montre l’agronome.
C’est ce que nous appelons le “yield drag” (mot à mot le “boulet du rendement”). Nous avions deux hypothèses qui pouvaient expliquer le “boulet” qui affecte le rendement des plantes transgéniques : soit il était dû à l’action du Roundup sur le métabolisme végétal, soit c’était le résultat de la manipulation génétique. Pour vérifier la première hypothèse, nous avons cultivé trois groupes de soja RR, issus de la même variété Roundup ready, dont l’un fut aspergé de Roundup, l’autre de sulfate d’ammonium, un produit qui stimule l’action des herbicides, et le troisième d’eau. Dans les trois cas, le rendement fut strictement le même, à savoir 55 boisseaux par acre. C’est donc la manipulation génétique qui explique le “yield drag”. Apparemment, l’insertion violente du gène perturbe la capacité productrice de la plante.
– Le soja transgénique n’est donc pas équivalent au soja conventionnel ?
– C’est en tout cas ce que montre notre étude…
– Comment a réagi Monsanto ?
– Disons que la firme ne tenait pas vraiment à ce que nous la publions, me répond Roger Elmore, avec la prudence requise.
– Mais est-ce qu’elle avait elle-même conduit une étude sur le rendement de son soja ?
– Les données qu’elle avait fournies étaient très faibles d’un point de vue scientifique et répondaient plus à un besoin, disons, commercial… », conclut l’agronome.
Les résultats de l’étude de Roger Elmore ont ainsi confirmé la « métanalyse » réalisée par Charles Benbrook, pour laquelle il avait dépouillé 8 200 mesures de rendement effectuées par les universités agronomiques des États-Unis en 1998. Il en ressortait que le « yield drag » était en moyenne de 6,7 %, avec des pointes à 10 % notamment dans le Midwest, ce qui représentait un déficit de 80 à 100 millions de boisseaux de soja pour la seule année 1999 .
Comme le souligne Charles Benbrook, il arrive que le « yield drag » tourne carrément à la catastrophe, en raison d’un autre phénomène mis au jour en 2001 par des chercheurs de l’université d’Arkansas . Ceux-ci ont en effet constaté que le Roundup affecte les bactéries rhizobium qui peuplent les racines du soja et les aident à se développer en fixant l’azote de l’atmosphère. La sensibilité des bactéries à l’herbicide expliquerait la baisse de rendement du soja RR, qui peut atteindre 25 % quand survient un épisode de sécheresse.
« Malheureusement, explique Charles Benbrook, il est désormais clair que les cultures Roundup ready sont plus vulnérables à certaines maladies, spécialement lorsqu’elles doivent combattre des stress comme un froid inhabituel, une attaque d’insectes ou un déséquilibre minéral ou microbien dans le sol. Ces problèmes de santé surviennent parce que le matériau génétique introduit pour rendre la plante résistante au Roundup a modifié le fonctionnement normal d’une voie métabolique clé qui déclenche et régule sa réponse immunitaire . »
Et d’ajouter : « Il est dommage que cette information n’ait été connue qu’après que 40 millions d’hectares ont été plantés en Amérique… »
Quand on épluche consciencieusement les journaux scientifiques et agricoles, on constate que les incidents ne sont pas rares au pays des cultures Roundup ready — je reviendrai sur les problèmes similaires des plantes Bt. Par exemple, en 1999, des scientifiques de Georgie ont été contactés par des producteurs de soja qui se plaignaient du fait que les tiges de leurs plantes se cassaient de manière inexpliquée, entraînant un rendement excessivement bas. Leur étude a révélé que le soja transgénique produisait 20 % de lignine de plus que le soja conventionnel, ce qui, dans des conditions de chaleur plus élevées que la normale, provoquait une fragilité exceptionnelle des tiges …
FIN DE L’EXTRAIT