Le Dr. Marco Paya, spécialiste des maladies provoquées par la pollution environnementale vient de m’adresser cet article concernant la présence de perturbateurs endocriniens dans les intérieurs des maisons. Je rappelle que les PCB et le … roundup sont considérés comme des perturbateurs endocriniens dont l’exposition peut entraîner cancers, maladies neurologiques et des dysfonctionnements du système de la reproduction. L’un des perturbateurs endocriniens le plus (tristement) « célèbre » fut le distilbène administré à des femmes enceintes pour éviter des fausses couches et qui provoqua les drames que l’on sait.
Je recommande la lecture de l’excellent publié par la Documentation française.
Voici l’article:
Poussières de maison : les perturbateurs endocriniens font carton plein !
Publié le 11/08/2008
Nombre d’études ont montré que l’environnement intérieur peut être une source d’exposition à de multiples contaminants, la plupart d’entre elles ont porté sur le plomb, les composés organiques volatils, les pesticides, la fumée de tabac. Mais peu d’études se sont intéressées aux perturbateurs endocriniens, pourtant source de préoccupation sanitaire, en milieu intérieur. Cherchant à pallier cette lacune, des auteurs américains ont évalué la présence de perturbateurs endocriniens de différentes classes dans la poussière de maison.
Ils ont mesuré, à l’automne 2004, dans des échantillons de poussières de maison recueillis dans les sacs d’aspirateurs de 10 appartements californiens et d’un hall public, les concentrations de PBDE*, de PCB**, de phtalates, de pyréthroïdes, de DDT***, et de chlordanes.
Les concentrations de perturbateurs endocriniens dans les échantillons prélevés étaient très variables, et n’étaient pas significativement corrélées les unes avec les autres.
Les résultats montrent que tous les échantillons de poussières de maison étaient significativement contaminés par les perturbateurs endocriniens soumis à analyse.
Chlordanes et insecticides pyréthroïdes, PBDE et phtalates ont été retrouvés au-dessus des limites de détection dans tous les échantillons,
Les concentrations des insecticides pyréthroïdes et celles de chlordanes témoignaient d’une large application de pesticides insecticides dans ou autour des appartements. Pourtant l’utilisation des chlordanes, en raison de leur persistance dans l’environnement, des risques potentiels de cancers, et d’autres effets indésirables pour l’homme et pour la faune, a été restreinte aux États-Unis, en 1978, jusqu’au bannissement de toute utilisation de ces agents chimiques en 1988. L’US Environmental Protection Agency a en effet classé les chlordanes comme cancérogènes probables pour l’homme.
Le di-(2-éthylhexyl) phtalate (plastifiant largement utilisé comme dans les revêtements de sol et de murs, les tapis et moquettes, les rideaux de douche, les cuirs synthétiques, mais aussi les parfums, vernis à ongles, les produits cosmétiques, les emballages alimentaires, les peintures, les jouets d’enfants…) était le contaminant le plus abondant dans tous les échantillons recueillis, présent à des concentrations allant de 104 à 7 630 µg/g.
Les PBDE (largement utilisés comme retardateurs de flamme, dans de nombreuses installations domestiques électriques et électroniques, dont les télévisions, ordinateurs, dans la mousse de polyuréthane des canapés, des matelas…) étaient eux aussi retrouvés à de fortes concentrations, allant de 1 780 à 25 200 ng/g.
Les PCB étaient présents dans certains échantillons de poussières, à des concentrations considérées comme préoccupantes pour la santé de l’homme (associations observées à des effets sanitaires indésirables : neurotoxiques, immunitaires, endocriniens, cancers, lymphomes non hodgkiniens). Pourtant l’utilisation des PCB a été interdite aux États-Unis en 1977. Les PCB, entre autres ceux ajoutés dans les matériaux de construction, notamment dans les joints de mastic, les peintures, les plâtres, fabriqués entre les années 1940 et 1970, pour améliorer l’efficacité et la résistance de ces matériaux, qui contenaient de très fortes concentrations de PCB, sont cependant stables dans l’environnement, avec des demi-vies de 10 à 20 ans. Et ces demi-vies, pour des raisons d’humidité, d’ensoleillement et d’activité bactérienne, pourraient peut-être être plus longues encore à l’intérieur des immeubles.
Cette étude, préliminaire, attire sérieusement l’attention sur la contamination de la poussière de l’air intérieur par des agents chimiques, perturbateurs endocriniens, persistant longtemps dans les habitations.
* DDT : dichlorodiphényltrichloroéthane ; **PBDE : éthers de polybromodiphényléthers ; ***PCB : polychlorobiphényles.
Dr Claudine Goldgewicht
Hwang H-M et coll. : Occurrence of endocrine-disrupting chemicals in indoor dust. Sc Total Environ 2008. Publication en ligne le 14 juillet 2008.