Procès Séralini/Fellous Suite et (bonnes) nouvelles

Je vois, avec amusement, que mon commentaire sur le procès qui oppose le professeur Gilles-Eric Séralini au professeur Marc Fellous, a déchaîné les foudres des défenseurs patentés de l’industrie des OGM!

J’en profite pour faire quelques mises au point:

– J’ai décidé de supprimer systématiquement tout message contenant des insultes (comme le mot « gourde » qu’affectionne particulièrement « Anton« ), car , comme sur tout Blog, il y a des règles de bonne conduite et décence à respecter.

– Je précise que je suis ravie que les chercheurs liés à l’industrie des biotechnologies créent une association comme l‘Association française des biotechnologies végétales, mais comme d’autres, je demande, que celle-ci n’ait pas l’indécence de se présenter comme une « association indépendante« , ainsi qu’elle l’a fait dans ses courriers au Conseil supérieur de l’audiovisuel.

– Concernant les conflits d’intérêts , il est fort gênant que Marc Fellous, qui préside la commission du génie moléculaire, chargé  de conseiller le ministère de l’agriculture sur les OGM, soit lié financièrement à l’industrie, dont il est censé évaluer les produits. Même chose pour son prédécesseur, Axel Kahn.

Anton peut toujours ergoter sur la qualité des revues scientifiques où les travaux de Gilles-Eric Séralini ont été publiés, au nombre desquelles l’une des plus réputées – Environmental Health Perspectives – quand on sait que les études de Monsanto sur le maïs OGM n’ont jamais été publiées nulle part, car elles sont couvertes par le « secret commercial »!

Pour le maïs MON 873, il a fallu une décision de justice d’un tribunal de Munich pour contraindre la firme à transmettre les données brutes de ses « essais »! C’est un énorme problème sur lequel je reviendrai longuement dans mon livre et film Notre poison quotidien.

En effet, comme nous le verrons, les fabricants de pesticides et d’OGM, qui sont, je le rappelle, des plantes pesticides, ne publient jamais les études toxicologiques qu’ils remettent  aux agences de réglementation, en invoquant une « clause de confidentialité« ?

Pourquoi? Comme me l’explique un scientifique qui travaille dans un organisme international réputé,  dont je tairai pour l’heure le nom, préférant garder la surprise pour la diffusion, « c’est parce que les industriels n’ont pas intérêt à publier des données qui sont contraires à leurs intérêts« …

Car « publier » signifie accepter que lesdites « données » soient soumises à l’examen critique des pairs, ce qui manifestement fait peur aux fabricants de produits toxiques.

Par ailleurs, j’ai le plaisir d’informer les lecteurs que la version arabe de mon  livre Le monde selon Monsanto vient de sortir.

C’est la quinzième traduction du livre. J’attends maintenant un exemplaire de la chinoise et de la grecque!

Le procès Séralini/ Fellous et les conflits d’intérêt de l’AFBV

Malheureusement, je n’ai pas pu assister au procès en diffamation intenté par le Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l’Université de Caen contre le  professeur Marc Fellous, président de l’association française des biotechnologies végétales ( AFBV) et ancien président de la Commission du génie génétique, qui s’est tenu à la 17ème chambre du tribunal de Paris, le mardi 23 novembre.

Etant en train de terminer l’écriture de mon livre  Notre poison quotidien , qui sortira bientôt en même temps que mon film éponyme, j’ai préféré avancer dans le chapitre que je consacre aux conflits d’intérêts qui caractérisent les agences de réglementation ou certaines associations scientifiques se présentant, pourtant, comme « indépendantes ».

Or, l’affaire qui a conduit le président du CRIIGEN (le Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le génie GENétique, créé par l’ancienne ministre de la Santé Corinne Lepage) devant la justice est de ce point de vue fort intéressante.

Je fais ici un bref rappel des faits :

–  Le 10 décembre 2009, le CRIIGEN a publié les résultats de la première contre expertise internationale réalisée sur les tests de sécurité sanitaire pratiqués par Monsanto sur son maïs OGM. Conduite par quatre chercheurs français, – Joël Spiroux de Vendomois, François Roullier, Dominique Cellier et Gilles-Eric Séralini – , cette étude a été publiée dans The International Journal of Biological Sciences , une revue scientifique très sérieuse qui a soumis les données à un comité de lecture, lequel a donné son feu vert à la publication :

http://www.biolsci.org/v05p0706.htm

– Cette publication a déclenché une controverse d’une rare violence contre le Professeur Séralini, de la part des quelques scientifiques qui ont soutenu la commercialisation du maïs pesticide dans les commissions officielles chargées de prononcer un avis sur cette question, alors même que l’article est cosigné par trois autres chercheurs .

Quatre jours seulement après la parution de l’article, l’Association des Biotechnologies Végétales (AFBV), créée le 6 juin 2009 et présidée par le Professeur Marc Fellous diffusait un communiqué de presse virulent, spécialement dirigé contre le Professeur Séralini en  dénigrant ses recherches .

Ce communiqué de presse a été mis en ligne le 17 décembre 2009 par le site Internet « http://imposteurs.over-blog.com » qui s’inscrit, ainsi que je l’ai découvert au cours de ma dernière enquête,  dans le « mouvement  Junkscience » lancé par les fabricants de tabac, et repris par bon nombre d’industriels, pour dénigrer systématiquement les scientifiques qui osent questionner l’innocuité des produits chimiques qui contaminent notre environnement .

-Le 21 janvier 2010, Gilles-Eric Séralini et Joël Spiroux de Vendomois  participaient à une émission de FRANCE 5, intitulée « Santé Magazine », dont le sujet était consacré aux OGM.

Cinq jours plus tard, l’AFBV du professeur Fellous adressait deux courriers datés des 26 et 28 janvier 2010 au Conseil supérieur de l’audiovisuel.

Intitulées  « Emission Santé Magazine France 5 » et « Santé Magazine, une émission militante de France 5 ? »,  ces deux lettres qui critiquaient violemment les compétences scientifiques du professeur Séralini ont été mises en ligne et largement diffusées via le Net.

Voici quelques extraits du premier courrier qui donnent une idée du ton employé par les membre de l’AFBV et des intérêts qu’ils représentent:

« Nous sommes scandalisés que votre émission s’appuie sur les seuls propos d’activistes opposés aux OGM, comme GE Séralini, chercheur avant tout militant anti-OGM qui se prétend indépendant alors que ses études sont financées par Greenpeace.

Ses déclarations médiatiques sont systématiquement contestées par la communauté scientifique comme l’a fait récemment le Comité scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies le 11 janvier dernier.

Dès le 14 décembre 2009, dans un communiqué de presse, notre association, strictement indépendante et qui compte en son sein de nombreux experts scientifiques, avait jugé très sévèrement la dernière publication de GE Séralini.

Nous déplorons enfin qu’une chaîne de télévision publique se fasse la porte-parole de « marchands de peurs » d’organisations militantes et par là même participe à la campagne de dénigrement d’une technologie d’avenir répondant aux grands défis de notre siècle.

Le sujet évoqué méritait pour le moins un débat sérieux avec des experts compétents. Nous sommes très étonnés par ailleurs, que journalistes spécialisés dans la santé vous ne portiez pas un regard plus positif sur les biotechnologies (vertes ou rouges) dont les apports actuels et futurs à la médecine sont très largement reconnus. »

Quant au deuxième courrier, il ne faisait pas non plus dans la dentelle :

« Les réalisateurs de l’émission se sont contentés en effet de reprendre, sans aucun esprit critique, les idées couramment diffusées par des militants anti-OGM et qui sont pourtant dénigrées par les plus hautes instances scientifiques de notre pays : Académie de Médecine, Académie des Sciences, AFSSA, Comité Scientifique du HCB. Signe fort de ce parti pris militant, les animateurs de l’émission ont conseillé comme site Internet de référence celui de l’organisation Greenpeace qui finance les études de G.E. Séralini. » etc.

Je reviendrai longuement dans mon prochain livre sur les conflits d’intérêt et les jugements erronés qui ont jalonné l’histoire des institutions que l’AFBV appelle à la rescousse, comme l’Académie de médecine qui dans un rapport publié en avril 1996, adopté à l’unanimité par les académiciens, soutint mordicus l’innocuité de l’amiante. Un an avant que le gouvernement français interdise définitivement les fibres meurtrières,  déjà interdites en Europe par une   Directive (91632) datant de … 1992, et classé « comme cancérigène pour l’homme » par le Centre international de la recherche sur le cancer ( le CIRC qui dépend de l’OMS) en … 1987 !

La lucidité courageuse des dignes académiciens aura été d’un grand secours aux milliers de malades de l’amiante victimes du silence complice des médecins et scientifiques (je reviendrai aussi sur le rôle du Comité permanent de l’amiante, où des scientifiques étaient payés par l’industrie pour … mentir au public). Sans oublier les autres scandales sanitaires qui ont secoué la France de ces vingt dernières années : sang contaminé, vache folle, hormone de croissance.

Quant aux OGM, lisons ce qu’écrivaient les Académiciens lors d’une séance le 26 novembre 2002 consacrée à l’étiquetage:

« L’exigence de l’étiquetage totale et de la traçabilité peut très bien se traduire par des conséquences commerciales désastreuses » .

Incroyable ! On s’attendrait à ce que les représentants de l’Académie de médecine se prononcent  sur les enjeux sanitaires posés par les OGM, et bien non, ils évoquent les « conséquences commerciales », révélant du même coup qu’ils sont plus préoccupés par les intérêts privés des industriels que par la santé des consommateur.

Pour revenir à l’affaire Séralini- Fellous, il est carrément amusant de voir comment l’’AFBV dénonce à l’envi le « militantisme » présumé du président du CRIIGEN,  alors que tous les membres de cette association « indépendante » sont directement liés à l’industrie des biotechnologies.

En voici la preuve, obtenue par l’avocat de Gilles Eric-Séralini  qui dans ses conclusions écrit : :

« Dans le curriculum vitae qu’il a remis au tribunal, le professeur Fellous a omis de signaler qu’il est le détenteur de deux brevets au profit de la société YEDA RESEARCH & DEVELOPMENT Co. LTD, située en Israël. Branche commerciale de l’Institut WEIZMANN, la société YEDA initie et favorise le transfert sur le marché mondial des créations de ses chercheurs, et travaille pour ce faire avec de nombreuses multinationales, telles NOVARTIS, BAXTER, PFIZER, SANOFI-AVENTIS, JOHNSON & JOHNSON, MERCK-SORONO, TEVA (…)

Concernant les attaques de Monsieur FELLOUS sur le financement du CGIIGEN, celui-ci sera certainement intéressé d’apprendre que sur quatre années consécutives, de 2005 à 2009, les versements de GREENPEACE ne représentent que 3,45% de son financement qui est des plus transparent ainsi qu’il résulte de la liste de ses contributeurs.

Les autres contributeurs sont notamment la Fondation Charles Léopold Mayer, la Fondation Denis Guichard, « Un nouveau regard sur le vivant », sous l’égide de la Fondation de France, l’Association CERES, Consommateurs et Entreprises Responsables, la Fondation pour une Terre Humaine.

En revanche, l’examen des emplois et/ou mandats des membres de l’AFBV), ainsi que les brevets déposés en leur nom posent le problème de l’indépendance des membres de l’AFBV. »

Lisez bien ! Inutile de préciser que l’avocat joint toutes les pièces justificatives , dont les fiches de l’INPI (Institut national de la propriété intellectuelle) prouvant ce qu’il écrit:

 » 1) Les Brevets des membres de l’AFBV:

a. Alain DESHAYES, membre fondateur de l’AFBV et l’un de ses 9 administrateurs, ancien directeur de Recherche INRA, est en relation d’affaires avec NESTLE SA .

b. Roland DOUCE, membre fondateur de l’AFBV et l’un des 9 membres de son Comité Scientifique, biologiste, membre de l’Académie des Sciences Américaine, est en relation d’affaires avec RHONE POULENC AGROGHIMIE.

c. Claude FAUQUET, membre fondateur de l’AFBV, Directeur du Laboratoire International des biotechnologies appliquées à l’agriculture tropicale, est en relation d’affaires avec DONALD DANFORTH PLANT SCIENCE, crée en 1998 par la Fondation DANFORTH, MC DONELL et MONSANTO. Il est l’un des partenaires de Recherche de MONSANTO qui finance, fournit des terres et participe à la gouvernance de la Fondation .

d. Lise JOUANIN, membre du Comité Scientifique de l’AFBV, est en relation d’affaires avec IMPERIAL CHEMICAL INDUSTRIES (ICI) et GENOPLANTE. ICI qui fabrique des produits chimiques, fertilisants et insecticides. En 2008, ICI devient filiale du conglomérat néerlandais AKZO NOBEL, l’une des plus grandes entreprises chimiques au monde.

GENOPLANTE est une SAS ayant pour objectif de déterminer la fonction des gènes pour les grandes espèces cultivées : blé, maïs, colza, tournesol, pois, tomate, hévéa, vigne, arbres, cacaoyer, caféier. Elle est un partenaire de LIMAGRIN, dont le président, Pierre PAGESSE, a  été Président de GENOPLANTE pendant plusieurs années. Le Président actuel de GEOPLANTE, Georges FREYSSINET, a également des liens avec l’industrie puisqu’il a notamment travaillé pour BIOGEMMA et LIMAGRAIN HOLDING. Il est par ailleurs inventeur de plusieurs brevets pour la société BAYER CROPSCIENCE, qui n’est autre que l’un des leaders mondiaux des sociétés semencières, forte d’un chiffre d’affaires annuel de 5,8 milliards d’euros en 2007.

e. Axel KAHN, parrain de l’AFBV et Généticien, est en relation d’affaires depuis 1994 avec RHONE POULENC, devenu AVENTIS PHARMA.

L’ensemble des brevets déposés – même si ils ne concernent pas directement les biotechnologies végétales – illustrent parfaitement le conflit d’intérêt. En effet, alors que Monsieur Axel KAHN a présidé de 1988 à 1997 la Commission du génie biomoléculaire (CGB), chargée d’évaluer les risques liés aux PGM, il est devenu, en 1997, « officiellement » Directeur Scientifique chez RHONE POULENC, géant de l’agrochimie qui avait investi de longue date dans le secteur des PGM. Ses liens avec RHONE POULENC datent pourtant d’avant 1997, puisque son 1er brevet est déposé pour cette société en 1994.

f. Marcel KUNTZ, membre fondateur de l’AFBV et l’un de ses 9 administrateurs, Directeur de Recherche au CNRS, est en relation d’affaires avec SYNGENTA, un des leaders mondiaux sur le marché de la protection des plantes et n°3 sur le marché des semences. En 2004, l’entreprise a réalisé 7,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires .

g. Alain TOPPAN, membre fondateur de l’AFBV et l’un des 9 administrateurs de l’AFBV, chercheur, est en relation d’affaires avec SANOFI ELF, ELF AQUITAINE, RUSTICA PROGRAIN GENETIQUE et BIOGEMMA. RUSTICA PROGRAIN GENETIQUE est une des filiales du groupe PAU-EURALIS, leader européen en semences de tournesol, maïs et colza. Dans le domaine des biotechnologies PAU EURALIS a privilégié une stratégie d’alliance avec le groupe français LIMAGRAIN, en créant la société de recherche BIOGEMMA qui participe au programme européen GENOPLANTE alliant recherche privée et publique.

h. Marc VAN MONTAGU, parrain de l’AFBV et l’un des 9 membres du Comité Scientifique de l’AFBV, Professeur émérite à l’Université de Gand (Belgique), Président de la fédération Européenne des Biotechnologies, auteur de la 1ère PGM en 1983, est en relation d’affaires avec PLANT GENETIC SYSTEMS, devenu BAYER AG.

La société PLANT GENETIC SYSTEMS a été créée en 1982, par Marc VAN MONTAGU. En 1996 il livre ses constructions génétiques et vend sa société à AGR EVO, un fabricant allemand de produits chimiques de protection des cultures, qui versera 725 millions de dollars à Monsieur MONTAGU et son associé Joseph SCHELL. En 1999, AGR EVO disparait car elle fusionne avec RHONE POULENC et devient AVENTIS CROPSCIENCE. En 2002, BAYER AG acquiert AVENTIS CROPSCIENCE. Celle-ci devient alors BAYER CROPSCIENCE AG. Cette branche s’occupe d’agrochimie (entre autres de pesticides) et de semences génétiquement modifiées (céréales, coton…).BAYER AG est, avec un chiffre d’affaires de près de 6 milliards (2005), le numéro 1 mondial. Le dernier brevet déposé par BAYER, mentionnant Marc VAN MONTAGU comme inventeur date de 2001.

i. Chris BOWLER, membre fondateur de l’AFBV, Directeur de Biologie Végétale à l’ENS, est en relation d’affaires avec la société anciennement dénommée PLANT GENETIC SYSTEMS .

j. Philippe JOUDRIER, membre fondateur de l’AFBV et l’un de ses 9 membres du Comité Scientifique, Biologiste, Directeur de Recherche Honoraire INRA, Président de l’AFSSA, se trouve être en relation d’affaires avec BIOGEMMA. PAU-EURALIS, leader européen en semences de tournesol, maïs et colza, a fait une d’alliance avec le groupe français LIMAGRAIN, en créant la SAS BIOGEMMA qui propose ses services pour l’étude des biotechnologies. L’actuel Président de BIOGEMMA n’est autre que Pierre PAGESSE, le Président de LIMAGRAIN, qui est le 1er semencier européen et le 4ème mondial.

k. Alain BOUDET, membre fondateur de l’AFBV, Professeur émérite à l’Université de biologie végétale UPS Toulouse, Membre de l’Académie des Technologies, est en relation d’affaires avec les sociétés BIOGEMMA, IMPERIAL CHEMICAL INDUSTRIES et ZENECA LTD. ASTRAZENECA a été créé le 9 avril 1999 par la fusion du laboratoire suédois Astra et du laboratoire britannique ZENECA. Présent dans plus de 100 pays, ASTRAZENECA fait partie des leaders de la pharmacie mondiale avec un chiffre d’affaires 2009 de 32,8 milliards de dollars .

l. Michel CABOCHE, membre fondateur de l’AFBV, Directeur de recherche INRA, et Membre de l’Académie des Sciences, est également en relation d’affaires avec GENOPLANTE VALOR, une SAS, avec un chiffre d’affaires en 2009 de 730 854 €. Créée par LIMAGRAIN et PAU EURALIS, la société BIOGEMMA participe directement à GENOPLANTE, dont le Président, Georges FREYSSINET, a des liens de longues dates avec LIMAGRAIN et a notamment publié des brevets pour BAYER CROPSCIENCE.

m. Jean-Pierre DECOR, membre fondateur de l’AFBV, Directeur général de l’Institut des Sciences du vivant, est également en relation d’affaires avec la société anciennement dénommée RHONE POULENC AGROCHIMIE .

2) Les emplois et/ou mandats des membres de l’AFBV[2] :

a.      Philippe AYMARD, membre fondateur de l’AFBV est Administrateur du groupe LIMAGRAIN. Groupe agricole international, spécialiste des semences et des produits céréaliers,  le 1er semencier européen et 4ème semencier mondial .

b. Jean-Yves FOUCAULT, membre fondateur de l’AFBV est Administrateur Groupe LIMAGRAIN (cf. supra) .

c. Sebastien VIDAL, membre fondateur de l’AFBV est Administrateur Groupe LIMAGRAIN (cf. supra).

d. Georges PELLETIER, Président du Comité Scientifique de l’AFBV est Président du Comité Exécutif de GENOPLANTE (cf. supra), aux côtés de Georges FREYSSINET, Directeur Scientifique chez LIMAGRAIN et inventeur de brevets déposés par le groupe BAYER .

e. Gérard FAURE, membre fondateur de l’AFBV est Directeur de l’UNION FRANCAISE DES SEMENCIERS (UFS), et Ancien Directeur technique de PIONEER, qui est une filiale de DUPOND, n°1 mondial et européen en semences de maïs, n°2 dans le monde et en Europe en semences de tournesol. L’UFS est le nouveau syndicat de l’industrie des semences et des biotechnologies végétales, né le 25 mars 2009 de la volonté des entreprises semencières de rassembler leurs forces pour promouvoir ensemble leurs activités de manière efficace et cohérente, et d’être entendues des pouvoirs publics français et internationaux (Pièce n°….).

f. Luc ESPRIT, membre fondateur de l’AFBV est Directeur Général MAIZ’EUROP et Directeur de la F.N.P.S.M.S. (Fédération Nationale de la Production des Semences de Maïs et de Sorgho) qui rassemble les entreprises semencières et les producteurs de maïs semences autour d’un objectif commun : gérer la production française de semences et contribuer à son développement en France et à l’international. Quant à MAIZ’EUROP, il s’agit de l’organisation fédératrice de la filière française de maïs, une collective composée de différentes structures maïsicoles .

g. Henri-Bernard CARTIER, membre fondateur de l’AFBV est Gérant de la SARL GERM SERVICE qui est une filiale commerciale de l’A.G.P.M. et d’ARVALIS. GERM-SERVICES, une des composantes de MAIZ’EUUROOP (cf. supra) .

h. Alain GODARD, membre fondateur de l’AFBV et l’un des 9 administrateurs de l’association,  a été PDG de RHONE-POULENC AGRO – 1er groupe français à avoir investi dans le secteur des OGM dans le début des années 90 et PDG démissionnaire d’AVENTIS CROPSCIENCE qui a été racheté par le Groupe BAYER (CA 5,8 milliards d’€) .

i. Régis FOURNIER, membre fondateur de l’AFBV est Directeur Général MAISADOUR SEMENCES et Président de SEPROMA, Syndicat professionnel regroupant les établissements qui sélectionnent, produisent ou commercialisent des variétés de maïs en France, en Europe et dans le monde. Rassemblant 35 entreprises, SEPROMA a pour vocation de représenter l’industrie des semences de maïs auprès des instances officielles. Le Groupe MAÏSADOUR est un groupe agro-alimentaire coopératif qui a dégagé pour l’exercice 2008/2009 un chiffre d’affaires de 1 milliard d’euros .

j. Laurent JUBERT, membre fondateur de l’AFBV est Directeur Général de CHAMPAGNE CEREALES, groupe coopératif agro-industriel, d’origine Française et « d’ambition mondiale ». Il s’agit d’un groupe agri-industriel avec 2,512 milliards d’euros de chiffre d’affaires, des filiales en aval de dimension internationale, des filiales en Ukraine et sur d’autres « terres à fort potentiel de développement » .

k. Pascal PROT, membre fondateur de l’AFBV est Président de CHAMPAGNE CEREALES (cf. supra) 

l. Jean-Michel PATACQ, membre fondateur de l’AFBV est Vice-Président du Groupe coopératif EURALIS, leader européen des marchés agricoles et agroalimentaires, rassemblant 15 000 agriculteurs et 5 000 salariés avec un chiffre d’affaires de 1,3 Md d’euros. Le Groupe Euralis est aujourd’hui 1er producteur mondial de foie gras, 1er opérateur européen sur le marché du maïs, 1er collecteur de légumes transformés du Sud-Ouest, un des leaders européens des Semences .

Guy CRAPEZ, membre fondateur et Trésorier de l’AFBV est ancien Directeur Général d’AGRALYS devenu le Groupe AXEREAL à 50% avec EPIS-Centre. Il est Leader de l’activité céréalière européenne, avec un chiffre d’affaires pour l’année 2008″.

L’AFBV est effectivement une association  totalement  « indépendante »!

J’invite les internautes à consulter le site de Terre TV et de la Fondation scientces citoyennes du professeur Jacques Testard pour des informations complémentaires sur le procès qui oppose les professeurs Séralini et Fellous, dont le jugement est annoncé pour le 18 janvier 20011.

http://www.terre.tv/fr/1_biodiversite/8_ogm/3472_le-lanceur-dalerte-gilles-eric-seralini-attaque-en-diffamation-

http://www.sciencescitoyennes.org/spip.php?article1898


[1] Liste non exhaustive

[2] Liste non exhaustive

Un prix à Bruxelles et autres nouvelles

Je suis heureuse de vous informer que mon film « Torture made in USA » a reçu le Prix spécial du jury au Festival des Libertés de Bruxelles la semaine dernière:

Je suis heureuse de vous informer que mon film « Torture made in USA » a reçu   le Prix spécial du jury au Festival des Libertés de Bruxelles la semaine dernière:

http://www.festivaldeslibertes.be/fase5.php?event=299

Par ailleurs, après avoir dormi longtemps dans un tiroir pour des raisons indépendantes de ma volonté, le film a été acheté par ARTE, la RTBF (Belgique) et la TSR (Suisse) qui le diffuseront en 2011, à l’occasion du dixième anniversaire des attentats du 11 septembre, et surtout de la « guerre contre le terrorisme« , lancée par le président Bush. En partenariat avec Galaxie et le Comité Français de Radio Télévision, les producteurs, ARTE se charge de la fabrication d’un DVD, avec le soutien de Amnesty International et de Mediapart qui avait diffusé le film en avant première d’octobre à décembre 2009(plus de 100 000 visites).

Je mets en ligne la jaquette qui avait été conçue en février 2009.

Par ailleurs, j’informe les lecteurs que le livre que j’ai co-écrit avec le sociologue David Charrasse « Les 100 photos du XXIème siècle » est en librairie!

Cet ouvrage fait suite à la série audiovisuelle que j’avais réalisée pour ARTE en 1998-1999, et à l’ouvrage « Les 100 Photos du XXème siècle » paru aux Editions du Chêne, avec le soutien de ARTE Editions.

Voici la 4ème de couverture:

De plus, mon livre « Le monde selon Monsanto » vient de sortir en … coréen! C’est la quinzième traduction et je ne peux résister à l’envie de faire partager la couverture à tous ceux qui suivent de près l’incroyable succès de cet ouvrage!

Une traduction chinoise est en cours que j’attends avec impatience!

De  plus, recluse comme une « nonne » pour l’écriture de mon livre « Notre poison quotidien » qui avance bien, j’ai tout de même accepté de participer à un « CitéDébat » sur le thème « Alimentation industrielle et risques pour la santé » qui aura lieu demain (mardi 16 novembre) à la Cité internationale Universitaire, à l’initiative de Mathieu Vidard, l’animateur de l’émission scientifique (passionnante) « La tête au carré » sur France Inter.

Ont été également invités François Veillerette, fondateur du Mouvement pour  le droit et le respect des générations futures (MDRGF) et le professeur Jacques Testard de la Fondation pour une science citoyenne.

Ce débat est bien sûr ouvert au public!

Enfin, j’invite tous ceux qui soutiennent une science libre et indépendante des lobbies et pressions industriels à  rejoindre le professeur Gilles Éric Séralini lors du procès en diffamation qu’il a intenté à Marc Fellous, l’ancien président de la Commission du génie moléculaire.

Un rassemblement est prévu le 23 novembre, le jour du procès.

Réponses à quelques contre vérités

À la bonne heure, le débat reprend sur mon Blog ! Et je constate que certains détracteurs  patentés, tel « La coupe est pleine » dont j’ai démontré le lien avec le lobby pro-OGM (voir mon ancien Blog « Le monde selon Monsanto »), n’ont pas perdu leur virulence, n’hésitant pas à tomber dans l’injure. Il est plus facile d’insulter ses adversaires que d’argumenter, surtout quand on se contente de répéter les pseudo données fournies par un commanditaire, doté d’un service de propagande puissant ainsi que je l’ai démontré dans mon film et livre « Le monde selon Monsanto ».

Je me contente de répondre à quelques contre vérités véhiculées dans les commentaires concernant mon article sur  l’échec du coton BT en Inde.

« La Coupe est pleine » a notamment écrit :

Il y a quand même quelque chose d’étrange, vous affirmez qu’en 2002 déjà ce coton était « un cauchemar ». Soit mais alors comment expliquer qu’en 2009 ce maudit coton couvrait 92,4 POURCENTS de la surtface (sic) de coton Indienne ! (cf le rapport de l’ISAAA). Il faut vraiment que les Indiens soient masochistes pour cultiver autant une plante si nulle ….

Le problème, et il est de taille, c’est que l’ International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA) est tout sauf une source fiable. Dans un article, publié le 15 février 2008, intitulé « Les surfaces cultivées en OGM ont augmenté de 12 % en 2007 », Le Monde soulignait que l’ISAAA est un « institut basé aux Etats-Unis et financé par des organisations comme la Fondation Rockfeller ou la société Monsanto”.

Chaque année, l’organisme  publie un rapport triomphaliste où il  constate  immanquablement l’augmentation des cultures transgéniques dans le monde. Mais les chiffres qu’il avance sont invérifiables, et parfois en contradiction avec ceux fournis par les pays concernés. C’est le cas notamment de l’Inde , où “l’institut annonce pour 2006 une surface cultivée en OGM supérieure de 400 000 hectares à la statistique gouvernementale”, commentait le quotidien du soir.

Par ailleurs, ainsi que je l’expliquais dans mon livre, si les paysans indiens se sont lancés dans la culture du coton transgénique, c’est parce que la majorité d’entre eux n’avait pas le choix : Monsanto a racheté Mahyco, la principale compagnie semencière de coton en Inde, imposant  du même coup ses semences OGM. Il est aujourd’hui très difficile d’acheter dans le sous-continent des semences de coton qui ne soient pas transgéniques.

Enfin, si l’Inde vient de rejeter la demande de mise sur le marché de l’aubergine BT de Monsonto c’est  aussi parce qu’elle a tiré les leçons de l’échec du coton BT, que j’ai minutieusement décrit dans mon livre, après l’avoir constaté de mes propres yeux dans les Etats de l’Andra Pradesh et du Maharashtra. La propagande des détracteurs brevetés par la multinationale de Saint Louis ne peut pas changer la réalité des faits.

Voici ce que j’ai écrit dans mon livre il y a deux ans, et le constat a depuis largement été confirmé :

Le dramatique échec du coton transgénique de Monsanto

Le  20 février 2002, au grand dam des organisations écologistes et paysannes, le Comité d’approbation du génie génétique du gouvernement indien donne son feu vert aux cultures de coton Bt. Cela fait déjà belle lurette que les fameux négociants de Mahyco Monsanto Biotech sillonnent les campagnes du sous-continent pour vendre leurs produits transgéniques à un moment où la première vague de suicides décime les villages.
Pour attirer le chaland, la firme ne lésine pas sur les moyens : elle engage une star de Bollywood pour vanter les OGM à la télévision (très regardée en Inde), tandis que des dizaines de milliers d’affiches sont apposées dans tout le pays où l’on voit des paysans tout sourire posant à côté d’un tracteur flambant neuf, prétendument acquis grâce aux bienfaits du coton Bt.

La première année, 55 000 paysans, soit 2 % des producteurs de coton indiens, acceptent de se lancer dans l’aventure transgénique.
« J’ai entendu parler de ces semences miraculeuses qui allaient me libérer de l’esclavage des pesticides, témoigne en 2003 pour The Washington Post un paysan de vingt-six ans de l’Andhra Pradesh, l’un des premiers États à avoir autorisé la commercialisation des OGM (en mars 2002).
La saison dernière, dès que je voyais les parasites arriver, je paniquais. J’ai pulvérisé des pesticides sur mes cultures au moins vingt fois, mais cette année, ce ne fut que trois fois . »
Indépendamment de cet avantage manifeste (qui, comme nous le verrons, disparaîtra rapidement en raison de la résistance développée par les insectes aux plantes Bt), le reste du tableau est beaucoup moins brillant, ainsi que le rapportent les paysans interrogés par The Washington Post, au terme de leur première récolte OGM :
« J’ai été moins bien payé pour mon coton Bt, parce que les acheteurs ont dit que la longueur de sa fibre était trop courte, rapporte ainsi l’un d’entre eux. Les rendements n’ont pas augmenté, et comme le prix de la semence est si élevé, je me demande si cela valait la peine . »

En effet, le brevetage des semences étant (pour l’heure) interdit en Inde, la firme de Saint-Louis ne peut pas faire appliquer le même système qu’en Amérique du Nord, à savoir exiger que les paysans rachètent tous les ans leurs semences sous peine de poursuite ; pour compenser ses « pertes », elle a donc décidé de se rabattre sur le prix des semences, en le quadruplant : alors qu’un paquet de 450 grammes coûte 450 roupies pour les semences conventionnelles, son prix s’élève à 1 850 roupies pour les OGM.

Enfin, note mon confrère du Washington Post, « le ruineux ver américain n’a pas disparu »…
Ces résultats plus que médiocres n’empêchent pas Ranjana Smetacek, la directrice des relations publiques de Monsanto India , de déclarer avec un bel aplomb :
« Le coton Bt a très bien marché dans les cinq États où il a été cultivé . »

Les témoignages rapportés par The Washington Post ont pourtant été confirmés par plusieurs études.
La première a été commanditée, dès 2002, par la Coalition pour la défense de la biodiversité (CDB) de l’Andhra Pradesh, qui regroupe cent quarante organisations de la société civile, dont la Deccan Development Society (DDS), une ONG très respectée, spécialiste de l’agriculture raisonnée et du développement durable.
La CDB a demandé à deux agronomes, le docteur Abdul Qayum, ancien cadre du ministère de l’Agriculture de l’État, et Kiran Sakkhari, de comparer les résultats agricoles et économiques du coton Bollgard avec ceux du coton non transgénique, dans le district du Warangal, où
1 200 paysans avaient succombé aux promesses de Monsanto.
Pour cela, les deux scientifiques ont observé une méthodologie très rigoureuse, consistant à suivre mensuellement les cultures transgéniques, depuis les semis (août 2002) jusqu’à la fin de la saison (mars 2003), dans trois groupes expérimentaux : dans deux villages, où vingt-deux paysans avaient planté des OGM, quatre ont été sélectionnés par tirage au sort ; à la mi-saison (novembre 2002), vingt et un paysans, provenant de onze villages, ont été interrogés sur l’état de leurs cultures transgéniques, avec, à la clé, une visite de leurs champs ; enfin, à la fin de la saison (avril 2003), un bilan a été dressé auprès de 225 petits paysans, choisis de manière aléatoire parmi les 1 200 producteurs OGM du district, dont 38,2 % possédaient moins de cinq acres (deux hectares) de terres, 37,4 % entre cinq et dix acres et 24,4 % plus de dix acres (ces derniers étant considérés en Inde comme de gros paysans).
Bien évidemment, dans le même temps, étaient enregistrées, avec la même rigueur, les performances des producteurs de coton conventionnel (groupe contrôle). Si je donne tous ces détails, c’est pour bien souligner qu’une étude scientifique digne de ce nom est à ce prix, à moins de n’être que de la propagande fumeuse

Les résultats de cette vaste enquête de terrain sont sans appel :
« Les coûts de production du coton Bt ont été en moyenne plus élevés de 1 092 roupies (par acre) que pour le coton non Bt, parce que la réduction de la consommation de pesticides a été très limitée, écrivent les deux agronomes. De plus, la baisse de rendement a été significative (35 %) pour le coton Bt, ce qui a entraîné une perte nette de 1 295 roupies en comparaison avec le coton non transgénique, lequel a enregistré un profit net de 5 368 roupies. 78 % des agriculteurs qui avaient cultivé du coton Bt ont déclaré qu’ils ne recommenceraient pas l’année prochaine . »
Pour donner de la chair à ce dispositif irréprochable d’un point de vue scientifique, la Deccan Development Society (DDC) a joint à l’initiative une équipe de « camerawomen aux pieds nus », pour reprendre l’expression du docteur P.V. Satheesh , le fondateur et directeur de l’association écologiste.
Ces six femmes qui sont toutes des paysannes illettrées et dalit (elles font partie des intouchables, situés tout en bas de l’échelle sociale traditionnelle) ont été formées aux techniques vidéos dans un atelier ouvert par la DDC, en octobre 2001, dans le petit village de Pastapur et baptisé « Community Media Trust ».
D’août 2002 à mars 2003, elles ont filmé mensuellement chez six petits producteurs de coton Bt du district de Warangal, également suivis par les deux agronomes de l’étude.
En résulte un film qui constitue un document exceptionnel sur l’échec des cultures transgéniques : on comprend, d’abord, tout l’espoir que les paysans ont mis dans les semences Bt. Les deux premiers mois, tout va bien : les plants sont en bonne santé et les insectes absents ; arrive le désenchantement : la taille des plants est très petite et les capsules moins nombreuses que dans les champs de coton conventionnel adjacents ; en octobre, alors qu’avec la sécheresse, les parasites ont déserté les cultures traditionnelles, les plantes OGM sont assiégées par les thrips du cotonnier et les mouches blanches ; en novembre, alors que débute la moisson, l’angoisse se peint sur les visages : les rendements sont très bas, les capsules difficiles à cueillir, la fibre du coton plus courte, d’où un prix de 20 % plus bas…

J’ai rencontré mes consœurs indiennes, un jour de décembre 2006, dans un champ de coton du Warangal, où elles étaient venues filmer, en compagnie de Abdul Qayum et Kiran Sakkhari. Je dois dire que j’ai été impressionnée par le professionnalisme de ces femmes magnifiques, qui, bébé dormant dans le dos, ont déployé caméra, pied, microphones et réverbérateur pour interviewer un groupe de paysans, désespérés par l’échec catastrophique de leurs cultures Bt.
Car depuis le premier rapport publié par les deux agronomes, la situation n’a fait qu’empirer, déclenchant la seconde vague de suicides qui gagnera bientôt l’État du Maharashtra.
Inquiet de cette situation dramatique, le gouvernement de l’Andhra Pradesh a conduit à son tour une étude qui a confirmé les résultats obtenus par Abdul Qayum et Kiran Sakkhari . Conscient des conséquences électorales que ce désastre pouvait entraîner, le ministre de l’Agriculture Raghuveera Reddy a alors sommé Mahyco Monsanto d’indemniser les agriculteurs pour l’échec de leurs cultures, ce que la firme s’est empressée d’ignorer.

Propagande et monopole

Pour se défendre, la multinationale de Saint-Louis a brandi une étude, publiée fort opportunément par le magazine Science, le 7 février 2003 . Ah ! les études qui font la pluie et le beau temps, dès qu’elles sont cautionnées par des revues scientifiques prestigieuses, lesquelles ont rarement — pour ne pas dire « jamais » — la bonne idée de vérifier l’origine des données présentées…

Ici, en l’occurrence, les auteurs, Matin Qaim, de l’université Berkeley (États-Unis) et David Zilberman, de l’université de Bonn (Allemagne), qui « n’ont jamais mis les pieds en Inde », pour reprendre l’expression de Vandana Shiva, ont conclu que, d’après des essais réalisés en plein champ dans « différents États indiens », le coton Bt « réduit les dégâts causés par les insectes nuisibles et augmente les rendements de manière substantielle », à savoir « jusqu’à 88 % » !

« Ce qui gêne réellement dans cet article qui glorifie la performance extraordinaire du coton Bt, commentera The Times of India, c’est qu’il est fondé exclusivement sur des données fournies par Mahyco Monsanto, concernant un petit nombre d’essais sélectionnés par la firme, et pas sur les résultats provenant des champs des paysans lors de la première récolte de coton Bt . »

Pourtant, poursuit le journal — et c’est bien cela le but recherché par la publication dans Science —, cet « article a été abondamment cité par plusieurs organismes comme la preuve des performances spectaculaires des cultures transgéniques ».

De fait, en 2004, l’étude sera longuement commentée dans un rapport de la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Intitulé « La biotechnologie agricole répond-elle aux besoins des pauvres ? », cet opus a fait couler beaucoup d’encre, parce qu’il constituait un plaidoyer en faveur des OGM qui seraient capables d’« augmenter partout la productivité agricole » et de « réduire les dommages environnementaux causés par les produits chimiques toxiques », selon le mot d’introduction de Jacques Diouf, le directeur général de l’organisation onusienne.
Le rapport, en tout cas, a rempli d’aise Monsanto, qui s’est empressé de le mettre en ligne .

De même, en France, la veille de la publication de l’étude dans Science, l’Agence France Presse en diffusait un compte rendu élogieux, dont je cite un extrait, car il montre parfaitement comment la désinformation fait subrepticement son chemin, sans que l’on puisse jeter la pierre à l’agence de presse, car après tout, elle n’a fait qu’extrapoler sur les non-dits savamment calculés de l’article d’origine :
« Du coton génétiquement modifié pour résister à un insecte nuisible pourrait voir son rendement augmenter jusqu’à 80 %, selon des chercheurs qui ont fait des essais en Inde », explique la dépêche, qui précise :
« Les résultats de leurs travaux sont surprenants : on n’avait jusqu’à présent observé qu’une progression dérisoire des rendements, dans des études similaires menées en Chine et au États-Unis … »

On imagine l’impact que peut avoir cette information — largement reprise dans les médias, comme par exemple, au Québec, Le Bulletin des agriculteurs — sur des paysans (petits et moyens) qui se battent chaque jour pour leur survie.
D’autant plus que, faisant fi de toutes les données enregistrées sur le terrain, Matin Qaim n’hésite pas à déclarer :
« En dépit du coût plus élevé des semences, les fermiers ont quintuplé leur revenu avec le coton génétiquement modifié. »
Quant à son collègue David Zilberman, il a le mérite d’exposer clairement le véritable objectif de l’« étude » dans une interview au Washington Post, en mai 2003 :

« Ce serait une honte que les peurs distillées par les anti-OGM empêchent ceux qui le désirent de bénéficier de cette importante technologie . »

En attendant, The Times of India est plus prosaïque :

« Qui va payer pour l’échec du coton Bt ? », s’interroge le journal, qui rappelle qu’une loi indienne de 2001 sur la « protection des variétés végétales et des droits des agriculteurs » enjoint les sélectionneurs d’indemniser les paysans lorsque ceux-ci ont été « trompés » par les semences qu’on leur a vendues, que ce soit pour « la qualité, les rendements ou la résistance aux insectes nuisibles ».

C’est précisément cette loi qu’a voulu faire appliquer le ministre de l’Agriculture de l’Andhra Pradesh.
N’y parvenant pas, il a décidé en mai 2005 de bannir de l’État trois variétés de coton Bt produites par Mahyco Monsanto (lesquelles seront introduites peu après dans l’État du Maharashtra) .
En janvier 2006, le conflit avec la firme de Saint-Louis franchissait un nouveau cap : le ministre Raghuveera Reddy portait plainte contre Mahyco Monsanto auprès de la Monopolies and Restrictive Trade Practices Commission (MRTPC), l’organisme indien chargé du contrôle des pratiques commerciales et des mesures anti-trust, pour dénoncer le prix exorbitant des semences transgéniques ainsi que le monopole établi par le géant des OGM dans le sous-continent indien.

Le 11 mai 2006, la MRTPC donnait raison au ministre de l’Andhra Pradesh, en exigeant que le prix du paquet de 450 grammes de semences soit ramené à celui pratiqué par Monsanto aux États-Unis ou en Chine, à savoir 750 roupies maximum (et non plus 1 850 roupies). Cinq jours plus tard, la multinationale contestait la décision devant la Cour suprême, mais elle était déboutée de sa requête le 6 juin 2006, les juges estimant qu’ils n’avaient pas à interférer dans une décision qui relève de la seule compétence des États .

Quand je suis arrivée en décembre 2006 dans l’Andhra Pradesh, la situation en était là : Monsanto Mahyco avait finalement baissé le prix de ses semences au niveau exigé par le gouvernement provincial, mais le conflit était loin d’être terminé, car il restait l’épineux problème des compensations financières.

« En janvier 2006, m’explique Kiran Sakkhari, le ministère de l’Agriculture a menacé de retirer ses licences d’exploitation à la firme si elle n’indemnisait pas les paysans pour les trois dernières récoltes.

Mais je croyais que l’Andhra Pradesh avait banni trois variétés de coton Bt en 2005 ?

C’est exact, me répond l’agronome, mais Monsanto Mahyco les a immédiatement remplacées par de nouvelles variétés transgéniques ! Le gouvernement provincial n’a pas pu l’empêcher, à moins de demander à New Delhi d’interdire définitivement les OGM. Et le résultat fut aussi catastrophique, ainsi que nous l’avons révélé dans une seconde étude . Cette année, cela risque d’être encore pire, car, comme vous le voyez dans ce champ de coton Bollgard, les plants sont atteints d’une maladie appelée “rhizoctonia” qui provoque des nécroses au niveau du collet, c’est-à-dire sur la partie entre la racine et la tige. À terme, la plante dessèche et meurt.
– Les agriculteurs disent qu’ils n’ont jamais vu ça, précise le docteur Abdul Qayum. Dans la première étude que nous avions conduite, nous avions observé la maladie uniquement dans quelques plants de coton Bt. Mais avec le temps, elle s’est répandue et maintenant on la constate dans de nombreux champs de coton Bt qui commencent à contaminer les champs non transgéniques. Personnellement, je pense qu’il y a une mauvaise interaction entre la plante réceptrice et le gène qui y a été introduit. Cela a provoqué une faiblesse dans la plante, qui ne résiste plus à la rhizoctonia.

D’une manière générale, ajoute Kiran Sakkhari, le coton Bt ne résiste pas à des situations de stress comme la sécheresse ou, au contraire, de fortes précipitations.

Pourtant, dis-je, d’après Monsanto, la vente de semences transgéniques ne cesse de progresser en Inde ?

C’est ce que l’entreprise affirme et globalement c’est vrai, même si les chiffres qu’elle avance sont difficiles à vérifier, me répond l’agronome. Mais cette situation s’explique en grande partie par le monopole qu’elle a su établir en Inde, où il est devenu très difficile de trouver des semences de coton non transgéniques. Et c’est très inquiétant, car, comme nous l’avons constaté lors de notre seconde étude, la promesse que le Bt allait réduire la consommation de pesticides n’a pas été tenue, bien au contraire… »


désastre du coton BT et révélations d’un ancien cadre de Monsanto en Inde

Comme je l’expliquais dans un précédent texte, le gouvernement indien a décidé de suspendre sine die l’autorisation de mise sur le marché de l’aubergine BT, produite par Monsanto.

De même que le maïs MON 810, dont le gouvernement français a interdit la culture il y a deux ans, cette aubergine a été manipulée génétiquement pour fabriquer un insecticide, censé combattre les parasites de ce légume, dont l’Inde est le centre d’origine.
Le moratoire indien est notamment dû à deux témoignages qui ont soulevé un vif débat dans le sous-continent où , comme je le démontrais dans mon film et livre « Le monde selon Monsanto », les cultures de coton BT , autorisées en 2002, ont tourné au cauchemar pour des dizaines de milliers de petits paysans indiens.
La première mise en garde contre les effets néfastes de l’aubergine BT est venue du Dr. Keshav Kranthi , un scientifique qui aurait « détesté être taxé d’anti OGM », ainsi que l’écrit le journal The Telegraph.
De fait, il suffit de se pencher sur le CV très officiel du Dr. Kranthi, pour comprendre qu’il est (ou fut ?) un fervent défenseur de la biotechnologie, travaillant comme directeur de l’Institut Central de recherche sur le coton de Nagpur :
http://www.cicr.org.in/profiles/kranthi.htm
Il n’empêche qu’il a publié un rapport très critique sur les effets dramatiques à moyen terme du coton BT qui a entraîné l’apparition d’insectes très virulents ainsi qu’une baisse substantielle des rendements. Pour venir à bout de ces nouveaux fléaux, les paysans doivent utiliser des insecticides extrêmement toxiques, et donc s’endetter (sans parler des dangers pour leur santé).
Les anglophones peuvent lire l’interview très détaillée du scientifique :

http://www.telegraphindia.com/1100216/jsp/nation/story_12110833.jsp

Dans son rapport, le Dr. Kranthi note qu’au cours des trois dernières années, la consommation moyenne d ‘herbicides sur les fermes productrices de coton BT a considérablement augmenté, confirmant le miroir aux alouettes que représentent les plantes OGM. Dans le même temps, les rendements chutaient de 560 lint par hectare à 512.

Un fiasco.

Au moment où le Dr. Kranthi mettait en garde le gouvernement indien contre l’introduction de l’aubergine BT, Tiruvadi Jagadisan , qui fut l’un des membres de la direction de Monsanto en Inde pendant vingt ans, montait publiquement au créneau pour révéler que la firme avait « l’habitude » de falsifier les données scientifiques qu’elle soumet aux autorités indiennes.
J’invite les internautes à lire l’article de India Today ou sa traduction en français :

http://indiatoday.intoday.in/site/Story/83093/Top%20Stories/Monsanto+’faked’+data+for+approvals+claims+its+ex-chief.html

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2991

Toutes ces informations ne font que confirmer ce que j’ai longuement dénoncé dans « Le monde selon Monsanto ».

« The World according to Monsanto »

Je suis heureuse de vous annoncer que la version anglaise de mon livre « Le monde selon Monsanto » vient de sortir aux Etats Unis :

http://www.thenewpress.com/index.php?option=com_title&task=view_title&metaproductid=1755

Voici quelques articles publiés juste après la sortie :

http://newsblaze.com/story/20100617102338clar.nb/topstory.html

http://foodceo.com/articles/2010/06/just-in-interview-with-marie-monique-robin-author-of-the-world-according-to-monsanto-pollution-corruption-and-the-control-of-our-food-supply/

La version anglaise du livre est arrivée simultanément en Inde, où le débat autour de l’aubergine BT que Monsanto veut mettre sur le marché fait rage :

http://www.tehelka.com/story_main46.asp?filename=hub310710willtheyget.asp

Dans le dossier sur l’aubergine BT, on retrouve les mêmes lacunes que pour les autres OGM de Monsanto : manque d’évaluation sérieuse sur les risques pour la santé humaine et l’environnement. Grâce à l’excellent rapport du Professeur Gilles-Éric Séralini, qui, à la demande la Cour suprême de l’Inde a examiné les données fournies par Mahyco, filiale de Monsanto, le Régulateur indien a finalement décidé de ne pas autoriser la mise sur le marché de l’aubergine insecticide :

http://www.criigen.org/SiteFr//index.php?option=com_content&task=view&id=238&Itemid=113

Drôle de coïncidence : au moment où j’écris ces lignes, je reçois un mail du groupe « Les commandos Percu », qui sort un CD. Dans son morceau « Roundup-Ready. No more », il utilise un extrait de mon film « Le monde selon Monsanto ».  Il s’agit de l’interview de Vandana Shiva, généticienne et philosophe des sciences, lauréate du prix Nobel alternatif, où elle dit à propos de Monsanto  :

« Une fois qu’elle aura  imposé comme norme le droit de propriété sur les graines génétiquement modifiées, elle pourra encaisser  des royalties ; nous dépendrons d’elle pour chaque graine que nous semons et  chaque champ que nous cultivons.

Si elle contrôle les semences, elle contrôle la nourriture, elle le sait c’est sa stratégie. C’est plus puissant que les bombes, c’est plus puissant que les armes, c’est le meilleur moyen de contrôler les populations du monde ».

Malheureusement, pour des raisons techniques, je n’arrive pas à mettre en ligne l’extrait du DVD. Mais j’espère bien y parvenir, dès que mon correspondant à ARTE sera de retour de vacances !  En attendant, je mets en ligne la pochette du DVD.