Inde: les semences du suicide

Je profite, une fois de plus, des mensonges proférés par les lobbyistes de l’industrie,  pour rappeler l’échec patent du coton transgénique en Inde, notamment pour les petits producteurs qui représentent l’immense majorité des paysans du pays.

Aujourd’hui, un paysan se suicide toutes les trente minutes dans le sous-continent, ainsi que l’ont confirmé de nombreux rapports, dont l’un a été rédigé par le Centre des droits de l’homme de l’Université de New York. Je recommande aux anglophones d’écouter cette interview de Smita Narula, co-auteure du rapport. Elle y évoque notamment le rôle des OGM dans la recrudescence des suicides chez les paysans indiens:
http://www.treehugger.com/green-food/indian-farmer-suicides-one-every-30-minutes.html

A lire aussi cet article proposé par un commentateur sur mon blog:

http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article4519

Pour ma part, je mets en ligne une partie du chapitre que j’ai consacré à ce drame dans mon livre Le monde selon Monsanto – on estime que plus de 210 000 paysans indiens se sont suicidés au cours des treize dernières années, avec une augmentation considérable après l’introduction des OGM. J’ai illustré cet extrait de mon ouvrage avec des photos du tournage. Depuis mon voyage en Inde, fin 2006, Monsanto a reconnu l’échec de son coton BT, les insectes étant devenus résistants à l’OGM insecticide, un phénomène que tous les entomologistes indépendants avaient prévu et qui caractérise aussi, aujourd’hui, les cultures de maïs transgénique aux Etats Unis (Le Monde, 31/8/2011). C’est ce qu’a confirmé une nouvelle étude réalisée par le biologiste américain Aaron Gassman de Iowa State University:

http://www.ent.iastate.edu/dept/faculty/gassmann/

Gassmann, A. J.,  Petzold-Maxwell, J. L., Keweshan, R. S., and Dunbar, M. W.  2011.  Field-evolved resistance to Bt maize by western corn rootworm.  PLoS ONE 6(7): e22629. doi:10.1371/journal.pone.0022629.

http://ogm.greenpeace.fr/grande-premiere-en-inde-monsanto-avoue-l-echec-de-son-coton-bt

http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article576

EXTRAIT DE LE MONDE SELON MONSANTO

En ce mois de décembre 2006, à peine sommes-nous arrivés que le cortège funèbre apparaît au détour d’une ruelle blanchie à la chaux, déchirant la torpeur de ce petit village indien écrasé par le soleil. Vêtus du costume traditionnel — tunique et pantalon de coton blanc —, les joueurs de tambour ouvrent la marche qui se dirige vers la rivière toute proche où le bûcher a déjà été dressé. Au milieu du cortège, des femmes en pleurs s’accrochent désespérément à de robustes jeunes gens au regard sombre, qui portent à bout de bras une civière recouverte de fleurs flamboyantes. Saisie d’émotion, j’aperçois le visage juvénile du mort qui émerge d’un drap blanc : paupières fermées, nez aquilin et moustache brune, je n’oublierai jamais cette image fugitive qui entache d’infamie les « belles promesses » de Monsanto.

« Trois suicides par jour »

« Pouvons-nous filmer ? », demandé-je, prise d’un doute subit, alors que mon cameraman m’interroge d’un signe de tête. « Bien sûr », me répond Kate Tarak , un agronome qui dirige une ONG spécialisée dans l’agriculture biologique et qui m’accompagne tout au long de ce périple dans la région cotonnière de Vidarbha, située dans l’État du Maharashtra, au sud-ouest de l’Inde . « C’est pour cela que Kishor Tiwari nous a emmenés dans ce village. Il savait qu’il y aurait les funérailles d’un paysan qui s’est suicidé… »

Kishor Tiwari est le leader du Vidarbha Jan Andolan Samiti (VJAS), un mouvement paysan dont les membres sont harcelés par la police parce qu’ils ne cessent de dénoncer le « génocide » que provoquerait le coton transgénique « Bt » dans cette région agricole autrefois réputée pour la qualité de son « or blanc ». Quand il entend la réponse de Kate Tarak, il opine du chef : « Je ne vous avais rien dit pour des raisons de sécurité. Les villageois nous informent dès qu’un agriculteur s’est suicidé, et nous participons à tous les enterrements. Actuellement, dans la région, il y a en moyenne trois suicides par jour. Ce jeune homme a bu un litre de pesticide. C’est comme cela que les paysans mettent fin à leurs jours : ils utilisent les produits chimiques que le coton transgénique était censé leur épargner… »

Tandis que le cortège s’éloigne vers la rivière où le corps du jeune supplicié sera bientôt incinéré, un groupe d’hommes s’approche de mon équipe de tournage. Les regards sont méfiants, mais la présence de Kishor les rassure : « Dites au monde que le coton Bt est un désastre, s’enflamme un vieil homme. Dans notre village, c’est le deuxième suicide depuis le début de la moisson, ça ne peut qu’empirer, car les semences transgéniques n’ont rien donné !

– Ils nous ont menti, renchérit le chef du village. Ils avaient dit que ces semences magiques allaient nous permettre de gagner de l’argent, mais nous sommes tous endettés et la récolte est nulle ! Qu’allons nous devenir ? »

Nous nous dirigeons ensuite vers le village tout proche de Bhadumari, où Kishor Tiwari veut me présenter une veuve de vingt-cinq ans dont le mari s’est suicidé trois mois plus tôt. « Elle a déjà reçu un journaliste du New York Times[i], m’explique le leader paysan, et elle est prête à témoigner de nouveau. C’est très rare, car en général, les familles ont honte… » Très digne dans son sari bleu, la jeune femme nous reçoit dans la cour de sa modeste maison de terre battue, entourée de ses deux fils, âgés de trois ans et dix mois. Le plus petit s’est assoupi dans un hamac qu’elle balance d’un geste de la main au fil de la conversation, tandis que, debout derrière elle, sa belle-mère exhibe sans mot dire la photo de son défunt fils. « Il s’est tué ici même, murmure la jeune veuve. Il a profité de mon absence pour boire un bidon de pesticide. Quand je suis arrivée, il agonisait… Nous n’avons rien pu faire. »

En l’écoutant, je repense à un article paru dans The International Herald Tribune en mai 2006, où un médecin décrivait le calvaire des victimes expiatoires de l’épopée transgénique : « Les pesticides agissent sur le système nerveux ; d’abord, elles ont des convulsions, puis les produits chimiques commencent à attaquer l’estomac, qui se met à saigner, ensuite elles ont de graves difficultés respiratoires, enfin elles souffrent d’un arrêt cardiaque[ii]. »

Anil Kondba Shend, l’époux de la jeune veuve, avait trente-cinq ans. Il cultivait « trois acres et demie », soit un peu plus d’un hectare de terres. En 2006, il avait décidé d’essayer les fameuses semences du coton Bt de Monsanto, baptisées « Bollgard », tant vantées par la publicité télévisée de la firme où l’on voyait des chenilles dodues terrassées par les plants de coton transgénique : « Bollgard vous protège ! Moins d’épandage, plus de profit ! Les semences de coton Bollgard : le pouvoir de vaincre les insectes ! » Pour se procurer les précieuses semences, vendues quatre fois plus chères que les graines conventionnelles, le paysan avait dû emprunter : « À trois reprises, se souvient sa veuve, car à chaque fois qu’il a semé les graines, elles n’ont pas résisté à la pluie. Je crois qu’il devait aux négociants 60 000 roupies[1]… Je ne l’ai jamais vraiment su, car les semaines qui ont précédé sa mort, il ne parlait plus… Il était obsédé par sa dette.

– Qui sont les négociants ?, ai-je demandé.

– Ceux qui vendent les semences transgéniques, m’a répondu Kishor Tiwari. Ils fournissent aussi les engrais, les pesticides et prêtent de l’argent à des taux usuriers. Les agriculteurs sont enchaînés aux négociants de Monsanto par la dette…

– C’est un cercle vicieux, ajoute Kate Tarak, un désastre humain. Le problème, c’est que les OGM ne sont pas du tout adaptés à nos sols, car dès qu’arrive la mousson, ils regorgent d’eau. De plus, les OGM rendent les paysans complètement dépendants des forces du marché : non seulement ils doivent payer leurs semences beaucoup plus cher, mais ils doivent aussi acheter des engrais — sans lesquels la culture est vouée à l’échec — et des pesticides, car Bollgard est censé protéger contre les attaques du “ver américain de la capsule” (un insecte ravageur du coton), mais pas contre les autres insectes suceurs. Si vous ajoutez à cela que, contrairement à ce qu’affirme la publicité, Bollgard ne suffit pas à repousser les vers américains, alors c’est la catastrophe, car il faut, en plus, utiliser des insecticides.

– Monsanto dit que les OGM sont adaptés aux petits paysans : qu’en pensez-vous ?, dis-je, en repensant aux affirmations de la firme dans son Pledge de 2006.

– Notre expérience prouve que c’est un mensonge, s’insurge l’agronome. Dans le meilleur des cas, elles peuvent convenir aux gros paysans qui possèdent les meilleures terres et ont les moyens de les drainer ou de les irriguer, selon les besoins, mais pas aux petits qui représentent 70 % de la population de ce pays !

– Regardez ! », intervient Kishor Tiwari, en déployant une carte monumentale qu’il est allé chercher dans le coffre de sa voiture.

La vision est saisissante : à tout touche, des têtes de mort recouvrent ce qu’on appelle, à Vidarbha, la « ceinture du coton ». « Ce sont tous les suicidés que nous avons enregistrés entre juin 2005, date de l’introduction du coton Bt dans l’État du Maharashtra, et décembre 2006, m’explique le leader paysan. Cela fait 1 280 morts. Un toutes les huit heures ! En revanche, ici en blanc, c’est la zone où l’on produit du riz : vous voyez qu’il n’y a pratiquement pas de suicides ! C’est pourquoi nous disons que le coton Bt est en train de provoquer un véritable génocide[2]… »

Plongé sur la carte, qu’il découvre en même temps que moi, Kate Tarak me montre un petit espace où il n’y a pas de têtes de mort : « C’est le secteur de Ghatanji, dans le district de Yavatmal, m’explique-t-il avec un sourire. C’est là que mon association promeut la culture biologique auprès de cinq cents familles, réparties dans vingt villages. Vous voyez, nous n’avons pas de suicidés…

– Certes, dis-je, mais le suicide des producteurs de coton n’est pas un phénomène nouveau, il existait avant l’arrivée des OGM ?

– C’est vrai, me répond l’agronome. Mais avec le coton Bt, il s’est considérablement accentué. On constate la même évolution dans l’État de l’Andhra Pradesh, qui fut le premier à autoriser les cultures transgéniques, avant d’entrer en conflit avec Monsanto. »

Selon le gouvernement du Maharashtra, 1 920 paysans se sont suicidés entre le 1er janvier 2001 et le 19 août 2006 dans tout l’État, ce qui confirme l’accélération du phénomène après l’arrivée des semences Bt sur le marché en juin 2005[iii].

Hold-up sur le coton indien

Avant de m’envoler vers l’immense État de l’Andhra Pradesh, situé au Sud-est de l’Inde, Kishor Tiwari tient à me montrer le marché du coton de Pandharkawada, l’un des plus grands du Maharashtra. Sur la route qui y conduit, nous croisons une colonne de charrettes chargées de sacs de coton et tirées par des buffles. « Je vous préviens, me dit Kishor Tiwari, le marché est au bord de l’explosion. Les paysans sont exténués : les rendements ont été catastrophiques et le cours du coton n’a jamais été aussi bas. C’est le résultat des subventions que l’administration américaine accorde à ses agriculteurs, ce qui a un effet de dumping sur les prix internationaux[3]. »

À peine avons-nous franchi l’imposant portail du marché que nous sommes assaillis par des centaines de producteurs de coton en colère qui nous encerclent au point que nous ne pouvons plus bouger. « Cela fait plusieurs jours que nous sommes là avec notre récolte, dit l’un d’entre d’eux, en brandissant une balle de coton dans chaque main. Les négociants nous proposent un prix si bas que nous ne pouvons pas accepter. Nous avons tous une dette à payer…

– À combien s’élève votre dette ?, demande Kate Tarak.

– 52 000 roupies », répond le paysan.

S’ensuit une scène hallucinante où spontanément des dizaines de paysans clament, à tour de rôle, le montant de leur dette : « 50 000 roupies… 20 000 roupies… 15 000 roupies… 32 000 roupies… 36 000 roupies… » Rien ne semble pouvoir arrêter cette litanie qui parcourt la foule comme une irrésistible lame de fond.

« Nous ne voulons plus de coton Bt !, crie un homme que je ne parviens même pas à distinguer.

– Non !, rugissent des dizaines de voix.

– Combien d’entre vous ne vont pas replanter du coton Bt l’année prochaine ? », insiste Kate Tarak, visiblement très ému.

Se lève alors une forêt de mains que, par miracle, Guillaume Martin, le cameraman, parvient à filmer, alors que nous sommes littéralement écrasés au cœur de cette marée humaine, ce qui rend le tournage extrêmement difficile. « Le problème, soupire Kate Tarak, c’est que ces paysans auront beaucoup de mal à trouver des semences de coton non transgéniques, car Monsanto contrôle la quasi-totalité du marché… »

De fait, dès le début des années 1990, au moment où elle jetait son dévolu sur le Brésil, premier producteur mondial de soja (voir chapitre précédent), la firme de Saint-Louis préparait minutieusement le lancement de ses OGM en Inde, troisième producteur mondial de coton après la Chine et les États-Unis. Plante éminemment symbolique au pays du Mahatma Gandhi, qui fit de sa culture le fer de lance de sa résistance non-violente à l’occupant britannique, le coton est cultivé depuis plus de 5 000 ans dans le sous-continent indien. Aujourd’hui, il fait vivre plus de 17 millions de familles, principalement dans les États du Sud (Maharashtra, Gujerat, Tamil Nadu et Andhra Pradesh).

Implantée en Inde depuis 1949, la société Monsanto y représente l’un des premiers fournisseurs de produits « phytosanitaires », des herbicides et surtout des insecticides qui constituent un marché important, car le coton est très sensible à une foule de ravageurs comme le ver américain de la capsule, l’anthonome du cotonnier, la cochenille, l’araignée rouge, la chenille épineuse du cotonnier ou les pucerons. Avant l’avènement de la « révolution verte », qui poussa à la monoculture intensive du coton avec des variétés hybrides de haut rendement, les paysans indiens parvenaient à maîtriser l’attaque de ces insectes par un système de rotation des cultures et l’usage d’un insecticide biologique, obtenu à partir de feuilles de margousier. Les multiples propriétés thérapeutiques de cet arbre millénaire, appelé « neem » et vénéré comme l’« arbre gratuit » dans tous les villages du sous-continent, sont d’ailleurs tellement réputées qu’il a fait l’objet d’une dizaine de brevets déposés par des entreprises internationales. Des cas manifestes de biopiraterie qui ont conduit à d’interminables contentieux devant les offices de brevets. Ainsi, en septembre 1994, la firme chimique américaine W. R. Grace, une concurrente de Monsanto, obtenait-elle un brevet européen précisément sur la fonction fongicide du margousier, empêchant les entreprises indiennes de commercialiser leurs produits à l’étranger, sauf à payer des royalties à la multinationale, qui, par ailleurs, inonde le pays de pesticides chimiques[iv]

Or, ce sont ces mêmes pesticides chimiques qui ont provoqué la première vague de suicides chez les producteurs de coton endettés, à la fin des années 1990. De fait, l’usage intensif d’insecticides synthétiques a entraîné un phénomène bien connu des entomologistes : le développement de la résistance des insectes aux produits censés les combattre. Résultat : pour venir à bout des parasites, les paysans ont dû augmenter les doses et recourir à des molécules toujours plus toxiques. C’est tellement vrai qu’en Inde, alors que la culture du coton ne représente que 5 % des terres cultivées, celle-ci totalise, à elle seule, 55 % des pesticides utilisés.

L’ironie de l’histoire, c’est que Monsanto a su parfaitement tirer parti de cette spirale infernale que ses produits avaient contribué à créer et qui, conjuguée à la chute des cours du coton (passés de 98,2 dollars par tonne en 1995 à 49,1 en 2001), avait conduit à la mort des milliers de petits paysans : la firme a vanté les mérites du coton Bt comme l’ultime panacée, censée « réduire ou éliminer » l’usage de pesticides, ainsi que le proclame le site de sa filiale indienne.

Dès 1993, en effet, le leader des OGM négocie une licence d’utilisation de la technologie Bt avec la Maharashtra Hybrid Seeds Company (Mahyco), la principale entreprise semencière d’Inde. Deux ans plus tard, le gouvernement indien autorise l’importation d’une variété de coton Bt cultivée aux États-Unis (la « Cocker 312 », qui contient le gène « Cry1Ac »), pour que les techniciens de Mahyco puissent la croiser avec des variétés hybrides locales. En avril 1998, la firme de Saint-Louis annonce qu’elle a racheté 26 % des parts de Mahyco et qu’elle a créé avec son partenaire indien une joint-venture à 50-50, baptisée Mahyco Monsanto Biotech (MMB), destinée à la commercialisation des futures semences transgéniques de coton. Au même moment, le gouvernement indien autorise la multinationale à conduire les premiers essais en champ de coton Bt.

« Cette décision a été prise hors de tout cadre légal », dénonce Vandana Shiva, qui me reçoit dans les bureaux de sa Fondation de recherche pour la science, la technologie et l’écologie, à New Delhi, en décembre 2006. Physicienne et docteur en philosophie des sciences, cette figure internationale de l’altermondialisme a reçu en 1993 le « prix Nobel alternatif » pour son engagement en faveur de l’écologie et contre l’emprise des multinationales agrochimiques sur l’agriculture indienne. « En 1999, m’explique-t-elle, mon organisation a déposé un recours auprès de la Cour suprême pour dénoncer l’illégalité des essais réalisés par Mahyco Monsanto. En juillet 2000, alors que notre requête n’avait pas encore été examinée, ces essais ont été autorisés sur une plus grande échelle, à savoir sur une quarantaine de sites, répartis dans six États, mais les résultats n’ont jamais été communiqués, car on nous a dit qu’ils étaient confidentiels. Le Comité indien d’approbation du génie génétique avait demandé que soit testée la sécurité alimentaire des graines de coton Bt, utilisées comme fourrage pour les vaches et les buffles, et qui peuvent donc affecter la qualité du lait, ainsi que celle de l’huile de coton qui sert à la consommation humaine, mais cela n’a jamais été fait. En quelques années, Monsanto a réalisé un vrai hold-up sur le coton indien, avec la complicité des autorités gouvernementales, qui ont ouvert la porte aux OGM, en bafouant le principe de précaution que l’Inde avait pourtant toujours défendu.

– Comment cela fut-il possible ?, ai-je demandé.

– Ah !, soupire Vandana Shiva. Monsanto a fait un travail de lobbying considérable. Par exemple, en janvier 2001, une délégation américaine, composée de magistrats et de scientifiques, a rencontré fort opportunément le président de la Cour suprême, Justice A. S. Anand, à qui elle a vanté les bienfaits des biotechnologies, au moment où celui-ci devait se prononcer sur notre plainte. Dirigée par l’Institut Einstein pour la science, la santé et les tribunaux, elle lui a proposé de monter des ateliers pour former les juges sur la question des OGM[v]. Monsanto a aussi organisé plusieurs voyages à son siège de Saint-Louis, auxquels étaient invités des journalistes, des scientifiques et des juges indiens. De même, la presse a été largement sollicitée pour propager la bonne parole. Il est atterrant de voir le nombre de personnalités qui sont capables de défendre mordicus les biotechnologies, alors que manifestement elles n’y connaissent rien… »

Soit dit en passant, il n’y a pas que les « personnalités » indiennes qui sont tombées dans le panneau de Monsanto. Un communiqué de presse de la firme, daté du 3 juillet 2002, rapporte ainsi, avec une satisfaction évidente, qu’une « délégation européenne » a participé à un « tour » à Chesterfield Village, le centre de recherche sur les biotechnologies de Saint-Louis. « Cette délégation de visiteurs comptait des représentants des agences gouvernementales, d’organisations non gouvernementales, des institutions scientifiques, des agriculteurs, des consommateurs et des journalistes de douze pays qui s’intéressent aux biotechnologies et à la sécurité alimentaire », note l’auteur du communiqué[vi].

« Pensez-vous qu’il y a eu aussi des opérations de corruption ?, ai-je demandé à Vandana Shiva.

– Hum !, sourit cette dernière, en cherchant manifestement ses mots. Je n’en ai pas la preuve, mais je ne l’exclus pas. Regardez ce qui s’est passé en Indonésie… »

De fait, le 6 janvier 2005, la Security and Exchange Commission (SEC), l’organisme américain chargé de la réglementation et du contrôle des marchés financiers, déclenchait une double procédure contre la multinationale, accusée de corruption en Indonésie. D’après le procureur de la SEC, dont les conclusions sont consultables sur Internet[vii], les représentants de Monsanto à Jakarta auraient versé des pots de vin évalués à 700 000 dollars à cent quarante fonctionnaires indonésiens, entre 1997 et 2002, pour qu’ils favorisent l’introduction du coton Bt dans le pays. 374 000 dollars auraient ainsi été « offerts » à la femme d’un haut fonctionnaire du ministère de l’Agriculture pour la construction d’une demeure luxueuse. Ces donations généreuses auraient été couvertes par des fausses factures de vente de pesticides. De plus, en 2002, la filiale asiatique de la multinationale aurait versé 50 000 dollars à un haut fonctionnaire du ministère de l’Environnement pour qu’il fasse annuler un décret exigeant que soit évalué l’impact environnemental du coton Bt avant sa mise sur le marché. Loin de nier ces accusations, le leader des OGM a signé un arrangement à l’amiable avec la justice, en avril 2005, le condamnant à payer 1,5 million de dollars d’amende. « Monsanto accepte l’entière responsabilité pour ces conduites incorrectes, a déclaré Charles Burson, le chef du service juridique de la firme dans un communiqué de presse, nous regrettons sincèrement que des gens qui travaillent en notre nom se soient permis de se comporter de la sorte[viii]… »

Le dramatique échec du coton transgénique de Monsanto

Toujours est-il que le 20 février 2002, au grand dam des organisations écologistes et paysannes, le Comité d’approbation du génie génétique du gouvernement indien donne son feu vert aux cultures de coton Bt. Cela fait déjà belle lurette que les fameux négociants de Mahyco Monsanto Biotech sillonnent les campagnes du sous-continent pour vendre leurs produits transgéniques à un moment où la première vague de suicides décime les villages. Pour attirer le chaland, la firme ne lésine pas sur les moyens : elle engage une star de Bollywood pour vanter les OGM à la télévision (très regardée en Inde), tandis que des dizaines de milliers d’affiches sont apposées dans tout le pays où l’on voit des paysans tout sourire posant à côté d’un tracteur flambant neuf, prétendument acquis grâce aux bienfaits du coton Bt.

La première année, 55 000 paysans, soit 2 % des producteurs de coton indiens, acceptent de se lancer dans l’aventure transgénique. « J’ai entendu parler de ces semences miraculeuses qui allaient me libérer de l’esclavage des pesticides, témoigne en 2003 pour The Washington Post un paysan de vingt-six ans de l’Andhra Pradesh, l’un des premiers États à avoir autorisé la commercialisation des OGM (en mars 2002). La saison dernière, dès que je voyais les parasites arriver, je paniquais. J’ai pulvérisé des pesticides sur mes cultures au moins vingt fois, mais cette année, ce ne fut que trois fois[ix]. »

Indépendamment de cet avantage manifeste (qui, comme nous le verrons, disparaîtra rapidement en raison de la résistance développée par les insectes aux plantes Bt), le reste du tableau est beaucoup moins brillant, ainsi que le rapportent les paysans interrogés par The Washington Post, au terme de leur première récolte OGM : « J’ai été moins bien payé pour mon coton Bt, parce que les acheteurs ont dit que la longueur de sa fibre était trop courte, rapporte ainsi l’un d’entre eux. Les rendements n’ont pas augmenté, et comme le prix de la semence est si élevé, je me demande si cela valait la peine[x]. »

En effet, le brevetage des semences étant (pour l’heure) interdit en Inde, la firme de Saint-Louis ne peut pas faire appliquer le même système qu’en Amérique du Nord, à savoir exiger que les paysans rachètent tous les ans leurs semences sous peine de poursuite ; pour compenser ses « pertes », elle a donc décidé de se rabattre sur le prix des semences, en le quadruplant : alors qu’un paquet de 450 grammes coûte 450 roupies pour les semences conventionnelles, son prix s’élève à 1 850 roupies pour les OGM. Enfin, note mon confrère du Washington Post, « le ruineux ver américain n’a pas disparu »… Ces résultats plus que médiocres n’empêchent pas Ranjana Smetacek, la directrice des relations publiques de Monsanto India[4], de déclarer avec un bel aplomb : « Le coton Bt a très bien marché dans les cinq États où il a été cultivé[xi]. »

Les témoignages rapportés par The Washington Post ont pourtant été confirmés par plusieurs études. La première a été commanditée, dès 2002, par la Coalition pour la défense de la biodiversité (CDB) de l’Andhra Pradesh, qui regroupe cent quarante organisations de la société civile, dont la Deccan Development Society (DDS), une ONG très respectée, spécialiste de l’agriculture raisonnée et du développement durable. La CDB a demandé à deux agronomes, le docteur Abdul Qayum, ancien cadre du ministère de l’Agriculture de l’État, et Kiran Sakkhari, de comparer les résultats agricoles et économiques du coton Bollgard avec ceux du coton non transgénique, dans le district du Warangal, où 1 200 paysans avaient succombé aux promesses de Monsanto.

Pour cela, les deux scientifiques ont observé une méthodologie très rigoureuse, consistant à suivre mensuellement les cultures transgéniques, depuis les semis (août 2002) jusqu’à la fin de la saison (mars 2003), dans trois groupes expérimentaux : dans deux villages, où vingt-deux paysans avaient planté des OGM, quatre ont été sélectionnés par tirage au sort ; à la mi-saison (novembre 2002), vingt et un paysans, provenant de onze villages, ont été interrogés sur l’état de leurs cultures transgéniques, avec, à la clé, une visite de leurs champs ; enfin, à la fin de la saison (avril 2003), un bilan a été dressé auprès de 225 petits paysans, choisis de manière aléatoire parmi les 1 200 producteurs OGM du district, dont 38,2 % possédaient moins de cinq acres (deux hectares) de terres, 37,4 % entre cinq et dix acres et 24,4 % plus de dix acres (ces derniers étant considérés en Inde comme de gros paysans). Bien évidemment, dans le même temps, étaient enregistrées, avec la même rigueur, les performances des producteurs de coton conventionnel (groupe contrôle). Si je donne tous ces détails, c’est pour bien souligner qu’une étude scientifique digne de ce nom est à ce prix, à moins de n’être que de la propagande fumeuse…

Les résultats de cette vaste enquête de terrain sont sans appel : « Les coûts de production du coton Bt ont été en moyenne plus élevés de 1 092 roupies (par acre) que pour le coton non Bt, parce que la réduction de la consommation de pesticides a été très limitée, écrivent les deux agronomes. De plus, la baisse de rendement a été significative (35 %) pour le coton Bt, ce qui a entraîné une perte nette de 1 295 roupies en comparaison avec le coton non transgénique, lequel a enregistré un profit net de 5 368 roupies. 78 % des agriculteurs qui avaient cultivé du coton Bt ont déclaré qu’ils ne recommenceraient pas l’année prochaine[xii]. »

Pour donner de la chair à ce dispositif irréprochable d’un point de vue scientifique, la Deccan Development Society (DDC) a joint à l’initiative une équipe de « camerawomen aux pieds nus », pour reprendre l’expression du docteur P.V. Satheesh[5], le fondateur et directeur de l’association écologiste. Ces six femmes qui sont toutes des paysannes illettrées et dalit (elles font partie des intouchables, situés tout en bas de l’échelle sociale traditionnelle) ont été formées aux techniques vidéos dans un atelier ouvert par la DDC, en octobre 2001, dans le petit village de Pastapur et baptisé « Community Media Trust ». D’août 2002 à mars 2003, elles ont filmé mensuellement chez six petits producteurs de coton Bt du district de Warangal, également suivis par les deux agronomes de l’étude.

En résulte un film qui constitue un document exceptionnel sur l’échec des cultures transgéniques : on comprend, d’abord, tout l’espoir que les paysans ont mis dans les semences Bt. Les deux premiers mois, tout va bien : les plants sont en bonne santé et les insectes absents ; arrive le désenchantement : la taille des plants est très petite et les capsules moins nombreuses que dans les champs de coton conventionnel adjacents ; en octobre, alors qu’avec la sécheresse, les parasites ont déserté les cultures traditionnelles, les plantes OGM sont assiégées par les thrips du cotonnier et les mouches blanches ; en novembre, alors que débute la moisson, l’angoisse se peint sur les visages : les rendements sont très bas, les capsules difficiles à cueillir, la fibre du coton plus courte, d’où un prix de 20 % plus bas…

J’ai rencontré mes consœurs indiennes, un jour de décembre 2006, dans un champ de coton du Warangal, où elles étaient venues filmer, en compagnie de Abdul Qayum et Kiran Sakkhari. Je dois dire que j’ai été impressionnée par le professionnalisme de ces femmes magnifiques, qui, bébé dormant dans le dos, ont déployé caméra, pied, microphones et réverbérateur pour interviewer un groupe de paysans, désespérés par l’échec catastrophique de leurs cultures Bt.

Car depuis le premier rapport publié par les deux agronomes, la situation n’a fait qu’empirer, déclenchant la seconde vague de suicides qui gagnera bientôt l’État du Maharashtra. Inquiet de cette situation dramatique, le gouvernement de l’Andhra Pradesh a conduit à son tour une étude qui a confirmé les résultats obtenus par Abdul Qayum et Kiran Sakkhari[xiii]. Conscient des conséquences électorales que ce désastre pouvait entraîner, le ministre de l’Agriculture Raghuveera Reddy a alors sommé Mahyco Monsanto d’indemniser les agriculteurs pour l’échec de leurs cultures, ce que la firme s’est empressée d’ignorer.

FIN DE L’EXTRAIT

Photos: Marc Duployer


[1] Soit 1 090 euros (un euro équivaut alors à environ 55 roupies). Il n’existe pas de salaire minimum en Inde, mais en 2006, la plupart des ouvriers ou employés gagnaient moins de 6 000 roupies par mois.

[2] De janvier à décembre 2007, l’organisation VJAS a recensé 1 168 suicidés.

[3] Les subventions accordées aux agriculteurs américains s’élevaient à 18 milliards de dollars en 2006 (voir Fawzan Husain, « On India’s farms, a plague of suicide », New York Times, 19 septembre 2006). Trois jours après notre tournage, une émeute a éclaté sur le marché : plusieurs paysans ont été arrêtés par la police, dont Kishor Tiwari.

[4] On se souvient des « faux scientifiques » qui avaient lancé la campagne de diffamation contre Ignacio Chapela dans l’affaire du maïs mexicain (voir supra, chapitre 12) ; l’une d’entre eux s’appelait « Andura Smetacek » et Jonathan Matthews, le Britannique qui avait révélé le pot aux roses, avait noté l’étrangeté de ce « nom peu courant » : peut-être que les manipulateurs de Saint-Louis l’ont-ils tout simplement puisé dans leur vivier indien…

[5] Le nom exact du directeur de DDC est Periyapatna Venkatasubbaiah Satheesh, mais tout le monde l’appelle P.V. Satheesh.


Notes du chapitre 15

[i] Fawzan Husain, « On India’s farms, a plague of suicide », New York Times, 19 septembre 2006.

[ii] Amelia Gentleman, « Despair takes toll on Indian farmers », International Herald Tribune, 31 mai 2006.

[iii] Jaideep Hardikar, « One suicide every 8 hours », DNA India, 26 août 2006. Dans cet article, le journal de Mumbai (ex-Bombay) précise que, de sources gouvernementales, 2,8 millions de paysans de l’État (sur un total de 3,2 millions) sont endettés.

[iv] Il s’agit du brevet n° 0436257 B1 (voir mon film Les Pirates du vivant, op. cit.).

[v] Gargi Parsai, « Transgenics : US team meets CJI », The Hindu, 5 janvier 2001.

[vi] « Food, feed safety promote dialogue with european delegation », Monsanto News Release, 3 juillet 2002.

[vii] <www.sec.gov/litigation/litreleases/lr19023.htm>. Voir aussi : Peter Fritsch et Timothy Mapes, « Seed money. In Indonesia, tangle of bribes creates trouble for Monsanto », The Wall Street Journal, 5 avril 2005 ; AFP, 7 janvier 2005.

[viii] Cité par Peter Fritsch et Timothy Mapes, ibid. ; et AFP, 7 janvier 2005.

[ix] Cité par The Washington Post, 4 mai 2003.

[x] Ibid.

[xi] Ibid.

[xii] Abdul Qayum et Kiran Sakkhari, « Did Bt Cotton Save Farmers in Warangal ? A season long impact study of Bt Cotton — Kharif 2002 in Warangal District of Andhra Pradesh », AP Coalition in Defence of Diversity and Deccan Development Society, Hederabad, juin 2003, <www.ddsindia.com/www/pdf/English%20Report.pdf>.

[xiii] « Performance report of Bt cotton in Andhra Pradesh. Report of State Department of Agriculture », 2003, <www.grain.org/research_files/AP_state.pdf>.

16 réflexions sur « Inde: les semences du suicide »

  1. Tiens, il y a une toute petite amélioration ! il n’est plus question que de « mensonges proférés par les lobbyistes de l’industrie »… Plus de « chimique » pour qualifier l’industrie détestée ; les lecteurs attentifs et critiques de ce blog montent en grade et en estime… en attendant une rechute qui ne saurait tarder.

    Car Mme Marie-Monique Robin fait, une fois de plus, étalage de ses fixations obsessions, et de sa mauvaise foi.

    Et de son cynisme. Les suicides sont un drame. Partout, y compris en France. Et il est particulièrement odieux de remettre sur le tapis les suicides en Inde, alors que certains journaux télévisés ont abordé hier, en termes pudiques, le problème des agriculteurs français « qui ont décidé de partir ».

    Oui, « remettre », car Mme Marie-Monique Robin ne nous offre guère plus qu’un copier-coller.

    Et des suicides dont on a démontré depuis longtemps que le lien avec le cotonnier Bt est plus que ténu.

    Mme Marie-Monique Robin met les suicides au service de sa cause et de son fond de commerce. Empiler les corps pour s’en faire une estrade… voilà ce qu’elle fait.

  2. Wackes Seppi says: 27 février 2012 à 14:24

    Mme Marie-Monique Robin met les suicides au service de sa cause et de son fond de commerce. Empiler les corps pour s’en faire une estrade… voilà ce qu’elle fait.

    => pour elle les suicides avant l’introduction des plantes gm n’existaient pas?
    il est a noté que depuis l’introduction des plantes gm, il y a eu une diminution des suicides, elle a noté cette coïncidance?
    Probablement pas, puisque cela ne va pas dans sa « logique ».

  3. Mais venons-en au fond.

    Mme Marie-Monique Robin a bien fait de mettre un lien vers Affaires-strategiques.info. Qu’y lit-on ?

    « Le suicide des paysans en Inde est en réalité un phénomène découvert dans les années 90. Différentes études et reportages alertent l’opinion et les dirigeants sur ce phénomène spécifique. Entre 1997 et 2005, on dénombre 150 000 cas. Mais la situation s’aggrave avec les années. Alors que le nombre d’agriculteurs diminue progressivement, le nombre de suicides augmente et le total atteint désormais 216 000 en 13 ans… »

    Pas terrible comme argument : le nombre de suicides augmente évidemment avec chaque suicide.

    « Les raisons sont multiples. Les moussons ont été mauvaises durant toute la décennie 2000, entraînant de sérieux problèmes de récoltes. L’agriculture en a beaucoup pâtit et la pauvreté a gagné du terrain au sein de ce secteur. Ainsi, les agriculteurs, criblés de dettes, ne voient d’échappatoires que dans la mort… »

    Où sont les « semences de la mort » ici ? Nulle part. Attention : il n’est pas suggéré dans ce commentaire que les dettes issues de l’achat de semences pour une campagne qui s’achève par une mauvaise récolte, ou même pour une bonne campagne mais dont le produit est accaparé par les usuriers, ne jouent aucun rôle. Il est dit dans le texte cité : «  Les raisons sont multiples. »

    Pour incriminer « les semences du suicide », il faudrait donc un peu plus ; en bref, des preuves solides.

    Mme Marie-Monique Robin nous « offre » aujourd’hui, outgre le classique copier-coller, un lien vers thetreehugger, un site web qui fait partie de sa galaxie alter et anti. En bref, une référence sans aucune crédibilité en dehors de son monde. En argot, un « treehugger » est ce qu’on appellerait en français un écologiste, tendance idéologique ou sectaire.

    Elle nous demande aussi de visionner l’interview d’une Smita Narula, une indienne qui s’exprime avec un bel accent d’Outre-Atlantique et qui déroule le bréviaire alter et anti. Les gens vraiment curieux pourront aussi se référer au document dont elle est l’auteur principal. Hélas ! Il n’y a que du blabla : les auteurs sont partis de leurs fantasmes et ont monté un beau château de cartes.

    Mais on peut se limiter à Wikipedia, dont la tendance générale est loin d’être favorable au libéralisme économique, et à son « Farmers’ suicides in India ». En bref, la thèse de Mme Marie-Monique Robin, certes décrite, n’y est nullement acceptée. Tout un signe !

    Enfin, puisque Mme Marie-Monique Robin ne répugne devant aucun argument, on ne peut que lui conseiller de lire le rapport du National Crime Records Bureau

    …://ncrb.nic.in/ADSI2010/ADSI2010-full-report.pdf

    Juste quelques chiffres pour entretenir le goût du macabre :

    Taux de suicides en France selon l’OMS en 2009, pour 100.000 habitants  : hommes : 24,7, femmes :8,5 (chez les agriculteurs, selon un chiffre glané dans le Figaro : 32 pour 100 000)
    Taux de suicides en Inde, idem : hommes : 13.0, femmes : 7,8

    Part des agriculteurs dans le nombre total des suicides en 2010, selon le NCRB, en Inde : 11,9 % (rappel : la population rurale est d’environ 65 % de la population totale)

    Part des faillites et des changements soudains dans la situation économique dans les causes de suicides en 2010 : 2,0 % (en 2009 : 2,5 %)

    Part de la pauvreté : 2,3 % (stable).

  4. @ Wackes seppi qui s’obstine à fréquenter ce blog alors qu’il pense que « … Mme Marie-Monique Robin fait, une fois de plus, étalage de ses fixations obsessions, et de sa mauvaise foi. »
    Mais alors dis-moi wacke seppi , pourquoi es-tu assez stupide pour continuer à fréquenter ce blog que tu critiques à longueur d’année ?
    Que t’importe réellement ce que dit MM Robin ?
    Tout ce que vous dites sur ce blog, les aatea, les wakes seppi et les Albert L(âche) n’as aucun sens . On ne peut porter le moindre crédit à des gens qui , un moment ou un autre vous cachent des informations.
    Lorsqu’on veut être crédible, il faut avoir la franchise de TOUT dire.
    Je suis farouchement contre les OGM, et sans RIEN vous cacher je peux vous dire pourquoi.
    Vous êtes pro-OGM mais vous ne pouvez pas nous dire pourquoi . Vous avez donc quelque chose à cacher.
    Des abrutis qui viennent à longueur d’année dénigrer sur ce forum mais qui n’ont pas la franchise de nous dire pourquoi, ne peuvent pas être crédibles car leur comportement est un peu mafieux.
    Une personne honnête , en principe, n’a rien à cacher, n’est ce pas les aatea, les wakes seppi et les Albert L(âche) ?

  5. A dire vrai, j’ai du mal à comprendre les « arguments » de Aatea et de son copain: ils ne font que nier, malgré des rapports universitaires, comme celui de l’université de New York), des articles de presse (New York Times), des photos, des images, des interviews recueillis sur place par Mme Robin. Désolé de vous dire que vous ne faites pas le poids.

  6. Mr/Mme Coco

    Sachez que Mme Robin n’a strictement AUCUNE formation scientifique. Elle ignore tout de la toxicologie, l’épidémiologie, la pharmacologie, la chimie (aussi bien la biochimie que la chimie minérale), la génétique, la médecine….. cela saute aux yeux à chacune de ses interventions.
    C’est la raison pour laquelle elle refuse tout débat avec des scientifiques et qu’elle est incapable de répondre aux questions qui lui sont posées.
    Mme. Robin référence scientifique, c’est un peu comme Mireille Matthieu directrice de la NASA!

  7. @ Berny
    « Sachez que Mme Robin n’a strictement AUCUNE formation scientifique. »

    – Tu en as une toi ? laquelle ?

     » Elle ignore tout de la toxicologie, l’épidémiologie, la pharmacologie, la chimie (aussi bien la biochimie que la chimie minérale), la génétique, la médecine….. cela saute aux yeux à chacune de ses interventions. »

    – C’est facile de critiquer bien planqué derrière un pseudo et, bien sûr en nous cachant bien quelles sont tes compétences et ta motivation à venir dénigrer sur ce blog ! Quelle lâcheté vous avez, vous , les lobbyites. Et vous n’avez pas honte d’être aussi peu courageux ?

    J’ajoute qu’une journaliste d’investigation n’a nullement besoin d’avoir les compétences d’un généticien ou d’un toxicologue pour faire un EXCELLENT boulot puisque son enquête ne repose pas sur ses propres analyses mais sur celles de généticiens ou toxicologues compétents.

    Arrête donc de chercher des prétextes idiots. Tu as fort à craindre des enquêtes de MM Robin. Tu es mort de trouille , alors tu trouve n’importe quel prétexte pour la dénigrer. Il serait assez courageux de ta part de nous dire ce que tu as à craindre exactement mais , on sait que le courage çà n’est pas votre truc !

  8. M./Mme Coco a écrit (28 février 2012 à 9:09) :

    « A dire vrai, j’ai du mal à comprendre les « arguments » de Aatea et de son copain: ils ne font que nier, malgré des rapports universitaires, comme celui de l’université de New York), des articles de presse (New York Times), des photos, des images, des interviews recueillis sur place par Mme Robin. Désolé de vous dire que vous ne faites pas le poids. »

    Je comprends parfaitement que vous ayez du mal à comprendre. Vous êtes en présence de deux thèses, vous en croyez une – aveuglément – et vous rejetez l’autre. Aveuglément parce que vous faites confiance à l’auteur et parce que la thèse correspond à vos convictions.

    Le drame, c’est que Mme Marie-Monique Robin a des convictions – c’est son droit le plus absolu – mais qu’en violation de la déontologie journalistique, elle fait passer ses convictions comme des faits, des vérités, établis sur la base d’enquêtes qu’elle prétend minutieuses mais qui ne sont qu’orientées vers la démonstration des convictions.

    La démarche scientifique consiste à mettre les thèses à l’épreuve, à questionner les arguments. C’est la même démarche qu’adopte un journaliste d’investigation, un vrai, pas Mme Marie-Monique Robin.

    Vous vous laissez séduire par « des rapports universitaires, comme celui de l’université de New York) » ? Vous nous opposez ce qu’on appelle l’argument d’autorité : la thèse est vraie parce qu’elle émane d’une autorité.

    Mais vous échouez pour au moins quatre raisons sur ce terrain. Premièrement, le Centre des droits de l’homme de l’Université de New York (1) n’est pas une autorité en matière de questions de démographie et de santé publique ; du reste, c’est un bidule dont on ne sait pas ce qu’il représente vraiment (les universitaires adorent former des institutions bidons pour se donner de l’importance). Deuxièmement, le document en question (2) n’est pas un rapport mais un manifeste politique. Troisièmement, ce document ne contient aucun élément de preuve à l’appui de la thèse, qui sert en fait d’axiome. Quatrièmement, mais je ne le démontrerais pas ici, le document se fonde sur des conceptions manifestement fausses.

    En face, M. Albert, dans un commentaire précédent (3) accompagné d’un lien vers un graphique (4), et moi avons cité les documents officiels, notamment le National Crime Records Bureau (5), qui produit des statistiques très détaillées.

    Ces statistiques n’infirment pas expressément la thèse de Mme Marie-Monique Robin, mais elles la rendent invraisemblable.

    Mais il y a mieux : une série d’études, notamment de l’IFPRI (6), ont démonté le mythe des semences OGM de cotonnier comme cause d’une épidémie de suicides. Les anti-OGM patentés rejettent ce document comme émanant d’un lobby de l’agribusiness ; c’est la tactique habituelle de tous les idéologues et l’application d’un vieux proverbe chinois : quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt (et l’idéologue trouve qu’il est sale).

    La démarche scientifique consisterait à opposer les arguments des uns et des autres. C’est facile : d’un côté, des affirmations sans preuves autres qu’anecdotiques (par exemple une Mme Marie-Monique Robin qui filme complaisamment les obsèques d’un paysan qui s’est suicidé, évidemment sans pouvoir apporter la preuve que le suicide est vraiment lié aux semences de cotonnier OGM (7)) ; de l’autre, une étude fondée sur des statistiques officielles, argumentée.

    On peut ne pas être d’accord avec l’argumentation ; mais il faut alors avancer une meilleure argumentation.

    Or, dans son billet précédent (« rencontre avec le Pr. Vincent Garry »), Mme Marie-Monique Robin vous répond (8) – pour une fois qu’elle daigne « répondre » – par un mensonge caractérisé et une diversion. Le mensonge, du niveau d’une cour d’école, c’est : mais si que Minneapolis est la capitale du Minnesota, puisque c’est la capitale économique et qu’elle est adjacente à Saint-Paul. Et la diversion, c’est « Mais le plus important n’est pas là: aujourd’hui, un paysan se suicide toutes les trente minutes en Inde »

    _________________

    (1)  …://www.chrgj.org/about/aims.html

    (2)  …://www.chrgj.org/publications/docs/every30min.pdf

    (3)  …://robin.blog.arte.tv/2012/02/22/rencontre-avec-le-pr-vincent-garry/#comment-10116

    (4)  …://b.imdoc.fr/private/1/private-category/photo/6034801603/13885037f4f/private-category-suicides_india-img.jpg

    (5)  …://ncrb.nic.in/ADSI2010/ADSI2010-full-report.pdf

    (6)  notamment …://www.ifpri.cgiar.org/sites/default/files/publications/ifpridp00808.pdf

    (7)  Tout comme elle a filmé avec complaisance des paysans pauvres de l’État d’Orissa pour son « Poison quotidien » en prétendant qu’ils nageaient dans le bonheur puisqu’ils ne connaissaient pas le cancer.

    (8)  …://robin.blog.arte.tv/2012/02/22/rencontre-avec-le-pr-vincent-garry/#comment-10118

  9. @ Wackes seppi

    « Vous êtes en présence de deux thèses, vous en croyez une – aveuglément – et vous rejetez l’autre. Aveuglément parce que vous faites confiance à l’auteur et parce que la thèse correspond à vos convictions. »

    – C’est exactement ce que tu fais en croyant aveuglément une entreprise mainte fois condamnées pour des scandales sanitaires majeurs !
    Je dis bien « en croyant » car, jusqu’à preuve du contraire tu n’as aucune compétence pour juger. En tout cas ,tu nous les caches bien et tu n’as pas le courage de nous dire pourquoi, ce qui te discrédite complètement .

  10. Berny l’idiot qui dit : « Mme. Robin référence scientifique, c’est un peu comme Mireille Matthieu directrice de la NASA! »
    Sauf que MM Robin n’est pas une référence scientifique. Personne ne l’affirme, elle la première. MM robin, pour les idiots aigris de ton espèce est est une journaliste, réalisatrice et écrivaine.
    Et Berny, il est quoi à part un pauvre idiot aigri ?

  11. Dites moi coco, pourquoi voit-on une hausse constante des surfaces cultivées en cotonnier Bt à votre avis ? Si les paysans indiens cherchaient des semences traditionnelles, ne vous en faites pas pour eux, les lois du marché font qu’en cas de demande il y aurait une offre.

  12. Bonjour!

    A l’attention de la clique des zélotes pro-ogm:
    Hahaha, très drôle, on retrouve la même meute de chiens enragés que sur d’autres espaces ouverts aux commentaires et consacrés aux ogm, la même horde de fanatiques prêts à tout et n’importe quoi pour pourrir le travail d’une journaliste qui vous dérange. Si vraiment elle mentait aussi éffrontément que vous le prétendez, eh bien, écrivez vous aussi un livre, sortez un film, bougez-vous le cul, plutôt que de diffamer, dénigrer, désinformer. Allez zou! Faites le à visage découvert, et pas derrière des pseudos. Dites qui vous êtes, si vous étes des scientifiques, des journalistes, des mafieux, allez-y exposez-vous, utilisez votre temps intelligement! Et arrêtez de pourrir le web, on a pas besoin de parasites de votre trempe, le monde est déjà assez con sans vous, abstenez-vous au minimum, par pitié!

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