La postface de l’édition poche de mon livre

Face au succès de mon livre « Le monde selon Monsanto », les Editions la Découverte et ARTE Editions ont décidé de le sortir en livre de poche. Cette nouvelle édition sera bientôt disponible dans les librairies.

Je mets en ligne la postface que j’ai rédigée pour l’édition poche, qui dresse un bilan de l’incroyable phénomène qui a accompagné la sortie de mon film et livre un peu partout dans le monde.

Contrairement à ce qu’affirment mes détracteurs personnels (!), mon enquête a soulevé très peu de critiques: à part les leurs et celles de l’AFIS, dont je parle dans la postface (et sur mon Blog). Pour le reste, les scientifiques honnêtes n’ont rien trouvé à redire à mon travail, bien au contraire.

Il est intéressant de noter que mes détracteurs personnels se sont empressés de squatter le site de Télérama.com, après l’article de François Ekchajzer qui raconte l’invraisemblable impasse dans laquelle se trouve mon film « Torture made in USA » (voir la rubrique « Torture made in USA »

Normal , ils sont payés pour cela!

La postface faisant seize pages, je suis obligée de la mettre en plusieurs fois!

Postface
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Un succès certifié durable

(Note: J’emprunte ce titre à celui d’un article de l’hebdomadaire professionnel Livres Hebdo du 18 avril 2008, rapportant que Le Monde selon Monsanto « arrive en deuxième position des meilleures ventes des essais ».)

J’écris cette postface à l’édition en poche de mon livre, parue en mars 2009, d’une chambre d’hôtel à Lima (Pérou).

Les 28 et 29 janvier 2009, j’y étais invitée à participer à un colloque intitulé « Les semences de la diversité face aux OGM », organisé par une dizaine d’associations impliquées dans le développement durable et les droits de l’homme. Pour ce pays « mégadivers » – le Pérou, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, l’Équateur, le Mexique et le Vénézuéla concentrent 70 % de la biodiversité du monde –, l’enjeu est de taille : un projet de loi va bientôt être discuté au Parlement pour « encadrer les cultures transgéniques ».

Si la loi passe, le maïs transgénique de Monsanto (Bt) fera son entrée au Pérou, menaçant de contaminer les centaines de variétés « criollas » (traditionnelles) de la céréale mythique des Incas, « capable de pousser dans les zones littorales mais aussi à 3 000 mètres d’altitude », comme l’a rappelé lors du colloque la docteur Antonieta Gutiérrez, professeure à l’Université nationale d’agronomie de La Molina à Lima.

Preuve, s’il en était besoin, que les millions de paysans péruviens qui entretiennent cette extraordinaire biodiversité depuis des millé-naires n’ont pas attendu le « génie génétique » de multinationales comme Monsanto pour développer des variétés adaptées aux terroirs, climats et aléas agronomiques. Même chose pour la pomme de terre ou le quinoa, dont le Pérou constitue le centre d’origine, avec des milliers de variétés cultivées partout dans le pays.
Le problème pour Monsanto et consorts, c’est que ces variétés ne sont pas brevetées et que les paysans continuent de développer leurs propres semences, au besoin en les échangeant avec leurs voisins. Or, curieuse coïncidence, le Pérou a justement adopté le 14 janvier 2009 une loi autorisant le brevetage des semences, ce qui ouvre la voie aux OGM…

Dans le même temps, le gouvernement péruvien subissait de nombreuses pressions pour interdire l’étiquetage des OGM qui entrent déjà dans le pays, notamment sous forme d’huile de soja importée du Brésil, au motif que cet étiquetage serait préjudiciable au consommateur, en entraînant une « augmentation des prix » (un argument déjà mis en avant par Monsanto notamment aux États-Unis).

Enfin, des informations concordantes signalent la présence de cultures transgéniques illégales dans au moins une région péruvienne, grâce à un trafic de semences fort opportun, organisé depuis les pays voisins…
Le lecteur de ce livre l’aura compris, on retrouve là les ingrédients habituels propres à la stratégie de la pour firme de Saint Louis pour imposer par tous les moyens ses plantes transgéniques pesticides : pression sur les gouvernements pour modifier les lois concernant le brevetage du vivant, ou pour empêcher l’étiquetage des OGM, tandis que des acteurs obscurs créent un « état de fait » (comme au Paraguay ou au Brésil, et plus récemment au Mexique) permettant de facto à la multinationale de revendiquer ses « droits de propriété intellectuelle » sur les cultures transgéniques illégales et, donc, de juteuses royalties, entraînant in fine la légalisation des cultures de contrebande.

Le colloque de Lima a débuté par la projection de mon film devant quelque trois cents participants. Au même moment, une autre projection était organisée pour vingt-cinq journalistes, suivie d’une conférence de presse qui a duré près de deux heures, tant les questions étaient nombreuses.

Puis j’ai rejoint la salle du colloque pour écouter le discours d’ouverture du ministre de l’Environnement Antonio Brack, un écologue réputé. Celui-ci a réitéré sa proposition de déclarer le « Pérou libre d’OGM », en soulignant qu’elle était loin de faire l’unanimité au sein du gouvernement. Elle est même l’objet d’intenses frictions avec le ministère de l’Agriculture, qui, comme au Brésil, soutient mordicus les OGM de Monsanto, censés entraîner une augmentation de la productivité agricole. Pendant le déjeuner, Antonio Brack m’a « avoué », avec un grand sourire, que son cabinet était coupable de « piraterie » :

« N’ayant pas pu nous procurer votre film en espagnol, m’a-t-il expliqué, nous avons donc regardé la version pirate mise en ligne sur Google ! » De fait, aucun DVD espagnol n’étant alors disponible sur le marché, un internaute avisé avait pris la peine de sous-titrer entièrement le film et de mettre sa version pirate sur Internet !

(Note: Depuis, Arte a produit une version espagnole de mon film, qui est disponible par ailleurs en allemand, anglais, hollandais et portugais.)

Pour conclure cette première partie de la postface, je mets quelques photos en ligne qui illustrent le séminaire du Pérou:

– Photo 1: l’affiche du colloque

-Photo 2: conférence de presse

-Photo 3: les participants au colloque

-Photo 4: le ministre de l’environnement Antonio Brack

-Photo 5: l’édition espagnole de mon livre

La postface de l’édition poche de mon livre (2)

Postface, suite!

En France comme à l’étranger, un écho stupéfiant

L’anecdote péruvienne est exemplaire de l’incroyable succès planétaire qu’a rencontré mon enquête sur Monsanto. Depuis mars 2008, date de parution de la première édition de ce livre et de la diffusion sur Arte de mon documentaire éponyme , j’ai été prise jusqu’à ce jour dans un tourbillon, que personne – ni moi, ni La Découverte ou Arte – n’aurait pu espérer même dans les rêves les plus fous…

Sollicitée de partout (d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud, mais aussi d’Afrique), j’ai dû jongler tant bien que mal avec les centaines de demandes d’interview des médias ou de projections débats que m’ont adressées des associations, des responsables politiques ou institutionnels, et répondre aux multiples interrogations soulevées par ce travail.

J’étais bien convaincue d’avoir mis à nu les agissements pervers de l’une des grandes multinationales de la technoscience contemporaine, mais je n’imaginais pas que mon livre et mon film, qui présentent notamment les travaux de tant de « lanceurs d’alerte » jusque-là étouffés, auraient un tel impact international.
Curieusement, alors que j’ai débuté ma longue enquête sur Internet, c’est précisément de la Toile qu’est parti l’incroyable raz-de-marée.

Dans mon blog, ouvert le 18 février 2008 (note: Voir sa présentation à l’adresse ) , trois semaines avant la diffusion de mon film sur Arte, j’écrivais le 29 février :

« Il se passe vraiment un drôle de phénomène sur la Toile. Alors que la presse commence tout juste à commenter mon film (et livre), si on tape “Le Monde selon Monsanto” dans Google, on atteint les 22 000 hits ! Depuis deux semaines, ça ne cesse de monter… À dire vrai, cela fait chaud au cœur et j’espère, que le 11 mars, l’audience sur Arte sera à la hauteur de l’attente suscitée par ce film… »

De fait, elle le fut, avec deux fois plus de téléspectateurs que l’audience habituelle d’Arte pour ce genre de documentaire, et la meilleure audience de l’année pour la chaîne. S’y ajoutent plus de 150 000 visionnages sur Arte +7, qui permet de visionner les films en ligne pendant une semaine, sans oublier les rediffusions et les ventes de DVD, qui se sont arrachés le soir même de la diffusion. À ce jour, plus de 50 000 exemplaires du DVD ont été vendus.

Le 14 mars 2008, trois jours après la diffusion du film, on pouvait lire sur le site Web d’Arte :

« Le Monde selon Monsanto a suscité un buzz assez colossal dans la blogosphère. […] Plus de 338 blogs francophones citant le titre du documentaire ont été identifiés, dont 224 depuis la diffusion. » Aujourd’hui, soit dix mois plus tard, une recherche « Le Monde selon Monsanto » sur le Service Blog Search de Google donne… 8 669 blogs francophones ; pour « The World According to Monsanto », le résultat est de 9 428 blogs anglophones ; et, avec « El mundo según Monsanto », de 3 314 blogs hispanophones, alors que le film n’a eu qu’une diffusion confidentielle sur la chaîne espagnole Tele Cinco et que le DVD en espagnol n’était pas encore disponible. Au-delà des blogs, c’est par centaines de milliers que se comptent les « hits » des moteurs de recherche avec le titre du livre/film en français, en anglais ou en espagnol.

À ce jour, le documentaire a été diffusé ou programmé sur une vingtaine de chaînes en Europe, mais aussi en Australie, au Vénézuéla, au Japon, au Canada et aux États-Unis – où il a été acheté par Sundance Channel. Même phénomène pour le livre, qui s’est vendu à 100 000 exemplaires dans le monde francophone, tandis que des éditeurs de treize pays ont décidé de le traduire (y compris en Corée du Sud, où des agents se sont littéralement battus pour obtenir les droits d’édition).

Au Canada, j’ai accompagné la sortie du livre (paru aux Éditions Stanké) et du film – l’Office national du film du Canada (ONF), coproducteur, avait décidé de lancer le documentaire d’abord en salles, où il a fait quelque 20 000 entrées au Québec, un score excellent pour un documentaire. Je m’y suis rendue par deux fois, en mai et en septembre 2008, et j’ai enchaîné les interviews, constatant avec étonnement que les journalistes de ce pays – qui compte pourtant 7 millions d’hectares de cultures transgéniques – ne savaient pas pour la plupart quels OGM ils avaient dans leurs champs, et donc dans leurs assiettes.

Quand je leur expliquais qu’en achetant une huile de colza (non étiquetée), ils consommaient très probablement des résidus de Roundup, mes confrères écarquillaient immanquablement les sourcils, confirmant qu’ils découvraient la « réalité des OGM de Monsanto ».
J’ai fait le même constat en Espagne, en novembre 2008, où je suis allée pour le lancement de la version espagnole de mon livre (publiée par Peninsula). Dans ce pays – le seul de l’Union européenne à autoriser les cultures transgéniques –, 80 000 hectares, principalement en Catalogne et en Aragon, sont plantés en maïs Bt 810, celui-là même qui a été provisoirement suspendu par le gouvernement français en février 2008.

Avant chaque interview (une bonne vingtaine), je faisais un petit test :

« Savez-vous quels OGM sont cultivés en Espagne ? » Suivait, à chaque fois, un long silence et, parfois, cette réponse sidérante :

« Des plantes manipulées génétiquement pour résister à la sécheresse. »

« Malheureusement, étais-je obligée de répondre immanquablement, ces plantes magnifiques n’existent pas ! Les seuls OGM cultivés en Espagne sont des plantes insecticides, ce qui veut dire que, sans le savoir, vous consommez – vous ou les animaux que vous mangez – des résidus d’insecticide… » Je n’oublierai jamais le regard inquiet de mes confrères de la péninsule ibérique…
Dernière anecdote : alors que le film n’était pas encore disponible aux États-Unis, des internautes avisés l’ont acheté, puis l’ont découpé en dix parties pour le mettre sur Google Video, YouTube ou DailyMotion. Responsable de la distribution de la version anglaise du documentaire en Amérique du Nord, l’ONF canadien est intervenu à plusieurs reprises pour demander son retrait de la Toile, tant qu’il n’avait pas été légalement commercialisé. Le lecteur pourra vérifier que des papiers ont immédiatement circulé sur le Web, intitulés « The documentary you won’t ever see » (le documentaire que vous ne verrez jamais), expliquant, à tort, que c’était la faute à… Monsanto, qui aurait usé de son légendaire entregent pour le censurer. On ne prête qu’aux riches…

Comment expliquer un tel écho ? D’abord, je crois, par la violence même des pratiques d’une multinationale qui s’affiche paradoxalement « au-dessus de tout soupçon ». Mais aussi par l’effet souterrain du travail obstiné conduit depuis des décennies, dans le monde entier, par toutes celles et ceux qui s’y sont opposés et dont j’ai tenté ici de restituer la parole : les syndicats et mouvements paysans d’Inde ou d’Amérique latine en butte aux dégâts des OGM, les « faucheurs volontaires » de champs d’OGM en France, les scientifiques « lanceurs d’alerte » en Amérique et en Europe, ou les avocats, en particulier américains, des victimes des pratiques de Monsanto, du PCB d’hier aux OGM d’aujourd’hui. Enfin, et peut-être surtout, par le fait que la multinationale de Saint Louis représente un paradigme du modèle industriel mortifère qui s’est imposé un peu partout dans le monde après la Seconde Guerre mondiale. Or ce modèle, qui repose sur la course effrénée au profit, entretient une peur diffuse due à ses effets néfastes sur l’environnement et la santé de l’homme.
À toutes ces raisons, qu’un sociologue serait plus à même de décortiquer plus en détail, s’en ajoute une autre, absolument fondamentale : la puissance des réseaux du Web, qui se sont emparés de mon enquête comme d’un outil démocratique d’information, avec en tête le site combat-monsanto.org, créé dans la foulée de mon livre/film et qui poursuit depuis mon travail et l’enrichit avec rigueur et ténacité.

Conçu à l’initiative d’un collectif d’associations – dont Greenpeace, la Fondation sciences citoyennes du professeur Jacques Testart, Via Campesina, Attac, Les Amis de la terre, Sherpa – et parrainé par la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’homme, Arte et La Découverte, ce site trilingue (français, anglais, espagnol) a pour vocation de centraliser toutes les informations internationales sur la firme de Saint Louis et les OGM et de mettre en synergie les réseaux qui, un peu partout dans le monde, se battent « pour que le monde de Monsanto ne devienne jamais le nôtre ».

La postface de l’édition poche de mon livre (3)

Postface, suite…

Les réactions de Monsanto et de ses supporters

Comment Monsanto a-t-il réagi à toutes ces mises en cause ? Pendant plus de neuf mois, par le silence, comme si la firme avait jugé préférable de se taire, pour tenter de « limiter les dégâts ». En France, les journalistes qui ont contacté le siège de sa filiale française, dans la banlieue lyonnaise, se sont fait gentiment éconduire, conformément à ce qu’avait annoncé le site de Monsanto France :

« Le film et le livre de Marie-Monique Robin sont les dernières illustrations de la frustration des opposants aux bio-technologies. Ces travaux sont tellement partiaux qu’ils n’appellent aucun commen-taire de la part de notre entreprise. »

D’où ce commentaire de mon confrère Hervé Kempf, grand spécialiste des OGM au Monde, que j’ai souvent cité dans ce livre: « Qui ne dit mot consent . » (Note: Le Monde, 10 mars 2008.)

La première critique n’est donc pas venue de la firme, mais d’une obscure association, l’Association française pour l’information scientifique (AFIS), sur son site pseudo-sciences.org . Comme je l’écrivais dans mon blog, le 9 mars 2008, deux jours avant la diffusion de mon film sur Arte, « des internautes vigilants m’ont signalé un article mis en ligne [quatre jours plus tôt] sur le site de l’AFIS, qui “se donne pour but de promouvoir la science contre ceux qui nient ses valeurs culturelles, la détournent vers des œuvres malfaisantes ou encore usent de son nom pour couvrir des entreprises charlatanesques”. […] Cette association est connue pour ses prises de position scientistes pures et dures et son soutien sans faille à l’establishment scientifique, dont elle es-time que la parole et les travaux ne sauraient être questionnés par des citoyens aussi ignares qu’impies, parce que non scientifiques. C’est précisément au nom de cette science “au-dessus de la mêlée” et qui n’a de compte à rendre à personne, qu’ont pu avoir lieu les grands scandales sanitaires des vingt dernières années : affaire du sang contaminé, crise de la vache folle, drame de l’hormone de croissance ou désastre cri-minel de l’amiante. »

Cet article critique de l’AFIS, signé d’un certain Marcel Kuntz, biologiste et directeur de recherche au CNRS, était précédé d’un « avant-propos » de Michel Naud, « ingénieur et chef d’entreprise », président de l’AFIS, lequel se revendiquait par ailleurs comme un « rationaliste scientifique » et un « bright » – un « brillant », étrange appellation d’un mouvement promouvant une croyance quasi messianique dans le progrès scientifique (Note: « Un bright est un individu qui porte un regard naturaliste sur le monde. La compréhension qu’un bright a de l’univers est libre de tout élément surnaturel ou mystique. Les brights fondent leur éthique et leur comportement sur une compréhension naturaliste de l’univers » (). Sur le même site, la profession de foi de Michel Naud est disponible à l’adresse )

Il est intéressant de noter que, pour lancer leur « mise en garde » contre ce que Michel Naud appelle les « contrevérités et approximations relayées sans esprit critique » de mon enquête sur Monsanto, les rédacteurs de l’AFIS n’ont rien trouvé de mieux que d’avoir recours à la calomnie et à la désinformation. Parmi les quelque deux cents reportages et documentaires que j’ai réalisés pour la télévision, ils en ont retenu deux qui leur semblaient pouvoir jeter le discrédit sur mon travail : l’un, intitulé Voleurs d’organes, qui m’a valu en 1995 sept prix internationaux, dont le prix Albert Londres ; et l’autre, intitulé La Science face au paranormal, diffusé en 2004 sur Canal Plus et Arte (Note: Voir aussi mes deux livres : Voleurs d’organes. Enquête sur un trafic, Bayard Éditions, Paris, 1996 ; et Le Sixième Sens. Science et paranormal, Éditions du Chêne, Paris, 2002).

Je ne reviendrai pas sur la réponse substantielle que j’ai adressée à l’AFIS et j’invite le lecteur à lire les neuf messages que j’ai placés sur mon blog à ce sujet (dans la rubrique « Les nouvelles de la toile ») (Note: Voir aussi deux critiques très pointues de l’article de l’AFIS : ; ).

Mais je dois souligner ici que, dans le long article de Marcel Kuntz, celui-ci semble gêné aux entournures, car il est incapable de démonter ce qui, aux yeux de tous les commentateurs honnêtes, constitue le cœur de mon investigation, à savoir, comme je l’ai écrit dans mon blog :
« 1) Le “principe d’équivalence en substance” ne repose sur aucune donnée scientifique, mais sur une “décision politique” de la Maison-Blanche, destinée à favoriser, au plus vite, la mise sur le marché des OGM, en permettant que les produits issus des bio-technologies échappent aux tests sanitaires ou environnementaux ;
« 2) ce principe d’équivalence en substance était vivement critiqué par les propres scientifiques de la FDA qui pensaient, au contraire, que le processus de manipulation génétique pouvait entraîner des “risques spécifiques” et recommandaient donc que les OGM soient minutieusement testés avant leur mise sur le marché, mais ils n’ont pas été écoutés ;
« 3) effectivement, ce “principe a évolué depuis l’origine”, puisque le Codex alimentarius de l’ONU recommande depuis… 2000 qu’il soit considéré comme une “étape”. Mais c’était quatre ans après la mise sur le marché du soja Roundup ready, qui recouvre aujourd’hui des millions d’hectares ;
« 4) les chercheurs européens ont brillé par leur silence quand ce principe a été introduit, sous la houlette de la FDA et de Monsanto, au début des années 1990, à l’OMS, la FAO et l’OCDE, alors qu’aucun OGM n’était encore cultivé (cf. chapitre 8 de mon livre). »

À l’évidence, l’AFIS ne se distanciait gère de l’argumentaire de Monsanto, ainsi qu’a pu le vérifier en mars 2008 la journaliste Christina Palmeira, la correspondante parisienne du journal brésilien Carta Capital, à qui les représentants français de la firme ont décliné sa demande d’interview, en la renvoyant sur… l’AFIS ! (Note: Christina PALMEIRA, « Sementes do poder », , 20 mars 2008).

Et puis, comble de malchance pour mes détracteurs, le 29 mars 2008, je pouvais publier sur mon blog une lettre disponible sur Internet, adressée par le docteur Marcel-Francis Kahn à Christian Vélot, enseignant-chercheur en génie génétique moléculaire à l’université Paris-Sud, l’un des rares scientifiques français qui ont eu le courage de dénoncer l’absence d’évaluation sérieuse des plantes pesticides de Monsanto, et qui fut menacé de perdre son travail.

Voici ce qu’écrivait le docteur Kahn, qui a démissionné de l’association scientiste en dénonçant ses liens – et notamment ceux du… docteur Marcel Kuntz – avec Monsanto : « Je viens de signer la pétition protestant contre la suppression des facilités de recherche dont vous bénéficiez. L’élément suivant peut vous intéresser. Je faisais partie du comité scientifique et de patronage de l’AFIS, qui édite le bulletin Science et pseudo-sciences. Je combats depuis longtemps en médecine tous les charlatanismes.
« Il ne vous a peut-être pas échappé que, sous l’influence de son rédac chef Jean-Paul Krivine, l’AFIS s’est transformée sans que notre avis soit sollicité en un véritable lobby pro-OGM. Certes, je ne suis pas du tout persuadé que le maïs 810 ou d’autres soit toxique. Ce que j’ai lu ne m’en convainc pas. Mais, en revanche, je combats la stratégie monopolistique agressive de Monsanto et de ses diverses sociétés écrans. J’ai donc demandé à la rédaction de Science et pseudo-sciences que […] Marcel Kuntz et Louis-Marie Houdebine indiquent leurs liens avec Monsanto et ses filiales, comme en médecine (je m’occupe d’un journal scientifique médical et il est devenu obligatoire de préciser ce qu’on nomme “conflit d’intérêt”. »

Il faudra attendre la sortie en novembre 2008 de l’édition en portugais de ce livre au Brésil – où étaient cultivés en 2007, on l’a vu, plus de 15 millions d’hectares de soja RR – pour enregistrer une première réaction officielle de la firme de Saint Louis, expliquant dès le jour de mon arrivée dans le pays (le 8 décembre 2008) sur le site Web de sa filiale brésilienne que mon « livre-documentaire » « tend à dénigrer l’image de Monsanto ».

Le communiqué passe en revue tous les sujets traités dans mon enquête et qui manifestement fâchent la multinationale (et à ce titre il est fort instructif) : les PCB, l’hormone de croissance, l’agent orange, le Roundup, les revolving doors, la police des gènes, etc., avec la mauvaise foi et le déni habituels : on peut y lire, par exemple, qu’« aucune étude scientifique n’a pu montrer le lien causal entre une exposition aux PCB et le cancer » ! (Note: .)

Le 20 décembre, Annie Gasnier, correspondante du Monde au Brésil, et qui était présente à la projection-débat organisée par le consul de France à Rio de Janeiro, a eu la bonne idée d’appeler le service de communication de Monsanto Brésil, lequel a avoué que le communiqué était « une traduction littérale du texte envoyé par le siège américain de la firme ».

D’où le commentaire de la journaliste :

« La réaction publiée témoigne de l’importance du Brésil dans la stratégie de la multinationale. » Au passage, ma consœur révèle une information qui confirme tout ce que j’ai écrit dans ce livre : « Dans le Sud, des agriculteurs tentent d’abandonner le soja OGM, déçus par les rendements, mais ils ne trouvent plus de graines traditionnelles à cultiver. »

Alors que j’étais au Brésil, Soazig Quemener, journaliste au Journal du dimanche, a cherché à m’interviewer. Malheureusement, mon programme très chargé et le décalage horaire ne m’ont pas permis de répondre à ses questions. Le 14 décembre 2008, le journal a publié une interview de Laurent Martel, le directeur de Monsanto France, qui constitue une anthologie de langue de bois. Commentant mon livre, il déclare :

« C’est un livre à charge qui assène tout un tas d’erreurs. » On n’en saura pas plus, car aussitôt le cadre de Monsanto enfourche le cheval habituel de la firme : « En France, nous sommes avant tout des agronomes qui travaillons au service des agriculteurs. Monsan-to participe à des défis essentiels. Nous sommes 6,5 milliards d’habitants sur Terre, nous serons 9 milliards d’ici quarante ans… »

Mais, auparavant, j’ai été l’objet d’une assez extraordinaire campagne de dénigrement de mon travail, conduite sur le Web par quelques internautes jouant les spécialistes et signant leurs attaques de divers pseudos (« Anton », « Gatteca », « Zobi », « Ryuujin » ou « GPF »). Postant leurs commentaires à toute heure du jour et de la nuit – y compris le soir du nouvel an ! – sur mon blog et sur bien d’autres , comme s’ils n’avaient que cela à faire, ces partisans fanatiques des OGM ont prétendu démolir, point par point, mon enquête. Curieusement, tous – à moins que ce ne soit une seule et même personne, travaillant pour le compte d’une agence de communication spécialisée dans le « marketing viral », pratique que j’ai évoquée dans ce livre – ont décliné ma proposition de participer ensemble à un débat public, préférant garder leur anonymat somme toute bien confortable.(Note: Voir notamment )

Ainsi que je le soulignais précédemment, ceux que je dénomme sur mon blog « mes détracteurs personnels » et qui ont avoué, pour certains, qu’ils n’avaient pas lu mon livre ni vu mon film, se gardent bien en tout cas de revenir sur les points essentiels de mon investigation : l’inanité du « principe d’équivalence en substance », dont découle l’absence (voire la manipulation) d’études scientifiques sérieuses sur les OGM (comme avant sur les PCB, la rBGH, etc.) et le système des revolving doors qui permet de tout verrouiller.

La postface de l’édition poche de mon livre (4)

Postface, suite…

Ça bouge !

Au-delà des objections, finalement très minoritaires, à mon travail de la part des supporters de Monsanto et des multinationales productrices d’OGM, mon livre/film a suscité bien d’autres réactions qui permettent d’affirmer que, lentement mais sûrement, les choses bougent.

Ainsi, lors de l’examen parlementaire de la loi française sur les OGM au printemps 2008, on a vu des élus UMP très courageux monter au créneau pour dénoncer les pressions exercées par Monsanto sur leurs collègues. En avril 2008, le sénateur de la Manche Jean-François Legrand, qui avait émis des « doutes sérieux » sur le MON 810 lorsqu’il présidait le comité de préfiguration de la Haute Autorité sur les OGM, déclarait au Monde :

« Certains ont fait main basse sur l’UMP afin de défendre des intérêts mercantiles, “ripolinés” pour les rendre sympathiques : on a parlé de l’avenir de la science, de celui de la recherche… La force de frappe de Monsanto et des autres semenciers est phénoménale. Il fallait voir la violence des réactions de Bernard Accoyer [président de l’Assemblée nationale] et d’autres au lendemain de l’avis rendu par le comité de préfiguration. Il suffit de comparer les argumentaires des uns et des autres – identiques – pour comprendre l’origine de leur colère. Ils ont été action-nés. J’ai été approché par Monsanto et j’ai refusé de leur parler. Je veux rester libre . » (Note: « Un sénateur UMP estime que des parlementaires pro-OGM sont “actionnés” par les semenciers », Le Monde, 2 avril 2008).

Le 12 juin 2008, dans une interview à L’Express, le sénateur – qui a finalement été mis au ban du groupe UMP au Sénat lors de l’examen de la loi – confirmait le rôle qu’avait joué mon enquête dans sa prise de position :

« J’ai vu le film et j’ai été vraiment impressionné », témoignait-il, notant que certains de ses collègues ont, eux aussi, été « ébranlés ». « Mais je ne peux pas donner de noms », ajoutait-il. Quant à Antoine Herth, rapporteur du texte sur les OGM à l’Assemblée, il avouait à mon collègue de L’Express :

« L’effet a surtout été indirect : il y a eu un tel battage autour de sa diffu-sion que nous avons été harcelés. On recevait deux cents messages des altermondialistes par jour ! » (Note: L’Express, 12 juin 2008).

Au même moment, le député UMP de Moselle François Grosdidier s’exprimait quant à lui dans Libération pour dénoncer l’activisme de la FNSEA, le principal syndicat agricole, et du lobby semencier, pour que le projet de loi soit détricoté :

« Mes collègues sont grandement intoxiqués. […] Les députés ruraux sont soumis à de fortes pressions. » Il évoquait des « démarches individuelles faites auprès des députés ruraux, qui constituent la majorité des députés de la majorité, par les branches départementales de la FNSEA avec plus ou moins, disons, de véhémence. […] Certains de mes collègues, dont je tairai le nom, se sont entendu dire que leur permanence risquait d’être mise à sac . »

(Note: Voir son livre : François GROSDIDIER, Tuons-nous les uns les autres. Qu’avons-nous retenu des grandes catastrophes sanitaires ?, Le Rocher, Paris, 2008).

Depuis, j’ai rencontré François Grosdidier à plusieurs reprises. Il m’a confirmé que, sans ce lobbying forcené de Monsanto, des semenciers comme Limagrain et de la FNSEA, la loi sur les OGM ne serait jamais passée. Dans les faits, elle a été refusée à une voix près, puis finalement imposée par le gouvernement de M. Fillon, qui a sorti de son chapeau une commission paritaire, permettant de contourner le rejet du Parlement. Ce que j’ai appelé dans mon blog un « déni de démocratie pur et simple ».

Le 26 novembre 2008, François Grosdidier et Serge Lepeltier, maire de Bourges et ancien ministre de l’Environnement d’Alain Juppé, qui ont créé une association baptisée « Valeurs écologiques », m’ont invitée à animer un petit déjeuner conférence à l’Assemblée nationale. À leur grande surprise, près de soixante-dix élus et membres de diverses institutions se sont déplacés. J’ai concentré mon exposé sur l’enjeu des semences brevetées et le dessein de Monsanto de s’emparer du contrôle de la chaîne alimentaire à travers l’outil des OGM (un sujet complètement absent du débat parlementaire), sur l’inévitable contamination des filières conventionnelles et biologiques si les cultures transgéniques étaient autorisées en France et, enfin, sur la nécessité de revoir l’homologation du Roundup.

Entre-temps, en effet, la condamnation de Monsanto pour « publicité mensongère » (relative au Roundup) avait été confirmée le 29 octobre 2008 par la cour d’appel de Lyon, tandis qu’une nouvelle étude publiée par le professeur Gilles-Éric Séralini avec sa collègue Nora Benachour, dans la revue Chemical Research in Toxicology, confirmait « l’impact de diverses formulations et constituants » du Roundup « sur des lignées cellulaires humaines. Et ce à des doses très faibles », pour reprendre les termes du Monde . (Note: Hervé MORIN, « Le désherbant le plus vendu au monde mis en accusation », Le Monde, 10 janvier 2009).

Au même moment, en Argentine, où les cultures transgéniques couvrent aujourd’hui au moins 17 millions d’hectares, le gouvernement de Cristina Kirchner décidait, enfin, de bouger : à la suite notamment de différents articles parus dans le quotidien Página 12, largement déclenchés par mon livre/film, la présidente a créé par dé-cret, le 16 janvier 2008, une commission nationale d’enquête pour étudier les conséquences sanitaires dramatiques des « agrotoxiques », en particulier les épandages de Roundup dans les zones de production de soja transgénique.

Quelques jours plus tôt, à Córdoba, le juge Carlos Matheu a pris une décision, qui, de l’avis général, fera jurisprudence, interdisant les épandages du poison de Monsanto à moins de 1 500 mètres des lieux d’habitation. Dans le même temps, une série de plaintes étaient déposées à la suite de la multiplication de cancers, notamment chez les enfants nés dans les zones de culture de soja RR. Particulièrement alarmant est le cas du quartier de Ituzaingó à Córdoba, où les mères se battent depuis des années pour que cesse cet empoisonnement, responsable d’un taux particulièrement élevé de cancers, malformations fœtales et pathologies multiples. Enfin, en mai 2008, une équipe médicale de l’hôpital italien de Rosario, dirigée par le docteur Alejandro Oliva, a confirmé les conséquences sanitaires désastreuses du modèle transgénique . (Note: Darío ARANDA, « Varias generaciones están comprometidas », Pagina 12, 14 mai 2008).

Dans toutes mes conférences, j’insiste tout particulièrement sur l’importance de revoir l’homologation du Roundup, qui constitue à mes yeux une urgence sanitaire et qui, de plus, est lié à 70 % des plantes transgéniques cultivées sur la planète. L’argument semble faire son chemin : un peu partout en France, mais aussi au Canada, des citoyens ont décidé de rapporter au vendeur leurs bidons de l’herbicide le plus vendu au monde, et nombreuses sont les communes qui ont déjà interdit (ou vont interdire) son usage, ainsi que celui d’autres produits similaires tout aussi dangereux.
Par exemple, en juin 2008, j’ai été invitée à faire un exposé sur le Roundup par la région Poitou-Charentes, qui organisait un « forum participatif régional pour la réduc-tion des pesticides dans les collectivités ». Plus de cent cinquante élus et techniciens des espaces verts avaient répondu à l’appel, révélant leur inquiétude face à la catastrophe sanitaire qu’a déjà commencé à provoquer l’usage massif de pesticides, jusque dans les cours de récréation.

Le 24 novembre 2008, un article du Monde dénonçait, pour la première fois, les effets néfastes sur la fertilité masculine des pesticides (et plastiques), qui sont des perturbateurs endocriniens (comme le Roundup de Monsanto). Leur « présence diffuse dans l’environnement » pourrait expliquer que « le nombre et la qualité des spermatozoïdes » des hommes ont « diminué environ de 50 % par rapport à 1950 ». (Note: Paul BENKIMOUN, « La reproduction humaine menacée par la chimie », Le Monde, 24 novembre 2008.)

La postface de l’édition poche de mon livre (5)

Postface, fin!

Lors de mes projections-débats, qui réunissent toujours entre deux cents et six cents personnes, je pose immanquablement la même question :

« Qui a dans son entourage très proche quelqu’un qui souffre d’un cancer, de la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer ? » Systématiquement, quelque 80 % des personnes présentes dans la salle lèvent la main. Suivent alors invariablement les deux mêmes questions, venues, cette fois, du public : « Pourquoi ? Qu’est-ce qu’on peut faire ? »

Par un « hasard » de calendrier, Le Monde selon Monsanto est arrivé au bon moment, contribuant à cristalliser les inquiétudes de la société civile face à cet énorme enjeu que représentent les plantes transgéniques et, au-delà, face à l’angoissante épidémie de cancers, de maladies neurologiques ou auto-immunes et de dysfonctionnements de la reproduction, qui s’étend aujourd’hui dans les pays dits « développés ».

J’ai gagné le prix Rachel Carson!

La nouvelle était sous embargo depuis deux mois, mais je suis désormais autorisée à l’annoncer: j’ai été désignée lauréate du Prix Rachel Carson, remis, tous les deux ans à Stavanger (Norvège), à une femme qui par ses travaux participe à la défense de l’environnement .

Pour l’heure, le site du prix semble avoir des problèmes, car seule la page norvégienne fonctionne!

Rachel Carson (1907-1964) était ce qu’on appelle une « grande bonne femme ». Biologiste spécialiste de la mer, elle fut connue mondialement pour son livre Silent Spring (Le printemps silencieux) (1962) qui dénonçait , pour la première fois , l’impact des pesticides sur l’environnement et la santé des hommes, à un moment où tout le monde célébrait ces poisons comme les symboles de la science triomphante.

Son livre a provoqué l’interdiction définitive du DDT (1972), un insecticide organochloré hautement toxique produit notamment par Monsanto, qui continue de nous empoisonner, puisqu’on en retrouve régulièrement dans les organismes des nouveaux nés, contaminés par leurs mères.

Le printemps silencieux scelle la naissance du mouvement pour la défense de l’environnement et conduira à la création de l’ Agence américaine pour la protection de l’environnement ( EPA), dont je parle beaucoup dans mon livre.

Pour plus d’informations sur cette pionnière de la cause écologique, lire la note de Wikipedia.

Il est intéressant de noter que la firme Monsanto n’était pas restée indifférente au best-seller de Rachel Carson. Dès 1962, la multinationale de Saint Louis mène campagne contre l’auteure du Printemps silencieux, en la présentant comme une « femme hystérique » , scientifiquement incompétente , pour comprendre les bienfaits du DDT et autres pesticides…

La firme alla jusqu’à publier une parodie du livre, intitulé The Desolate Year, décrivant la catastrophe qui s’abattrait sur les Etats Unis, si ceux-ci décidaient de renoncer aux pesticides !!

J’irai chercher mon prix à Stavanger en Norvège, le 5 juin prochain.