Soirée à Joinville Le Pont/ agenda semaine du 16 juin

L’association Joinville Ecologie vient de m’envoyer cette photo de la soirée de vendredi dernier à Joinville Le Pont.

Par ailleurs, j’ai décidé de lever le pied concernant les projections débats. Je dois me consacrer au tournage de mon prochain film pour Canal + , diffusé en novembre prochain.

La semaine prochaine, je n’ai que deux rendez-vous qui ont lieu le même jour, vendredi 20 juin:

– 17 heures, signature à la FNAC Odéon
– 19:30 le film sera présenté au festival de la Terre Paris Bercy au Cinéaqua, au coeur des jardins du Trocadéro (voir affiche). J’animerai le débat avec Christian vélot

Le « golden rice »

N’en déplaise au cher Zobi, je maintiens que le « riz doré » est un « miroir aux alouettes », ainsi que me l’a d’ailleurs confirmé le journaliste du journal Le Temps (Genève) qui est bien placé pour suivre ce dossier de près. Il a confirmé tout ce que j’ai écrit à ce sujet dans mon livre (voir ci-dessous): la performance agronomique du riz doré est si dérisoire qu’il faudrait que les enfants en absorbent une quantité de neuf kilos par jour, pour couvrir leurs besoins en pro-vitamine A…

Pour les fabricants, en revanche, l’introduction du riz doré permet d’introduire en Asie le premier riz OGM , ouvrant ainsi la porte aux semences brevetées de cet aliment fondamental…

Plutôt que de bricoler le riz, on ferait mieux d’encourager les paysans à développer leurs cultures vivrières plutôt que de les piéger avec des cultures de rente comme le coton qui font leur malheur.

Pour faire le point sur ce dossier, brandi comme un trophée par les pro-OGM, depuis une dizaine d’années, sans que rien de concret n’ait jamais vu le jour, j’encourage les lecteurs à parcourir cet excellent dossier.

EXTRAIT DE MON LIVRE

« Contrairement à ce qu’affirme Monsanto, elle n’est pas une entreprise agricole, mais chimique, affirme Marc Brammer, un analyste financier de New York. La preuve en est que les seuls OGM qu’elle a réussi à mettre sur le marché sont des plantes résistantes à son herbicide vedette, le Roundup, qui représente toujours 30 % de son chiffre d’affaires , ou des plantes insecticides. Ces produits n’ont aucun intérêt pour les consommateurs, qui attendent toujours les OGM miracles que la firme n’a cessé de leur promettre, comme le riz doré qu’elle a annoncé à grand renfort de publicité. »

Pour être précise, la firme de Saint-Louis n’a pas inventé le fameux « riz doré », qui fut bricolé, avec les meilleures intentions du monde, par deux chercheurs européens : le Suisse Ingo Potrykus (Zurich) et l’Allemand Peter Beyer (Fribourg).
Ce riz OGM était censé produire de la beta-carotène, la vitamine A, que l’on trouve abondamment dans les carottes, dont la déficience entraîne, chaque année, la mort d’un million d’enfants du tiers monde et provoque la cécité de 300 000 autres.

Publiés dans Science en 2000, les résultats de laboratoire semblaient si prometteurs que le « riz doré » fit la une de nombreux journaux comme l’incarnation des « belles promesses » des biotechnologies.
Financés par la Fondation Rockefeller, les deux chercheurs décident de lancer leur bébé sur le marché, mais ils se trouvent confrontés à un inextricable problème de brevets : pour fabriquer leur « riz doré », ils ont utilisé des gènes et procédés couverts par pas moins de soixante-dix brevets appartenant à trente-deux entreprises ou centres de recherche !

Autant dire qu’à moins de vendre les précieuses graines à prix d’or, l’affaire est condamnée à l’échec. C’est là qu’intervient une association philanthropique, du nom de… Monsanto. Lors d’une conférence agricole organisée en Inde en août 2000, la firme annonce qu’elle va « faire don de certains de ses brevets pour accélérer l’utilisation du riz OGM, qui pourra sauver des millions d’enfants sous-alimentés ».

« Le développement de ce riz, assure alors Hendrik Verfaillie, qui succédera bientôt à Robert Shapiro à la tête de la firme de Saint Louis, , montre clairement que les biotechnologies peuvent aider non seulement les pays occidentaux mais aussi les pays en voie de développement . »
Seulement voilà : le « riz doré » a fini dans les oubliettes de l’histoire, car dès qu’il a été cultivé dans des conditions réelles, il produisait une quantité de béta-carotène si dérisoire qu’il ne servait absolument à rien…
« On n’a jamais su pourquoi, commente Marc Brammer, mais cette histoire illustre bien les inconnues qui entourent le processus de manipulation génétique. Or, celles-ci constituent un risque pour la performance de Monsanto à moyen et long terme : rien ne peut nous assurer que les OGM ne seront pas l’agent orange de demain… »

Les conséquences sanitaires du soja roundup ready en Argentine

Un journaliste argentin de Pagina 12, un journal argentin réputé pour la qualité de ses articles, m’a transmis un article publié récemment que le site combat-monsanto.org a traduit et mis en ligne sur les effets sanitaires des pesticides, et notamment du roundup sur la population. Cette étude, la première du genre en Argentine, confirme ce que mon documentaire « Argentine: le soja de la faim » rapportait déjà en 2005 ( www.vodeo.tv/94-148-1981-argentine-le-soja-de-la-faim.html)et ce que je raconte dans mon livre.

La version originale peut être consultée ici.

Et la traduction que je copie ci-dessous:

Une étude argentine confirme les effets sanitaires néfastes des pesticides et du roundup sur les populations agricoles.

Malformations, cancers et problèmes reproductifs ont tous des liens avérés avec l’utilisation et l’exposition aux polluants, dont entre autres les pesticides utilisés dans l’agriculture industrielle.
« Les découvertes sur les effets des pesticides et de leurs solvants sont indiscutables. » affirme Alejandro Oliva, médecin et coordinateur de l’investigation qui a inclus dans son protocole six villages de la Pampa Humeda, et qui confirme que dans ces localités le taux de cancer (de la prostate, des testicules, des ovaires, du foie, du pancréas, des poumons ou des seins) est largement au dessus de la moyenne nationale.
Le rapport explique aussi que quatre sur dix des hommes venus consulter pour infertilité avaient été exposés à des produits chimiques agricoles dans le passé. Le rapport avertit que les effets sanitaires des pesticides pourraient se manifester sur les générations futures :
« Les fils et les neveux des travailleurs ruraux, et des populations proches, sont ceux qui pourraient souffrir le plus de ces conséquences [troubles de la reproduction] dans dix ans. »

L’étude a été réalisée entre 2004 et 2007 par une équipe de l’Hôpital Italien de Rosario et conduit par le Dr Oliva, avec le support du Centre d’Investigation en Biodiversité et Environnement (Ecosur), l’Université Nationale de Rosario, la Fédération Agraire locale et l’ Institut National de Technologie Agricole (INTA).
L’hypothèse d’étude du groupe multidisciplinaire -formé d’écologues, épidémiologistes, agronomes, endocrinologues et sociologues- soulevait le fait que certains produits agrochimiques pourraient perturber la physiologie hormonale.
Les données de terrain confirment que les fonctions reproductives, tant féminines que masculines, sont très sensibles aux différents agents chimiques utilisés dans les activités agricoles.
« Il existe des relations causales ente les cas de cancer et les malformations infantiles qui touchent les habitants exposés à des facteurs de contamination environnementale comme les produits agrochimiques », affirme le rapport, réalisé par étapes pendant plus de trois ans et dont les résultats finaux viennent tout juste d’être rendus publique par « Les Cahiers de la Santé Publique » ( Cuadernos de Salud Pública) au Brésil.

L’investigation rappelle que toute la zone étudiée a été fumigée pendant des années avec des « organochlorés » (comme on dénomme des produits tel que le DDT, l’heptachlore, ou le HCH), qui, de 1960 à 1978, ont eu une large diffusion en même temps que les« organophosphorés », tel que le Parathion.
De 1978 à 1994, la tendance a été à l’introduction de nouveaux produits chimiques, comme les monocrotophos, l’endosulfan et la pyréthrine. Depuis 1994 ces deux derniers produits s’appliquaient avec du chlorpyriphos. « Sans oublier, la fracassante arrivée du glyphosate et de ses adjuvants » rappelle le scientifique.
Justement les organisations paysannes et indigènes accumulent les dénonciations contre ce produit, dont le nom commercial est le Roundup, du chimiste américain Monsanto, le pesticide le plus utilisé dans l’agriculture actuelle.
Seulement lors de la dernière année, et à raison de dix litres de glyphosate pur par hectare, les terres les plus productives d’Argentine ont été aspergées avec 165 millions de litres du produit toxique en question.
« Selon les chiffres de la FAO, l’Argentine a augmenté de plus de 200% son usage de pesticides, principalement dans la Pampa Humeda, à cause des herbicides utilisés pour la culture du soja transgénique. » peut-on lire dans le rapport.

Le groupe de professionnels soulignait que le taux général de cancer est moins important dans les zones rurales que citadines, mais leur étude a remarqué des résultats contradictoires en fonction du type de cancer. Certains cancers se retrouvent beaucoup plus en zone rurale, comme les lymphomes non hodgkiniens ou les cancers de la prostate, qui sont directement liés à la fabrication et à l’usage d’agrochimiques.
De plus, il ressort aussi un taux plus important de cancers des testicules et des ovaires, montrant une répercussion trois fois supérieure dans le premier cas, et de quasiment deux fois dans le second cas, en comparaison avec les estimations nationales. Les taux de cancers du foie ont été dix fois plus élevés que prévu, ceux du pancréas ou des poumons deux fois plus élevés. Quant à la femme, on a enregistré une augmentation significative du taux de cancer du sein. Les cancers du système digestif ont aussi été observés en plus grand nombre.

« Cela s’explique peut-être parce que ce sont des zones qui ont été très exposées aux produits chlorés, et maintenant des zones exposées au glyphosate, dont nous savons qu’il provoque des irritations permanentes du système digestif. »

En plus de l’usage de produits agrochimiques sur les plantes céréalières dans les champs, on signale comme autres sources de contamination les entrepôts d’insecticides, les lieux où sont lavés et entreposés les équipements de fumigation, les dépotoirs et les transformateurs électriques avec des PCB. Le relevé d’étude démontre que 90% des cancers se rencontrent dans une périphérie de 300 mètres autour de ces zones contaminées.

Ce travail d’investigation a choisi comme objet d’étude des zones considérées comme représentatives du modèle de l’agro-industrie prédominant dans le Pampa Humeda : des localités rurales allant jusqu`à cinq mille habitants, dans des régions où le soja couvre plus de 95% des terres cultivables, des terres qui servent à la production agricole au moins depuis les années 50. Il s’agit des villes de Perez Millan, dans le nord de l’Etat de Buenos Aires, et de Alcorta, Carreras, Máximo Paz, Santa Teresa et Bigand dans la localité de Santa Fe.

C’est justement à Bigand, que le Ministère de la Santé argentin avait réalisé une étude ayant pour objectif de « déterminer les facteurs de vulnérabilité des populations exposées aux pesticides ». Dans le cadre du Plan National de Gestion Environnementale, avec la participation de la Chaire de Toxicologie et Chimie de la l’Université de Buenos Aires, les conclusions de l’enquête détaillent que « plus de la moitié des personnes interrogées et 100% des travailleurs en charge des fumigations déclarent, que eux ou des membres de leur entourage, ont été victimes d’intoxication aux pesticides au moins une fois. A 90%, ces personnes ajoutent qu’elles ne connaissent personne résistant aux intoxications ».

Cette étude confirme les effets aggravants que provoquent les intoxications comme les allergies, les maux de tête, les nausées, les irritations respiratoires, dermiques ou oculaires. D’un point de vue du travail, il est constaté dans ce rapport national que les travailleurs agricoles « dans leur grande majorité ne bénéficient pas d’un contrat, ni de couverture médicale, et sont payés sur des bases forfaitaires. » « Nous avons rencontré plus de 40 pesticides utilisés, avec une prédominance de l’usage de glyphosate. » relève enfin ce rapport d’Etat.

Ce rapport a été publié en 2002, depuis cette date le Ministère de la Santé n’a plus publié d’information sur les pesticides.

Source : Traduction de l’article « Una investigación del Hospital Italiano de Rosario confirmó los efectos en la salud de los agrotóxicos en los pueblos sojeros. » du journal argentin Pagina 12, mai 2008

Des nouvelles du Japon et de l’Express

Je mets en ligne deux liens qui mettent du baume au coeur :
– l’un concerne la diffusion du film sur la NHK , la télévision publique japonaise le 14 juin. Ce même jour l’une des chaînes de la NHK diffusera une interview de 25 minutes que j’ai enregistrée mardi dernier.

– L’autre concerne un article publié dans l’Express de cette semaine.

Hier soir, j’étais à Rouen: 400 personnes!

Soutenez Christian Vélot!

Je mets en ligne un courrier de Christian Vélot pour qui un certain nombre d’organisations organise une journée de soutien le mercredi 25 juin.

Bonjour à toutes et à tous,

Le dernier “état des lieux” que je vous ai adressé concernant ma situation professionnelle date du 6 mars dernier. J’y mentionnais notamment que la direction de mon Institut exigeait que je quitte mes locaux (bureaux et labos) avant fin mars 2008, que le dossier était entre les mains des instances universitaires et CNRS, et que la directrice de mon institut était prête à mettre sa démission dans la balance si la situation n’évoluait pas suffisamment vite en sa faveur. Ce déménagement dans l’urgence était “justifié” de la part de ma direction par la mise en place d’un pôle de biotechnologie dans les locaux que j’occupe, projet qui était soi-disant totalement ficelé et soutenu par la Présidence de l’université.
En fait, la directrice de mon institut n’a pas démissionné et ce projet a été abandonné : il s’est avéré qu’il n’était même pas budgétisé !!! Du coup, nous n’avons plus les pressions pour déménager urgemment, mais cela signifie qu’on nous a harcelé, mon équipe et moi, pendant plus d’un an pour que nous quittions nos locaux dans l’urgence (allant même jusqu’à nous menacer de déménagement manu militari) au prétexte d’un prétendu pôle de biotechnologie qui s’est avéré être un projet bidon !
Par ailleurs, mes reliquats de crédits qui devaient me permettre de fonctionner pour 2008 et 2009 ne m’ont toujours pas été restitués, et je suis toujours, avec mon équipe, exclu arbitrairement de l’Institut à partir de fin 2009, date de renouvellement du contrat qui lie cet institut au CNRS.
Depuis plusieurs semaines, une délégation a demandé à multiples reprises à être reçue par la Présidente de l’Université Paris-Sud et le Doyen de la faculté d’Orsay. Ces demandes sont restées vaines.

Une manifestation nationale est donc organisée le mercredi 25 juin prochain pour me soutenir et interpeller ma hiérarchie et mes instances, et au delà de mon cas personnel, pour défendre la cause des lanceurs d’alerte. A cette occasion, nous demandons qu’une délégation soit reçue par la direction de mon institut, les instances universitaires et la ministre de la recherche, auxquelles nous remettrons notamment ma pétition qui a recueilli près de 45000 signatures (ainsi qu’une autre pétition spontanée de mes étudiants).

Je vous joins l’appel en document attaché. Merci de le diffuser le plus largement possible et sans aucune restriction. Les tracts et les affiches (avec les logos de toutes les organisations co-organisatrices) suivront. Merci de prévoir des panneaux et banderoles, et toutes sortes d’animations appropriées. Il est demandé aux élus de venir avec leur écharpe tricolore.

En espérant que vous serez très nombreux à pouvoir participer à cette journée, je tiens à vous remercier encore de tout votre soutien.

Avec toute mon Amitié,
Christian Vélot