Un échange de mail fort instructif entre l’AFIS et un médecin (1)

Vendredi soir, j’étais à Elne, près de Perpignan pour une projection/débat qui a duré jusque tard dans la nuit.
Y participait le Dr. Francis Déprez, médecin, qui a été très touché par le conflit d’intérêt non assumé des membres de l’AFIS, dont le Dr. Kuntz, qui m’a vivement attaquée, sans préciser ses liens avec les fabricants d’OGM.

C’est précisément ce conflit d’intérêt qu’a dénoncé le Dr. Kahn, dans sa lettre de démission du conseil d’administration de l’AFIS ( que j’ai postée sur mon Blog).

Le Dr. Déprez a donc voulu en avoir le coeur net et s’est adressé à l’AFIS. S’en est suivi un échange de mails avec Michel Naud, le président de l’AFIS, qui, je le rappelle, se présente comme un « bright » (un « éclairé ») que le Dr. Déprez m’a autorisé à reproduire:

Madame,
Vous pouvez faire l’usage que vous pensez utile de mes échanges de courriels avec l’AFIS. Ces scientistes défendent toutes les bonnes causes, des OGM au nucléaire, du rapport de l’Inserm sur la délinquance en culotte courte chère à Sarko (et pour laquelle l’Inserm elle-même a fait son autocritique) à la dérégulation économique et sociale… La poubelle déborde.
Et encore merci pour votre travail.
Francis Déprez

Voici donc l’échange de courriels que les lecteurs sauront apprécier…Je précise que Louis-Marie Houdebine, de l’INRA, autre membre de l’AFIS, s’est mêlé à cet échange fascinant…

(message suivant)

Un échange de mail fort instructif entre l’AFIS et un médecin (2)

——- Original Message ——–
Subject: question
Date: Sat, 19 Apr 2008 16:07:32 +0200
From: Francis D?éprez
To: webmestre01@pseudo-sciences.org

Bonjour,
Pourquoi ne voulez-vous pas publier vos conflits d’intérêts?
Merci de votre réponse.
Dr Francis Déprez

La réponse de Michel Naud:

Bonjour à vous,

Je vous réponds à chaud et à titre strictement personnel : autrement dit ce n’est pas une position institutionnelle de l’association.

En ce qui me concerne je n’ai pas l’ombre d’une relation avec ni l’agriculture ni la biologie ni les biotechnologies ni ni ni… je suis un inégnieur métallurgiste, chef d’une entreprise de fonderie de quatorze salariés que j’ai créée en 2000 après avoir été salarié pendant 22 ans en usine dans différents groupes sidérurgiques à capitaux privé ou public. Voilà : ça c’est réglé.

Sur le fond, maintenant, je vais vous répondre en deux fois deux points :

1) D’abord raisonnons indépendamment de ceux qui nous somment de montrer patte blanche. La question n’est absolument pas pertinente.
Nous sommes une association ; nous existons depuis quarante ans ; nous défendons une certaine posture qui est parfaitement définie dans nos statuts ; le seul conflit d’intérêt qui nous préoccupe au plus haut point est que quelqu’un qui s’exprime peu ou prou au nom de l’association le fasse en respectant l’orientation de notre association.
A contrario nous ne sommes bien évidemment pas ni une agence du service public de l’expertise scientifique ni une expression institutionnelle ou quasi institutionnelle des institutions scientifiques.
Donc… rien, absolument rien, ne justifie que l’association se préoccupe de savoir si tel propos tenu sur les productions énergétiques rejetant peu de CO2 dans l’atmosphère est tenu par quelqu’un qui est en lien de près ou de loin avec EDF ou de savoir si tel biologiste de notre association est en lien ou non avec une entreprise de biotechnologie. Ces préoccupations sont hors sujets : nous sommes une association « citooyenne » comme on dit maintenant, pas une agence gouvernementale.

2) Les activistes anti-OGM, et particulièrement ceux qui le sont au titre (ou en même temps) d’un engagement politique antisystémique (anticapitaliste ou altermondialiste), ont choisi d’un point de vue tactique (ou pour tout autre motif, cela m’indiffère) de porter le discrédit sur tout chercheur ou expert n’allant pas dans leur sens en susurrant un lien de dépendance plus ou moins direct, plus ou moins caché avec les industriels, et si possible avec le diable en personne, autrement dit l’entreprise de Saint Louis Missouri dont il est devenu presque indécent de prononcer le nom. En ce qui concerne l’AFIS ces accusations touchent bien sûr les biologistes qui sont engagés avec nous, et en premier lieu ceux qui font partie de notre conseil scientifique : Louis-Marie Houdebine et Marcel Kuntz. Je connais ces biologistes. Ils pourraient avoir un intérêt personnel (outre qu’ls ne pourraient pas être expert à l’AFSSA comme LMH par exempe). Ils se trouvent qu’ils n’en ont pas et que de leur propre initiative ils ont produit des « déclarations d’intérêt » au sein de l’AFIS, et je défends le point de vue qu’il ne faut pas les publier ou en tout cas pas maintenant !

Pourquoi donc ?

1) D’abord parce que je ne supporte pas les méthodes inquisitoriales et qu’en ce qui me concerne la première raison qui justifie de ne pas montrer patte blanche est que des gens qui ne m’apparaissent pas du tout respectables demandent de le faire ! Peut-être est-ce une réaction passionnelle, je suis prêt à l’admettre, mais je ressens comme une agression insupportable d’être ainsi sali par des insinuations de la sorte.

2) Ensuite parce que, quand j’arrive à dépasser cette réaction instinctive, je suis intimement persuadé que le fait de montrer patte blanche ne sert à rien ; ces gens trouveront toujours le moyen de lancer une nouvelle rumeur discréditante du genre « oui mais… » suivi d’un nouveau venin, et on ne s’en sort pas ! Je le vois sur les blogs : si j’interviens on me reproche soit de ne pas être compétent (je ne suis certes pas un spécialiste) soit des liens que que certains distillent avec des entreprises de biotechnologies (sur le blog de marie monique robin un internaute a jeté en pâture l’hypothèse abracadabrante que j’aurais des liens avec une entreprise intitulée Advanced Cell Technology ???? …), et en ce qui concerne ceux qui sont compétents soit on met néanmoins en cause leur compétence soit on les taxe de liens… la logique de l’inquisition ou des tribunaux du peuple est infernale ; comme je le dis souvent, mon premier patron me disait que face à l’adversité « ne vous justifiez pas : c’est une preuve de faiblesse », je crois que c’est un conseil pertinent de quelqu’un d’expérience.

Communiquerons dans le futur sur cette dimension ? je ne sais pas ; je ne crois pas ; je pense qu’il vaut mieux communiquer sur le caractère profondément indigne de discréditer les experts de notre service public de l’expertise scientifique, sur la nécessité impérieuse qu’ils soient désignés exclusivement sur des critères de compétence démontrée et reconnue par leurs pairs, et par contre, effectivement, pour ceux à qui une mission de service public d’expertise est confiée, que la transparence nécessaire soit apportée.

J’espère avoir répondu à votre question ; un peu longuement certes, mais vous ne pouvez pas ressentir à quel point ces agressions répétées, car c’en sont bel et bien, sont nauséabondes pour nos chercheurs.

Cordialement

Michel Naud, qui se trouve être le président actuel de l’afis et qui vous répond à titre personnel

La réponse du Dr. Déprez:

Monsieur,
Votre réponse est assez surprenante. Ma question s’adressait à l’ensemble de l’équipe de l’AFIS, association que je connais non seulement par le bulletin du Conseil de l’Ordre des médecins, mais aussi parce que je consulte périodiquement votre site, pour voir quelles sont vos conceptions de l’exercice de la médecine. C’est aussi en tant que médecin, pour pouvoir répondre aux inquiétudes de mes patients que je consulte les sites les plus divers pour compléter mes connaissances, et éviter de raconter n’importe quoi. Ayant appris à me méfier des informations unilatérales, je passe mon temps à croiser les sources d’informations.
Contrairement à vous, je ne pense pas que les choix énergétiques ou alimentaires d’une société doivent être confiés aux seuls experts, aussi qualifiés soient-ils. Les exemples des experts menteurs du Comité Permanent de l’Amiante, du centre de Transfusion sanguine, de l’Hormone de croissance, et du Pr Pellegrin lors de l’accident de Tchernobyl nous ont beaucoup appris sur les bassesses de certains éminents experts. Je pense que tous les citoyens ont le droit de s’exprimer sur les choix qui les concernent. C’est d’ailleurs ce que vous faites quand, ingénieur métallurgiste, vous vous exprimez sur les OGM ou l’exercice de la médecine (en revanche, c’est contraire au communiqué de l’AFIS du 20 janvier 2008 qui dit que « les experts rattachés (aux) ONG n’ont aucune légitimité scientifique » et n’ont donc pas droit à la parole).
Quand je m’exprime publiquement, je trouve normal, conformément à la loi, d’exposer mes conflits d’intérêts. Cela ne me pose aucun problème, car je n’ai rien à cacher. Or, lors de mes recherches internet, j’ai vu sur le site Criigen que le Pr Kahn avait quitté votre équipe, parce que vous refusiez de communiquer vos conflits d’intérêts. Et votre réponse n’est pas faite pour me rassurer.
De quel droit jugez-vous que les gens qui vous posent cette question (dont le Pr Kahn) « ne sont pas respectables »? En quoi cette question normale relève-t-elle de « méthodes inquisitoriales »? ou de la « logique des tribunaux du peuple »? ou « d’agressions nauséabondes »? Tout ce vocabulaire n’est pas très scientifique.
Je réitère donc ma question : pourquoi ne voulez-vous pas publier vos conflits d’intérêts?
Meilleures salutations.
Dr Francis Déprez

La réponse de Michel Naud et de Louis-Marie Houdebine:

Cher docteur,

ma réponse vous surprend voire vous inquiète ;
bien sûr je connais la réaction de Marcel-Francis Kahn,
elle est entièrement dictée par son engagement politique à la gauche de la gauche,et je déplore de constater que la politique puisse à ce point affecter le comportement ;
je sais que dans les revues de médecine les déclarations d’intérêt sont réalisées,
mais nous ne sommes pas une revue de médecine, nous sommes une association,comme greenpeace ou le criigen ou france nature environnement,nous sommes simplement moins riches et moins nombreux 🙂
plus sérieusement… à qui doit revenir la charge de la preuve ?
aux accusateurs ou aux accusés ?
nous sommes harcelés sur le sujet parce que d’aucuns et d’aucunes ontargumenté en disant que si nous affirmons que les biotechnologies sont prises en otage d’un débat qui ne les concerne pas, c’est la preuve que nous sommes payés par Monsanto…
Et alors nous devrions cèder à la pression inquisitoriale ?
On nous accuse et nous devrions prouver notre innocence ?
Voilà pourquoi cela me révolte…
Je ne vous dis pas que c’est une réaction raisonnée :
oui elle a une dimension passionnelle,
je ne supporte pas que l’on m’accuse et m’injurie pour la seule raison que je ne laisse pas désinformer tranquillement…
je ne suis pas prêt à accepter les torrents de haine qui se déversent dans les forums,je ne suis pas prêt à accepter de plier à des sommations arrogantes.
Vous exercez dans les Pyrénnées Orientales, vous ne pouvez donc pas ignorer le rugby.
J’ai toujours joué au rugby, et j’y joue encore
– désormais et depuis quelques années déjà, j’ai 55 ans, au sein de l’équipe des vétérans
de mon club, le stade nantais université club – ; et je complèterai que j’ai quasiment toujours joué en première ligne ; vous imaginerez que je n’ai pas caractère à me laisser impressionner par l’adversité et à me laisser marcher sur les pieds.

Ceci dit, je vous donne mon avis personnel,
si mes amis pensent différemment,
si la pression devient telle que nos amis biologistes préfèrent calmer le jeu,
ne serait-ce que l’espace fugace d’un instant, en cédant à la pression de l’inquisition
ils le feront : ils n’ont pas besoin de mon autorisation 🙂

Je vous mets en copie ci-dessous la réaction de Louis-Marie Houdebine.

Si en plus on pouvait croire que cela servirait à quelque chose…

Cordialement à vous,
Michel Naud

—– Original Message —–
From: Louis-Marie HOUDEBINE
To: Michel NAUD
Sent: Monday, April 21, 2008 9:12 AM
Subject: Re: question]

Dur, dur. La question est toujours celle de savoir quoi faire en face des gens de mauvaise foi et qui de plus sont haineux. Ma première réaction quand tu as proposé de ne pas publier nos réponses à ceux qui nous accusent d’intelligence avec l’ennemi a tout d’abord été la surprise. J’ai rapidement été convaincu que c’était mieux ainsi. Il est difficile de prouver quelque chose de négatif dans ces domaines et impossible avec des tricheurs. J’ai rarement été accusé de connivence avec Monsanto ou autre et je n’avais donc pas bien réfléchi à ce problème. Ma réponse sera désormais que je n’ai rien à prouver mais que c’est à ceux qui m’accusent d’apporter des faits précis pour justifier leur accusation. J’ai un siècle tranquillité assurée avec cette réponse.
Bon courage
Louis-Marie

La réponse du Dr. Déprez:

De : Francis D?éprez
Date : 22 avril 2008 16:47:30 HAEC
À : Michel NAUD
Objet : privé-public

Monsieur,
Décidément, pour vous « science » rime avec secret. Comme secret d’Etat, ou secret commercial, principal argument de Monsanto pour refuser de divulguer ses études gênantes. Vous regrettez que Monsanto n’ait pas bonne presse. Mais une firme qui fait du fric en temps de guerre avec l’agent orange tératogène et cancérigène déversé sur les populations indochinoises, et en temps de paix en couvrant la planète de Round Up cancérigène ne peut pas être vraiment sympathique. Quant à ceux qui, en toute connaissance de cause, se mettent au service de telles entreprises, ils ont certainement des raisons très personnelles de le faire.
Mon boulot ne consiste pas seulement à soigner les gens, mais aussi à les mettre en garde contre ce qui peut nuire à leur santé. Dans mon deuxième courriel je vous ai d’ailleurs précisé : « C’est (…) pour pouvoir répondre aux inquiétudes de mes patients que je consulte les sites les plus divers pour compléter mes connaissances, et éviter de raconter n’importe quoi. » Je vous ai posé, à visage découvert, une question simple, pas une question d’ordre privé, une question d’intérêt public. Vous prétendez que votre réponse est d’ordre privé. Si tel était le cas, à une réponse d’intérêt public, vous ne donneriez que des réponses d’ordre privé, adaptées au profil de chacun de vos interlocuteurs. Ce qui serait très curieux de la part des adorateurs de la science que vous affectez d’être.
Meilleures salutations.
Dr Francis Déprez

Les OGM ne résoudront pas le problème de la faim dans le monde

D’après l’ONU, les OGM ne résoudront pas les problèmes de faim dans le monde, encore un mythe qui s’écroule.

Le journal britannique The Independant a publié le 20 avril 2008, un article intitulé « The Great GM Crops Myth » qui confirme ce que je dis dans mon film et livre: les OGM ne résoudront pas le problème de la faim dans le monde: c’est un leurre!

Le site combat-monsanto a publié la traduction en français de cet article fort intéressant que je reproduis.

Alors que les appels partisans se multiplient pour le recours massif à la technologie transgénique afin de « résoudre la crise alimentaire mondiale », de nouvelles études scientifiques viennent contredire ces voix et révèlent que la modification génétique diminue la productivité des cultures.

Une étude, qui a été menée sur une période de trois ans à l’University of Kansas, épicentre de la ceinture agricole américaine, a découvert que le soja transgénique produit environ 10% de moins que son équivalent conventionnel. Ces résultats viennent contredire toutes les affirmations des défenseurs de la biotechnologie qui soutenaient que les OGM augmentaient les rendements.

Le professeur Barney Gordon, du département de recherche agronomique de cette université, affirme avoir débuté cette étude après avoir reçu des plaintes de cultivateurs.
En effet, de nombreux fermiers qui venaient de passer à la culture de soja génétiquement modifié remarquaient que « les récoltes n’étaient pas aussi élevées qu’espérées même dans des conditions optimales », et ils ajoutaient dans leur surprise : « comment cela se fait-il que je n’obtienne pas une aussi bonne récolte qu’avant ? »

Cette expérience a été menée à partir de semences de soja Roundup Ready de Monsanto et une variété semblable conventionnelle qui ont été cultivées dans le même champs, dans des conditions identiques. Les résultats obtenus révèlent une différence de rendement significative puisque les plantes transgéniques ont produit seulement 70 « boisseaux US » [1] (1904kg) de graines par acre, contre 77 « boisseaux US » (2095kg) de graines par acre pour le soja conventionnel.

Une seconde découverte révèle que les cultures transgéniques peuvent combler cette différence de rendement en ajoutant une dose plus élevée de fertilisant (manganèse), ce qui laisse suggérer au chercheur que la modification génétique altère la capacité de la plante à puiser les éléments essentiels dans le sol.

De plus, même avec cet ajout de fertilisant, en aucun cas la récolte de soja transgénique n’arrive à dépasser la récolte conventionnelle mais seulement à l’égaler.

Cette nouvelle étude vient confirmer les conclusions d’une autre étude réalisée par l’University of Nebraska qui avait découvert que les semences de soja de Monsanto produisaient 6% de moins que son équivalent conventionnel, et que la différence allait jusqu’à 11% en comparaison avec les meilleures graines à haut rendement disponible sur le marché.

L’étude du Nebraska suggère que deux facteurs doivent être considérés pour comprendre cette différence de rendement. Premièrement cela prend du temps d’élaborer une espèce génétiquement modifiée, et durant ce délai de développement d’autres espèces conventionnelles sont améliorées pour augmenter le rendement selon les techniques traditionnelles de sélection. Même l’USDA, le Ministère de l’Agriculture, connu pour son soutien aux biotechnologies, reconnaît que ce décalage entraîne une baisse du rendement des récoltes.

Mais le fait est que même lorsque l’on réalise la comparaison ente du soja OGM et non-OGM avec des variétés identiques, la différence de rendement est toujours présente, ce qui implique qu’un second facteur intervient.
Les deux Universités s’accordent sur le fait que ce serait la modification génétique qui aurait pour effet secondaire de réduire la productivité de la plante.
Il semblerait que la situation se soit aussi produite avec les cultures de coton génétiquement modifié puisque la récolte totale américaine a décliné au fur et à mesure que la technologie transgénique prenait le dessus.

Monsanto a reconnu sa surprise face à l’envergure du déclin de productivité révélé par l’étude du Kansas mais n’a pas nié le fait qu’il existe une différence de rendement des récoltes. L’entreprise a déclaré que son soja n’avait pas été élaboré pour augmenter les récoltes mais qu’elle travaillait actuellement au développement d’une nouvelle espèce à haut rendement. Les critiques doutent que ce soit réalisable car cela exigerait des modifications génétiques beaucoup plus complexes.

De plus Lester Brown, President du Earth Policy Institute à Washington, et qui fut l’un des premiers à prédire la crise alimentaire actuelle, remarque que la physiologie des plantes atteindrait déjà les limites de la productivité maximale envisageable. Lui-même un sélectionneur chevronné, il dresse une métaphore avec les coureurs de sprint. « Depuis le premier homme qui est descendu en dessous de la barre des 10 secondes aux cent mètres, le meilleur temps n’a été amélioré que très modestement, malgré toutes les techniques d’entraînement les plus avancées, personne n’imagine descendre en dessous des 9 secondes. »

A la mi-avril, la plus grande étude réalisée à ce jour sur le sujet des rendement agricoles, qui a été menée par l’International Assessment of Agricultural Science and Technology for Development et soutenu par l’ONU [2], a conclu que les OGM ne pouvaient pas résoudre la pénurie alimentaire actuelle.

Lorsqu’on lui a demandé si les OGM pouvaient être la solution contre la faim dans le monde, le professeur Bob Watson, le directeur de l’étude mais aussi scientifique en chef pour le Department for Environment, Food and Rural Affairs (Ministère Anglais), a dit que la « réponse est simple, c’est non ».

D’après la traduction d’un article de Geoffrey Lean, The great Gm crops myth, pour The Independent, 20 Avril 2008.

[1] Le boisseau US est une unité utilisée en agriculture pour les cotations en bourse des ventes de céréales aux États-Unis. Les équivalences standards avec les unités utilisées pour les cotations en Europe sont les suivantes : 1 boisseau US de blé vaut 0,02721 tonnes ; 1 boisseau US de maïs vaut 0,02540 tonnes ; 1 boisseau US de soja vaut 0,02721 tonnes

[2] The IAASTD was launched as an intergovernmental process, with a multi-stakeholder Bureau, under the co-sponsorship of the FAO, GEF, UNDP, UNEP, UNESCO, the World Bank and WHO

Un échange de mail fort instructif entre l’AFIS et un médecin (fin)

Réponse du Dr. Déprez:

Monsieur,
Vous ne voulez donc pas rendre public vos conflits d’intérêts, et c’est votre droit. Mais je souris en voyant M. Houdebine considérer nos demandes (celles du Pr Kahn, d’autres et de moi-même) comme émanant de « tricheurs ». Les seuls tricheurs en l’occurrence sont ceux qui, comme lui, refusent la transparence. La déclaration de conflit d’intérêts ne concerne pas seulement, comme vous le dites, les revues médicales de haut niveau. Elle concerne les médecins qui, comme moi s’expriment en public (j’écris des articles). Normalement, le conseil de l’ordre veille au respect des règles de probité dans ce domaine. Mais, estimant sans doute que les contrôles de l’ordre n’étaient pas assez rigoureux, le législateur a trouvé utile de nous imposer la déclaration au moyen d’une loi. De même, compte-tenu de l’opacité habituelle de fonctionnement des agences officielles, les experts des AFSSA de tout genre et de la HAS sont-ils, eux aussi, contraints de déclarer leurs conflits d’intérêts. Et la transparence n’est pas encore suffisante, comme nous pouvons le lire dans la revue « Prescrire », seule (!) revue médicale française indépendante.
Vous avez parfaitement le droit de ne pas jouer la transparence. Mais, ce faisant, vous décrédibilisez complètement les informations prétendument « scientifiques » de votre site. Vous ne serez donc pas étonnés que je rende public votre refus de publier vos conflits d’intérêts.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.
Dr Francis Déprez

Ultime réponse de Michel Naud:

De : « Michel NAUD »
Date : 21 avril 2008 18:33:50 HAEC
À : Francis D?éprez
Objet : Rép : complément de réponse à votre question

Cher docteur,
Quelle belle illustration vous feriez, en rendant publique des conversations privées dont la publicité éventuelle n’a jamais été évoquée, du comportement de tricheur que vous récusez.
Comme quoi j’en apprends encore tous les jours sur la nature humaine.
Merci de cette leçon.
Cette conversation aura au moins servi à cela.
Salutations
Michel Naud

Soutenez l’amendement 252!

Le point sur le débat parlementaire

J’ai co-signé la lettre adressée à François Fillon, parue dans Libération du 16 avril, sous le titre « OGM : lettre à François Fillon ».

Dans ce texte, on pouvait notamment lire ce petit rappel fort pertinent sur les engagements pris par le gouvernement lors du Grenelle de l’environnement :

«Le 25 octobre, l’ensemble des négociateurs, y compris les représentants de la profession agricole et du gouvernement, concluaient à l’unanimité sur l’«adoption d’une loi sur les biotechnologies et les OGM avant la fin du printemps 2008», reposant notamment «sur les principes suivants : responsabilité ; principe de précaution ; transparence et participation ; libre choix de produire (règles de coexistence) et de consommer sans OGM».
Ce même jour enfin, dans son discours de clôture, le président de la République affirmait :
«La vérité est que nous avons des doutes sur l’intérêt actuel des OGM pesticides ; la vérité est que nous avons des doutes sur le contrôle de la dissémination des OGM ; la vérité est que nous avons des doutes sur les bénéfices sanitaires et environnementaux des OGM.»

Force est de reconnaître qu’en première lecture les sénateurs se sont employés à vider ces engagements de leur contenu.

On pouvait donc craindre le pire lors de l’examen du projet de loi par l’Assemblée nationale, pendant les dix premiers jours d’avril. Certes, on a entendu des énormités et des contre vérités proférées , comme je l’ai déjà souligné, par certains députés de l’UMP , comme Christian Jacob, qui ont affirmé avec un incroyable aplomb que la « contamination n’était pas un problème », alors que de l’aveu même des producteurs d’OGM canadiens, l’introduction du colza transgénique il y a dix ans a fait disparaître le colza conventionnel et bien sûr biologique dans tout le pays, en raison même de la contamination (j’y reviendrai dans un message ultérieur).

En attendant, tous ceux qui ont assisté aux débats confirment que , pour la première fois en France, on a vraiment débattu et qu’un trouble sérieux s’est répandu dans les rangs de l’UMP quant à l’utilité des « OGM pesticides », pour reprendre les mots du président Sarkozy. J’ajouterai « de Monsanto », car, je rappelle, que l’enjeu de la loi concerne l’introduction dans nos champs des seuls OGM cultivés actuellement : à savoir les « OGM pesticides de Monsanto ». Les « autres », les « beaux, les magnifiques », pour l’heure, n’existent pas…

Il n’en reste pas moins que la loi est passée (en première lecture à l’assemblée nationale) et qu’elle constitue un recul par rapport aux engagements du Grenelle de l’environnement puisqu’elle repose sur une illusion : la possibilité d’organiser la coexistence entre les cultures OGM et non OGM (certains députés ont proposé des distances réglementaires de dix ou quinze mètres… !)

C’ est un leurre ! Ainsi que je l’ai vu en Amérique du nord ou du sud, l’introduction des OGM met en péril la biodiversité et menace immanquablement l’agriculture conventionnelle et biologique. Et qu’on cesse de parler de « liberté ou de choix de l’agriculteur » : ce sont les OGM qui contaminent les plantes conventionnelles et pas le contraire !

Si la loi était donc confirmée, on peut s’attendre à la disparition programmée de l’agriculture biologique (à un moment où la demande pour les produits bio est en pleine expansion) et à la multiplication des contentieux et litiges interminables dans les campagnes, ainsi que c’est déjà le cas au Canada ou aux Etats Unis (ce sera le thème d’un message ultérieur).

Un détail ne trompe pas : suivant l’exemple britannique, les assureurs agricoles français viennent d’annoncer qu’ils refusaient d’assurer les producteurs d’OGM notamment contre les risques de contamination…

Pour l’heure, seul l’amendement 252, introduit par André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme, permet de limiter la casse ( à noter qu’un amendement similaire (180) avait été proposé par Louis Giscard d’Estaing qui l’a finalement retiré, face à la pression de son groupe).

Je rappelle que cet amendement a permis de modifier l’alinéa 2 de l’article 1er de la loi par l’injonction que les cultures transgéniques doivent se développer dans le respect «des structures agricoles, des écosystèmes locaux, et des filières de production et commerciales qualifiées « sans organismes génétiquement modifiés », et en toute transparence.»

Dans les faits, si l’amendement était maintenu, cela limiterait considérablement les territoires cultivés en OGM, puisque ceux-ci devraient être exclus, par exemple, des secteurs sous AOC (Appellation d’origine contrôlée).

Mais bonjour le casse-tête dans les campagnes !

En deuxième lecture de la loi, les 16 et 17 avril, les sénateurs n’ont pas complètement évincé l’amendement (malgré la demande expresse du Premier ministre François Fillon) mais en ont potentiellement limité la portée, en renvoyant à une définition ultérieure du Haut Conseil des biotechnologies sur la définition du « sans OGM »…

Et là deux conceptions risquent de s’affronter: celle des pro-OGM, qui vont soutenir qu’un produit peut être déclaré « sans OGM » s’il comprend moins de O,9% d’OGM, ce qui correspond au seuil d’étiquetage défini par la réglementation européenne.
Quant aux anti-OGM, ils vont défendre que le sans-OGM correspond au seuil de détection technique , soit moins de O,1% d’OGM.

Comme les souligne très justement Gaëlle Dupont, dans Le Monde , « l’enjeu est important , car des seuils choisis dépendront les distances de sécurité entre les champs et les modalités d’indemnisation des agriculteurs containés, donc la viabilité économique des cultures OGM ».

Il n’en reste pas moins que l’affaire n’est pas encore pliée, et qu’il appartient désormais aux CITOYENS ET ÉLECTEURS CONSCIENTS ET INFORMÉS DE SE MÊLER DE CE QUI LES REGARDE.

Pour cela j’appelle à signer la pétition pour soutenir le maintien de l’amendement 252 :

et à interpeller les députés dans leurs circonscriptions, avant le deuxième examen de la loi à l’assemblée nationale (dont la date n’est pas fixée).

Je rappelle, en effet, que la loi a été adoptée, en première lecture, à une courte majorité : par 249 voix contre 228.

Le vote du groupe UMP fut le suivant : 245 pour, 10 contre et 31 abstentions. 26 UMP étaient absents et n’avaient pas donné de délégation de vote. D’après le député François Grosdidier, un certain nombre de députés qui se sont abstenus auraient voté contre la loi, si François Fillon n’était intervenu devant le groupe UMP pour un « appel à la discipline ».

Le vote du groupe du Nouveau Centre fut de 4 pour, 1 contre, 10 abstentions, 7 absents sans délégation de vote

Le vote du groupe socialiste et PRG est le suivant : 197 contre, 0 pour, 0 abstentions. Par contre 8 députés étaient absents et n’avaient pas laissé de délégation : Christian Bataille, Jean Michel Boucheron, Jean-Christophe Cambadélis, Jean-Paul Chanteguet, Gilles Cocquempot, Michel Destot, Manuel Valls.

Le vote du groupe GDR (communistes et verts) est unanime 24 contre.

Sur les 7 non inscrits, 4 ont voté contre (notamment François Bayrou et Jean Lassalle) et 3 étaient absents.

Il est ENCORE TEMPS DE CONTACTER LES DÉPUTÉS QUI SE SONT ABSTENUS ET LES ABSENTS SANS DÉLÉGATION DE VOTE pour les convaincre de voter contre la loi en deuxième lecture.

Les internautes peuvent consulter le résultat du vote nominal sur le site de l’Assemblée Nationale, pour savoir quelle fut la position de leur représentant au Palais Bourbon:

Agenda de la semaine du 21 avril

Je continue (malgré la fatigue… et la préparation de mon prochain film pour Canal+ sur « Torture made in USA ») mon tour de France et de Navarre.

Je dois dire que je suis très impressionnée (et émue) par ces rencontres avec le public devant des salles archi-pleines, où les organisateurs doivent refuser du monde en grand nombre comme récemment à Marseille, au risque de provoquer une émeute!
Pour répondre aux très nombreuses demandes, ARTE est en train d’étudier la possibilité d’une sortie du film en salle, en collaboration avec Image et Compagnie

– lundi 21 avril , 20 heures, à Tours : signature à la librairie « La boîte à livres ».

– jeudi 24 avril, 20 heures, à Avignon : projection/débat/signature au cinéma l’Utopia.

– vendredi 25 avril, 19 heures, à Alès : projection/débat/signature dans la salle du Capitole.

– samedi 26 avril, 15 heures, Montpellier : projection/débat/signature dans la salle Pétrarque.