Confirmation: promesses non tenues pour le rendement des OGM

Un rapport publié mardi 14 avril par l’Union of Concerned Scientist, un groupe indépendant d’experts, démolit la principale promesse de Monsanto et consorts, à savoir que les OGM vont nourrir le monde, notamment grâce à des rendements supérieurs.

Comme je le disais déjà dans mon livre, c’est tout simplement une « fausse promesse ».

« Depuis des années, les industriels claironnent qu’ils vont nourrir le monde, en promettant que les OGM produiront de meilleurs rendements, constate l’auteur du rapport, Doug Gurian-Sherman. Mais après vingt ans de recherches et treize ans de commercialisation, les fermiers américains qui ont recours à ces semences n’ont guère récolté davantage à l’acre (0,4 hectare). En comparaison, l’agriculture traditionnelle continue d’avoir de meilleurs résultats ».

Pour parvenir à cette conclusion, le biologiste a analysé toutes les statistiques et études académiques publiées sur le soja et le maïs, les deux cultures transgéniques les plus répandues aux Etats-Unis, où près de 90 % du soja est transgénique et 60% du maïs. Il constate que pour ces deux plantes, les OGM n’ont « apporté aucune amélioration de rendement ».

Concernant le maïs BT, l’accroissement du rendement s’est avéré « marginal », environ 2,3 %.

Des résultats nettement inférieurs à ce qu’annonce Monsanto, qui, sur son site , affirme que son YieldGard offre une augmentation de la production autour de 20% sur les parcelles infectées par les parasites et 12% sur l’ensemble des terres cultivées.

J’ajoute que le prognostic , pour les années à venir, est très sombre, car ainsi que le révèlent plusieurs études récentes (voir mon livre et Blog) montrent que les insectes cibles du BT ont développé une résistance, ce qu’avaient prévu les entomologues dès le début de l’aventure des plantes BT ( la dernière étude a été publiée par l’Unversité de l’Arizona et révèle que le Helicoverpa zea ,un insecte ravageur du coton, résiste désormais au BT).

Voici les liens vers le rapport de l’Union of Concerned Scientists, ainsi que vers l’article qu’ont consacré Le Monde et le site Combat-Monsanto à ce rapport.

Je copie aussi la partie de mon livre consacré à l’interview que m’avait accordée l’agronome Roger Elmore, qui avait constaté une baisse des rendements significative pour le soja roundup ready (Roger Elmore et al, ‘Glyphosate-resistant soybean cultivar yields compared with sister lines’, Agronomy Journal, N° 93, 2001, p.408-412.)

EXTRAIT

D’abord, contrairement à ce qu’a toujours affirmé Monsanto dans ses documents publicitaires, il n’est pas vrai que « cultivées dans des conditions comparables, les nouvelles variétés présentent un rendement similaire à celui des variétés [conventionnelles] à haut rendement ».

« Malheureusement, nous avons prouvé le contraire », m’explique Roger Elmore, un agronome qui a publié en 2001 une étude sur le sujet avec ses collègues de l’université du Nebraska . Travaillant aujourd’hui à l’université de l’Iowa, il me reçoit dans sa maison, située à une cinquantaine de kilomètres de Des Moines, en octobre 2006.

« Si nous avons mené cette étude — pendant deux ans et dans quatre endroits différents —, c’est que nous avions des informations provenant de différents États qui indiquaient que le soja transgénique avait un rendement moins élevé que les variétés conventionnelles apparentées, me dit-il. Nos résultats prouvent qu’effectivement la baisse de rendement est d’au moins 5 %.

– Comment l’expliquez-vous ?, lui ai-je demandé, les yeux rivés sur les courbes que me montre l’agronome.

C’est ce que nous appelons le “yield drag” (mot à mot le “boulet du rendement”). Nous avions deux hypothèses qui pouvaient expliquer le “boulet” qui affecte le rendement des plantes transgéniques : soit il était dû à l’action du Roundup sur le métabolisme végétal, soit c’était le résultat de la manipulation génétique. Pour vérifier la première hypothèse, nous avons cultivé trois groupes de soja RR, issus de la même variété Roundup ready, dont l’un fut aspergé de Roundup, l’autre de sulfate d’ammonium, un produit qui stimule l’action des herbicides, et le troisième d’eau. Dans les trois cas, le rendement fut strictement le même, à savoir 55 boisseaux par acre. C’est donc la manipulation génétique qui explique le “yield drag”. Apparemment, l’insertion violente du gène perturbe la capacité productrice de la plante.

– Le soja transgénique n’est donc pas équivalent au soja conventionnel ?

– C’est en tout cas ce que montre notre étude…

– Comment a réagi Monsanto ?

– Disons que la firme ne tenait pas vraiment à ce que nous la publions, me répond Roger Elmore, avec la prudence requise.

– Mais est-ce qu’elle avait elle-même conduit une étude sur le rendement de son soja ?

– Les données qu’elle avait fournies étaient très faibles d’un point de vue scientifique et répondaient plus à un besoin, disons, commercial… », conclut l’agronome.

Les résultats de l’étude de Roger Elmore ont ainsi confirmé la « métanalyse » réalisée par Charles Benbrook, pour laquelle il avait dépouillé 8 200 mesures de rendement effectuées par les universités agronomiques des États-Unis en 1998. Il en ressortait que le « yield drag » était en moyenne de 6,7 %, avec des pointes à 10 % notamment dans le Midwest, ce qui représentait un déficit de 80 à 100 millions de boisseaux de soja pour la seule année 1999 .

Comme le souligne Charles Benbrook, il arrive que le « yield drag » tourne carrément à la catastrophe, en raison d’un autre phénomène mis au jour en 2001 par des chercheurs de l’université d’Arkansas . Ceux-ci ont en effet constaté que le Roundup affecte les bactéries rhizobium qui peuplent les racines du soja et les aident à se développer en fixant l’azote de l’atmosphère. La sensibilité des bactéries à l’herbicide expliquerait la baisse de rendement du soja RR, qui peut atteindre 25 % quand survient un épisode de sécheresse.

« Malheureusement, explique Charles Benbrook, il est désormais clair que les cultures Roundup ready sont plus vulnérables à certaines maladies, spécialement lorsqu’elles doivent combattre des stress comme un froid inhabituel, une attaque d’insectes ou un déséquilibre minéral ou microbien dans le sol. Ces problèmes de santé surviennent parce que le matériau génétique introduit pour rendre la plante résistante au Roundup a modifié le fonctionnement normal d’une voie métabolique clé qui déclenche et régule sa réponse immunitaire . »

Et d’ajouter : « Il est dommage que cette information n’ait été connue qu’après que 40 millions d’hectares ont été plantés en Amérique… »
Quand on épluche consciencieusement les journaux scientifiques et agricoles, on constate que les incidents ne sont pas rares au pays des cultures Roundup ready — je reviendrai sur les problèmes similaires des plantes Bt. Par exemple, en 1999, des scientifiques de Georgie ont été contactés par des producteurs de soja qui se plaignaient du fait que les tiges de leurs plantes se cassaient de manière inexpliquée, entraînant un rendement excessivement bas. Leur étude a révélé que le soja transgénique produisait 20 % de lignine de plus que le soja conventionnel, ce qui, dans des conditions de chaleur plus élevées que la normale, provoquait une fragilité exceptionnelle des tiges …

FIN DE L’EXTRAIT

Les moyens limités de l’AFSSA

Au moment où l’Allemagne a décidé d’interdire les cultures du maïs MON 810, j’aimerais revenir sur l’avis qu’avait prononcé l’ Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), le 23 janvier 2009, sur le maïs insecticide de Monsanto, concluant « à l’innocuité pour la santé de ce maïs OGM dont la culture est interdite en France ».

J’ai passé quelques heures à naviguer sur le site de l’agence, créée en 1999, et j’invite les internautes à en faire autant.

L’agence se présente comme un « établissement public indépendant, de veille, d’alerte, d’expertise et d’impulsion de la recherche qui contribue à la protection et à l’amélioration de la santé publique ».

Jusque là tout va bien, car on se dit que c’est bien cela que les citoyens que nous sommes attendons d’une agence financée par nos impôts: protéger notre santé par des avis éclairés sur les produits qui arrivent dans nos assiettes, au besoin en encourangeant des études indépendantes (sous entendu des industriels) qui vérifient l’innocuité des denrées alimentaires.

Le site de l’AFSSA précise que l’agence a rendu « 70 avis » sur les OGM depuis sa création il y a tout juste dix ans.

On peut notamment y lire:

« Nous fournissons aux ministères gestionnaires du risque des analyses scientifiques argumentées sur chaque OGM qui est soumis ».

Mais le bel édifice s’effondre quelques lignes plus loin à propos de la « mission » de l’agence:

« La mission est de fournir à la société les éléments d’évaluation scientifique dont elle dispose sur le plan de la sécurité sanitaire des aliments « …

« Les éléments d’évaluation scientifique dont elle dispose »: c’est précisément là que le bât blesse car lesdits « éléments  » sont les études fournies par les industriels sur leurs produits.

Dans le cas du maïs MON 810, rejeté aujourd’hui dans cinq pays de l’Union européenne, les « éléments  » en question sont l’étude fournie par Monsanto sur des rats nourris avec le maïs insecticide pendant trois petits mois.

Dans l’annexe de son « avis », l’AFSSA communique la source: l’étude a été dirigée par Bruce Hammond, le « scientifique » qui avait conduit l’étude insipide de 28 jours sur des rats adultes nourris avec du soja roundup ready!!

J’ai montré dans mon film et livre à quel point cette étude , censée fonder le « principe d’équivalence en substance » , est controversée, en raison de ses nombreux biais et l’impossibilité d’analyser les données brutes, que Monsanto a toujours refusé de communiquer, y compris aux chercheurs indépendants!

C’est donc seulement à partir d’une étude conduite par un laboratoire plus que suspect et dont les données brutes ne sont toujours pas disponibles que l’AFSSA a conclu:

« L’analyse de composition ne met pas en évidence de différences significatives compromettant l’équivalence en substance des maïs MON 810 par rapport aux mais conventionnels » et que « l’étude de toxicité sub-chronique réalisée chez le rat pendant 90 jours ne met pas en évidence d’effets délétères liés à la consommation de mais portant l’événement MON 810 ».

Rassurant , en effet!

Dans cette affaire, une chose est claire: les consommateurs européens ne veulent pas d’aliments pesticides dans leurs assiettes. Avant d’autoriser les cultures de plantes transgéniques, il appartient donc aux pouvoirs publics d’exiger des fabricants de prouver par des études sérieuses et transparentes qu’elle sont bien inoffensives. Il n’y a aucune raison d’inverser la charge de la preuve: ce n’est pas à la société ni aux consommateurs de prouver la dangerosité des OGM!

Or, avec les OGM, tout indique que les bénéfices sont exclusivement pour Monsanto et les risques pour les autres, et notamment pour nous les consommateurs…

Je termine par deux liens qui soulèvent un certain nombre de questions à ce jour sans réponse soulevées par le maïs OGM de Monsanto: le premier est le compte rendu du comité de préfiguration de la haute autorité sur les OGM.

Le second est une étude réalisée par Greenpeace Allemagne qui montre que l’expression de la protéine BT est hautement aléatoire, puisque la quantité produite varie grandement d’un maïs à l’autre et y compris au sein d’une même plante!

L’Allemagne interdit le MON 810

Un de plus!

Après le Luxembourg, l’Autriche, la Hongrie, la Grèce et la France, l’Allemagne vient d’interdire les cultures du MON 810!

J’ai donné, aujourd’hui, plusieurs interviews à des journaux et radios allemands, qui me poursuivaient dans mon Poitou natal, depuis qu’est tombée la nouvelle. La décision du ministère de l’agriculture est basée sur deux études d’impact environnemental qui prouvent ce que l’on savait déjà: les dangers que font courir le maïs insecticide aux insectes non cibles comme les papillons ou les coccinelles.

Sans oublier les risques sanitaires que peut entraîner l’ingestion d’une plante insecticide, qui n’ont toujours pas été sérieusement évalués, y compris par l’AFSSA, qui s’est contentée d’examiner le résumé d’une étude de trois mois, conduite par un laboratoire payé par Monsanto: le même laboratoire (dirigé par Bruce Hammond) auteur de l’étude ridicule de trois mois conduite sur des rats adultes nourris avec du soja roundup ready! (voir mon film et livre, ainsi que mon blog)

Je reviendrai très prochainement sur les moyens limités de l’AFSSA, dont on attend toujours qu’elle exige et rende publiques les données brutes de la fameuse étude censée prouver que le maïs MON810 est inoffensif…

Par ailleurs, j’invite les internautes à consuler le dossier publié par La Croix et intitulé « L’Argentine a aveuglément adopté le soja transgénique ».

Enfin, l’Association des avocats argentins pour l’environnement vient de m’envoyer un communiqué annonçant le dépôt d’un recours auprès de la Cour suprême de justice pour « suspendre la commercialisation, la vente et l’usage du glyphosate et de l’endosulfan sur tout le territoire national ».

Dans le communiqué, les avocats font état d’une étude réalisée par l’Université de médecine qui montre que l’exposition à ces deux pesticides « à des doses 1500 fois inférieures à celles utilisées lors des épandages sur les champs de soja transgénique » provoque  » des troubles intestinaux et cardiaques, des malformations et dysfonctionneents neurologiques ».

Le communiqué se termine par une injonction demandant au ministère de la Santé (dont j’ai rencontré un représentant lors de mon dernier voyage en Argentine) d’enquêter sur les « dégâts causés par le glyphosate sur tout le territoire de la République ».

Pour les hispanophones, voici l’intégralité du communiqué:

AAdeAA solicita a la CSJN que suspenda la comercialización, venta y aplicación del glifosato y del endosulfam en todo el territorio Nacional.

En el día de la fecha la “Asociación Argentina de Abogados Ambientalistas” (AAdeAA) inició una acción de amparo ante la Corte Suprema de Justicia de la Nación (CSJN), invocando su competencia originaria, y solicitó una serie de medidas en protección del ambiente y la salud de la población nacional ante las gravísimas y generalizadas consecuencias en los ecosistemas y la población por la utilización de estos agrotóxicos.
Recordamos que estas sustancias químicas se encuentran en la mayoría de los herbicidas y plaguicidas aplicados en el país y que son utilizados irracionalmente para la fumigación de los distintos sembradíos contaminando de manera indiscriminada poblaciones y ecosistemas.
Recientemente, el “Laboratorio de Embriología Molecular del Conicet- UBA (Facultad de Medicina), comprobó científicamente que, con dosis hasta mil quinientas veces inferiores a las utilizadas en las fumigaciones sojeras, se producían trastornos intestinales, cardíacos, malformaciones y alteraciones neuronales.
Los demandados son el Poder Ejecutivo Nacional y las provincias de Buenos Aires, Córdoba y Santa Fe. A la empresa Monsanto, principal comercializadora del herbicida en base a glifosato, se la cita como “tercera interesado” por ser la empresa que monopoliza la comercialización de dicha sustancia química.

En la acción expresamente se solicitó que:
Se ordene al PEN que en un plazo de tiempo no mayor a 180 días, se expida definitivamente la Comisión creada por Decreto Nacional 21/2009 (esta Comisión, creada en enero de este año, debería investigar la problemática, pero hasta a la fecha preocupantemente no ha tenido avances concretos).
Durante el transcurso de la investigación, y del resultado de la misma, como medida cautelar innovativa, se ordene la suspensión de la comercialización, venta y aplicación del glifosato y del endosulfam el todo el territorio Nacional para cualquier tipo del sembradío.-
Se ordene al Poder Ejecutivo Nacional para que a través del Ministerio de Salud de la Nación , se investiguen los daños causados con el glifosato en todo el territorio de la Republica.

Monsanto veut breveter les gènes d’une race de cochon!

Plusieurs internautes m’ont fait parvenir la pétition de la Fédération nationale d’agriculture d’Allemagne qui s’oppose à la demande de brevet déposée par Monsanto sur un gène d’une race allemande de porcs rustique, associé à une croissance et prise de poids plus rapides, lui permettant de toucher des royalties lors de toute utilisation de cette race dans des croisements.

Cette affaire illustre parfaitement la dérive que constitue le brevetage du vivant qui viole les critères d’obtention d’un brevet. Dans ce cas, Monsanto s’est contenté d’identifier et de décrire la fonction de ce gène , puis a déposé une demande de brevet , alors qu’en aucun cas la multinationale peut prétendre avoir inventé ce gène, qui est un élément du patrimoine génétique de la race porcine!

Si le brevet était accordé, Monsanto pourrait réclamer des royalties sur chaque porc contenant le fameux gène!

Pour les lecteurs qui veulent en savoir plus sur cette dérive du système général des brevets , je rappelle que j’ai consacré un film à cette question, disponible sur ce Blog: « Les pirates du vivant », dans la rubrique « Les films qui m’ont conduite à Monsanto ».

J’encourage donc les internautes à signer la pétition de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) pour relayer le message et mobiliser les citoyens !

Communiqué

Nous ne pouvons pas accepter cette privatisation du vivant. Nous avons, dès la semaine dernière envoyé un courrier d’opposition à ce brevet sur la vie. Nous demandons à tous ceux qui s’opposent à ce type de pratiques monstrueuses de faire de même et d’envoyer par la poste, impérativement avant le 10 avril, sa déclaration de refus à l’association allemande « Kein Patent auf Leben » qui transmettra à l’Office européen des brevets l’ensemble des signatures.

Naturland (association allemande de producteurs bio) nous a récemment alertés d’un brevet sur une race allemande de porcs possédant un gène d’intérêt agronomique, accordé à la firme américaine Monsanto. L’Office Européen des brevets a en effet octroyé, le 16 juillet 2008, un brevet pour l’élevage de porcs (brevet N° EP 165 1777) à la multinationale Monsanto. L’association des paysans bio allemands, qui a déjà fait opposition, souhaite que tous soutiennent cette démarche. La date limite du dépôt est le 15 avril 2009.

Le brevet en question permettrait à Monsanto de toucher des royalties sur tout croisement utilisant cette race de porcs rustique, qui a donc sa place en élevage biologique. La raison principale pour faire opposition est d’ordre éthique : le brevet ne se base pas sur une invention mais vise, au contraire, la maîtrise de la production des denrées alimentaires. Ce brevet aura des conséquences importantes en matière de dépendance des éleveurs et des consommateurs.

La FNAB a la semaine dernière envoyé sa lettre d’opposition. Elle a appelé ses groupements régionaux et départementaux à faire de même, ainsi que tous les producteurs bio et leurs consommateurs. Mais plus largement, nous sommes tous concernés par ces brevets sur le vivant : alors réagissez et manifestez votre refus de telles pratiques avant le 10 avril à l’association allemande qui s’est chargée de collecter les lettres d’opposition.

La lettre d’opposition doit être envoyée auprès de « Kein Patent auf Leben », Frohschammerstr. 14, D-80807 Munich (Allemagne). Pour copier la lettre type :

* En allemand : http://www.keinpatent.de/index.php ?id=90

* En anglais : http://www.no-patents-on-seeds.org/images/documents/opposition_pig_patent_eng.pdf

Révélations en Argentine

Les choses bougent en Argentine! Il y a tout juste un an, au moment où j’étais citée comme témoin lors d’un procès contre les généraux de la dictature à Corrientes (voir ce Blog), je remettais un exemplaire de mon film et livre sur Monsanto , qui venaient tout juste de sortir en France, à Horacio Verbitsky, l’un des journalistes les plus renommés du pays. Il a écrit un premier papier sur les méfaits des cultures roundup ready dans Página 12, qui a déclenché -enfin!- l’intérêt des journalistes argentins anesthésiés par les retombées de la crise financière « et bien d’autres problèmes », comme m’avait dit Horacio. Puis, il a passé le dossier à Darío Aranda, qui, depuis, a mené l’enquête et publié une dizaine d’articles que j’ai cités sur mon Blog.

Dimanche dernier, Horacio Verbitsky a publié des révélations qui expliquent comment Monsanto a pu introduire son soja roundup ready en Argentine. J’invite les hispanophones à lire ce papier très fouillé.

Pour les non hispanophones, je résume l’essentiel de l’article. Je rappelle, d’abord, qu’au moment où Monsanto essaie de s’introduire en Argentine, le pays est dirigé par Carlos Meném, qui s’est ensuite réfugié au Chili, pour échapper à des poursuites pour corruption et trafic d’armes… Dans mon livre, je raconte comment Clarin, le grand quotidien argentin, qui tire à quelque 800 OOO exemplaires, mène une véritable propagande en faveur des cultures transgéniques, depuis leur lancement en 1996. C’est particulièrement vrai pour son supplément Clarín Rural, dirigé par un certain Héctor Huergo , qui pour la petite histoire, a refusé catégoriquement de me rencontrer lors de mon dernier voyage en Argentine. Et pour cause!

Voici ce que révèle Horacio Verbitsky: agronome de formation, Huergo est entré à Clarín en 1971. De février à novembre 1994 – au moment où Monsanto établit les premiers contacts en Argentine, il a laissé le « journalisme » pour diriger l’Institut national de technologie agricole (INTA) , l’équivalent de l’INRA, qui depuis des décennies conduisait la recherche publique pour le développement de variétés végétales « améliorées ». Un patrimoine national financé avec les deniers des contribuables . Sa mission fut courte, mais efficace, comme le rapporte Alberto Lapollan, agronome et historien, témoin des faits:

« A cette époque, Hurgo était l’homme de Monsanto. Il a déstructuré l’INTA, en livrant le capital génétique stratégique pour le pays aux entreprises privées comme Monsanto et Nidera (NDR: l’entreprise semencière à qui Monsanto vendra une licence pour la vente des semences transgéniques) et en leur permettant l’accès aux , archives secrètes de l’INTA dont les équipes de recherche ont été achetées par ces entreprises. Cela a permis à Monsanto de créer le soja Roundup ready sur la base de variétés de soja développées en Argentine pour les sols du pays. Tous ceux qui n’étaient pas d’accord ont été licenciés ».

Le deuxième homme de Monsanto c’était Felipe Solá, secrétaire à l’agriculture, qui, le 3 avril 1996, a signé l’autorisation de commercialiser les semences transgéniques « tolérante à l’herbicide glyphosate ». Sans aucun débat parlementaire, ni essai , ni loi encadrant les cultures transgéniques!

Entre-temps, Héctor Huergo était retourné à Clarín Rural pour faire la propagande de Monsanto. Réputé pour mener un « grand train de vie » , Huergo est lui même producteur de soja et dirige la fédération des agrocarburants!

Cette histoire rappelle étrangement ce qui s’est passé récemment en Indonésie où, comme je le révèle dans mon livre, Monsanto a été condamné pour corruption: la multinationale avait arrosé une centaine de hauts fonctionnaires pour introduire son coton BT…

Par ailleurs, lorsque j’étais en Argentine, j’ai été contactée par Eugenia Lagone, journaliste au journal Capital de Rosario (Rosario est la capitale de l’empire transgénique). Elle m’avait entendue sur Radio nacional parler de l’étude publiée par l’hôpital italien de Rosario sur les multiples maladies et malformations congénitales , enregistrées par l’équipe du Docteur Alejandro Oliva, qui dirige l’Unité de médecine environnementale et de santé reproductive de l’hôpital. Curieusement, la journaliste n’était pas informée de l’étude, publiée l’année dernière (que j’ai citée sur mon Blog). N’ayant pas le temps de répondre à ses questions (j’étais sur le point de m’envoler pour le Chili), je lui ai conseillé de contacter le Dr. Oliva. Ce qu’elle a fait. Voici son article très détaillé, ainsi que la réaction du ministre de la Santé de la province, Miguel Capiello qui cite mon livre:

www.lacapital.com.ar//contenidos/2009/04/05/noticia_0001.html

www.lacapital.com.ar/ed_impresa/2009/4/edicion_166/contenidos/noticia_5491.html

www.pagina12.com.ar/imprimir/diario/suplementos/rosario/10-18026-2009-04-07.html

Pour les lecteurs non hispanophones, je synthétise (de nouveau!) l’essentiel de l’étude, qui met en cause les PCB de Monsanto et le roundup ( à savoir le glyphosate, et surtout les surfactants qui composent le produit final). Il est intéressant de noter que les habitants des quartiers concernés par l’étude ont la malchance d’être exposés à un « cocktail » hautement toxique: les PCB, accumulés dans des décharges et les épandages aériens de roundup sur les champs de soja transgénique tout proches.

L’étude montre que l’incidence des malformatiosn congénitales chez les enfants est dix fois supérieure à celle enregistrée dans le reste de l’Amérique latine. Parmi elles: la criptorquidie (absence des testicules dans le scrotum, empêchant celles-ci de descendre) et l’hipospadias (malformation de l’urètre qui ne se prolonge pas jusqu’à la fin du pénis). Un phénomène déjà constaté par le Dr. Darío Gianfelici dans la province d’Entre Rios, aussi très exposée aux épandages du poison de Monsanto (voir mon livre).

Les scientifiques de l’hôpital de Rosario ont aussi constaté une explosion des cancers hormono-dépendants (cancer des testicules et des ovaires).

Je rappelle que les PCB et le roundup sont des perturbateurs endocriniens qui perturbent les systèmes hormonaux, ainsi que le prouvent de nombreuses études.