Sur ce blog (le 15 mars 2012), j’ai déjà retranscrit les pages que j’ai consacrées à Dawn Forsythe dans mon livre Notre poison quotidien . Celle-ci a dirigé jusqu’à la fin 1996 le département des affaires gouvernementales de la filiale américaine de Sandoz Agro, un fabricant suisse de pesticides (qui a fusionné en 1996 avec Ciba-Geigy, pour former Novartis). Comme elle le raconte dans cette interview, que j’avais montée pour mon film , mais que je n’ai pu garder pour cause de longueur, elle était chargée d »intoxiquer » l’opinion et les pouvoirs publics, en participant à ce que l’ épidémiologiste américain (et aujourd’hui secrétaire adjoint du travail dans le gouvernement Obama) David Michaels appelle « la fabrique du doute« .
J’ai longuement décrit dans mon livre les multiples techniques auxquelles les industriels de la chimie – avec en tête les fabricants de pesticides – ont recours pour maintenir sur le marché des produits hautement toxiques, en dépit de leurs effets sanitaires et environnementaux. Dans Le monde selon Monsanto, je racontais, par exemple, comment la firme avait payé un scientifique (le Dr. Suskind de l’Université du Cincinatti) pour manipuler les résultats de deux études clés qu’il avait conduites en suivant pendant plusieurs années des ouvriers qui avaient été exposés à des émanations toxiques lors d’un accident survenu dans l’usine de Nitro, où ils produisaient l’herbicide 2,4,5-T, l’un des composants de l’agent orange, comprenant de la dioxine. Il avait suffi à cette « prostituée de la science« , pour reprendre les termes de Peter Infante, un autre épidémiologiste américain, de mélanger des ouvriers non exposés au groupe des ouvriers exposés (le groupe expérimental), puis d’ajouter des ouvriers exposés dans celui des non exposés (groupe contrôle), et le tour était joué! Après cette manipulation, qu’on appelle sobrement « l’effet dilution« , il avait pu conclure qu’il y avait autant de cancers dans les deux groupes, et, donc, que la dioxine n’était pas cancérigène! Résultat: publiées dans des revues scientifiques de renom, qui n’y ont vu que du feu, ces études ont retardé la réglementation de la dioxine pendant plus de dix ans, empêchant notamment les vétérans de la guerre du Vietnam d’obtenir des réparations pour les cancers qu’ils avaient déclarés après leur exposition à l’agent orange.
Le témoignage courageux de Dawn Forsythe, qui a fini par quitter « la grande famille » de l’industrie des pesticides et a eu beaucoup de mal à retrouver du travail, m’a convaincue que le système de manipulations et de mensonges que j’avais décortiqué dans Le monde selon Monsanto n’était malheureusement pas une exception mais, au contraire, la règle chez les industriels de la chimie, ainsi que le montrent les affaires de l’essence au plomb, du chlorure de vinyl ou PBC, du benzène, de l’amiante, des PCB ou de l’atrazine (cf: Notre poison quotidien). C’est pourquoi, connaissant les désastres sanitaires qu’ont provoqués et continuent de provoquer ces produits (des dizaines de milliers de malades et de morts de par le monde), je dis que le comportement de ces entreprises est tout simplement criminel.
C’est ce que j’ai clairement dit à Hervé Kempf, journaliste du Monde, que j’ai rencontré lors des assises chrétiennes de l’écologie, qui se sont tenues en novembre à Saint Etienne. Vous pouvez entendre cette interview sur le site Reporterre que, par ailleurs, je vous recommande très vivement!
http://www.reporterre.net/spip.php?article2304
Le récent jugement du tribunal de Turin qui a condamné à de lourdes peines de prison deux anciens responsables de la société Eternit, l’un des principaux fournisseurs d’amiante (avec le français Everit, qui appartenait au groupe Saint Gobain), ainsi que la condamnation, en première instance de Monsanto dans l’affaire de Paul François (voir sur ce blog) prouvent que les choses sont en train de bouger.
Il sera bientôt fini le temps où les industriels pouvaient contaminer l’environnement – les hommes, l’air, l’eau et les aliments- en toute impunité, sans sans qu’on ne puisse jamais poursuivre les responsables au pénal.
C’est pourquoi, quand les organisateurs de la 4ème édition de « Faites sans OGM » m’ont demandé de témoigner dans le tribunal populaire qui allait juger « Monsanto pour crime contre l’humanité« , j’ai accepté sans aucune hésitation.
J’y ai notamment rapporté comment Monsanto était parvenu à infiltrer la Food and Drug Administration (FDA) pour imposer le fameux « principe d’équivalence en substance » qui prétend qu’un OGM est similaire à une plante conventionnelle, empêchant ainsi toute étude sérieuse sur la toxicité éventuelle des plantes transgéniques pesticides. J’ai rapporté aussi les pressions, campagnes de diffamation et tentatives de corruption exercées par la firme pour décourager ou faire enterrer toute étude scientifique indépendante. Après avoir rappelé, bien sûr, que des pratiques similaires avaient permis à la multinationale de maintenir sur le marché pendant des décennies des poisons comme les PCB, le 2,4,5-T, ou le Lasso qui a rendu Paul François malade.
Photos (Guillaume de Crop) : Mon témoignage lors du procès contre Monsanto, et le face à face qui m’a opposée à l’avocat de la firme ( Olivier Florent, un élu de EELV).
rebis
Je pense que madame Robin a eu une petite distraction, elle a oublié de me répondre, mais je pense qu’elle doit être totalement débordée, cependant, je suis persuadé qu’elle doit pouvoir me consacrer quelques minutes.
vous avez écrit
« De plus, des prélèvements réalisés par l’Ecole Technique Supérieure de Weihenstephan confirment que la toxine BT, loin d’être détruite par le système digestif des vaches, a été décelée dans le sang, le foie,la rate et les intestins des animaux. »
OUI ou NON?
Est-ce que l’Ecole Technique Supérieure de Weihenstephan a écrit dans sa publication?
« It was concluded that Cry1Ab protein is degraded during digestion in cattle. »
http://www.weihenstephan.de/fml/physio/sonstig/Lutz-et-al-2005.pdf
OUI ou NON?
pouvez-vous m’expliquer cette « incohérence »?
« Il sera bientôt fini le temps où les industriels pouvaient contaminer l’environnement – les hommes, l’air, l’eau et les aliments- en toute impunité, sans sans qu’on ne puisse jamais poursuivre les responsables au pénal. »
– Bien sûr ! et nous nous mobilisons pour çà !
Il faut que ces affaires fassent jurisprudence. Il faut que tous les agriculteurs victimes de ces multinationales sans scrupules se joignent et luttent ensemble.
Nouvelle occupation pour réclamer l’interdiction du maïs OGM de Monsanto.
http://www.liberation.fr/depeches/01012391300-nouvelle-occupation-pour-reclamer-l-interdiction-du-mais-ogm-de-monsanto
Les agriculteurs (ils doivent être très peu nombreux) qui se seraient aventuré à acheter ces semences sont de véritables inconscients. Il n’y aura pas d’OGM en France et ceux qui veulent passer outre la volonté des CONSOMMATEURS (car il revient à eux seuls de décider, et non aux agriculteurs qui eux, produisent pour le consommateur) prennent de très gros risques.
mon cher Zeppe, je te répéte la question, puisque ta grande prétresse ne daigne pas répondre à une pauvre personne comme moi.
vous avez écrit
« De plus, des prélèvements réalisés par l’Ecole Technique Supérieure de Weihenstephan confirment que la toxine BT, loin d’être détruite par le système digestif des vaches, a été décelée dans le sang, le foie,la rate et les intestins des animaux. »
OUI ou NON?
Est-ce que l’Ecole Technique Supérieure de Weihenstephan a écrit dans sa publication?
« It was concluded that Cry1Ab protein is degraded during digestion in cattle. »
http://www.weihenstephan.de/fml/physio/sonstig/Lutz-et-al-2005.pdf
OUI ou NON?
pouvez-vous m’expliquer cette « incohérence »?
Marie-Monique Robin ou comment l’industrie de la désinformation fabrique la diversion.
Nous n’avons certes pas été nombreux à analyser le billet précédent, « Faites sans OGM! », mais nous y avons relevé quelques incohérences (pour rester poli) fort gênantes pour une personne qui se prétend journaliste d’investigation et se réclame d’une extrême minutie.
Il importait donc de couper le fil des commentaires par un nouveau billet. C’est chose faite.
Il n’empêche, Mme Robin :
1. Le Canada produit-il de l’huile de canola biologique ? Vous affirmiez que non, M. Albert vous a prouvé que oui.
2. Le Canada produit-il du canola « conventionnel » (non transgénique) ? Vous affirmiez que « le colza conventionnel et biologique a carrément disparu en raison de la contamination transgénique », je vous ai montré que vous faites une interprétation abusive de « conventionnel ».
3. La coexistence entre « conventionnel » (et « bio ») et transgénique est-elle possible ? Vous affirmiez que non, le HCB, que vous prétendiez citer, dit oui.
4. Le HCB a-t-il utilisé l’expression « l’encadrer de nombreuses et difficiles précautions » (s’agissant de la coexistence). Vous l’affirmiez, je le démens.
5. Les farmers américains ont-ils du mal à trouver des semences de soja conventionnel, en raison du (quasi) monopole de Monsanto sur les semences ? Vous affirmez que oui, M. Albert conteste en produisant le site d’un semencier et affirmant que Monsanto détient moins de 25% du marché des semences.
6. Mme Robin a rencontré un farmer qui se plaint de problèmes de résistances de la pyrale et de la chrysomèle à des Bt et de mauvaises herbes au glyphosate, et ce, dans le Michigan. J’ai montré que c’est, pour le moins, hautement improbable. Ce farmer a-t-il personnellement de sérieux problèmes ou se plaint-il de problèmes rencontrés par d’autres ? Est-il déontologiquement raisonnable de le présenter comme représentatif des farmers ?
7. Mme Robin a cité à l’appui de ses dires M. Charles Benbrook, selon lequel l’utilisation des herbicides aurait augmenté de + 382 millions de livres depuis l’introduction des plantes tolérantes à un herbicide en 1996. Pourquoi n’avez-vous pas signalé que M. Benbrook était affligé d’un sérieux conflit d’intérêts, et qu’il y avait d’autres études arrivant à des conclusions très différentes, dont une était facilement accessible par un lien vers un article du Monde, lien que vous avez pourtant donné ?
8 Qui est le professeur Vincent Garry de l’Université de Minneapolis et que professe-t-il ? Il est inconnu sur l’Internet.
9. Mme Robin a prétendu que « les grands céréaliers français et leurs représentants, -avec en tête l’ineffable Xavier Beullin (sic – c’est Beulin avec un seul « l »), le patron de la FNSEA -, continuent de se battre , bec et ongles, pour semer du maïs transgénique dans leurs champs. » Où sont les preuves de l’agitation de la FNSEA ?
10. Mme Robin a affirmé que « De sources bien informées ( !), on sait qu’ils ont déjà acheté les semences de Monsanto, espérant pourvoir semer dans quelques semaines ». Où sont les preuves (sachant par ailleurs que Monsanto a publiquement déclaré qu’ils n’allaient pas en vendre) ?
On s’arrêtera à dix…
Bonjour!
A l’attention de la clique des zélotes pro-ogm:
Hahaha, très drôle, on retrouve la même meute de chiens enragés que sur d’autres espaces ouverts aux commentaires et consacrés aux ogm, la même horde de fanatiques prêts à tout et n’importe quoi pour pourrir le travail d’une journaliste qui vous dérange. Si vraiment elle mentait aussi éffrontément que vous le prétendez, eh bien, écrivez vous aussi un livre, sortez un film, bougez-vous le cul, plutôt que de diffamer, dénigrer, désinformer. Allez zou! Faites le à visage découvert, et pas derrière des pseudos. Dites qui vous êtes, si vous étes des scientifiques, des journalistes, des mafieux, allez-y exposez-vous, utilisez votre temps intelligement! Et arrêtez de pourrir le web, on a pas besoin de parasites de votre trempe, le monde est déjà assez con sans vous, abstenez-vous au minimum, par pitié!
Bonjour, je voulais juste signaler aussi que certains agriculteurs utilisent encore le PARAQUAT de la sté syngenta, un herbicite puissant MORTEL (et qui a empoisonné mes 2 chiens par inhalation) pour désherber leurs terres avant la culture dont vous parlez dans votre livre. Cet herbicide est INTERDIT EN FRANCE et malgré tout certains agriculteurs peu scrupuleux l’utilisent encore !!!!!