Un communiqué du CRIIGEN de Corinne Lepage

Je copie le dernier communiqué de presse du CRIIGEN, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique, créée par Corinne Lepage, l’ancienne ministre de l’environnement d’Alain Juppé.
Avocate renommée pour sa pugnacité, c’est elle qui notamment défendit les victimes de la catastrophe de l’Amoco Cadiz.
Depuis des années, le CRIIGEN se bat pour que soit enfin réalisée une véritable étude toxicologique de deux ans sur les effets sanitaires des OGM, permettant d’évaluer la toxicité chronique éventuelle des aliments transgéniques: les seules études réalisées n’ont JAMAIS dépassé trois mois, ce qui permet au maximum de tester leur toxicité aigüe…

Mais curieusement il est très difficile de trouver des fonds pour ce genre d’étude… À dire vrai, je trouve cela très étonnant: s’il n’y a vraiment pas de problème avec les OGM, tous les fabricants et défenseurs invétérés des biotechnologies devraient tous appeler cette étude de leur voeu.
Conduite par une équipe indépendante de scientifiques reconnus internationalement, qui travailleraient dans la plus grande transparence, en acceptant de communiquer les données brutes de leurs travaux – à la différence de Monsanto qui invoque le « secret commercial » , dès qu’on lui demande de communiquer ses données brutes -, cette étude aurait le mérite de mettre fin à la polémique avec des données incontestables.
On attend toujours!

Communiqué de presse – CRIIGEN

NOUVEL ECHEC DES OGM EN EUROPE QUI TENTENT TOUT DE MEME DE S’IMPOSER PAR LA FORCE !

En Europe, pour la 14ème année, les OGM ne décollent pas dans les cultures. A cause des pressions pour la nécessité de meilleurs contrôles sanitaires, environnementaux et sociaux, les producteurs d’OGM ont réussi à faire planter seulement 0,78% de maïs transgénique, par rapport à l’ensemble du maïs cultivé en Europe (soit 107.219 ha sur 13,7 millions ha) ! Il s’agit de la seule plante OGM autorisée à la culture, le maïs produisant un insecticide nouveau est appelé MON 810. Ce pourcentage insignifiant est encore réduit si l’on considère l’ensemble des OGM par rapport à l’ensemble des cultures européennes. Ceci contraste avec les importations contaminées surtout par les sojas OGM en Europe, laquelle est davantage autonome en maïs. Ces plantes contiennent des pesticides mal évalués sur la santé publique.
Le CRIIGEN réclame haut et fort dans une pétition à signer en ligne sur son site (www.criigen.org) que soient rendues publiques les analyses de sang détaillées des animaux qui ont mangé ces OGM dans les tests de toxicité réglementaires. Pour des raisons de protection industrielle, ces tests sont effectués par des laboratoires choisis par les firmes semencières qui sont ainsi juges et parties. Les gouvernements et les commissions scientifiques ont accepté la confidentialité sur ces tests qui ne durent, lorsqu’ils existent, pas plus de trois mois avec des mammifères, ce que l’on peut déjà trouver scandaleux, en opposition aux intentions législatives. L’EFSA, Agence Européenne de Sécurité Sanitaire, propose de ne plus exiger ces tests de trois mois, comme ce fut déjà le cas en septembre 2008 pour un nouveau soja OGM importé tolérant à un herbicide. Cet herbicide (le glufosinate ammonium) a pourtant été considéré comme neurotoxique dans des publications scientifiques. L’ensemble de ce laxisme rendrait les OGM plus rentables et faciliterait grandement leur diffusion.
Nous en appelons à une plus grande rigueur scientifique et à une totale transparence pour protéger l’ensemble de nos concitoyens.

Pour signer la pétition : http://www.lapetition.com/sign1.cfm?numero=1919

CRIIGEN (Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie Génétique)
40, rue de Monceau
75008 Paris
E-mail : criigen@unicaen.fr

Les demandes affluent du monde entier

Alors que je suis en finition de mon prochain film « Torture made in USA », qui raconte comment l’administration Bush a légalisé la torture au nom de la lutte contre le terrorisme (diffusion en janvier sur Canal +) , je suis littéralement assaillie de demandes concernant mon film et livre sur Monsanto, provenant du monde entier.
Pour mes lecteurs hispanophones, qui m’ont régulièrement interrogée à ce sujet, je copie le document que vient de m’envoyer mon éditeur espagnol (Peninsula) annonçant la sortie de mon livre en Espagne (et Amérique latine).

Par ailleurs, mon film a été sélectionné au Festival Cine Gaia de Rio de Janeiro qui se déroulera du 31 octobre au 9 novembre 2008. Je suis invitée à y participer mais ne pourrai malheureusement pas y aller, car je vais au Brésil du 8 au 12 décembre pour le lancement de la version portugaise de mon livre. J’y retournerai fin janvier, pour le Forum social mondial, qui se tiendra à Belén, à l’invitation notamment de la Fondation France Liberté de Mme Mitterrand.

Par ailleurs, je suis invitée au Gabon, par le centre culturel français de Libreville, dans le cadre des « Escales documentaires de Libreville » (20 au 29 novembre 2008).

Enfin, je viens d’apprendre que le film était sélectionné par le Wild and Scenic Environmental Film Festival , qui se tiendra à Nevada City (Californie) du 9 au 11 janvier 2009 (voir logo).

Face aux multiples demandes ( actuellement j’en reçois au moins cinq par jour), je suis au regret d’informer que je ne pourrai pas toutes les honorer: désireuse de trouver une solution, j’ai l’intention de proposer à Monsanto de me cloner, ce qui me permettrait d’être à plusieurs endroits à la fois… Comme , apr exemple, le 18 octobre, où je suis invitée à la jolie manifestation « Écritures et Résistances », organisée par la médiathèque de Ganges (Hérault), à Poitiers et à Chatellerault
À suivre..!

380 personnes à Clermont Ferrand

N’en déplaise au gentil « Anton » , mon détracteur personnel (trop d’honneur!), dont les messages sont de plus en plus déconcertants d’agressivité , j’informe les visiteurs de mon Blog qu’il y avait 380 personnes lors de la projection/débat organisée à Clermont Ferrand la semaine dernière.
Clermont Ferrand, c’est la capitale de Limagrain, premier semencier européen et quatrième mondial, qui défend les OGM bec et ongles…

À dire vrai, l’histoire de cette société, implantée aujourd’hui dans plusieurs continents, est tout à fait étonnante puisqu’elle continue d’avoir le statut d’une coopérative , comme lors de sa création pendant la seconde guerre mondiale.
Lors du tournage de mon film « Blé, chronique d’une mort annoncée ? », j’avais interviewé Pierre Pagesse, le président de Limagrain, sur sa ferme auvergnate, où il cultive du blé avec des variété à haut rendement (Limagrain a racheté la société Vilmorin, l’ancêtre des sélectionneurs), grandes consommatrices d’intrants chimiques (engrais, racourcisseurs de pailles – en fait, des hormones- herbicides, insecticides, fongicides ), sans lesquels ces variétés ne seraient tout simplement bonnes à rien…
Lors de cette rencontre très intéressante, Pierre Pagesse m’avait raconté qu’une « grande multinationale étrangère » avait proposé de racheter Limagrain, en mettant sur la table « cinq fois son prix réel », mais que les membres de la coopérative avaient finalement refusé:  » Ce fut l’un des moments les plus angoissants de ma vie, m’avait-il expliqué. Du jour au lendemain, les sociétaires auraient pu se réveiller millionnaires, mais ils ont préféré refuser une offre alléchante qui aurait signé la mort de la sélection végétale en Europe »…

Fervent défenseur des OGM, Pierre Pagesse est cependant opposé aux brevets sur les plantes – ce qui est une contradiction puisque tous les OGM sont brevetés … – et appelle de ses voeux la création d’une « OPEP du blé », regroupant les producteurs mondiaux du blé, qui préfigurerait une refonte de la politique agricole mondiale soumise actuellement aux dures lois du libéralisme économique: il pense, à juste titre, que les produits agricoles, qui nourrissent l’humanité, ne devraient pas être intégrés dans le jeu pervers du marché, afin de garantir un juste prix aux agriculteurs, permettant à ceux-ci de vivre dignement de leur travail notamment dans les pays du sud où la paupérisation des campagnes pousse bon nombre d’entre eux vers les bidonvilles des grands centres urbains…

Photo: la projection à Clermont Ferrand

Un prix au Canada!

Je viens d’apprendre que le film « Le monde selon Monsanto » venait d’obtenir un prix au FICFA, le festival international du film francophone en Acadie, qui s’est tenu à Moncton la semaine dernière.

Voici le communiqué concernant ce prix:

 » Dans la catégorie Meilleur moyen ou long métrage documentaire, le jury a privilégié Le monde selon Monsanto de Marie-Monique Robin. «Ce documentaire en forme d’enquête fondée sur une recherche rigoureuse nous oblige à réfléchir sur notre responsabilité citoyenne face à une multinationale sans éthique. La réalisatrice dénonce avec courage la main mise machiavélique de ce pouvoir de l’ombre. Un film important, nécessaire. Un choc.»

Par ailleurs, je me fais un plaisir de remettre la photo de la conférence à laquelle j’ai participé à l’Université de Montréal, le 16 septembre dernier. La diapositive qui est derrière la tribune fait partie d’un cours donné par
Louise Vandelac (à ma droite), professeur titulaire à l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université de Montréal, chercheuse au Centre de recherche interdisciplinaire sur la biologie, la santé, la société et l’environnement (CINBIOSE), centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé.

Spécialiste des biotechnologie et universitaire très respectée, elle en sait beaucoup plus sur les OGM que M. Joudrier, le témoin attitré des fabricants d’OGM dans les procès contre les faucheurs…

Je précise que 320 personnes s’étaient déplacées pour voir mon film, essentiellement des universitaires, enseignants et membres de la société civile.

Agenda mois d’octobre

– samedi 11 octobre: projection du film « Le monde selon Monsanto » au Festival international du film écologique de Bourges, à 16 heures, dans la grande salle du Palais d’Auron. La projection sera suivi d’un débat, à 18 heures, dans le cadre des « Entretiens de Bourges ».
L’année dernière, mon film « Les pirates du vivant » avaient gagné trois prix: le Grand prix, le prix du meilleur documentaire, et le prix Ushuaïa.
Ce soir-là, j’avais fêté l’obtention de mon vingtième prix!

– dimanche 12 octobre: conférence au « 24 heures du livre » au Mans (après-midi)

– lundi 20 octobre: projection débat au cinéma l’Escurial, à Paris (voir affiche), organisée par la Ligue des droits de l’homme et les amis du Monde Diplomatique.

– lundi 27 octobre, projection débat au cinéma l’Escurial, à Paris, organisée par les Verts.

– vendredi 24 octobre, projection à Lisbonne (Portugal) lors du festival Doclisboa. Participation à la soirée de clôture, le jour suivant.

Appel à la solidarité pour les faucheurs volontaires

Récemment les tribunaux de Toulouse et de Carcassonne ont rendu leur jugement concernant les faucheurs volontaires.

En ce qui concerne le procès qui s’était tenu à Toulouse, les 5 et 6 juin, où j’avais été citée comme « témoin sachant », pour reprendre l’expression du juge, le tribunal a condamné les faucheurs à des peines très sévères, ainsi que le résume le bulletin d’Univers Nature du 4 septembre, dont je cite un extrait:

« Le tribunal correctionnel de Toulouse a rendu aujourd’hui son jugement dans le dossier de la destruction, fin juillet 2006, de 2 parcelles de maïs OGM en Haute-Garonne . Le verdict prononcé s’affiche très lourd pour les 41 faucheurs volontaires, dont José Bové, avec des peines allant de 180 jours-amende à 1 mois de prison avec sursis. Comme demandé par le procureur de la république lors de sa réquisition, José Bové a écopé de 180 jours-amende (à raison de 100 €/jour), tandis que pour 4 autres faucheurs le tribunal a retenu 120 jours-amende, d’un montant journalier identique. Concernant les autres accusés des peines de 1 à 2 mois de prison avec sursis ont été prononcées.

En outre, à titre de dommages à l’exploitant de la parcelle commerciale semée en maïs MON 810, les prévenus devront verser 13 234 € pour la perte occasionnée, plus 1 944 € de remise en état du champ et 2 000 € de préjudice moral. Pour le champ d’essai, la ‘facture’ est encore plus élevée avec 32 892 € au titre du préjudice matériel et 1 000 € pour le préjudice moral au bénéfice du semencier Pioneer.
Au final, l’addition pour les faucheurs d’OGM s’élève donc à environ 115 000 €.  »

Curieuse condamnation quand on sait que les 41 faucheurs étaient poursuivis pour avoir détruit des parcelles de MON 810, le maïs OGM de Monsanto (vendu ici par Pioneer), dont la culture a été suspendue en février dernier par le gouvernement, au nom du principe de précaution…

En revanche, le tribunal de Carcassonne a… relaxé les faucheurs, ainsi que le rapporte Le Point.fr, le 17 septembre:

« Le tribunal de grande instance de Carcassonne a relaxé 28 faucheurs d’OGM, dont José Bové, poursuivis pour avoir envahi un site du semencier Monsanto en 2006, apprend-on de source judiciaire.

A l’audience, le 2 juillet dernier, le procureur de la République avait requis une amende de 3.000 euros, « dont une grande partie avec sursis » contre les prévenus.

Monsanto a exprimé son « incompréhension » et son « exaspération » devant la décision rendue. « La relaxe prononcée revient à nier toute action délictueuse et tout préjudice pour Monsanto et ses collaborateurs », a déclaré dans un communiqué Laurent Martel, directeur de Monsanto France.

Pour le semencier, les faits jugés à Carcassonne étaient « clairement délictueux ».

Le 13 avril 2006, alors que la France s’apprêtait à cultiver plusieurs milliers d’hectares d’OGM en l’absence de tout cadre légal, plus de 150 militants anti-OGM avaient effectué une « inspection citoyenne » sur le site de Trèbes (Aude).

Ils entendaient vérifier si des semences génétiquement modifiées y étaient stockées. Aucune dégradation n’avait été commise au cours de cette opération, selon Greenpeace. Monsanto avait porté plainte pour « entrave à l’exercice de la liberté du travail d’une manière concertée et à l’aide de voies de fait. »

A l’origine, seul José Bové et quatre autres militants anti-OGM étaient poursuivis. Mais une vingtaine d’autres participants à l’action s’étaient présentées à l’audience comme « comparants volontaires » et avaient obtenu d’être jugés.

Greenpeace s’est réjoui dans un communiqué de la relaxe.

« Cette action visait à pallier et pointer le manque de transparence de ces cultures potentiellement dangereuses. En suspendant provisoirement la culture de Mon 810, la France a d’ailleurs implicitement reconnu la justesse de la démarche des lanceurs d’alerte qu’ont été Greenpeace, la Confédération paysanne et les Faucheurs », dit l’organisation. »

Je lance un appel à la solidarité pour soutenir financièrement les faucheurs volontaires dont les amendes cumulées atteignent plusieurs centaines de milliers d’Euros. Il est possible de verser des dons, déduisibles des impôts, à la caisse créée à cet effet, dont les internautes peuvent consulter les références sur le site « Sans Gène ».

Je reproduis ici le modèle du formulaire disponible sur le site pour accompagner les dons.

Je rappelle que c’est précisément, parce qu’ils n’ont pas su résister à l’invasion de leurs champs par les OGM, que les Canadiens qu’aujourd’hui « 70% de leurs aliments préparés à base de maïs, canola (colza) , de soja ou de leurs dérivés contiennent des OGM », ainsi que le rapporte la diapositive projetée pendant la conférence que j’ai donnée à l’Université de Montréal, à la mi septembre (voir photo).