Paul François a gagné son procès contre Monsanto!

Paul François, l’agriculteur de Charente, dont j’ai raconté l’histoire dans mon livre Notre poison quotidien, a gagné son procès contre Monsanto!

Le céréalier, qui fut victime d’une intoxication au Lasso (un herbicide de Monsanto, aujourd’hui interdit) ayant entraîné de graves troubles neurologiques persistants, avait lancé une procédure en responsabilité civile contre la multinationale américaine, dont la filière française est installée dans la banlieue lyonnaise. L’audience a eu lieu le 12 décembre 2011, devant la 4è chambre civile du TGI de Lyon. Le TGI de Lyon  a rendu sa décision, aujourd’hui, et a reconnu    la responsabilité de Monsanto dans l’intoxication de Paul François.  Comme le souligne très justement François Veillerette, le porte-parole de Genérations Futures, c’est une décision très importante, qui  fera jurisprudence, car  »  les firmes phytosanitaires savent dorénavant qu’elles ne pourront plus se défausser de leurs responsabilités sur les pouvoirs publics ou l’utilisateur et que des comptes leurs sont demandés. »

Mon film Notre poison quotidien commençait par une rencontre inédite d’une trentaine d’agriculteurs malades à cause des pesticides, – souffrant de cancers ou de maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson, dont certains avaient obtenu le statut de maladie professionnelle -, qui avait été organisée par Générations futures à Ruffec, non loin de la ferme de Paul François (photos ci-dessous). Cette réunion avait conduit à la création de l’association  Phyto victimes, dont Paul François est le président.

Je reproduis ici le chapitre que j’ai consacré dans mon livre à l’affaire de Paul François, qui retrace son incroyable parcours du combattant et qui révèle , une fois de plus, les manoeuvres de Monsanto pour nier ses responsabilités…

Victime d’une intoxication aiguë, par l’herbicide « Lasso » de Monsanto

Ce n’est pas la première que je rencontrais Paul François. En avril 2008, j’avais participé à une projection de mon film Le Monde selon Monsanto, à la demande d’une association de Ruffec présidée par Yves Manguy, un ancien de la Jeunesse Agricole Catholique (JAC) qui avait bien connu mon père et qui fut le premier porte-parole de la Confédération paysanne, à sa création en 1987[1]. Près de cinq cents personnes s’étaient pressées dans la salle des fêtes de la commune, et la soirée s’était terminée par une séance de signature de mon livre. Un homme s’était approché en demandant à me parler. C’était Paul François, quarante-quatre ans à l’époque, qui, au milieu de la cohue, avait commencé à me raconter son histoire. Encouragée par Yves Manguy, qui m’avait fait comprendre que son affaire était sérieuse, j’avais invité l’agriculteur à me rendre visite à mon domicile de la région parisienne, dès qu’il « monterait » sur la capitale. Il avait débarqué, quelques semaines plus tard, un énorme dossier sous le bras et nous avions passé la journée à le décortiquer ensemble.

Installé sur une ferme de 240 hectares où il cultivait du blé, du maïs et du colza, Paul François avait avoué, avec un sourire contrit, qu’il avait été le « prototype de l’agriculteur conventionnel ». Entendez : un adepte de l’agriculture chimique, qui utilisait sans état d’âme les multiples molécules – herbicides, insecticides et fongicides – recommandées par sa coopérative pour le traitement des céréales. Jusqu’à ce jour ensoleillé d’avril 2004 où sa « vie a basculé[i] », après un accident grave dû à ce que les toxicologues appellent une « intoxication aiguë » (poisoning en anglais), un empoisonnement provoqué par l’inhalation d’une grande quantité de pesticide.

Le céréalier venait de pulvériser sur ses champs de maïs du Lasso, un herbicide fabriqué par la multinationale américaine Monsanto. Dans une publicité télévisée de la firme vantant les mérites du désherbant, on voit un agriculteur d’une quarantaine d’années, casquette vissée sur la tête, qui, après avoir énuméré les mauvaises herbes « polluant » ses champs, conclut, regard fixé sur la caméra : « Ma réponse, c’est le contrôle chimique des mauvaises herbes. S’il est bien utilisé, personne n’est affecté, sauf les mauvaises herbes. » Ce genre de spot était monnaie courante aux États-Unis dans les années 1970, quand les industriels de la chimie n’hésitaient pas à recourir au petit écran pour convaincre les agriculteurs, mais aussi les consommateurs, de l’utilité de leurs produits pour le bien de tous.

Après l’épandage, Paul François avait vaqué à d’autres occupations, puis était revenu quelques heures plus tard pour vérifier que la cuve de son pulvérisateur avait bien été rincée par le système de nettoyage automatique. Contrairement à ce qu’il pensait, la cuve n’était pas vide mais contenait des résidus de Lasso, et notamment de monochlorobenzène, encore appelé « chlorobenzène », le principal solvant de la formulation. Chauffé par le soleil, celui-ci s’était transformé en gaz, dont les vapeurs ont assailli l’agriculteur. « J’ai été saisi de violentes nausées et de bouffées de chaleur, m’a-t-il expliqué. J’ai aussitôt prévenu ma femme, infirmière, qui m’a conduit aux urgences de Ruffec, en prenant soin d’emporter l’étiquette du Lasso. J’ai perdu connaissance en arrivant à l’hôpital, où je suis resté quatre jours en crachant du sang, avec de terribles maux de tête, des troubles de la mémoire, de la parole et de l’équilibre. »

Première (étrange) anomalie – et nous verrons que le dossier de Paul François en est truffé –, contacté par le médecin urgentiste de Ruffec, qui avait pris connaissance du produit inhalé, le centre antipoison de Bordeaux a déconseillé par deux fois de réaliser des prélèvements sanguins et urinaires, qui auraient permis de mesurer le niveau de l’intoxication en détectant les traces de la matière active[2] du Lasso, l’alachlore, ainsi que du chlorophénol, le principal métabolite – c’est-à-dire le produit de sa dégradation par l’organisme – du chlorobenzène. L’absence de ces prélèvements fera cruellement défaut quand l’agriculteur portera plainte contre la célèbre multinationale de Saint Louis (Missouri). Mais nous n’en sommes pas encore là…

Après son hospitalisation, Paul François est en arrêt de travail pendant cinq semaines, pendant lesquelles il souffre de bégaiements et de périodes d’amnésie plus ou moins longues. Puis, malgré un « profond état de fatigue », il décide de « reprendre le boulot ». Au début du mois de novembre 2004, soit plus de six mois après son accident, il est frappé d’un « moment d’absence » : alors qu’il conduit sa moissonneuse-batteuse, il quitte brutalement le champ où il est en train de récolter, pour traverser un chemin. « J’étais totalement inconscient, raconte-t-il aujourd’hui. J’aurais très bien pu foncer sur un arbre ou dans un fossé. » Pensant qu’il s’agit des séquelles de l’intoxication d’avril, son médecin traitant contacte le centre antipoison d’Angers, lequel, comme son homologue de Bordeaux, refuse de l’examiner et de faire des prélèvements sanguins et urinaires…

En 2007, lorsque Me Laforgue, l’avocat de Paul François, sollicitera le professeur Jean-François Narbonne, directeur du groupe de toxicologie biochimique de l’université de Bordeaux et expert auprès d’institutions comme l’AFSSA, pour établir un rapport, celui-ci ne mâchera pas ses mots : « Il faut insister ici sur le comportement aberrant des centres antipoisons français qui, contre toute logique scientifique, ont à plusieurs reprises déconseillé de réaliser des mesures de biomarqueurs d’exposition, malgré les demandes réitérées de la famille de Paul François, écrit-il le 20 janvier 2008. Ces absences ahurissantes sont incompréhensibles pour un toxicologue et laissent la porte ouverte à toutes les hypothèses, allant de l’incompétence grave à une volonté délibérée de ne pas fournir de preuves pouvant impliquer un produit commercialisé et éventuellement la firme productrice. […] Cette faute grave justifie des suites judiciaires. »

Pourtant, s’ils avaient fait leur travail, en respectant leur mission de santé publique, les toxicologues des centres antipoisons de Bordeaux et d’Angers auraient pu sans mal consulter les fiches techniques du Lasso, dont la première « autorisation de mise sur le marché » a été accordée en France à Monsanto le 1er décembre 1968. Ils auraient pu constater que l’herbicide est constitué d’une matière active, l’alachlore, à hauteur de 43 %, et de plusieurs adjuvants, encore appelés « matières inertes », dont le chlorobenzène utilisé comme solvant, qui représente 50 % du produit. Cette substance a bien été déclarée par Monsanto au moment de sa demande d’homologation du Lasso, mais elle ne figure pas sur l’étiquette des bidons vendus aux agriculteurs. Et si on additionne les pourcentages attribués à l’alachlore et au chlorobenzène, le compte n’y est pas : les 7 % restants sont couverts par le « secret commercial », les fabricants n’étant pas tenus de communiquer aux agences de réglementation l’identité des adjuvants qui entrent à moins de 7 % dans la formulation de leurs produits…

En révisant la fiche du chlorobenzène établie par l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), les responsables des centres antipoisons auraient en tout cas pu lire que cet « intermédiaire de synthèse organique » utilisé pour la « fabrication de colorants et de pesticides », est « nocif par inhalation » et « entraîne des effets néfastes à long terme ». De plus, il « se concentre dans le foie, les reins, les poumons et, surtout, le tissu adipeux. […] L’inhalation de vapeurs provoque une irritation oculaire et des voies respiratoires lors d’expositions de l’ordre de 200 ppm (930 mg/m3). À forte dose, on peut observer une atteinte neurologique associant somnolence, manque de coordination, dépression du système nerveux central puis troubles de conscience ». Enfin, les experts de l’INRS recommandent d’effectuer un « dosage du 4-chlorocatéchol et du 4-chlorophénol dans les urines », les deux métabolites du chlorobenzène, « pour la surveillance biologique des sujets exposés ». Précisément ce que les deux centres antipoisons consultés ont refusé de faire ! À noter, enfin, que le solvant est inscrit au tableau n° 9 des maladies professionnelles du régime général de la Sécurité sociale, parce qu’il peut entraîner des accidents nerveux aigus.

Quant à l’alachlore, la molécule active du Lasso qui lui confère sa fonction herbicide, un document de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Food and Agriculture Organization (FAO), datant de 1996, note que chez des « rats exposés à des doses létales » la mort est précédée « de production de salive, de tremblements, d’un effondrement et de coma[ii] ». S’agissant de l’étiquetage des bidons, les organisations onusiennes recommandent de préciser que le produit est un « cancérigène possible pour les humains » et que les utilisateurs doivent porter une « combinaison de protection, des gants et un masque » au moment des manipulations. Enfin, elles précisent que bien qu’« aucun cas n’ait été rapporté », les « symptômes d’une intoxication aiguë seraient probablement des maux de tête, nausées, vomissement et vertige. Une intoxication grave peut produire des convulsions et le coma ». C’est pour toutes ces raisons que le Canada a interdit l’usage du Lasso dès le 31 décembre 1985, suivi par l’Union européenne en… 2007[3].

En France, un document du ministère de l’Agriculture annonce début 2007 que le « retrait définitif » de l’herbicide est prévu pour le 23 avril 2007, mais qu’un « délai de distribution » a été accordé jusqu’au 31 décembre et que le « délai d’utilisation » a été fixé, lui, au 18 juin 2008 ! Histoire de laisser Monsanto et les coopératives agricoles écouler tranquillement leurs stocks, ainsi que le prouve un article de l’hebdomadaire Le Syndicat agricole qui annonce, le 19 avril 2007, plusieurs « retraits programmés » de pesticides, dont ceux à base d’alachlore, comme le Lasso, l’Indiana et l’Arizona. « Cependant, précise le journal, comme le prévoit la directive européenne 91/414, les États membres peuvent disposer d’un délai de grâce permettant de supprimer, d’écouler et d’utiliser les stocks existants[iii]. »

Il est intéressant de souligner que l’article n’explique à aucun moment pourquoi l’Union européenne a décidé de « suspendre les autorisations de mise sur le marché », c’est-à-dire en termes clairs d’interdire les herbicides de Monsanto, dont la substance active s’est révélée cancérigène dans des études conduites sur des rongeurs. Tout se passe comme si les préoccupations agronomiques passaient au-dessus des préoccupations sanitaires, alors que, faut-il le rappeler, si les herbicides sont retirés de la vente, c’est qu’ils mettent en danger la santé de leurs utilisateurs, en l’occurrence des lecteurs du Syndicat agricole !

Le combat de Paul François

Pour Paul François, l’accident du travail tourne au cauchemar. Le 29 novembre 2004, il tombe brutalement dans le coma à son domicile et ce sont ses deux filles, alors âgées de neuf et treize ans, qui donnent l’alerte. Il est hospitalisé au CHU de Poitiers pendant plusieurs semaines. Dans un bilan de santé, établi le 25 janvier 2005, le médecin du service des urgences décrit un « état de conscience extrêmement altérée », le patient « ne répond pas aux ordres simples », « l’électroencéphalogramme […] montre une activité aiguë, lente, subintrante pouvant faire penser à un état de mal épileptique ». Le même jour, un neurologue note : « Il persiste des troubles d’élocution (dysarthrie) et amnésie. »

S’ensuivent sept mois rythmés par les hospitalisations, dont soixante-trois jours à l’hôpital parisien de La Pitié-Salpêtrière, les transferts de service en service et les comas à répétition. Curieusement, les différents spécialistes consultés s’acharnent à ignorer, dans un bel ensemble, l’origine des troubles de l’agriculteur : son empoisonnement au Lasso. Dépression, maladie mentale, épilepsie, différentes hypothèses sont tour à tour étudiées, à grand renfort d’examens. Paul François enchaîne les scanners, les encéphalogrammes et subit même une évaluation psychiatrique, mais finalement toutes ces pistes sont écartées.

Las de ces atermoiements et poussé par sa femme, Paul François contacte l’Association toxicologie-chimie, présidée par le professeur André Picot, l’un des experts de la rencontre de Ruffec. Celui-ci lui conseille de faire analyser le Lasso, pour savoir quelle est la composition exacte de l’herbicide et, notamment, quels sont les produits couverts par le secret commercial, ceux que Monsanto n’a pas été tenu de déclarer car ils entrent à moins de 7 % dans la formulation. Confiée à un laboratoire spécialisé, l’analyse révèlera que l’herbicide contient 0,2 % de chlorométhylester de l’acide acétique, un additif issu d’un produit extrêmement toxique, le chloroacétate de méthyle, capable de provoquer par inhalation ou par contact cutané l’asphyxie cellulaire[4].

Quand, au cours de mon enquête, j’essaierai de comprendre comment était justifiée cette incroyable règle qui consiste à autoriser les fabricants de pesticides à mettre n’importe quelle substance dans leur produit, aussi toxique soit-elle, au motif qu’elle ne dépasse pas 7 % de la formulation, je n’obtiendrai aucune réponse des représentants des agences de réglementation, et notamment de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). J’en conclus que cette clause aberrante est un cadeau fait aux industriels, dont l’objectif est de favoriser leurs intérêts au détriment de ceux des usagers, en l’occurrence ici des agriculteurs.

Désireux de comprendre l’origine de ses troubles neurologiques, pour éventuellement mieux les soigner, Paul François demande au directeur adjoint de la coopérative qui lui a fourni le Lasso de prendre contact avec Monsanto. Celui-ci l’informe qu’il a déjà signalé l’accident à la filiale française de la multinationale, installée dans la banlieue de Lyon, mais que celle-ci n’a pas donné suite. « J’étais très naïf, dit aujourd’hui Paul François. Je pensais que Monsanto allait collaborer pour m’aider à trouver une solution à mes problèmes de santé. Mais il n’en fut rien ! » Finalement, grâce à la ténacité du représentant de la coopérative, un premier échange téléphonique a lieu entre Sylvie François, l’épouse de Paul, et le docteur John Jackson, un ancien salarié de Monsanto devenu consultant de la firme en Europe. « Ma femme a été très choquée, commente l’agriculteur, car après avoir affirmé qu’il ne connaissait pas d’antécédents d’intoxication au Lasso, il a proposé une compensation financière, en échange de l’engagement d’abandonner toute poursuite contre la firme. » Toujours les bonnes vieilles pratiques que j’ai longuement décrites dans mon livre Le Monde selon Monsanto, consistant à acheter le silence des victimes, voire à les intimider, pour que le business puisse continuer, quel qu’en soit le prix sanitaire ou environnemental.

Devant l’insistance de Sylvie François, le bon docteur Jackson accepte d’organiser un rendez-vous téléphonique avec le docteur Daniel Goldstein, en charge du département de toxicologie au siège de la firme, à Saint Louis, dans le Missouri. Ne parlant pas anglais, Paul François demande à un ami, chef d’entreprise de conduire l’entretien. À l’instar de son collègue d’Europe, l’Américain commence par proposer une indemnisation financière. « Nous avions vraiment l’impression que mes problèmes de santé ne lui importaient guère, raconte Paul François. Il est même allé jusqu’à nier la présence de chlorométhylester de l’acide acétique dans la formulation du Lasso ! Mais quand nous lui avons proposé de lui envoyer le résultat de l’analyse, effectuée sur deux échantillons de Lasso, fabriqué à deux ans d’intervalle, il a changé de stratégie en disant que la présence de la molécule devait être due à un processus de dégradation de l’herbicide. Si c’est le cas, il est curieux que le taux soit exactement le même dans les deux échantillons ! » En clair : pour le représentant de Monsanto, le chlorométhylester de l’acide acétique serait le résultat d’une réaction chimique accidentelle provoquée par le vieillissement de l’herbicide. « “C’est de la mauvaise foi”, commente André Picot, qui estime que le “chloro­acétate était utilisé pour son pouvoir énergisant afin d’augmenter l’activité du désherbant”[iv]. »

La « bête noire de Monsanto »

C’est ainsi que Paul François devient « l’une des bêtes noires de Monsanto », pour reprendre l’expression de La Charente libre. Une caractéristique qu’assurément nous partageons ! Mais, très vite, il devient aussi « un cas d’école et de polémique pour les scientifiques et toxicologues[v] ». En effet, constatant l’aggravation de l’état neurologique du céréalier, l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière décide de réaliser les prélèvements urinaires que les centres antipoison n’avaient pas jugés bon de recommander. Effectués le 23 février 2005, soit dix mois après l’accident initial, ceux-ci révèlent, contre toute attente, un pic d’excrétion du chlorophénol, le principal métabolite du chlorobenzène, ainsi que des produits de dégradation de l’alachlore. Tout indique qu’une partie de l’herbicide a été stockée dans l’organisme, notamment les tissus adipeux, de Paul François, et que le relargage progressif dans le sang est à l’origine des comas et troubles neurologiques graves qui l’assaillent régulièrement.

Mais au lieu de se rendre à l’évidence et d’agir en conséquence, les « spécialistes », avec en tête les toxicologues des centres antipoison, maintiennent que c’est impossible. Pour justifier leur déni, ils invoquent le fait que la durée de vie du chlorophénol ou du monochlorobenzène dans le corps ne peut dépasser trois jours et qu’en aucun cas on ne peut retrouver trace de ces molécules au-delà de ce délai. Une explication toute théorique basée sur les données toxicologiques fournies par les fabricants, dont nous verrons qu’elles sont bien souvent sujettes à caution (voir infra, chapitre 5).

Si l’on prend l’exemple de la fiche technique établie par l’INRS pour le chlorobenzène, qui repose bien évidemment sur les études communiquées par les industriels, on constate que les données concernant l’élimination de la substance par l’organisme, après l’administration orale d’une dose relativement élevée (500 mg/kg de poids corporel, deux fois par jour, pendant quatre jours) ont été obtenues à partir d’une expérience menée sur le lapin. Le rongeur est certes un mammifère avec lequel nous partageons un certain nombre de caractéristiques, mais de là à conclure, les yeux fermés, que les mécanismes d’excrétion constatés chez la pauvre bête sont extrapolables à l’homme, c’est un pas un peu vite franchi ! Surtout quand cet argument sert à nier le lien entre une intoxication humaine aiguë par inhalation et ses effets neurologiques à long terme.

Pour l’homme, les seules données disponibles concernent des prélèvements effectués « en sortie de poste » sur des ouvriers travaillant dans des usines fabricant du chlorobenzène (ou l’utilisant, la fiche ne le précise pas). « Chez l’homme, écrivent ainsi les experts de l’INRS, le 4-chlorocatéchol et le 4-chlorophénol apparaissent dans les urines rapidement après le début de l’exposition, avec un pic d’élimination atteint à la fin de l’exposition (vers la huitième heure). L’élimination urinaire est biphasique : les demi-vies du 4-chlorocatéchol sont de 2,2 heures et de 17,3 heures pour chaque phase respectivement, celles du 4-chlorophénol sont de 3 heures et de 12,2 heures. L’excrétion du 4-chlorocatéchol est environ trois fois plus importante que celle du 4-chlorophénol. » Il faut bien admettre que la fiche est laconique : elle ne dit pas quel fut le degré de l’exposition des ouvriers, mais on peut subodorer qu’il fut inférieur au « gazage », pour reprendre le terme du professeur André Picot, subi par Paul François, car dans le cas contraire, ils auraient fini à l’hôpital ! Elle ne dit pas non plus si le mécanisme d’excrétion constaté concerne tout ou partie des métabolites, dont, par ailleurs, l’INRS précise qu’ils ont tendance à « se concentrer dans les tissus adipeux ».

Tout cela ressemblerait fort à une bataille de spécialistes, somme toute assez ennuyeuse, s’il n’était la conclusion honteuse – et je pèse mes mots – tirée par les brillants toxicologues de trois centres antipoison français : si on a retrouvé les métabolites du chlorobenzène et de l’alachlore dans les urines, et même les cheveux de Paul François, en février puis en mai 2005, c’est qu’il avait inhalé du Lasso quelques jours plus tôt !

« La première fois que j’ai entendu cet argument, je me suis passablement énervé, raconte l’agriculteur. C’était dans la bouche du docteur Daniel Poisot, le chef de service du centre antipoison de Bordeaux. En clair, il m’accusait de me shooter au Lasso ! Quand je lui ai fait remarquer que le premier prélèvement urinaire a été effectué au milieu d’une longue hospitalisation à La Pitié-Salpêtrière, rendant difficile un contact avec l’herbicide, il a répondu que rien ne m’empêchait de cacher une fiole dans ma chambre d’hôpital ! J’étais tellement sidéré que j’ai fait une remarque sur les liens entre certains toxicologues et l’industrie chimique. Il a ri, en disant que c’était de la fiction et que de toute façon les firmes étaient là pour fabriquer des produits sains et non pour mettre la planète en danger et encore moins les hommes. »

L’argument de la toxicomanie supposée de Paul François a aussi été évoqué par le docteur Patrick Harry, le responsable du centre antipoison d’Angers, lors d’une conversation téléphonique avec Sylvie François, ainsi qu’il ressort du témoignage qu’elle a rédigé pour le tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) d’Angoulême : « Il m’a dit froidement que les résultats d’analyse ne s’expliquaient que par une inhalation volontaire du produit. »

Quant au docteur Robert Garnier, chef de service du centre antipoison et de toxicovigilance de Paris, il n’a certes pas évoqué ouvertement la possibilité d’une « inhalation volontaire », préférant psychiatriser les troubles de Paul François. « Le monochlorobenzène peut expliquer l’accident initial et les troubles observés pendant les heures, voire les jours suivants, mais il n’est pas directement à l’origine des troubles qui sont survenus au cours des semaines et des mois ultérieurs, affirme-t-il dans un courrier au docteur Annette Le Toux, le 1er juin 2005. Son intoxication aiguë a suffisamment inquiété cet exploitant agricole pour qu’il craigne d’être durablement intoxiqué ; la répétition des malaises pourrait être la somatisation de cette anxiété. » Dans sa réponse, quinze jours plus tard, le médecin de la Mutualité sociale agricole (MSA) rappelle que les « troubles » sont des « pertes de connaissance complète » et que le bilan « exclut l’origine psychiatrique des malaises notés ». Puis, manifestement gênée aux entournures, elle ajoute qu’il manque un « fil conducteur » dans ce dossier.

Et pour cause : tous les toxicologues consultés se sont obstinés à nier les effets chroniques du Lasso et de ses composants pour dédouaner le poison de Monsanto ! Pourquoi ? Nous verrons ultérieurement qu’un certain nombre de toxicologues et chimistes gardent des liens très étroits avec l’industrie chimique, y compris – et c’est là que le bât blesse – quand ils occupent des fonctions dans des institutions publiques, comme ici les centres antipoison. Parfois, il s’agit de véritables conflits d’intérêt que les intéressés se gardent bien de rendre publics ; parfois aussi, il s’agit tout simplement d’une « relation incestueuse » due au fait que ces scientifiques spécialisés dans la chimie ou la toxicologie sont « issus d’une même famille », pour reprendre les termes de Ned Groth, un expert environnemental que j’ai rencontré aux États-Unis (voir infra, chapitres 12 et 13).

Cette consanguinité chronique est clairement illustrée par l’exemple du docteur Robert Garnier, le responsable du centre antipoison de Paris. Lors de sa visite à mon domicile, Paul François m’avait montré un document qu’il avait imprimé à partir du site Web de Medichem, dont j’ai gardé une copie[vi]. Cette « association scientifique internationale », qui s’intéresse exclusivement à « la santé liée au travail et à l’environnement dans la production et l’usage de produits chimiques », a été créée en 1972 par le docteur Alfred Thiess, l’ancien directeur médical de la firme chimique allemande BASF. Parmi ses soutiens, on compte certaines des plus grandes entreprises mondiales de la chimie, dont la plupart ont un passé – et un présent – de pollueurs avérés.

Chaque année, Medichem organise un colloque international. En 2004, celui-ci s’est tenu à Paris, sous la présidence du docteur… Robert Garnier, qui faisait alors partie du conseil d’administration de l’association, aux côtés, par exemple, du docteur Michael Nasterlack, un cadre de BASF occupant la fonction de secrétaire. Dans la liste des participants au colloque, figurait le docteur… Daniel Goldstein, le toxicologue en chef de Monsanto, celui-là même qui a proposé une transaction financière à Paul François contre l’abandon d’éventuelles poursuites ! Lors d’une rencontre avec le docteur Garnier, l’agriculteur de Ruffec lui avait demandé s’il connaissait son collègue de la firme de Saint Louis, ce que le responsable du centre antipoison de Paris avait nié. Toujours est-il qu’au moment d’écrire ce livre, je n’ai pas retrouvé sur le Web le document que m’avait remis Paul François, car il a tout simplement disparu…

En procès contre la MSA et Monsanto

« À dire vrai, mon affaire m’a fait perdre ma naïveté, soupire l’agriculteur, et voilà comment, pour la première fois de ma vie, je me suis retrouvé devant les tribunaux. » Devant le refus de la Mutualité sociale agricole et de l’AAEXA – l’organisme dépendant de la MSA qui prend en charge les accidents du travail – de reconnaître ses graves problèmes de santé comme une maladie professionnelle, Paul François décide de saisir le tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) d’Angoulême.

Le 3 novembre 2008, le TASS lui donne raison, en affirmant que « sa rechute déclarée le 29 novembre 2004 est directement liée à l’accident du travail dont il a été victime le 27 avril 2004 et qu’elle doit être prise en charge au titre de la législation professionnelle ». Dans son jugement, le tribunal se réfère au rapport du professeur Jean-François Narbonne, que j’ai précédemment cité, qui note que les troubles sont dus au « stockage massif des substances dans les tissus adipeux et/ou [au] blocage persistant des activités de métabolisation ». En d’autres termes : devant le niveau extrêmement élevé de l’empoisonnement, les fonctions de métabolisation des substances toxiques se sont bloquées, entraînant un stockage de ces dernières dans l’organisme. « Bien qu’exceptionnelle, cette hypothèse est tout à fait plausible », commente André Picot. Un avis que partage le professeur Gérard Lachâtre, expert au service de pharmacologie et de toxicologie du CHU de Limoges, l’unique spécialiste à avoir envisagé un lien entre les troubles neurologiques récurrents de Paul François et son « gazage » au lasso.

Pour l’agriculteur de Ruffec, la décision du TASS d’Angoulême constitue une première victoire. Mais il ne s’arrête pas là : il porte plainte contre Monsanto, devant le tribunal de grande instance de Lyon[5], au motif que la firme a « manqué à son obligation d’information relative à la composition du produit ». « Sur l’emballage fourni avec le Lasso, seule la présence d’alachlore est mentionnée comme entrant dans la composition du désherbant, la présence de monochlorobenzène n’est pas notifiée, écrit ainsi l’avocat François Lafforgue, dans les conclusions qu’il a remises au tribunal, le 21 juillet 2009. Le risque d’inhalation du monochlorobenzène, substance très volatile, les précautions à prendre pour la manipulation du produit et les effets secondaires à une inhalation accidentelle ne sont pas mentionnés. »

De l’autre côté, les conclusions adressées par Monsanto au TGI utilisent avec un incroyable cynisme l’absence de prélèvements urinaires et sanguins, décidée par le centre antipoison de Bordeaux juste après l’accident : « M. Paul François n’a jamais établi que le produit qu’il aurait inhalé le 27 avril 2004 a été du Lasso, soutiennent les avocats de la multinationale. En effet, il n’y a aucun document médical faisant état, le 27 avril 2004, d’une inhalation de Lasso. […] Cette évidence que M. Paul François tente d’expliquer par une négligence des services hospitaliers est patente. » Et de conclure avec un incroyable aplomb : « Il résulte de l’ensemble des éléments précités qu’aucun lien de causalité ne peut être établi (voire même présumé) entre l’accident du 27 avril 2004 et l’état de santé de M. Paul François. »

Pour étayer ses impitoyables conclusions, la firme de Saint Louis joint deux documents en pièces annexes. Le premier émane du docteur Pierre-Gérard Pontal, qui a réalisé une « évaluation médicale scientifique du cas d’intoxication de M. Paul François », le 27 mars 2009. Quand on recherche sur le Web le nom du toxicologue, on tombe sans mal sur le curriculum vitae qu’il a lui-même mis en ligne. On découvre ainsi qu’il a travaillé au centre antipoison de Paris, puis cinq ans comme médecin-chef dans une usine de Rhône-Poulenc Agrochimie, avant de diriger l’équipe Évaluation des risques pour l’homme au sein d’Aventis CropScience. Ses liens avec l’industrie chimique sont donc évidents. D’une manière générale, son rapport sert tous les poncifs de la toxicologie institutionnelle, en invoquant les « connaissances scientifiques établies » comme l’intangible principe de Paracelse, « seule la dose fait le poison », sur lequel je reviendrai longuement (voir infra, chapitre 7).

Mais pour résumer le caractère biaisé de son évaluation, il suffit de citer sa critique du rapport de Jean-François Narbonne, lequel, prétend-il, « omet de se poser la question de la détermination de la dose à laquelle M. François a été exposé ». Un comble, quand on sait que le professeur Narbonne a clairement dénoncé l’incurie des centres antipoison qui ont refusé de faire les prélèvements, lesquels auraient justement permis de mesurer le niveau d’intoxication de l’agriculteur de Ruffec…

Rédigé par le docteur Daniel Goldstein, responsable du « Product Safety Center » (centre de sécurité des produits) à Saint Louis, le second document cité par les avocats de Monsanto constitue précisément une défense pro domo des fameux centres antipoison, ce qui a le mérite de la clarté : « Étant donné qu’il s’agit d’une exposition identifiée à une substance qui est en principe rapidement excrétée et qui ne devrait pas avoir de toxicité chronique, le fait d’obtenir des concentrations dans le sang ou dans l’urine n’offre pas ou peu d’intérêt pour le patient », note-t-il sans peur du ridicule. Puis, il enfonce le clou, en soutenant avec ostentation ceux que ses propos élèvent au rang de « complices » dans ce qui ressemble fort à un déni organisé : « Nous confirmons les dires du centre antipoison français selon lesquels la réalisation d’analyses peu après exposition n’aurait pas donné d’information utile, et selon lesquels M. François aurait dû se remettre de la brève exposition par inhalation sans problème. » Inutile de commenter, la messe est dite.


[1] La Confédération paysanne est un syndicat agricole minoritaire, plutôt marqué à gauche, qui milite pour un modèle agricole durable, plus familial et moins industriel.

[2] Chaque pesticide est constitué d’une « matière active » – dans le cas du Lasso, il s’agit de l’alachlore – et de nombreux adjuvants, encore appelés « substances inertes », comme les solvants, dispersants, émulgateurs et surfactants, dont le but est d’améliorer les propriétés physicochimiques et l’efficacité biologique des matières actives, et qui n’ont pas d’activité pesticide propre.

[3] L’Union européenne a décidé de ne pas inscrire l’alachlore dans l’annexe 1 de la directive 91/414/CEE. Notifiée sous le numéro C (2006) 6567, cette décision précise que « l’exposition résultant de la manipulation de la substance et de son application aux taux (c’est-à-dire aux doses prévues par hectare) proposés par l’auteur de la notification […] représenterait un risque inacceptable pour les utilisateurs ».

[4] L’analyse révèle aussi que le Lasso comprend 6,1 % de butanol et 0,7 % d’isobutanol.

[5] En février 2011, le procès n’avait toujours pas eu lieu.


[i] « Malade des pesticides, je brise la loi du silence », Ouest France, 27 mars 2009.

[ii] « Alachlor », WHO/FAO Data Sheets on Pesticides, n° 86, <www.inchem.org>, juillet 1996.

[iii] « Maïs : le désherbage en prélevée est recommandé », Le Syndicat agricole, <www.syndicatagricole.com>, 19 avril 2007.

[iv] « Un agriculteur contre le géant de l’agrochimie », <www.viva.presse.fr>, 2 avril 2009.

[v] Jean-François Barré, « Paul, agriculteur, “gazé” au désherbant ! », La Charente libre, 17 juillet 2008.

[vi] <www.medichem2004.org/schedule.pdf>, page devenue depuis indisponible.

Photos:

– La réunion fondatrice où fut lancé l' »appel de Ruffec »

– Paul François, avec à sa droite, son avocat François Lafforgue, et à sa gauche, François Veillerette, porte parole de générations futures

– Paul François sur sa ferme

Pesticides: rien n’arrêtera la prise de conscience!

Je rentre d’un court séjour au Brésil, où le festival du cinéma de Salvador de Bahia a présenté mon film « Notre poison quotidien », en avant première dans ce pays qui représente le premier consommateur de poisons agricoles d’Amérique latine. Au même moment une coalition d’une cinquantaine d’ONG lançait une campagne nationale de sensibilisation aux dégâts causés par les pesticides. J’ai participé à l’inauguration de la campagne à Salvador de Bahia :

Puis j’ai rejoint Rio de Janeiro où mon film a été projeté devant 3OO étudiants de l’école polytechnique de la FIOCRUZ (l’équivalent brésilien de l’INSERM) :

http://www.sinpaf.org.br/modules/smartsection/item.php?itemid=537

Bien évidemment, les futurs ingénieurs et médecins ont posé de nombreuses questions sur le roundup de Monsanto dont le pays est inondé, en raison des cultures de soja transgénique. Je leur ai commenté les différentes études montrant que l’herbicide est cancérigène et considéré comme un perturbateur endocrinien, au point de susciter des inquiétudes y compris au Canada :

http://www.gretess.uqam.ca/?p=185

Je leur ai cité l’article du Monde, publié le 9 août dernier, que je transcris ici  qui confirmait ce que j’ai écrit il y a … plus de trois ans ! Les responsables politiques – français et européens- qui continuent de pratiquer la politique de l’autruche en refusant de réexaminer l’autorisation de mise sur le marché du roundup, auront des comptes à rendre dans un avenir que j’espère très proche, car disons les choses clairement : leur inertie n’est pas seulement irresponsable, elle est aussi criminelle.

Voici l’article :

Nouvelles charges contre le Roundup de Monsanto

Des chercheurs reprochent à Bruxelles sa lenteur à réévaluer la toxicité de l’herbicide à la lumière d’études récentes

Le Roundup et son principe actif, le glyphosate, sont de nouveau au centre d’une controverse. Dans un rapport édité par Earth Open Source (EOS), une petite organisation non gouvernementale (ONG) britannique, une dizaine de chercheurs mettent en cause les autorités européennes pour leur peu d’empressement à réévaluer, à la lumière de nouvelles données, l’herbicide à large spectre le plus utilisé au monde. Le texte, qui circule sur Internet depuis juin, rassemble les indices selon lesquels le pesticide phare de Monsanto est potentiellement tératogène – c’est-à-dire responsable de malformations foetales.

Les auteurs du rapport citent notamment une étude publiée, fin 2010, dans Chemical Research in Toxicology, selon laquelle l’exposition directe d’embryons de batraciens (Xenopus laevis) à de très faibles doses d’herbicide à base de glyphosate entraîne des malformations. Menés par l’équipe de l’embryologue Andres Carrasco, de l’université de Buenos Aires, ces travaux identifient en outre le mécanisme biologique à la base du phénomène : exposés au phytosanitaire, les embryons de Xenopus laevis synthétisent plus de trétinoïne, dont l’effet tératogène est notoire chez les vertébrés.

Monsanto réfute ces conclusions, précisant qu’une exposition directe, « irréaliste », permettrait aussi de conclure à la tératogénicité de la caféine… « Le glyphosate n’a pas d’effets nocifs sur la reproduction des animaux adultes et ne cause pas de malformations chez la descendance des animaux exposés au glyphosate, même à très fortes doses », ajoute Monsanto sur son site Web.

Pourtant, le dernier rapport d’évaluation du glyphosate par la Commission européenne, daté de 2001, qui repose au moins en partie sur les études toxicologiques commanditées par l’agrochimiste lui-même, précise qu’à hautes doses toxiques, le glyphosate provoque chez le rat « un plus faible nombre de foetus viables et un poids foetal réduit, un retard d’ossification, une plus forte incidence d’anomalies du squelette et/ou des viscères ».

Selon EOS, les observations d’Andres Carrasco coïncident avec des effets suspectés sur les populations humaines les plus exposées au Roundup. C’est-à-dire dans les régions où les cultures génétiquement modifiées résistantes au glyphosate (dites « Roundup Ready ») se sont imposées et où l’herbicide est donc le plus massivement épandu. Un examen des registres de la province argentine du Chaco a montré, dans la localité de La Leonesa, que l’incidence des malformations néonatales, au cours de la décennie 2001-2010, avait quadruplé par rapport à la décennie 1990-2000. Selon M. Carrasco, la commission ayant mené ce décompte a recommandé aux autorités de lancer une étude épidémiologique en bonne et due forme. « Cette recommandation n’a pas été suivie », dit le chercheur.

« Qu’il y ait un problème en Amérique du Sud avec les produits phytosanitaires, c’est probable, mais il est très difficile d’affirmer qu’il est lié au glyphosate en particulier », estime un toxicologue qui travaille dans l’industrie et reproche au rapport d’EOS des « amalgames » et « des comparaisons de chiffres trompeuses ». « En outre, ajoute-t-il, la pulvérisation aérienne est la norme là-bas, alors qu’elle est globalement interdite en Europe. »

Pour la Commission européenne, les indices rassemblés par EOS ne constituent pas un motif suffisant pour changer le calendrier en cours. La dernière évaluation du Roundup remonte à 2002. La réévaluation était prévue en 2012, mais le retard accumulé par Bruxelles va repousser ce nouvel examen à 2015.

Ce retard n’est pas la principale raison des protestations de l’ONG. « De nouvelles règles d’évaluation des pesticides, potentiellement plus contraignantes, sont en train d’être finalisées, dit Claire Robinson, qui a coordonné la rédaction du rapport d’EOS. Mais la réévaluation qui sera rendue en 2015 reposera encore sur l’ancienne réglementation, pour laisser aux industriels le temps de s’adapter. » Ce que la Commission ne dément pas.

Les nouvelles règles – qui, de source industrielle, doivent être « finalisées à l’automne » – prévoient un examen obligatoire de la littérature scientifique, en plus des études présentées par les industriels. Les travaux publiés dans les revues savantes par les laboratoires publics devront donc être systématiquement pris en compte, même si « cela ne veut pas dire qu’ils sont aujourd’hui systématiquement ignorés, loin de là », tempère Thierry Mercier, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

Pour EOS, la différence est pourtant de taille. « Sous les anciennes règles, il est probable que le glyphosate obtiendra une nouvelle autorisation, dit Mme Robinson. Il faudra alors vraisemblablement attendre jusqu’en 2030 pour que ce produit subisse une réévaluation sérieuse, conforme au nouveau règlement. Alors que nous savons dès aujourd’hui qu’il pose problème. »

Les études commanditées par les industriels doivent répondre à certains critères concernant les espèces animales enrôlées dans les tests, la nature et la durée de l’exposition aux produits testés, etc. Les laboratoires universitaires – comme celui de M. Carrasco – disposent d’une plus grande latitude. Et les différences de conclusions sont parfois considérables.

Un exemple cité par EOS est celui du bisphénol A (BPA). Dans une revue de la littérature scientifique publiée en 2005 dans Environmental Health Perspectives, Frederick vom Saal (université du Missouri) estimait que 94 des 115 études académiques publiées sur le sujet concluaient à un effet significatif du BPA sur les organismes, même à très faible dose. Dans le même temps, aucune des dix-neuf études sur le même thème commanditées par les industriels ne mettait en lumière de tels effets. En France, le BPA a été interdit en 2010 dans les biberons.

Dans le cas du glyphosate et de son principal produit de dégradation, l’acide aminométhylphosphonique (AMPA), plusieurs études publiées ces dernières années mettent en lumière leur toxicité pour certains organismes aquatiques. « Le glyphosate ou l’AMPA ne sont pas des molécules très problématiques en elles-mêmes, en tout cas moins que d’autres, explique Laure Mamy, chercheuse à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et spécialiste du devenir de ces composés dans l’environnement. Le problème, c’est la quantité. C’est la dose qui fait le poison. »

Or, si le glyphosate se dégrade relativement rapidement, « l’AMPA peut persister plusieurs mois dans les sols ». En France, selon l’Institut français de l’environnement (IFEN), cette molécule est désormais le contaminant le plus fréquemment retrouvé dans les eaux de surface.

Son succès est donc le principal problème du Roundup. D’autant que des résistances sont apparues ces dernières années. Sur le continent américain en particulier, où les cultures génétiquement modifiées associées ont permis un usage massif du Roundup, des mauvaises herbes commencent à être de moins en moins sensibles – voire complètement résistantes – à l’herbicide phare de Monsanto. « Or, lorsque ces résistances commencent à survenir, on est parfois tenté d’augmenter les quantités épandues », dit Laure Mamy.

La bonne nouvelle, c’est bien sûr que la prise de conscience progresse partout dans le monde, et notamment en France, où je le constate à chaque présentation de mon film et livre « Notre poison quotidien » qui attire les foules.

Ainsi, le 2 septembre dernier, j’étais invitée aux Herbiers (Vendée) à l’initiative  de l’APABE, qui organisait la 8e édition du Festi bio énergies. Cette association a été créée par Emmanuel Pineau (photo), un jeune agriculteur qui pratiqua longtemps l’agriculture intensive ( maïs, élevage hors sol), avant d’être atteint d’un lymphome. Aujourd’hui, il exploite avec son père une ferme biologique qui est devenue un modèle dans toute la région.

Photos: Christophe Pitard

Même succès à Bouloire, le samedi 3 septembre, puis à Albencq, le dimanche 4 septembre.

Je remercie au passage les organisateurs du 15ème festival l’Avenir au Naturel qui ont largement fait circuler mon appel à souscriptions pour soutenir ma prochaine enquête ? » La sortie de ce film et livre est programmée sur ARTE à la fin 2012. Pour en savoir plus, allez sur mon site:

http://www.m2rfilms.com/

Par ailleurs, je signale cette chronique radio réalisée par Thierry Debeur, un gastronome réputé du Québec, qui a commenté mon livre « Notre poison quotidien » le 9 septembre . Pour l’écouter aller sur ce lien, en cliquant sur la partie 2 :

http://www.debeur.com/Radio1033FM.html

A signaler que la chronique comprend une petite erreur: le documentaire « Noter poison quotidien » existe déjà et il même été diffusé sur Télé Québec le 5 juin dernier, et sur Discovery Channel aux Etats Unis, le 19 décembre 2010!

Enfin, j’informe les internautes qu’ils peuvent aller voir une exposition de photos organisée par WWF sur les Champs Elysées. Intitulée « 50 ans d’engagement: succès d’hier et défis de demain« , elle présente une série de photos de personnalités qui oeuvrent pour la protection de l’environnement. L’exposition est visible jusqu’au 25 septembre. Je fais partie des gens photographiés. La photo a été prise par Michelle Pelletier dans mon jardin où je cultive fruits et légumes sans pesticides, bien sûr!

agenda et nouvelles

Pour ceux et celles qui n’auraient pas (encore !) lu mon livre Notre poison quotidien, je vous conseille cette petite critique fort informée :

http://www.cpolitic.com/cblog/2011/08/24/lecture-utile-dete-notre-poison-quotidien-de-marie-monique-robin/

J’ai reçu plusieurs messages me demandant de mettre à jour mon agenda. C’est vrai que , débordée par mes multiples déplacements et la préparation de mon prochain film et livre, j’ai eu tendance à négliger ledit agenda.

Voici donc mes activités au cours des prochains jours :

vendredi 2 septembre, Les Herbiers (Vendée). Conférence « Bon appétit, bonne chance ! » lors de la 8e édition du Festi bio énergies.

http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-La-sante-est-dans-notre-assiette-au-Festi-bio-energies_40771-1968756-pere-pdl_filDMA.Htm

samedi 3 septembre, à Bouloire (Sarthe), projection suivie d’un débat de « Notre poison quotidien » au Centre Culturel Epidaure, à 14 heures 30.

http://www.nouveauconsommateur.com/agenda/15eme-edition-festival-avenir-au-naturel-albenc

dimanche 4 septembre, à Albenc (Isère), projection suivie d’un débat de « Notre poison quotidien » au 15ème festival de l’avenir au naturel.

http://www.nouveauconsommateur.com/agenda/15eme-edition-festival-avenir-au-naturel-albenc

Par ailleurs, je signale que France Info a diffusé , aujourd’hui, un papier sur les documents de  la diplomatie américaine, révélés par Wikileaks, qui montrent que les représentants de l’administration de Washington ont organisé la riposte pour neutraliser l’impact de mon film et livre  Le monde selon Monsanto notamment en France (voir sur ce Blog).

Les éléments qui gênaient le plus les promoteurs institutionnels des OGM  étaient ma démonstration que le fameux « principe d’équivalence en substance » qui fonde la (non)réglementation des plantes transgéniques pesticides de Monsanto, ne reposait sur aucune étude scientifique et constituait une invention concoctée par la firme de Saint Louis, avec la complicité de la Food and Drug Administration (FDA), pour éviter que les OGM soient sérieusement testés.

Ces câbles diplomatiques confirment ce que j’ai longuement décrit dans mon livre, à savoir que les OGM et les brevets qui y sont liés, sont un outil utilisé par les Etats Unis et les multinationales américaines pour contrôler le marché mondial des semences, et donc la chaîne alimentaire. Ils sont la preuve de l’extrême « proximité » (pour ne pas dire « collusion »!) entre Monsanto et le gouvernement américain.

Monsanto encore et toujours!

J’invite les internautes à lire l’article mis en ligne par Aurélie Champagne sur le site de Rue 89 , intitulé « Quand la diplomatie américaine était au service de Monsanto » :

http://www.rue89.com/2011/08/27/quand-la-diplomatie-americaine-etait-au-service-de-monsanto-219541

La veille de la publication de cet article, j’avais été informée par un ami britannique des câbles de la diplomatie américaine, mis au jour par Wiki Leaks, qui montraient que celle-ci avait décidé de voler au secours de la firme de Saint Louis, en organisant des contre-feux pour parer les révélations accablantes de mon film et livre Le monde selon Monsanto.

Comme je l’ai expliqué à Aurélie Champagne, cela ne m’a pas surprise mais a tout simplement confirmé le « système » de collusion bien rôdé que j’ai longuement décrit entre le géant des OGM et l’administration américaine.

Il est dommage que l’on ne sache pas en détails comment la diplomatie américaine a organisé la riposte, notamment en France, où manifestement son action a été très poussée. Je sais seulement que les résultats ont été particulièrement efficaces en Espagne, et surtout en Catalogne : TV3, la chaîne publique catalane, qui avait pré-acheté mon documentaire et à ce titre figure dans le générique de fin, a bloqué la diffusion du film pendant deux ans ! On a même vu des choses incroyables : TV3, qui avait mis le film dans un tiroir, n’a jamais répondu aux sollicitations de Peninsula, mon éditeur espagnol, qui voulait organiser un lancement commun du film et  du livre à Barcelone ! Le journal La Vanguardia, qui avait consacré une page entière à mon livre, a vainement tenté d’avoir une explication des dirigeants de la chaîne, qui , sous la pression de nombreuses associations a fini par diffuser mon encombrant documentaire. Il faut savoir que la Catalogne est , avec l’Aragon, la région d’Espagne qui cultive le plus d’OGM (du maïs BT)…

Par ailleurs, l’actualité récente vient également de confirmer que Monsanto n’en a pas fini avec les pratiques douteuses et délictueuses : dans son édition du 18 août, Le Monde a révélé que les autorités indiennes allaient attaquer la multinationale pour « biopiraterie ». L’agence,en charge de la biodiversité lui reproche  d’avoir mis au point une aubergine génétiquement modifiée à partir de variétés locales sans en avoir demandé l’autorisation. Cela n’aurait pas empêché la firme de réclamer ensuite des royalties sur une aubergine, qui pousse en Inde depuis la nuit des temps, au motif fallacieux qu’elle y avait introduit un nouveau gène ! Alors que l’aubergine, très présente dans l’alimentation du sous-continent,  compte des dizaines de milliers de gènes patiemment entretenus par les paysans indiens ! L’affaire pourrait bien porter un coup fatal à l’aubergine BT, dont la commercialisation a été suspendue à la suite d’un moratoire décrété par le ministre de l’environnement en février 2010. Ce moratoire faisait suite à un rapport circonstancier du professeur Gilles-Eric Séralini soulignant le «  risque grave pour la santé des humains et des animaux » que comportait l’aubergine insecticide :

http://www.criigen.org/SiteFr/index.php?option=com_content&task=view&id=238&Itemid=113

Les propos incohérents de Jean-François Narbonne (3)

Avant de poursuivre l’examen des propos que le journaliste de l’industrie chimique Gil Rivière-Weckstein a prêtés à Jean-François Narbonne sur le site Agriculture et environnement, j’invite les lecteurs à lire l’article publié par Gilles-Louis Francoeur dans le journal Le Devoir de Montréal.

C’est à ce jour la meilleure chronique jamais écrite sur mon film et livre Notre poison quotidien, car ce journaliste spécialiste des questions environnementales a parfaitement compris ce qui constitue le cœur de mon enquête : la remise en cause du processus de réglementation des produits chimiques, et notamment de la fameuse Dose Journalière Acceptable :

http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/324294/la-faillite-des-normes-de-controle

A peine rentrée du Canada, j’ai appris avec plaisir que mon livre Notre poison quotidien était à la huitième place sur le palmarès des meilleures ventes établi par Renaud Bray.

Comme je le soulignais dans mon précédent post, Jean-François Narbonne a déclaré à propos de l’aspartame :

« Marie-Monique Robin retrace l’histoire de la situation américaine, notamment la manière dont l’aspartame y a été autorisé dans les années 1980. Très bien, sauf qu’il n’y a rien de neuf, et que cela n’a rien à voir avec la situation en Europe. »

S’il avait lu mon livre, le professeur Narbonne se serait épargné des propos aussi mal informés ! En effet, ce qui s’est passé aux Etats Unis concerne directement «  la situation en Europe ». Lors de l’audience organisée par Corinne Lepage au parlement européen ( après avoir vu mon film sur la RTBF), puis sur demande du Réseau Environnement Santé d’André Cicollelal’EFSA (l’autorité européenne de sécurité des aliments) a dû confirmer ce que je dénonçais dans mon film et livre : elle n’a jamais eu les études de SEARLE (le fabricant de l’aspartame, acheté en 1985 par Monsanto) sur lesquelles elle prétend avoir fixé sa DJA ! Et pour cause : elle s’est contentée de « repiquer » l’avis émis par la Food and Drug Administration en 1981, après l’élection de Ronald Reagan et les « magouilles «  de Donald Rumsfeld, alors patron de SEARLE. Or, si Reagan n’avait pas été élu,  (voir mes posts précédents), l’aspartame n’aurait jamais été mis sur le marché, car les scientifiques de la FDA estimaient que les études soumises par SEARLE étaient d’une qualité lamentable, et que malgré leurs multiples déficiences, elles  montraient une sur-incidence de cancers du cerveau chez les rongeurs exposés, ainsi que de tumeurs de l’utérus chez les femelles.

Je retranscris l’article publié dans Le Monde, le 28 mai , où Hugues Kenigswald , que j’ai longuement interviewé à propos de cette lamentable affaire (voir mon film et livre), a dû avouer que les études qui sont censés avoir servi à l’évaluation du dangereux édulcorant se sont « volatilisées ». Et pour cause : les instances européennes ne les ont jamais eues !

Les autorités européennes n’ont plus les données scientifiques fondant leur décision

Un dossier trop « light » pour la dose admissible d’aspartame

Article paru dans l’édition du 28.05.11

Sur quelle base scientifique la dose journalière admissible (DJA) d’aspartame, l’édulcorant le plus employé notamment dans les boissons « light », a-t-elle été établie ?

C’est la demande faite auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), dont le siège est à Parme (Italie) par le Réseau environnement santé (RES).

La DJA est le seuil de consommation d’une substance en deçà duquel elle ne présente pas de risque. Il est fixé à 40 mg/kg/jour pour l’aspartame. Dans un communiqué publié jeudi 26 mai, le RES affirme que les études sur la base desquelles a été établie la DJA « n’ont jamais été publiées dans une revue scientifique » et « ont été menées dans des conditions qui devraient conduire à les invalider ».

Documents volatilisés

Le problème est que, dans sa réponse en date du 24 mai, Hugues Kenigswald, chef de l’unité des additifs alimentaires et des nutriments de l’EFSA, explique que son agence « ne dispose pas du dossier de demande d’autorisation de l’aspartame en Europe qui devrait contenir ces études ». Il ajoute : « Les contacts que nous avons eus à ce sujet avec nos collègues de la Commission européenne semblent indiquer que la Commission ne dispose plus de ce dossier. » Les documents ayant servi à l’évaluation de l’aspartame en 1984 se seraient donc volatilisés.

Dirigée par la Française Catherine Geslain-Lanéelle, ex-directrice générale de l’alimentation au ministère de l’agriculture, l’EFSA minimise toutefois la portée de cette disparition.

« La Commission européenne nous a demandé, il y a quelques jours, une réévaluation complète de l’aspartame d’ici à l’été 2012, indique Lucia de Luca, chargée des relations avec la presse. Elle était initialement prévue pour 2020. Nous préciserons très vite à la Commission la date à laquelle nous pourrons mener à bien cette réévaluation. »

L’EFSA va lancer un appel public à toutes les équipes de chercheurs et aux industriels pour qu’ils lui fournissent les études en leur possession. « Nous devrions ainsi avoir accès à toutes les données scientifiques en 2012. Le dossier sera reconstitué et inclura les études les plus récentes. »

Paul Benkimoun

Par ailleurs, j’informe les internautes que mon enquête intéresse aussi au plus haut point le Sénat : je vais être auditionnée mardi 7 juin par le sénateur Gilbert Barbier, membre de l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques  à propos des perturbateurs endocriniens.  J’en suis ravie !

Enfin, j’ai appris que mon livre  The World according to Monsanto fait partie des cinq livres nominés (sur un total de 70 ouvrages) pour le prix de l’excellence ne journalisme Helen Bernstein de la New york Library :

http://www.nypl.org/help/about-nypl/awards/book-award-for-journalism

Séralini gagne son procès

J’ai le plaisir de vous informer que le professeur Gilles Éric Séralini a gagné le procès en diffamation qu’il a intenté à Marc Fellous, généticien et  président de l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV).
Je rappelle que M. Fellous avait qualifié M. Séralini de « militant » et de « marchand de la peur » dans un courrier adressé à France Télévision où il critiquait violemment la participation  du chercheur de Caen dans l’émission « Santé magazine » où celui-ci avait présenté ses travaux mettant en cause l’innocuité du maïs OGM (voir sur ce blog).

Les juges de la 17 ème chambre correctionnelle du tribunal de Paris ont jugé « diffamatoire » que Marc Fellous suggère que les travaux du professeur Séralini étaient « financés par Greenpeace », alors qu’il présente l’AFBV comme une « ONG créée en juin 2009, strictement indépendante » (!)

Sur mon Blog, j’ai montré les nombreux liens qui unissent les responsables et fondateurs de  l’ AFBV avec les sociétés semencières et fabricants d’OGM.

Marc Fellous a été condamné à 1000 Euros d’amende et devra verser à Gilles-Eric Séralini 1 Euro de dommages et intérêt , ainsi que 4OOO Euros de prise en charge des frais de justice.

Dans une interview à Rue 89, Corinne Lepage , l’avocate de Gilles-Eric Séralini, souligne à juste titre que les défenseurs des OGM, qui manifestement sont à court d’arguments scientifiques, ont toujours recours aux mêmes méthodes : « On ne discute pas du fond, on agresse la personne en disant que c’est un incompétent ».

http://www.rue89.com/planete89/2011/01/18/le-chercheur-anti-ogm-seralini-remporte-son-proces-en-diffamation-177559?page=0