La bactérie E Coli bien connue des élevages intensifs

Je m’étais abstenue d’intervenir dans l’affaire de la bactérie E Coli, attendant de connaître les résultats de l’enquête, mais devant la mauvaise foi des commentaires que je lis sur ce Blog, j’ai décidé de sortir de mon silence (prudent). Comme le rappelle cet article du New York Times, qui est, comme chacun sait, un journal activiste radical (!!), la bactérie E Coli est surtout connue pour proliférer dans les élevages intensifson use et abuse d’antibiotiques.

http://www.nytimes.com/2011/06/12/opinion/12kristof.html?_r=2&hp

Dans cet article récent, Nicholas Kristof rappelle que chaque année 325 000 personnes sont hospitalisées aux Etats Unis, en raison d’une maladie liée à l’alimentation et que 5000 en meurent.  « La nourriture tue une personne toutes les deux heures« , note l’éditorialiste qui souligne le rôle joué par les bactéries, comme E Coli, qui habitent les intestins des animaux et que l’usage délirant d’antibiotiques dans les élevages intensifs a rendu résistantes aux antibiotiques.

Jugez en vous mêmes: d’après un rapport récent de la Food and Drug Administration, 80% des antibiotiques utilisés aux Etats Unis sont administrés bien souvent à titre préventif, aux pauvres poules et cochons , maltraités dans les « élevages hors sols », tandis que le seul Etat de Nord Caroline utilise à lui tout seul autant d’antibiotiques pour ses animaux martyrs que les Etats Unis pour sa population!

Le journaliste explique aussi que l’un des pathogènes les plus virulents générés dans les « usines à viande » est le MRSA (en français le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM), qui prolifère dans les élevages de porcs intensifs.

Il tue plus d’Américains que le sida!

http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=8307

D’après une étude publiée dans Applied and Environmental Microbiology, 70% des porcs industriels en sont affectés.

http://aem.asm.org/cgi/content/abstract/77/2/696

D’après une autre étude, 45% des ouvriers agricoles qui travaillent dans les usines à porc sont porteurs du SARM.

http://www.plosone.org/article/info:doi/10.1371/journal.pone.0004258

Nombreux sont aux Etats Unis, les hommes, femmes et enfants qui meurent, après avoir mangé un hamburger contaminé par les bactéries tueuses des élevages intensifs. L’une des histoires  qui avait attiré l’attention sur ce drame terrible concernait le petit Kevin Kowalcyl, décédé à trois ans, les « intestins rongés par la gangrène », après un barbecue estival fatal.

Et comme le note l’éditorialiste du New York Times :

« les végétariens ne sont pas à l’abri. La bactérie E Coli provient des animaux, mais elle peut se répandre dans l’eau utilisée pour arroser les légumes en les contaminant. »

Ce qui est sûr en tout cas c’est que l’ E coli qui a tué des Allemands s’est apparemment retrouvée sur des pousses de soja cultivé sur une ferme bio, mais que son origine remonte à des animaux. Quels animaux? Quels furent les mécanismes de transfert qui ont permis à  la bactérie  de passer des animaux aux pousses de soja? La retrouve-t-on dans les nappes phréatiques proches de la ferme incriminée?

Il est curieux que personne ne se soit intéressé à ces questions…

Photos: les joies de l’élevage intensif qui favorise la prolifération de bactéries ultra-résistantes.

Les propos incohérents de Jean-François Narbonne (4)

Ca bouge sur le front de l’aspartame et tout ce que j’ai révélé dans mon film et livre Notre poison quotidien est aujourd’hui confirmé par les démarches de Corinne Lepage (voir sur ce Blog), au niveau européen, et du député Gérard Bapt et du Réseau Environnement santé (RES) au niveau français :

http://www.rue89.com/dessous-assiette/2011/06/27/etudes-bidon-conflits-dinterets-laspartame-dans-de-sales-draps-211122

Autant dire que le professeur Jean-François Narbonne est, comme on dit, totalement à côté de la plaque, dans l’interview qu’il a donnée au journaliste, lobbyste de l’industrie des pesticides, Gil Rivière-Weckstein. Voici la suite de ce que toxicologue a déclaré :

Dans le dossier de l’aspartame, il y a des incohérences visibles dans le reportage. La journaliste va interroger les instances de la Food and Drug Administration (FDA) aux USA sur les observations très nombreuses portant sur les effets neurologiques de l’aspartame chez l’homme, ce qui constitue le coeur du dossier. Or, elle déplace la polémique sur les effets cancérigènes chez l’animal rapportés par le Dr Morando Soffritti en se servant de l’avis de l’Efsa, qui synthétise les critiques des experts européens et donne une vue générale sur les relations entre l’aspartame et la cancérogenèse. Au sujet de cet avis, elle interroge un fonctionnaire de l’Efsa, Hugues Kenigswald, qui est coordonnateur de l’unité sur les additifs. Il déclare que l’Efsa a rejeté les conclusions du Dr Soffritti au motif que les rats âgés présentaient des inflammations pulmonaires pouvant être la cause des cancers pulmonaires. Cet argument a été très facilement rejeté – et avec raison – par le Dr Soffritti, qui explique qu’il y a eu autant d’inflammations chez les rats nourris à l’aspartame que chez les rats témoins. Ce qui permet à Marie-Monique Robin de démontrer l’incompétence de l’Efsa. Sauf que la critique principale portant sur la première étude de Morando Soffritti ne concerne pas ce problème d’inflammation pulmonaire. En effet, les experts européens avaient noté que l’augmentation des cancers n’était significative que chez les femelles, et que les témoins femelles (qui n’avaient pas reçu d’aspartame) présentaient deux fois moins de cancers que ce qui est constaté d’ordinaire sur les femelles appartenant à cette souche particulière. En fait, il n’y avait pas augmentation des cancers chez les femelles ayant reçu de l’aspartame, mais diminution des cancers « spontanés » chez les femelles témoins.

La question des inflammations pulmonaires des rats en fin de vie relève d’un autre problème : celui du protocole particulier utilisé par l’équipe de Soffritti, qui expose les rats jusqu’à leur mort naturelle, ce qui sort du cadre des normes OCDE. En effet, ces inflammations font partie des altérations physiopathologiques dues à la vieillesse et peuvent toucher aussi bien les témoins que les traités. Elles constituent l’une des raisons pour lesquelles le protocole officiel arrête les études de cancérogenèse après un maximum de 24 mois d’exposition et n’attend pas la mort des animaux d’expérience, contrairement à ce qu’a fait l’équipe de Soffritti. De plus, le rapport de l’Efsa fait le point sur l’ensemble des études de cancérogenèse effectuées avec l’aspartame. Contrairement à ce qui est ressassé au cours du reportage, les études sur l’aspartame ont été répétées depuis les années soixante-dix. En particulier, des études de cancérogenèse ont été effectuées avec des souris transgéniques dans le cadre du NTP (National Toxicology Program aux USA) en 2004. Elles se sont révélées négatives. Vous avez là un exemple particulièrement éclairant de présentation erronée de la journaliste.

Pauvre Jean-François Narbonne ! Il est vraiment dommage qu’il n’ait pas lu mon livre , ce qui eût constitué d’ailleurs une preuve de son honnêteté intellectuelle, ce qui n’est malheureusement pas le cas. Mais il est vrai qu’il est mandaté par l’industrie chimique pour tenter de discréditer mon enquête, quitte à perdre le soutien et l’admiration de nombreuses personnes un peu partout en France, qui m’ont manifesté leur déception de voir le toxicologue « changer de camp avec armes et bagages ».

Dans mes deux chapitres sur l’aspartame, je décortique soigneusement les « pauvres arguments » de Narbonne qui s’est contenté de ressasser la propagande des fabricants d’aspartame , relayée par l’Agence européenne de sécurité des aliments, pour rejeter les études de l’Institut Ramazzini de Bologne (Italie). Et contrairement à ce qu’affirme le professeur Narbonne, la principale raison pour laquelle l’EFSA a refusé de prendre en compte la première étude de l’Institut Ramazzini est bien le fait que les rats souffraient d’inflammations pulmonaires. J’invite les lecteurs a vérifier eux-mêmes dans l’avis de l’EFSA publié en 2006, dont le contenu a été réitéré dans l’avis de 2009 :

The majority of the lymphomas and leukemias observed appeared to have developed in

rats suffering from inflammatory changes in the lungs, which is characteristic for chronic

respiratory disease. In accordance with the previous view of the AFC Panel, these changes were not considered to be related to the treatment with aspartame.

Concernant les deux autres arguments de Narbonne – à savoir la durée des études conduites par l’Institut Ramazzini qui étudie les animaux de laboratoire jusqu’à leur mort naturelle , et l’étude conduite sur des souris transgéniques dans le cadre du National Toxicology Program,  pas de chance non plus ! Il se trouve que j’ai interviewé James Huff, le  directeur adjoint du département de la cancérogenèse chimique au National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS) avec qui je me suis longuement entretenue de ces deux points !

Voici ce que j’écris dans mon livre :

EXTRAIT

Associé à la création du National Toxicology Program, James Huff fut en effet l’un des premiers à mettre au point un protocole de recherche pour ce qu’on appelle les « bioessais », c’est-à-dire des études expérimentales destinées à tester les effets cancérigènes des produits chimiques sur les rongeurs, suivis jusqu’à leur mort naturelle. C’est ainsi qu’il montra, en 1979, alors que la bataille sur le benzène était à son paroxysme, que cette molécule induisait des cancers dits « multisites », c’est-à-dire sur plusieurs organes des souris et rats exposés[i].

L’Institut Ramazzini, « maison de ceux qui ont consacré leur vie à la recherche de la vérité »

« Cela fait vingt ans que je bataille pour que le National Toxicology Program (NTP) conduise une étude sur l’aspartame, m’a expliqué en 2009 James Huff, le directeur adjoint du département de la cancérogenèse chimique au National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS), un énorme complexe posé en pleine forêt dans le Research Triangle Park (RTP), en Caroline du Nord. Créé en 1959 et s’étendant sur 2 200 hectares, le RTP est « le plus grand parc de recherche de la nation », ainsi que l’affirme son site Web, avec quelque 50 000 salariés travaillant dans cent soixante-dix centres de recherche, publics ou privés, dont l’un des plus importants est le NIEHS.

Connu dans le monde entier, grâce à son magazine Environmental Health Perspectives, l’Institut est une référence incontournable dans le domaine de la santé environnementale. C’est lui qui supervise le National Toxicology Program, dont la mission est d’évaluer la toxicité des agents chimiques en développant des outils mis à la disposition des agences gouvernementales comme la Food and Drug Administration (FDA), chargée de la sécurité des aliments et des médicaments, ou l’Agence de protection de l’environnement (EPA), qui s’occupe notamment de la réglementation des pesticides.

«  Malheureusement, la FDA s’est toujours opposée à ce que le National Toxicology Program évalue le potentiel cancérigène de l’aspartame, en faisant jouer son droit de veto[1], m’a commenté James Huff.

– Comment l’expliquez-vous ?

– Je pense que l’agence craignait que nous prouvions que l’édulcorant est cancérigène[ii] », m’a répondu le scientifique en me renvoyant à un article de novembre 1996, qui faisait suite à la publication de l’étude de John Olney sur l’augmentation des tumeurs cérébrales. Y témoignait James Huff, ainsi que David Rall, l’ancien directeur du NIEHS, qui supervisa le NTP pendant dix-neuf ans (jusqu’à son départ à la retraite en 1990) : « C’est une manière efficace d’assurer que l’aspartame ne sera pas testé, déclarait ce dernier. On empêche les chercheurs de le tester, puis on dit qu’il est sûr[iii]. »

« J’ai lu, pourtant, que le NTP avait publié les résultats d’une étude sur l’aspartame en 2005[iv], ai-je poursuivi.

– C’est vrai, a reconnu James Huff, mais j’étais opposé à cette étude ainsi que plusieurs collègues du NIEHS. Elle a été menée sur des souris transgéniques à qui on a inséré un gène qui les rend plus susceptibles au cancer. C’est un nouveau modèle expérimental qui ne présente aucun intérêt pour les produits chimiques non génotoxiques. Or, l’aspartame n’est pas génotoxique, c’est-à-dire qu’il ne produit pas de mutations[2]. Le résultat de cette étude, qui a coûté beaucoup d’argent pour rien, fut bien sûr négatif et elle a fait le bonheur de l’industrie[3]… J’étais écœuré, c’est pourquoi j’ai participé activement à la conception des études conduites par l’Institut Ramazzini qui, elles, ont confirmé les pouvoirs cancérigènes de l’aspartame. Ce sont pour moi les meilleures études jamais réalisées sur cette substance. »

Créé en 1987, en hommage au « père de la médecine du travail » (voir supra, chapitre 7), l’Institut Ramazzini est l’œuvre du cancérologue italien Cesare Maltoni, dont les travaux sur le chlorure de vinyle avaient semé la panique chez les fabricants de plastique européens et américains (voir supra, chapitre 11). Installé dans le magnifique château renaissance de Bentivoglio, à une trentaine de kilomètres de Bologne, le centre de cancérologie environnementale définit ses programmes de recherche en collaboration avec le Collège Ramazzini, qui compte cent quatre-vingts scientifiques issus de trente-deux pays. Parmi eux, quelques-uns des scientifiques que nous avons croisés dans ce livre, comme James Huff, Devra Davis, Peter Infante, Vincent Cogliano, Aaron Blair ou Lennart Hardell, Une fois par an, cette assemblée exceptionnelle se réunit à Carpi, le « lieu de naissance du maître » Bernardo Ramazzini. Dans un article publié en 2000, qui constitue une véritable profession de foi, mais aussi son testament, Cesare Maltoni (décédé en 2001) a décrit ce qui fait l’originalité de ce collège académique à nul autre pareil. « Notre époque est caractérisée par l’énorme expansion et la suprématie de l’industrie et du commerce, au détriment de la culture (dont fait partie la science) et de l’humanisme, écrit-il. L’objectif premier et bien souvent unique de l’industrie et du commerce est le profit. La stratégie de l’industrie et du commerce pour atteindre leurs objectifs – dussent-ils entrer en conflit avec la culture et l’humanisme – a été marquée par la création d’une culture alternative pseudoscientifique, dont le but principal est de polluer délibérément la vérité, en opposant la culture et la science et en étouffant la voix des humanistes[v]. » C’est pourquoi, poursuit Cesare Maltoni, la raison d’être[4] du Collège Ramazzini, c’est d’« être la maison de ceux qui ont consacré leur vie à la recherche de la vérité et d’être solidaire avec ceux qui sont attaqués et humiliés parce qu’ils poursuivent la vérité ».

Depuis sa création, l’Institut a testé quelque deux cents polluants chimiques, comme le benzène, le chlorure de vinyle, le formaldéhyde et de nombreux pesticides. Ses études ont souvent contribué à une baisse des normes d’exposition en vigueur, car leurs résultats sont inattaquables. D’abord, contrairement à la grande majorité des études industrielles, celles de l’Institut sont conduites sur des méga-cohortes, comprenant plusieurs milliers de cobayes, ce qui bien sûr renforce leur pouvoir statistique[vi]. Lors de ma visite, le 2 février 2010, j’avais été impressionnée par l’étendue du laboratoire, qui couvre 10 000 mètres carrés. D’énormes installations circulaires abritaient alors 9 000 rats soumis à différents niveaux d’ondes électromagnétiques pour une expérience que le docteur Morando Soffritti, qui a succédé à Cesare Maltoni, m’avait présentée comme « top secret », avec un large sourire entendu. « La deuxième caractéristique de notre Institut, m’avait-il expliqué, c’est que, contrairement aux recommandations du guide des “bonnes pratiques de laboratoire”, nos études expérimentales ne durent pas deux ans, mais nous laissons vivre nos animaux jusqu’à leur mort naturelle. En effet, 80 % des tumeurs malignes détectées chez les humains le sont après l’âge de 60-65 ans. Il est donc aberrant de sacrifier les animaux expérimentaux à la cent quatrième semaine, ce qui, rapporté à l’espèce humaine, correspond à l’âge de la retraite où la fréquence d’apparition des cancers ou des maladies neurodégénératives est la plus élevée[vii]. »

« C’est la principale force des études de l’Institut Ramazzini, m’a confirmé James Huff. Quand on interrompt arbitrairement une étude au bout de deux ans, on risque de passer à côté des effets cancérigènes d’une substance. Et plusieurs exemples le prouvent. Le cadmium est un métal largement utilisé, notamment pour la fabrication de PVC ou d’engrais chimiques, qui a été classé dans le groupe 1 (« cancérigène pour les humains ») par le CIRC. Pourtant, les études expérimentales de deux ans ne montraient aucun effet. Jusqu’au jour où un chercheur a décidé de laisser mourir les rats naturellement : il a constaté que 75 % développaient un cancer du poumon dans le dernier quart de leur vie. De même, le NTP a étudié le toluène et n’a trouvé aucun effet au bout de vingt-quatre mois. En revanche, l’Institut Ramazzini a vu plusieurs cancers apparaître à partir du vingt-huitième mois. Le protocole des études de l’Institut Ramazzini devrait être repris par tous les chercheurs, car l’enjeu est important : on se glorifie toujours de l’allongement de l’espérance de vie, mais à quoi bon vivre dix ou quinze ans plus vieux, si c’est pour vivre sa retraite, accablé par toutes sortes de maladies qui seraient évitables si on contrôlait mieux l’exposition aux produits chimiques ? C’est pourquoi les deux études de l’Institut Ramazzini sur l’aspartame sont très inquiétantes… »

« L’aspartame est un agent cancérigène multisite puissant »

Plus inquiétant encore est le rejet de ces deux études par l’EFSA et la FDA et, dans la foulée, par toutes les agences réglementaires nationales (dont, bien sûr, l’ANSES française). Et je dois dire que j’ai beau tourner leurs arguments dans tous les sens, ils ne parviennent pas à me convaincre…

Publiée en 2006, la première étude portait sur 1 800 rats, qui ont ingéré des doses journalières d’aspartame comprises entre 20 mg/kg et 100 mg/kg, depuis l’âge de huit semaines jusqu’à leur mort naturelle. Résultat : une augmentation significative, corrélée à la dose, des lymphomes, leucémies et tumeurs rénales chez les femelles, et des schwannomes (tumeurs des nerfs crâniens) chez les mâles. « Si nous avions tronqué l’expérience en l’arrêtant à deux ans, nous n’aurions sans doute pas pu montrer le potentiel cancérigène de l’aspartame, écrivent les auteurs dans leur publication. Les résultats de cette méga-étude indiquent que l’aspartame est un agent cancérigène multisite puissant, y compris à la dose journalière de 20 mg/kg, qui est bien inférieure à la DJA[viii]. »

Curieusement, alors qu’elle se contente en général fort bien des résumés de données que lui envoient les fabricants, la FDA a, dans ce cas précis, beaucoup insisté pour obtenir l’ensemble des données brutes de l’étude. C’est en tout cas l’argument officiel qu’elle n’a cessé de brandir, à l’instar de David Hattan, le toxicologue de la FDA qui suit le dossier de l’aspartame depuis plus de trente ans,  qui me l’a resservi sans sourciller : « Nous n’avons pu examiner qu’une petite partie des données brutes, m’a-t-il expliqué avec une moue navrée, et il nous a semblé que les changements observés étaient sporadiques et somme toute habituels dans ce genre d’expérimentation. Malheureusement, nous n’avons pas pu obtenir toutes les données, car l’Institut Ramazzini nous a dit que le règlement interne lui interdisait de les partager avec des tierces parties. »

« Pourquoi avez-vous refusé de communiquer les données brutes de l’étude ?, ai-je demandé à Morando Soffritti, le directeur scientifique de l’Institut Ramazzini.

– Je suis surpris que la FDA ait pu vous dire cela, m’a-t-il répondu, avec son indéfectible sourire en coin. Nous sommes entrés en contact avec la FDA dès 2005 et nous lui avons envoyé toutes les données en notre possession. »

Dans l’avis qu’elle a publié, le 20 avril 2007, l’agence américaine affirme, en tout cas, que « les données de l’étude ne permettent pas de conclure que l’aspartame est cancérigène[ix] ». Un an plus tôt, l’EFSA avait rendu un avis similaire, après une longue introduction où elle ne manquait pas de s’appuyer sur la « boîte noire » si laborieusement construite : « L’aspartame a notamment été l’objet de quatre études de cancérogénicité conduites sur des animaux pendant les années 1970 et au tout début des années 1980. Ces études, avec d’autres sur la génotoxicité, ont été évaluées par les agences réglementaires du monde et toutes ont conclu que l’aspartame n’avait pas de potentiel génotoxique ou cancérigène[x]. » Puis, l’Autorité européenne en vient à l’étude de l’Institut Ramazzini, qui comprend des « déficiences remettant en question la validité des résultats. […] L’explication la plus plausible des résultats de l’étude concernant les lymphomes et leucémies, c’est que ceux-ci sont dus à une maladie respiratoire chronique dont souffrait la colonie. […] En résumé, il n’y a pas de raisons de revoir la DJA de 40 mg/kg établie précédemment. »

– Alors, d’abord que ce soit bien clair : cette étude n’a absolument pas été rejetée, au contraire, elle a été étudiée (sic) avec le plus grand soin. Par contre, ce qui est très clair, c’est qu’il y a un certain nombre, pour ne pas dire un nombre certain, d’insuffisances méthodologiques qui ont été relevées dans cette étude…

– Par exemple ?

– En particulier, le fait que certains rats présentaient des pathologies respiratoires…

– Quel est le rapport entre le fait d’avoir une maladie respiratoire et un lymphome ou une leucémie ?

– La maladie respiratoire fait que ça provoque… est à l’origine de tumeurs et peut donc complètement brouiller les pistes ; c’est exactement ce qui s’est passé dans cette étude. »

L’argument de l’EFSA a (de nouveau) fait sourire Morando Soffritti qui, bien calé dans son fauteuil, a répliqué : « Nous ne sommes pas d’accord, pour une série de raisons. Premièrement, parce que les processus inflammatoires que nous observons dans nos animaux dépendent très souvent du fait que nous les laissons mourir naturellement sans interrompre leur vie de façon arbitraire. Et comme il arrive pour l’homme, dans la dernière phase de la vie, les complications pulmonaires et rénales sont très courantes. De plus, il n’a jamais été démontré que les infections pulmonaires ou rénales, qui apparaissent en fin de vie, soient capables de produire des tumeurs en si peu de temps.

– Est-ce que les rats du groupe contrôle avaient le même problème inflammatoire ?

– Bien sûr, nous l’avons observé à la fois dans les groupes traités et dans le groupe contrôle. La seule différence entre les deux groupes était que les groupes expérimentaux avaient ingéré de l’aspartame et que le groupe contrôle n’en avait pas ingéré. »

En 2007, l’équipe du docteur Soffritti a publié une seconde étude, encore plus inquiétante que la première. Cette fois-ci, quatre cents rates en gestation ont été exposées à des doses journalières d’aspartame de 20 mg/kg et de 100 mg/kg et leurs descendants ont été suivis jusqu’à leur mort. « Nous avons constaté que quand l’exposition commence pendant la vie fœtale, le risque d’avoir les tumeurs observées lors de la première étude augmente de manière très significative, a commenté Morando Soffritti. S’y ajoute l’apparition de tumeurs mammaires chez les descendantes femelles. Nous estimons que ces résultats devraient conduire les agences réglementaires à agir au plus vite, car les femmes enceintes et les enfants sont les plus grands consommateurs d’aspartame. » Dans leur publication, Morando Soffritti et ses collègues soulignent que, « à leur demande, nous avons fourni aux agences réglementaires toutes les données brutes de l’étude[xi] ».

Pourtant, David Hattan m’a soutenu le contraire : « Nous n’avons pas examiné la seconde étude de l’Institut Ramazzini, car malheureusement nous n’avons pas pu trouver un accord pour obtenir les données brutes », a affirmé le toxicologue de la FDA.

« Ce n’est pas vrai, a rétorqué le docteur Morando Soffritti., depuis son laboratoire de Bentivoglio.

– Vous prétendez que David Hattan ment ?, ai-je insisté.

– On peut dire qu’il ment. »

« Pourquoi avez-vous rejeté cette étude ?, ai-je insisté auprès d’Hugues Kenigswald, le chef de l’Unité des additifs alimentaires de l’EFSA (que nous avons déjà rencontré au cours du chapitre 14).

Dans l’avis qu’elle a rendu le 19 mars 2009, l’EFSA souligne aussi que « les données brutes de l’étude n’ont pas été fournies par les auteurs », ce que dément avec vigueur le directeur de l’Institut Ramazzini. Puis, l’Autorité européenne écarte de nouveau les leucémies et lymphomes constatés, qu’elle s’entête à considérer comme « caractéristiques d’une maladie respiratoire chronique » (décidément !), avant de se lancer dans une explication qui a carrément fait bondir les Américains James Huff et Peter Infante tant elle leur semblait « scabreuse et peu scientifique » : « L’augmentation de l’incidence des carcinomes mammaires n’est pas considérée comme étant indicative d’un potentiel cancérogène de l’aspartame, car l’incidence des tumeurs mammaires chez les rats femelles est relativement élevée et varie considérablement d’une étude de carcinogénicité à l’autre, écrivent les experts de l’EFSA. Le groupe scientifique a constaté qu’aucune augmentation de l’incidence des carcinomes mammaires n’a été signalée dans la précédente étude menée sur l’aspartame, dans laquelle des doses du produit beaucoup plus élevées ont été utilisées[xii]. »

« C’est incroyable que des experts puissent écrire cela, s’est étonné James Huff . On dirait qu’ils n’ont pas compris que l’originalité de l’étude, c’est de commencer l’exposition in utero. Ce qui est inquiétant, c’est précisément que les descendantes ont développé des tumeurs mammaires que les rates adultes n’avaient pas développées dans la première étude. On observe exactement le même phénomène avec les perturbateurs endocriniens : ce sont les filles exposées pendant la vie fœtale qui ont des cancers mammaires, mais pas leurs mères ! »

De fait, l’argument de l’EFSA a de quoi surprendre, mais c’est pourtant le seul qu’a évoqué Hugues Kenigswald pour justifier la décision d’ignorer les résultats de l’étude italienne : « Les tumeurs mammaires qui sont décrites dans la deuxième étude n’apparaissaient pas dans la première étude, m’a-t-il expliqué, en jetant des regards vers les deux fonctionnaires européens assis dans mon dos. Donc, les résultats des deux études sont incohérents. »

« Comment expliquez-vous cet argument de l’EFSA ? », ai-je demandé à Morando Soffritti, qui, manifestement, a cherché ses mots avant de me répondre : « Les évaluations faites par les experts des différentes agences sont souvent hâtives et pas toujours réfléchies, a-t-il lâché. S’ils avaient pris le temps de mesurer ce que peut impliquer une exposition commencée pendant la vie fœtale, peut-être n’auraient-ils pas émis un jugement aussi trivial d’un point de vue scientifique… »

En attendant, la décision européenne a fait le bonheur de l’Association internationale des édulcorants (ISA) qui, dans un communiqué d’avril 2009, s’est « félicitée de l’avis scientifique publié par l’EFSA qui reconfirme le précédent avis publié en mai 2006 sur la sécurité et l’innocuité de l’édulcorant aspartame, rejetant les affirmations de l’institut Ramazzini, en Italie, selon lesquelles l’aspartame serait dangereux pour la santé. Ces conclusions de l’EFSA sont entièrement compatibles avec le consensus scientifique mondial, etc.[xiii] ».

FIN DE L’EXTRAIT


[1]Le National Toxicology Program est placé sous la direction du NIEHS, mais ses sujets de recherche sont décidés par un comité exécutif, qui comprend des représentants de toutes les agences réglementaires américaines, comme l’OSHA, l’EPA ou la FDA.

[2] On considère qu’il y a deux types d’agents cancérigènes : les génotoxiques, qui agissent directement sur les gènes en initiant la première étape du processus de cancérisation par mutations géniques ; et les non génotoxiques, qui n’agissent pas directement sur les gènes, mais participent au processus de cancérogenèse (stade de promotion ou de progression) en favorisant la prolifération des cellules mutées ou « initiées » (voir la fiche « Cancers professionnels », sur le site <www.cancer-environnement.fr>).

[3] De fait, l’étude du NTP était accompagnée de cette remarque : « Étant donné qu’il s’agit d’un nouveau modèle, il y a une incertitude quant à sa sensibilité et sa capacité à détecter un effet cancérigène. »

[4] En français dans le texte.


[i] James Huff et alii, « Multiple-site carcinogenicity of benzene in Fischer 344 rats and B6C3F1 mice », Environmental Health Perspectives, 1989, vol. 82, p. 125-163 ; James Huff, « National Toxicology Program. NTP toxicology and carcinogenesis studies of benzene (CAS n° 71-43-2) in F344/N rats and B6C3F1 mice (gavage studies) », National Toxicology Program, Technical Report Series, vol. 289, 1986, p. 1-277.

[ii] Entretien de l’auteure avec James Huff, Research Triangle Park, 27 octobre 2009.

[iii] Cité par Greg Gordon, « FDA resisted proposals to test aspartame for years », Star Tribune, 22 novembre 1996.

[iv] National Toxicology Program, Toxicology Studies of Aspartame (CAS No. 22839-47-0) in Genetically Modified (FVB Tg.AC Hemizygous) and B6.129-Cdkn2atm1Rdp (N2) deficient Mice and Carcinogenicity Studies of Aspartame in Genetically Modified [B6.129-Trp53tm1Brd (N5) Haploinsufficient] Mice (Feed Studies), octobre 2005.

[v] Cesare Maltoni, « The Collegium Ramazzini and the primacy of scientific truth », European Journal of Oncology, vol. 5, suppl. 2, 2000, p. 151-152.

[vi] Morandi Soffritti, Cesar Maltoni et alii, « Mega-experiments to identify and assess diffuse carcinogenic risks », Annals of the New York Academy of Sciences, vol. 895, décembre 1999, p. 34-55.

[vii] Voir Morando Soffritti, Cesare Maltoni et alii, « History and major projects, life-span carcinogenicity bioassay design, chemicals studied, and results », Annals of the New York Academy of Sciences, vol. 982, 2002, p. 26-45 ; Cesare Maltoni et Morando Soffritti, « The scientific and methodological bases of experimental studies for detecting and quantifying carcinogenic risks », Annals of the New York Academy of Sciences, vol. 895, 1999, p. 10-26.

[viii] Morando Soffritti et alii, « First experimental demonstration of the multipotential carcinogenic effects of aspartame administered in the feed to Sprague-Dawley rats », Environmental Health Perspectives, vol. 114, n° 3, mars 2006, p. 379-385 ; Fiorella Belpoggi, Morando Soffritti et alii, « Results of long-term carcinogenicity bioassay on Sprague-Dawley rats exposed to Aspartame administered in feed », Annals New York Academy of Sciences, vol. 1076, 2006, p. 559-577.

[ix] Center for Food Safety and Applied Nutrition, « FDA Statement on European Aspartame Study », 20 avril 2007.

[x] « Opinion of the scientific panel on food additives, flavourings, processing aids and materials in contact with food (AFC) related to a new long-term carcinogenicity study on aspartame », EFSA-Q-2005-122, 3 mai 2006.

[xi] Morando Soffritti et alii, « Life-Span exposure to low doses of aspartame beginning during prenatal life increases cancer effects in rats », Environmental Health Perspectives, vol. 115, 2007, p. 1293-1297.

[xii] « Mise à jour de l’avis formulé à la demande de la Commission européenne sur la seconde étude de carcinogénicité de l’ERF menée sur l’aspartame, tenant compte de données de l’étude soumises par la Fondation Ramazzini en février 2009 », EFSA-Q-2009-00474, 19 mars 2009. C’est moi qui souligne.

[xiii] « Brèves et dépêches technologies et sécurité », 23 avril 2009. Ce n’est pas moi qui souligne. Au moment où j’écris ces lignes, j’apprends que l’Institut Ramazzini a publié une nouvelle étude conduite sur des souris gravides, qui montre que l’aspartame induit des cancers du foie et du poumon chez les mâles (Morando Soffritti et alii, « Aspartame administered in feed, beginning prenatally through life-span, induces cancers of the liver and lung in male Swiss mice », American Journal of Industrial Medicine, vol. 53, n° 12, décembre 2010, p. 1197-1206).

Photos de Marc Duployer

James Huff assistant sur le tournage au NIEHS!

– Le NIEHS

– Interview de Linda Birnbaum,  la directrice du NIEHS

– Interview de Morando Soffritti à l’Institut Ramazzini

Les propos incohérents de Jean-François Narbonne (3)

Avant de poursuivre l’examen des propos que le journaliste de l’industrie chimique Gil Rivière-Weckstein a prêtés à Jean-François Narbonne sur le site Agriculture et environnement, j’invite les lecteurs à lire l’article publié par Gilles-Louis Francoeur dans le journal Le Devoir de Montréal.

C’est à ce jour la meilleure chronique jamais écrite sur mon film et livre Notre poison quotidien, car ce journaliste spécialiste des questions environnementales a parfaitement compris ce qui constitue le cœur de mon enquête : la remise en cause du processus de réglementation des produits chimiques, et notamment de la fameuse Dose Journalière Acceptable :

http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/324294/la-faillite-des-normes-de-controle

A peine rentrée du Canada, j’ai appris avec plaisir que mon livre Notre poison quotidien était à la huitième place sur le palmarès des meilleures ventes établi par Renaud Bray.

Comme je le soulignais dans mon précédent post, Jean-François Narbonne a déclaré à propos de l’aspartame :

« Marie-Monique Robin retrace l’histoire de la situation américaine, notamment la manière dont l’aspartame y a été autorisé dans les années 1980. Très bien, sauf qu’il n’y a rien de neuf, et que cela n’a rien à voir avec la situation en Europe. »

S’il avait lu mon livre, le professeur Narbonne se serait épargné des propos aussi mal informés ! En effet, ce qui s’est passé aux Etats Unis concerne directement «  la situation en Europe ». Lors de l’audience organisée par Corinne Lepage au parlement européen ( après avoir vu mon film sur la RTBF), puis sur demande du Réseau Environnement Santé d’André Cicollelal’EFSA (l’autorité européenne de sécurité des aliments) a dû confirmer ce que je dénonçais dans mon film et livre : elle n’a jamais eu les études de SEARLE (le fabricant de l’aspartame, acheté en 1985 par Monsanto) sur lesquelles elle prétend avoir fixé sa DJA ! Et pour cause : elle s’est contentée de « repiquer » l’avis émis par la Food and Drug Administration en 1981, après l’élection de Ronald Reagan et les « magouilles «  de Donald Rumsfeld, alors patron de SEARLE. Or, si Reagan n’avait pas été élu,  (voir mes posts précédents), l’aspartame n’aurait jamais été mis sur le marché, car les scientifiques de la FDA estimaient que les études soumises par SEARLE étaient d’une qualité lamentable, et que malgré leurs multiples déficiences, elles  montraient une sur-incidence de cancers du cerveau chez les rongeurs exposés, ainsi que de tumeurs de l’utérus chez les femelles.

Je retranscris l’article publié dans Le Monde, le 28 mai , où Hugues Kenigswald , que j’ai longuement interviewé à propos de cette lamentable affaire (voir mon film et livre), a dû avouer que les études qui sont censés avoir servi à l’évaluation du dangereux édulcorant se sont « volatilisées ». Et pour cause : les instances européennes ne les ont jamais eues !

Les autorités européennes n’ont plus les données scientifiques fondant leur décision

Un dossier trop « light » pour la dose admissible d’aspartame

Article paru dans l’édition du 28.05.11

Sur quelle base scientifique la dose journalière admissible (DJA) d’aspartame, l’édulcorant le plus employé notamment dans les boissons « light », a-t-elle été établie ?

C’est la demande faite auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), dont le siège est à Parme (Italie) par le Réseau environnement santé (RES).

La DJA est le seuil de consommation d’une substance en deçà duquel elle ne présente pas de risque. Il est fixé à 40 mg/kg/jour pour l’aspartame. Dans un communiqué publié jeudi 26 mai, le RES affirme que les études sur la base desquelles a été établie la DJA « n’ont jamais été publiées dans une revue scientifique » et « ont été menées dans des conditions qui devraient conduire à les invalider ».

Documents volatilisés

Le problème est que, dans sa réponse en date du 24 mai, Hugues Kenigswald, chef de l’unité des additifs alimentaires et des nutriments de l’EFSA, explique que son agence « ne dispose pas du dossier de demande d’autorisation de l’aspartame en Europe qui devrait contenir ces études ». Il ajoute : « Les contacts que nous avons eus à ce sujet avec nos collègues de la Commission européenne semblent indiquer que la Commission ne dispose plus de ce dossier. » Les documents ayant servi à l’évaluation de l’aspartame en 1984 se seraient donc volatilisés.

Dirigée par la Française Catherine Geslain-Lanéelle, ex-directrice générale de l’alimentation au ministère de l’agriculture, l’EFSA minimise toutefois la portée de cette disparition.

« La Commission européenne nous a demandé, il y a quelques jours, une réévaluation complète de l’aspartame d’ici à l’été 2012, indique Lucia de Luca, chargée des relations avec la presse. Elle était initialement prévue pour 2020. Nous préciserons très vite à la Commission la date à laquelle nous pourrons mener à bien cette réévaluation. »

L’EFSA va lancer un appel public à toutes les équipes de chercheurs et aux industriels pour qu’ils lui fournissent les études en leur possession. « Nous devrions ainsi avoir accès à toutes les données scientifiques en 2012. Le dossier sera reconstitué et inclura les études les plus récentes. »

Paul Benkimoun

Par ailleurs, j’informe les internautes que mon enquête intéresse aussi au plus haut point le Sénat : je vais être auditionnée mardi 7 juin par le sénateur Gilbert Barbier, membre de l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques  à propos des perturbateurs endocriniens.  J’en suis ravie !

Enfin, j’ai appris que mon livre  The World according to Monsanto fait partie des cinq livres nominés (sur un total de 70 ouvrages) pour le prix de l’excellence ne journalisme Helen Bernstein de la New york Library :

http://www.nypl.org/help/about-nypl/awards/book-award-for-journalism

Nouvelles du Canada

Je vous écris du Canada où je suis venue lancer mon film et livre « Notre poison quotidien ».

Comme  Le monde selon Monsanto » qui a rencontré un beau succès dans les librairies du Québec,  Notre poison quotidien est édité par Stanké , une maison d’édition dépendant du groupe Librex :

http://www.edstanke.com/ficheProduit.aspx?codeprod=363631

Le film sera diffusé le 5 juin sur Télé Québec à 21 heures :

http://www.telequebec.tv/cinema/film.aspx?idCase=102445411

Mardi soir, mon film a été présenté en avant-première à l’UQAM, l’Université de Montréal qui a dû afficher « complet » et refuser du monde.

http://www.coeurdessciences.uqam.ca/evenements/details/205-ecocine-notre-poison-quotidien.html

450 personnes ont pu assister à la projection débat.

Je ne reste que quatre jours à Montréal, mais j’enchaîne les interviews, à raison d’une dizaine par jour ! J’ai ainsi été reçue dans toutes les émissions de radio, télé , et les journaux qui comptent au Québec . Voici quelques exemples :

Michel Désautels de Radio Canada :

http://www.radio-canada.ca/emissions/desautels/2009-2010/chronique.asp?idChronique=154607

Ou Paul Arcand, l’un des chroniqueurs les plus célèbres du Québec:

Ou l’émission de télé 24 heures en 60 minutes:

La Presse :

http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/marie-claude-lortie/201105/25/01-4402497-mauvaise-chimie.php

Par ailleurs, je vous informe que la version américaine de mon livre Le monde selon Monsanto fait partie des cinq livres nominés (sur un total de 70 livres) pour le prix Helen Bernstein de l’excellence en journalisme de la bibliothèque de New York qui récompense, chaque année, une grande enquête d’investigation journalistique . Il est très rare qu’un  livre étranger (écrit par un journaliste qui n’ait pas la nationalité américaine) soit nominé pour ce prix, et je suis donc très fière de constituer une exception !

http://www.nypl.org/help/about-nypl/awards/book-award-for-journalism

Enfin, j’étais le 18 mai au Luxembourg où Greenpeace m’avait organisé une journée marathon: rencontre avec la presse, projection débat et entretien avec  Romain Schneider, le ministre de l’agriculture , de la viticulture et du développement durable (à ma gauche sur la photo), ainsi qu’avec des représentants du ministère de la santé .

Les propos incohérents de Jean-François Narbonne (1)

J’ai participé le 16 mai à une rencontre avec la presse agricole organisée par l’Association française des journalistes agricoles (AFJA) , à l’invitation d’Eric Massin qui travaille au journal Le Betteravier. Etait également convié  Jean-Charles Bocquet, le directeur de l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP), avec qui j’ « échangeais » donc pour la troisième fois, alors qu’il avait refusé de m’accorder une interview pour mon film (voir sur ce Blog) !

A peine arrivée dans les locaux du Crédit agricole, rue de la Boétie, où cette rencontre avait lieu, un homme se précipite vers moi, avec un  sourire avenant. « On ne se connaît pas, me dit-il, je suis Gil Rivière-Weckstein… » Ce « journaliste » dirige le site Agriculture et Environnement, où il ne cesse de déverser insultes et papiers tendancieux à l’égard de tous ceux qui osent questionner l’innocuité des pesticides.

C’est un secret de polichinelle que ce site est payé par l’industrie chimique, ce que j’ai expliqué lors de mon face à face avec Jean-Charles Bocquet sur Libération Labo. (voir sur ce Blog). Prenant l’air surpris, celui-ci avait affirmé mollement qu’il n’en était rien… Cette partie de l’entretien avait été reprise dans les deux pages publiée par Coralie Schaub dans  Libération, le 15 mars, le jour de la sortie de « Notre poison quotidien » sur ARTE. Quelques jours plus tard, Gil Rivière-Weckstein se fendait d’une demande de droit de réponse, en osant affirmer qu’il travaillait pour un « journal indépendant ».

Ce n’est pourtant pas l’avis d’Eric Massin, le journaliste qui a organisé la rencontre pour l’AFJA: «  Ici, tout le monde sait que Agriculture et environnement est payé par l’industrie » m’a –t-il expliqué, quand je lui faisais remarquer l’outrecuidance du « journaliste » qui vient tout sourire me serrer la main, alors qu’il n’a de cesse de m’insulter sur son site…

Toujours est-il que le salarié des fabricants de pesticides vient d’interviewer Jean-François Narbonne, le toxicologue de Bordeaux, dont tout indique, qu’après avoir montré une certaine fibre écologique ou tout au moins certaines préoccupations pour l’environnement et la santé publique, il a changé de camp.

J’ai récemment publié sur mon Blog la déclaration de conflit d’intérêts qu’il a transmise à l’ANSES où on découvre que son laboratoire est financé par Total. Or, l’une des filiales de Total c’est Arkema, l’un des principaux fabricants de Bisphenol A de France. Ceci expliquant peut-être cela…

Le compte-rendu de l’interview conduite par le journaliste de l’industrie des pesticides commence en ces termes :

« Expert auprès de l’Anses, le Pr Jean-François Narbonne est l’un des rares scientifiques à avoir réagi publiquement au reportage de Marie-Monique Robin, Notre poison quotidien. »

Et pour cause ! On peut même dire que Jean-François Narbonne est le seul scientifique que l’industrie ait trouvé pour essayer de critiquer le contenu de mon documentaire et film (dont tout indique qu’il n’a pas vu le premier ni lu le second), car aucun scientifique sérieux (c’est-à-dire indépendant) n’oserait formuler autant de contre-vérités et arguments fallacieux, voire diffamatoires, à l’égard d ‘une enquête qui donne la parole à plus de cinquante scientifiques, rencontrés dans douze pays.   J’ai d’ailleurs reçu plusieurs messages chaleureux de chercheurs de l’INSERM, comme Jacqueline Clavel ou Martine Perrot-Aplanat,  ou de l’Université de médecine de Boston, comme Ana Soto et Carlos Sonnenschein,  qui ont rendu un hommage appuyé à la qualité de mon investigation.

Dans l’ interview qu’il a donnée à Agriculture et Environnement , Jean-François Narbonne reprend les mêmes poncifs qu’il avait déjà assénés dans  deux journaux en ligne (le  post.fr et nutrition.fr) . Ces pauvres arguments ont déjà été soigneusement anéantis par André Cicollela, un toxicologue et chimiste indépendant, qui se bat pour la santé publique depuis des décennies et qui est, aujourd’hui, le porte-parole du réseau Environnement Santé (voir sur ce Blog) .

http://reseau-environnement-sante.fr/2011/04/04/la-vie-du-reseau/reponse-a-jean-francois-narbonne/#more-1662

Mais je ne résiste pas à l’envie de les passer moi-même  à travers mes fourches caudines, tant il est clair que Narbonne ne maîtrise pas certains des sujets qu’il prétend connaître, avec cet imparable argument d’autorité qui a fait long feu : je suis toxicologue, donc je sais !

Voici quelques exemples des multiples erreurs et propos totalement incohérents qui jalonnent les déclarations de Mr. Narbonne :

« Pour exemple, prenons son traitement du cas de l’aspartame, que je connais d’autant mieux que je l’ai étudié ( j’ai conclu à son sujet qu’il était parfaitement inutile). Marie-Monique Robin retrace l’histoire de la situation américaine, notamment la manière dont l’aspartame y a été autorisé dans les années 1980. Très bien, sauf qu’il n’y a rien de neuf, et que cela n’a rien à voir avec la situation en Europe. »

Voilà une preuve que Mr. Narbonne, qui dit tout et le contraire de tout,  ne sait pas de quoi il parle ! Pour mon enquête sur l’aspartame ( à laquelle j’ai consacré quatre mois complets) j’ai pu consulter un millier de documents déclassifiés. Il en ressort que bien évidemment ce qui s’est passé aux Etats Unis a quelque chose à voir avec la situation européenne ! Comme me l’a expliqué Hugues Kenigswald, le chef de l’Unité additifs alimentaires à l’ Autorité européenne pour la sécurité alimentaire (EFSA), en 1985, l’Europe s’est contentée de suivre l’avis émis par la FDA, au moment d’autoriser la mise sur le marché de l’aspartame. Or, jusqu’à l’élection de Ronald Reagan à la Maison Blanche, en 1981, tous les scientifiques de la FDA se sont opposés à la mise sur le marché de l’aspartame, car ils estimaient que les études toxicologiques fournies par Searle, le fabricant d’aspartame, étaient d’une piètre qualité et qu’il fallait les répéter pour vérifier le potentiel cancérigène de l’aspartame. Cela n’a jamais été fait , grâce à l’entremise d’un certain  Donald Rumsfeld, qui était alors PDG de Searle !

Donc, la fameuse Dose Journalière  Acceptable de l’aspartame (DJA) est toujours de 40 mg par kilo en Europe, alors qu’elle a été fixée à partir d’études absolument catastrophiques, ainsi que je l’ai démontré dans mon film et livre.

http://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/aspartame.htm?wtrl=01

C’est d’ailleurs ce qu’a reconnu Hugues Koenigswald devant ma caméra. Voici un extrait du script de mon documentaire :

Hugues KENIGSWALD, chef de l’unité additifs alimentaires à l’EFSA :

« Cette dose journalière acceptable de 40mg/kg a été établie au départ

par le JECFA, c’est à dire, le groupe d’experts international FAO/OMS  et c’était

en 1980 et ensuite la même DJA a été établie également par le comité scientifique

de l’alimentation humaine donc pour l’Europe en 1985. »

Marie-Monique Robin :

« Moi je suis allée à l’OMS, et j’ai fouillé dans les archives du JECFA et j’ai eu

accès aux documents.

C’est très troublant je dois dire …Cette première DJA de 40mg/ est basée sur des

études hautement controversées.

Depuis on n’est pas revenu sur cette DJA  alors que les études d’origine sont très

critiquables… »

Hugues KENIGSWALD :

« Je ne sais pas ce qu’il faut penser des études initiales, je n’ai pas les

éléments pour juger plus que ce que je peux lire dans les évaluations précédentes

et dans les évaluations précédentes, il est mentionné qu’un doute a été soulevé

et que ce doute a été levé ».

Marie-Monique Robin :

« Oui mais dans les dossiers, il n’y a pas de nouvelles études pour savoir

pourquoi ce doute est levé? Voilà. »

Hugues KENIGSWALD  :

« Sur quelque chose qui a été fait il y a effectivement 30 ans, c’est peut être

regrettable mais c’est souvent le cas. »

Le 16 mars dernier, Hugues Kenigswald a reconnu devant le parlement européen que la DJA européenne était fondée sur les études hautement controversées (et jamais publiées) de Searle. Cette audition avait été organisée par Corinne Lepage, députée européenne et vice-présidente du parlement européen, après qu’elle a vu mon documentaire sur la RTBF (la télévision publique belge) qui l’a diffusé fin janvier (six semaines avant ARTE).

Voici le compte rendu qu’en a fait Virginie Félix qui couvrait l’audition pour Télérama :

http://television.telerama.fr/television/bruxelles-debat-de-l-aspartame,66854.php

Il faut se pencher sur les documents aujourd’hui déclassifiés de la FDA pour comprendre à quel point les études toxicologiques fournies par Searle et qui, j’insiste, fondent aujourd’hui la DJA de l’aspartame, sont proprement « désastreuses », ainsi que l’a dit Jacqueline Verrett, une toxicologue de la FDA, qui a témoigné dans une audition du sénat en novembre 1987.

Voici quelques extraits des deux  chapitres de  mon livre  que j’ai consacrés à l’édulcorant de synthèse :

EXTRAIT 1

En juillet 1975, Alexander Schmidt, le directeur (commissioner) de la FDA, décide de créer un « groupe de travail spécial », chargé d’examiner la validité de vingt-cinq études de la firme concernant six médicaments et l’aspartame. Exceptionnelle, la demande fait suite à l’examen de tests pharmacologiques que les scientifiques de l’agence ont jugés « aberrants ». Parmi les membres du groupe de travail, il y avait Adrian Gross, qui travailla à la FDA de 1964 à 1979. Dans deux courriers adressés au sénateur Howard Metzenbaum en 1987[i], il a raconté en détail ce que les inspecteurs ont alors découvert dans les laboratoires de l’entreprise de Chicago, où ils ont passé au peigne fin onze études sur l’aspartame, dont deux considérées comme capitales puisqu’elles testaient les effets cancérigènes et tératogènes[1] de l’édulcorant.

Gross est l’un des signataires du rapport de cinq cents pages que le groupe de travail a remis le 24 mars 1976 et qui commence en ces termes : « Au cœur du processus réglementaire de la FDA, il y a sa capacité à pouvoir se reposer sur la validité des données de sécurité soumises par les fabricants des produits réglementés. Notre investigation démontre clairement que dans le cas de G. D. Searle, nous n’avons aucune base pour asseoir notre confiance. » Puis, le rapport énumère sur des dizaines de pages les « déficiences sérieuses » rencontrées dans les « opérations et pratiques » de la firme qui « concernent spécifiquement les études sur l’aspartame ». D’abord, ils ont constaté un « manque de souci pour l’homogénéité et la stabilité de l’ingrédient incorporé dans les régimes alimentaires », de sorte qu’il « n’y a aucune façon de savoir avec certitude si les animaux ont bien ingéré la dose rapportée ». Ils soulignent que les « comptes rendus des observations et résultats contiennent de nombreuses erreurs et aberrations » et qu’il y a des « observations rapportées qui concernent un produit qui n’a jamais existé ». Ils notent le « manque de formation des scientifiques “professionnels” qui ont fait les observations pour les études de tératogénicité » et la « perte d’informations pathologiques importantes due à la décomposition totale de certains organes ». Enfin, et c’est probablement le plus grave, ils dénoncent l’« excision de masses tumorales », c’est-à-dire le fait que des tumeurs ont été retirées des cobayes, ce qui a permis de réduire le nombre des cancers cérébraux observés dans les groupes expérimentaux (douze au total). Or, note Adrian Gross dans son courrier au sénateur Metzenbaum, malgré toutes les déficiences observées, il n’en reste pas moins que le « taux de tumeurs cérébrales des animaux exposés est nettement supérieur à celui des animaux non exposés et cet excès est hautement significatif ».

Le groupe de travail a aussi découvert que Searle avait « omis » de communiquer les résultats de deux études essentielles : l’une avait été réalisée par Harry Waisman, le directeur d’un laboratoire de l’université du Wisconsin, considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de la phénylalanine. Conduite dès 1967 sur sept jeunes singes, celle-ci s’était soldée par la mort de l’un des cobayes, tandis que cinq avaient souffert de crises d’épilepsie. La seconde avait été réalisée par Ann Reynolds, une zoologue de l’université d’Illinois qui avait confirmé les résultats obtenus par John Olney. L’affaire est si grave que le groupe de travail recommande d’intenter une action en justice contre Searle pour « violation criminelle de la loi ». L’autorisation de mise sur le marché de l’aspartame est suspendue sine die, tandis que les faits sont publiquement dénoncés par Alexander Schmidt, lors d’une audience au Sénat en juillet 1976.

« J’ai ici le rapport du groupe de travail de la FDA sur les études de Searle, êtes-vous d’accord avec ses conclusions ?, a demandé le sénateur Edward Kennedy au directeur de l’agence.

– Oui, a-t-il répondu.

– Est-ce la première fois qu’un problème d’une telle magnitude a été découvert par la FDA ?, a insisté l’élu démocrate.

– Oui, […] nous avons parfois été informés de problèmes isolés, mais n’avions jamais rencontré de problèmes de cette ampleur dans une firme pharmaceutique[ii]. »

Dans la foulée de son audition, Alexander Schmidt annonce la création d’un nouveau groupe de travail, chargé d’investiguer la troisième étude capitale réalisée par Searle concernant les effets du DKP, le métabolite de l’aspartame. Conduite par Jérome Bressler, un scientifique réputé de la FDA qui donnera son nom au rapport publié en août 1977, cette enquête confirme les irrégularités constatées par l’équipe précédente, avec toutefois quelques « originalités » qui valent le détour ! « Les comptes rendus des observations indiquent que l’animal n° A23 LM était vivant à la semaine 88, mort de la semaine 92 à la semaine 104, vivant à la semaine 108 et mort à la semaine 112 », notent ainsi les inspecteurs. La suite est de la même veine et je me contenterai de quelques extraits, tant la liste des « anomalies » est longue : « Une masse tissulaire de 1,5 x 1,0 cm a été excisée de l’animal B3HF le 2 décembre 1972 » ; « quatre-vingt-dix-huit des cent quatre-vingt-seize cobayes qui sont morts pendant l’étude ont été autopsiés très tard, parfois un an après la mort » ; « vingt animaux ont été exclus de l’étude en raison de leur décomposition excessive » ; « l’animal F6HF, une femelle exposée à une forte dose, a été retrouvé mort au 787e jour et le rapport pathologique notait une tumeur mesurant 5,0 x 4,5 x 2,5 cm. Le dossier remis par Searle à la FDA ne mentionnait pas cette tumeur, car l’animal avait été exclu de l’étude en raison de son état de décomposition » ; « un polype sur l’utérus de l’animal K9 MF a été découvert qui n’avait pas été diagnostiqué par Searle, ce qui porte le nombre de polypes utérins à cinq sur trente-quatre pour le groupe exposé à une dose médiane (15 %)[iii]. » Etc.

« En 1979, j’ai pu consulter les études de Searle, grâce à la procédure du Freedom of Information Act, m’a raconté John Olney, de sa voix étonnamment lente. J’ai été atterré par ce que j’ai découvert… Je me souviens notamment d’une photo prise par une technicienne du laboratoire, où l’on voyait un large morceau de DKP grossièrement mélangé à la nourriture en poudre des rats. Cette anomalie a été dénoncée dans le rapport Bressler, car les rongeurs sont suffisamment malins pour éviter une substance particulièrement nauséabonde. J’avais aussi noté le nombre élevé de tumeurs cérébrales constatées dans l’une des études centrales, car je sais que ce genre de tumeurs est excessivement rare chez les animaux de laboratoire. La littérature scientifique de l’époque donnait une incidence de 0,6 %, alors que l’étude de Searle parvenait à 3,57 %, malgré ses nombreuses déficiences. Je me souviens m’être dit qu’avec de tels éléments, la FDA ne pouvait que refuser l’homologation de l’aspartame[iv]… »

EXTRAIT 2

« Je n’ai aucun scrupule à dire que si nous basons la quantité d’aspartame autorisée dans nos aliments sur les études de Searle, alors c’est un vrai désastre. » Après les embrouillaminis des scientifiques de l’ILSI, le témoignage de Jacqueline Verrett est apparu d’une étonnante limpidité, provoquant un silence religieux dans la salle de l’audience. Très stricte avec ses lunettes carrées et son tailleur de vieille fille rangée, le docteur Verrett a travaillé à la FDA comme biochimiste et toxicologue de 1957 à 1979. En 1977, elle fit partie de l’équipe de Jerome Bressler et eut donc accès aux données brutes des trois fameuses études (celle sur le DKP et les deux sur la tératogénicité) qui ont fondé la DJA de l’aspartame aux États-Unis comme en Europe (voir supra, chapitre 14). Avec un ton pince-sans-rire, elle a ironisé sur les « animaux remis dans l’étude après extraction de leurs tumeurs », « les rats morts, puis ressuscités » et a tranché : « Il est impensable qu’un toxicologue digne de ce nom, après avoir effectué une évaluation complète et objective de ces données, ne conclut pas qu’il est impossible d’interpréter ces études et qu’il faut les refaire. » Or, a-t-elle asséné, « j’ai vérifié la littérature scientifique récente et je n’ai trouvé aucune étude qui ait tenté de reproduire ces recherches pour résoudre les questions soulevées ; […] de sorte que nous ne pouvons absolument pas être sûrs d’avoir la bonne DJA ».

Décédée en 1997, Jacqueline Verrett a publié en 1974 un livre iconoclaste intitulé Eating May be Hazardous to your Health (Manger peut être dangereux pour votre santé), où elle racontait son travail à la FDA. Bravant la réputation de la célèbre agence, elle n’hésitait pas à écrire : « Malheureusement, notre alimentation n’est pas la plus sûre du monde. […] Si certains additifs alimentaires étaient réglementés comme des médicaments, ils seraient interdits, sauf à être vendus sur prescription médicale, et devraient alors être accompagnés d’une mise en garde pour les femmes enceintes[v]. » Elle donnait l’exemple du colorant rouge citrus n° 2, qui provoque des « mort-nés, des morts fœtales et des malformations congénitales chez les animaux[2] ». La toxicologue racontait aussi le rôle qu’elle a joué dans l’interdiction aux États-Unis du cyclamate (E 952, toujours autorisé en Europe). Le 1er octobre 1969, elle avait provoqué un cataclysme en révélant sur la chaîne NBC les résultats d’une étude qu’elle avait menée sur 13 000 embryons de poussins. Elle leur avait injecté du cyclamate et ils étaient nés avec de « graves malformations congénitales » : « Colonnes vertébrales et pattes déformées, phocomélie[3]. »

Faisant le tour des centaines d’additifs alimentaires autorisés par la FDA, dont la « majorité n’a jamais été testée », elle déplorait : « Nous sommes tous embarqués dans une expérimentation gigantesque dont nous ne saurons jamais les résultats, du moins pendant notre vie. Quels sont les dangers des produits chimiques que nous mangeons ? Est-ce qu’ils provoquent le cancer ? Des malformations congénitales ? Des mutations ? Des dommages au cerveau, au cœur et de nombreuses autres maladies ? Nous n’en savons rien. […] Il est possible que nous soyons en train de semer les graines d’une épidémie de cancers qui se développera dans les années 1980 et 1990[vi]. »

FIN DE L’EXTRAIT

Pour ceux qui n’ont pas vu mon film, ils peuvent consulter un extrait sur le site de Notre poison quotidien :

http://notre-poison-quotidien.arte.tv/fr/aspartame/

En attendant, l’audition organisée par Corinne Lepage n’a pas été vaine. A peine un mois plus tard, le mardi 19 avril, la Commission Environnement et Santé du Parlement européen a approuvé par 54 voix contre 4 et une abstention, que soit apposée la mention  «Pourrait ne pas convenir aux femmes enceintes» sur les quelque 6000  produits alimentaires et  500 médicaments contenant de l’aspartame. C’est un premier pas, certes insuffisant, mais qui pourrait être le début de la fin pour cet édulcorant qui ne présente absolument aucun bénéfice pour le consommateur, mais que des risques.

Le texte adopté par la commission devra être voté par le Parlement européen en juillet, puis le secteur alimentaire disposera de… trois ans pour s’adapter aux règles. Le temps pour les fabricants  de trouver un produit de substitution qui pourrait bien être la stévia, cette plante à l’extraordinaire pouvoir sucrant dont l’homologation (une plante cultive en Amérique du sud depuis des millénaires!) fut bloquée pendant plusieurs années pour ne pas faire de concurrence à …l’aspartame!


[1] La tératogénicité désigne la capacité d’une substance chimique à provoquer des malformations fœtales.

[2] Le rouge citrus n° 2 (E 121) est interdit en Europe depuis 1977. Il est classé « cancérigène probable pour les humains » (groupe 2B) par le CIRC. Il est toujours autorisé aux États-Unis, uniquement pour colorer la peau des oranges. Si vous achetez des oranges de Floride, il est recommandé de se laver les mains après les avoir épluchées…

[3] La phocomélie se traduit par une atrophie des membres. Elle est caractéristique des enfants qui ont été exposés in utero à la thalidomide, un médicament prescrit aux femmes enceintes contre les nausées, dans les années 1950 et 1960.


[i] Lettres d’Adrian Gross au sénateur Howard M. Metzenbaum, 30 octobre et 3 novembre 1987 (consultables sur le site <www.dorway.com>).

[ii] Committee on Labor and Public Health, « Record of hearings of April 8-9 and July 10, 1976, held by Sen. Edward Kennedy, Chairman, Subcommittee on Administrative Practice and Procedure, Committee on the Judiciary, and Chairman, Subcommittee on Health », p. 3-4.

[iii] FDA, « Bressler Report », 1er août 1977.

[iv] Entretien de l’auteure avec John Olney, Nouvelle-Orléans, 20 octobre 2009.

[v] Jacqueline Verrett et Jean Carper, Eating May be Hazardous to your Health, Simon and Schuster, New York, 1994, p. 19-21.

[vi] Ibid., p. 42 et 48.

Perturbateurs endocriniens: l’étau se resserre (3) Interviews inédites de Louis Guillette et Niels Skakkebaek

Voici la suite du chapitre que j’ai consacré aux perturbateurs endocriniens dans mon livre Notre poison quotidien. J’y raconte ma rencontre à Copenhague avec Niels Skakkebaek, un endocrinologue et pédiatre danois qui étudie les effets des hormones de synthèse sur le système de reproduction humain depuis plus de vingt ans.

Chute de la fertilité des hommes et inquiétantes anomalies reproductives

Au moment où les pionniers de Wingspread forgeaient le terme « perturbateurs endocriniens », un scientifique danois, Niels Skakkebaek, préparait la publication d’une étude qui allait faire l’« effet d’un coup de tonnerre ». Avec ses collègues de l’hôpital universitaire de Copenhague, il a « analysé soixante et un articles publiés de 1938 à 1990, concernant un total de 14 947 hommes fertiles ou en bonne santé, issus de tous les continents, et a mis en évidence une décroissance régulière de la production spermatique au cours du temps. En effet, alors que les premières études datant de 1938 rapportaient une concentration moyenne de 113 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme, les dernières publications de 1990 faisaient état d’une concentration moyenne de 66 millions par millilitre[i] ». En clair : la quantité de spermatozoïdes contenue dans un éjaculat a baissé de moitié en moins de cinquante ans !

Publiés en septembre 1992 dans le très sérieux British Medical Journal[ii], les résultats de l’étude paraissaient tellement incroyables qu’ils suscitèrent le doute de Jacques Auger et Pierre Jouannet, deux spécialistes français de la santé reproductive et fondateurs des CECOS (Centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme), organismes essentiels pour permettre le développement des fécondations in vitro (FIV). Ceux-ci décidèrent d’analyser et de comparer les éjaculats des 1 750 donateurs de spermes parisiens entre 1973 (date de la création du CECOS de l’hôpital Kremlin-Bicêtre) et 1992. Les résultats confirmèrent ceux de l’étude danoise : en deux décennies, la quantité de spermatozoïdes avait chuté d’un quart, soit une baisse de la concentration d’environ 2 % par an. Les hommes nés en 1945 et mesurés en 1975 avaient une moyenne de 102 millions de spermes par millilitre, contre 51 millions pour ceux nés en 1962 (et mesurés trente ans plus tard). De plus, la chute quantitative s’accompagnait d’une baisse de la qualité des spermatozoïdes, qui présentaient une mobilité réduite et des anomalies de forme, entraînant une réduction de la fertilité[iii]. Dans le livre qu’il a cosigné avec Bernard Jégou et Alfred Spina, Pierre Jouannet souligne le doute qu’a suscité de nouveau cette étude décidément fort dérangeante : « Ces résultats semblaient aller tellement à l’encontre d’une donnée communément admise – la stabilité de la production spermatique – que le prestigieux journal qui publia cet article (le New England Journal of Medicine) le fit spécialement évaluer par un statisticien externe[iv]. »

Les préjugés ayant la peau dure, Shanna Swan, une épidémiologiste américaine, entreprit en 2000 de reprendre la méta-analyse de Niels Skakkebaek, en y ajoutant quarante publications supplémentaires. Et elle confirma – définitivement et à la hausse – les conclusions de l’équipe danoise, puisqu’elle constata une baisse annuelle moyenne de la densité spermatique de 1,5 % aux États-Unis et de 3 % en Europe et en Australie sur la période 1934-1996[v].

Les remous suscités par sa publication font encore sourire Niels Skakkebaek, dont l’histoire a été racontée par Theo Colborn dans Our Stolen Future. « Quand mon étude est sortie, tout le monde s’est focalisé sur la baisse très spectaculaire des spermatozoïdes, a-t-il commenté lorsque je l’ai rencontré, le 21 janvier 2010, dans son laboratoire du Rigshospitalet, à Copenhague. Mais pour moi, elle comprenait une autre information tout aussi inquiétante, à savoir l’augmentation constante du taux de cancer des testicules, notamment au Danemark où il avait été multiplié par trois entre 1940 et 1980. C’était d’autant plus troublant que cette hausse n’était pas observée dans la Finlande voisine, un pays essentiellement forestier et très peu industrialisé. De plus, j’avais constaté la même différence pour deux anomalies de l’appareil génital masculin, quatre fois plus fréquente au Danemark qu’en Finlande : la cryptorchidie et l’hypospadias. »

Pour bien comprendre l’importance de la découverte réalisée par le chercheur danois, il faut savoir que « la descente des testicules dans les bourses est contrôlée par des hormones : l’insuline-like factor 3 et la testostérone. Quand les testicules ne sont pas descendus dans le scrotum avant trois mois, on parle de cryptorchidie », ainsi que l’expliquent les auteurs de La Fertilité est-elle en danger ? De même, concernant l’hypospadias, ils précisent : « La formation de l’urètre dans le pénis est contrôlée par la testostérone. Ce développement peut être perturbé. Au lieu de s’ouvrir au niveau du gland, l’urètre se termine alors par une ouverture plus ou moins large sous le pénis ou même au niveau des bourses[vi]. »

Perturbé par les résultats de son étude, Niels Skakkebaek se met en rapport avec son collègue écossais Richard Sharpe, qui a constaté les mêmes anomalies reproductives au Royaume-Uni. Ensemble, ils épluchent la littérature scientifique et découvrent que des expériences menées sur des rats exposés à du distilbène, un œstrogène de synthèse (voir infra, chapitre 17), ont révélé le même type de malformations congénitales. « C’est ainsi que, pour la première fois, nous avons émis l’hypothèse que la multiplication des anomalies reproductives pouvait être due à une exposition accrue à des œstrogènes pendant la vie prénatale[vii], m’a expliqué l’endocrinologue et pédiatre danois.

– Vous avez mené un vrai travail de détective ?

– Oui, je crois qu’on peut le dire, car à l’époque, ce champ d’investigation était complètement nouveau. La chance que j’ai eue, si je puis dire, c’est que ma recherche fondamentale était nourrie par ma pratique médicale, ici, au Rigshospitalet, où de nombreux hommes présentant des problèmes d’infertilité sont venus me consulter. En examinant les biopsies de leurs testicules, j’ai découvert que ceux-ci contenaient des cellules précancéreuses. Or, il s’est avéré que plusieurs de ces hommes que j’ai suivis pendant plusieurs années ont effectivement développé un cancer des testicules. L’autre fait troublant était que les cellules précancéreuses présentes dans les testicules de ces hommes infertiles étaient similaires aux cellules germinales que l’on trouve chez un fœtus. Ces cellules ne devraient pas être dans les testicules d’un homme adulte. Tout indique que quelque chose a bloqué le développement des cellules fœtales qui auraient dû mûrir et évoluer vers la production de sperme, mais elles se sont maintenues au stade de cellules germinales dans les testicules, ce qui fait que l’homme est né avec ces cellules immatures. Pendant l’enfance, elles sont restées dormantes, mais à la puberté elles ont commencé à se multiplier pour finalement développer un cancer.

– Comment expliquez-vous ce phénomène ?

– L’hypothèse la plus probable, c’est que les mères ont été exposées à des perturbateurs endocriniens pendant leur grossesse, à un moment crucial pour le développement de l’appareil génital de leur bébé. Cette contamination prénatale a entraîné une série de dysfonctionnements qui sont tous liés : les problèmes de fertilité, les malformations congénitales comme la cryptorchidie ou l’hypospadias et le cancer des testicules. Avec des collègues, j’ai baptisé ce phénomène le “syndrome de dysgénésie testiculaire”, car on est en face de plusieurs symptômes qui ont la même origine fœtale et environnementale. Cela veut dire aussi que les hommes qui ont des difficultés à faire un enfant doivent se faire régulièrement suivre, car le risque qu’ils développent un cancer des testicules avant quarante ans est considérablement accru[viii].

– Que répondez-vous à ceux qui disent que le cancer n’a rien à voir avec la pollution environnementale, mais qu’il est dû à une augmentation de la population âgée ?

– Pour le cancer du testicule, ce n’est pas vrai, car il est caractéristique des hommes jeunes, âgés de vingt à quarante ans, m’a répondu le docteur Skakkebaek. Les hommes de plus de cinquante-cinq ans ont un risque presque nul de développer une tumeur des testicules. Il se trouve aussi que le cancer des testicules est l’un des cancers qui a le plus progressé au cours des trente dernières années et la seule explication possible, c’est la contamination environnementale.

– Et comment peut-on protéger les hommes de ces troubles graves ?

– Le seul moyen de les protéger, c’est de protéger leurs mères ! Le problème c’est que les perturbateurs endocriniens sont partout. Mais il y a des produits que les femmes enceintes devraient absolument éviter comme les phtalates, que l’on trouve dans de nombreux emballages plastiques et films de protection alimentaires, des objets en PVC, mais aussi dans des produits de soin corporel comme les shampoings. J’ai récemment publié une étude qui montre qu’il y a une corrélation entre le taux de phtalates présent dans le lait maternel et celui des malformations congénitales, comme la cryptorchidie, chez les petits garçons[ix]. Il faut aussi éviter les produits qui contiennent du bisphénol A, comme les récipients en plastique dur ou certaines boîtes de conserve [voir infra, chapitre 18], mais aussi les poêles et casseroles antiadhésives qui contiennent de l’acide perfluorooctanoïque (PFOA)[x]. Je viens de publier une étude qui montre que les hommes fortement imprégnés de résidus de PFOA ont en moyenne 6,2 millions de spermes dans un éjaculat, ce qui est proche du seuil de la stérilité[xi]. Et puis, il est préférable de manger des fruits et légumes issus de l’agriculture biologique, car de nombreux pesticides sont des perturbateurs endocriniens.

– Mais concernant le bisphénol A ou le PFOA, les agences de réglementation ne cessent de répéter que les résidus que l’on trouve dans nos organismes sont négligeables, car ils sont bien en dessous de la dose journalière acceptable de ces produits : est-ce qu’elles se trompent ?

– Je ne suis pas toxicologue, mais en tant qu’endocrinologue, je peux vous dire que ces substances agissent à des doses infinitésimales qui sont bien inférieures à la DJA qui leur a été assignée. Tout indique que le système de réglementation n’est pas adapté aux perturbateurs endocriniens.

– Pensez-vous que l’espèce humaine est en danger ?

– Je pense que la situation est sérieuse. Au Danemark, aujourd’hui, 8 % des enfants sont conçus par des techniques de procréation médicale assistée comme la fécondation in vitro (FIV), c’est déjà beaucoup et les couples qui présentent un problème de fertilité sont de plus en plus nombreux. Il est urgent d’agir… »


[i] Bernard Jégou, Pierre Jouannet et Alfred Spira, La Fertilité est-elle en danger ?, op. cit., p. 60.

[ii] Elisabeth Carlsen, Niels Skakkebaek et alii, « Evidence for decreasing quality of semen during past 50 years », British Medical Journal, vol. 305, n° 6854, 12 septembre 1992, p. 609-613.

[iii] Jacques Auger, Pierre Jouannet et alii, « Decline in semen quality among fertile men in Paris during the last 20 years », New England Journal of Medicine, vol. 332, 1995, p. 281-285.

[iv] Bernard Jégou, Pierre Jouannet et Alfred Spira, La Fertilité est-elle en danger ?, op. cit., p. 61.

[v] Shanna Swan, « The question of declining sperm density revisited : an analysis of 101 studies published 1934-1996 », Environmental Health Perspectives, vol. 108, n° 10, octobre 2000, p. 961-966.

[vi] Bernard Jégou, Pierre Jouannet et Alfred Spira, La Fertilité est-elle en danger ?, op. cit., p. 71-74.

[vii] Richard Sharpe et Niels Skakkebaek, « Are oestrogens involved in falling sperm counts and disorders of the male reproductive tract ? », The Lancet, vol. 29, n° 341, 29 mai 1993, p. 1392-1395.

[viii] Niels Skakkebaek et alii, « Testicular dysgenesis syndrome : an increasingly common developmental disorder with environmental aspects », Human Reproduction, vol. 16, n° 5, mai 2001, p. 972-978.

[ix] Katharina Main, Niels Skakkebaek et alii, « Human breast milk contamination with phthalates and alterations of endogenous reproductive hormones in infants three months of age », Environmental Health Perspectives, vol. 114, n° 2, février 2006, p. 270-276. De nombreuses études ont montré ce lien, comme : Shanna Swan et alii, « Decrease in anogenital distance among male infants with prenatal phthalate exposure », Environmental Health Perspectives, vol. 113, n° 8, août 2005, p. 1056-1061.

[x] « Alerte aux poêles à frire », <Libération.fr>, 30 septembre 2009. Dupont de Nemours, détenteur de la marque Téflon depuis 1954, a annoncé qu’il cesserait d’utiliser le PFOA d’ici… 2015.

[xi] Ulla Nordström, Niels Skakkebaek et alii, « Do perfluoroalkyl compounds impair human semen quality ? », Environmental Health Perspectives, vol. 117, n° 6, juin 2009, p. 923-927.

Photo: (Marc Duployer): ma recontre avec Niels Skakkebaek, le 21 janvier 2010, dans son laboratoire du Rigshospitalet, à Copenhague.

Je mets en ligne l’interview filmée du scientifique danois que je n’ai malheureusement pas pu garder dans mon film Notre poison quotidien, pour cause de longueur!

La vidéo ci-dessous commence par une interview du professeur Fred vom Saal de l’Université Colombia du Missouri, considéré comme l’un des meilleurs spécialistes du Bisphénol A (il est dans mon film). Elle est suivie d’une interview du professeur Louis Guillette, le spécialiste des alligators de l’Université de Floride, dont j’ai parlé dans mon commentaire « Perturbateurs endocriniens: l’étau se resserre (2) » et que j’ai rencontré lors d’un congrès scientifique sur les perturbateurs endocriniens qui s’est tenu en octobre 2009 à La Nouvelle Orléans.