lettre aux pirates de la toile…

Dans ce billet, je voudrais faire œuvre de … pédagogie et m’adresser aux … pirates de la toile.

Mon film Les moissons du futur a été diffusée sur la RTBF (Belgique) le 25 septembre, avec une catch-up de sept jours (l’équivalent de ARTE +7). Cette diffusion était géolocalisée, mais a été largement piratée par des internautes de bonne volonté qui m’ont faire l’honneur d’apprécier mon film au point de contourner la géolocalisation pour le mettre à disposition du plus grand nombre.

Dans ce billet, je voudrais faire œuvre de … pédagogie et m’adresser aux … pirates de la toile.

Mon film Les moissons du futur a été diffusée sur la RTBF (Belgique) le 25 septembre, avec une catch-up de sept jours (l’équivalent de ARTE +7). Cette diffusion était géolocalisée, mais a été largement piratée par des internautes de bonne volonté qui m’ont faire l’honneur d’apprécier mon film au point de contourner la géolocalisation pour le mettre à disposition du plus grand nombre.

Encore une fois, je suis heureuse de ce choix, car il confirme que Les moissons du futur sont appelées à faire le tour du monde, comme Le monde selon Monsanto qui fut piraté aux quatre coins du monde… Toutefois, j’ai dû agir, avec la RTBF, pour faire retirer le documentaire de Daily Motion et de You Tube, car ce piratage, disons « intempestif », me mettait en grande difficulté avec ARTE, qui diffusera le  documentaire, demain, à deux reprises, à 16 heures 55 et à 20 heures 50.

Je m’explique : pour pouvoir réaliser mes enquêtes au long cours, j’ai besoin du soutien financier de chaînes comme ARTE, sans lesquelles je n’aurais plus  qu’à changer de métier.

Pour Les moissons du futur, j’ai, d’abord enquêté pendant trois mois, puis j’ai  voyagé dans dix pays (quatre continents) avec un caméraman et un ingénieur du son, j’ai monté pendant seize semaines avec une monteuse, fait travailler un musicien, des comédiens pour les doublages, sans oublier le matériel qu’il faut louer : la caméra, le matériel son, le studio de montage, l’étalonnage, le mixage, les sous-titrages. Bref, tout cela a un coût (élevé) car l’information de qualité nécessite des moyens.

Si le film est piraté avant sa diffusion « légale » sur les chaînes qui ont contribué à son financement, son audience sera moindre ( ah ! l’audimat) et je risque de perdre le soutien des télévisions, sans lesquelles, encore une fois, je ne pourrais pas réaliser ce genre de films.

J’ai donc dû envoyer une dizaine de requêtes pour violation des droits de propriété intellectuelle à des sites, et surtout à Daily Motion et You Tube, qui avaient hébergé mon film J’ai constaté que le premier réagissait assez rapidement ; quant au second, il est carrément sourd aux demandes, ce qui m’étonne fortement…

Certains « pirates » ont bien compris mes arguments. C’est ainsi que j’ai écrit un mail très « pédagogique » au Cercle des volontaires qui avait mis Les moissons du futur en ligne sur son site que je vous invite à découvrir. Aussitôt, Raphaël Berland m’a répondu pour s’excuser (et retirer le film !) Du coup, il m’a demandé s’il pouvait m’interviewer et j’ai , bien sûr, accepté. Il a mis cet entretien, tourné avec les moyens du bord, sur le Cercle des volontaires, avec une reprise sur Agoravox :

http://www.cercledesvolontaires.fr

http://www.agoravox.tv

Par ailleurs, je vous invite à lire le reportage de Sophie Vernet-Caillat paru dans Rue 89 qui a interviewé Olivier de Schutter, le rapporteur des Nations Unies pour le droit à l’alimentation (voir son interview sur ce Blog) :

http://www.rue89.com/2012/10/15/pesticides-le-gauchiste-de-lonu-qui-inspire-marie-monique-robin-236114

Enfin, le Huffington Post m’a demandé de rédiger une tribune pour présenter mon film et livre. Celle-ci sera publiée demain !

http://www.huffingtonpost.fr/

Photos: tournage au Kenya et au Sénégal, avec Frédéric Pardon, ingénieur du son et Olivier Chambon, caméraman

29 réflexions sur « lettre aux pirates de la toile… »

  1. Voilà une prise de position pour la diffusion libre de la culture (certains disent piratage) que je trouve juste et équilibrée.

    Ça donne envie, à moi qui n’ai pas la télévision, de prendre le temps de regarder ARTE+7 afin de regarder le reportage d’une manière qui soit comptabilisée par ARTE.

    Et encore merci pour votre travail !

  2. Oui, je suis d’accord. J’ai vu que le film a circulé sur la toile, et je ne comprends pas que les « pirates » – même si leur intention est foncièrement bonne- n’aient pas mesuré que cela pouvait causer un préjudice à Marie-Monique. C’est la rançon du succès! Pour ma part, je n’ai pas vu le film (je le regarderai demain sur ARTE!) mais la bande annonce. J’aime beaucoup l’usage du globe multicolore, contrairement à Télérama, qui en a fait une critique très méchante, malgré les 2 T.
    J’espère qu’il y aura beaucoup d’audience demain soir!

  3. merci de retirer cette video. La réalisatrice le demande avec insistance.

    Je croyais que vous vouliez defendre le monde contre les méchantes multinationales, Vous êtes interressé par l’argent?
    vous n’êtes pas au dessus de ces basses considérations?
    🙂 🙂 🙂

  4. On comprend tout à fait que pour pouvoir réaliser de telles enquêtes il faut des moyens. J’encourages donc pas mal de mes relation à voir ce documentaire ce soir, et je vais également acheter le livre.
    Votre travail est indispensable !
    Merci encore.

  5. zeppe says:
    16 octobre 2012 à 11:34
    On comprend tout à fait que pour pouvoir réaliser de telles enquêtes il faut des moyens. J’encourages donc pas mal de mes relation à voir ce documentaire ce soir, et je vais également acheter le livre.

    => c’est bien zeppe, elle va être contente de vous, vous pensez encore à lui?
    mais, c’est vrai, vous l’avez de nouveau insulté.

  6. Bonjour à vous madame Robin, bonjour à toute votre équipe.

    J’ai eu l’occasion d’échanger il y a peu avec Pénélope, que vous aviez invitée à Parthenay pour l’avant-première. J’ai des éléments confidentiels, de la plus haute importance à vous transmettre, éléments de connaissance qui vous seront très utiles par la suite, vous verrez, c’est …très surprenant, et très affreux à la fois.

    Mais le monde devra le savoir, tôt ou tard. Je crois que le plus tôt sera le mieux ! ^^

    Ce sera au plaisir de vous lire !

  7. @ZEPPE le mangeur pur bio

    12.10.2012 – Mise à jour intoxication suite à la consommation de pain bio (blé noir)
    Notre région connait actuellement un épisode d’intoxication alimentaire liée à la consommation de farine de sarrasin bio contaminée par du datura (1), une plante sauvage et toxique.

    (il s’agit de la région PACA)

  8. @ Berny : si un chauffard provoque un carambolage monstre au volant de sa Peugeot sur l’autoroute, faisant des dizaines de victimes, tu penses que c’est de la faute à la marque Peugeot ?
    Ton raisonnement est stupide à u point inimaginable. Je ne nourri bio depuis plus de 10 ans et je n’ai JAMAIS eu le moindre problème, et en plus je suis tranquille car pendant ce temps, je respecte l'(environnement et la biodiversité.
    Au fait Berny, je supposes que tu as pris ton Primpéran pour venir ici ? çà va mieux tes nausées ?

  9. Et bien en revoilà certains toujours prêt à tout et surtout à nourrir leur ressentiment anti information. Il s’agit ici d’une demande de Mme ROBIN. Combien vous, ses détracteurs, donneriez vous pour informer vos concitoyens ? Votre temps ne semble pas ni précieux ni rare ???? Laisser donc les gens voir par eux même et soutenez donc une chaîne qui essaie de faire de l’information de qualité, car bien sur il en est d’autres qui ne financeront jamais ce genre de travaux…

  10. johann says:
    16 octobre 2012 à 21:53
    Et bien en revoilà certains toujours prêt à tout et surtout à nourrir leur ressentiment anti information

    => je n’ai pas le droit d’être contre les marchands de peurs?

  11. @ aatea :
    parce que l’opposition systématique peut avoir, selon vous , une crédibilité ? Et les marchands de poisons ne vous effraient donc pas ! Il s’agit ici de pouvoir financer une information, quelle vous dérange, ok mais dans ce film que je pense vous aurez regardé, je n’ai pas vu où était la peur….

  12. Belle réaction très mesurée que voici !
    On y voit à quel point il est difficile de conserver une chronologie nationale sur un média international par définition, l’occasion de pester contre l’inaction des diffuseurs et des politiciens.

    Alors je me dis : et si les chaînes concernées avaient diffusé en avant première ce documentaire sur internet (avec diffusion de publicité pendant le reportage) à un instant T commun (ce qui est infiniment plus faisable que de programmer une diffusion TV simultanée).
    Par la suite Arte et RTBE peuvent diffuser le docu quand ils le souhaitent à la télévision. Les deux chaînes se trouvent rémunérés – deux fois- de la diffusion, sans avoir à se soucier d’une quelconque chronologie qui serait violée par une diffusion « externe ».

    Tout ça pour dire que je comprends et apprécie votre point de vue, mais qu’il est plus que temps que les producteurs et diffuseurs de médias se mettent au pas de course pour prendre en compte la dimension planétaire et instantanée du web (dimensions qui sont quoiqu’on en dise une fatalité, alors autant s’adapter !).
    .

  13. C’est agréable quand les auteurs/réalisateurs s’expliquent. Et du coup, n’ayant pas la TV, je vais surveiller Arte+7 dans les jours qui viennent 😉

    @Berny Ce n’est pas parce que c’est Bio que c’est « parfait ». Ce n’est pas parce que c’est Bio qu’il ne faut pas nettoyer ses fruits et légumes, respecter les dates de péremptions, bien cuire ses aliments en cas de doute, etc.. Et ce n’est pas parce que c’est Bio qu’il ne peut pas y avoir une contamination.
    Il y a moins de risque avec du Bio (on élimine les risques liés aux pesticides utilisés notamment) mais certains risques sont inhérent à l’agriculture.

    Par contre, la façon dont tu dis les choses sous-entends qu’il n’y a pas de problème équivalent avec l’agriculture non BIO, ce qui est faut. Le même genre d’accident arrivent malheureusement régulièrement mais les gens en ont « l’habitude » et y font donc moins attention que lorsque il s’agit de BIO. Pour te convaincre, regarde la liste des alertes sanitaires du gouvernement : http://www.sante.gouv.fr/alertes-sanitaires.html et tu verras que le BIO n’est pas plus dangereux que le non-BIO. Bonne Lecture 😉

    @Gerno Ta proposition me plait mais je pose une question bassement financière : la publicité sur le net ne rapporte pas autant que la pub sur la TV. Est-ce qu’un tel système permettrait à Arte et RTBE de suffisamment rentabiliser le film ? Je pense qu’avoir des chiffres clairs seraient nécessaire avant de pouvoir mettre en place un tel système.

    D’autre part je me demande si il n’y a pas des questions légales dans le fait de faire d’abord TV et ensuite internet (?).

    En tout cas ta réflexion enrichit la mienne, Merci ^^

  14. Je voudrais pouvoir diffuser ce film EN ANGLAIS a notre conference annuelle d’agriculteurs qui travaillent pour une agriculture locale, raisonnee, de l’avenir. Merci de me dire s’il est possible de l’avoir pour le 18 Janvier en Virginie.
    Cordialement,
    Alice Chalmers

  15. Plaignez vous de vos producteurs plutôt ils sont à l’ouest concernant les nouveaux usages des média et de leur chronologie… d’autre part vous oubliez qu’a travers les diverses taxes sur nos abonnements FAIT & mobiles nous vous subventionnons, de même que sur les supports de sauvegardes.

    Je pense pas que vous pouvez qualifier cela de ce piratage, d’« intempestif »…

    Ou bien expliquez plus clairement le problème que vous avez rencontré…

    Merci

  16. J’aime assez quand les anciens médias découvrent les nouveaux. Ça possède toujours ce je-ne-sais-quoi de candide, de naïf, qui me touche sincèrement. Évidemment, les frontières nationales n’ont pas de sens sur internet (comme d’ailleurs dans une moindre mesure avec les ondes hertziennes). Dans ce cadre, une « chronologie des médias » est une aberration hors de toute réalité. Ça l’est encore plus dans la mesure où un programme vidéo à usage télévisuel est réalisé dans une même langue, à destination de cultures proches (mes meilleurs sentiments à nos amis belges).

    Finalement, ne serait-ce pas simplement une problématique dépassée, qui consisterait à imposer au spectateur des restrictions purement morales à des fins strictement mercantiles ? Il serait temps de repenser ces modes de diffusion dépassés pour une grande part des populations occidentales qui ont la chance de disposer d’un « bon » accès au réseau. Les fautifs, ce sont ceux qui ont pu croire à ce modèle de diffusion restrictive, quels qu’ils puissent être. Si chez Arte on a pu être assez bête, fin 2012, pour croire qu’un reportage diffusé quelques semaines avant dans la même langue pourrait conserver un tant soit peu son caractère « exclusif », c’est que là-bas on ne mérite pas de (se laisser) vivre des deniers publics (redevance TV). Ces mêmes deniers que nous (Français) allons désormais payer deux fois pour ceux d’entre nous qui ont l’avantage de posséder une cabane à la campagne, sans pour autant disposer du don d’ubiquité.

    Voilà pour le principe.

    Dans les faits, il n’est pas si compliqué de faire retirer une vidéo des plateformes majeures du domaine, pour peu qu’on se plie aux formalités requises (par le droit) et qu’on dispose des droits patrimoniaux sur l’œuvre. Si un « couac » ponctuel n’est jamais à exclure totalement, il ne serait que le symptôme d’un impondérable.

    Je conçois la difficulté de se placer dans une démarche qui ressorte autant du journalisme (informer le plus largement possible — je sais, je rêve) que du business. Il y a certainement quelques voies nouvelles à explorer en la matière, et nul ne saurait nier que nous sommes très en retard (voir de mauvaise volonté) en la matière. Est-ce pour autant le fait du « pirate »/ »partageur » ? Je n’en ai pas l’impression. Je crois même que c’est manifestement du côté des rentiers du système qu’il faille chercher la source du problème… Il est vraiment dommageable que cela puisse finalement rejaillir sur l’auteur (l’équipe) du reportage.

    Je termine mon commentaire en mentionnant qu’ils existent des promoteurs de solutions de rémunération adaptées à l’omniprésence des TIC. Tout aussi vrais qu’ils existent, ils sont dénigrés et leur projet est (quasi) unanimement rejeté par les professionnels du secteurs, qui préfèreraient sans doute une disparition d’internet (et ainsi du droit d’agir/penser/communiquer activement de tous) pour un minitel nouveau leur garantissant de ne ne pas avoir à se lever de leur confortable fauteuil de rentier. Malheureusement, de tels billets, pour aussi mesurés qu’ils soient, apportent de l’eau à leur moulin.

    Ce sont les dinosaures des médias qui conduisent à cette situation, pas les « pirates ».

  17. Merci d’avoir pris la voie du dialogue.
    Nous ne sommes des monstres horribles, insensibles et sans morale qu’envers les grandes majors et personnes faisant de la répression simplement pour l’amour de l’argent

  18. Bravo pour ce nouveau documentaire plein d’espoir et de bonnes pratiques !

    Pour celles et ceux qui ont envie de consommer différemment et souhaitent se tourner vers des solutions saines, durables et une alimentation bio en Belgique, je vous invite à découvrir cet annuaire bien pratique http://www.pagesvertes.be/

  19. Sinon aussi libre à vous de faire un documentaire sur l’absurdité de la chronologie des média, parce que le diffuser avec 20 jours d’écarts, il faut pas s’étonner…

    D’autant plus que Arte n’a pas d’objectif d’audience, (surtout à 20h50 il n’y a plus de pub) puisque financée par le contribuable…

    Donc si Arte veut donner son point de vue ça serait intéressant de voir leur arguments…

  20. Autant on peut comprendre le problème de financement si la diffusion illégale est importante (ne rêvez pas, comparé à des films, ça reste minoritaire), autant les commentaires intelligents au-dessus ont bien mis en avant la culpabilité des chaînes (en l’occurrence Arte) à ne pas gérer le côté « international » d’une exclusivité.

  21. Bonjour,

    Malheureusement, le site d’Arte 7+ semble constamment saturer, car cela fait des semaines que j’essaie d’y accéder en vain. Je tombe chaque fois sur une page de « time out ».

  22. Madame, ce dont nous, les internautes, parlons, c’est ça : http://lehollandaisvolant.net/img/21.png

    Le modèle actuel du droit d’auteur n’est pas adapté au net ni au numérique. On pourrait rester des ignorants et ne rien pirater du tout… Mais ce n’est pas l’avenir que l’on veut. Et ce n’est pas l’avenir que vous semblez vouloir non plus, sinon vous ne feriez pas un métier qui consiste à transmettre un savoir et une façon de voir à un public.

    C’est n’est pas la société (donc la toile est une partie) qu’il faut changer, mais le modèle du droit d’auteur et tout ce qui va autour comme la rémunération et le financement.

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