Quel succès!

Voici le message que vient de m’envoyer Eric Darier, directeur du bureau Greenpeace du Québec, avec deux photos qui m’ont bien fait rire à mon retour de Suède!

« Une petite dose d’humour..

Voici 2 photos du visionnement de monde selon Monsanto par les retraités de l’enseignement dans une région agricole du Québec.
Il est évident que dès que le public voit Marie-Monique Robin sur l’écran, cela déclenche une adoration instantanée. Par contre, ma présentation après, les fait s’assoir et se tenir tranquilles ! »

Canada: Greenpeace lance une campagne pour l’étiquetage des OGM

Comme je l’ai indiqué dans un précédent message, mon film « Le monde selon Monsanto » sera présenté à l’assemblée nationale du Québec mercredi 13 mai.

Greenpeace en profite pour lancer une campagne pour demander aux députés d’exiger l’étiquetage des OGM, qui, pour l’heure est interdit au Canada (et aux Etats Unis), au nom du « principe d’équivalence en substance »:

Dernière nouvelle: après la version portugaise, espagnole, allemande, je viens de recevoir la version italienne de mon livre. Une tournée italienne est prévue en octobre prochain.

Sortiront en juin les versions hollandaise et hongroise. Je serai à Amsterdam pour le lancement du livre et livre à la mi juin.

Je m’envole demain aux aurores pour la Suède!

La recherche corrompue ou étouffée par l’industrie

Pour les internautes qui, comme moi, ont quelques doutes sur l’ indépendance désintéressée des scientifiques qui peuplent les agences de réglementation, je recommande la lecture du dossier du magazine Books d’avril 2009, intitulé « le scandale de l’industrie pharmaceutique. Notre santé otage de la corruption ».

On y découvre comment les professeurs d’université se font acheter par les majors de l’industrie pharmaceutique, en faisant la promotion de médicaments très mal évalués ou en publiant des articles de complaisance dans de grandes revues scientifiques, et pourquoi « il n’est plus possible de croire les recherches publiées, ni de se fier au jugement de son médecin de famille », comme l’écrit Marcia Angell, qui fit partie de la rédaction en chef du New England Journal of Medicine, et est l’auteur de La vérité sur les compagnies pharmaceutiques. Comment elles nous trompent et comment les contrecarrer.

Ce qu’elle décrit – encore une fois corruption, conflits d’intérêts, noyautage des agences de réglementation, censées protéger l’intérêt des consommateurs, par l’industrie – ne concerne pas que les Etats Unis, ainsi que le prouve l’interview de Philippe Even, ancien doyen de la faculté de médecine de l’hôpital Necker, professeur émérite à l’Université Paris V, qui dirige aujourd’hui l’Institut Necker.

À LIRE ABSOLUMENT!

Par ailleurs, je participais récemment à un colloque sur « Cancer et environnement », où le Docteur Annie Sasco, qui travailla pendant vingt-deux ans au CIRC, le Centre international de recherche sur le cancer ( un organisme dépendant de l’Organisation mondiale de la Santé, installé à Lyon) a présenté l’épidémie de cancers qui frappe le monde depuis vingt ans.

De fait, les chiffres officiels de l’OMS révèlent que l’incidence du cancer a augmenté de 63% entre 1980 et 2000, avec une augmentation annuelle de 1 à 3% pour les jeunes enfants. L’augmentation est telle qu’on parle désormais d’ « épidémie », alors que le terme désigne normalement des maladies virales ou infectieuses.

Le même constat a été fait pour l’incidence des maladies de Parkinson et d’Altzheimer, qui frappent des personnes de plus en plus jeunes. Sans oublier le diabète (de type 2) ou les maladies autoimmunes, qui connaissent aussi une explosion.

Le coupable? La pollution environnementale et notamment les pesticides organochlorés ou organophosphorés.

Pour mettre fin à ce fléau qui touche toutes les familles de France ou d’ailleurs, il faudrait interdire tout ce qui est à l’origine de l’épidémie, à savoir les molécules chimiques qui ont des effets cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques et qui ont envahi notre environnement et notre assiette depuis une cinquantaine d’années.

Ce qui ne fait pas l’affaire de l’industrie pharmaceutique ni des scientifiques, au CV prestigieux, qu’elle arrose généreusement…

Les manoeuvres décrites ci-dessus ne concernent pas que l’industrie pharmaceutique, mais aussi les multinationales de la biotechnologie.

Récemment, 26 scientifiques américains ont dénoncé dans une déclaration commune, adressée à l’agence de protection de l’environnement (EPA) l’impossibilité de conduire des recherches sur les effets possibles des OGM,car les fabricants , comme Monsanto et Syngenta, leur interdisent d’utiliser leurs semences transgéniques sous prétexte qu’elles sont couvertes par des brevets!

Résultat: les seules études disponibles sont celles qui sont contrôlées par les fabricants!!

Voici le texte de la Déclaration :

« Les accords de technologie / gestion exigés pour l’achat de semences modifiées génétiquement interdisent explicitement la recherche. Ces accords empêchent les scientifiques publics de poursuivre le rôle qui leur est imparti au nom du bien public, à moins que l’industrie n’approuve la recherche. Il résulte de cet accès limité qu’aucune recherche vraiment indépendante ne peut être légalement menée sur de nombreuses questions critiques concernant la technologie, ses performances, ses implications pour la gestion (des cultures), la gestion des résistances aux insectes et ses interactions avec la biologie des insectes. Il en résulte que les données en provenance du secteur public parvenant à un panel scientifique consultatif de l’EPA, sont excessivement restreintes. »

Pour les anglophones, voici l’article du New York Times qui a révélé le « malaise des scientifiques ».

Pour les non anglophones, voici la traduction réalisée par les Amis de la Terre.

Enfin, j’ai présenté récemment les travaux du Pr. Andres Carrasco, qui dirige depuis trente ans un laboratoire d’embryologie moléculaire en Argentine. Son étude a montré l’impact du roundup qui tue les embryons d’amphibiens, ce qui confirme les résultats obtenus par le chercheur américain Rick Relyea, de l’Université de Pittsburgh (cf: mon livre).

Son étude avait entraîné la décision du ministère de la défense d’interdire l’usage du roundup sur les terrains lui appartenant.

Et bien le Professeur Carrasco a été menacé de mort, victime d’une campagne d’intimidation (des gros bras ont débarqué dans son laboratoire) et de diffamation.

J’invite les lecteurs hispanophones à lire son interview dans Página 12.

Agenda du mois de mai

Bonne nouvelle!

La campagne de Greenpeace aura été de courte durée, puisque le parlement du Québec a déjà programmé la projection de mon film!

Voici mon programme pour les trois semaines qui viennent:

– Mercredi 6 et jeudi 7 mai: présentation de mon film au Festival de l’environnement de Torsby en Suède (voir affiche en suédois). Je vais aussi rencontrer des journalistes et des universitaires.

– Lundi 11 mai: présentation du film au 5ème Congrès mondial d’éducation relative à l’environnement, à Montréal.

– Mercredi 13 mai: présentation à l’Assemblée nationale à Québec.

Grippe porcine et dengue: le désastre de l’agriculture intensive

Drôle de coïncidence… Au moment où la »grippe porcine » faisait la Une des journaux, j’étais en Bretagne, très exactement à Pontivy au coeur d’une région qui pratique l’agriculture industrielle intensive: cultures et élevage de… porcs en hors sol.

Avant de rejoindre le cinéma où allait être projeté mon film devant plus de 300 personnes, dont de nombreux agriculteurs (voir photo), j’ai dîné sur la ferme de Joseph et Martine Servel, un couple d’ agricuteurs bio. Leur fils a travaillé chez des maraîchers, qui produisent notamment des choux sur un mode intensif. Avant de semer, ils désherbent avec un herbicide bien connu …, puis aspergent leurs cultures d’insecticides, et, enfin, chaque chou récolté est trempé dans une cuve de pesticides avant d’être expédié sur les marchés et supermarchés.

L’histoire de cette famille est dramatique: l’an dernier, leur petit garçon de cinq ans est mort d’une leucémie, et le frère du maraîcher, qui travaillait sur l’exploitation, est décédé d’un cancer , en pleine jeunesse, ainsi que, peu après le grand-père…

Après la projection de mon film, un débat très intense s’est installé dans la salle, car l’histoire de cette famille est malheureusement banale: l’épidémie de cancers et de maladies de Parkinson ou d’Alzheimer , due notamment à l’usage massif des pesticides, frappe massivement les familles d’agriculeurs, qui sont les premières victimes de ce modèle agricole industriel criminel, – dont les OGM représentent le dernier avatar -, qui empoisonne l’environnement et les humains et détruit les écosystèmes, en provoquant des catastrophes sanitaires comme le prouve l’épidémie de « grippe porcine », au Mexique, ou de dengue, en Argentine.

Concernant le virus H1N1 tout semble indiquer, en effet, qu’il est parti d’une usine à porcs (950 000 porceaux à l’année) appartenant au géant américain de l’agroalimentaire Smithfield Foods, « le plus gros producteur mondial de porc, sanctionné jadis aux Etats Unis pour pollution de l’environnement », comme l’écrit Le Monde , dans son édition du 29 avril. Suite à sa condamantion, la multinationale a ouvert une filiale dans le petit village de La Gloria, dans l’Etat du Veracruz, avec « des conditions d’hygiène désastreuses dénoncées depuis des années », selon les termes du Monde, qui poursuit : « Les trois mille habitants se sont plaints tout le mois de mars d’une épidémie galopante de pneumonies et autres maladies infectieuses , attribuées aux millions de mouches que nourrissent les charognes de porc pourrissant à l’air libre ».

Si l’on ajoute à cela le problème du lisier produit par les malheureux porcs – à qui les hommes de Smithfield Foods arrachent les dents, car leur entassement provoque des comportements cannibales …- alors on a tous les ingrédients d’une catastrophe sanitaire annoncée: en effet, comme le décrit William Reymond dans son livre Toxic, les « lagons » d’excréments de porcs comprennent, entre autres, des millions de bactéries, dont certaines sont hypervirulentes et résistantes aux antibiotiques, qui contaminent l’environnement.

Pour en savoir plus sur ce « système alimentaire qui tue », j’invite les internautes à lire l’excellent article de GRAIN, intitulé « la peste porcine, dernier fléau de l’industrie de la viande »:

Au même moment, en Argentine, le gouvernement lutte contre une épidémie de dengue, dont l’origine est liée aux épandages massifs de roundup sur les dix-huit millions d’hectares de cultures de soja roundup ready et à la déforestation que provoque la ruée sur le nouvel or vert. C’est en tout cas ce qu’a expliqué l’agronome Alberto Lapolla à Horacio Verbitsky, dans le journal Página 12, qui enchaîne les révélations sur le fléau du soja.

Pour les non hispanophones, je résume la dernière partie de l’article qui explique que l’épidémie de dengue est liée à une invasion du moustique Aedes Aegypti, également vecteur de la fièvre jaune, qui s’est abattue sur les régions où l’on produit du soja transégnique, en Argentine, Bolivie, Brésil et Paraguay. En effet, note l’agronome, le roundup et les herbicides utilisés pour venir à bout des mauvaises herbes résistantes … au roundup, comme le 2,4-D (composant de l’agent orange) « tuent les poissons et amphibiens, les crapauds, grenouilles, rainettes, etc, c’est-à-dire les prédateurs naturels des moustiques, desquels ils s’alimentent tant à l’état de larves que d’adultes ».

De plus plusieurs études révèlent la « quasi disparition des amphibiens dans les prairies de la pampa et dans ses cours d’eau principaux, rivières, lagunes ou mares, ainsi que le nombre élevé de poissons morts ou présentant des déformations physiques ainsi que des perturbations graves de leur capacité de reproduction ».

Enfin, la déforestation massive dans le Nord Est de l’Argentine (voir sur mon Blog mon film « Argentine: le soja de la faim ») entraîne la destruction de tout un écosystème, « qui est aussi l’habitat naturel de d’autres prédateurs des moustiques… »

Photo: la projection à Pontivy