Jour J!

N’oubliez pas ARTE, ce soir, à 20 heures 40! C’est l’heure de diffusion de mon film « Notre poison quotidien ».

J’invite les internautes à lire les deux pages que Libération a consacrées à mon film et livre, avec un « face à face » qui m’a gentiment opposée à Jean-Charles Bocquet, le directeur de l’UIPP, l’association des fabricants de pesticides.

L’intégrité de l’échange est visible sur Libération.labo:

http://www.liberation.fr/labo

A lire aussi l’article sur Télérama.fr:

http://television.telerama.fr/television/on-nous-fait-avaler-n-importe-quoi,66580.php

Par ailleurs, je retranscris ici un entretien passionnant que j’ai réalisé avec Dawn Forsythe qui était lobbyste chez Agro Sandoz (aujourd’hui Syngenta) au moment où le professeur Theo Colborn publiait son livre Our stolen Future (traduit en français: L’homme menacé de disparition?) où elle présentait des centaines d’études montrant les effets des perturbateurs endocriniens, ces hormones de synthèse dévastatrices que l’on retrouve dans les pesticides, les additifs alimentaires et les plastiques (comme le Bisphénol A).

Cet entretien (dont je mettrai bientôt la vidéo en ligne) révèle les méthodes de désinformation, de manipulation et d’intoxication de l’opinion publique et des politiques utilisées par les fabricants de pesticides pour freiner toute réglementation de leurs produits.

C’est ce qu’on appelle « la fabrique du doute » (j’y reviendrai longuement) , un système développé par l’industrie du tabac pour cacher les méfaits de la cigarette, et repris ensuite par les industriels de la chimie. Nous sommes en présence d’un véritable système qui s’appuie sur des agences de communication, de pseudos « associations » ou « groupes indépendants » (comme, en France,  les sites « Agriculture et environnement », « Alerte environnement » ou « les imposteurs ») qui sont grassement payés par l’industrie pour faire de la désinformation et fabriquer le doute, en salissant systématiquement la réputation de ceux qui osent questionner l’innocuité des produits, car, en général, ils sont incapables d’argumenter sereinement, tant il leur est impossible de défendre l’indéfendable.

Leur seule arme est donc la diffamation systématique ainsi que je l’avais déjà révélé dans mon livre Le monde selon Monsanto.

Dans mon nouveau livre Notre poison quotidien, je consacre quatre chapitres très documentés à la « fabrique du doute » , un terme emprunté à un livre américain, rédigé par l’épidémiologiste David Michaels, qui a été nommé par le président Obama (ce qui est une bonne nouvelle) à la tête de l’Occupational Safety and Health Administration (OSHA), l’agence des Etats Unis chargée de la sécurité au travail. Son livre que j’invite tous les anglophones à lire s’appelle Doubt is their product: How industry’s assault on science threatens your health (Le doute est leur produit: comment l’assaut de l’industrie sur la science menace votre santé ».

Voici donc mon entretien avec Dawn Forsythe, qui participa à cette entreprise d’intoxication organisée:

« Quand le livre de Theo Colborn est sorti le 18 mars 1996, ma direction m’a aussitôt demandé d’en acheter une vingtaine d’exemplaires pour les distribuer à tous les cadres supérieurs, afin de pouvoir préparer la contre-offensive. » Ce ne fut pas facile de rencontrer Dawn Forsythe, qui a dirigé jusqu’à la fin 1996 le département des affaires gouvernementales de la filiale américaine de Sandoz Agro, un fabricant suisse de pesticides (qui a fusionné en 1996 avec Ciba-Geigy, pour former Novartis). Pourtant, son témoignage est précieux, car, comme on l’a vu (voir supra, chapitre 13), il est pratiquement impossible d’obtenir une interview de représentants de l’industrie chimique, y compris d’anciens salariés. « Je suis bien placée pour savoir que la communication des multinationales de la chimie est complètement verrouillée, m’a expliqué Dawn Forsythe, lorsqu’elle m’a reçue à son domicile de Washington, le 18 octobre 2009. Quant à ceux qui quittent la “famille”, comme je l’ai fait moi-même, ils préfèrent, en général passer à autre chose et se faire oublier.

– Pourquoi m’avez-vous accordé cette interview ?, ai-je demandé.

– Parce que vous m’avez été recommandée par Theo Colborn, en qui j’ai toute confiance…

– Pourtant, elle représente la bête noire de votre ancien employeur ?

– Oui… Son livre a été épluché par tous les cadres de Sandoz, d’autant plus que nous avions plusieurs pesticides soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens. Je me souviens d’un rendez-vous avec le vice-président qui, en guise d’introduction, m’a dit : “Je viens de lire le chapitre sur la baisse des spermatozoïdes. Les militants écologistes devraient être contents, car ils sont favorables au contrôle des naissances, n’est-ce pas ?” Plus sérieusement, les fabricants de pesticides avaient peur que Theo devienne une nouvelle Rachel Carson. Alors, ils ont commencé à faire courir la rumeur qu’elle avait un cancer, ils ont loué les services d’entreprises de communication, chargées de la suivre à la trace, de noter le moindre de ses faits et gestes. J’ai gardé une malle de documents internes, beaucoup sont des comptes rendus de conférences ou débats publics auxquels Theo a participé et qui étaient soigneusement consignés par une “taupe”. J’étais notamment chargée de les évaluer. Il faut noter que la “traque” avait commencé avant la publication du livre, comme le prouve un rapport anonyme concernant une conférence qu’a donnée Theo à Ann Arbor (Michigan), le 2 décembre 1995[1].

– Quel était l’enjeu pour les fabricants de pesticides ?

– Il était énorme ! Cela faisait trente ans qu’ils essayaient de donner le change sur le problème du cancer. Tous les tests qu’ils étaient censés réaliser étaient fondés sur le principe de “la dose fait le poison”. Ils ne comprenaient rien au concept de “perturbateurs endocriniens” et ne voyaient pas comment ils pourraient tester les effets de leurs produits sur les fœtus ou sur la reproduction. Chez Sandoz, comme dans toute l’industrie chimique, nous n’avions pas un seul endocrinologue parmi notre personnel scientifique ! J’ai ici un document du 11 mars 1996, classé “interoffice correspondence” et non signé, qui résume bien la panique qui s’est emparée de ma direction : “Les intelligences les plus brillantes de l’histoire de l’humanité essaient depuis des décennies de découvrir les causes du cancer et des traitements pour le soigner, et ils n’y sont toujours pas arrivés. Cela prendra d’autres décennies pour parvenir à déchiffrer le processus biologique des perturbateurs endocriniens.”

– Mais à l’intérieur de l’entreprise, on ne niait pas que les pesticides puissent être des perturbateurs endocriniens ?

– Pas du tout ! J’ai un autre document, daté du 30 juillet 1996, qui est un énième brouillon de la déclaration officielle de l’American Crop Protection Association (ACPA), lequel sera finalement signée par tous les fabricants de pesticides. J’ai moi-même coordonné la rédaction de cette déclaration commune, qui a fait plusieurs fois la navette entre toutes les firmes signataires. Ce brouillon a été rédigé par neuf scientifiques de l’industrie, qui proposaient de remplacer le terme “perturbation endocrinienne” par “modulation endocrinienne reproductive”, en précisant que “le mot modulation est moins chargé émotionnellement que perturbation”. Ensuite, ils écrivaient : “Il y a des preuves scientifiques convaincantes que certains produits chimiques organiques, y compris certains pesticides, ont causé des effets sur la reproduction de populations locales de poissons et de la faune fortement exposées et que ces effets sont fondés sur la modulation du système endocrinien reproductif. De plus, les études de laboratoire exigées actuellement par l’EPA (l’Agence de protection de l’environnement) ne permettent pas généralement d’évaluer si un produit chimique peut causer ces effets[i].” Je dois préciser que ce paragraphe a disparu de la déclaration finale ! Ce n’est pas surprenant, car l’un des arguments que j’étais chargée de promouvoir auprès de tous mes interlocuteurs, c’était précisément le contraire ! J’ai ici un mémorandum de la National Agricultural Chemicals Association, que j’ai largement distribué. Il reprend les questions clés concernant les perturbateurs endocriniens et fournit des réponses toutes faites. Comme par exemple : “Est-ce que les études exigées par l’EPA permettent de détecter l’activité œstrogénique des produits ?” La réponse : “Oui ! L’étude clé qui permet de signaler l’activité œstrogénique potentielle est l’étude de reproduction sur deux générations.”

– Quelle fut la stratégie de l’industrie pour contrer l’impact de Our Stolen Future ?

Attaquer l’attaquant, mais pas directement ! Nombreux étaient ceux dans l’industrie qui voulaient attaquer personnellement Theo Colborn. Mais d’autres disaient : si vous l’attaquez, vous lui donnerez plus de crédibilité. Il n’y a probablement rien de mieux, pour un scientifique environnementaliste, que d’être attaqué personnellement par l’industrie des pesticides, qui n’a pas bonne presse. C’est ce qui s’était passé pour Rachel Carson et cela avait été un désastre en termes d’image. Au cours des nombreuses réunions que nous avons organisées – l’année 1996 fut vraiment très éprouvante ! –, nous avons donc décidé de montrer notre bonne volonté : nous avons créé un groupe de travail, baptisé Endocrine Issue Coalition, qui était censé fournir des propositions pour améliorer l’évaluation des pesticides et autres produits chimiques. Le message que je devais faire circuler était : “Nous prenons tout cela au sérieux, nous travaillons…” Parallèlement, j’étais chargée de contacter tous les “groupes pro-pesticides” que l’industrie avait créés dans les cinquante États de l’Union…

– Des “groupes pro-pesticides” ? C’est quoi ?, ai-je demandé, car je n’étais pas sûre d’avoir bien compris.

Ce sont des associations de paille que nous avions montées de toutes pièces et vers qui nous renvoyions la presse, quand elle sollicitait une interview d’un représentant de l’industrie. Regardez, j’ai la liste ici : comment ne pas faire confiance à la “Coalition de l’Indiana pour la défense de l’environnement” ? Ou au “Conseil du Kansas pour la protection et l’éducation environnementale” ? Ou aux “Amis des fermes et forêts de Washington” ? Nous leur donnions de l’argent et des informations et leur rôle était de défendre nos positions, tout en prétendant être indépendantes.

– Le but était de créer le doute ?

– Tout à fait ! Quand les journalistes leur demandaient leur avis sur le débat autour des perturbateurs endocriniens, ils répondaient : “Ah ! Vous savez, il ne faut pas s’emballer, on a besoin des pesticides pour produire une alimentation abondante et bon marché… Il faut faire plus de recherche…” J’ai ici une lettre qui émane de Terry Witt, le président de “Oregonians for Food and Shelter”, l’un de nos groupes. Il est adressé conjointement à ses contacts chez Sandoz, Ciba, DuPont, Monsanto, ACPA et DowElanco. Il demande qu’on lui envoie “des informations et des noms d’experts” pour contrer une campagne contre les herbicides organochlorés menée par ce qu’il appelle la “faction environnementale et antitechnologie”. J’imagine que nous avons dû lui fournir le nom de quelques universitaires que nous avions recrutés.

– Des universitaires ?

– Oui ! C’était une autre partie de mon travail : constituer et entretenir un réseau d’universitaires amis que l’on puisse solliciter pour faire des études, bien payées ; et éventuellement prendre publiquement la parole pour défendre nos intérêts… »

À ce stade de l’interview, Dawn Forsythe s’est brutalement arrêtée de parler. Après un long silence, elle a repris la parole, la voix entrecoupée de sanglots : « Pour moi, cela a été très douloureux, surtout dans les années qui ont suivi mon départ, quand j’ai compris le rôle que j’avais joué pour faire échouer des lois destinées à protéger la population, ou pour convaincre les gens de croire à nos mensonges. C’était très douloureux et cela l’est encore… Je suis désolée d’avoir passé une partie de ma vie de cette manière. J’étais une enfant des années 1960 et 1970 qui voulait faire le bien et je pensais sincèrement qu’on avait besoin des pesticides pour nourrir le monde.

– Pourquoi êtes-vous partie ?

– J’ai assisté à une conférence d’Ana Soto sur le lien entre les perturbateurs endocriniens et le cancer du sein, où elle a évoqué plusieurs pesticides, dont l’atrazine. À l’époque, Sandoz avait le projet de mélanger cet herbicide à un produit maison et je m’en suis inquiétée auprès de la direction. J’ai très vite compris que ce n’était pas son problème. Petit à petit, j’ai senti qu’on se méfiait de moi, non seulement chez Sandoz, mais aussi dans le reste de l’industrie : un jour, lors d’une réunion interfirmes, le représentant de Dow Chemical m’a traitée de “terroriste écoféministe”. J’ai profité de la fusion entre Sandoz et Ciba-Geigy pour partir… Après, ce ne fut pas facile : j’étais bien sûr grillée dans l’industrie, mais aussi dans le monde environnementaliste : qui va faire confiance à une ancienne lobbyiste des pesticides ? Grâce au soutien de Theo Colborn, j’ai réussi à remonter la pente et à retrouver du travail dans une administration. En attendant, les manœuvres de l’industrie ont payé : en août 1996, le Congrès a voté une loi, demandant à l’EPA de mettre en place un programme pour évaluer les effets potentiels des produits chimiques sur le système endocrinien, mais treize ans plus tard, cela n’a toujours pas été fait. Que de temps perdu[2] ! »

Dawn Forsythe a raison : comme nous allons le voir dans les deux chapitres suivants, avec les affaires du distilbène et du bisphénol A, l’alarme sonnée en 1991 par les scientifiques de la Déclaration de Wingspread a été suivie de peu d’effets… Mais avant de partir vers d’autres horizons, j’avais une dernière question à lui poser. Celle-ci n’a cessé de me tarauder tout au long de mon enquête sur la planète chimique : « Les gens qui travaillent chez Sandoz ou Monsanto ont une famille : comment font-ils pour la protéger ?

– Ils vivent entre eux, m’a répondu l’ancienne lobbyiste des pesticides. Sauf quand il y a une fusion ou des licenciements massifs, il est rare que l’on quitte la grande famille que représente l’industrie chimique. Et dans leur univers, les risques chimiques n’existent pas. Ils sont comme j’ai moi-même été pendant de nombreuses années : ils croient sincèrement que leur entreprise est “responsable” et que les produits sont sérieusement testés avant d’être mis sur le marché. En tout cas, la grande majorité en est convaincue… »


[1]Dawn Forsythe m’a laissé photocopier une centaine de documents issus de ses archives personnelles, dont tous ceux qu’elle cite dans cette interview.

[2] Il s’agit du Food Quality Protection Act (FQPA) et des amendements de 1996 au Safe Drinking Water Act (SDWA). En 2010, l’administration Obama aurait demandé à l’EPA d’accélérer le programme. Sur son site, l’Agence de protection de l’environnement écrivait en 1998 que son problème était le « manque de données scientifiques pour la majorité des [87 000] produits chimiques et de leurs dérivés », qui permettraient d’évaluer leurs risques associés au système endocrinien (EDSTAC Final Report, <www.epa.gov>, chapitre 4, août 1998).


[i] Les auteurs de ce « brouillon » sont Dave Fischer (Bayer), Richard Balcomb (American Cyanamid), C. Holmes (BASF), T. Hall (Sandoz), K. Reinert et V. Kramer (Rohm & Haas), Ellen Mihaich (Rhône-Poulenc), R. McAllister et J. McCarthy (ACPA).

L’introduction de mon livre

Impossible de rapporter ici tous les articles qui parlent de mon film et livre « Notre poison quotidien » qui ont inspiré les unes de l’Express, le Nouvel Observateur et Télérama. Outre les articles du Monde, Le Pélerin, Sud-Ouest, Le Figaro Madame, Les Inrockuptibles, VSD, Télé 7 Jours, etc, je signale cet article de la Croix:

http://www.la-croix.com/Ce-danger-insidieux-niche-dans-nos-assiettes/article/2458059/5548

Par ailleurs, j’ai participé, hier, à un « face à face » d’une heure avec Jean-Charles Boquet, le directeur de l’Union des Industries de la Protection des Plantes (UIPP) qui sera mis en ligne sur le site de Libération et fera l’objet d’un compte-rendu de deux pages dans le journal de mardi 15 mars, le jour de la diffusion de mon film.

J’informe également les internautes que je je participerai , mardi à 18 heures 20, à l’émission Le Grain à moudre, de France Culture, avec Bruno Lemaire, le ministre de l’agriculture (voir mon agenda sur ce Blog)

L’avant-première de Berlin s’est très bien passée. Après la projection, j’ai répondu aux questions du public et de Thomas Kausch (photo) qui animera le débat à la suite de la diffusion du film mardi.

Dès la semaine du 20 mars, j’entreprendrai une tournée en France pour participer à de nombreuses projections/débats. L’agenda réactualisé en permanence est déjà consultable sur le site de « Notre poison quotidien »:

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/Notre-poison-quotidien/3750866.html

Je mets en ligne l’introduction de mon livre qui explique ma démarche pour cette nouvelle enquête.

Savoir, c’est pouvoir

« Est-ce que ce livre sera la suite du Monde selon Monsanto[i][1] ? » Cette question n’a cessé de m’être posée depuis 2008, lorsqu’au cours d’un débat ou d’une conférence, j’annonçais que je travaillais sur un nouveau projet. Oui et non, ce livre est et n’est pas la « suite de Monsanto », même si sa matière a évidemment à voir avec celle de mon enquête précédente. En effet, il en est des livres et des films – pour moi, les deux sont intimement liés – comme des perles d’un collier ou des pièces d’un puzzle : ils se succèdent et s’emboîtent sans que j’y prenne garde. Ils naissent et se nourrissent par ricochets des interrogations suscitées par le travail qui les a précédés. Et ils finissent par s’imposer comme les maillons d’une même chaîne. Dans tous les cas, le processus à l’œuvre est toujours le même : le désir de comprendre, pour ensuite transmettre au plus grand nombre les connaissances accumulées.

Trois questions à propos du rôle de l’industrie chimique

Notre poison quotidien est donc le fruit d’un long processus, commencé en 2004. À l’époque, je m’inquiétais des menaces qui pesaient sur la biodiversité : dans deux documentaires diffusés sur Arte sur le brevetage du vivant et l’histoire du blé[ii], j’avais raconté comment des multinationales obtenaient des brevets indus sur des plantes et savoir-faire des pays du Sud. Au même moment, je tournais un reportage en Argentine, qui dressait le bilan (désastreux) des cultures de soja transgénique, le fameux soja Roundup ready de Monsanto[iii]. Pour ces trois films, j’avais voyagé aux quatre coins de la planète, en m’interrogeant sur le modèle agroindustriel mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et dont le but affiché était de « nourrir le monde ». J’avais constaté qu’il induisait une extension des monocultures au détriment de l’agriculture vivrière et familiale, provoquant une réduction draconienne de la biodiversité qui, à terme, constituait une menace pour la sécurité et la souveraineté alimentaires des peuples. Je notais aussi que la fameuse « révolution verte » s’accompagnait d’un appauvrissement des ressources naturelles (qualité des sols, eau) et d’une pollution généralisée de l’environnement, en raison de l’usage massif de produits chimiques (pesticides ou engrais de synthèse).

Tout naturellement, cette trilogie m’a conduite à m’intéresser à la firme américaine Monsanto, l’un des grands promoteurs et bénéficiaires de la « révolution verte » : d’abord parce qu’elle fut (et continue d’être) l’un des principaux fabricants de pesticides du xxe siècle ; ensuite, parce qu’elle est devenue le premier semencier du monde et qu’elle tente de mettre la main sur la chaîne alimentaire grâce aux semences transgéniques brevetées (les fameux « OGM », organismes génétiquement modifiés). Je ne dirais jamais assez à quel point je fus surprise de découvrir les multiples mensonges, manipulations et coups tordus dont était capable la firme de Saint Louis (Missouri), pour maintenir sur le marché des produits chimiques hautement toxiques, quel qu’en soit le prix environnemental, sanitaire et humain.

Et au fur et à mesure que j’avançais dans ce « thriller des temps modernes », pour reprendre l’expression de la sociologue Louise Vandelac, qui a préfacé l’édition canadienne du Monde selon Monsanto, trois questions ne cessaient de me tarauder. Est-ce que Monsanto constitue une exception dans l’histoire industrielle ou, au contraire, son comportement criminel – je pèse mes mots – caractérise-t-il la majorité des fabricants de produits chimiques ? Et puis, une question en appelant une autre, je me demandais aussi : comment sont évaluées et réglementées les quelque 100 000 molécules chimiques de synthèse qui ont envahi notre environnement et nos assiettes depuis un demi-siècle ? Enfin, y a-t-il un lien entre l’exposition à ces substances chimiques et la progression spectaculaire des cancers, maladies neurodégénératives, troubles de la reproduction, diabète ou obésité que l’on constate dans les pays « développés », au point que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parle d’« épidémie » ?

Pour répondre à ces questions, j’ai décidé de m’attacher dans cette nouvelle enquête aux seules substances chimiques qui entrent en contact avec la chaîne alimentaire, du champ du paysan (pesticides) à l’assiette du consommateur (additifs et plastiques alimentaires). Ce livre n’abordera donc pas les ondes électromagnétiques, ni les téléphones portables ni la pollution nucléaire, mais uniquement les molécules de synthèse auxquelles nous sommes exposés, dans notre environnement ou notre alimentation – notre « pain quotidien » largement devenu notre « poison quotidien ». Sachant que le sujet était hautement polémique – et ce n’est pas surprenant, étant donné l’importance des enjeux économiques qui y sont rattachés –, j’ai choisi de procéder méthodiquement, en partant du plus « simple » et du moins contestable, à savoir les intoxications aiguës, puis chroniques, des agriculteurs exposés directement aux pesticides, pour aller progressivement vers le plus complexe, les effets à faibles doses des résidus de produits chimiques que nous avons tous dans le corps.

Assembler les pièces du puzzle

Notre poison quotidien est le fruit d’une longue investigation, qui a mobilisé trois types de ressources. D’abord, j’ai consulté une centaine de livres, écrits par des historiens, sociologues et scientifiques, majoritairement d’Amérique du Nord. Mon enquête doit ainsi beaucoup au précieux travail de recherche accompli par des universitaires de grand talent, comme Paul Blanc, professeur de médecine du travail et de l’environnement à l’université de Californie ou ses confrères historiens Gerald Markowitz et David Rosner, ou encore David Michaels, un épidémiologiste nommé en décembre 2009 à la tête de l’OSHA (Occupational Safety and Health Administration), l’agence américaine chargée de la sécurité au travail. Très documentés et malheureusement non traduits en français, leurs ouvrages m’ont permis d’accéder à une masse d’archives inédites et m’ont aidée à replacer l’objet de mon enquête dans le contexte beaucoup plus large de l’histoire industrielle.

C’est ainsi que je suis remontée aux origines de la « révolution industrielle » qui a précédé la « révolution verte », deux faces d’un même monstre insatiable : le progrès, censé nous apporter le bonheur et le bien-être universels, dont tout indique pourtant que, tel un Saturne des temps modernes, il menace de « dévorer ses propres enfants ». Si l’on n’effectue pas cet indispensable retour dans le temps, il est en effet impossible de comprendre comment le système de réglementation des produits chimiques a été inventé et fonctionne encore aujourd’hui – un système nourri du mépris récurrent des industriels et des autorités publiques pour les ouvriers des usines qui ont payé un lourd tribut à la folie chimique des sociétés dites « développées ».

Ce livre se nourrit aussi des multiples documents d’archives que j’ai pu glaner auprès d’avocats, organisations non gouvernementales, experts ou particuliers, particulièrement « têtus » et qui ont réalisé un travail considérable pour documenter les méfaits de l’industrie chimique. Comme par exemple l’incroyable Betty Martini, à Atlanta, dont je salue la persévérance à rassembler les pièces à conviction contre cet édulcorant de synthèse hautement suspect qu’est l’aspartame. J’ai bien évidemment gardé précieusement une copie de tous les documents que je cite au cours de ces pages, exclusifs ou méconnus de la presse et du grand public. Toutes ces pièces m’ont aidé, de façon décisive, à reconstituer le puzzle dont ce livre entend donner une image claire, sinon définitive.

Mais cette tache eût été incomplète si elle n’avait été également nourrie par la cinquantaine d’entretiens personnels que j’ai menés dans les dix pays où m’a conduite mon investigation : France, Allemagne, Suisse, Italie, Grande-Bretagne, Danemark, États-Unis, Canada, Inde et Chili. Parmi les « grands témoins » que j’ai interrogés, figurent notamment dix-sept représentants des agences d’évaluation des produits chimiques, comme l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), la Food and Drug Administration (FDA) américaine ou le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé – de même que le Joint Meeting on Pesticides Residues (JMPR), le comité commun de l’OMS et de la FAO, chargé d’évaluer la toxicité des pesticides. J’ai aussi interrogé trente et un scientifiques, principalement européens et américains, à qui je voudrais rendre hommage, car ils continuent de se battre pour maintenir leur indépendance et défendre une conception de la science au service du bien commun, et non des intérêts privés. Ces longs entretiens ont tous été filmés, puisqu’ils font aussi partie de la matière de mon film Notre poison quotidien, qui accompagne ce livre.

« Le diable est dans le détail »

Notre poison quotidien est enfin le fruit d’une conviction que j’aimerais faire partager : il faut se réapproprier le contenu de notre assiette, reprendre en main ce que nous mangeons pour qu’on cesse de nous infliger de petites doses de poisons qui ne présentent aucun avantage. Comme me l’a expliqué Erik Millstone, un universitaire britannique, dans le système actuel, « ce sont les consommateurs qui prennent les risques et les entreprises qui reçoivent les bénéfices ». Mais pour pouvoir critiquer les (multiples) failles du « système » et exiger qu’il soit revu de fond en comble, il faut comprendre comment il fonctionne.

Je dois admettre qu’il ne fut pas aisé de décrypter les mécanismes qui président à l’établissement des normes régissant l’exposition à ce que le jargon édulcoré des experts appelle les « risques chimiques ». Ce fut par exemple un véritable casse-tête que de reconstituer la genèse de la fameuse « dose journalière acceptable » – ou « admissible », dite « DJA » – des poisons auxquels nous sommes tous exposés. Je soupçonne même que la complexité du système d’évaluation et de réglementation des poisons chimiques, qui fonctionne toujours derrière des portes closes et dans le plus grand secret, est aussi une manière d’assurer sa pérennité. Qui va en effet mettre son nez dans l’histoire de la DJA, ou des « limites maximales de résidus » ? Et si, par hasard, un journaliste ou un consommateur trop curieux ose poser des questions, la réponse des agences de réglementation est généralement : « Ça marche grosso modo. Et puis, vous savez, c’est très compliqué, faites-nous confiance, nous savons ce que nous faisons… »

Le problème, c’est qu’il ne peut pas y avoir de grosso modo quand il s’agit de données toxicologiques dont l’enjeu est la santé des consommateurs, y compris ceux des générations futures. C’est pourquoi, persuadée au contraire que « le diable est dans le détail », j’ai décidé de prendre le parti inverse. J’espère donc que le lecteur me pardonnera ce qu’il pourra considérer parfois comme un souci exagéré de la précision ou de l’explication, la multiplication des notes et des références. Mais mon objectif, c’est que chacun puisse devenir, s’il le désire, son propre expert. Ou, en tout cas, que chacun dispose d’arguments rigoureux qui lui permettent d’agir autant que ses moyens le lui permettent, voire d’influer sur les règles du jeu qui gouvernent notre santé. Car savoir, c’est pouvoir…


[1] Toutes les notes de référence sont classées par chapitre, en fin de ce livre, p. xxx.


Notes de fin

Notes de l’introduction

[i] Marie-Monique Robin, Le Monde selon Monsanto. De la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien, La Découverte/Arte Éditions, Paris, 2008.

[ii] Marie-Monique Robin, Les Pirates du vivant et Blé : chronique d’une mort annoncée ?, Arte, 15 novembre 2005.

[iii] Marie-Monique Robin, Argentine : le soja de la faim, Arte, 18 octobre 2005. Avec Les Pirates du vivant, il est disponible en DVD, dans la collection « Alerte verte ».

Deux liens

Je vous écris de Genève où j’ai filmé Olivier de Schutter, le nouveau rapporteur spécial contre la faim  des Nations Unies (le successeur de Jean Ziegler) qui a présenté un rapport sur l »agroécologie » comme l’unique solution de nourrir le monde (j’y reviendrai).

Je mets deux liens en ligne:

– le premier concerne le site « Notre poison quotidien » mis en ligne par ARTE. Les internautes y découvriront un nouvel outil inauguré par Mozilla Firefox à l’occasion de la sortie de mon film et livre, intitulé « Pop Corn« . C’est l’occasion de découvrir en exclusivité quatre extraits de mon film, avec des liens vers d’autres sites qui apportent des informations complémentaires:

http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/Notre-poison-quotidien/3673748.html

– le deuxième concerne l’article réalisé par Sophie Verney-Caillat de Rue 89 qui m’a accompagnée lors de l’avant-première organisée dans les Deux Sèvres, avec la participation de la Région Poitou Charentes (coproductrice du film). Ce fut très émouvant, car Sophie a rencontré mes parents sur la ferme où je suis née:

http://www.rue89.com/planete89/2011/03/08/marie-monique-robin-de-la-ferme-familiale-au-film-sur-les-pesticides-193785

Je m’envole demain pour Berlin où mon film sera présenté en avant-première.

Avant-première Paris, Châtillon sur Thouet, Bègles

Je viens de participer aux trois avant-premières de mon film « Notre poison quotidien » organisées au cinéma l’Arlequin à Paris (vidéo), à Châtillon sur Thouet dans les Deux-Sèvres (photos) et à Bègles à l’invitation de Noël Mamère.

A chaque fois, des participants m’ont posé une question clé à propos de l’espérance de vie qui n’a cessé d’augmenter au cours des dernières décennies dans les pays dits « développés ». Cet argument est régulièrement utilisé par les industriels ou les représentants des agences de réglementation pour dire que finalement tout va bien et que les effets de la pollution chimique ne sont pas si graves puisque nous vivons de plus en plus vieux.

Malheureusement, comme on pouvait s’y attendre, cet argument a fait long feu: ainsi que le révélait Le Monde, le 27 janvier 2011, l’espérance de vie des Américains a baissé pour la première fois de leur histoire (elle a baissé de 1,2 mois par rapport à 2007) Parmi les causes invoquées il y a la cigarette et l’obésité. Et tout indique que la première cause de cette baisse n’est pas le tabac (la consommation a considérablement chuté aux Etats Unis depuis trente ans) mais l’obésité qui frappe 40 % de la population américaine auxquels s’ajoutent 30% d’Américains en surcharge pondérale.

Or, comme le lecteur le découvrira dans mon livre Notre poison quotidien, l’épidémie d’obésité, qui atteint des records aux Etats Unis, mais a déjà largement gagné l’Europe (lire l’article du Monde « Une personne sur dix est obèse dans le monde« , du 7 février 2011, basé sur une publication du journal scientifique The Lancet), n‘est pas due uniquement à la malbouffe et à la consommation des produits de l’industrie agroalimentaire, mais aussi et surtout aux molécules chimiques appelées » obésogènes » qui ont envahi notre environnement et notamment notre alimentation. De nombreuses études ont , en effet, montré que les produits chimiques tels que le Bisphénol A, mais aussi les phtalates, le PFOA des poêles antiadhésives, les PCB de Monsanto, ou certains pesticides, qui sont ou contiennent des  hormones de synthèse et qu’on appelle « perturbateurs endocriniens »,ont la capacité de programmer l’obésité chez les foetus exposés in utero.

L’obésité, qui est l’un des signes les plus visibles de l’épidémie actuelle de maladies chroniques, peut donc être considérée comme une maladie environnementale, ainsi que me l’ont expliqué plusieurs scientifiques du NIEHS, le National institute of environmental health sciences , le plus grand centre de recherche publique des Etats Unis.

Il y a donc fort à parier que l’espérance de vie européenne va aussi chuter dans les années qui vont venir, car nous suivons toujours les Etats Unis quelques années plus tard.

Quand on étudie sérieusement ce dossier, en sortant des arguments à l’emporte-pièce, on comprend aussi facilement que les personnes âgées d’aujourd’hui sont nées avant la seconde guerre mondiale et qu’elles n’ont pas été exposées aux polluants chimiques pendant leur vie prénatale ou leur enfance, ce qui les a mis à l’abri d’un certain nombre d’effets néfastes. Ce n’est pas le cas des générations nées à partir des années 1960 qui vont être et sont déjà les premières victimes (massives) du processus d’empoisonnement collectif que je décris dans mon film et livre.

Un nombre croissant de scientifiques tire régulièrement la sonnette d’alarme: le magazine Science du 4 mars vient de publier une lettre signée par huit sociétés savantes américaines, regroupant 40 000 chercheurs, qui dénonce la « sous estimation des risques liés aux produits chimiques  » (Le Monde du 5 mars 2011)  et appelle à un « changement de paradigme » pour l’évaluation toxicologique des poisons qui ont envahi notre environnement. C’est exactement ce que dit mon film et livre…

Enfin, concernant l‘Inde et la question que m’a posée une participante à la projection de l’Arlequin(vidéo ci-dessous), il est un fait que l’espérance de vie y est bien inférieure à celle des pays industrialisés. Cela est dû notamment au problème de malnutrition endémique que la fameuse « révolution verte » n’a pas résolu, et a même accentué, en encourageant les monocultures et en entraînant la disparition de l’agriculture familiale qui est la seule garante de la sécurité alimentaire.

Il est un fait aussi que le taux d’incidence du cancer y est de 10 à 30 fois inférieur (selon les organes concernés) à celui des pays industrialisés, d’après les données du Centre international de la recherche sur le cancer (CIRC/ OMS). Malheureusement, avec l’industrialisation forcenée de l’Inde , cette particularité est en train de changer dans les grandes métropoles où l’on adopte notre mode de vie et d’alimentation  éminemment pollué. Les scientifiques que j’ai rencontrés lors du colloque sur la cancer auquel j’ai participé à Bhubaneswar dans l’Etat de l’Orissa (où le cancer est quasiment inexistant) m’ont dit que l’Inde n’a absolument pas les moyens de gérer une épidémie de maladies chroniques similaire à celle que l’on constate dans les « pays riches » qui viendrait s’ajouter aux défis que le pays doit relever comme la malnutrition et la mortalité en bas âge.
Il est donc urgent d’agir et de revoir les fondements du « progrès » ( j’y reviendrai bientôt)…

Photos (Bruno Fillon)

– Avant-première à Châtillon sur Thouet, organisée par un collectif d’associations des Deux Sèvres, en collaboration avec la Région Poitou Charentes qui est coproductrice du film.Cette soirée exceptionnelle s’est déroulée à dix kilomètres de la ferme de mes parents…

Y participait Paul François (à droite sur la photo), l’agriculteur victime d’une intoxication au Lasso (Monsanto) et qui lancera officiellement, le 18 mars à Ruffec (j’y serai) l’association des paysans victimes des pesticides. Je raconte son histoire en détail dans mon livre.

A écouter aussi l’interview que j’ai donnée à Radio Gâtine:

http://www.radiogatine.com/index.php?option=com_content&view=article&id=281

Vidéo (Marc Duployer)

– Extrait du débat qui a suivi l’avant-première organisée par ARTE à l’Arlequin.


« Notre poison quotidien »: c’est parti!

Les internautes auront sûrement constaté le buzz incroyable qui entoure d’ors et déjà la sortie de mon prochain film et livre « Notre poison quotidien« , alors que la presse commence tout juste à sortir. J’en suis bien sûr ravie et je vais, à partir d’aujourd’hui, écrire très régulièrement sur ce Blog, maintenant que je suis , enfin, libérée de l’écriture de mon livre (480 pages) , qui sera lancé lors du salon du livre de Paris, les 19 et 20 mars (venez nombreux!).

D’abord, je dois corriger une information concernant l’avant-première organisée par la région Poitou Charentes. La salle prévue n’étant pas disponible (pour cause de travaux non terminés), l’avant-première aura donc lieu à Châtillon (Deux Sèvres) , non loin de la ferme de mes parents, ce qui me réjouit.

Par ailleurs, l’Express de cette semaine a placé mon enquête en Une! Dans un dossier de quatorze pages, les lecteurs pourront lire quelques « bonnes feuilles » de mon livre.

http://www.lexpress.fr/actualite/environnement/des-poisons-dans-notre-assiette_967654.html

De plus, j’ai donné une cinquantaine d’interviews, et je participerai aux émissions de télé et radios suivantes:
– RTL: journal du vendredi 4 mars, à 7 heures 20
– RCF: journal du lundi 7 mars, à 9 heures 20
– Figaro.com: participation à un forum, le lundi 7 mars de 10 à 11 heures
– Radio Nova: lundi 14 mars de 8 à 9 heures
– France 5; lundi 14 mars à 13 heures 15
– Canal +: Le grand Journal, lundi 14 mars, à 18 heures 40
– France Inter: « La tête au carré », mardi 15 mars, à 14 heures
– Le Mouv (Bono): mardi 15 mars, de 17 à 18 heures
– France Culture, « Le grain à moudre », mardi 15 mars, à 19 heures 20.
– ARTE: mardi 15 mars, Tchat après la diffusion du film (qui commence à 20 heures 40)
– France Inter, « Service Public », jeudi 17 mars, de 10 à 11 heures.

Une projection du film est organisée le jeudi 17 mars, à 18 heures, par le Mouvement des Générations futures au 184 rue de Grenelle, à Paris.