Le DDT: un poison persistant banni par l’OMS

« Rachel Carson fut la première à dénoncer les conséquences sanitaires et environnementales désastreuses des épandages de DDT, a déclaré Tora Aasland, la ministre norvégienne de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, au moment de me remettre le Prix Rachel Carson, hier, à Stavanger (photos et vidéo prochainement).

Puis, elle a rappelé qu’avec la Suède, son pays fut le premier à interdire l’usage de ce « poison persistant », dès 1970.

De fait, le DDT fait partie de la « sale douzaine » des Polluants Organiques Persistants (POP) , recensés par la Convention de Stockholm de l’ONU qui a été ratifiée le 22 mai 2001 et est aujourd’hui signée par 158 pays.

Voici la définition des POP que donne le site du Sénat français:

 » Les POP sont des substances chimiques persistantes, qui s’accumulent dans les tissus adipeux, se propagent dans la chaîne alimentaire et sont nocives pour la santé et l’environnement.. Ces substances franchissent aisément les frontières internationales pour atteindre les régions les plus reculées ; elles posent donc un problème mondial, requérant une solution globale. »

Le DDT, comme tous les POP, est une molécule organique – c’est à dire une molécule dont la structure de base repose sur une combinaison d’atomes de carbone et d’hydrogène – dont la dissémination dans l’environnement est devenue problématique du fait des propriétés particulières des POP : faible biodégradabilité (persistance), effets toxiques à très faible dose, capacité à s’accumuler dans la chaîne alimentaire (bioaccumulation).

Ce caractère persistant couplé à une certaine volatilité explique qu’on puisse retrouver des POP très loin de leurs lieux d’émission, transportés par les courants marins ou atmosphériques ; ce qui fait de l’élimination des sources de POP un enjeu d’échelle mondiale.

Figurent parmi la « sale douzaine » des POP, des pesticides extrêmement toxiques, dont les effets dramatiques sur la faune, la flore, et les êtres humains, ont été dénoncés pour la première fois par la biologiste marine Rachel Carson, dans son livre Le Printemps silencieux, publié en 1962.

S’appuyant sur des dizaines de rapports scientifiques, provenant de tous les Etats américains, soumis dans les années 1950 à ce qu’elle appelle une « pluie chimique », l’écrivain visionnaire pointe du doigt le DDT (et ses produits de décomposition comme le DDD et DDE), qui est extrêmement toxique pour les oiseaux et les espèces aquatiques; mais aussi l’aldrine, chlordane, dieldrine, endrine, heptachlore, hexachlorobenzène, mirex, toxaphène, tous considérés , aujourd’hui, comme des POP , auxquels la Convention de Stockholm a ajouté les PCB de Monsanto.

Concernant le DDT, cet insecticide, inventé pendant la seconde guerre mondiale (cf: mon livre) et commercialisé à grande échelle par Monsanto et consorts, son usage agricole (dénoncé par Rachel Carson) a été interdit dans la plupart des pays développés, dans les années 1970, où il est classé comme « cancérigène humain potentiel ».

En revanche, son utilisation modérée à des fins sanitaires, notamment pour lutter contre les moustiques transmetteurs du paludisme, restait tolérée dans les pays tropicaux, jusqu’à ce que , en mai dernier, l’Organisation mondiale de la santé annonce son bannissement définitif d’ici 2020.

Malgré les pressions des fabricants du « poison persistant », l’OMS s’est, enfin, rendue à l’avis des organisations écologistes qui n’ont cessé de dénoncer l’inefficacité à moyen et long terme des pulvérisations de DDT car celles-ci contribuent à l’apparition de moustiques toujours plus résistants et mettent en péril la santé des populations, contaminées, y compris à faibles doses, par cette molécule hautement toxique, alors que des programmes de substitution au DDT, menés au Mexique et en Amérique centrale, ont montré leur efficacité.

J’invite les internautes à lire le communiqué de presse des Nations Unies annonçant cette désision, qui confirme ce que Rachel Carson avait écrit, cinquante ans plus tôt…

Le titre du communiqué est sans ambiguité: « Du progrès vers un monde sans DDT »:

NB: j’ai mis ce commentaire en ligne le 6 juin, mais en avais préparé les éléments le 5 juin, d’où la date.

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