Les moyens limités de l’AFSSA

Au moment où l’Allemagne a décidé d’interdire les cultures du maïs MON 810, j’aimerais revenir sur l’avis qu’avait prononcé l’ Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), le 23 janvier 2009, sur le maïs insecticide de Monsanto, concluant « à l’innocuité pour la santé de ce maïs OGM dont la culture est interdite en France ».

J’ai passé quelques heures à naviguer sur le site de l’agence, créée en 1999, et j’invite les internautes à en faire autant.

L’agence se présente comme un « établissement public indépendant, de veille, d’alerte, d’expertise et d’impulsion de la recherche qui contribue à la protection et à l’amélioration de la santé publique ».

Jusque là tout va bien, car on se dit que c’est bien cela que les citoyens que nous sommes attendons d’une agence financée par nos impôts: protéger notre santé par des avis éclairés sur les produits qui arrivent dans nos assiettes, au besoin en encourangeant des études indépendantes (sous entendu des industriels) qui vérifient l’innocuité des denrées alimentaires.

Le site de l’AFSSA précise que l’agence a rendu « 70 avis » sur les OGM depuis sa création il y a tout juste dix ans.

On peut notamment y lire:

« Nous fournissons aux ministères gestionnaires du risque des analyses scientifiques argumentées sur chaque OGM qui est soumis ».

Mais le bel édifice s’effondre quelques lignes plus loin à propos de la « mission » de l’agence:

« La mission est de fournir à la société les éléments d’évaluation scientifique dont elle dispose sur le plan de la sécurité sanitaire des aliments « …

« Les éléments d’évaluation scientifique dont elle dispose »: c’est précisément là que le bât blesse car lesdits « éléments  » sont les études fournies par les industriels sur leurs produits.

Dans le cas du maïs MON 810, rejeté aujourd’hui dans cinq pays de l’Union européenne, les « éléments  » en question sont l’étude fournie par Monsanto sur des rats nourris avec le maïs insecticide pendant trois petits mois.

Dans l’annexe de son « avis », l’AFSSA communique la source: l’étude a été dirigée par Bruce Hammond, le « scientifique » qui avait conduit l’étude insipide de 28 jours sur des rats adultes nourris avec du soja roundup ready!!

J’ai montré dans mon film et livre à quel point cette étude , censée fonder le « principe d’équivalence en substance » , est controversée, en raison de ses nombreux biais et l’impossibilité d’analyser les données brutes, que Monsanto a toujours refusé de communiquer, y compris aux chercheurs indépendants!

C’est donc seulement à partir d’une étude conduite par un laboratoire plus que suspect et dont les données brutes ne sont toujours pas disponibles que l’AFSSA a conclu:

« L’analyse de composition ne met pas en évidence de différences significatives compromettant l’équivalence en substance des maïs MON 810 par rapport aux mais conventionnels » et que « l’étude de toxicité sub-chronique réalisée chez le rat pendant 90 jours ne met pas en évidence d’effets délétères liés à la consommation de mais portant l’événement MON 810 ».

Rassurant , en effet!

Dans cette affaire, une chose est claire: les consommateurs européens ne veulent pas d’aliments pesticides dans leurs assiettes. Avant d’autoriser les cultures de plantes transgéniques, il appartient donc aux pouvoirs publics d’exiger des fabricants de prouver par des études sérieuses et transparentes qu’elle sont bien inoffensives. Il n’y a aucune raison d’inverser la charge de la preuve: ce n’est pas à la société ni aux consommateurs de prouver la dangerosité des OGM!

Or, avec les OGM, tout indique que les bénéfices sont exclusivement pour Monsanto et les risques pour les autres, et notamment pour nous les consommateurs…

Je termine par deux liens qui soulèvent un certain nombre de questions à ce jour sans réponse soulevées par le maïs OGM de Monsanto: le premier est le compte rendu du comité de préfiguration de la haute autorité sur les OGM.

Le second est une étude réalisée par Greenpeace Allemagne qui montre que l’expression de la protéine BT est hautement aléatoire, puisque la quantité produite varie grandement d’un maïs à l’autre et y compris au sein d’une même plante!

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